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808 LES AGREMENS de la Campa^e,
ou Remarques particuliers sur la con¬
struction des Maisons de Campagne,
des jardins de plaisance, & des plant-
âges, &c., plates, qto, old cf. gt., 6s 1750
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A G R E M E N s
CAMPAGNE,
OU
REMARQUES PARTICULIERES
Sur la conftruélion des M A I S O N S de CA M P A G N E plus ou
moins magnifiques;
Des JJRD INS ds ? LAIS AN CE, ^ des ELAN TA G ES,
Avec les Ofnemens qui en dépendent : tant pour les bâtir avec tout l’avantage
poffible , que pour en préparer les fonds , en corriger les défauts , les plan¬
ter de bons Arbres fruitiers & autres pour former de belles allées , ôc. •
enfin pour y pratiquer avec fuccès de grands Refervoirs d’eau ,
des Canaux &. des Viviers..
ONT A A 'J O UT à
Un Traité touchant là manière de couper & de multiplier les ARBRES FRUI¬
TIERS & SAUVAGES, avec une defcription exafte des moyens qu’il faut
employer pour avoir chaque année beaucoup de RAISINS EN PLEIN-^
AIR, ou pour en faire venir de précoces dans des Serres artifi¬
ciellement échaufées, foie par le feu ou autrement.-
ON T AT PREND ENCORE
Comment on peut cultiver & multiplier , dans ce Pais froid , les
ANANAS, les CITRONIERS, les LIMONIERS , les ORANGERS, .
& autres PJantes des Climats chauds.
ON T TROUVE DE ELUS
Une inflruélion fur la manière dé conftruire les' THERMOMETRES néceflaires
en pareils cas ; avec des obfervations fur la culture des FRUITS de
TERRE & des LEGUMES, &c. &c.
Le tout orné des Planches nécelfaîres, ^ fondé fur r expérience ^ fur des obfervations fai¬
tes avec foin pendant l'efpace de cinquante ans.
ALE'SDE, C3ia SAMUEL LUCHTMANS etFIL^
A AMSTERDAM, Chei MEYNARD ÜYTWERF,
M D C C L.,
Avec Privilège,
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fê trompera bien fort, fi l’on penfe que ces
mufemens^ de la Campagne^ ou Remarques fur la
manière arranger èf de conftruire des Maifons de
Campagne 6?^., paroifîènt làns nom d’Auteur,
parce que celui qui les a faites n’en croit pas le lùjet aflèz inté-
reflànt ; car il pourroit donner pour garand de loh bon goût à
cet égard des exemples de Rois & de Princes, qui ont employé
leurs heures de loifir & de délafiement,- à cette- agréable étude.
Mais comme cela a été très fbuvent allégué dans des Préfaces
& des Dédicaces de .(emblables Ouvrages, , je lepafîèrai ici (bus
filence, & me contenterai uniquement de dire, que la feule
railbn qui l’a empêché de mettre fbn nom. à la tête de cet Ou¬
vrage , c’efl qu’il ne fè propoie en le publiant ni reconnoiflance ,
ni éloges, ni gain,^ ce qui' n’efi que trop fbuvent Tunique but
d’un certain- ordre d’Ecri vains. La raifbn pour laquelle on a
publié cet’ Ouvrage, c’eR que l’Auteur ayant .été inftamment
prié par* une Perfbnne de confidération de lui communiquer ces
Remarques, on en avoit' donné d’avance une Copie; fiin la de^
mande que je lui en avois auffi faite. Lorlque j’en fis la lèc •
ture, j’y trouvai un grand nombre d’ obfèrvations inconnues juC
'qu’à préfent fur là culture des Plantes & des Fruits, ce qui me
fit. naître, la penfee de les communiquer, non feulement à.la
^ 2 Per--
IV
tA VIS D E 1.’ E D I T E U R.
Ferfonne en queflion, mais aiiffi à tous ceux qui (e plaifent à
s’occuper du Jardinage. Dans cette vue je n’ai pas cefle de
prier inftamment l’Auteur de m’en donner la permiffion , laquel¬
le il m’a enfin accordée, plus pour s’épargner la peine de tirer pour
un chacun desdefîeins de fes Serres à Vignes, tant de celles qui
font échaufées par le Soleil que de celles qu’on échaufe artifi¬
ciellement , &c. que pour toute autre raifon. En confëquence
de quoi j’ai pris la peine d’arranger ces Remarques , toutes fon¬
dées for l’expérience , dans l’ordre où on les trouvera ici , fans
attendre de ce trav^ail d’autre , récornpenfè, que celle de voir
Sue je me fois expliqué d’une manière intelligible & claire , a-
n que ceux qui aiment cette forte d’étude puifîènt y trouver
réunis l’utile & l’agréable. Il me foroit facile de prouver par
diverfos chofos remarquables contenues dans cet excellent Ou¬
vrage, qu’il ne peut que produire cet effet ; mais comme c’eft
l’Ouvrage même qui doit en décider, j’y renvoie fans aucune
crainte le Leéteur , de même qu’à la Lettre infiruélive qui lui fèrt
d’introduction , laifîànt le tout à fon propre examen , pourvu
qu’il le faffofans aucune partialité, & qu’il foit uniquement fon¬
dé for l’expérience & for l’ufàge.
Je m’étois propofé d’abord de me contenter de ce qué je viens
de dire; mais j’apris que quelques Libraires ayant auffi impri¬
mé des Ouvrages de ce genre, s’étoient donné beaucoup de
peine pour obtenir de L. L. N. N. P. P. des Privilèges , fous
prétexte que les principales chofès contenues dans celui-ci a-
voient été tirées & copiées des leurs , & que même un d’entre
eux s’étoit muni d’une telle pièce. Ainfi tant pour tranquilifor ces
Libraires, que pour détruire les préjugés qu’ils pourroient faire
naître dans l’elprit des autres, quoiqu’il n’y ait qu’à examiner
légèrement cet Ouvrage , pour reconnoitre d’abord la faufîèté
de telles infinuations, j’ai cru qu’il étoitnécefîaire d’ajouter, que
AVISîDE L’EDITEUR. v
le -Livre qui a pour titre , P Art de tailler les Arbres fruitiers^
expliqué félon les règles par Mr. Goetbals (a)^ depuis la page 9
jufqu’à la fin, n’eft autre chofè qu’une fimple Traduftion d^e la
quatrième Partie de Ylnfrutlion pour les jardins fruitiers par
lS\r. de la Qiiintinye. De plus que le Livre intitulé, Lejiou-^
veau 8? parfait Jardinier Hollandois (h) ^ lequel bien ‘ des
gens avec moi ont cru avoir été compoie par un Hollandois ,
gyidé par la raifbn & par une expérience de plus de cinquante
années (fivoir par feu Mr. le Profeflèur Frédéric Dekkers^ &
cela avec beaucoup de fondement , puilque le Libraire en lui
dédiant ce Livre , dit entre autres chofès que c’efi: un fruit de v
Ibn travail) ; que ce Livre , dis-je , efl une T raduffion de Mr. de
la Qidntinye^ auquel l’on a ajouté très peu de remarques qui con¬
cernent les fonds de terre de Hollande & de Zéelande , & qui
en tout ne vont pas à huit pages. Je m’étois d’abord propole
de prouver ce que j’avance, en mettant ces deux Ouvrages en
parallèle mais voyant que cela fè découvre du prémier coup
d’œil, j’ai abandonné ce defièin. On n’a qu’à commencer à
la prémière page 5 Article fécond, par ces mots, la Culture ^
&c. & l’on trouvera que les trois x4rticles fui vans, le 6, le 7,&
le 28 du prémier Chapitre, & tous les autres Articles & Chapi¬
tres , ne font autre chofè que des Traduètions du fécond & troifiè-
me Chapitres de Mr. de laQuintinye. On trouvera de même que
la 2, la 3 & la 4 parties, depuis la vingt & unième pages jufques
à la deux cent-quarante-cinquième font tirées , même jufqu’aux
Sommaires des Chapitres parallèlles, de la 2, 3 , &. 4 parties de
cet Auteur. On trouvera de plus que V IntroduÜion au Traité de la
manière de cultiver les Jardins potagers ^ contenue dans le Livre
en
(a) Snoei konfi der Ooji-boomen , regelmatig onîTorpen dooi' den lieerç Goethals.
{b) De JSieuwe en Naiiwkeurîge ISJederlandfe Hoxenier,
" 3
Vt AVIS D E L’ E D I T E U R. -
* " . *
en queflion, laquelle l’Imprimeur n’a pu obtenir qu’avec peine v
comme il le reconnoit dans fà Préface., n’eft autre chofè que
• la Préface traduite.de la 6. Partie de Mrj afe la' Qiiintinye\ que
ia delcription générale des Légumes eft pareillement tirée de'
cet. Auteur 5 & celle de leurs vertus, Dodonée y. tout cq'
3ui fiiit depuis la page 65 jufqu’à la fin , eft pris mot pour mot
u 3 , 4, 5 , & 7 Chapitres de la même fixrème Partie. En-^-
fin on trouvera que le fécond' Volume du Livre 'intitulé. Le
■ F art erre de Hollande par HenrivanOoJièn(a)^ (pourne pas par¬
ler de celui qui a pour titre , Hart de cultiver les Tulipes ^ lès
Oeillets a la manière des François ( b)', car cela paroit par le ti¬
tre même), eft une Traduêlion de celui qui a pour titre-,
L '"art de tailler les Arbres fruitiers ; & que l’Eflài àu nouvel
^Hejperides - de Hollande (c) qui fuit-, & que j’avois cru fûre'
ment être un Ouvrage nouveau , eft tiré entièrement du Tra-
té de la Culture dés Orangers de la Qiiintinye^ fi l’ons
en excepte les Remarques qui font au defibus du texte.-
Les Libraires en queftiom s’appercevront aifement par ' ce
petit échantillon, & ne pourront s’empêcher de convenir
que , fi quelqu’un avoit envie de publier en Hollandôis tous les
Écrits de Mr. de la Qiiintinye ^ ‘of\ ont déjà paru avant l’an'
1690, il lui fèroit libre de le faire à tous égards; mais fi en
fiiivant les idées de cet Ecrivain, on peut fè flatter dans ce
Climat d’un heureux fuccès, je m’én raporte, fur cela à l’expé¬
rience rhême; Mais ce qu’il y- a de certain, c’èft qu’en fai-
fànt ufige de ces Remarques , on trouvera que bien loin d’a¬
voir été copiées des Auteurs François, elles ont été' faites dans
ce Pais même fur des obfèrvations particulières. .
LET-
(<3) Nederlandfe BloemUf van Henr. van Ooftèn:
(b) Behandâlînge der Tülpen en Angeliercn naar de Franfe wys»
(r) Nieum Nederlandfc Hefptndes,
L E
A ..
N. N, ^
Qui fert ^Introduction aux Amufemens delà Campagne^ mRe^
marques particulières fur la manière de conftruire dÜ ar¬
ranger une Maifon de Plaifance avec fes Plantages:
LOrfque .... me donna une légère idée du delîein qu’il a-
voit de conftruire . . & me pria de confidérer que
le fond fur lequel ils’agifloit de travailler, tant pour fès qualités
que pour (à fituation, étoit de la même nature que les terres
qui environnent la Ville d’Amfterdam, je ne penfbis pas qu’il
feroit d’une auftî vafte étendue , que je j’ai apris par le raport
qu’on m’en a fait depuis: cela change tellement le prémier
rlan, qu’il faut prélèntement faire une difpofition nouvelle &
en étendre proportionnellement toutes les parties.
C’eft un défaut 'aftèz général, lorfqu’on fait bâtir des Mal-
fons confidérables^ ^’en former d’abord les plans fi refterrés,
qu’on .eft obligé cnluite de Jes agrandir a différentes repriiès ;
ce qui non feulement caulè infiniment plus de fraix., mais en
diminue même beaucoup l’ornement & la beauté. Je me flat¬
te d’avoir remédié à cet inconvénient dans les Plans ci-joints,
où j’ai tâché de réunir tout ce qui peut contribuer à la mag¬
nificence & au bon goût.
On verra dans le Plan général, qu’on a pratiqué des Aque¬
ducs qui peuvent porter l’eau de la grande Rivière par des con¬
duits
T TT P C
X Julr
vm INTRODUCT T O N.
duits fouterrains juiques auprès des Mai/bns & des Jardins ^ ce
qui fournit Foccafion de faire naturellement des Jets-d’eau & des
Cafcades magnifiques • mais comme il pourroit arriver que
dans des Etés fort fecs cette Rivière ne fùffiroit pas pour four¬
nir une jufte quantité d'beau', on y remédiera alors par les Mou¬
lins indiqués , lefquels dans, des années pluvieules lerviront auiïi:
à la faire écouler.,
11 efl: à remarquer encore que dans le deflein général tout eft-
*en petit, excepté les parties détachées,, qui y font en grand"
. exaélement mefùrées fur le pié“ de, Rhinlande. Ainfi Fon^
voit le terrain avec fos Etangs, fos Canaux, fes.Baffins larges &
étroits, fos, Viviers & autres coupures d’eau enfoite lès lieux
& la manière qui eft. préfentement en ufage de planter dès Bois
des Parcs, des. Labirinthes, dès* allées d’Arbres tant à couronne:
que taillés^ les [ardins fruitiers & potagers, les Parterres , les .
Pépinières,, les Théâtres, les Berceaux, les ornemens de Gazom
& de. Buis,, des Haies tondues,. & des Terraffos.. Les Bàti--
mens tant en plau qu’èn élévation-, tous les orne mens requis,,
comme Pavillons Grottes, Cafcadès , J ets-d’èau. Groupes
grands & petits,. Statues,. Bains, Buftes,- Vafos,^ Tentes,, Py--
ramides, &c.
Quant au détail dès Remarques que j’ai faites for lé Jardi¬
nage dont vous, me demandez, une Copie , je. dois avant-
toutes chofos vous dire- que d’abord, elles ont. été dreflees for-
lès avis &; les. écrits, de gens, que'je croy ois fort verfos^
dans cette’ étude ;/mais ma propre expérience m’a bientôt fait
voir que la. plupart de ces Ecrivains ; ne - font, que - de. fimples
Copiftes ,, nom foulement des Anciens-,, mais- même., de ^
ceux qui, ont écrit dans- des , tems plus.voifins du nÔtrê(; que
lès meilleurs mêmes fo^ contentent* fou vent" de faire remarquer
la figure des Plantes , iàns donner ajucune. direction efficace pour
les-
IX
IN T R O D U C T I O K
les cultiver, defbrte que leurs Livres font peu ou point du
tout utiles pour ceux qui fouhaitent paflèr de la Ipéculation à la
pratique.
C’eft ce qui m’a engagé à ne rien noter que ce dont je m’é-
tois afîùré par des expériences réitérées , & ce font ces diver-
lès expériences raflèmblées qui forment cet Ouvrage. Il ne
s’étend pas à toutes les Plantes , & beaucoup moins encore à
toutes leurs diverfes efpèces : cela lèroit une chofe impratica¬
ble 5 puisqu’une exaéle oblèrvation m’a fait découvrir dans les
Plantes qui viennent de fèmence, des variétés fi conlîdérables,
que leurs elpèces fe multiplient à l’infini; d’ailleurs trouvant fi
peu d’utilité & tant de peine dans une pareille recherche, j’en
laiflè le foin à ceux qui traitent des ^Simples & des Grains ,
comme une chofè qui n’a pas Je moindre rapport avec mon
but. Mon deflèin efl: uniquement de donner ici des direétions
pour avoir en toute làifon un Verger, un Potager, un Parter¬
re garnis des plus excellens Fruits , de bons Légumes & de
belles Fleurs ; & cela non feulement de ceux qui croiflènt
dans ces Climats fans le fècours de l’art , mais aufli de ceux
qui , tranfportés des Pais étrangers & chauds dans le nôtre,
peuvent par artifice y être cultivés , y croître & y meurir tout
comme les Plantes du Païs même.
J’avois dabord divife ces Remarques en deux Parties , dont la
prémière traitoit des Arbres, & l’autre de la manière de pré-
maturer les fruits; enfiiite venoit la culture des Légumes.
Mais depuis que vous m’avez; fait l’honneur de me confiilter for
l’arrangement de votre Maifon de Plaifance & for vos Jardins,
je me fois attaché à confidérer tout ce qui doit compofèr une
telle Maifon , tant -ce qui regarde la conftruétion du Bâtiment,
k charpente , la maçonnerie , les matériaux, &c, (à l’égard
defquels on doit obferyer for toutes ehofès de ne pas employer
X INTRODUCTION.
du bois coupé dans le fort de & poufîè , mais quand la fève en
eft arrêtée), que le moyen de rembellir par diverfès perfpeéti-
ves & plufieurs autres ornemens.
C’eft ce qui m’a obligé de donner beaucoup d’étendue à mes
Remarques , & de faire un changement dans la difpofition que
j’en avois faite d’abord en deux Parties, que j’ai divilees depuis
chacune en divers Livres & Chapitres , comme on le verra ci-
après.
Dans le corps de l’Ouvrage on trouvera des choies bien lur-
prenantes, que j’ai jugées être obligé d’indiquer pourréuffir
dans la culture en général; auffi je ne doute pas qu’on ne dé¬
couvre bientôt par la nouvelle méthode dont je me lèrs, queje
n’ai point fait ulage de ce que d’autres ont écrit avant moi ; &
pour que l’on ne m’accule pas de préemption (défaut fi ordi¬
naire à la plupart des Jardiniers), j’avoue naturellement mon
ignorance fiir une infinité de chofes , & principalement lîir les
caufes qui les font naître, dans lelquellesje trouve feu vent des
difficultés infurmontables. Par exemple:
Comment il eft polTible que des matières auffi déliées & auffi
fluides que l’eau & les particules aériennes, puillent s’unir fi é-
troitement , qu’elles lè transforment en toutes Ibrtes de corps
les plus Iblides , & aquièrent des propriétés entièrement difle-
rentes de celles qu’elles avoieht auparavant, comme cela le
voit dans les Métaux, les Minéraux, les Bois, les Plantes^ les
Animaux, & en général dans tout ce qui a vie.
Comment il eft poffible que des Arbres,, dont la crue, la
fubfiftance, & la conlervation dépendent de ces lîibftances
fluides , puilîènt les recevoir lîir des Montagnes arides & lùr
des Rochers où à peine on trouve de la terre.
Comment il le peut que plufieurs Plantes fituées dans ces
lieux auffi lecs qu’élevés , produilènt des fruits très rafraichil^
làns
Xï
INTRODUCTION.
fins & remplis de jus; tandis qu’au contraire la plupart des
Plantes aquatiques, même celles dont les racines font au fond
de l’eau , Ibient échaufantes.
D’ où vient que divers fruits font plus fies & ont plus dégoût
dans des années humides & pluvieufis , que dans celles où le
tems a été beaucoup moins pluvieux & beaucoup plus chaud ;
que même dans des années extrêmement chaudes & très peu
pluvieufes 5 certaines Plantes fe pourrilîènt par une humidité
qu’elles reçoivent hors de terre.
Par quelle railbn il Ce fait que des grains de fimence d’une
même Plante en produifènt des elpèces toutes differentes; &
que, Ibit en leslemant, fbit en les tranlplantant , &c. il faille
le fèrvir à leur égard de differentes méthodes.
Pourquoi un infinité de Plantes femées d’elles - mêmes fins
aucun fecours humain viennent mieux , que lorfqu’on les feme
& qu’on les cultive avec tout le foin imaginable.
Quelle eft la caulè de la grande diverfité qui fè trouve entre
les fiveurs , les couleurs , & les vertus des Plantes & des au¬
tres corps.
Comment il arrive que des Plants, qui ont été fèmés, plan¬
tés, ou qui viennent de Bouture, & cela dans le même tems,
fous le même Climat & dans le même terroir; qui de plus, à
mefùre qu’ils pouffent, font expofes au même air, à la même
pluie , neige , grêle , rofee , fbleil , vent & aux mêmes fri-
mats; &c. comment, dis-je, il arrive que de pareils Plants
different fi fort les uns des autres lorfqu’ils croifîènt; car les
Pêches, les Prunes, les Raifins, les Cerifis, les Grozeilles
donnent, fous une peau mince & fine, une chair pleine d’un
fùc délicieux & agréable , tandis que les Pommes de Pin, les
Chateignes^ les Noix, les Amendes, &c. plantées jdans leurs
voifinage, produifènt fous une écorce dure, lèche, aftringen-
XII
INTRODUCTION.
te, & qui n’eft bonne à rien, des fruits extrêmement lecs.
D’où vient que de gros troncs ou de grofîès branches d’ Ar¬
bres changent leurs propriétés naturelles , en prenant celles d’u¬
ne petite branche , ou, ce qui eft encore plus étonnant, d’une
petite écorce, où il y a un petit œil ou bouton ligneux,
comme cela fe voit dans les Grefes en fente, en écuflbn, ou à
œil dormant & en aproche. Et , ce qu’il y a encore de plus re¬
marquable fùr ce lujet , c’eft que fbuvent ce ne font pas fouler
ment les branches qui changent ainfi leur nature, mais même
les racines, enforte que le Sauvageon fo dépouille de fos vieil¬
les racines & prend à mefore qu’il pouflè celles des Entes mê*^
mes ou des Grefes. De plus, fi l’Abre avant que d’être enté
a beaucoup de racines , & que l’Ente dont on s’efl: fèrvi en >
ait naturefiement peu, l’Arbre en aura peu auffi; & par la
raifon du contraire , l’Arbre en aura beaucoup , fi la nature de
l’Ente efl d’en avoir plus que l’Arbre même. Cependant cela
n’eft: pas univerfellement vrai , puifqu’il arrive quelquefois que :
l’Ente fo^ conforme à l’Arbre fùr lequel on l’a grefée , -
& qu’elle en prend toutes les propriétés , comme on le pourra
voir dans le Chapitre qui traite de la manière d’enter.
On voit encore que certains Arbres , làns être entés ni
grefés, changent fi fort dénaturé, que celui qui produifoit d’a^
bord des Pommes, donne enfoite des Poires ; ou bien que ce¬
lui qui produifoit prémierement des Poires, donne après cela
des Pommes; ou bien encore des Pommes & des Poires dans
un foui & même fruit; de- manière qu’on peut diftinguer à la
vue, à l’odeur & au goût, les propriétés de ces deux fruits
dans un foui, comme il paroit par le Cédrat Hermaphrodite ,
ou dans le Citron & l’Orange qu’on nomme Biforré, ce qui
efocaufë pour l’ordinaire par la taille de leur bois plus ou moins
vigoureux ; ‘ car le plus vigoureux produira le plus fouvent des
Oran*
xin
I N T R O D UCT I O N.
Oranges , & celui qui l’eft moins , produira des Citrons. On
peut auffi augmenter' la force du bois de ces Arbres , par la
taille, pourvu qu’on ait foin d’en retrancher les jets languiiîàns
& mal -nourris 5 comme on peut la* diminuer en retranchant
les jets les plus vigoureux & en laiflànt les plus foibles. ‘
Enfin j’ai obfèrvé, dans l’étude que j’ai faite du Jardinage, une
infinité d’autres choies fingulières, les unes comme je l’a vois pré¬
vu, les autres contre mon attente, dont je n’ai puconnoître ni
les caulès ni les effets , quoique j’aie confîilté louve nt ceux
qui le font rendus fameux par la defoription des Plantes, comme
Malpighi , Grew , & autres : ils nous apprennent bien :
Que toutes fortes de Plantes & d’ Arbres font d’une ftruftu-
re organilee , ayant des elpèces de Poumons & des branches
pour attirer & expulfer les parties aériennes néceffàires à la vie ; ils
ajoutent encore que les Plantes ont, auffi 'bien que les Ani¬
maux, des Veines, des Nerfs, des Mufoles, de la Chair, de la
Moelle, des Os, &c. (^).
Que la fomence diverlèment formée , à meliire qu’elle germe ,
fe trouve intérieurement dans de certains fruits & extérieure*
ment dans d’autres.
Que les fomences revêtues de diverfos écorces , > quelques-u¬
nes d’une, de deux, .de trois, de quatre,, de cinq,- defix, étant
gonflées par les focs , lé leparent enfoite , lorlque les focs ayant
pénétré julqu’à la prémière écorce intérieure, commencent
pour lors à fe purifier' & à fermenter 'dans les pores de la fo-
conde écorce, .où ils produifont deux petits rejettons,* dont l’un
part de la racine, l’autre de la tige, ayant chacun des veines &
des fibres, &c.; que de plus ces deux rejettons deviennent
l’un racine & l’autre tronc, & font comppfos l’un & l’autre de
par-
(û) Malpighi, Anatomie des Plantes, Grew, Anatomie des Plantes, Chap.2. &3.
3
XIV INTRODUCTION.
parties charnues 5 moelleufès, ligneufès, avec leurs parties inter-
.médiaires, lefquelles diffèrent des parties charnues en largeur ,
& font pourvues de veines & de fibres. Que les Pores des
parties intermédiaires dans les racines fè trouvent le plus fou-
vent en largeur, quelquefois cependant en longueur; au-lieu
que les Pores du bois ne fe remarquent jamais en largeur; mais
•toujours en longueur perpendiculairement. Que chaque par¬
tie opère félon fes propriétés particulières , en recevant les fiics,
en les faifànt fermenter, en les filtrant , en les fëparant & en
les difperfànt , félon leur nature , dans les pores dont nous
venons de donner la defcription (^).
Ils rendent raifon pourquoi les racines croifîént vers le bas ,
,& deviennent tortues par la dureté de la terre : ils font voir
pourquoi le tronc pouflé en en-haut , & jette des branches par les
côtés, & de quelle manière il grofîit & s’alonge à mefîire qu’il
croît ; pourquoi certains Arbres poufîént des racines hors du
tronc même , par defïïis la terre , & d’où viennent leurs vril¬
les (b).
Us font voir que les branches croifîént avec des nœuds
& des excrefcences , de petits piquans , des poils , &c. ;
qu’outre l’ufàge de la Moelle, du Bois , qui.confifte à con-
férver. la fève & les fiics de la Plante , & à les répandre dans
toutes fés parties, la cavité où elle eft renfermée lui donne auffi
plus de force (c).
■ Ils font la^ defcription de la figure des feuilles ; ils font voir
qu’une féule & même Plante en produit de différentes fortes;
pourquoi les unes font plattes, les autres unies tout autour,
quel-
(a) Malpighi, àe la Végétation des Semences. Grew, jfnatomîe des Plantes.
,Chap I. & 7.
(b) Malpighi, de la racine des Plantes. Grew, Jnatomie des Plantes. Chap. 2.
(f) Grew, Anatomie des Plantes. Chap. 4.
XV
INTRODUCTION.
quelques-unes dentelées , & d’autres plus ou moins crénelées
dans leur contour (a).
Il font pareillement une defcription des fleurs, & difènt
qu’elles font compofees d’envelopes, de feuilles, d’un cœur ^
&c. avec leurs étamines, leur piftile, & des poils tant intérieurs
qu’extérieurs; ils parlent aufli de la différence qu’il y a entre elles,
& de leurs diverfes couleurs (/?).
De plus ils donnent l’anatomie de plufieurs fortes de fruits ,
& en indiquent les ufoges, de même que la raifon pourquoi
les fruits font meilleurs à manger que les autres parties des
Plantes: ils font voir aufli pourquoi les fruits croiflent ronds,
& pourquoi les plus ronds ont aufli le plus de goût (c).
Ils indiquent lacaufo d’un grand nombre de particularités
dans les Arbres, dans les Plantes, & autres Végétaux; celle
des maladies auxquelles ils font fîijets, comme aufli celle des
Infoétes qu’elles renferment , ou qu’on trouve for elles & au¬
tour d’elles.
Cependant Malpighi & Grew n’ont pas poufle leurs décou¬
vertes par le focours de leurs microfoopes allez loin, pour voir
dans les femences , des Arbres parfaits chargés de fruits ; non
plus que l’ingénieux Leeuwenhoek, qui ayant écrit après ces
Grands - hommes , prétend avoir perfeéÜonné ces verres au
point d’avoir pu faire cette découverte & d’autres encore; mais
laiflànt à d’autres à faire cette recherche, je dois me contenter
d’avouer à mon grand regret, que je n’ai pu encore parvenir par
cette anatomie à prévenir, en cultivant les Plantes, les maladies
qui les font languir, & que je n’ai rien trouvé qui pût les déli¬
vrer des Infeétes qui leur cauient du dommage.
Par
{a) Grew , Jnatomie des Plantes. Chap. 4. i
{b) Grew, ibîd.
(c) Le même, Chap. 6.
XVI
1 N T R O D U C T I O N.
Par confëquent ces Curieux me parqiflènt être Inventeurs de
nouveautés qui ne font bonnes que dans la fpéculation; puiP
que les Anciens ont écrit d’une manière beaucoup plus fimple,
plus inftruftive & plus - utile. Mais il leroit à fbuhaiter que
dans les monumens qu’ils nous en ont laifîes, .ils eufîènt décrit
Jes Plantes &la manière de les cultiver avec plus d’étendue; car
quoiqu’une infinité de leurs noms fbient devenus aujourdhui
inconnus par le tems, cela nous donneroit beaucoup de lumiè¬
re, & même nous aurions pu en avoir encore plus fi l’Impri¬
merie & la gravure avoient été connues dans ces tems-là ; mais
cela n’ayant pas été connu, nous ne fbmmes pas feulement pri¬
vés des defîèins de -fîiperbes Jardins & de Maifbns étrangères
avec leurs ornemens, mais nous fbmmes obligés de nous fervir
de copies très défeftueufès de ces Auteurs , dans lefquelles
on trouve vifiblement des fautes, tant à l’égard du fèns
qu’à l’égard de l’ortographe ; fans compter encore que le^tems
qui ruine tout, nous a enlevé plufieurs Ecrits auffi inflruftifs
qu’utiles. Je remarque cependant qu’on auroit tort de croire
que le tout , a été mal copié , & plus encore, de condamner les
Auteurs anciens, lorfqu’ilsrue s’accordent pas avec nous dans la
fpéculation ou dans -la pratique, tant à l’égard des [fonds, de la
manière de Jes travailler & de les amender, qu’à l’égard des
propriétés du fumier, &e.dela culture des Plantes, comme fèmer,
planter , arrofer , tailler,, & ce qu’elles requièrent de plus. On
ne doit pas non plus les condamner avant qu’on ait une parfaite
connoifiance de leurs climats., de leurs fonds , des alimens dont
le nourrifibient les Animaux qui leur fournifîbient du fumier,
du mélange de ce, dernier, de même que de leurs Plantes & de
plufieurs autres diverfès circonftances rélativement aux nôtres ;
car il faut être bien attentifà cet égard , & faire plufieurs çhan-
gemens dans l’exécution.
XVIX
I N T R O D U C T I O N.
Ainfi on auroit tort de les blâmer de ce que pour mieux fai¬
re croître certains Arbres , ils les plantent fur de hautes Mon¬
tagnes, ou dans des endroits voifinsde la Mer, quoique nous
ne réufïïffions jamais en les plantant dans de pareils lieux; car
lorfqu’on fait attention à l’extrême différence qu’il y a entre
leur Climat & le nôtre, à la nature de leurs fonds de terres
& que leurs vents de Mer (qui nuifènt fi fort chez nous aux
Plantes , lorfqu’êlles n’en font pas à l’abri) font beaucoup moins
nuifibles; & que même on voit aujourdhui dans de certains Païs
des Arbres plantés près de la Mer croître d’une manière fort vi-
goureufe: alors on fera obligé de conclurre, que toutes ces di-
verfités viennent de nos Climats , & que dans les effets de la
Nature il y a des profondeurs que nous ne fàurions pénétrer.
On verra pareillement qu’on ne peut aquérir la connoiflance de
ce qu’il faut faire ou laifîer, que par des obfervations exaâes for
les mccès de nos entreprifes.
On ne doit pas regarder non plus comme une chofe impolTible
que dans le fumier d’une même efpèce d’Animaux il y ait des
propriétés fingulières de communiquer plus ou moins de cha¬
leur; d’où il foit par confèquent qu’il faut fe fervir de differentes
méthodes pour le mêler & le .rendre utile: cela peut être caufe
par le genre de vie de ces Animaux, & for-tout par leurs ali-
mens : c’efl: ainfi qu’on voit une grande différence dans les ef¬
fets dufomier de Cheval, celui des Chevaux entiers ou des
Jumens fera même plus fort & plus chaud , à proportion que
ces Animaux auront beaucoup travaillé ou bien qu’ils auront é-
té dans l’inaftion après avoir mangé beaucoup de fèves ou
d’avoine; car il fera moins fort & moins chaud lorfqu’ils auront
mangé fimplement du Foin & de la paille , ou bien lorfqu’ils
auront mangé dans une crèche mouillée, du fon, & de la
mauvaife farine détrempée dans beaucoup d’eau. Cela dépend
auffi
XVIÎI
INTRODUCTION.
auOTide l’état où il eft, loriqu’on s’en fèrt, frais ou pourri,
mêlé avec plus ou moins de paille. C’eft ainfi que le fumier,
de Cochon qui eft fi chaud lelon Théophrafte, peut avoir eu
ces propriétés , caufees par les alimens dont on les nourilîoit
dans fbn Païs ; quoique celui des Cochons qu’on nourrit chez
nous dans les étables, de petit lait & de farine détrempée, ne
rechaufe pas du tout.
Quoique notre Climat diffère beaucoup du leur, ce Païs é-
tant fùjet à des hivers fort rudes & à de fortes gelées, & n’y
ayant guère ou point d’Etés où le tems foit fixe; nos fonds é-
tant auffi plus unis, plus légers & plus faciles à remuer, que
leurs fonds de montagnes, de vallées, & autres; je ne laifîè
pas de trouver qu’ils employeur dans la culture des Plantes plu-
fourschofes femblables ànosufàges, & qui peuvent aulTi ê-
tre fort utiles dans ce Païs.
C’efl: ainfi qu’ordinairement un tems tempéré en hiver ao
compagné de beaucoup de neige , étoit chez les Anciens un
fignè d’une Saifbn fertile. Pareillement des vents de Nord en
Eté , quoique froids , & des pluies froides purifioient da¬
vantage chez eux , l’air, préparoient mieux les fonds de
terre pour rafraîchir les Hommes , les Bêtes & les- Plantes ,
que les petits vents de Midi accompagnés de petites pluies
chaudes qui corrompoient l’air par leur chaleur étouffan¬
te, le rendant ainfi très nuifible , fbuvent même mortel aux
Hommes , aux Bêtes & aux Plantes. If en eft de même
chez nous. Cela n’empêche pourtant pas que des gelées
extrêmement fortes & hors de faifon , des vents de Nord
violens & froids , des pluies pareilles , de la‘ neige hors de
fàifbn , de la grele, &c. ne puiflènt être très pernicieux &
mortels. ' -
Les Anciens trouvoient que les pluies qui tombent la nuit
en
en Eté étoient beaucoup plus propres à faire croître, à caufè
de leur fraîcheur, & fîir-tout lorlqu’elles n’étoient pasfùivies
d’une chaleur lîibite & étouffante, comme il arrive en Eté a-
près les pluies qui tombent pendant le jour. Ils n’approuvoient
pas non plus qu’on fè fèrvît d’eau tiède pour arrofèr les Plantes.
Je trouve aum que l’eau tiède eft extrêmement nuifible , mê¬
me dans l’Hiver, & qu’un air qui devient fiibitement chaud a-
près la pluie , eft contraire à toutes les Plantes & à leurs fruits ,
excepté à l’herbe feule, parce que les petites pluies chaudes
les font moifir & pourrir. Ceci paroitra fans doute à tout le
monde un paradoxe, puifque c’eft une chofe. abfblument con¬
traire à tout ce que les Ecrivains de notre Siècle & du précé¬
dent en ont écrit, établifîant de la manière la plus exprefîè, &
recommandant qu’en tout tems, il faut arrofèr avec de l’eau ■
tiède , pendant l’Eté rechaufée par le Soleil , & pendant l’Hi •
ver par le moyen du feu ; ajoutant que des pluies chaudes ou
tièdes Ibnt d’autant meilleures, qu’elles font propres à faire
croître; mais j’en appelle à l’examen & à l’expérience , auxquels
ces Ecrivains modernes ne doivent avoir fait aucune attention ,
puifqu’ils ont enfèigné des chofes fi contraires à la vérité. Ils
débitent qu’il ne faut jamais cultiver des fonds de terre fîtués
dans un Climat mal-fiin, ou ftériles par eux-mêmes; mais
qu’il faut s’en défaire, les vendre ou les abandonner, fi on les
poffède par héritage. La même chofè doit être pratiquée chez
nous , puifque de pareils fonds ne promettent jamais rien de bon ;
au contraire un fonds qui eft naturellement fertile le devien¬
dra encore davantage , s’il eft frais & fi pendant quelques an¬
nées il a été en friche.
C’eft aufti une chofè inconteftable , & non moins nécefîai-
re chez nous que chez les Anciens , de planter & de fèmer dans
une terre légère; cependant il faut fe régler à cet égard fur la
XX
INTRODUCTION.
nature des fonds & fîir les Saifbns. .C’efl: ainfi que la terre de
nos Jardins potagers efl: très légère, poreufe, & divifîble dans
fès parties, par le long ufage qu’on en a fait, & par un mélan¬
ge perpétuel de fumier (comme auffi les terres grafles, préparées
outre celaayec du (àble). Mais on fe tromperoit fort, fi on vou-
loit remuer cette terre pour la deuxième ou troifième produftion
pendant le même Eté, lorfque par le défaut de pluie requifè &
nécefiàire elle lèroit devenue dure , entièrement réduite en pouf
fière, parce que la fèmence, ou ce qu’on y auroit planté ne re¬
cevant point d’alimens à caufe de la (echereflè & de la légèreté
de la terre, ne pourroit pas pouflèr des racines, ni croître;
par confequent on ne doit point remuer la terre pendant la fe-
chereflè , ni y faire d’autre labour que de la nettoyer avec la
main ou avec le farcloir, enfiiite y femer ou y planter; après
quoi on aura foin de bien mêler la lèmence avec la terre par le
moyen d’un rateau à larges dents. On doit pourtant prendre
garde de ne pas faire ce labour d’Eté chez nous à l’égard des
terres légères, où l’on a planté des Arbres ou des Vignes,
parce que cela les deflecheroit trop , & que les rayons du So-_
leil & la pluie peuvent fuffifimment y pénétrer fins qu’dn les
remue.
Ils proportionnoient la quantité, la qualité, au (Ti bien que le
mélange du fumier, à la nature des fonds & aux propriétés des
Plantes , fe (èrvant pour cela de fumier plus ou moins chaud ,
de plus ou de moins de parties nitreufès , huileufès, & de pourri¬
ture. Ils vouloient qu’on fè fervît de beaucoup de fumier pour
les herbes & pour les terres enfèmencées, & point pour celles qui é-
toient plantées de jeunes Arbres. C’efl ce que j’approuve pareille¬
ment ; cela ne dit pas cependant qu’on ne puiflè trop fumer les Po¬
tagers & les labourages, & que les Arbres fruitiers n’en aient ja¬
mais befbin; quoique plufieursde nos Ecrivains modernes s’oppo-
lent
XXI
I N T R O DUC T I O N.
fèiU à cette dernière chofè, difantquele fumier eft toujours nuifi-
ble aux Arbres, & qu’il fait perdre. le bon goût aux fruits.
Théophrafte & Columelle penfènt bien autrement ; car le prémier
(a) auîire que le fumier de Cochon donne un goût plus fin
aux pommes de Grenade, & rend les Amandes amères, douces
& meilleures : pendant que Fautre nous apprend (b) que de Fu-
rine vieille de fix mois, mêlée a^ec de la lie d’huile & emplo¬
yée en guifè de fumier , ne fait pas feulement poufîèr les Ar¬
bres avec plus de vigueur, mais qu’elle rend même le Vin &
les Pommes beaucoup meilleures & plus agréables; ce que je
n’ai garde de leur contefter, puifque dans ce Païs mêrne, les
Afpergés & les Melons èn fournifîent des preuves évidentes ,
étant de toutes les Plantes celles qui demandent le plus de fu¬
mier : or fi le fumier rendoit les chofes plus infipides , de tous les
fruits il n’y en auroit point qui s’en reflèntiroit davantage que
ceux-ci & plufieurs autres à queue molle , qui ont dés pores fort
larges & qui croifîènt fur le fumier même; mais cela-n’étant
pas , il n’y a guère d’apparence que les fruits des Arbres puif
fent perdre de leur goût par le fumier. Je n’ignore pas cepen¬
dant que le fumier eft nuifible aux petites racines glutineufes &
germantes des Arbres nouvellement plantés, à caufe du Salpê¬
tre mordant & des parties acides, huileufès, groffières & gluan¬
tes, qu’il contient : je n’ignore pas non plus que les vieux Ar¬
bres fruitiers dont les racines font plus fèches, plus dures &
plus ligneufès,. ont (buvent befbin de fumier par lequel ils re¬
çoivent aulTi quelquefois une vigueur nouvélle; car des Ar¬
bres dont on recueille' annuellement des fruits ^ qu’on em¬
pêche de poufîèr des feuilles, comnie' il arrivé dans les Vergers
' / ‘ , où
De la caufe des Plantes. Liv. III. Chap. 12. , ^
(b) De la Vie champêtre. Livre. IL Chap. 15. *b /
3
XXII INTRODUCTION.
où qn lailîe croître rherbe^où on la fauche pour l’emporter jen^
fuite ; ces Arbres , dis-je , deviennent fi languiflàns , que la pluie
ne fàuroit fuffire à les nourrir ; par confequent il eft nécefîaire
de leur communiquer par le fumier d’autres parties nourrilîantes :
du refte ils indiqueront aflè^: d’eux- mêmes, après avoir pouflë
vigoureulement pendant quelques années dans une bonne ter^
re 5 Ibit en failant du bois peu vigoureux , fbit en perdant
leurs feuilles qui jaunifîent avant la fàifbn , quand ils auront be-
fbin de fumier ; les fruits devenant auffi pour lors plus petits &
plus infipides, tandis que ceux à noyaux le fendent & deviem
nent pierreux & âpres.
Tous les Ecrivains Anciens & Modernes (à l’exception d’un
petit nombre) recommandent d’avoir égard au cours de la Lu*^
ne rélativement aux Plantes, &de fè régler là-defîùs, lorfqu’on
fème, qu’on plante, qu’on grefe, ou qu’on taille, &c. Quant
à moi, je puis afîïirer que je n’ai jamais trouvé la moindre dif
férence à l’égard de ce que j’ai femé ou planté, fbit pendant le
croifîant ou pendant le déclin de la Lune; il efi vrai que pen¬
dant le croifîant de la Lune les Melons fb nouent fbuvent, &
qu’ils coulent pendant fbn déclin, mais j’ai fait plus d’une fois
l’expérience du contraire, & j’ai vu qu’ils fè nouoient peupem
dant le croifîant & beaucoup pendant le déclin de la Lune.
- Vous trouverez ce que je penfe des vertus analogues ,& op^
pofèes des Plantes dans l’endroit où je traite amplement de la
crûe des Arbres & de la manière de les cultiver.
Je dois vous dire auffi que ne prétendant nullement faire paf
fer mes remarques pour inconteftables , je les fbumets à votre
examen & à celui du Public. Mon defîein n’eft pas non plus
d’obliger qui que ce fbit à fuivre le plan que j’y ai tracé tou¬
chant la confîruélion &' l’arrangement d’une Maifbn de Cam¬
pagne, avec fès Jardins, les Plantages & fès Orneméns* car
ce
I N T R O D U C T I O N. xxîn
ce qui plait à Pun , peut dëpkife à Pâüiré. *Je dis la même
chofè du choix qu’on doit faire lorlqu’il eft queftion de plan¬
ter des Arbres fruitiers & autres y puifqu’il eft rare que tous
aient le même goût & les mêmes vüe^.' ' ' i
J’ai déjà dit que je n’ai rien tiré ni copié des autres , & que
je n’ai fait mention que de ce que j’ai trouvé par mon expé¬
rience avoir prelque toujours les mêmes effets, après m’être fèr-
vi de la même méthôde ; ce qui pourtant ne fignifie pas que
' les autres n’ayeat jatïiâîs fait mention de ce -qu’on verra ici ,
puifqu’on troiivéf a le contraire. Je me flatte cependant que
vous y découvrirez un grand nombre d’e Remarques fur le Jar¬
dinage , qui, fi je ne me trompe, n’ont été faites par perfbnne.
Je -ne crois pas non plus qu’on ait jarnak écrit fiir la manière
d’avancer les Saifbns , encore moins qli^on ait énfèigné exaèle-
ment celle de cultiver les Plantes dé^ Clirnâts plus chauds que le
nôtre , & de les élever à fbuhait dans ce Païs par le moyen des
Serres tant naturellement qu’artifîciellement échaufées. Cela
feul montre donc déjà que ces Remarques font beaucoup plus
étendues; quelquefois même j’ai cru devoir les repéter, lorf
qu’elles m’ont paru être fort importantes.
J’ai de plus exaêlement décrit dans la féconde Partie (comme
on le peut voir par l’Avertifîèment qu’il y a à la tête) la maniè¬
re de conftrüire des Serres naturellement ou artificiellement é-
chaufées & autres, comme auffi des Thermomètres, dont on
ne fàuroit fe pafîèr lorfqu’on cultive les Plantes dans des Ser¬
res. J’ai parlé enfuite fort amplement de l’air, des vents, de
la terre , de l’eau , & de la chaleur artificielle. Après avoir par¬
lé de la culture des Potagers , je fais auffi mention des Semen¬
ces , & je montre encore comment il faut cultiver les Oran¬
gers, les Citronniers, les Limonniers & autres.
Après quoi je décris de la manière la plus fimple, le moyen
in-
4d
XXIV, I N T R jO DUC T.I O N. ^
infaillible d’avoir des Raifins eh abondance par le ïecoùrs des
Serres échaufées par le feu, comme aufli celui d’élever les Ana^
nas & les Tubereufès. Je me flatte donc, Monfieur, d’avoir à
cet égard, répondu à yotre attente.- Jeliii^, &c. '
i ■
TA-
L E
T A B
>
- V
DES
CHAPITRES.
I P ARTI E.
LIVRE PREMIER.
CHAP. I. Des Maifons de Plaîfance , de leur fituatîon , ^ de leur circuit en général
Page, I
■ IM , , II. De la manière d! arranger les Maifons de Plaifance. De ce quon doit obfer.
ver à cet égard. De la manière dont on les arrangeait autrefois , ^ de
celle qui eji en ufage préfentement. Ce quon doit ohferver en général à /V'-
gard des Plantages ^ des Ornement . Qfon doit tâcher , qu'à la vue des
grandes des petites allées , chacun pu^e appercevoir la magnificence du
Propriétaire ^ de fa Campagne, Remarques fur des ornement particuliers. ^
III. Ce qu'il y a à ohferver quand on commence à arranger des Plantages , à con"
Jlruire des Edifices , des Murailles , des Terrajfes , ^c. ^ ce qu'on doit faire
annuellement ^ jufques à ce que le tout foit parfaitement achevé. 14
IV. Qualités requîfes dans un Jardinier , dans ceux à qui on confie l'infpedtion
de nouveaux ouvrages y ^ dans les Ouvriers. - ' 21
. V. Des Outils. 26
VI. De la manière de creufer des FofféSy des Viviers y W des petits Fojfés. 33
VU. Des Fonds de terre, & quels font les meilleurs. 40
VIII. De la manière de préparer les terres avant que de les planter. 44
IX. Comment on amendera les Fonds qui font devenus Jiériles , foit naturelle¬
ment , foit pour avoir trop produit. 5 r
■ - « X. Des différentes fortes de Fumier.
LIVRESECOND.
Z-'
CHAP. I. Remarques générales concernant la crue des Arbres ^ la manière de les cul¬
tiver. Cl
II. Des Arbres àf des Herbes, tant fauvages que cultivés, ^ de leurs genres,
^c. 72
III. Du îems auquel les Arbres croiffent & vivent félon les Saifons. Qu'une
mauvaife culture ^ une trop grande fertilité peuvent racourcir leur vie. 75
IV. De la manière de multiplier les Plantes en général, ^particulièrement les
Arbres. ' 78
De la multiplication par femence. 79
par des Sauvageons de Souche. *- 80
par bouture. .. 81
CHAP.
TABLE DES CHAPITRES.
CHAP.IV.D? la multiplication par des Marcottes , ou par des Provins couchés en terre. ^2
- - V. De la Pépinière , S de la manière de cultiver les Arbres. 84
■ — VI. De la manière de planter les Arbres, Ce qu'on doit faire avant après qu’ils
font plantés. ' 8p
- - VII. De la manière d’enter , de gréfer de gréfer en approche. 95
_ _ VIIL De la taille des Arbres fruitiers , tant en Hiver qu’en Eté. 104
, IX. Remarques touchant les Murailles , les Cloifons , ^c. ^ la manière d’atta¬
cher âf de conduire les Arbres avec de l’Ofier. iio
LIVRE TROISIEME.
I
C H A P. I. Des Fleurs , des Boutons de Fleurs , des Fruits
ques fortes en particulier ; comme aujji du tems de
— II. Des Poiriers à? de leurs Fruits.
— III. Des Pommiers de leurs Fruits.
- — IV. Des Mer if es , des Cerifes , ^ des Griot es.
— — V. Des Pêchers éf de leurs Fruits.
•— VI. Des Abricotiers ^ de leurs Fruits.
- - VII. Des Pruniers àf de leurs Fruits.
• - VIII. Des Figuiers.
— IX. Des Meurîers.
- X. Des Framboifes S des Meures fauvages.
— - XI. Des Grozeilles, ^ des Grozeilles vertes^
' XII. De l’ Epine Finette , êÿc.
- . XIII. Du Cornouiller.
XIV. Du Sureau.
___ XV. Du Coignajjler. »
_ XVI. Du Néflier.
_ _ XVII. Du Noyer.
» - XVIII. Du Noizettier.
- XIX. De l’Amandier.
XX. Du Chateigner. . .
LIVRE QUATRIEME.
en général, ^ de Rel¬
ieur maturité, 113
122
151
135
142
150
15a
154
157
15B
159
. 160
^ • \ ibidem.
X 161
1(52
ibidem.
1(53
164
ibidem.
CH AP. I. De la culture ^ de la manière de planter la Vigne. 165
Sa multiplication par Semence. ibidem.
— — — - - por bouture. 166
par des Sauvageons de Souche. 168
par des Marcottes ou des Provins emehés en terre.
ibidem.
IL De la taille de la Vigne en général. 171
III. De la taille de la Vigne qui fe fait à l’entrée de H Hiver ^ ou à lafindeTAuton-
ne. 172
CHAP.
V
I
TABLE DES CHAPITRES.
CH AP. IV. De la taille d'Eté des Vignes. 1^(5
- V. Remarques concernant quelques propriétés delà Vigne y ^ quelques (ffets
remarquables. - ' i8i
- - - XI. Des différentes fortes de Raifins. . i8<5
livre CINQUIEME. •
CHAP. I. Traité général des Arbres fauvages qui réfiftent au froid qu'il fait chez
nous pendant H Hiver y la manière de les planter y de les tailler y S de k's
tondre y pour en faire des Hayes. 190
- II. Des différentes fortes d' Arbres fauvages , de leurs propriétés , de la manière
de les élever dans les fonds qui leur font propres, de celle de les cultiver, de-
les planter y de les tailler, ^ de l'ufage qu'on doit faire de leur bois. 198
- - III. Des Arbriffeaux qui fleüriffent. ’ ' ' 213
IL P A R T I E.
Avertiffement , touchant la manière de cultiver les Plantes hors des Saîfons ordinaires^
touchant quelques Plantes étrangères ; de même que touchant les Herbes du Parter¬
re â? les Arbriffeaux du Potager. 217
LIVREPREMIER.
CHAP. I. Objervatîons fur la manière de conjiruîre des lieux convenables pendant r Hi¬
ver àf de s'en fervir: ou des Orangeries, Serres artificiellement échaufées
à? autres ; des Gaffes vitrées , fixes, ^ mobiles ; des murailles , des Cloijons ,
&c. _ 233
II. De la manière empêcher le froid c? lu gelée par le moyen de cowoertes: de
celles qui font les plus propres à cela, ^ comment on doit s'en fervir. 244
— — III. Des Thermomètres y qui font connoître la température de T air , favoir la cha¬
leur, le froid, la gelée: leur nécejjitè pour cultiver des Plantes étrangè¬
res , ^ pour avancer la maturité des fruits dans les Saifons qui leur font pro¬
pres : de leur fabrique , de la manière dont, on peut les faire : avec quel¬
ques obfervaîions particulières. 251
P—. IV. De l'Air, de la diverfité avec laquelle il mêle les parties, & agît fur les
Plantes, comme aujjî de la chaleur, du froid., des vents, de la pluie, de la
neige , de la grêle , des frimât s ^ de la rofée , ê^c. 261
— V. De la terre: comment on doit la mêler le plus utilement félonies propriétés des
Plantes y S félon le tems ^ la manière dont on s'en fert. 274
•— VI. De l'Eau; laquelle cjt la meilleure pour arrofer les Plantes; qu' il ne faut j a-
mais les arrofer qu'avec de l'eau froide, & non pas avec de l'eau tiède ^ 278
VII. De la Chaleur artificielle, fur-tout de celle qui provient du feu. 281
VIII. De la chaleur que produifent le fumier de Cheval^ le Tan; de quelle maniè¬
re on doit faire fies Couches élevées pour pré maturer les fruits, ^ pour don-
O 1 '
TABLE DES CHAPITRES.
mr pajfage aux vapeurs âf aux exbalaîfons.
LIVRE SECOND.
285
CHAP. I. Amufement du Jardinage pendant chaque mois félon le cours de rannêe.
Des fleurs 6? des fruits ^tant naturels que cultivés , qiùn peut avoir dans les
Jardins. ' , 290
«_ II. Explication du Potager âf de fes Arbres. 306
; _ III. De la Semencé; fa vertu, la manière de la recueillir y ^ ce qu*on doit faire
^ obferver avant ^ après avoir femé. 310
IV. Lifte des fruits du Potager. De la manière de cultiver les fruits appartenans
au Potager. 320^321
LIVRE TROISIEME.
CHAP. I. De la manière de traiter les Arbres étrangers ; de celle de les planter ^ de
les tranfplanter. Des Caiffts àf des Pots j comme aujfî de la terre ^ du
fumier. ' 368
IL De la manière de cultiver les Citronniers, les Limoniers y ^ les Orangers.
372
— III. De la Serre pour V Hiver y £5* comment on y doit foigner les Arbres. 374
— — IV. De la place d'Eté , 6? de quelle manière on y doit foigner les Arbres. 377
— V. De la manière de tailler les Citronniers , les Limoniers , ^ les Orangers ,
tant dans H endroit où ils foiét renfermés pendant l* Hiver y que dans celui où ils
font pendant r Eté. 330
De quelques Citronniers , Limoniers , ^ Orangers. 382
Remarques exactes touchant la manière de cultiver les Vignes, Savoir infaiU
liblement des Raîjins dans des Serres artificiellement échaufées. 387
■ Manière de cultiver des Plantes des fruits d' Ananas. 393
Manière de traiter les Ananas ^ quelques autres Plantes dans les Serres artU
ficiellement échaufées pendant f Hiver ^ pendant l'Eté, dans des Caiftès vitrées
où il y a du Tan. 402
Manière de cultiver les Tubereufes. 409
Des Fleurs en général. 41!
I ’ *
Fin de la Table des Chapitres.
PRL
PRIVILEGIE.
De Staten van Holland ende Wefl- Vriesland, doen te weten: Aizo 0ns te Ictn*
nen is gegeven by Abraham Kallewier , Jan en Hermanus Verbeek , en Pieitr
vander Eyk, Boekverxoper binnen de Stad Leyden , dat zy Supplianten bezig wn-
ren, mec zwaare koften , te drukken zeker Werk, waar van de Titul vvas , Êyzoïi'
dere Aanmerkingen over bet aanleggen van Pragtige en Gmeene Landbuyzen , Lujiboven ,
Plantagîën , en aanklevende Cieraden , zoo , ovi de zelve , ten meejlen nutte en voordeel te
Timmeren en Metzeîen , aU om de Gronden te bearbeyden : l'^yvers en IVaters- te graven :
Vms^ten Wilde boomen, ook Laaningen te planten en befnoeyenj nevens eene nette en kluare
hefebryvinge f om de Jvyngaarden ^ door Zomer- en Winîer-fmeijifige , jaarlyks , over^
vloedige Druyven , zoo wel in open luebt , als , by vervroeginge , in koude en Stook-kaJJen ,
volgens aanwyzinge van Weer • glazen , en bet geene daar verder aanbortg is , voort te hren-
gen; midsgadersy om zekerlyk Ananas • vrugten , Citroen ^ Limoen- en Oranje- boomen voort
te teelen ; Nog eène verbandeling , om Aard- en Warmoes - vrugten voort te queeken : Ailes
in den tyd van ÎAyftig Jaren ondervonden en aangetekent : ook , door cierlyke Plaaten opge-
beldert in Quarto. En, dewyl de Supplianten bedugczynde, dat eenige baatzoeken-
de menichen, ’tzy binnen of buicens Lands, toc hunne groore fehade , hec voorfz.
Werk, in hetgeheel, of ten deele, mogten komen na te drukken : zoo keerden zy
Supplianten zig tôt Ons, ootmoediglyk verzoekende Oélroy en Privilégié, om hec
voorfz. Werk, voor déu tyd van Vyftien volgende Jaren , met SecluGe van aile an-
dere , hier te Lande alleen te mogen drukken , uiegeven en verkopen , in allerhan-
de Taalen en Formaaten , zoo als zy Supplianten zouden komen goed te vinden:
jnet exprès Verbod, waar aan allen en eenen yegelyk, buiten hen Supplianten , of,
die hunne A£tie of Regt in dezen , namaals mogeen verkrygen , verboden vvord het
voorfz. Werk, in eenigerhande Taalen , Formaaten , in hec grooc of klein , in her.
geheel, of, ten deele, met, of zonder plaaten , onder wae prærext , ’tzy van ver.
meerdering , verbetering , of verandering , het ook mogte wezen , ce drukken , te
doen drukken, te verhandelen ofee verkoopen, of, buyten dezen Lande gedrukc zyn-
de,in te brengen, te verhandelen ofee verkoopen, en dat t’elkensop een verbeurte van
aile de nagedrukte, ingebragte, verhandelde, of verkogte exemplaren , midsgaders
<iaar en boven eene boete van Drie duyzend guldens ,-zoo als Wy tegen zodaanige
Contraventeurs gewoon waren te ftatuë’*en , en dat zoo menigmaal , aïs zy daar aan
fchuldig zouden bevonden worden : ZOO IS ’T , dat Wy de zake en ’c voorfz. ver-
foek overgemerkt hebbende , en geneegen wezende ter bede van de Supplianten,
uyt Onze regte wetenfchap, Souveraine Mage en Auchoriteyt , de zelve Supplianten
geconfenteert , geaccordeert en geoftroyeerc hebben , confenteren , accorderen en
oftroyeeren haar by deze , dat zy , geduurende den tyd van Vyfcien eerfl: agter cen
volgende Jaren , het voorfz. Werk , genaamt Byzondere Aanmerkingen over bet aanleg¬
gen van Pragtige en Gemeene Landbuyzen^ Lujiboven, Plantagiën, en aanklevende Ciera¬
den , zo om de ^Ive , ten meejie nutte en voordeele , te Timmeren en Metzeîen , als om de
gronden te bearheyden, Vyvers en Waters te graven: Krugt^ en Wildehoomen , ook Laanin¬
gen te planten en befnoeyen: nevens eene nette en klaare befebryvinge , om de Wyngaarden ,
door Zomer- en Winter - fnoeijinge , jaarlyks overvloedige Druyven , zo voel in open luebt , als
by vervroeginge , in koude en Stook • kajfen , volgens aanwyzinge van Weer -glazen, en bet
geen daar verder aanborig is , voort te brengen : midsgaders om zekerlyk Ananas • vrugten ,
Citroen- , Limoen- en Oranje boomen voort te teelen : Nog eene verbandeling om Aard - en
Warmoes - vrucbten voort te queeken : ailes in den tyd van yyftig Jaren ondervonden en aan¬
getekent: ook door cierlyke Plaaten opgebeldcrt, in Quarto. In dier voegen , als zulx by
de Supplianten is verzogt, en hier vooren uytgedrukt ftaat , binnen den voorfz. On-
zen Lande alleen zullen mogen drukken , doen drukken , uytgcven en verkoopen:
verbiedende daaromme allen ende eenen yegelyken, het zelve werk in hec geheel of-
♦ 2 te
PRIVILEGIE.
te ten deele , te drukken , na te drukken , te doen na drukken , te verhandelen oftc
verkoopen , ofce elders na gedrukc , binnen den zelven Onzen Lande te brengen,
uyc ce geven , ofce te verhandelen en verkoopen , op verbeurte van aile de na ge-
drukte, ingebragte, verhandelde, ofce verkogte Exemplaren , ende een boete van
Drie duyzend guldens , daareuboven te verbeuren, te appliceren een Derde-part
voor den Officier , die de calange doen zal , een Derde part voor den Armen der
Plaatze, daar het Cafus voorvallen zal, ende hec refterende Derde-part voor deSup-
plianten , en dit tclkens, zoo menigmaal als de zelve zullen werden agcerhaald ; Ai¬
les in dien verftande, dat Wy de Supplianten met dezen Onzen Odroye alleen wil-
lende gratificeren, tôt verhoedinge van haare fchade , door het na drukken van het
voorfz. Werk, daar door, in geenigen deele, verftaan , den innehouden van dien te
authoriferen , ofte ce advouëren , ende veel min hec zelve , onder Onze proteftie en
befcherminge , eenig meerder crédit , aanzien, ofce reputatie te geven , nemaar de
Supplianten, in cas daar inné iets onbehoorlyks zoude influeren , aile het zelve tôt
haren lafte, zullen gehouden wezen te verantwoorden : toc dien eynde wel exprefle-
lyk begerende, dat, by aldien zy dezen Onze Odlroye voor hec zelve Werk zullen
willen ftellen, daar van gene geabbreviSerde ofce gecontraheerde mentie zullen mo-
gen maken , nemaar , gehouden wefeu het zelve Ôclroy in ’c geheel, en, zonder ee-
nige omiffie , daar voor te drukken , ofte te doen drukken , ende dat zy gehouden
zullen zyn , een Exemplaar van hec voorfz. Werk , op groot Papier , gebonden en
wel geconditioneert, te brengen in de Bibliotheecq van Onze Univerfiteyt tôt Ley-
den , binnen den tyd van Ses weken , na dat fy Supplianten het zelve Éoek zullen
hebben beginnen uyc te geven, op een boete van Ses hondert guldens , na expiratie
der voorfz. Ses weken , by de Supplianten te verbeuren ten behoeven van de Neder-
duytfe Armen van de Plaats alwaar de Supplianten woonen , en voorts op pæne van
metter daad verfleken te zyn van hec effda: van dezen 06troye;Dat ook de Supplian¬
ten, fchoon, byhec ingaan van dit Odtroy , een Exemplaar gelevert hebbende aan
de voorfz. Onze Bibliotheecq , by zoo verre zy , geduurende den tyd van dit Oc-
troy, het zelve Werk zouden willen herdrukken met eenige Obfervacien , Noten,
Vermeerderingen, Veranderingen,Corredien, of anders,hoe genaamt;of ook in een
ander formaat, gehouden zullen zyn , wederom een ander Exemplaar van hec zelve
Werk, geconditioneert alsvooren, te brengen in de voorfz. Bibliotheecq, binnen de
zelve tyd, en op de Boete en Pænaliteyt, als voorfz.; Ende, ten eynde de Supplianten
dezen Onzen Confente ende Odlroye mogen genieten , als naar behooren , Laften
Wy allen ende eenen yegelyken , dien het aangaan mag, dat zy de Supplianten van
den innehoude van dezen doen, laten ende gedoogen , ruftelyk , vredelyk ende
volkomentlyk genieten ende gebruyken : ceflerende aile belec ter contrarie. Ge-
’ daan in den Hage , onder Onzen groocen Segele , hier aan doen hangen op den Se-
ftienden Mey, in ’c Jaar Onfes Heeren ende Saligmakers Duyzend Sevenhondert Se-
ven en dertig.
J. H. V. WASSENAAR vt.
Ter Ordonnantie van de Staten
WILLEM BUYS.
Het regt van deeze Copy en Privilégié
is getranfporteerc aan Samuel Lucht-
mans en Hermanus Uytwerf den i8 De-
cember 1742 , en door Hermanus Uytwerf
voor zyne Portie aan zyn Zoon Myndert
Uytwerf den 24 Juny 1*743.
AVIS
AVIS AURELIEUR
Pour placer les Figures.
A.
B.
C.
D.
E.
F.
G.
H.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
I»
2, 3, &
& 6.
8.1
9-1
10./
‘ Pag. 4.
- ■ - 23y.
■ / • 23P*
- - 242.
282.
387.
398.
4.10.
383.
- ‘ 384.
r r 38y.
- - 385.
LES
LES
AGREMENS
CAMPAGNE,
;
O U
REMARQUES PARTICULIERES
'
Sur la manière de conjlruire d^ arranger des Maisons de
Campagne plus ou moins magnifiques ; Jardins
de Plaisance, ^ des Plantages, avec leurs Or-
nemens convenables.
L I r R E L
CHAPITRE!.
Des Matfons de Flaîfance^ de leur fituatîon^ Êÿ de leur cïrciCit en
général,
■Qutes les Maifons de Campagne & les Jardins de Pîaifance,
pour être agréables, doivent être entourées & renfermées
par des fofles, des murailles, des cloifbns, des palifTades,
des haies , &c. Il ne faut pas pourtant qu’elles îbient d’u¬
ne trop vafte étendue (a) pour plaire à des Propriétaires ha¬
biles. Plus on peut faire valoir un petit terrain par les variations de vues
ex-
-V
«
(û) Laudato ingentia rura, extguum colito. Virgil. Lib. II. Géorgie, vf. 412.
C’efl-à-dire:
Louez chez les autres les vaftes Campagnes, mais cultivez-cn une petite pour vous-
même.
Partie T, A
i
2
LES A G R E M E N S
extraordinaires quoique naturelles, & d’ornemens 5^ plus les Speélateurs
admireront le bon goût & le bon ordre de ceux qui en ont fait la difpo-
fition ; & fur-tout fl fon entretien ne les expofe pas à une grande dépenfe :
car ce qu’on peut appeller à julle titre, des Maifons de Plaifance, ce font
celles où les Propriétaires fe font propofés d’imiter par art en toutes cho-
fes l'a Nature , de réjouir le cœur à peu de fraix, de- chatoi^iller la lan¬
gue, & de plaire aux yeux par ia contemplation de toute forte de plai-
nrs cliampêtrés,; comme des allées confiftant dans .de grands arbres de
haute futaye , bien foignés , des haies tondues , des petits Bois , des
Berceaux toufus, des arbres en efpaüer, plulieurs fortes de grands & de '
petits arbres fruitiers , des eaux pures , & telles autres cliofes propres k
ornerles Jardins i ce qui plaira davantage à' des Curieux verfés dans
cette connoriTance , que les beautés fuperficielles des fuperbes Bàtimens ,
des.Câfcades artificielles, des Jets-d’eau ,• des Grottes , de phifieurs
autres orilemens ruineux. \ ‘
Pour fe procurer un tel Lieu de Plaifance , il faut fiir-tout bien pren¬
dre garde , 'que ces trois qualités s’y. trouvent réunies ; prémierement,
qu’il foit bien fitué : en fécond lieu , que ce foit une .bonne , terre bien
fertile ; & en' troifième lieu d’une fuperficie bien unie. Cette dernière
condition n’eft cependant pas alTe^ intérelTante pour faire abandonner un
fonds d’ailleurs bien fitué & bien fertile, ce qu’on feroit abfolument ob¬
ligé de faire, fi l’une ou l’autre des deux prémières qualités ne s’y trou-
voient pas.
Ce qu’il y a de plus eflentiel quant à fa fituation , c’eft qu’on ait foin
de choifir un air fain (a) , & de ne pas fe déterminer pour des terres fituées
dans le voifinage de la Mer ; les vapeurs qu’elle exhale étant extrême¬
ment nuifibles : on doit éviter par la même raifon les lieux fitués aux en¬
virons des endroits que le reflux de la Mer laifle à découvert, & qui ex¬
halent de la puanteur, comme aulTi le voifinage des Etangs & des Ma¬
rais, & celui d’une grande Ville fort peuplée, dont la fumée & les ex-
halai-
(a) Porcîus quidem Cato cenfehat in emendo înfpiciendoque agro præcipue duo ejfe conjî-
'àeranda , falubritatem Cæli , â? ubertaîem loci : quorum fi alterum deejfet , ac nibilo
minus quis vellet incokre , mente ejje captumy âfc. ColumeUa , de Re Ruftica. Lib. I,
Cap. 3.
C’eft-à-dire:
Porcîus Cqto difoit que lorsqu’on veut examiner & acheter une terre, il faut fur*touC
faire attention à ces deux chofes, fi elle eft: fituée dans un air fain , & fi elle efl: fer¬
tile: que fi malgré le défaut de l’une de ces conditions , quelqu’un trouvoit pourtant
à propos de l’habiter, il faudroit qu’il fût frappé dans fon efprit.
y
DE LA C AM PAG NE.
halaifons peuvent corrompre un air d’ailleurs fort fain. Ajoutez à cela
que le Propriétaire y ferait fouvent expofé aux Violences du petit-peuple
voifinj&à être continuellement incommodé par les vifîtesttop fréquen¬
tes de fes amis. Il faut pourtant tâcher de fe placer à une Julie dillance,
c’eft-à-dire pas trop loin de quelque Ville confidérable , afin de pouvoir
participer aux avantages, que procure la Société d’un aulTi grand nom¬
bre de gens aifés , parmi lelquels ceux-ci ne font pas les moindres , la¬
voir qu’on y peut vendre ce qu’oii a de fuperflu plus chèrement qu’ail-
leurs, & y acheter le néceflaire àam prix fort modique.
Un bon fond de terre bien gras & bien fertile , litiié près d’une Ri- ‘
vièrë d’eau douce, pas trop rapide dans Ibn cours, ell préférable atout,
pourvu que renfermé dans des levées, il ne foit pas fujet aux inondations,
qu’il y ait par-tout autour des Canaux, pour y pouvoir conduire & en
tranjÇ^orter tout ce qui ell néceflaire à peu de fraix. Ayant fait aquili-
tion d’un tel fond de terre , il faut avoir loin de placer tellement la Mailbn
que l’on y veut bâtir, qüe les arbres plantés le long de la Rivière qui
ferpente , ne bornent ni ne gênent point la vue , mais qu’ils la mettent
à couvert des vents qui régnent le plus & qui font les plus nuifibles. Si
©n a le bonheur de réuilir en cela , on aura fans fraix plufieurs points
de vue variés , qu’il n’eft pas poÜible d’avoir autrement. On tâche¬
ra donc de choifîr im tel fond , fîtué à l’un ou à l’autre côté d’une
Rivière, & s’il efl: poflTible à l’Orient ou à l’Occident ' de la Ville,
pour être moins fujet aux exhalaifons & à la fumée qu’elle envoie. 11
îèroit aulfi à fbuhaiter que le devant & le derrière de la Maifon puflent
être expofés l’un au Midi & l’autre au Nord , parce qu’il eft confiant
que des Maifons ainfi fituées, font plus fraîches que celles qui font ex-
pofées à l’Orient & à l’Occident. C’efi encore une choie fort commo¬
de & fort néceflaire d’être litué de manière , qu’en tout tems , foit l’hi¬
ver ou l’Eté, on puifle aller à la Ville en voiture, par des chemins de fa¬
ble & de terre-grafle. ^
Joignons à cela , que les Anciens ont toujours fait grand cas , & a-
vecraifon, d’un bon voifinage.
Ayant réufli jufques-là à fouhait , il faut tâcher que le fond foit tel,
qu’il eft décrit dans le quatrième Chapitre, En général les terres éle¬
vées, unies, au niveau ou k peu près, font préférables de beaucoup k des
terres bafles ou qui ont de la pente : ces dernières étant beaucoup moins
fertiles , parce qu’elles ne retiennent pas les eaux ; c’efi outre cela encore
ime choie fort remarquable qu’on ne fauroit planter plus de bois fur la
A 2 fuper-
4 LESAG REMENS"
fiiperficie de fa pente que fur le fond uni & de niveau , que comprend
dans fon enceinte le pied d’une montagne, ce qu’on peut démontrer in-
conteftablement en tirant des lignes depuis le deflbus du pied julques à la
cime. J’examinerai ici comment doit être la fituation d’une terre bien
ordonnée , pour paroître à l’œil plus grande , & pour procurer de plus,
belles & de plus longues vues.
Un Quarré parfait eft bien de tous les fonds le plus réglé , mais non:
pas à préférer pour une Perfonne , qui veut arranger & planter un Lieu
de Plifance fur un petit terrain; car un tel fond occupe réellement plus
' de place , qu’il ne le paroit à la vue.
Un Qiiarré oblong vaut mieux 3 on y peut faire une bonne dilpofîtion
de belles allées , & une meilleure partition d’ornemens d’un autre gen¬
re; outre qu’on peut en apparence lui donner plus d’étendue.
Un Triangle qui a tous les côtés égaux eft la plus favorable figure pour
tromper la vue , fiir-tout quand il s’agit de terrains d’une petite étendue :
quoique les allées n’y plaifent pas autant, parce qu’elles finilTent en poin¬
te , au-lieu que les autres en nniflant font leurs angles droits.
Un terrain qui a deux côtés égaux , occupe plus de place , & ne fait
pas de fi longues vues ; outre que les allées extérieures finilTent pareille¬
ment en pointe.
Un terrain qui a tous les côtés inégaux ell encore moins favorable.
Un terrain creux , ou bien convèxe comme une boule , n’ell nullement
propre à être planté.
Un terrain en cercle occupe le plus de place , 6s fait les plus courtes
vues.
Deforte que je me déterminerois pour un Qiiarré oblong , comme le
plus propre à un beau tour , à moins que quelqu’un ne voulût planter un
très petit terrain, & en faire un Lieu de Plailànce rempli d’ornemens ; au¬
quel cas je pancherois plus pour un Triangle, qui a tous les côtés égaux,
tel qu’il eft repréfenté dans la Planche ci - jointe Fig. /, dans laquelle
je me borne à trois arpens de terre jufqu’au bord du folTé , & où je
place la maiibn au Midi <Ss au Nord, ayant au devant des arbres à cou¬
ronne, pour la garantir des ardeurs du Soleil; ce qui fait que les autres
Bàtimens, comme l’Orangerie, l’Ecurie , la Remilè n’y font pas placés
comme ils le devroient être autrement. La difpofition en eft faite de la
manière fuivante.
a L’avenue par une porte grillée fur un pont de pierre qui traverfe
l’avant-folTé large de quatre toifes, les Fofiés des côtés en ayant trois de
li^rgeur. b L’en-
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b L’entrée plantée avec lèize Tilleuls à couronne, & aux deux côtés
avec des haies tondues.
A rOrient de l’entrée c un Jardin Potager & une Melonnière, entourés
& coupés dans le milieu par deux cloifbns. On pourroit à leur place y
conftruire au midi des Serres à Vignes, artificiellement réchaufées.
A l’Occident une Orangerie (fous laquelle on pourroit pratiquer
une Grotte ou bien une Glacière) ,fituée fur une Terrafle élevée de neuf
pieds au-delTus du terrain de la Campagne , & maiïbnnée en dedans &
en dehors. Elle a une pente de neuf pouces fur chaque pied , & quatre
Banquettes e propres à y placer les Orangers pendant l’Eté, y ayant au
pied de la dernière f un Baflin rempli d’eau , au milieu duquel il y a un
Jet- Sur la prémière ou la plus haute Banquette , il y a au Midi des
Serres à Vignes ggg, lefquelles étant faites en pente , ont largement
huit pieds de Jiaut.
La Remife & l’Ecurie côté de la Terrafle; comme aufli laMaifon
du Jardinier i,
La Maifon du Seigneur yè , qui a la vue llir un Parterre / fîtué par der¬
rière & fur un grand Vivier ?;/, autour duquel efl; plantée une jHaie! ton¬
due de Hêtre. - -
Des deux côtés du Parterre '& du Vivier , aufli par derrière, des en¬
droits propres nnnn pour de petits arbres fruitiers en pleine terre.
Les Allées oooo ont quatre toifes de largeur, formées de grandes
Haies tondues, défîgnées dans la Planche par des points.
Au bout des Allées extérieures des deux côtés il y a dans le milieu u-
ne grande Statue p , & à chacun de fes côtés un petit Pavillon q q : lef-
quels doivent être tellement placés qu’on y ait un point de vue de trois
côtés.
La Fig. Il fait voir le profil de la Terrafle à quatre Banquettes, /z ex-
pofant le terrain du Jardin, & ^ la hauteur de l’eau pendant l’Eté.
La Fig. iy/efl le profil du Vivier: i étant le terrain du Jardin, & 2
la hauteur de l’eau pendant l’Eté , & fon petit rivage. Le Leéfeur at¬
tentif pourra mefurer le tout fur le pied de RJiynlande qu’on y a ajouté,
& dont on fe fert dans tout cet Ouvrage.
6
'TLX S A G R E M E N S
C H A P I T R E II.
Le la manière ^arranger les Maîfons de Tlaifance, Le ce qu'on doit oh-
fer ver à cet égard. Le la manière dont on les arrangeoit autrefois.^ ^
de celle qui ejl en ufage préfentement. Ce qu'on doit ohjerver en géné¬
ral à r égard des Fiant âges ^ des Ornemens. Qfon doit tâcher ^ qulk
la vue des grandes des petites ‘Allées , chacun puijfe appercevoir la
magnificence du Propriétaire ^ de fa Campagne, Remarques fur des
■ Ornemens particuliers,
• • >
Quelque tyrannique .que foit la mode , ôn ne faiiroit' fècoiier entiere-
^ment fon joug , fans s’expolèr à la critique d’un chacun ; mais d’un
autre côte c’eftune pure folie que de ^s’y foumettre volontairement en
toutes chofes. C’eft pourtant ce qui arrive à diflFérentes perlbnnes, lorf-
qu’bn arrangeant ■ des Jardins & des 'Maifons de PlaÜaricej elles vèii-
lent imiter en petit les exemples des Rois & des Princes , qui ne fè
propofent autre chofe que le fafte, par où elles fe procurent très peu de
eommbdités , & s’expofent à de prodigieulès déperifes pour leur en¬
tretien.
Qui ell-ce qui ne préférera les Maifons de Campagne de nos Ancêtres
à celles d’aujoiirdhui ? s’il fait attention qu’ils ne fe propolbient autre
diofe jlbit en les arrangeant, foit en les entretenant, que de fe procurer à
peu de fraix un repos délicieux ; c’eft-pdurquoi ils bâtiJfToient pour l’ordi¬
naire liir des Voûtes, des Maifons à peu d’étages, dans lelquelles ils ne
pofoient qu’autant de croifées, foit en nombre Ibit en grandeur, qu’il en
îalloit, pour recevoir dans une jufte quantité l’air & la lumière , dont les
vitres tant celles d’en-hauü^que d’en-bas étoient à petits carreaux , &
poiirvues au dehors de bonnes & d’épaüTes fenêtres propres à empê¬
cher quedes vapeurs liuifibles^’pi’y pénétralTent. Leurs, murailles é-
toient., pour la .plupart du tems, doubles , & malTonnées de bonnes
Iniques avec du ciment , afin que la pluie ne les pénétrât point. * Ces
Bâtimens étoient de plus environnés d’Arbres de haute futaye,dont l’om¬
brage leur procuroit une fraîcheur merveilleulè , & les mettoit à l’abri
des vents furieux & pénétrans, & des mauvaifes odeurs de l’air. Ce qui
diminuoit les fraix du Propriétaire pour leur entretien , & rendoit fon
Domicile plus fain & plus agréable.
Les
DELA CA M P A G N E. f
' Les Mairons de.Campagne iiiodernes-ont au contraire plus d'écages,
des murailles plus minces & limples , dans lefqueiles on fait de grandes
ouvertures pour j mettre descJialTis qui ont au dedans des volets fi min¬
ces 5 qu’k peiné ils empêchent l’entrée delà lumière , <Sc qui n’ont point
de fenêtres dehors; ayant outre cela des vues découvertes hir des Par-
tèrres 5 TerralTes 5 Viviefs & autres^ fuperhcies non plantées; deforte
quç> (fans compter qi^elles foht bâties à ia légère), elles font d’un fort
frand’ entretien & très mal-iaines: la chaleur accablante de l’Eté & le
’oid pénétrant de l’Hiver 5 & principalement encore les murailles hu-.
mides dans le Printems & dans l’Autonne , étant très nuifibles & très
contraires à la fanté desPerfonnes qui. les habitent, de même qu’aux meu¬
bles dont ces Maifons font ornées. Ajoutez encore à cçla que la plupart
des Bâtimens modernes , de même -que leürs Ornemens, fè fabriquent
Ibilvent fi fort à la hâte & hors de faifon , qu’ils commencent à dépérir,
avanf que le véritable tems d’en faire ufage foit venu. •
Ils avoient de tout autres vues nos Ancêtres dans la manière de conf-
truire leurs Campagnes:, ils fe propofoient de fe procurer par ce, moyen
un agréable amufement & un repos des plus tranquilles dans leur vieil-
lelTe; tâcliant en même tems dè dédommager , par d’autres petits avanta¬
ges, des dépenfes annuelles, néceffaires pour leur entretien. Pour cet
effet ils plant oient avant toute chofè des Arbres de haute, futaye p qui à
mefure qu’ils croifToient , les encourageoient à bâtir. '
- Aujourdhui on ne:lè propofe autre chofe , fi ce n’efl défaire tout d’u¬
ne manière fuperbe , magnifique , avec art , pour . fatisfaire aux Etran¬
gers , fans fonger aux dépenfes & à l’entretien que cela demande , bien
moins encore à fes aifes & à fes revenus, deforte que de telles .Maifons
de Campagne (lans compter les dépenfes caufées par les ^lendides repas
qu’on y donne), doivent être appellées à jufte titre des fardeaux, plutôt
que des Lieux de Plaifance. On ne peut cependant pas nier que des
Haies bien hautes & bien tondues, de grands Parterres d’herbes & autres,
des Terraffes, des Eaux bien larges avec des bords proprement coupés ,
des Cafcades , des Jets-d’eau , des Grottes , des ouvrages à treillis, &
d’autres ornemens qui coûtent beaucoup à entretenir, ne plaifènt infini¬
ment à la vue ; mais aufii c’ell tout : on fe prive d’un autre côté par-là
du plaifir de pouvoir fè promener à l’ombre; & comme re:5^èce d’ Arbres
dont ion fait des Haies ne fauroient jamais devenir des Arbres de quel-
. que valeur , on pourroit à peine payer de leur produit le travail , fi l’on
vouloit tôt ou tard faire quelque changement à leur égard , foit en les
s lesagremens
coupant 5 foit en les extirpant : dans le tems qu’on peut jouir d'une
vue des plus agréables & d'unje fraîcheur exquifè pendant les chaleurs , k
l’ombre de grands arbres à couronne bien conduits, outre que les Ormes,
les Frênes, les Hêtres & les Chênes, étant devenus vieux, procurent au
Propriétaire un bon profit.
Des Parterres au niveau de terre *, fur-tout de galon , ne font pas k
beaucoup près fi agréables à voir, dans ce Païs uni, bas , herbeux, que
dans les Païs de Montagnes, où il n’y a point de Prés. Je dis la même
chofe des Canaux & des Viviers , ce Païs étant par-tout entrecoupé
d’eau.
Les Terrafles tirent leur origine des Montagnes panchées , qu’on met
à l’uni , afin de s’y promener plus à l’aifè , & de les planter après les a-
voir mifès au niveau: ce qui fournit continuellement occafion de faire des
Parterres au niveau de terre , qui gagnent beaucoup à être contemplés
de defllis un lieu élevé: la terre de ces Montagnes étant trop dure , on
ne fàuroit en faire des Prés herbeux ; mais par cela même elle efl plus
propre à tenir ferme les bords qui vont en talus , quoique l’on foit obli¬
gé quelquefois de les maflbnner. Dans nos terres légères les bords des
Terrafles doivent néceflairement être maflbnnés , fans quoi il efl impof-
fible d’y entretenir du gazon court, quelques fraix qu’on fafle pour cela,
parce que l’herbe fè flétrit d’abord par la chaleur du Soleil , quand, à cau-
îe du talus des bords, la terre ne fauroit pendant l’Eté retenir aucune
humidité. On a même fouvent dans ce Pais aflez de peine pour garan¬
tir les fentiers unis, de l’herbe groffière & fauvage, & de la moufle, ce
qui fait aufii qu’on eft obligé de renouveller fouvent ces ouvrages.
Je conviens que les Terrafles, les Cafcades , les Jets -d’eau &les
Grottes, étant aflez rares dans ce Païs, plaifent davantage, que dans
ceux qui les produifent naturellement; mais ce plaifir ne fera pas^peu é-
mouflé , fi d’un autre côté on fait réfléxion quelles prodigieufes dépen-
fes il faut faire pour les conftruire & pour les entretenir , & que , pour
qu’une Fontaine ait des Jets nombreux & gros , il faut faire conflruire
de grandes macliines artificielles pour élever une quantité d’eau reqiiife;
outre que les tuyaux plus minces font bientôt bouchés par l’eau de puits
de ce Païs qui ell extrêmement chargée, & que, dans le fond, des Jets fi
minces font plutôt pitié que parade. On doit s’attendre au même incon¬
vénient de 'nos Cafcadesjqui proviennent ordinairement des Jets-d’eau,
parce qu’elles ne reçoivent pas une aflez grande quantité d’eau , ce qui,
fait, lorfqu^ell^^s tombent d’un lieu élevé, qu’elles la diftillent goûte k goû¬
te.
DELA CAMPA G N E. p
• - r •
te, aii-lieu que les Cafcades naturelles donnent beaucoup d’eau, & coû¬
tent très peu d’entretien.
La beauté & la propreté des Grottes confident dans une bonne dilpo-
fition de pierres étrangères & de Coquillages de diverlès couleurs bien
aflbrties,qui content prodigieufement à aqiierir , outre qu’elles font d’une
dépenfè très ruineufe, principalement quand elles font en plein air , les
plus belles & les plus brillantes couleurs fe changeant bientôt dans une
vilaine couleur uniforme, à force de fe mouiller & de fe fécher , ce qui
fait aiilTi périr en peu de tems les Coquillages.
Les Ouvrages à treillis fatisfont très peu à proportion de ce qu’ils
coûtent ; & comme leur plus grand ornement conlîlle dans la vivacité
de la couleur qu’on leur donne, il faut les repeindre très fouvent j fans
quoi ils font fort fojets à fo pourrir.
Toutes cos raifons que je viens d’alléguer, ont empêché, à mon avis,
nos anciens Campagnards de donner dans le goût de ces ornemens rui¬
neux. Si , malgré tout cela , on veut participer au falle qui règne aii-
jourdhui, qu’on ne falTe du moins dans fes Campagnes qu’autant de Par¬
terres, de Canaux, de Viviers, de Terrafles, de Jets-d’eau , de Caf¬
cades, de Grottes , d’Ouvrages à treillis , qu’il en faut pour fatisfaire k
la mode ; qu’on ait foin aufli que la dilpofition qu’on en fera ne contien¬
ne pas des petiteffes , mais de grandes partitions ; fans quoi il vaudroit
infiniment mieux négliger de pareils ornemens , & laifTer aux Rois &
aux Princes à en embellir leurs Lieux de Plaifancé.
Je tâcherai préfentement d’examiner en peu de mots ce qu’on doit
oblèrver pour faire un bon arrangement dans les Maifons de Plaifànce.
Il me paroit donc qu’il faut placer tout près de la Maifon, ce qui peut
faire le plus de plaifîr à la vue, récréer le corps par des promenades,
&, par la raifon du contraire, écarter ce qui plait le moins à l’œil.
11 faut auffi dilpofer toutes chofes de manière que les vues paroilTent,
autant qu’il efl: polfible , s’éloigner & non pas s’approcher.
Tous les fonds unis, de niveau, ou à peu près, paroitront beau¬
coup mieux en les regardant de deflus un lieu élevé : delà on verra pa¬
reillement dans toute leur beauté les Parterres d’herbe <Sc les autres , les
Baflins & les Viviers, ronds, ovales & autres; comme auiïl toutes les
Plantes dont l’ornement confifte dans la couronne ou dans la fommité.
D’un autre côté toutes les vues qui paroifTent s’éloigner, comme des
allées & de longs Canaux , plaifent davantage quana on les confîdèrc
fimplement de la hauteur ordinaire d’un homme.
Far/^e F B B
JO LESAGREMENS
S
Il faut toujours avoir grand foin de placer la Maifbn dans un lieu éle¬
vé, afin d’en pouvoir confîdérer agréablement les Parterres», Pour cet
effet on fera faire au devant de la Maifon une grande place plantée a-
vec des arbres de haute futaye ; & par derrière un Parterre., 11 y a
des gens qui font faire des Parterres aux deux côtés de la Maifon ; mais
c’eft ce que je n’approuve points parce qu’on ne fauroit les voir que. dif¬
ficilement du haut de la Maifon^ comme on voit ordinairement ceux qui
font fitués par derrière , fur -tout fi la Maifon contient un vafte Salon,
ou tel autre appartement percé de deux côtés à jour; C’eft pour cela
que je préfère une Entrée fpatieufè par devant, & que je place par der¬
rière les Parterres , aimant mieux faire des deux côtés de la Maiibn un
Jardin entouré de murailles, à telle diflance cependant qu’ils ne choquent
6c ne gênent pas la vue : fun de ces Jardins pouvant fervir de. Mélon-
nière & de Jardin à fleurs, l’autre de petit Verger d’ Arbres nains, à
moins qu’on ne voulût deftiner Tun à mettre les Orangers pendant l’Eté,
6c l’autre à une Ménagerie, fuppofé qu’ils foient d’une hauteur qui per¬
mette de les voir & de s’y prom^e.r.
Les Plantages fauvages font très agréables quand on fè promène à
leur ombre; il faut donc les faire tout près de la Maifon, afin de n’être
pas: déjà brûlé par le Soleil avant que d’y arriver. On peut ménager
dans de pareils Plantages, des endroits non plantés 6c féparés par des
Hayes tondues , propres pour les plus fines herbes potagères (parmi lef-
quelles je comprens les Melons), comme aufîi pour des Arbres nains.
On ne fait plus guère des Vergers avec de grands Arbres fruitiers :
fi cependant l’on en vouloir un, il faut le placer aux. environs du Potager
ordinaire & du Plantage, le plus loin de la Maifon qu’il eft poffible., en
ayant foin néanmoins qu’il foit à l’abri des vents les plus nuifibles;.
'Tout Plantage d’Allées de Hayes tondues , qu’on peut envifàger du
même coup d’œil,, doit être de la même forte d’ Arbres, du même verd,
d’une même couleur de feuillage; car rien n’efi: plus defagréable,
que lorfqu’un Arbre eft toufu , tandis que l’autre pouffe de grands jets &
. croît vigoureufement : on doit obfer ver la même chofe à l’égard de tou¬
tes les autres fortes de Plantes.
Celui qui veut avoir toute forte de Hayes & de Plantes vertes, doit a-
voir foin que chaque efpèce foit plantée fèparément : cela ne plaira pas
feulement davantage à l’œil; mais dans ce cas-là on peut aufii,fans que
cela porte le moindre préjudice,, détruire les arbres qui ne pouffent
pas comme ils devroient ou qui ne font pas d’un affez beau verd : les
Ha-.
It
/
DELA CAMPAGNE.
Hayes tondues ,411! ont les feuilles les moins larges , paffent pour être les
meilleures. Ce qui concerne de plus les Plantages & les Arbres , & Tufa-
ge auquel chacun d’eux convient le mieux dansTbn elpèce^fe trouve dans
le IChap, du II Lwre^ où l’on traite amplement des Plantages fauvages.
Les Canaux J les FolTés, les Viviers, les Baffins, &:c. doivent être foi-
gneulèment nettoyés de toute forte de faleté & de vcrditre : ils prennent
leur origine des terres balTes: quand on veut planter ces dernières, oa
ne fauroit les rehauffer à moins de fraix qu’en fe fervant de la terre qu’on
tire des fonds, delà vient aulîl qu’on les voit toujours près des endroits
plantés. Mais quand on veut pratiquer des napes d’eau fur des ter¬
rains plus élevés, alors cela fait naitre des TerralTes, d’où l’on peut voir
avec le plus d’agrément les Parterres, les Orangers, & les Oifeaux aqua¬
tiques. Qiiand un tel Baffin d’une eau pure & claire lèra ainli environ¬
né d’ime Terrafle , dont les bords font extrêmement en talus , prefque de
niveau , ornés de Parterres , cela plaira infiniment plus à le regarder de
laMaifon, qu’un Parterre fec: mais des Parterres de cette nature ne
peuvent guère être pratiqués avec fiiccès que dans de fuperbes Jardins
de Plaifance, à caufe de la grande étendue de terrain qu’ils demandent.
Par la même raifbn , on devroit bannir des Campagnes ordinaires , les
Plantages de cet ordre, comme Théâtres, Labirinthes, Garennes, &c.
On doit de plus pouvoir, dès l’entrée, juger par les grandes &
petites allées qui conduifent à la Maifon de Plaifance, de la magnifi¬
cence du Propriétaire, comme aufîl de ce à quoi on doit s’attendre à
l’égard de l’arrangement des Bâtimens & des ornemens intérieurs de fà
Campagne , fi l’on doit s’attendre à voir un Lieu de Plaifance ou une
Maifon de Chafle appartenans à des Têtes couronnées ou à de moindres
Princes Souverains ; ou bien à y en trouver appartenans à des Princes
moins puiflans, à des Comtes, à des Perfonnesde grande & de moindre
qualité 5 ou à des Particuliers.
Il faut s’y prendre tout autrement pour l’arrangement des Maifbns de
Chafle 5 que pour celui des Maifons de Plaifance , car rien de ce qui peut
fervir à recréer des gens fatiguées n’y doit être oublié ; des Labirinthes ,
des Parcs (le Païs d^alentour & les Plantages tenant lieu de tout cela) ,
n’y conviendroient en aucune manière. . Des vues fur des eaux à l’om¬
bre, des Berceaux, font infiniment plus propres à procurer un délicieux
délaflement. Les Fontaines qu’on y a pratiquées doivent aiiffi avoir des
Jets plus gros , & les Cafeades placées fous des arbres fort épais doivent
fournir une plus grande quantité d’eau qu’ailleiirs. Qiianc à la Maifon
B 2 ‘ me-
LES A G R E M E N S
J2
même, il n’cfl: pas néceffaire qu’elle foit fort vafle, pourvu qu’elle foit bien^
à l’ombre , & qu’il y ait dans les environs quelques autres Bâtimens-
propres à la Chafle.
On doit aufli bien être fur lès gardes, lorfqu’on veut conftriiire & ar¬
ranger des Lieux de Plaifance,pour ne fe lailler pas tromper par des def-
feins, &c fur-tout par les delTeins où il s’agit d’ornemens & de Parterres,
puifqu’il ell fort ordinaire qu’ils déplaifent autant fur le terrain, qu’ils
avoient plu fur le papier. De ce nombre font tous ceux qui contiennent-
des traits fort déliés , & autres petites figures ; pendant que ceux , qui
préfentent moins de fafie, mais des parties plus grolTières, font fur le
terrain un effet beaucoup plus beau; quoiqu’il s’en faille bien qu’ils plai-
fent autant fur le papier.
Les Parterres qui ont des bordures de Bonis ou de Gazon, & qui font
parfemés dans les fentiers de coquilles écrafées de différentes couleurs, coû¬
tent prodigieufèment à entretenir, fur-tout en petit ,àcaufè du foin qu’on
doit prendre continuellement de les nettoyer ; outre que les couleurs-
perdent bientôt leur vivacité par les pluies & par l’iiumidité des fonds.
• On doit penfèr aulfi que tout paroit plus petit en plein air,<Sc cela en¬
core davantage fur un Terrain découvert, que fur celui qui eft renfermé:
par conféquent les Sentiers , les Parterres , les ornemens , &c. doivent ê-
tre tellement difpofés dans la proportion, que tout foit afforti, que
rien ne paroiffe déplacé , ni ne gêne en aucune façon la vue , parce
qu’une düpofîtion en petit fera paroitre l’acceffoire trop grand, &, par
la raifon du contraire, qu’une difpofîtion en grand fera diminuer de
beaucoup, ôtracceffoire bouchera des vues, ce qui efl de part & d’autre
fujet à de grandes difformités. 11 faut de plus bien prendre garde, que la
grandeur du Lieu de Plaifance ne fe découvre pas lorfqu’on eft dans fes
Promenades. C’eft-pourquoi on aura foin de ménager extrêmement les
vues percées , & fur-tout de pratiquer en longueur celles qu’on y veut-
avoir, comme'auffi de diverfifier les Allées &les ornemens; moyennant
quoi l’endroit paroitra plus grand.
Les Ouvrages à treillis, les Grottes, les Jets d’eau, les Cafcades, les
Groupes, les Statues, les Bains, les Vafes,. les Bulles, & autres orne¬
mens , doivent être placés d’une manière qui leur foit propre. Les Ou¬
vrages à treillis, par exemple, font des ornemens oppofés aux Grottes,
car ces prémiers repréfèntant la gaieté, doivent auffi par cela même ê-
tre placés dans des endroits ouverts ; les Grottes , au contraire , étant de
leur nature propres à entretenir une douce mélancolie, doivent être
conf-
DE LA CAMPAGNE.
n
conftriiites dans des endroits extrêmement ombragés & couverts: outre'
qu’elles doivent contenir ou avoir dans leur voifînage des Cafcades pro¬
pres à exciter le Ibmmeil par leur murmura
Quant aux Jets - d’eau , on les place aulTi bien dans des lieux décou¬
verts , que dans des endroits qui font l’ombre ou fermés ; on doic
fur-tout bien prendre garde à cet égard de faire enforte que la colonne’
de leurs Jets Ibit plus grofle & plus haute jâ proportion de là diftance &'
de l’étendue de l’endroit d’où on les apperçoiti; par ’conféquent ceux qui^
font placés dans le milieu d’amples Allées percées, doivent être décou¬
verts de loin, ayant un.feiil Jet faillant d’une Rocaille fort baffe, ou d’u¬
ne figure de quelque Animal -aquatique, qui, pour mieux imiter le na¬
turel, doit avoir fon ouverture près de terre; on doit faire auffi enfbr-
te que tous les Jets d’eau qui fortent hors des figures d’Hommes ou’d’A-
nimaux, & non. pas hors d’un fîmple tuyau, fortent par dès endroits con* '
venables ,. car. c’efl une cliofe rifîble de faire foudre de l’eau hors des’
parties qui naturellement n’en donnent point. Il en efl de même des
cliofès qui ne s’emploient qu’avec le feu , aucune d’elle n’a le moindre'
rapport à tout ouvrage de Fontaine, fi vous en exceptez les cas où l’hif-
toire repréfentée exige de l’eau pour éteindre un incendie. On doit
éviter aufll de faire des ornemens, repréfentant des choies qui , félon*
l’hiftoire , ne font pas arrivées en plein air : il vaudroit même beaiicoupr
mieux qu’on choifît pour cela des lieux qui auroient du rapport avec les*
évènemens ; deforte qu’on aura foin de ne jamais faire lèrvir la Sculptu¬
re à repréfenter,.dans l’intérieur de la Maifon-;, une chofe qui efi; patticu-^
lière au grand air, ou bien, dans le grand air, une chofe qui efi propre
àlaMaifon.-
On pofè les Groupes de deux Statues , ou même d’un plus grande
nombre , comme un ornement , dans les places des Allées percées qui font
moins grandes que celles que demandent des Bafiins fort vafies : on doit
cependant faire enforte qu’ils ne foient pas trop referrés, de peur de gê¬
ner la vue.- On. doit outre cela encore joindre plus on moins dé Statues
qui lè rapportent enfèmble ,&lesdifpofer de façon qu’elles paroiffent d’u¬
ne grandeur naturelle félon la largeur des Allées & de la difiance qu’il y
a entre elles: c’efi pourquoi on ne fàuroit mieux faire que de choilirune
Iliftoire, qui peut foufrir une pareille grandeur naturelle, car tout ce
qu’on place en plein air doit du moins être de cette taille; par cette rài-
lôn ,1a Venus Grèque aura plus de grâce dans des Sales & dans des Ga¬
leries ^ que d^s des Promenades à découvert ou dans des Parterres, n’é-
B 3 tant:
14. LESAGREMENS
tant pas permis d’augmenter la taille de la Statue d’une belle Femme.
11 en ell de^ même des Statues des Hommes , que la Fable nous repréfente
comme délicats & efféminés 5 elles ne foufrent pas une taille trop grande,
ni des mulcles fort grolfiers , comme celles d’un Adonis , d’un Narciffe ,
d’un Hiacinthej&c. Il eft permis, pour les Statues de Femmes, de don¬
ner une plus grande taille à celles de Diane, de Gérés, & des Héroïnes
guerrières , parce que leurs exercices rendent tous leurs membres plus
robufles, defbrte qu’on auroit tort de les repréfènter fi potelées. Les
meilleures grandes Statues d’Hommes font celles des Héros, qui font con¬
nus dans l’Hifloire fous le nom de Géans , parmi lefquels on compte
Hercule & Mars, &c. qui doivent être repréfentés avec des mufcles
fort robufles , quoique toujours dans le naturel.
Un Centaure tiendra plutôt lieu d’un Groupe que d’une fimple Statue,
pouvant être très bien placé dans des endroits percés ,'trop larges pour
de fimples Statues, quoique grandes, & trop peu pour un Groupe.
On place de fimples Statues tout autour des Parterres , fermés de
toutes parts par des Haies, comme aulfi autour desBafrins,où elles font,
en refléchiffant dans l’eau, un très bel effet. Mais il femble que c’efl une
cliofè tout-à-fait déplacée, que de pofer de grands Vafès autour des
Parterres ouverts, comme cela fe voit cependant dans plufieurs belles
Campagnes. La raifon en efl, que les Vafès repréfentent des Urnes, &
que des Urnes ne fauroient fbuffrir une grandeur auffi extraordinaire, que
l’efl celle que les Vafès paroiffent avoir étant pofés dans ces Parterres;
deforte qu’ils font plus convenables dans des lieux enfermés , où , félon
les particularités de PHifloire, ils ne doivent pas paroître fi grands.
/
CHAPITRE III.
Ce qu'il y a h obferver quand on commence à arranger des Fiant âges y à
conjlruire des Edifices , des MuraîlleSy des T errafies , &c. ^ ce qiCon doit
faire annuellement y jufques à ce que le tout foit parfaitement achevé.
IL en efl des Plantages, & des Bâtimens qui leur font propres, au fil
bien que de leurs ornemens , comme de plufieurs autres chofes dont
le fuccès ne répond point à l’attente ; ce qui vient fouvent de ce qu’on
précipite trop le travail. Delà vient auffi qu’un Propriétaire fe verra
obli-
D E L A C A M P A G N E. ' r;
obligé depofléder bien des chofes imparfaites, puifquê ce n’ell qu’à force
de aepenfe qif on poiirroit y remédier. Cela nous engage, lî nous ne
voulons point en être quelque jour au répentir, à prendre un efpace de
tems convenable pour bien conftruire & arranger (après de mûres déli¬
bérations), nos Plantages , nos Bâtimens, &c. les perfeétionner à peu
de fraixj & les pofleder enfin avec une entière làtisfaélion. Dans cette
vue, on aura befoin de dix ans, & même plus, pour bâtir, planter,
&c. une fuperbe Mailbn de Campagne avec fès Plantages ; & Ton ne
s'en repentiroit même point, fi on pouvoit fe réfoudre à étendre encore
ce tems par raport aux Bâtimens (a).
Pour bien commencer par conféquent, il faut avant toute choie re-
haufler nos fonds de terre, qui, en général, ne font pas alFez. élevés au défi-
fus de Peau pour que les arbres y croiiïent bien , à quoi Ton emploie
communément la matière qu’on tire des Viviers & des FofTés.. Gn ne
doit pas planter ces terres avant qu’elles aient eu le tems de fe raffermir'
en baiflant on attendra plus longtems encore , fi on veut y faire
des ouvrages de maflbnnerie , & ce tems fera encore beaucoup plus pro¬
longé, fi on les veut payer. Il faut de plus que cette matière, dont
on lè fert pour rehaufler les fonds , fur-tout quand elle eft; tirée des ter--
res gralTes, dont le deflbus eft naturellement trop froid & llijet à le fen¬
dre par la dureté, foit expofée à la gelée , julques à ce qu’elle mollilfe;-
après quoi on travaillera ces terres ,& on les amandera par le moyen^
du fumier.
Laprémière choie qu’on doit lè propolèr, après avoir fait aquifition'
d’un pareil fond, c’ell de l’environner au dehors par de bonnes défenles
contre les vents & le froid, fans quoi il efi impofiible de cultiver des'
fruits ou des herbes potagères. Cela eft pareillement d’une néceflité in-
dilpenfable pour les Maifons de Campagne mêmes , qui , fans ce fecours , .
tomberoient bientôt en ruine & deviendroient inhabitables. II efi mê¬
me bon que ces Haies, ou arbres de haute tige foient placés, avant
que
(à) Prima adoîéfcentîaPatremfamilîæagrum Jiatim conferere ftudere^ œdificare dîu cogita-
re oportet i conferere cogitare non oportet , J'ed facere ubi œtas accejjit ad annos trigintajex ,
tum œdificare oportet , ji agrum conjîtum hàbeas. > •
G’eft à- dire: ^ .
Un Père de famille doit femer dès fa tendre jeunefTe fon champ, mais penfer long¬
tems avant que de bâtir: pour ce qui eft de le femer, il ne doit point perdre fon-
tems à y penrer,.mais le faire : lorfqu’il eft parvenu à l’âge de trente-fix ans, c’eft a^
lors qu’il peut bâtir, fi fon champ eft femé. Cato de la Vie champêtre. Cb, 3.
t6 . : L E S A G R E M E N S
que les arbres fruitiers commencent à porter, & que le Bâtiment foit k
fa perfeétion.
llefl de plus très bon que l’on donne à la chaux , que l’on emploie aux
Bàtimens5.1e tems de fe détremper, & que le bois de la charpente ait
celui de bien fécher; defbrte qu’on ne doit pas trop fè preiTerà les bâ¬
tir. On obfervera les mêmes chofes à l’égard des ornemens & autres
enjolivemens. Pour amener donc avec fuccès & dans un bon ordre , à
fà perfeétion, une fliperbe Maifon de Campagne avec Tes Plantages &
fès ornemens, on s’y prendra, de cette façon.
La Prémière année on fera creufèr .les Canaux & les Fofles exté¬
rieurs, enfuite les Viviers, pour en tirer dequoi rehaufTer.le fond, en ré¬
parant comme il faut la bonne terre d’avec la mauvaife, qu’on répan^^
dra après cela dans tous les endroits de la Campagne qui en auront le
plus de befoin.
Si l’on veut faire élever desTerralTes, on les commencera en gros, &
l’on n’oubliera point combien elles font fujettes à bailler ; la plus mau¬
vaife terre pourra fèrvir à en faire les prémières couches.
On achètera la chaux de brique dont on aura befoin pour tous les ou¬
vrages de malTonnerie extérieurs & fur terre, on la fera tamifer, enfuite
tremper dans des FolTés ou dans des Puits.
On achètera les ais de chêne néceflaires , & on aura foin qu’étant
pofés à jour, ils donnent palTage au vent; ils fefèchent ainll en plein air.
On fera conllruire des loges pour le travail & pour le bois de char¬
pente 3 dans lefquelles on fera lécher les Solivaux & les grolTes Poutres ,
dans la fuppolîtion que ce fera du bois de Sapin rougeâtre , étant fort -
difficile de trouver du bois de Chêne propre à faire des Poutres ; car au¬
trement c’ell fous l’eau que l’on doit faire perdre à de tel gros bois de
Çhêne fa fève.
On doit fe procurer du fumier & du fable , pour faire un mélange en
travailla^it les ;terres gralTes, & pour en faire de la bonne terre, où les
arbres étant plantés ( de manière que leurs racines & leurs cavités
foient bien remplies ) croitront infiniment mieux : il ne faut pas ce¬
pendant que cette bonne terre foit trop gralTe dans le tems qu’on y
plante.
Les fonds de terre làblonneux demandent d’être mêlés avec du limon :
on employera à tirer celui-ci des FolTés, les Ouvriers qui travaillent
dans les Tourbières, parce qu’ils font forts entendus pour ces fortes d’ou¬
vrages. JSi Ton s’en doit lèrvir pour des fonds fort fecs & fort élevés, on
fera
DE LA CAMPAGNE.
fera mettre le limon en monceaux fort grands & fort épais, pour être
moins flijets à la gelée.
On fera bêcher le fond des Allées extérieures & de celles qui font le
tour 5 ahn que la gelée puifle y pénétrer pendant THiver, & qu’on puif
fe dès l’entrée du Printems y planter ou femer des arbres. '
On commence à arranger la pépinière , tant d’arbres fuitiers que d’au¬
tres. On met pareillement en terre des Glands pour les faire germer
de la lèmence de Hêtres, des noyaux de Ceriles, de Merifes, & des
Noix pour en planter dans la fuite les Sauvageons lorlqu’ils feront par¬
venus à un certain point.
La Jeconde Année on plantera dès l’entrée du Printems dans une ter¬
re bien fouillée, les arbres qui doivent entourer la Campagne au dehors 3
comme aufli les Vergers d’arbres en plein vent, fè donnant à cela tout
entier julqu’au commencement d’ Avril; & s’il reftoit quelque chofe k fai¬
re de cet ouvrage, on le renverra k l’Autonne fuivante.
On plante diverfes réparations d’ Aunes, où l’on met en terre des bou¬
tures de Saules pour en faire des Haies tondues, pour empêcher que le'
vent ne charie rien au dehors , & que les vents de Bize ne pénètrent
au dedans , dépareilles Haies étant très nécefTaires dans des Pépinières,
Potagers, Vergers, &c.
On met encore en terre des Glands , des noyaux de Cerifès , de Meri¬
fes & des Noix. Il faut aufli que les plantes 'fauvages foient plantées avec
ordre, pour n’etre pas étouffées en croiffant avec vigueur , d’autant qu’el¬
les reftent toujours dans la même place ; les arbres fruitiers doivent être
tranfplantés dans l’Autonne fuivante.
On achève tout ce qui refloit k faire, foit a creufèr des Viviers, k re-
haufler le fond, ou k élever des Terraftes.
On continue k fouiller les terres , ce qu’on peut faire k l’égard des ter¬
res fablonneufes , jufques vers l’Eté ; au-lieu que les fonds de terre graf-
fe, dont la terre efl trop dure, fujette k fe fendre, d’une fécherelTe qui
tient de la pierre, ne doit être bêchée qu’au commencement de Sep¬
tembre , pour aquerir par la gelée une furface plus molle. On doit
fouvent faire mêler les monceaux de limon avec du fumier & du fable.
On doit d’un bout de l’an k l’autre purger la terre des mauvaifes her¬
bes , & arracher les plantes qu’elles ont produites.
Pendant l’Eté & l’Autonne on tâchera de trouver & de goûter chez
les Curieux , les meilleurs fruits ; après s’être déterminé fur le choix ,
on remarquera avec foin dans quel fond font plantés les arbres, 6c on le
Tartie L C note-
18 LESAGREMENS
notera, pour n’ètre pas trompé. Et afin d’être encore plus fûr de fbn
fait, il efi: bon de s’infinuer dans les bonnes grâces des Jardiniers, qui
cultivent eux-mêmes ces arbres.
Les murailles extérieures doivent être mallonnées avec de la; chaux
de brique, qui a trempé pendant tout un Hiver.
On prépare encore dans l’Autonne autant de chaux de brique qu’on
en aura befoin dans la troifième année, pour bâtir l’Orangerie , les Serres,
à Vignes artificiellement échaufées , & autres murailles ; & on aura
grand foin de la mettre à l’abri de la gelée.
On prépare tout le bpis de charpente pour l’année, foivante; & l’on
fait tailler dans les Montagnes les pierres de taille.,
^ Comme il eft fort néceflaire d’avoir un Jnfpeéteur qui ait l’oeil fur les
ouvrages , on commencera dès l’entrée du Printems à bâtir la Maifon du
Jardinier, fi cela m’a pas déjà été fait dans la première année.
La troifième Année on plantera encore; &d’on mettra aufii. en ter¬
re des Glands & des Semences trempées.
On doit tailler foi-même les Entes des arbres marqués , & comme on
n’a pas encore dès Sauvageons à foi, on les fera enter par des gens en¬
tendus , en fa préfènce , fur les plants qui leur font propres , & on le note¬
ra exaétement; ce qu’il efi: inutile de faire connoître à celui qui ente.
On plantera les Terrafies & les Berceaux , ou bien , on y mettra de
la Semence trempée.
On labourera’'& on amendera encore les Vergers & les Potagers.
On achèvera les Plantages autour des Viviers & d’autres Gazons.
On plantera dans l’Autonne en, ordre dans la Pépinière les Sauva¬
geons à fruits , comme Pommes, Poires, Cerilès, Noix, &c..
Ou bâtira les Murailles’, les Serres à Vigne , tant naturelles qu’artifi¬
cielles & autres , l’Orangerie, comme aiifii les Ecuries, laRemife, fi
l’on a defiein de bâtir une Maifon miagnifique , auquel cas ces deux der¬
niers peuvent fervir d’endroits propres au travail.
Qiiand les loges de bois de charpente feront vuidées , on fera à tems
de nouvelles- emplettes ,. comme de Sol i vaux. Poutres, Ais de Chêne & •
autres ,, afin que tout fe piiifTe féclier à loifir.
Comme il paroit par l’expérience que des Cloifons peintes en brun
valent mieux pour faire meurir les fruits que des murailles , on fera
conftruire un grand nombre des ces prémières, toutes en droite ligne,'
&:non pas des murailles, fi*ce n’efi: pour des fruits qui meurilTent dans
les Serres ou pour des féparations.
• Ld'
DELA CAMRAGNE.
La quatrième Année on coiipQ tons les Sam^ngeons d^fa tranfplantésy
foit dans la Pépinière ou autre, part-, à la hauteur d’un doigt ou un peii^
moins de terre : ce qu’on pratique aufll à l’égard de tous les Arbres
noués & qui ne croilTent pas droits ., pour les' faire poidTer avec plus de
vigueur ; de plus on enterrera ou l’on grelïera en écuflbn dans l’arrière
faîfon les Sauvageons qui auront été coupés, tant ceux qui font plantés
contre les murailles qu’autre part.
On plante des Vignes & plufîeurs autres' fruits dans des Serres à Vi¬
gne naturellement & artificiellement échaufées, comme aulfi contre des
Cloifons.
De plus on achève de mettre en ordre les Plantages avec leurs orne-
mens , après en avoir bien purifié la terre ; à l’exception de la malTo^
nerie contre les Terrafles, parce qu’elles font encore fujettes à baifier. -
La cinquième Année on plantera le Verger avec tout ce qui y ap¬
partient ; & l’on aura foin de remarquer exaéfement à quel vent les
arbres ont été expofés dans la Pépinière , afin de les planter de nou¬
veau dans la même expofidon.
On ente & l’on greffé en éculTon for fes propres Souvagéons, ou -for
fes arbres fruitiers. . - . c. . ji.. ^
Dans le deflein de bâtir l’année foivante la Maifon, on doit dans cel¬
le-ci faire provifion de chaux , & préparer 'pareillement dans l’autonnc
tout le bois de charpente & autres matériaux. On fait aufll préparer
pour les ouvrages durs , que l’on aprête de même aéluellement , des
Gonds de métal, & tout autre pièce-de métal dont on doit fe fervir au-
lieu de fer. ... ' , ,
Dans l’Autonne on pofe les fondemens de la Maifon , & cela jufqu’à
un pied par deffiis terre, pour lêurdaiffer le tems de s’amortir pendant
l’Hiver ; mais il les faut couvrir contre la gelée : bien entendu que les
grands égouts fous terre & au travers des murailles foient faits. -
La fîxième- Année on plantera i, entera ,'i greffera encore en écuffon,
6c on fera ce qui fera de plus néceffaire. ' - ' P ■"- ■
Ori bâtira en diligence le corps du Logis, afin que la Maifon foit
à couvert avant l’Hiver, & qu’on la puiffe peindre pour laprémière fois,
ayant grand foin à ce dernier égard d’empêcher que la poulfière n’y fafi
fe du dégât.
On place des nattes de rofèaux devant les embra:z:ures pendant l’Hi¬
ver , pour que le vent paffant au travers , faffe fécher les murailles.
La Jeptième Année ^ la Maifon étant bâtie extérieurement , on pourra
C 2 fai-
20
LES AGREMENS
faire les Voûtes, les ouvrages en terre, comme les Caves profondes &
cimentées, Citerne, Puis, Commodités, & ce qui pourroit encore man¬
quer aux égouts.
On polè d’abord devant les fenêtres, des nattes de rolèaux, qu’on peut
rouler & qu’on ôte en Autonne, mettant à leur place, pour la forme,
des fenêtres vitrées , qui peuvent fèrvir enfuite au Melonnières & autres
Serres.
On pofe les planches , & l’on commence les ouvrages intérieurs.
On perfeélionne les Plantages, quant à leurs ornemens, & l’on y a-
joute ce qui pourroit encore y manquer.
La huitième Année on placera , foit aux cheminées , fbit aux murail¬
les, tout le marbre qui eft déjà préparé.
- On fait mettre dans tous les endroits convenables, comme à la cui-
fine, à la cave, &c. des carreaux blancs.
L’on joint de nouveau tous les Planchers , & après cela on les fait
plafonner.
On fera peindre tout l’intérieur.
La neuvième Année que tout eft plafonné, on mettra toutes les
fenêtres vitrées à la place de celles qu’on y avoit pofées pour la forme
îèulement.
Le marbre doit être uni & poli.
On fait placer aux cheminées des manteaux de bois, des boiiages,
des lambris , des ouvrages de Iculpture & autres enjolivemens.
On polèra le principal degré , l’on fera dorer & peindre dans les
chambres tout ce qui doit l’etre.
La dixième Année ^ les Terraffes étant bailTées, & par conféquent la
muraille dont on doit les environner étant aulfi mpins fujette à bailTer,
on les fera malTonner avec des couches de briques dures ; après quoi on
les pavera, & l’on mettra ainfi la dernière main au Plantage.
On fera peindre pour la prémière fois extérieurement la Maifon, a-
près quoi on la fera peindre deux fois.
Qiiand toutes les murailles feront entièrement féches, on fera tendre
les chambres & on les garnira de miroirs.
C H
DE LA campagne.
ZX
CHAPITRE IV,
Qualités 7'equifes dans un jardinier , dans ceux h qui P on confie Pinfpec^
tion de nouveaux ouvrages-^ ^ dans les Ouvriers'.
Avant qu’on fafle préparer un fond d'e Terre, on aura foin de fè pour¬
voir de bons Ouvriers 5 & principalement d’un bon Infpeéleur ou Jar¬
dinier. Ce dernier doit être honnête homme, vertueux & habile. On
n’employera jamais ceux qui font voleurs , menteurs , yvrognes, pail¬
lards, & parefleux, ni les faux favans, comme il s’en trouve beaucoup
parmi les Jardiniers J dont le prétendu lavoir ne les empêche pas feulement
d’aquérir de plus grandes connoilTances (a) , mais les engage même
fouvent à faire , de dèflein prémédité , mal réiiflir des chofes qu’ils ont
été obligés de faire par un ordre exprès contre leur avis: ils doivent ce¬
pendant être entendus dans tout ce qui eh de leur relTort, <Sc même
dans les choies qui ne regardent point le jardinage.
Quand on veut conffruire & arranger de belles Mailbns de Campa¬
gne , on en donne pour l’ordinaire l’inlpeétion à une perlbnne que l’on
choilît exprès , afin que tout s’y falTe dans l’ordre : mais il lèroit à fou-
liaitcr que l’on pût donner cette commilTion au Jardinier même, parce
qifil ell fort naturel de croire que devant relier dans la fiite au lèrvice
du même lieu, ü aura d’autant plus de foin que chaque cliolè s’y fafle
comme il faut^ & liir-tout fi animé parle point d’honneur, il fe propofe
l’avantage des Plantes.
Celui dont on fait choix , doit être affable , il doit être en état de
pouvoir commander avec ordre & favoir fe faire obéir r delbrte qu’il ne
doit pas fe familiarilèr avec les Ouvriers qui dépendent de lui , encore
moins badiner avec eux ; mais au contraire garder toujours fon férieux
quand il leur commande quelque choie. On doit faire attention aux
forces du corps & à l’âge d’un Jardinier, à proportion des lervices
qu’on exige de lui; car dans une Campagne où il doit travailler lui-mê¬
me ^
(a') Villicus ne plus cenfeat fapere fe quum domînum. Cato de Re Ruftica. C. V,
C’eft-à-dire:
Un Païfan ne doit pas s’imaginer d’en favoir plus que fon Maitre.
c 3
22
L R s: A G R E M E N S
me 5 il faut nécefTairement de la vigueur, par conféquent il faut clioifir
pour cela des hommes jeunes & vigoureux ; mais quand il s’agit de lui
donner l’inlpedlion fur les autres , on doit alors fè déterminer pour un
jardinier d’âge, parce qa’ayant plus d’expérience, il eft auffî plus en é-
tat de gouverner des Ouvriers, des Jardiniers plus jeunes que lui, & de le
faire obéir par eux. Et comme les jeunes-gens ne fe font pas de peine
d’être gouvernés par im homme d’âge , on trouvera auffi plus facile¬
ment des Ouvriers & de jeunes Jardiniers qui veuillent fe mettre fous là
diredion : outre qu’un Propriétaire entendu agréera d’autant plus volon¬
tiers les fervices d’un -tel Jardinier, que celui-ci prévenu en faveur de fes
lumières , fe conformera avec plaifîr à fes avis , ce qu’il ne feroit pas à
l’égard d’un Propriétaire peu verfé dans l’art de la Culture.
Un Propriétaire entendu trouvera aifément un Jardinier tel qu’il Iiii
faut, parce que ce dernier (fachant manier la bêche & la lèrpette ; ayant
un corps fort & vigoureux ; étant de plus docile, &. attentif aux hiccès
de fes entreprilès) , pourra Ibus la diredion d’un tel Propriétaire devenir
J en peu de tems fort habile; au-lieu qu’un Propriétaire, ou un Seigneur
peu verfé dans cet art, aura beaucoup plus de peine à fe pourvoir d’un
Jardinier, parce qu’il lui en faut un , qui ait plus d’expérience, & qui
connoilTc la manière de cultiver les Arbres & les Herbes, celle de tailler,
enter, greffer en éeuffon, en fente, en couronne, d’entretenir les
Plantes; comme aulTi la manière de cultiver les Herbes potagères, les
fruits de terre , les fleurs , 6c cela tant naturellement que par ait. Mais
il ne faut pas s’attendre qu’un Jardinier bien entendu s’occupe à des ou¬
vrages rudes, parce qu’étant affez rare d’en trouver de tels, un chacun
les careffe 6c les recherche avec empreffemenL Voila pourquoi aulîl
l’on peut pofer comme ime chofe certaine , qu’à tout liabile Jardinier qui
cherche à s’engager dans un fervice rude, il y aura quelque chofè à dire,
foit infidélité, fbit yvrognerie,6cc. à moins qu’il n’y fut obligé pour fub-
venir aux befoins d’une nombreufe famille , ce qui caufe pour l’ordinaire
beaucoup de trouble, 6c eft aulfi nuifible aux fruits 6c aux jeunes plantes
que les infeétes mêmes, outre qu’on ne recevra aucun férvice de la Jar¬
dinière, qui fera obligée de fe donner toute entière à fes enfans. C’efl
ce qui conduit naturellement à cette queftion,favoirfî ronfe déterminera
pour un Jardinier qui a des enfans , ou pour un qui n’en a point. Je
préférerois le prémier, pourvu que ce foit une Campagne folitaire; 6c
qu’on puifTe empêcher les enfans de toucher aux fruits fins,, parce qu’il
eft fort vraifemblable qu’on en fera d’autant mieux fervi, qu’il efl moins
re-
D Ê L A C A M P A G N E.
recherché pour l’ordinaire : outre qu’étant forcé au travail , il cft à pré-
iiimer qu’il s’appliquera mieux à obier ver toutes fes entreprifes, & qu’il fe
rendra par cela même plus habile. On pourra auffi vraifemblablement
le garder plus longtems à Ibnfervice, n’étant pas à craindre, à caufe
de la charge de fes enfans, qu’on le recherche & qu’on tache de le cor¬
rompre par argent ou par promefles, étant extrêmement nuifible de
changer fou\’ont de Jardinier, parce que celui-ci ayant infenfiblement
appris à connoitre les propriétés du- fond , pourra aulfi cultiver & entre--
tenir les plantes avec beaucoup plus de liiccès. Celui qui préférera un
Jardinier fans enfans , fera pourtant bien d’en choifir un qui foit marié
& pofé, parce que (quand même on ne recevroit pas de grands lervices
de fa Femme), il ne quitte pas pour l’ordinaire fi Ibuvent la Maifon, &
qu’il mène une vie plus réglée, fur-tout lorlqii’il a le bonheur d’avoir ii-
ne Femme vertueulè , faine, attentive & railbnnable. En général, on
doit s’attendre à peu de fer vices de la part d’une Jardinière, dont le
Mari pofiede plufieurs qualités vertiieulès ; l’expérience nous fait voir,
que même le plus raifonnable d’entre eux s’imagine qu’en vertu de fes
bonnes qualités on ne doit rien exiger de fa Femme, delbrte qu’il fuffira
qu’elle apporte les fruits & les légumes à la Cuifine. Lorfque le con¬
traire a lieu, & que la Jardinière s’occupe à travailler dans les Jardins,,
on peut compter à coup fûr que cela annonce l’incapacité, ou tels autres
défauts du Mari.
Les Jardiniers ont beaucoup d’occafions de devenir infidèles , ce qui
fait qu’on ne fauroit alTez eflimer & confidérer un Jardinier qui ferme
l’oreille aux follicitations journalières qu’on lui fait de vendre des fruits.
Par conféquent, pour ne lui point donner aucun fujet de le de venir, on*’
ne doit point le chicaner fur fon falaire; mais lui donner de quoi vivre
honnêtement; car il ne faut pas s’imaginer qu’on fera bien fervi de ceux
qui s’engagent pour une fomme modique , & qui ne fe foucient pas
d’être rudement traités ; il faut compter au contraire qu’il n’y a ordinai¬
rement rien de bon à en attendre ; car les âmes les plus fbumilès & les
plus baflès ne fàuroient s’accomoder à la rigueur , que fèra-ce donc des
âmes vertueufes ? Le Salaire qu’on donne communément par an à un»
Jardinier eft de^deux cent cinquante florins; trois florins à la nouvelle
année, & autant à la Foire, outre qu’avec une petite provifion de tour¬
bes qu’on lui donne, &le mauvais bois qu’il ramaffe dans k Campag--
ne , il a fuffifamment fon chauffage ; & qu’il peut fè nourrir en partie
de ce qui abonde dans le Potager,
Lors--
LES AGREMENS
24
. Lorfqu’iine Campagne efl d’une fort grande étendue, & que les or-
nemens qu’on y a faits ne fauroient être entretenus comme il faut par le
Jardinier tout lèul , & qu’il eft obligé de prendre à fon fervice un A-
prentif 5 on lui donne alors quatre cent florins par an j moyennant quoi il
doit nourrir à fes fraix le Jeune -homme, quoiqu’il arrive fouvent qu’un
habile Jardinier qui en a encore un fous lui, demande plus de gages.
On ipécifie ordinairement , quand on loue un Jardinier , qu’il s’obli¬
ge à faire tout ce qui eft néceftaire dans le Verger, dans les Jardins Po-.
' tagers & à fleurs , & à l’effeéluer félon les ordres qu’on lui donne , mê¬
me à fouiller la terre quand il le faut ,à couper & à fendre dans l’Hiver,
Je bois pour le chaufage de fon Maître, k moins qu’il n’y ait un grand
terrain à labourer , auquel cas on prend des Ouvriers à journée.
Les fbnéftons d’une Jardinière conüftent k fournir la Cuifine d’Jierba-
ges proprement cueillis & bien triés. Il y a des Propriétaires qui em¬
ploient les Jardinières k tirer les mauvaifes herbes , mais elles s’en aqui^
tent fouvent très mal par ignorance.
Quand un Jardinier d’une magnifique Campagne a befoin d’avoir fous,
lui un fl grand nombre d’Ouvriers, qu’il ne fauroit veiller feul fur tout,
on choifit alors les plus capables d’entre eux , k qui l’on confie l’infpeéfion
fous les ordres du Jardinier, & l’on augmente leur falaire de deux fous
par jour.
Le falaire des Ouvriers varie félon leur capacité: on fe fert communé¬
ment pour les ouvrages pénibles, de Weftphaliens, qui gagnent
moins , & qui cependant rendent les mêmes fèrvices que nos Ouvriers ,
lorfqu’il s’agit de broueter , fouiller , creufer des folTés , &c. ; mais parmi
nos Ouvriers (entre lefqiiels il y en a de toutes les fortes , comme parmi
les Jardiniers 5 mais dont le nombre eft plus grand que celui des Jardiniers
habiles), il s’en trouve plufieurs fi capables, qu’on en peut recevoir
dans les Jardins des fer vices fort utiles : on paye diverfement leurs jour¬
nées en Hiver ou en Eté : le falaire d’Eté commence le prémier de Mars
& finit le prémier de Novembre.
Les qualités d’un bon Ouvrier font, qu’il foit vertueux, fobre & vi¬
goureux, afin qu’il veuille & qu’il puifie travailler diligemment: car on
en trouve communément beaucoup de parefteux , qui font un fi grand
tort k la terre ou l’on doit planter des arbres, en la fouillant mal, qu’on
ne fauroit dans la fuite y remédier.
C’eft de plus une bonne qualité dans un Ouvrier, de pouvoir travail¬
ler indifféremment de la main droite 6c de la gauche 5 cela eft très utile 6c
très
D E L A C A TsI P A G N* E. 2f
très néceÏÏaire dans bien des cas , fur-toiic quand il s’agit de bêcher, au¬
quel cas les tranchées ne font pas fi fort foulées. Pour ce qui eft des
fautes que Ton commet à cet égard voyez ce qui eft dit de la manière
de fouiller les terres, comme aulfi de creufer des Canaux, des Viviers,
des FolTés, dans le Chap FL de ce Livre, où Ton enfeigne aulTi com¬
me il faut s’y prendre pour que cela fe falTe bien , & que pour les ou¬
vrages pénibles , il faut employer force bras , en prenant bien garde
cependant qu’ils ne s’incommodent pas les uns les autres par le nom¬
bre ; ce qui fera toujours meilleur & plus profitable , lur-tout quand l’In-
Ipeéteur eft capable de les oblèrver & d’entretenir le bon ordre parmi
eux. Pour avoir toujours de bons Ouvriers à fon fervice, on en enga¬
gera d’abord un plus grand nombre, qu’on ne croit en avoir befoin à la
longue; afin qu’après s’être défait des moins habiles, on confèrve tou¬
jours ceux qui font bien entendus & propres à avancer l’ouvrage , lef>
quels feront toujours plus animés par quelques louanges que par des in¬
jures ou des paroles rudes ; car c’eft prefque une marque certaine d’inca¬
pacité dans ceux qui fouftf ent qu’on leur parle rudement ; deforte qu’il
vaut toujours mieux les congédier , que d’être obligé de les harceler
continuellement pour les porter à leur devoir.
11 eft jufte qu’on s’attende journellement à un travail raifonnable de la
part d’un Ouvrier, mais il ne faut pas en exiger trop ou plus qu’il n’en
fàuroit faire. Comme tous les Ouvriers ne font pas également capables ,
rinlpeèleur aura foin de mettre cJiacun d’eux à l’ouvrage qui lui con¬
vient le mieux : les plus habiles à des ouvrages particuliers & les plus di-
ligens pareillement enfemble, comme ‘aulTi de réunir les moins diligens
&de les mettre au même travail. De plus , pour les exciter à la diligence
& au travail , il leur faut donner de tems en tems un tonneau de la plus
forte Bière, & du Tabac, ce qui faitfouvent de plus vives imprelTions fiir
eux , que toute autre récompenfè , même en argent : ^ <Sc afin qu’ils fbient
exacts à fe rendre à leur tems, on les affemblera le matin au fon d’une clo¬
che, & l’on donnera aux prémiers venus un petit verre de liqueur for¬
te, & rien à ceux qui viendront trop tard.
Les Outils dont ces Ouvriers doivent être munis à leurs propres fraix,
font une paire de bottes à l’épreuve de l’eau, ime bêche, une pèle fer¬
rée, un hoyau, une écope à rebords, & une pèle de bois platte , v-^yec
lefquels ils doivent travailler; on n’engagera peifonne qu’autant qu’il 'àu-
m toutes ces pièces. Enfin tout ce qui eft praticable , ils doivent le faire
volontairement. e
Pmîe L D ÇH4^
LES AGREMENS
26
/
C H A P I T R E V.
Les Outils.
Quiconque a deflein d’arranger un magnifique Jardin de Plaifànce,
doit faire conftruire ou acheter les machines qui font néceflaires
pour cela, ce qui eft plus profitable que de les louer, quand même a-
près que tout feroit parachevé , elles ne feroient plus que de peu d’ufage
ou de peu de valeur: comme font des Chevaux pour charier, des chariots,
charettes, brouetes, moulins à eau, des outils pour les digues, des grof-
fes planches pour broue ter deflus, &c. car l’expérience fait voir qu’un
long ufage des outils loués , & les réparations qu’on eft obligé de tems
en tems d’y faire, coûtent plus à proportion, que quand on les pofféde
en propre ; on doit cependant avoir grand foin que tout foit conltruit
non feulement d’une manière bien Iblide, mais aufîi commode, afin
qu’on puifte s’en fervir commodément, car des outils trop lourds &
trop pefans ne font que retarder l’ouvrage. On aura foin pareillement
que les Moulins à eau, tant ceux qui vont par le moyen des Chevaux,
que par celui des Hommes , & qui tournent fur un pieu ou autour d’un
elTieu, faftent leur effet perpendiculairement fans aucune interruption;
&; fi l’on remarque que le contraire arrive , il faut inceffamment y remé¬
dier. Pour cet effet , on aura grand foin de graiffer très fouvent les piè¬
ces qui fe correfpondent , comme les Lanternes , les Roues dentées
& les Effieux des Moulins , ce qu’on ne doit pas aulft manquer de
faire aux fufèaiix des Brouetes & autres. On doit encore faire arron¬
dir les roues ufées , & faire tourner les fufeaux dans des formes rondes.
On doit de plus faire fouvent nétoyer les Chariots, les Brouetes, les pe¬
tites Brouetes, les planches qui fervent à broueter defrus,les Bêches, les
Pèles , &c. & les nétoyer en ôtant la terre & la crafïe qui s’y attachent
infenfiblement ; c’eft pourquoi toutes les fois qu’on chargera ou qu’on
déchargera, on fe fervira pour graiffer ■& pour nétoyer d’un pot de graif-
fe, dont on fera toujours pourvu, & d’une petite Pèle de bois qui ne foit
pas ferrée , fur-tout quand c’eft pour nétoyer des planclies qui fervent à'
la Brouete , parce que le fer y fait des entamures. Après avoir ainfi né-
toyé, on répand légèrement fur tout du fable pour empêcher que la
çrafft ne s’y attache trop fort, & afin que les Broueteurs pLulfent y paffer
d’un
D E t A C A M P A G N E. fr
d’un pas plus ferme 5 car il eft eflentiellement nécelTaire tant pour les
Hommes que pour les Bêtes , de prévenir quand ils charient , des paf. •
• fages mal afllirés & glilTans ; ce qu’on fera très commodément par ce né-
toyage ; c’eft pour cela que les planches qu’on a pofées pour y pafler en
guife de pont avec la Brouete , doivent être fouvent rehaulTées infenli-
blement, afin qu’elles foient immobiles.
Les Moulins à tonneau^ tournés par des Chevaux pour donner plus
d’eau, ne doivent pas êtrepofés perpendiculairement, mais obliquement:
c’eft poiu* cela qu’on les fait bailler, à proportion que l’eau qu’il s’agit
d’élever eft baffe ; car lorfqu’ils font pofés perpendiculairement , ils n’é¬
lèvent pas feulement l’eau plus difficilement , mais il leur en échape aufti
une plus grande quantité , & par cela même- ils en donnent beaucoup
moins. Pour cette raifon , quand il s’agira d’élever l’eau à plus de fix
pieds, il eft impoflible de fe 1èr vir d’un Moulin à tonneau tourné par un
Cheval (c’eft-à-dire un Moulin dont l’eflieu tourne autour d’une roue
dentée , qu’un Cheval fait aller liorizontalement, & qu’on appelle com¬
munément un Moulin à tonneau) ; mais dans ce cas on fe fervira d’un
Moulin à roues , qu’un Cheval fait tourner autour de fon elTieu, le¬
quel après avoir pris l’eau en-bas la verlè par en-haut.
Les meilleures Planches pour broueter doivent avoir pour le moins
deux pouces d’épaiffeur , & vingt-fept ou vingt-huit pieds de longueur.
Quand il s’agit de broueter d’un lieu bas vers un lieu élevé , on ne
lauroit employer pour lors des Brouetes dont on le. lert ordinairement
dans les Jardins, parce qu’elles font trop lourdes , c’eft-pourquoi dans
'ces cas on y employera des petites Brouetes plus légères.
Il en eft de même des Pèles & des Bêches ordinaires, & de celles qui
font entièrement de fer , vers le haut desquelles on a introduit dans une
douille un manche de bois de chêne ou de frêne : celles ci font pareille¬
ment à la longue beaucoup trop pefantes , liir-toiit dans des fonds de
terre graffe^ quand la pêlée doit être élevée un peu haut. C’eft aufti
pour cela qiie des Ouvriers entendus au travail de la terre & à creulèr
desfoffés, fe fervent de Pèles & de Bêches moins larges, qui ne font 'y
pas ferrées fi haut, ni avec des lames fi épaiffes, garnies de manches de
faille & non pas de chêne , lefquels cependant doivent être plus gros
parce que le fàule eft plus fujet à fè rompre. Un Ouvrier habile avancera:
plus avec de tels outils légers, qu’avec les outils dont on fè fert commu¬
nément dans les Jardins. Leurs Ecopes avec des rebords & autres ne
font point ferrées, mais du même bois & de la même façon que les nô-
'très. D 2 ’ Les
. L E A G R E MENS
Les Ecopes font avec ou fans rebords par derrière, le tout de frêne
celles qui ont un rebord (confiftant dans un petit & menu ais de frê¬
ne ou de hêtre plié par derrière autour de la Bêche ou de la Pèle) fer¬
vent à élever de quelque lieu bas à un lieu plus haut , de l’eau ou du li¬
mon fort mince auquel cas ce rebord empêche l’eau ou le limon de lè
répandre; quand il ne s’agit que d’évacuer de l’eau ou du limon, fans
être obligé de les porter li haut, les Ecopes làns rebord fuffifent.
Les Pèles creufes^ dans lefquelles l’Ouvrier reçoit la terre de celui qui
creulè pour la jetter plus haut , ce que ce dernier ne fauroit faire fans de
nouveaux efforts, font faites de bois de hêtre, & font moins profondes
que les Ecopes avec des rebords , mais un peu plus larges & plus rondes
par en-haut & par en-bas ,* & plus quarrées.
„ Je m’en vais décrire tout de fuite les Outils qui font néceffaires
5, pour le Jardinage, la matière & la forme dont ils doivent être faits.
Un Banc pour couper également par en-haut & par les côtés les bran>*
ches des arbres de haute flitaye , afin que leurs feuilles repréièntent des
tapits verts; la forme de ces Bancs ne doit pas feulement être variée,
à proportion de leur Jiauteur ; mais on doit aulîi avoir foin qu’ils foient
affermis par le moyen de bois de traverfes, & que le Tondeur ait un
dolfier pour lui fèrvir d’appui.
Une Charue qui fert à farder^ confiftant en deux roues par derrière,
ime au devant, & en un fer fort large & bien afilé, qu’on peut haufier
& baiflèr à mefure que l’on veut labourer la terre plus ou moins pro¬
fondément: celle-ci eft d’un grand ufage dans les terres fablonneufes,
mais elleTff inutile dans les terres grafles.
Une Herfe fert en guife de rateau à purger la terre des mauvaifes Jier-
bes enlevées par la charue, & n’eft aufii d’aucun ufàge que dans des ter¬
rains légers. Ces deux machines font ordinairement pouiTées ou tirées
par des hommes, ce qui vaut mieux que d’y employer un petit Cheval,
qui ne tire pas d’une manière affez uniforme ni propre à bien nétoyer la
terre.
Une Brouete avec fon tour , à l’aide duquel on l’agrandit ,. quand il
s’agit de tranlporter des petites branches ou des feuilles d’arbre déta-
•chées. Le tour' confiffe en quatre planches clouées aux coins intérieurs
à une double late, qu’on aura foin de ne pas couper trop court, afin
que par-là le tour puifie joindre dans la cavité de la Brouete.
Un Brancard dont les pieds doivent être de bois de frêne , & le fond
de bois de charoimage fort menu.
Un
D E L A C A M P A G N E, irp
Un Refervôîr à eau^ fait de bois de chêne, garni intérieurement de
plomb.
Deux Seaux avec un joug , auquel font attachées des chaînes de fer.
Des Arrofoirs pour humeâer la terre , les arbres, & les plantes, dont
diacun doit contenir un feau ; ceux qui font faits de cuivre mince font
préférables à ceux de fer-blanc , parce que ces derniers font fujets à la
rouille : ils doivent avoir au devant une tête ronde & large , percée de pe¬
tits trous , près à près , afin que la terre s’humeéfe naturellement & fans
être battue, de même que les feuilles: mais quand on voudra arrofèr
des pots ou des cailTes, où il y a des arbres qui demandent une plus
frande quantité d’eau , ou quand dans des lieux enfermés on eft obligé
Y lailTer imbiber l’eau; on ôte la tête de l’Arrofoir , & on la remplace
par un tuyau plus large, au travers duquel l’eau paife par filets.
Une Têle de bois de chêne , ferrée ,. avec un manche & une petite an-
fè , pour travailler ou pour remuer de la terre molle.
Une Bêche. 11 y en a de deux fortes : les unes font entièrement de
fer, ayant une douille dans laquelle on introduit un manche de bois; les
îiuti*es font de bois vers le bout du manche, & du refte,pour la plus gran¬
de partie , de fer ; on fè fert de celles-ci dans des terres plus dures , & aùlîi.
pour déraciner des arbres.
Un Hoyau. Sa feuille eft toute de fer, ayant par deffous une pointe
afilée , & des côtés tranchans , au haut un rrianche de bois de frêne : il
fert à. couper uniment des gazons, des bords, &c.
Une petite Bêche pour tirer de terre des oignons de fleurs , ou des
plantes.
Une Truelle eft très utile pour couper en terre, les plus baffes racines
des fleurs plantées , & pour les enlever ainfî quand on veut les tranf-
planter : ce qui fe fait par ce moyen beaucoup mieux qu’avec la petite-
Bêche.
UnQ Ecope des rebords, <Sc une Fêle creufè font comptées parmi les
Outils des Ouvriers.
Deux Fourches à trois dents pour remuer le fumier, parmi lefquelles
celles qui ont des dents de fer ronds, font meilleures pour remuer les or¬
dures un peu longues, comme du fumier de Cheval- encore tout récent,
que celles qui ont des dents plattes,dont.on fe fert pour de la boufè &
pour du fumier court.
Un Sarcloir fert à déraciner les mauvaifes herbes dans des fonds &
des fentiers unis & faciles à couper ; mais oji fç fer vira d’un Sarcloir qnia
D 3 “ ■ “ " . iiuQ
une pointe ronde quand il s’agit de farder une terre inégale 5 dure ou
raboteufe.
Des Rateaux de différentes figures , comme un pour enlever des ter¬
res légères 5 les feuilles ou les petites mauvaifes herbes qui s’y trouvent: il
doit avoii* dans une tête de bois de frêne , des dents de fer pofées per¬
pendiculairement. Un autre Rateau de fer, qui ait des dents plus épaif-
lès, plus ferrées & crochues: celui-ci vaut mieux pour raflembler &
pour garder enlèmble les mauvaifes herbes déjà fardées. Un troifîème
auffi entièrement de fer, qui ait un plus long manche, qui foit plus lar¬
ge, dont les dents foient moins près les unes des autres & moins cro-
diues : on fe fert de ce dernier pour mêler la fèmence avec la terre.
Un Outil de fer dont on fè fert pour chauffer des choux , des pois,
des fèves, &:c. il eft aiilfi fort propre pour enlever les mauvaifes herbes
.des terres dures que le Sarcloir ne fauroit bien couper; on s’en fèrvira
auffi dans de pareilles terres à faire des monceaux , au-lieu qu’on em-
ployera dans des terrains plus légers des Outils qui remuent à la fois plus
.de terre.
Un Outil pour raffembler vers l’hiver la terre en longues traînées, &
non pas en petits monceaux ronds.
Une Demi -Lune avec un talon bien afilé doit être attachée par un
petit anneau de fer , & cela avec deux vis , a une longue perclie de bois
de frêne, afin qu’on piiiffe félon le befoin y attacher une perche plus ou
moins longue ; car fi elle y étoit clouée , elle fè détaciieroit bientôt
par la violence des fecouffes. Celle-ci eft d’un grand ufàge pour tondre
de hautes hayes , dont les branches font ligneufes. Sa courbure fait
que les branches ne s’échapent pas fi aifément, & qu’elles fe féparent
mieux: & avec le talon on abat les groffes branches, qui ont réfiflé
'au prémier coup.
Des Cifeaux mlans^ moins creux ou moins courbés qu’une Demi-
Lune , attachés pareillement à une perche de frêne , font plus propres à
tondre de hautes hayes, dont les branches font moins ligneufes, & pour
les prendre par en-bas. Les uns & les autres font fort néceffaires dans
les endroits où Ton a beaucoup de hayes, car on peut par leur moyen a-
vancer infinemcnt plus dans le travail qu’avec des Cifèaux dont on fè fèrt
pour tondre le bouis; outre qu’a\éc ces derniers on ne fauroit atteindre
;fi haut.
Un Sabre pour couper par en- haut également les jeunes petites bran-
.ches.
DE LA CAMPAGNE.
3t
"De^'Cîfeaux pour tondre îe bouts ^ qui empruntent leur nom des ou¬
vrages de bouis en raie campagne , & qui fervent à les tondre , font
plus propres à découper également de petites branches fort garnies de
feuilles; c’eftpour cela qu’on tond fort proprement par leur moyen ^
des hayesd’lfs, de Bouis, & autres qui verdhlent en tout temsf oa
s’en fert auffi pour tondre toute forte de hayes balTes de Hêtre, de Troef»
ne, & jamais de Cilèaux volans, pas même du Sabre: encore pour bien
manier ces Cifeaux a-t-on befoin de plus d’expérience.
Un Fer pour dénicher les Chenilles.
Un Outil pour arracher les branches^ lequel eft fait comme une Ser¬
pette , & a un long manche ; il fert aux Enteurs pour féparer avec les
deux mains d’un feul coup les branches de la tige d’avec le tronc : & on
l’emploie au-ffi pour fendre les troncs fur lefquels on doit enter.
Une Serpette creulè en dedans & crochue vers la pointe : quoique je
fois d’avis qu’une Serpette droite & pointue eft de beaucoup préférable, -
parce qu’un couteau rond s’accrochant plus fouvent, fait auffi que l’en¬
taille efl moins unie : il faut de plus que ce couteau ne foit pas trop '
grand, car alors il eft même plus maniable pour couper de groffesbran- ■
ches ; & après tout , la fcience de couper également une branche ne dé- ■
pend pas de la grandeur du couteau , mais de l’habileté du Jardinier. -
Un petit Greffoir-,
Des Cifeaux dQ trois différentes largeurs, pour abattre de greffes
de moindres branches, ce qui réglera aulîi la grandeur des manches de •
bois de frêne ou de chêne. Ils doivent être garnis par defîbus d’un an- -
neau de fer qu’on y mettra pour s’en fervir.
Un gros Maillet de bois.
Un Marteau crochu de fer, dont on pourra fè fèrvir pour arracher '
des doux.
Des Terrières pour les Melons , tant pour les petites que pour -les
grandes plantes, tous faits fblidement de cuivre rond, ayant des jointu¬
res bien faites, qui doivent s’ouvrir en tirant une cheville bien folide.
Un Plantoir pour planter du Bouis , efl un morceau de bois plat de
la largeur d’un pouce, ferré par en-bas, ayant par en-haut une petite
anfe de bois plus épaiffe vers le bas, rond, ayant une cavité oblongiie
Sc des bords ronds , afin que le Bouis qu’on plante Sc qu’on introduit
dans la terre ne fè rompe point.
Un Plantoir de bois ferré , comme les Fêles & les Bêches , mais fmif*
fant en tranchant vers Iç bas, fert à transplanter des choux, du celeri, <Sc
de la cliicorée. ' On
32
LES AGREMENS
. -55 On a encore befoin dans de vaflcs Campagnes 5 où il y a des ar-
55 bres à abattre , du bois à fendre 5 & des bords de fbfTés à faire :
D'une Pioche^ pour abattre des arbres, quand on ne faurpit bien y at¬
teindre avec la hache ; à laquelle dans bien des occafions elle eft préféra¬
ble.
D'une grande «Sc d’une petite Hache,
D 'un CoupereU
D 'une Sic à lier de long.
D’une Sic bandée.
D’un grand Maillet de bois , qu’on manie avec les deux mains.
De Coim de fer de différente grandeur , qui doivent aller en groflif'
faut infenfiblement, afin de mieux pénétrer dans le bois, qui les feroit
autrement rebondir.
D’une Gaffe.
D’une Faux pour faucher les bords des foffés & les gazons.
D’une Sie à main, & d’une petite Sie tendue pour enter.
De Villebrcquïns de fer de différente grandeur.
De Cadres de bois vitrés , qui puiffent être démontés & remon¬
tés.
ly Echelles de différentes grandeur & flriiéture.
D’un Fan.
De , avec & fans tambours.
D’un Tamis.
■ D’im Foile fur lequel on vane , l’on nétoye & fait fécher enfuite la fè-
mence.
D’un Cabinet à garder les fèmences.
Do Me jures de douze pieds , & de moindres.
De petits Piquets pour attacher les grandes & les petites plantes.
- De Cordons^ qu’on tend, pour arranger en droite ligne les couches
ou les quarreaiix , & pour les planter de même.
De Paniers de différentes grandeur «Sc façon , comme des Paniers en¬
tiers 5 des demi , des quarts : des Paniers à anfe , & des Corbeilles à fleurs.
„ Pour couvrir les plantes, & pour les mettre à l’abri du froid.
De Couvertures qu’on peut rouler, doubles & fimples.
De Rideaux de greffe toile.
D’épaiffes Couvertes de poil, qui font plus propres & d’un meilleur u-
fàge , que des Couvertes de rofeaux.
De Couvertes de nattes dejonc treffées , plus & moins fines , attachées
avec
DELAÇAMPAGNE. 33
vec du fil goudronné, nayant pas„ moins de fix, de quatre, Si de trois
bandes.
D’un Bateau a rames qui efl très néceflaire en Hollande a ceux
dont les Campagnes font au bord de l’eau.
Des Chevaux g®? des Chariots font d’une abroluenécellité, quand
on ne peut pas fè rendre par eau aux Campagnes.
CHAPITRE VI.
Le la manière de creiifer des FoJféSy des Viviers , ^ des petits Fojfés,
J’Ai placé ce Traité avant celui des Fonds de terre & de la manière de
les travailler , parce que ceci doit être fait avant tout ; par cela mê¬
me que la plupart de nos terres, naturellement trop baffes pour y planter
des arbres, ne fauroient être rehauffées d’une manière plus propre &plus
profitable , que par cette matière dont le deffous étant froid & fférile,doit
être placé , en travaillant les Fonds, aux endroits où elle convient le mieux;
les terrains ne pouvant être arrangés avant qu’ils ayent leur hauteur requifo.
On appelle Foffés des eaux , qui ont au-delà de quatre toifes de larr
ge , & dont la fin eft au-delà de la portée de la vue.
Les Viviers ont aulîi au-dcJà de quatre toifes de large, mais la fin elf
à la portée de la vue.
Les petits Fojfés ont quatre toifes de large , ou moins , & font ou à
la portée de la vue, ou au-delà de fa portée.
La plus profitable manière de faire creufer des Foffés, des Viviers,
des petits Foffés, c’eft à prix fait, ce qu’on peut faire làns rifque d’être
trompé; parce que le tout doit être mefurable & vifible, quand on vient
•à prendre infpeélion de l’ouvrage. Mais ce qui eft effentiel , c’eft d’y em¬
ployer des Ouvriers entendus, qui le faffent d’une manière plus propre
& en même tems plus profitable ; parce que de tels Entrepreneurs feront
plus attentifs à faire & à entretenir les Levées,& à évacuer l’eau qui furvien t, -
comme atilfi à prévenir pendant le travail toute forte d’accidens , com¬
me l’éboulement des bords , -le fable mouvant, &c. Si quelqu’un fait
faire cet ouvrage à journées , il doit aulft fur-tout avoir grand foin d’em¬
ployer des gens entendus pour creufer la prémière demi-couche, pour fai¬
re les pentes , couper (Stpofer les gazons. LesBroueteurs requis pourcct
Fartie L ' E . oti-
LES AGREMENS
ouvrage, & ceux qui creurent,ont plus befoin de force que de jugement,
deforte qu*’on peut employer à cet ouvrage les plus ftupides. 11 fera auf-
fi plus profitable dV mettre un grand nombre d’Ouvriers , pourvu qu’on
puifieles obferver & les tenir en ordre, & qu’ils ne s’incommodent pas
les uns les autres en travaillant, car dans ce cas on peut Ibuvent perfec¬
tionner en peu de tems un ouvrage , fans être arrêté par une grande af¬
fluence d’eau , fans être obligé de beaucoup évacuer , & fans être fujet
^ux rompures des Levées ; trois chofes qui méritent bien qu’on y penfe
férieufement pour les prévenir , & qui arrivent fréquemment. On doit
avoir foin que les Ouvriers travaillent en bon ordre & prudemment, l’un
ne doit jamais attendre après l’autre , il faut de plus que les bêches , les
hoyaux, les pèles, fbient bonnes , légères, maniables, tranchantes, pé¬
nétrantes & gliffantes , comme il a été dit dans le Chap. des Outils.
On ne doit jamais fe fèrvir de Chevaux de louage, fur-tout quand c’efl
le Propriétaire qui en eft le Condudeur, ptirce que fbn intérêt l’engage
à les laiffer trop repofer , ou à leur donner de trop petites charges. Pour
cette même raifon il n’ eft pas expédient, quand on fait broueter, que
Ceux qui font commis pour faire les charges , foient des amis familiers
des Broueteurs, car l’inimitié de celui qui charge nefauroit beaucoup nui¬
re à celui que brouete, parce que félon la coutume , s’il furcharge la
brouete , le Broiieteiir peut l’obliger à la broueter lui-même. Il ne faut
pas cependant fiircharger jamais les charettes.
11 faut 5 quand on brouete ou qu’on charie de bas en haut, que cela fe
faffe lentement fur un terrain ferme , ou bien fur des planches larges &
épaiffes , ou des ponts bien affermis & foutenus ; afin qu’on puiffe mar¬
cher d’un pas affuré fans fèntir la moindre fècoiilfe, & fans 'être fujet à
gliffer. Qiiant à la manière de nétoyer ces planches, ces ponts, &:c.
voyez le Chap. des Outils,
Qiiand on creiife de larges ou de profonds Fofrés,des Viviers, des pe¬
tits Foffés, & que celui qui creufe ne peut par le même mouvement qu’il
lait en levant fa pêlée,la porter affez loin fins la reprendre, on y ajoute
alors un fécond Ouvrier à qui il remet fa pêlée , en la polànt à l’envers
dans fa pèle creufe , & lui laiïïant le foin de la jetter. Si ce fécond doit
au fil reprendre fa pêlée, on en ajoute un troifième, qui reçoit la pêlée
du fécond; & lices deux qu’on y a ajoutés, ne fuffifent pas encore, on
en ajoute un troifième , & pas davantage , parce qu’un plus grand nom¬
bre coûte trop , & que la terre à force de paffer de pèle en pèle, diminue
trop auifi. Dans ce cas, par conféquent, onfefert d’une brouete, que
DE LA C A i\I P A G N E.
33r
le même qui l’a chargée emporte : mais quand la terre doit être tranjp-
portée affez loiiij pour que pendant le trajet un Ouvrier ait le tems de
la charger 5 alors on en prend un qui brouete, & un qui charge: ce der¬
nier étant obligé , au cas que la brouete foit chargée avant que le Broue-
teur foit de retour, d’aller avec elle au-devant de lui: mais îi la dillance
ell plus grande , on emploie j niques à deux , 6c même julqu’à trois
Broueteurs; &,li elle fort grande, on le fert de chariots ou de charettes
tirées par des Chevaux , ce qui dans ce cas ell beaucoup plus profita¬
ble : la dillance ordinaire jufqu’où un Broueteur doit porter imc
brouete chargée , ell de vingt & une toifes.
Comme il arrive rarement de creulèr des FolTés, Viviers ou petits FolTés,
fans qu’on ait befoin de Levées pour arrêter les eaux extérieures , il elt
bon de fa voir , que l’eau prelTe les Levées à proportion de fa largeur
& de là profondeur , 6c non pas à proportion de fa longueur , car
peu de pieds d’eau dormante feront une égale prelTion avec des mil¬
lions de pieds ; mais la prelfion augmente , lorsqu’elle ell poulTée contre
les Levées par le vent, à proportion de la force de fon cours; ce qui arri¬
ve pareillement à mefure que l’eau monte. On ne doit pas être trop éco¬
nome en conllruifant des Levées, par cela même qu’une Levée qui prête
le moins du monde , ell très fouvent irréparable , ce dont le Propriétaire
n’eft ordinairement averti que par le coup, ce qu’il auroit pu prévenir à
très peu de fraix. On aura foin pour cet effet d’y employer de bons pi¬
liers bien épais , bien longs 6c fermes , des poutres d’une bonne lon¬
gueur 6c épailTeur , de même que des planches épailTes. Il faut de plus
contre des eaux extérieures 6c profondes , des piliers qui foient pofés près
à près 6c bien avant dans la terre ferme ; 6C3 s’il ell nécelTaire, on les gar¬
nira , au haut de la Levée , de crampons en croix : la plus grande preÜion
fe faifant contre les poutres qui font au derrière des Levées , elles doi¬
vent, aux endroits où l’eau ell fort large, être faites avec diverfes fé-
parations , 6c lî celles-ci ne fuffifent pas encore , parce que vers le milieu la
prelfion ell d’une force inégale 5 on y fera conllruire des Levées , larges
6c pointues dans le milieu , qui réliftent mieux à la prelfion , 6c qui joi¬
gnent davantage. Il faut faire enforte qu’on puilfe haulfer 6c élargir les
Levées à proportion des eaux, mais pas au-delà de ce qui ell nécelTaire;
car , outre qu’il en coûte , cela les affoiblit aulfi par la prelfion intérieure.
Les Levées étant conftruites de bois, félon le projet, doivent être rem¬
plies avec une matière convenable; la meilleure eft du Sait, qui caulè
•le moins de prelfion 6c qui bouche le mieux: mais à fon défaut^ on lè
E 2 “ ' " fert
iô LESAGREMENS
ïèrt pour le même iilage de limon gras , qifon fait fécher un peu dans
les grandes Levées, après quoi on le couvre de terre graffe. Après avoir
kilTé encore quelque tems la Levée s’amortir & fans prelTion , on tire
feau par derrière : il faut de plus avoir foin que la Levée foit ferme , &
empêcher que l’on ne marche delTus ; on doit bien lè garder d’y polèr un
moulin , ni d’y faire pafler l’eau par delTus avec tant de force, qu’elle
vienne à bailTer ; ce qui efi: extrêmement nuifible.
Les Levées qui font fujettes à de grands coups d’eau , doivent aller en
rondilTant, ayant la figure d’un cercle qui va en s’étendant , quoiqu’éga-
lement, parce qu’alors le coup de l’eau les fait joindre plus exaétement
fans aucun rifque de rupture , & fur-tout 11 les extrémités en font telle¬
ment arrêtées, qu’elles ne puiffent être ébranlées. 11 efi: aulfi fort nécefi
faire que, dans toutes les Levées oppofées à des eaux profondes, on en¬
fonce en longueur des planches épaifles de deux , trois ou plus de pou¬
ces, à proportion de la force du coup de l’eau & de fi grande profon¬
deur, bien entendu qu’elles joignent exaéfement par de larges rainures.
Mais pour ne pas faire des dépenlès fi conlidérables en gros piliers , &
pour ne pas prendre de telles précautions , quand il s’agit des eaux trop
profondes , où l’on n’efi: pas lujet à des coups fi forts , on y fera conltrui-
re intérieurement , a chaque diminution de llx ou de huit pieds d’eau ,u-
ne Levée en forme de colFre , qui, étant garnie de poutres au dedans,
peut faire une très forte rélifiance. Après avoir ainli bien muni les Le¬
vées contre l’eau du dehors, on tâchera eniiiite de prévenir toute af¬
fluence d’eau , afin qu’en creufant on n’ait que de la terre fans eau à re¬
muer : ce qui étant négligé , caufera une double dépenfè , quand il s’a¬
gira de terres légères qui abforbent l’eau ; principalement quand la ma¬
tière doit être tranfportée au loin , foit par des brouetes , foit par des
chariots , parce que l’eau eft pefante à cliarier & qu’elle augmente la
mafic ; ainîi pour travailler plus aifément , à moins de fraix , & mieux ,
l’on fera des conduits pour faire écouler l’eau qui pourroit furvenir, &
donner, s’il efi: poirible,à la terre qu’on aura creufée,letems de le fécher.
Ceci peut avoir lieu quand il s’agit de larges Fofiés ou de Viviers, car a-
lors dès le commencement on creufe des deux côtés des Folfés un petit
FolTé, qu’on a foin de faire d’autant plus profond , que la terre qu’on
creufe peut y laiffer écouler l’eau qu’elle contient ; lequel on doit vuider
continuellement par le moyen du moulin, lorfqifil fe remplit d’eau ;
& on le fera de tems en tems plus profond, à mefure qu’on creufe le
fond intérieur; & l’on continuera ainfi, julqu’à ce que tout ait là profon¬
deur
DE LA CAMPAGNE.
37.'-
deur requilè. Les FolTés moins larges, où l’on n’a pas befoin d’un pareil
petit Fofle, fè creiifent par parties, l’on y met autant d’Ouvriers, qu’on
en peut convenablement employer , 6c à des Fofles où l’on fait jetter
des deux côtés le limon , on met aufll le double d’hommes.
A quelque fin qu’on fafie creufer les terres , foit pour rehaufler le
terrain avec la matière qu’on en tire , foit pour faire des] bafllns
en guilè d’ornement, ou qui fervent à d’autres ufages, on tâchera tou¬
jours d’empêcher, qu’il ne puiffe croître au fond de l’eau de l’ordure ou
de la verdure ; car de telles eaux verdâtres ne font pas feulement desa¬
gréables à la vue, mais coûtent aufii prodigieufement à tenir nettes:
Punique 6c le meilleur moyen qui me foit connu, efi; de les creufer à une
telle profondeur, où la terre n’a jamais, ou du moins depuis plufieurs fiè-
cles, produit aucune f)lante,6c où les rayons du Soleil, qui rechaufentla
terre 6c la rendent fertile , ne fauroient atteindre. On creufera par con- -
fequent tous lesFoilés 6c les Viviers, jufqu’à ce qu’on trouve l’eau de four-
ce qui provient du fond. Après en avoir tiré la fange , ils doivent con¬
tenir, au défions des racines de rofeaux,fept ou huit pieds d’eau. Tous les
Fofiés extérieurs devroient être creufés à cette profondeur , afin que fi
quelqu’un vouloit les pafièr à gué , il en eût du moins par defiùs la t|te : .
iis doivent aufii pour le moins être larges de quatre toifes.
Les petits Fofiés qui fervent à arrêter les Beftiaux 6c à les abreuver,)
ont ordinairement au haut des bords de liuit pieds de large , 6c au plus •
trois pieds de profondeur , 6c cela afin d’empêcher que ceux qui pour--
roient y tomber ne fe noyent.
Les Fofiés 6c les Viviers n’ont pas une largeur 6c une profondeur dé¬
terminées ; c’eft ce qu’on détermine ordinairement fur la quantité de
terre dont on a befoin pour rehaufier; il faut pourtant que leur profon¬
deur ne foit pas moindre que celle des Fofiés extérieurs, dont nous a-
vons parlé tout-à-l’heurc. Mais on doit lé fouvenir que quand il s’agit de.
Viviers fermés, le fond de ceux qui contiennent plus de neuf pieds
d’eau, jufqu’k l’eau de foiirce, efi: trop froid pour la propagation desPoifi
Ions. 11 eft vrai, d’un autre côté , qu’à la longue ils deviennent moins
profonds par l’accroifiement du limon , ce qui efi: caufé par la chaleur
du Soleil, qui condenfe la fuperficie de toutes les eaux dormantes, ce
qui eft encore augmenté par la chute des feuilles des Plantages voi-
ims : outre tout cela , les eaux perdent aulli de leur profondeur par la
poufiière que lui envoyent les champs 6c les chemins qui font dans
leur voifinage, 6c principalement les grands - chemins , qui ont une
E 3 fuper-
3? L E S A G R E M E N S
fuperficie légère, & par lelqiiels il pafle beaucoup de monde.
Les Séparations de voilînage par des petits FolTés, dont les bords font
plantés avec des Aunes ou des Frênes , fe rétréciflent par les racines que
ces arbres pouffent au dehors ; & , comme ia plupart des Voiiîns eftiment
communément beaucoup leur terrain, un chacun s’étudie à gagner
quelque peu de terre; ce qui fait qu’infenlîblement ces Foffés de répara¬
tion peuvent être enjambés.
Les éboulemens ne peuvent guère caulèr dans des Foffés & des Vi¬
viers fort larges & profonds , du rehauffement fur toute la maffe ,
mais bien de félargiffement , & défigurer les bords , en les rendant
inégaux : puis donc qu’un tel éboulement peut furvenir dans des
Foffés , & des Viviers fort larges , par le coup de l’eau , ou par le
mouvement que le vent lui communique , on prendra des mefures pour
y remédier ; parce’ que les fondemens des bords étant une fois mi¬
nés, cela ne peut être réparé , que parle moyen d’un revêtement de
bois , fur lequel on pofe des gazons , qui en réuniffent la pente au ni¬
veau des autres bords. Pour prévenir, autant qu’il di poflible, de pa¬
reils fraix, on creufèra tous les Foffés & les Viviers larges jufqu’à la pro¬
fondeur requifè , avec des bords penchés horifontalement : cette pente
doit être plus ou moins efcarpée , félon que l’on trouvera que le fond ,
qu’on aura creufé , fera d’une terre légère ou ferme. C’ell de plus l’ufa-
ge, que ces pentes foient faites plus couchées & plus unies depuis le fond
jufqu’au haut, où l’eau parvient en hiver à fa plus grande hauteur; &
de donner moins de pente au refte des bords qui font au-deffus de l’eau ;
ce que je n’approuve pas , parce que l’eau croupiflante caufè au bas des
bords une fi grande prefTion , qu’elle y affermit plus la terre qu’en haut :
& c’efl pour cela que je penfe, qu’il eftplus néceffaire que la plus grande
pente commence au-deffus delà fuperficie de la terre, & finiffe au-deffous
de l’endroit où l’eau pendant l’Eté eft la plus baffe. Puifque l’agitation
de l’eau mine les bords, l’on doit donner au refte des bords jufqiies au
fond , le moins de pente.
Si l’on creufè dans du fable aride Sc mou , la pente des bords d’en-
haut de'trois pouces, au deffous de l’endroit où l’eau pendant l’Eté eft la
plus baffe, donnerà en -haut fur chaque pied de profondeur vingt -deux
pouces de pente, ou vingt au moins , & en-bas pas plus de feize oudix-
’huit.
Dans des terres fablonneuiès mêlées ou plus fermes, en-haut dix-huit,
& en- bas quatorze.
, Dans
DE LA CAMPAGNE.
59
Dans des terres moins fermes , en-haut feize , & en-bas douze pouces.
Dans de la fange ou des terres extrêmement graffes, en-haut quator-
2,e 5 & en-bas dix.
Dans les plus fortes terres grafles , en-haut douze pouces de pente
fur chaque pied de profondeur, & en-bas neuf pouces fur le pied; ce¬
pendant on ne donnera pas plus de pente à ces fonds , que depuis la
îüperticie du terrain , jufqu’à trois pouces au-delà de la plus balle eau pen¬
dant l’Eté.
Le premier ouvrage quand on bêche , c’eft d’enlever la première de-
mi-pêlée , qui doit être coupée obliquement & uniment , félon le cours
de la pente , & qui doit aiilTi fervir de modèle. Cette couche fait le
commencement de la pente comme tout dépend delà , on y employe-
ra les Ouvriers les plus entendus & les plus expérimentés , lefquels bê¬
cheront dès le commencement la prémière demi-couche , & ainli de fui¬
te, & non pas la pente vers la plus grande largeur des Folfés, Viviers-,
petits Folfés , feulement à la largeur d’un pouce de moins , qui fert à
polir & à égalilèr , quand tout le refte eft achevé.
Qiiand on creufe dans des terres fablonneulès, on doit s’attendre à
trouver plus de fable mouvant, parce qu’on creulè plus profondément:
c’eft-pourquoi on confervera plus d’un pouce pour égalifer & polir les
bords ;deforte qu’il faut couper dans ce cas la prémière demi-couche, pour
le moins à deux doigts des bords intérieurs après avoir creufé la pente
d’une manière égale julques à l’endroit où l’on trouve le fable mouvant,
on prend un pied ou un peu plus fur l’intérieur, ce qui forme une ban¬
quette , fur laquelle on met un Ouvrier qui reçoit & jette la pêlée : en-
fuite creufant de nouveau à une profondeur égale à celle de la prémière
banquette jufqu’au terrain fupérieur, on en prend autant fur le dedans
pour former une fécondé banquette, & même jufqu’à une troifième,
lefquelles on détruit d’abord que les Foliés, Viviers, &c. ont leur pro¬
fondeur requife ; après quoi l’on fait la pente égale aux endroits où ils
ont le plus de largeur.
Pour prévenir les éboulemens des bords, caufés par l’agitation que le
vent donne à l’eau dans de longs & larges Folfés, on fait enfortequece
coup d’eau foit affoibli par l’entremife de poutres de Sapin qui flottent ^
entre de petits piquets, & qui montent 65 defeendent avec l’eau.
Ç H
1
LES A G R E ME N S
CHAPITRE VIL
Des Fonds de terre j quels font les meilleurs,
J’appelle Fond de terre le champ qu’on a choifî pour planter , avant
qu’il foit travaillé 3 même quant à fa fuperficie & à la profondeur où
des racines des arbres parviendront. On a déjà remarqué ci-devant
que ces Fonds doivent être naturellement bien fitués, fertiles & en bon
état 3 afin que les arbres &: les Plants y puiffent croître vigoureufement,
produire des fruits délicieux & du bon bois bien dur & bien nourri ,
dans qu’on foit obligé de faire beaucoup de fraix pour les travailler &
pour les engrailfer à force de fumier {ci). Qiioique je ne connoifTe par
'expérience que les Fonds de la Hollande 3 il efl pourtant certain par¬
tout Fais qu’un terrain uni & au niveau ell plus propre & à préférer h
Vin autre fitué dans des vallées ou fur des montagnes ; ce dernier pro-
•duira pour l’ordinaire moins de fruits que l’autre : car outre que la plus
iiaute montagne ne peut contenir plus de plants que le circuit uni de
fon pied 3 l’humidité ne s’y communique pas comme il faut 3 & les pluies
-fortes, par cela même qu’elles en découlent avec rapidité, loin de faire
'du bien aux plantes d’en -bas , elles leur font même nuifibles. Ces
fonds de montagnes defféchent auffi davantage , ce qui fait brûler &
fécher les plantes : on efl de plus fujet dans les vallées à des pluies
violentes 3 qui caufent quelquefois des inondations & qui infeclent l’air,
■ce qui n’arrive point dans des terres unies : les plants y croiffent au
contraire à fouhait, en recevant par-tout une égale quantité d’eau; c’efl
•pourquoi j’ai dit dans le Cbap : FIJI, qui traite de la manière de travail¬
ler -les Fonds, qm’id faut tâcher de mettre au niveau toutes les élévations
pu collines, de même que les endroits creux, en ayant foin feulement
que le milieu foit un peu plus élevé que le refte.
Dans des terres unies, qu’on veut planter avec des arbres, rarement
-ks Tonds font trop élevés k proportion des eaux extérieures, ce qui fait
. que
(fl} Z/iij qui agrum redte coUre velit , prinium Joli naturam debere cognitam.
C’ell-à dire:
Celui qui veut bien cultiver un cliamp, doit avant tout en bien connoitre la nature.
Socrat. Liv, V.
DE LA CA M^P A G N E.
'+1
que les racines peuvent non feulement y pénétrer plus avant, «ScTCcevoir
par-là plus de nourriture de la terre; mais aulTi qifen réllftant mieux
aux tempêtes , leur pouffe e/l: moins retardée , au-lieu que dans les terres
baffes les racines s’éciiaufent trop en Eté par la chaleur de reau; deforte
que bien peu d’efpèces d’arbres pourront s’y maintenir & y croître: on
•voit même que les Tilleuls meurent dans de pareils Fonds, quoique leurs
racines, qui pouffent des rejettons, requièrent plus d’humidité que d’au-
■tres.
: Les Fonds deftinés à la culture des herbes potagères , des fruits de ter¬
tre & des fruits provenans d’oignons, ou des fleurs , font affez élevés,
s’ils ont plus de deux pieds de hauteur que la fiiperhcie de l’eau pendant
l’hiver, parce qu’alors ces fruits Sc ces fleurs peuvent recevoir leur nour-
riture dans des Etés fecs , en attirant l’humidité : mais on trouve rare¬
ment en Hollande de pareils Fonds bien élevés & bien gras; c’efl-pour-
quoi les Fonds plus bas doivent être fltués dans un lieu qui foit environ¬
né d’une Digue pour arrêter l’eau pendant l’hiver.
On trouve chez nous beaucoup de Fonds de terre graffe & fablon-
neufe , dans lesquels les arbres pouffent des racines fort profondes,
.parce que le deffus de ces fonds eft bon , gras & fertile ; mais ils y
trouvent auffi fbuvent à une certaine profondeur, des obftacles qui les
empêchent de pouffer plus avant , caiifés par une croûte mitoyenne &
dure, de fange , de bitume , de fable , qui reffemble à du fer moulu ,& au¬
tres : il arrive même dans des années pluvieufes ou pendant les hivers,
que les racines fe pourriffent fur cette croûte dure , qui les feche lorfque
les années font diaudes , parce qu’elle empêche les fiics de la terre do
s’élever ; mais on peut amender ces Fonds à pende fraix,en brifant cette
croûte, pourvu qu’elle ne foit pas trop épaiffe ni trop profonde, comme
on le dira dans le Chûp. VllL < .
Les meilleurs Fonds en général font d’une terre graffe, rouffâtre, fi-
blonneuiè , fous une fiiperhcie de terre argilleufe , glaifè , femblable à
celle dont on fait chez nous les briques, laquelle fe trouve entre onze &
quatorze pouces d’épaiffeur , fous l’épaiffeiir de dix pouces de terre argil-
ieufe, faifant enfemble jufqii’à l’endroit où elle finit, l’épaiffeur de deux
pieds: fous elle on trouve fb livrent de l’Argile, quelquefois auüi une ei-
pècé un peu moindre , mais toujours tellement graffe , que les racines
y jxiUYent pénétrer: ces Fonds de terre graffe, avant que d’être plantés,
étant mêlés & brifés comme il faut , n’ont aucun befoin , pour produis
re, de fumier ni d’aucun engrais, les feuilfeG qui tombent a,miuellcmcnc
: art le /. F étant
42 L ES AG R.E MENS.
étant plus que fuffifàntes pour donner leur nourriture aux arbres. Ces
Fonds font aufTi compofés de parties déliées , fermes , bien jointes , col¬
lées les unes aux autres , ce qui fait que les arbres y croiiTent mieux,
malgré les tempêtes, & font moins fujets à être renverfés que ceux qui
font dans les Fonds fablonneux : outre cela encore , les arbres y devien¬
nent bien plus gros & bien plus grands, parce que leurs racines péné¬
trant plus avant dans ces Fonds de terre graffe , donnent lieu aux arbres
de croître davantage. Ces mêmes Fonds bien brifés &' bien travail¬
lés font aulFi très propres pour diverfes fortes d’herbes potagères &
des fleurs ; mais comme ils font compolès de parties très déliées , qui fè
collent & fe joignent beaucoup plus étroitement que les Fonds de fable ,
le Soleil ne fauroit y pénétrer en Hiver, ni même au Printems, au¬
tant qu’il eft nécelTaire pour faire circuler & évaporer les fucs; ce qui
eft caufe qu’ils ne font pas des plus propres à produire de bonne heu¬
re des fruits de terre ou des fleurs , & encore moins pour des plantes
qui font dans des Caifles ou des Pots,
Les Fonds de terre graffe blanchâtre font fort mauvais en Hollande ,
& les plus mauvais de tous font ceux qui tirent fur le bleu.
Les Fonds marécageux font un mélange de terre graffe & de fable,
que la nature a mêlés , brifés , & que la pliiip a rendus inféparables ;
dans le tems qu’on eft obligé de brifer & de mêler avec du fable tous les
Fonds de terre graffe pour les amender &; pour les rendre plus fertiles ;
encore la pluie les fépare-t-elle dans la fuite , & cela tellement que le
fable forme avec le tems , à la profondeur où l’on a remué ces terres,
une croûte, & fe joint enfemble comme une écorce. A proportion
donc que ces Fonds marécageux font plus ou moins gras ou fablon¬
neux , ils ont plus ou moins les qualités de l’une ou de l’autre. 11 y a
des Fonds marécageux qui font compofés de fange mêlée avec de la
terre graffe. Ceux-ci valent moins que ceux que la nature a formés du
mélange de terre graffe & de fable. Ils produifènt bien de plus gros
fruits, mais auffi plus aqueux, moins fblides & plus inlipides , parce qu’ils
tiennent des qualités des Fonds fangeux.
Les meilleurs Fonds de terre fablonneufé ont par deffus environ fèpt à
huit pouces de bonne terre, nommée en Hollande Kaluw-aerde ydontlts
parties font plus féparées & plus raboteufes que celles de la bonne terre
des terres gralfes & des marécageufes. Parmi cette prémière bonne terre ,
on trouve un fable jaune tirant fur le rouffâtre , fèmbiable à celui qu’on trou¬
ve fur le fommet des Falailès ou des Montagnes fablonneufes,qui donne
aux
DE LA CAMPAGNE.
aux fruits plus de nourriture qu’on ne penfe. On trouve fouvènt parmi
ce fable rouflatre^ un làble plus groffier & blanc, dans lequel les arbres
pouflent volontiers de très bonnes racines. De tels Fonds fàblonneiix
n’ont befoin, pour la nourriture des fruits, d’autre engrais que celui des
feuilles tombées ,& des petits rejettons; mais lesarbres n’y groniflent pas
C vite, (Scproduilent fouvent des fruits plus petits , mais plus fermes & plus
agréables. Les arbres plantés dans ces terres fàblonneulès , font plus fe-
coués, & par cela même retardés dans leur crue3& plus facilement ren-
verfés par le vent , parce que le làble ne le colle & ne s’attacJie pas H
fortement que la terre gralfe (étant compofé de parties plus gi'olîières,
plus raboteulès & plus féparées); lans quoi ces Fonds feroient générale¬
ment préférables à tous les autres, parce qu’étant poreux, durs, raboteux j
fertiles, le Soleil peut y darder lès rayons à une profondeur convena¬
ble, ce qui fait qu’ils font très propres pour des Jardins à fleurs & pota¬
gers , & principalement pour produire de bonne heure des légumes &
des fruits de terre, parce que les pluies abondantes de l’Hiver & du Prin-
tems y palTent d’abord, & peuvent traverlcr très facilement les prémiè-
res petites racines ; outre que ce font les Fonds les plus faciles à travail¬
ler. Par conléquent puisque les Fonds de terre, dans lelquels les pluies
& le Soleil peuvent pénétrer bien avant , deviennent très fertiles ,1e con¬
traire doit arriver à ceux qui font privés depuis plufieurs années de ces
avantages. Tels font ceux qui n’ont point de làble roulTâtre , fertile, léger;
car pour les rendre, fertiles il faut nombre d’années & des dépenfes fort
confidérables, fur-tout quand ils font chargés de fable blanc , grolîier ,
& maigre , qualités qui ne confument pas feulement d’une manière trop
fubite les parties huileufes de l’engrais qu’on y emploie , mais aulTi qui
en font trop évaporer la graiffe, parce que le fable eil; trop ouvert & trop
raboteux.
Les Fonds fangeux font légers , fulphureux fort ouverts par cela
même très propres pour ceux qui élèvent des Pépinières ,& pour ceux qui
cultivent & font commerce de fruits de terre prématiuésjcar tout y croît,
fort vite & vient de très bonne heure : les fruits qui en proviennent font pour
l’ordinaire afTez gros, mais confervent en même tems un goût de terroir, ^
c’ef t-à-dire , qu’ils font coriaces , aqueux , d’un goût flilphureux , très defa-
gréables & peu nouriflans. Amfi pour peu qu’on fe propofè de plaifir
dans fès enrteprifès en fait de Jardinage, on fè gardera bien de choiflrde
pareils Fonds ; j’avoue que tout d’abord les arbres y croifTent vigoureu-
lcment,& y grolTifTent afTez; mais il eflvrai aufiipour l’ordinaire, qu’ils
F 2 meu-
•XES AGREME.NS: i
meurent diii3 le fort de leur crue , & cela avant que d’être fort grands;'
c’eft ce qui arrive lùr-tout aux Ceriliers. Il en efi; de même des fleurs à-
oignon, elles y meurent d’an en an comme de confomption. Il eft enco¬
re à remarquer que plufieurs plantes de terre , qui ont ordinairement vie
pendant quatre ou cinq mois, 6&qui d’abord pouffent fort rapidement,.
Sc même jufques à la maturité des fruits, ne vivent pas dans ces Fonds
jufqirà donner de la femence bien mûre. Il y a pourtant des fruits de ter¬
re qui font aulTi agréables dans ces Fonds, que ceux qu’ont produits des
terres graffes ou làblonneufes bien travaillées : tels font les ciioiix rouges ,
qui crus dans de tels Fonds, font plus fins, plus pommés, plus doux,&
moins remplis de groffes côtes. 11 en eft de même des fruits de terre qui
ont quelque amertume: crus dans ces fonds, ils ont meilleur goût que
les autres, quoiqu’ils foient moins nourriffans & moins fains.
On verra aifément par cette defcription des Fonds de différente na¬
ture, que de bonnes terres làblonneufes font préférables à toutes les au¬
tres jcnfuite les terres graffes ,& après celles-ci les marécageulès bien fer-,
mes ; de plus que des terres molles & légères ne font abfolument point
propres à être plantées d’arbres de liante futaie, parce qu’ils s’y enfon¬
cent trop par leur poids : outre qu’on n’y fauroit bâtir des maifons , â;
moins que de lespofer fur des piliers profondément enfoncés dans la ter¬
re. On ne connoitra point à la couleur la valeur des Fonds de terre,
car une terre graffe ou une terre commune, blanche, noire, rouffâtre,
bleuâtre, fera Fertile dans un champ, & ftérile dans un autre .- cependant
la rougeâtre eft pour l’ordinaire moins fertile ; & il y en a même qui font
entièrement ftériles. La terre noire eff plus fertile que la blanche , ayant
fou vent aquis fa noirceur par l’humidité ; au-lieu que la terre feche devient
plus blanche. Il en eft à cet égard comme des nuages, dont les plus-
chargés de pluie font noirs, & ceux qui le font moins, plus blancs^
CHAPITRE VIIL
De la manière de travailler les terres avant que de les planter,
«
ON ne fauroit, avant que de planter, examiner trop fcrupuleiilèmenÉ
le Fond de terre pour lequel on s’eff déterminé, & remédier aux
défauts qu’il pourroit y avoir. On fera par conféquent rehaiiffer ceux
qui
D E L A - C A M P A G E. 4^
qui font trop bas, mettre de niveau ceux qui font montueiix, qu’on veut
approprier pour des Jardins, Sc remplir les creux ou cavités d’une ma¬
nière égale. On doit bien exarniner , & cela en dilFérens endroits,
la nature de nos Fonds légers, jufques à la profondeur de cinq pieds.
Tout cela fait, on brifera ces Fonds bien menu, & jufques à une julte
profondeur , après quoi on placera & on mêlera la terre, félon le be-
loin des racines des arbres qu’on y doit planter. 11 le commet à cet é-
gard des fautes qui deviennent irréparables , dont le Propriétaire a lieu
de le repentir, mais trop tard, quand il voit les arbres languir, au -lieu
de croître & de pouffer: deforte que bien-loin d’être trop économe à cet
égard , on aura loin que tout fe faffe parfaitement & par ordre, ce qui
ne fera pas feulement mieux pouffer les arbres , mais encorepayera jour-
nellementavecufure de lès peines & de Tes frai^, celui qui les aura plantés,
en les voyant croître avec vigueur. Les fautes que l’on commet à cet é-
gard proviennent très Ibuvent d’ignorance , & quelquefois de négli¬
gence. C’eft aiiifi qu’on fe verra trompé dans Ibn attente , li l’on em¬
ploie des Ouvriers ignorans, fous prétexte qu’ils fe contentent d’un fa-
laire plus modique : li l’on ne fait pas bêcher les Fonds de terre à une
jufte profondeur, li on ne la fait pas brilèr; & li l’on ne fait pas bêcher
6c mêler plus d’une fois la terre dans les endroits où elle lèrt le plus : fi
l’on n’a pas foin de choilir une perfonne entendue, a qui l’on confie l’in-
fpedion de l’ouvrage , & qui faffe tout eftèétuer comme cela eft requis :
li l’on fait remuer les terres à prix fait, & non pas k journée , li cela ne le
fait pas dans le tems le plus convenable, 6ifi l’on veut fe difpenlèr d’em¬
ployer tous les outils néceffaires. On ne doit pas négliger non chalemment
d’examiner fi tout eft fait felon les ordres donnés ; car le Propriétaire lè
trompera, lorfque prévenu en faveur des Ouvriers, il lè repolè fimple-
ment fur leur bonne foi & leur habileté; les meilleurs de tous ne lon¬
gent qu’aux moyens d’allonger leurs journées, 6c d’alléger leur travail; ,
il y en a même d’affezfcélérats pour fiire de propos délibéré tout de tra¬
vers, 6c de mauvais ouvrage, ne fiifant aucun compte des ordres qu’ont
leur a donnés, quoiqu’ils n’en reçoivent ni profit ni avantage; ainli
l’on ne làuroit être trop fur fes gardes, ni trop veiller fur ce qui lè paffe,
pour que tout fe faffe comme il faut, fins quoi l’on ne fera pas moins la
dupe des Kntrepreneurs, que de ceux qui travaillent à journées. Ces
derniers ne s’étudient qu’à couvrir leur pareffe 6c le tems qu’ils ont per¬
du, 6c qu’à faire croire, quand on prend l’inlpedionde l’ouvrage , qu’ils
ib font bien évertués ; c’efl ce qui arrive quand ils ne bêchent pas la ter^
' " F 3 " re
0 LESAGREMENS
re afTeX profondément, &: principalement dans les endroits où il y a u-
ne épaiffe croûte à percer : comme aulTi loriqu’ils ne bêchent pas com¬
me il faut les terres par-tout également , ou quand ils prennent de trop
grandes mottes de terre à la prémière pêlée , & la font rouler fi bas
qu’elle n’y fait que peu de bien. Les Entrepreneurs le propofent tou¬
jours de travailler peu pour augmenter leurs journées : pour avoir bien¬
tôt fait, ils coupent de trop grandes mottes à chaque coup de bêche, &
par cela même ils ne brifent pas aflez la terre ; ils ne la bêchent pas alfeTi
de niveau, ni de manière qu’elle foit vers le milieu plus élevée qu’aux
extrémités, ce qui efi: nécefiaire pour l’écoulement des eaux: ils ne dif-
pofent pas la terre comme il faut, ni de la façon la plus avantageulè : ils
font les tranchées trop étroites, & s’amulènt à cela, afin de mieux cou¬
vrir leurs fautes. , Après avoir donné ces avertilTemens, il fera bon d’e¬
xaminer pourquoi, de quelle manière, & en quelles làilbns les Fonds
doivent être travaillés. Prémierement cela fefait afin que les parties ter-
reltres qui font étroitement jointes & unies enfemble , foient tellement
féparées les unes des autres , que la pluie puifie les humeéter & les pé¬
nétrer de tous les côtés : & pareillement afin que l’humidité étant atti¬
rée en-haut au travers de ce fond ouvert, puilTe en nourrir lèlon leur be-
foin les plantes : outre que de pareilles terres donnent un plus libre paf-
fage à des pluies trop abondantes. D’un autre côté, les racines encore
itendres des Plantes pénétreront plus ailément dans ces terres légères, &
fe nourriront d’autant mieux, qu’elles Ibnt à l’abri de l’air par la terre qui
les entoure.
C’efi: ce qui nous apprend à ne pas bêcher des terres graffes dans le
tems des grandes chaleurs de l’Eté, parce que les mottes de cette terre
expofées à l’air fe durcilfent autant que la pierre; il ne faut pas non plus
dans cette failon remuer des terres qui font chargées de fange, puifque le
feul moyen de les brifer , c’eft de les expofer à la gelée ; c’eft-pourquoi
il, efi plus naturel de les bêcher avant l’Hiver, & cela à petites pêlées,
& peu épaiffes , qu’on met légèrement les unes fur les autres , afin que les
parties ferrées, lè gonflant par la gelée, puifTent fe féparer, & faire
enfuite une terre plus molle, laquelle n’efi plus fujette à lè joindre fi é-
troitement.
Les terres gralTes qui n’ont pas par-defibiis de dures croûtes de fan¬
ge, de bitume, ou d’argile, ou qui ont au-delà de cinq ou fix pieds
de profondeur, doivent être creufées à la hauteur de trois pêlées, & l’on
doit en placer la terre de la manière qu’on l’enfeigne ci-après : ce qui
fuf-
D E L A C A U? A G N E. 4>
fuffira pour que les arbres puüTent y poufTer leurs racines , & pour les
leur faire pouffer encore plus avant ,11 le terrain efi plus élevé au defïlis
de feau ; mais quand au deffous de la terre argilleufe dans les Fonds fà-
blonneux & dans ceux de terre graffe , on trouve de pareilles croûtes
de fange, ou même dans quelque Fond que ce piiiffe être, il faut les
rompre & les mêler : il eft; même bon que ces croûtes brifées une fois
par la gelée, foient placées au-deffous du troifième coup de bêche; on
doit de plus répandre fur le deffus de ces Fonds de terre ferme &: graffe,
une couche de fange brifée par la gelée, de fépaiffeur d’un pouce, afin
de les pouvoir farder & nétoyer plus facilement. Il y a des gens qui
penfènt qu’il eft inutile de creufer fl profondément, quand ces croûtes ci Li¬
res font plus baffes que la plus baffe eau pendant l’Eté ; difant que le fur-
plus des pluies peut pénétrer fuffifamment fans cela ; que l’humidité re-
qiiifè pour les plantes peut affez monter , & que les racines des arbres
ne parviennent pas fi avant : mais j’ai appris par mon expérience le
contraire de tout cela , & que dans ces cas il faut bêcher du moins jiif»
ques k la profondeur de cinq pieds.
Les Fonds marécageux & de fable, dont les parties raboteufes ne
font pas collées enfemble , mais détachées & faciles à être féparées , doi¬
vent, pour bien faire, autant qu’il eft poffible, être remués immédiate¬
ment après l’Hiver , afin que le Soleil du Printems les puiffe rechaufër
d’une manière convenable ; car fi on le fait avant l’Hiver , & qu’il y
tombe de la neige , dont l’eau eft fi pénétrante , ils fè refroidiront
fi fort , qu’ils ne feront pas fort propres pour y planter des arbres au
Printems fuivant : c’eft pourquoi les Jardiniers attendent toujours à bê¬
cher leurs champs découverts jufques k ce que le tems, où la neige tom¬
be ordinairement , foit paffé. Ces Fonds marécageux &c fablonneux,
n’étant pas chargés de ces dures croûtes de fange ou de ce fable qui ref-
lèmble k du fer moulu , doivent être remués de la hauteur de deux
coups de bêche; ce qui fuffit, k caufe que le Fond étant plus bas natu¬
rellement mou & léger , les arbres peuvent fans trouver aucune réfift
tance, y pouffer leurs racines.
• C’eft k rinspecleur k prendre garde que la 'terre foit bêchée k petites
pêlées , & placée dans les endroits où elle eft le plus néceffaire ; & que,
s’il eft polîible , cela fè faffe tout d’un tems , pour n’être pas obligé de
la faire remuer & transporter deux ou trois fois. Cela dépend de fha-
bileté de l’Ouvrier , car il peut bêcher en une fois k une même profon¬
deur, k peu près de niveau, ou bien en pente, tous les Fonds dont la
ter-
LESAGREMENS
terre ne doit pas être mêlée à chaque coup de 'bêché , enforte qifil
n’y refie dans la fuite prefque rien à faire 5 pour les avoir à fou-
hait : cela n’efl pourtant pas praticable dans des Fonds qui ont été re-
IiaufTés 5 ni dans ceux qui doivent être remués , à caufe de la fange ou
autres croûtes dures dont ils font chargés : d’un côté , parce qu’il faut
bêclier trop profondément , <Sc de l’autre parce que ces croûtes n’ont
pas par-tout la même épaiffeur ; c’efl ce qui oblige dans ce cas à tranP
porter plus ou moins la terre remuée pour faire un terrain égal, ou qui
aille en pente; en troifème lieu il eft impoffible de bêcher tellement en
line fois un Fond rehauffé , que la terre foit placée dans les endroits re¬
quis ; car quand on veut que la terre foit mêlée à chaque coup de bê¬
che, il faut que le Fond foit remué plus d’une foi&.
Dans les terrains de niveau on pourra en bêchant une fois , & en
mêlant la terre par des demi-pêlées , la placer à fouhait ; car dans les
endroits où elle ne veut pas fè féparer ainfi par des pêlées entières , on
en coupe horizontalement allez pour que la bêche puiffe contenir le refte
entièrement joint ou bien de deux différentes fortes. Qiiand on trouve
par la qualité de la terre, en la plaçant, qu’elle a plus ou moins d’épaif-
ièiir , que celle dont on la coupe communément en la bêchant , on fera
bien de bêcher plus ou moins profondément ; mais on eft obligé de la
couper horizontalement , quand une terre de la même qualité a plus d’é-
paiffeur qu’un grand coup de bêche n’en fauroit contenir.
Les Ouvriers ont coutume , dans les Fonds marécageux & fablon-
neux , de jetter la première pêlée en-bas dans la tranchée , ce qui efl
toujours fort mauvais , fur-tout dans les endroits où l’on creiife , parce
que la meilleure terre tombe alors trop bas, où elle n’eft bonne à rien;
outre que par-là la terre ne fe brife pas affez. Afin donc de placer la
terre à mefure qu’on la bêche, dans les endroits- où elle eft le plus né-
ceffaire, on doit faire attention à la diverfité des qualités des Fonds &
des iifages auxquels on les deftine.
Les Fonds de terre graffe deftinés à des Vergers où a des Plantages
fanvages, & dont la fuperficie doit être de toutes fortes de verdure, doi¬
vent être couverts d’une couche fort mince de finge ; mais cette derniè¬
re terre eft aulfi nuifibîe que la peice dans les Jardins potagers, & encou¬
re plus dans les Jardins à fleurs, comme étant contraire à ces Plantes,
aii'ii n’y poiifTeront-elles aucune racine; par conféquent dans ces en¬
droits la fange doit être rnife fort bas, & ne point paroitre en aucune
façon fur la fuperficie. . . ... , .
DE LA CAMPAGNE.
4:9
On verra de plus, par la crue des Arbres & des Plantes, la manière
la plus convenable dont la terre doit être rangée. Il eft certain que cha¬
que racine eit la nourrice de la branche qui lui répond , & par confé-
qiient les petites racines minces & chevelues font les nourrices des plus
petits rejettons nouvellement éclos. Ainfi dans les endroits où les Plan¬
tes <Sc les Arbres en ont beaucoup Ibus terre , Ton doit placer la meiL’
leure terre , favoir par-deflus les racines, & cela plus ou moins épais, fé¬
lon que les racines font plus ou moins grolTes, & fuivant cette propor¬
tion on peut aulTi y employer de la terre plus dure moins bonne , &
dont les parties Ibient moins gralfes & moins féparées ; mais comme la
prémière couche des Fonds de terre plantés avec des arbres, devient fon¬
cièrement meilleure , quand les feuilles qui tombent fur fa lüperficie y
pourriflent , cette mauvailè terre deviendra par cela même une terre ex-
quife. Il eft très bon aulîi, en plantant les arbres dans une terre molle &
bien préparée, où ils poulferont plutôt de meilleures racines, de les met¬
tre un peu plus haut que la fuperficie du Fond nouvellement remué,
à caufè qu’ils font fu jets à baifler; & quant à la prémière couche, on
pourra y employer de la terre moins bonne , jufqu’à la profondeur de
ti*ois pouces. ^
On fera la tranchée plus du moins large, à proportion que la terre
doit être bêchée plus ou moins profondément, & céla non feulement a-
fin de pouvoir placer la terre comme il faut , mais aiiffi afin d’en rendre
la fuperficie unie à mefure qu’on la bêche : car ceux qui creufent ne doi¬
vent jamais y être gênés , li l’on veut qu’ils falTent du bon ouvrage :
c’eft à quoi cependant on manque pour l’ordinaire , fur-tout dans les en¬
droits où l’on remue de la fange fort profonde dont la dure croûte infé¬
rieure dans ces cas elt rarement brifée & bêchée comme il faut. Afin
donc de bêcher comme il efl requis un Fond , où la fange fe trouve au-
delTous de quatre pieds de profondeur , on fait toutes les tranchées de la
largeur de fix pieds, excepté la prémière qui n’en a que quatre: mais fi
la fange eft encore plus avant en terre, on leur donne la largeur de fept
pieds. D’abord qu’on aura jetté en avant Sc en quarré la terre de la
prémière tranchée , on trouvera, félon l’ordre, la meilleure terre, puis
la bonne, enfuite la moindre, & après cela de la moins bonne encore,
& même la fange , au cas qu’on en ait befoin pour répandre fur la fu¬
perficie: ou 3 fi la fange efl à fi peu de profondeur qu’on juge néceffaire
de l’expofèr prémierement k la gelée : ou bien fi elle efl fi épaifie qu’ôn
ne fauroic la percer d’un feul coup de bêche ; dans ce cas on en mettra
1. G alftz
LES A G R E M E N S
50
aflez en-haut pour pouvoir percer le refie: car le peu qui n’auroît pas é-
té bêché 3 rendroit entièrement inutile ce qui Tauroit été, & cauferoit des
fraix fuperilus ; mais quand d’un feiil coup de bêche on a pu percer cet¬
te dure croûte , on brife à petites pêlées , ce qui en refte en terre. La
prémière tranchée étant donc creufée en quarré comme un Fofré3& vui-
dée,fuit le commencement de la féconde, large de fîx pieds, ce qui
doit être fait avec deux réparations, chacune de trois pieds de large, de
la manière fuivante. On tire de la prémière moitié par les côtés , la
bonne teiTè,& enfiiite l’autre; mais on tire par-devant, dans la prémiè¬
re tranchée, la plus mauvaife terre qui vient enfuite, & on la jette par
defliis la fange ou la dure croûte qu’on a remuée ; & fur cette mauvaife
terre on jette la meilleure , qu’on a déjà tirée par les côtés. Enfuite on
commence à la féconde féparation de cette fécondé tranchée, dont on tire
d’abord la bonne terre , moyennant quoi la prémière tranchée eft bêchée,
& la terre placée comme elle doit l’être. Tirez encore alors par les côtés la
terre qui a été trouvée fous la bonne terre de la féconde féparation de cette
tranchée, & mettez le refie fur la fange brifée de la prémière féparation
de cette féconde tranchée ; commencez enfuite la troifième tranchée , pa¬
reillement large de fix pieds, & avec deux féparatidns : de cette maniè¬
re on a une tranchée de trois féparations de terre , dont à la prémière il
manque la bonne terre , à la fécondé la terre qui fé trouve fous cette
bonne terre, la troifième étant entièrement vuide jufqu’à l’endroit où
la fange a été percée. Dans ces fortes de féparations des tranchées on
peut continuer à travailler de telle manière , que la plus mauvaifé terre
vienne fur la fange brifée 5 une meilleure fur celle-ci, & la bonne par def*
fus: on peut* même fi on le veut, porter de la moindre terre fur la bon¬
ne , pour faire la fuperheie. C’efl la manière dont nous fommes accou¬
tumés de remuer nos terres avant que de les planter, lefquelles nous ne
bêchons , ni ne remuons plus , quand elles font une fois plantées , pas mê¬
me nos Vergers ni nos Treilles, quoique les Anciens recommandent
de le faire principalement par raport aux Treilles, & cela même jufqu’à
trois labours par an, favoir pour la prémière fois quand elles commen¬
cent à pouffer, pour la fécondé quand elles fleuriffent, & pour la troi¬
fième quand les Raifins commencent à meurir. 11 faut favOir au relie,
que tout ce qu’on vient de dire eft rélatif uniquement aux Fonds des
Jardins de Plaifance qui ne font pas d’une trop vafte étendue : car quoi¬
qu’une telle précaution de faire remuer ou bêcher les Fonds, foit très utile
par-tout Païs , elle ne fauroit avoir lieu ni être efFeéluèe dans des Cam-
DE LA CA M PAG NE.
5t
pagnes fort vafles ; ^car cela expoferoit à des dépenfes exorbitantes ,
quand il s'agiroit d’arranger & de planter des Bofquets & des Plantages
d’allées fort larges & fort longues. C’eft pour cela qu’on fak ordi¬
nairement labourer, avant que de planter ou de femer dans de tels en¬
droits la terre 5 «Sc qu’on la herfe après l’avoir enfemencée à la manière des
•champs. Aux endroits où l’on veut planter de grandes ou de petites
allées 5 on creufe au cordeau & par alignement des rigoles , dans lef-
quelles on plante les jeunes Plants , ou bien , où l’on pofe en ordre les
glands & la femence. ..
CHAPITRE IX.
i '
I >
Comment on amendera les Fonds qui font devenus flérïhsy foit natu¬
rellement^ joît pour avoir trop produit,
Les trois conftitutions fui vantes des Fonds font caufe qu’on doit les
amender & les rendre plus fertiles par le moien de l’engrais , pré-
mierement les Fonds qui font naturellement maigres, grêles & flériles.
En fécond lieu, les Fonds dont les vertus produdrices font épuifées à
force d’avoir produit fans interruption. En troifîème lieu, ceux qu’on
veut forcer à porter plus de fruit , qu’ils n’en peuvent produire natu¬
rellement.
Les prémiers de ces Fonds ne fauroient être rendus fertiles qu’à force
de fraix , parce que cela ne fauroit fe faire par une quantité ordinaire de
fumier, car celui-ci fe confume d’abord par la maigreur de la terre;
deforte qu’ils ne parviendront jamais à un meilleur état, que par le mo¬
yen d’une prodigieufe quantité de fumier.
Les Fonds bien gras , qui ont été épuifés par une culture non inter¬
rompue , deviennent de nouveau fertiles quand on les lailTe quelque
tems en friche , & cela uniquement par la pénétration de l’eau de pluie
& de neige : c’ell ainfi qu’on lit que le Tout-puilTant avoit enjoint aux
Enfans d’ifraël de lailTer la feptième année leurs terres en friche, & de
n’en retirer aucun fruit , que ceux qu’elles avoient produits naturelle¬
ment ; preuve que le repos des terres ne lèrvoit dans ces tems-là à d’au¬
tre ufage , qu’afin que l’air & la pluie eulTent le tems d’y mieux péné¬
trer & de les humeéter. C’eft aufll dans cette vue qu’on a coutume
aujourdhui de brifer les terres, & de remuer les Fonds; c’eft delà que
G Z vient
LES AGREMENS
vient rexprefllon î^iijjer les terres en friche , c’eft pour cela qu’on fatü
le labour à celles qui font laies ou couvertes de moulfe.
On a appris par l’expérience que la fiente des Animaux , & autre»
ordures, font très propres à fumer les champs ; mais on ignore qui en
a été le premier inventeur , du moins on n’en peut parler que par con¬
jecture. Ce qu’il y a de plus vraifemblable, c’eft qu’on en a îtppris l’u-
fage, en voyant que les terres ne fuffifoient pas à produire une qualité
de fruits requife pour la nourriture de la nombreufe fociété des hom¬
mes ; cette fociété ayant befoin d’un grand nombre d’Animaux fervans
les uns au travail , les autres à la nourriture, fe voyant incommodée
par l’infupor table odeur de ces excrémens, s’efl vue obligée de les tranf-
•porter & de les éloigner; ce qu’ayant fait peut-être fur les terres voifî-
nes, elle a appris- ainfi par hazardi à rendre à peu de fraix & très com¬
modément ces terres plus fertiles, qu’en les lailTant en friche tous les
fept ans. Le tems a fait voir encore, que non feulement les excrémens
des Hommes & des Animaux, (excepté les Lièvres, les Lapins, les Üi-
feaux d’eau , dont la fiente a été reconnue anciennement & l’efi: encore
de nos jours, inutile, nuifible aux plantes, comme cela fe peut voir
dans les campagnes où ils fe tiennent), font très propres à fumer, mais
encore plufieurs autres chofes, comme principalement toute forte de corps
pourris (tf), qui pafTent fous le nom de fumier, de même que toute for¬
te d’ordures, du limon, de la boue des pavés, de la cendre des matiè¬
res combuftibles, de la chaux, du falpêtre, du fel ordinaire , &c.
Ces choies communes & de peu de dépenfe font à coup fur incompa¬
rablement meilleures pour fumer les terres, que celles qu’on aquiert, à’
grands fraix, avec beaucoup de peine ,& par l’art de diftiller ou de cal¬
ciner, ce qui a été fort peu connu des Anciens, mais dont les Moder¬
nes difent des merveilles, foutenant que la vertu de produire des fruits
doit prefque entièrement être attribuée au fel qui efi: dans le fumier; ce
qi^ils confirment par des exemples de terres, qui ont été rendues fertiles
uniquement par le moyen du fel, du falpêtre, de la chaux, & des cendres
qu’on y a répandues: mais on demande à ces Inventeurs de nouveautés,
ce qui produit la fertilité dans des terres fur lesquelles on a répandu de
la graiffe de Baleine , comme on a découvert par hazard depuis peu
d’années qu’il efi: bon de le faire fur de certains champs , après avoir
fait brûler & lailTé pourrir cette graifle. On leur demande aulfi pour¬
quoi les Anciens mêloient parmi le falpêtre, de la lie d’Jiuile, & pour
quelle
(a} PLUTARQ.UE daus la Vie de Marias, pag. 417. '■
DE L A C A M P A G N E.
quelle raifon Columelle (a) prétend qu’en fe fervant pour fumer, de l’u¬
rine de fix mois , mêlée avec de la lie d’huile , il ne faut pas qu’on y
trouve du fel parmi.
On a trouvé de plus que la même manière de fumer n’a pas les mê¬
mes effets dans tous les endroits ; enfbrte que cette manière doit être
différente félon la diverfité des qualités des Fonds; car pour rendre fer¬
tiles de certaines terres, il faut y employer du fumier qui contienne plus
de parties falées , acides, fulphureufes, & pour d’autres, au contraire,
du fumier qui renferme plus de parties huileufes: aulfi voit-on que tous
les fruits tirant fur l’amer, comme des choux, de la chicorée de la poi-
rée,de la rue, &c. demandent des parties plus falées, que les raves d’un
goût fort, & que les oignons, &c.
Je trouve en général, lorfque j’examine ceci , que le fel qui ell dans
le uimier ou dans la terre, doit contenir afiez de parties huileufes pour
devenir un favon convenable, dont les humeurs diffoutes parla pluie
caufènt la crue & la fertilité: puis donc que le fumier jauiTi bien que le
favon ordinaire, doit être compofé de femblables parties, on employera
pour rendre fertiles des Fonds gras & huileux par eux-mêmes, du fu¬
mier qui contienne plus de parties falines; & pour ceux qui ne contien¬
nent que peu de parties huileufes , des corps pourris qui contiennent
peu de fel & beaucoup d’huile. Si on veut fuivre cette règle en fu¬
mant la terre, il eft effentiellement néceffaire de bien examiner la na¬
ture des Fonds, pour donner à chacun d’eux la forte de fumier qui leur
eft le plus conv'enable. 11 ne faut pas oublier, malgré tout cela , qu’on
ne doit employer le fumier que comme un moyen qui remédie à ce qui
eft défedueux : car ainfî que trop manger dérange l’eftomac & eft nui-
lible à tout le corps d’une perfonne , de même la trop grande quantité
de fumier peut nuire mortellement aux Plantes : c’elt pourquoi on ne
s’en fervira qu’avec mefiire ; & comme il rend le plus de fervice , quand
il eft placé aux environs des racines des Plantes & des Arbres , on le
couvrira uniquement d’un peu de terre, enforte qu’il ne le puifîe pas
trop delTécher; alors la pluie, à mefure qu’elle tombera deflus, fera dif-
tiller l’eau de favon depuis le haut jufques vers le bas des racines ; ce
qui vaudra infiniment mieux , que de mettre le fumier plus avant en
terre , & de faire ainfi des dépenfes inutiles. Il faut de plus bien obfer-
ver les faifons les plus convenables à la nature des Fonds , & à la diver-
fité
(b) Columelle de V J^riculture , Livre II. Chap. 55.
G 3
LES A GRE ME NS
fité du fumier; car les Vergers, qui ne peuvent pas être bêchés, mais
dans lefquels on eft obligé de mettre le fumier par delTus la terre doi¬
vent, pour bien faire, être fumés dans Tarrière - iàifon avant les pluies
ordinaires de PAutonney afin que les parties de lèl, d'huile, & autres,
qui font nécefiaires , puiiTent mieux pénétrer, par ce moyen avant la ge¬
lée ; car ainfi que le Soleil fait évaporer par la chaleur dans l’Eté les ef-
pries du fumier, de même la gelée le prive des parties qui lui font néceA
làires : que fi dans ce tems on manquoic de fumier pour s’en lèrvir à cet
ufage, on attendra à le faire après la gelée, afin que les pluies du Prin-
tems puifient produire le même effet, qu’on vient d’attribuer à celles de
l’Autonne. 11 eft aulîi effentiellement néceffaire , quand on fume ainfi
les terres par-delTus, que le fumier foit fluide, & facile à fe diiïoudre;
c’eft pourquoi on y employera de la^boufe épaiffe, du limon mince,
&c. afin que leurs humeurs favonneufes , étant plutôt diffoutes , pé¬
nètrent plus vite. Il vaut, .outre cela, encore mieux, ne pas fumer ain^
fi en une fois ces terres , mais le faire à différentes reprilès, & renou-
veller Ibuvent le fumier en petite quantité, parce que le tems fec qui
peut furvenir , foit gelée , fbit chaleur , pourroit faire évaporer les elprits
huileux, falés, acides, ou fulphureux, de cette partie du fumier qui abonde
trop, & qui efi: deffus la terre.
Les Champs potagers, ou qui produifent des légumes, doivent, pour
bien faire , être fumés au commencement du Printems , avant qu’on fè-
me, parce que les Plantes en doivent d’abord être nourries; vu que leurs
fruits, pour la plupart, doivent être mangeables au bout de trois, qua¬
tre , ou cinq mois.
Tous les Fonds refroidis doivent pareillement être fumés dans le Prin¬
tems , parce que dans ce cas le fumier , conlèrvant mieux là chaleur par
la. vertu du Soleil qui augmente tous les jours en force, rendra plus de
fer vice que dans l’Aütonne, fur-tout quand pendant l’Hiver fuivant il
tombe beaucoup de neige, ce qui fait que le fumier pénètre trop avant
en terre ,& ne profite que très peu, à caufe du grand froid. Par la raifon
du contraire on fume dans l’arrière faifbn tous les Fonds lecs & chauds.
11 n’eft jamais à propos de fumer les Fonds pendant l’Eté, car le fu-
' mier doit faire fon effet en fe pouriffant, & en diftillant fes humeurs
favonneufes , ce que la chaleur d’Eté l’empêche de faire en le defféchant
trop. C’ell une règle générale que toute forte de tems pour fumer eft
le plus propre, quand on emploie le fumier dans le fort de fa pouriture;
car plus celui-ci eft converti en terre, plus auifi l’air a difperfé&faitéva-
po-
DE LA CAMPAGNE.
porer fes efprits 5 fes parties faléeSj huileufes & autres: cela n’empêchè
pourtant pas que fouvent le fumier converti en terre , ne foit plus utile
que du fumier plus frais: mais il eft moins bon pour amender des Fonds j
& c’efl; ce dont il s’agit ici.
Les Anciens n’ont pas attribué la pouffe & la fertilité des terres fu*
mées aux humeurs ïavonneufes , qui naiffent du fumier : mais j’ai appris
le contraire par mon expérience, ayant trouvé que les excrémens des A-
nimaux, pris fimplement & fans mélange, ne produifent pas en bien
des occafions des effets aulfi heureux , que quand on les emploie mêlés
avec de la paille ou avec du chaume : & comme chez nous le fumier de
Cheval & de Mouton eft mêlé avec beaucoup de paillé, cela eff caufe,
dans le tems de fa pouriture , qu’il fe fait mn plus grand mélange de par¬
ties huileufes avec les partié? filbtiles de falpêtre, dont ce fumier eft fort
chargé ; ce qui fait auffi que , ce fumier produit chez nous de meilleurs
effets que le leur n’en produifoit chez eux. Ils appelloient auffi fumer
quand ils mêloient avec du fable, leurs Fonds de terre grafre,& de cer¬
tains Fonds de terre blanchâtre , comme auffi quând ils mêloient de la terre
graffe parmi le fable : c’eft ainfi que nous mêlons avec du fable nos Fonds de
terre fort graffe , ou que nous y femons félon leurs qualités , des cendres ou
de la chaux : on mêle auffi nos Fonds de fable avec de la terre fort graffe , &
ce qui vaut encore mieux , avec du limon de terre extrêmement gras.
Je n’ai pas trouvé que faire tremper toutes fortes de femences dans de
l’eau de falpêtre eût dans nos Fonds de terre bien fumés un même effet ;
mais cela en fait un extraordinaire par raport au Blé, puisqu’im feul
grain après avoir trempé pendant vingt-quatre heures dans cette liqueur
mêlée avec de la lie de fîimier de Cheval & d’herbages , m’a rendu foi-
xante-deux épis.
CHAPITRE X.
Be différentes fortes de Fumier,
lE traiterai ici féparément de chaque efpèce de fumier de ce Païs , afin
que chacun puiffé apprendre à en connoître les efféts.
La fiente de Pigeon contient le plus de parties lubtiles falées ou ni-
treufes, & eft de tout le fumier le plus chaud; c’eft-pourquoi il ne faut
pas
LES AGREMENS
pas en faire trop d’ufage, &ne s’en fervir uniquement que lorsqu’on fc-
me; aufli le laifle-t-on tremper dans de Teaii, dans laquelle paflent lès
parties fubtiles & nitreufes , & dont on fe fert enfuite pour arrofer les ar¬
bres & les Fonds. Ce fumier eft très propre pour réchaufer des Fonds
Jtrop refroidis 5 & pour amender ceux qui font plantés de vieux arbres
languilTans: quoique je préfère pour cela du pilTat de Vache dans TAu-
tonne , qui doit être à peine couvert par la terre , & dans les terres enlè-
mencées être introduit par le moyen de la herlè.
La fiente de Poule approche beaucoup de la fiente de Pigeon , lorF
que les Poules ne font nourries qu’avec des grains fecs : elle n’a pas ce¬
pendant autant de parties liibtiles & nitreules , par conféqdent elle efl
moins échaufante; c’eft pourquoi on pourra, lorlqu’on s’en fert, en
mettre un peu davantage, bien entendu que ce nefoit uniquement qu’en
guilè de femence.
La fiente humaine efi très échaufante , & contient beaucoup de par¬
ties fubtiles , làlées ou nitreules : mais de tout le fumier , c’efi: celui qui
fert le moins longtems, quand on l’emploie fîmplement & fans' mélan¬
ge; mais quand, au contraire, on le mêle avec du limon (auquel cas on
l’appelle chez les YLolhnàoisPoort-aarde)^ il produit de très bons effets^
fur-tout lorfque cette compofîtion mêlée avec du fable & de la bouze,
efi: répandue fur des prairies.
L'Urine efi de très peu d’ufiige dans ce Païs , quoique les Anciens
fe fervoient pour les Pommiers & pour les Vignes, d’urine de lix mois,
& mêlée avec de la lie d’huile (a).
Le fumier de Fâche efi, fans mélange de paille ou de fable, fimple-
ment l’excrément des Vaches-, qui tombant dans un réceptacle, s’y mêle
avec leur piffat & s’y ralTemble: tranfporté deux fois la lemaine,& ran¬
gé par monceaux, il fera auiïl parfait dans fon efpèce qu’il peut l’être,
fi on a foin de le tranfi^orter ainfi tel qu’il efi ; mais quand il efi mêlé a-
vec une plus grande quantité de fable , que ces Befiiaux n’en ont befoin
pour fe garantir de la corruption, ou que l’on y ajoute de l’eau, il devien¬
dra plus pefant, & il aura aulTi moins de vertu: & quoique le pilTat de
Vache, étant nitreux , fbit aulfi par cela même fertile, cela n’empêche
pas que les excrémens tout feuls ne foie.it meilleurs; c’efi pour cela
que leurs excrémens pendant l’Autonne , avant qu’elles ne vêlent , font
les meilleurs , parce que ceux du Printems vers la faifon qu’elles vêlent ,
font'
(a) CoLUMELLE^fff V Agriculture y Liv. II. Chap. ij.
LA CAMPAGNE. s?
font plus minces, & par cela même moins bons. Ce fumier de Vache
contenant moins de parties fubtiles & iàlées , mais beaucoup de parties
grades & huileufesjn’eft pas fi échaufant. On s’en fert en Hollande plus
iréquemment que de tout autre fumier, & cela fimplement fans aucun
mélange de paille ; aulfi doit-on s’en fervir préférablement à tout autre
dans tous 'les Fonds arides, fecs, & principalement dans -ceux qui font
lablonneux , parce que la chaleur du Soleil en fait moins évaporer les
parties huileules, ces terres étant fort légères. Le fumier de Vache fait
encore un très bon effet, quand on le répand fur de vieux arbres lan*
guilTans , & fur des branches couvertes de moufle.
Lejumier de Cheval efl employé en Hollande prefque aufli générale¬
ment que le fumier de Vache; non pas cependant d’une manière Ample,
mais mêlée avec de la paille; ce qui enfemble porte le nom de fumier de
Cheval , comme A c’étoit lès excrémens tout purs ; il a moins de parties
huileufes, & plus de nitreufès que le fumier de Vache: il efl outre cela
plus échaufant , & cela encore félon la nourriture , félon que c’efl l’ex¬
crément d’un Cheval entier, d’un Hongre, ou d’une Cavale; les ali-
mens fecs ne contribuant pas feulement à rendre ce fumier plus échau¬
fant, mais même la paille des Chevaux entiers & des Hongres, étant mê¬
lée avec leur fiente &leur piÏÏat, en donnent du meilleur & en plus
grande quantité que 'les Jumens qui piflent par derrière ; deforte que le
meilleur fumier pour prématurer les fruits , efl celui des Chevaux en¬
tiers, nourris avec des alimens fecs, & qui ont toujours eu des litières de
paille fraîche , parmi laquelle enfuite leurs croüins ont été bien mêlés.
Ce fumier frais , & qui n’eft point pourri, fert à fertililèr & a réchaufer
la terre. On le met aufli tout frais dans la- terre dès le commencement
du Prmtems,afin de produire par la chaleur qu’il communique au Fond,
des fruits précoces. Il faut cependant bien remarquer, que le fumier
de Cheval frais, étant naturellement chaud & léger, par la grande
quantité de paille avec laquelle il efl mêlé , efl par cela même le meil¬
leur fumier pour les plus fortes terres grafles refroidies, qui par ce mo¬
yen fe rechaufent beaucoup & deviennent plus légères , enforte que le
Soleil peut mieux y pénétrer. Mais on fe fervira dé fumier de Ciieval
pourri pour fumer des Vergers 6c des Potagers, & principalement pour
des terres légères & fablonneufès, parce que la chaleur en efl déjà dilfl-
pée, & que fes parties fubtiles & nitreufes font devenues plus huileii-
fes. Le meilleur fumier pour cet ufàge efl 'le fumier court ôc pourri de
Cheval; de même que le fumier de Cheval, frais & long, efl aufli le
Partie L H meil-
j3 LESAGREMENS
meilleur pour prématurer les fruits ; quoiqu’il doive toujours être mêlé
avec de la paille, quand on veut l’employer utilement : au -lieu qu’on
iè fert du fumier de Vache tout fîmplement & iàns aucun mélange.
Le fumier de Mouton ell bien plus cliaud que celui dè Cheval, mais
pas fi propre à fertilifer; d’un côté,, parce que les pores de la paille , qui
eft trop brifée , ne retiennent pas enfemble les humeurs qui eaufent la*
grande chaleur, & de l’autre, parce que la paille efi: plus delTéchée &
moins humedtée. Ce fumier contenant plus de parties liibtiles de nitrc
que celui de Cheval, ell plus chaud ; c’efi: -pourquoi on l’emploie en
plus petite quantité.
■ Le fumier de Cochon étoit regardé comme inutile chez les Anciens, à-
caufe de fa chaleur; au* lieu que les Ecrivains modernes lui attribuent une
vertu refroidiflante, & penfent qu’il efi: d’un fort grand iifage dans des
Fonds arides, où les feuilles des arbres jauniflent &: tombent avant la*
faifon ordinaire dans l’Autonne., Je ne fuis nullement étonné de ces qua¬
lités contraires du fumier de Cochon , parce qu’enilollande on nourrit les
Cochons avec de la lavure de tonneaux de bière ou de genèvre , ou a-
vec du petit-lait, ce qui efi: rafraicliiflant, au- lieu qubn. les nourrifibit
chez les Anciens avec des glands , qui font échaufans.
Le Limon la Boue ^ gÿ le Limon mêlé avec delà fiente humaine^ font
préférables, pour fumer,, aux excrémens des Animaux; le prémier é—
tant la graifle de la boue , eft le plus propre pour tous les Fonds languif-
fans , fur-tout pour les fablonneux , qui font aéluellement plantés d’ar¬
bres, ou qui doivent l’être. Qiiand le limon vient du defliis d’un Fond , .
qui n’efi: point fable, il contient aflez de nitre pour, produire, par le mo¬
yen de fes parties huileulès, ime eau fàvonneufe liiffifante,, qui. retient
pendant un grand nombre d’années fa vertu produélrice ,. qm n’efi:"
pas échaufante , vu que lès parties nitreufes font moins fubtilés &plus
huileulès: outre qu’à le confidérer indépendemment de toute autre cho-
lè, il efi; une terre inculte, qui renfèrme toutes les qualités néceflaires
pour produire: on peut fuififamment connoitre fa valeur à lai vue, &
même à rattouchement; car le limon qui eft gras, noir & fans coquilla¬
ges , s’attache fort peu à l’écope quand, on le remue, au-lieu que celui qui
efi: moins gras s’y attache davantage en le remuant, &. devient moins
noir à melùre qu’il fe fèche: encore le meilleur limon ne garde-t-il pas
feulement fa noirceur en fe féchant, mais il efi: aufîi plus doux &.plus gras
à l’attouchement. De tel limon mêlé avec du fable & du fumier de Va-
cJie, répanda enfuite fur des pâturages 6c fur des champs à faucher, efi:
d’un
DE LA CAMPA G N E.
d’un fort grand ufàge , mais il ne iàuroit fèrvir de nourriture aux ar¬
bres; car, par le moyen de ce fumier, l’herbe croît non feulement plus
vigoureufement, mais elle efl aulfi plus nourrilTante, & donne même
au laitage des Beftiaux un goût plus doux & plus gras.
La houe de Lan)é^ compofée de toutes fortes d’ordures , parmi laquel¬
le il y a beaucoup de crotin de Giieval , efl; dans les Païs où il y a peu
de Canaux , un fumier qui approche de la compofitiondu limon & delà
fiente humaine , deforte qu’on l’emploie de la même manière ; mais en
Hollande on ne fauroit regarder comme du fumier la boue des rues, par¬
ce que ces rues font continuellement nétoyées avec l’eau des Canaux,
dans lefquels on jette toutes les ordures, qui s’y transforment en limon.
Les feuilles d'arbres pourries , ^ la pourriture de toute forte de plan-^
tes vertes^ font le fumier le plus naturel pour chaque plante dans Ibn
eipèce ; les feuilles des arbres les plus épailTes & les plus grafles en croif-
lant, fontaufli, loriqu’elles viennent à pourrir, le fumier le plus pré-
deux; par conféquent les; feuilles d’Aunes,<Scaprès elles , celles des Ormes
font les meilleures; de les plùs mauvaises font celles des Tilleuls & des Sau¬
les. Cette verdLîre^& <ces feuilles pourries font une terre fort légère, très
propre pour des plantes qu’on cultive dans des Pots ou fur des Couches.
Le Tan confîfte dans des écorces de petites branches vigoureufes ou
d’arbrilTeaux de Chêne, qui, après avoir fervi à apprêter des peaux, &
lorfqu’il vient d’être tiré de la cuve, eft d’un jaune rouflatre , mais il de¬
vient enfuite noir par fa propre chaleur. Le Tan frais ell le meilleur
moyen pour fertiliièr , confèrvant longtems une chaleur tempérée,
propre pour des plantes qu’on cultive dans des Pots, .& qu’on y enterre
fous des vitres. Il faut avoir foin que le Tan relie humide, & qu’il ne
foit pas couvert par la terre, làns quoi on éteindroit la chaleur, à moins
qu’il ne fut entalfé en grande quantité. 11 ell encore d’un très bon ufage
pour fervir de défenlè contre le froid, pourvu qu’il foit un peu pourri,
& principalement quand on le met liir des Melonnières & des Carreaux
qu’on arrofe à caulè de la chaleur; parce que l’eau, par ce moyen, y
pénètre beaucoup mieux, fans fe perdre par les côtés: de plus à mefure
que le Tan lè confume, il fe transforme en une bonne terre , mais qui
a le défaut d’être fort fujette aux Vers, & d’attirer des Fourmis. '
La mrdure^ui croît dans Veau ell un fumier que les Tourbiers trou¬
vent faire un très bon effet dans leurs Vergers & dans leurs Potagers ; mais
qui n’ell pas à beaucoup près lî bonne dans des terres féches & élevées:
la meilleure, la plus graffe, & celle qui a le plus de lubllance,a par def-
H 2 " fous
6o LESAGREMENS
fous très peu de petites racines vifibles: celle qui a, beaucoup de ces peti-^
tes racines eft appellée verdure d’eau à queue ; cette dernière eft plus
mince, de la figure d’une écaille de poiflbn , elle s’afaifle beaucoup , &
contient très peu de vertu ou de gratire quand on la remue ; de même
que la moufle d’eau qui ne fe confume prefque point, mais qui ne lèrt à
d’autre ufage qu’à couvrir contre la chaleur deflechante du Soleil, les
jeunes arbres nouvellement plantés. Cette verdure cependant produit
des effets furprenans à l’égard des Pois qu’on cultive dans des Fonds bas
& fulpliureux ; mais pour s’en fervir en guifè de fumier dans des terres
plusféches, il faut que cela fe fafle dans l’Autonne, afin que les pluies
en la faifant pourrira la rendent d’un bon ufage.
f
DELA C AMP A G N E.
6i
LIVRE SECOND.
C H A P I T R E L
Rmarques générales concernant la crue des Arbres la mamèrt
de les cultiver,
Avant que de palTer à la manière de cultiver les arbres , & à leurs
différentes efpèces , il efl néceffaire d’avertir que Tinfluence de
Pair fur les Plantes y produit de grandes diverfîtés, félon fa températu¬
re, étant entièrement différent fur des montagnes ,< des terres unies &
découvertes , des vallées , des bois plantés avec des arbres fort ferrés
ou fort éloignés les uns des autres , comme cela efl décrit fort ample¬
ment dans le Cbap. IF, de la fécondé Partie du Livre 1, Qiioique nous
ignorions, quelle di^ofition de particules aériennes efl le plus k reclier-
Æer &.Ie moins nuifible pour nous, il paroit cependant par une expé¬
rience journalière , que toutes les plantes qui croiffent dans des Climats
différens , étant aifeélées par des changemens d’air , de Soleil , de pluie ,
de vent , &c. font du bois plus dur 6c plus vigoureux , quoiqu’elles ne
pouffent pas fi vite : c’efl pour cela que les arbres fruitiers , plantés de
cette manière 3 donnent des fruits plus petits , mais plus agréables , plus
fblides & plus nourriffans , 6c par cela même bien meilleurs que ceux
que portent des arbres qui font placés dans des endroits plus ombragés ,
où l’air efl moins varié, 6c où ils font plus expofés a des rayons reflécliis.
Cela fait voir que toute forte de plantes ont befoin d’un air libre 6c
dégagé, 6c que l’on ne doit défendre l’entrée auvent qu’autant qu’il leur
e(l nuifible par fà violence, line faut pas non plus leur- communiquer ar¬
tificiellement plus -de chaleur, qu’elles n’en- ont befoin pour la maturité
de leurs fruits; ce qui varie félon la^diverfité des fruits, les uns en ayant
plus de befoin , 6c les autres moins. C’efl encore ainfî qu’une plante
croitra beaucoup mieux en plein air qu’une autre , 6c pourra moins fou-
frir les injures du vent ; ce qui fait que les unes pouffent vigoureufement
fur les montagnes, les autres fur des terrains unis, 6c les troifièmes dans
des vallées. Les arbres en général ne veulent pas être plantés dans des
endroitstrop refferréSjOU trop expofés à l’ardeur du boleil;.car après les
H 3 avoir
LES A G R E M È N S
avoir ainfî plantés on trouvera que le bois des arbres iàuvages ne
pas feulement plus mauvais , moins compaéte & moins dur , mais auiTi
qu’il ne vivra pas fi longtems 4 c’ell ce que prouve par-tout pais le bois
planté trop près à près : au-liëu que la même efpèce d’arbres crus dans
un air plus ouvert ^ & .expofés de tous côtés au vent & à la pluie,
vivent beaucoup plus longtems. ' C’efl; aulfi pour cette raifon que les
fruits des arbres de haute tige font meilleurs & plus agréables , que
ceux des arbres nains , parce que ceux des grands arbres font plus
afiédés , & que les humeurs aqueulès montant plus haut , font plus
mêlées & plus changées :: quoique fi les humeurs nécellaires pour
nourrir fuliifamment les fruits , doivent s’élever jufqu’à des branches
trop étendues , ces fruits lèront à coup fûr moins agréables & plus infi-
pides , comme cela iè remarque Ibuvent à des Vignes qui s’étendent
au long &au large, à des Noyers, Pommiers, Poiriers ,& tels autres
arbres fruitiers. Les fruits des arbres nains plantés en plein vent, font
pareillement meilleurs , que ceux qui croilTent contre des cloifons ou des
murailles ; c’eft-pourquoi on ne doit pas planter contre des murailles,
des arbres qui peuvent porter en pleine terre des fruits julqu’k une
parfaite maturité: & Ton ne donnera point aufli plus de chaleur à ceint
qui ont befoin d’être plantés contre ces appuis , afin qu’ils puiïTent por¬
ter leurs fruits jufques à la maturité , qu’autant qu’il leur fera nécelTai-
re. Bien plus les arbres fruitiers plantés en pleine terre ne font pas feu¬
lement meilleurs , mais les herbes & les légumes , & même les fleurs
qu’on feme pendant l’Eté font plus belles ^ ont des couleurs plus vives
&; une odeiu plus agréable , quand elles font ainfi expofées , que lorf
qu’elles croiffent fur des couches, au pied d’une cloifon, ou i Pombre.
Après avoir fait attention k la température de Pair, il faut palTer à la
nature des Fonds dans lelquels on a delTein de planter les arbres : mais
comme nous ne connoiflbns que peu ou point les caufes de ce qui exifi
te , il efl difficile d’indiquer des remèdes propres à empêcher les mala¬
dies des arbres , & la perte des plantes , & cela d’autant plus encore
que quelque bons que paroilTent fou vent les Fonds ., il y a fouvent par¬
mi la terre un mélange pernicieux , qui efl contraire aux propriétés
des plantes qu’on y amifes, qui écliape à nos recherches, ce qui fait
que certaines plantes viennent beaucoup mieux naturellement , que
lorlqu’elles -ont été plantées ou lèmées par les mains des hommes. On
trouve encore que certaines plantes ne croiffent pas d’une même ma¬
nière , quoique plantées dans le même Climat & dans des Fonds qui
pa-
DE. LA CA M P A G N E.
çaroiflent être les' mêmes , &c qui ne font éloignés les uns des autres
que de très peu de lieues : Tune a dans un Fond des parties plus com-
pades & plus étroitement jointes que dans Tautre. Il arrive de plus
que les arbres meurent fubitement, quelquefois aulTi d’une manière len¬
te 5 quoique dans le fort de leur crue ; ou bien que la même choie arri¬
ve annuellement à des rejettons vigoureux,- comme aufli aux branches >
par uneelpècede gangrène, ou une diftillation de gomme;. & cela,
fens qu’ôn puilFe l’attribuer à aucune caufe vilîbler'cela va même lî loin,
que- la^ même elpèce d’ Arbres mourra chaque fois qu’on la* plantera
dans la même place qui a été occupée par ceux qui font morts ; mal-«
gré tous les foins polTibles qu’on a pris pour le prévenir comme de"
toe arracher les vieilles racines , en purger la terre , de faire fouiller la
place fort' profondément , & jufqu’à une grande dillance,la laiiTerexpo-
îée à l’air pendant un long espace de tems , & d’y porter en fuite de la'
terre fraiclie ,• qui n’a jamais fervi ,. au-lieu de celle qu’il y'avoit: tan¬
dis qu’une autre forte d’arbres y plantée au même endroit très négli-*
gemment', y croitra'vigoureulèment~, fans efliiier aucune maladie : on
remarque cependant que la même elpèce d^arbres n’eft plus fu jette à de
telles maladies , pourvu qu’ils foient plantés feulement à une très petite
diftance de l’endroit où les autres font morts; ce qui me fait conclurre
que les Fonds , quoique vdifins , ne contiennent pas également & par¬
tout un mélangé de telles parties contraires.- 11 fe peut pourtant bien,;
que ces maladies viennentde tout autres caufes quinous lbnt inGônnües,fur-
tout quanddes arbres fruitiers ont été entés ou gréfésfur des Sauvageons
qui leur, font contraires; ce qu’on ne fauroittdécouvrir aujourdhui,àcaule
de la manière de cultiver qui eft en ufage puifque la même forte de lè-
mence ne produit pas toujours les mêmes fruits; car les' mêmes pépins
de Pommes & de Poires produiront indifféremment des fruits aigres &
doux,, des fruits d’Eté & d’fliver: il en eft de même des autres fruits,
dont les Sauvageons ont été entés ou gréfés, avant qu’ils ' n’ayent por¬
té des fruits : deforte que, pour en être bien alTuré ,* il faut! avoir vu
leurs fruits avant ce tems-là. Quand il arrive que les cimes , d’ailleurs
vigoureufes , des jeunes arbres meurent on peut quelquefois encore les
fauver, en les tranfplantant à ime petite diftance de l’endroit où ils é-
toient : au-lieu qu’il n’y a plus rien à efpérer. de la^ part' des jeunes ar¬
bres qui diftillent de la gomme, non plus que de ceux qui font fujets à
fe gangréner ; deforte qu’on ne fauroit mieux faire que de les abatre &
de les brûler , & de planter enfuite une autre forte d’arbres à leur pla¬
ce. ' 11
«4 les a g R E M E N s
Il y a encore des arbres de différentes eipèces, qui plantés à la place
d’autres, ne croifTent pas comme il faut, mais qui meurent tout d’un
coup ou en languiflant. C’efl ce qui arrivera , quand on aura planté
un Prunier à l’endroit où il y a eu un Poirier. On voit fou vent que
deux arbres de différentes e^èces , plantés fort près l’un de l’autre, meu¬
rent tous les deux de langueur : on remarque aulfi que l’un d’eux'
meurt, dans le tems que l’autre pouffe comme il faut , quoiqu’ils pouf¬
fent l’un & l’autre vigoureufement : ce qui fait croire qu’ils ont des qua¬
lités reffemblantes ou contraires entre elles : ce que je ne fàurois adop¬
ter, parce que je pofe.en fait que les arbres plantés près l’un de l’autre ,
& qui croiftent vigoureufement , ont des pores de .différente flruc-
ture , qui ont befoin de diverfes fortes de nourriture , & qui la tirent
de la terre, qui dans cet endroit en efl fuffifamment pourvue; que
c’eft-là la raifon pourquoi les Vignes & les Figuiers , les Ormes & les
Saules , plantés près les uns des autres , pouffent fi vigoureufement : ce¬
pendant ceux-ci font réellement contraires entr’eux, quoiqu’on prétende
qu’ils fe reffemblent , -& qu’on dife le contraire des autres. Mais je
crois, lorfqu’il arrive que des arbres plantés à la place d’autres ne pouf¬
fent pas , ou que deux arbres plantés trop près languiffent, ou que l’un
continue de croître & que l’autre meure ; je crois , dis-je , pouvoir démon¬
trer, que les racines de ces arbres ayant une’ même flruéfure de pores,
ont befoin des mêmes parties nourriffantes pour leur liibfiflance : deforte
qu’il n’efl pas étonnant que 4a terre refufè de nourrir un tel arbre, dans
le même endroit ou un arbre de la même efpèce efl mort de langueur,
& qu’on a enfiiite arraché. Ce qui leve auffi la difficulté , c’efl qu’on voit
périr enfemble les deux arbres; car^dans ce cas les parties requifès pour
la nourriture ont été épuifés dans cette terre , ou bien elles n’y ont ja¬
mais été mêlées : ou bien encore la terre n’a pas dans cet endroit des
conduits faits comme il faut pour y retenir les parties qui doivent fèrvir
de nourriture. Il peut arriver aiüfi que les -racines vigoureufès d’un cer¬
tain arbre, tirant à foi de la terre la nourriture requifè, en prive par ce¬
la même celui qui a des racines moins bonnes ; ce qui fait que l’un croî¬
tra à fouhaitjdans le tems que l’autre périra. On n’ignore pas au refie
que l’If, les Aunes & les Saules épuifent extrêmement la terre , ce qui
n’empêche pas que toutes fortes d’autres plantes ne viennent fort vigou¬
reufement dans les Fonds où l’on a détruit ces arbres.
Afin donc que l’on ait le plaifir de voir pouffer toute chofè à fbuhait, ü
faut favoir quelles plantes il efl bon de planter ou de femer dans levoifina-
ge
DE LA CAMPAGNE.
fe ou dans réloignement les unes des autres : il eit très nécelTairc aulîi
e bien connoîcre les Fonds, & de favoir quelles plantes y peuvent croî¬
tre le mieux , & quelles font celles qui n’y viennent pas fi bien ; c’eft à
quoi l’on doit fur-tout bien prendre garde à l’égard des terres gralTes,
marécageulès & làblonneulès , afin que les plantes , chacune félon fon
éfj‘)éce , n’^y croifTent pas feulement d’une manière plus vigoureufe , mais ,
aiilfi qu’elles y produifènt de plus belles fleurs & de meilleurs fruits.
Pour y réuflir, il faut aulîi les planter plus haut ou plus bas, au-delRis
de l’eau 3 chacune félon fa qualité.
Parmi les plantes on en trouve qui viennent naturellement de fémen-
ce , & qui n’ont pas befoin d’être taillées ou tranfplantées ; qui croifTent
même mieux fans aucune culture dans les Bois , que celles que les hom¬
mes cultivent avec tout le foin poflible ; encore dans ce dernier cas, l’igno¬
rance & la négligence feront-elles caufè qu’elles s’abâtardiront davanta¬
ge, quoiqu’on puifTe quelquefois les faire changer à leur avantage. Quand
il arrive que les Pins & les Sapins, qui poufTent naturellement d’une
manière droite & en pointe, vers le haut, aquièrent contre leur natu¬
re & fans être cultivés deux ou trois tiges, on peut, pourvu qu’on s’y
prenne à tems , y remédier par une culture convenable , qui confîfle
arracher les rejettons fuperflus, avant qu’ils ne deviennent ligneux. Il
faut auffi fe conduire , dans tous les cas qui concernent la manière de
cultiver les plantes, de telle façon qu’on n’agifTe pas feulement félon leur
nature & leurs propriétés, mais aulîi qui puifTe nous mener au but qu’on
fo propofè: c’efl-pourquoi on cultivera d’une autre manière les mêmes
arbres qui font deftinés à former des haies tondues , que ceux qui le
font pour du bois de charpente ou à brûler: ce qui étant négligé,on fait
un tort confidérable aux uns & aux autres.
Les arbres fauvages qui font deftinés pour le travail & pour brûler,
fouffrent fouvent beaucoup lorfqu’on les tranfplante ; car il eft très nui-
liblede tranfplanter fouvent les vieux &.les gros, parce qu’à chaque fois
leurs pores fè rétréciffent , ce qui empêche la circulation de la fève: il eft
encore impoffible de les arracher fans nuire aux racines , qui fouvent leur
font nécefTaires 3 & jamais fans rogner leur racine droite: outre que les ra¬
cines font fujettes àfe refTerrer dès le moment qu’elles font expoféesàl’air,
ce qui fait que tant les racines minces que les chevelues ne font plus pror
près à prendre leur crue, & qu’on eft obligé de les couper aulîi bien que
les grolTes racines qui ont été endommagées, fans quoi . elles fe pourif-
fent , ce qui caufe aux racines dont celles-ci font forties , un tort conîidé-
' Fartîe /. 1 ra-
LES AGREMENS
66
râble , retarde la crue , & reflerre davantage les pores du tronc. Com¬
me les branches qui font forties du tronc par delTus la terre , attirent la
fève que les racines leur envoient du Fond; il faut k mehire que ces raci¬
nes ont été coupées & rognées , que les branches latérales d’en-haut le
foient auffi : la blelTure que caufera la taille des racines & des branches
des côtés 5 ne lè guérira cependant pas fans produire de la confufiondans
la difpofition des pores, ce qui fait que la racine droite ne croît plus
dans la fuite übien vers le bas,& qu’elle aquiertplus de racines latérales;
que les arbres ne croilTent pas li fort en pointe , qu’ils ne tiennent pas li
ferme en terre, lorlque cette dernière , étant plus remuée parle vent, lë
fend& expofe les racines à l’air, ce qui empêche leur crue, au-lieu que
fl on les lailToit en leur place, ils ne celFeroient pas de croître égaler
ment. ; .
Il ell cependant k remarquer d’un autre côté, prémierement que les
arbres qui viennent de femence , me font pas toujours d’une même efpè-
ce, puifque la même femence. en produit de différentes fortes, comme
cela paroit par les Chênes, les Hêtres, les Frênes, les Aunes, les Or^
mes, les rilleuls, &c. ce qui fait qu’on doit varier la manière de les
cultiver, & principalement k l’égard de ces efpèces dont la femence pro¬
duit une plus grande variété d’efpèces bâtardes , comme font les Tilleuls
qui ont de petites & mauvaifes feuilles de Bouleau, & les Ormes qui
donnent le plus généralement des feuilles d’Ypreaux fort fines. Après
avoir fait cette découverte , j’ai fini mes recherches fur les efpèces bâtar¬
des des plantes, voyant qu’elles s’augmentent de tems en temsennomr
bre. 11 arrive de l’autre, que les arbres qui pouffent dès racines droites j
& qu’on n’a pas tranfplantés , pénètrent en peu d’années, dans nos
terres baffes , jufques k l’eau , ce qui les fait pourrir. Ayant fait une e-
xaéf e attention a tout cela', je trouve que le meilleur parti qu’il y ait
a prendre, c’eff de tranlplanter & de cuftiveiTes arbres dans les endroits
où ils doivent refter, de la même manière que le font. les Jardiniers: la¬
voir, de prendre, pour tranfplanter,des petits arbres qui font, venus dè
femence, qui ayant été en terre pendant une année, font danslafecon-
de année de leur; crue. Ces Sauvageons, quand on les tranfplante, doi¬
vent être coupés jufques k terre, aiin qu’ils faffent une tige plus droite ,
& que l’année d’après ils pouffent de fortes racines : c’eft ainfî qu’on
traite les Chênes, les .Ormes, les Hêtres, &c. mais on ne coupe point
les Pins , les Sapins, les Aunes, &c. Il faut auffi que les Tilleuls- tranf¬
plantés, lorfqu’ils étoient fort jeunes, foient attachés en droite ligne k
DELAÇA M PAGNE. 6r
une perche pofée en terre ; en prenant bien garde que cette perche foit
poféc du côté de la cavité de la tige , & non pas du côté de là convexi¬
té 9 comme font les ignorans ; ce qif on doit oblèrver généralement à
régard de tous les arbres, qu’on fe propofede faire croître, par la liga¬
ture, droits & fans courbure.
^ Quand on prend, pour transplanter , des arbres qui font plus vieux
& qui ont un plus gros tronc, on trouvera, que reftant plus longcems
fans croître , leurs pores ne lè relTerrent pas feulement davantage , mais
aulTi qu’ils ne poulTent pas des racines alTez fortes pour réfiher à de vio¬
lentes tempêtes; ce qui oblige très Ibuvent à mettre un pilier contre, ce
que bien des gens n’approuvent pas, comme étant nuifible à la crue. J’ai
trouvé cependant qu’un tel arbre croît fort bien ainfi, julqu’à ce qu’il ait
de fortes racines, pourvu que le pilier Ibit fiché en terre à une certaine
diftance , qui permette de mettre de la paille entre l’arbre & lui , pour
empêcher qu’il ne blelTe l’écorce: il faut qu’il Ibit lié avec une forte liga¬
ture, de manière qu’il ne puifle être ébranlé. Mais il' faut toujours prendre
garde que l’arbre ne frotte point contre le pilier, & qu’il ne foit pas fi fort
comprimé, que le tronc même ait de la peine à groirir;car dans ce cas ,
il arriveroit que cette prelfion , empêchant la fève de monter au-defTous
de la ligature le long de l’écorce intérieure , feroit moins grolTir le tronc
dans cet endroit, & davantage au-delfus de la ligature ; au- lieu que fi on
empêche cette preflion, les humeurs circulantes & continuellement agi¬
tées , feront grolTir d’une manière uniforme tout le tronc. On maltrai¬
te encore les arbres làuvages, quand on coupe la branche de la tige; ce
qu’on fait aflez fou vent aux Ormes, aux Ypréaux, aux Chênes, aux Til¬
leuls , aux Peupliers , & autres. Cela caufe dans le tronc une confufion
qui empêche la circulation des humeurs , d’où il arrive que les arbres ne
croiflent pas fi fort en pointe, qu’ils pouffent plus débranchés à couron¬
ne , & qu’ils ne deviennent pas fi grands ; outre cela jamais le bois ne
lè réunit enfemble dans le milieu de l’arbre, à l’endroic où il a été cou¬
pé ; ce qui fait que le bois des vieux arbres ainfi coupés , n’eil jamais fi
fort que celui dont les pores continués en longueur font làns aucune
confufion. Je ne difcon viendrai pas cependant qu’il eft nécelfaire de
couper les branches à couronne de certains vieux arbres, pour les fai¬
re reprendre plutôt, & pour leur faire pouffer des branches nouvelles
avec plus de vigueur ; parce que les racines de tels arbres fort hauts ne
font pas capables de pouffer à une telle élévation la feve ou les parties
nourriffantes , d’où il arriye que les rejettons de leur cime meurent fou-
1 2 ■ vent.
68
LES AGREMENS'
vent, ou du moins, font fort tardifs k croître. Le feul moyen de pré-
cvenir ces inconvénièns, c’eft de mettre à leur place de jeunes rejettons
venus de provins, couchés en terre, ou de femence de deux ou trois
ans , lefquels il faut couper jufqu'’à terre en les tranfplantant.
Les arbres en croilfant font un circuit, il arrive cependant fort rare¬
ment que leur centre foi t celui de ce circuit , parce que leurs pores ou
leurs petits tuyaux font toujours plus ouverts vers le Midi; ce qui fait
aulfi que leur bois n’elt pas fi dur de ce côté que de celui du Nord : on
aura foin, pour cette raifon, en tranlplantant des arbres dont le rejetton
de la tige n’eft pas rogné ni coupé, de les mettre k fégard du Soleil
dans la même expolition , où ils étoient avant qu’on les tirât de terre ,
ce qui les fera croître en moins de tems , & fera auiïi de plus beaux ar¬
bres: (Sc ce qui prouve que cela eh; néceflaire, ce font certains Poiriers ^
Nelliers, Chateigniers , & autres arbres qui font courbés, montrant
par-lk qu’ils ne font pas placés dans une bonne expofition k l’égard du
Soleil , fe portant naturellement k reprendre celle où ils étoient aupa¬
ravant.
Quand on a une fois arraché les arbres fouvages, il faut les tranf^
planter le plutôt poirible;car plus l’air defleche les humeurs des racines,
ce qui reflerre les pores , plus les arbres auront de peine k croître : ü
faut fur-tout bien prendre garde qu’ils ne fe gelent, ce qui les delTéche
encore davantage, & épailfit les humeurs des pores, d’où il arrive
qu’elles font dans la fuite hors d’état de recevoir & de dilperfer les fucs
nécellaires; ce qui eft non feulement nuifible , mais aulîi très fouvent
mortel pour eux,(Sc principalement quand il s’agit d’ Ypréaux, Ceriliers,
& autres.
Pour empêcher que les arbres , qu’on doit recevoir d’un endroit éloi¬
gné, ne fe deflechent ou ne fe gelent, on aura foin d’envelopper les ra¬
cines, (& quand on feroit la même chofe k l’égard du tronc entier, il
n’en fèroit que mieux), de paille, ou de mouffe ; après cela de faire gon¬
fler & étendre dans l’eau leurs racines & les pores relTerrés , avant que de
les mettre en terre ; ce qui ell fur- tout très bon quand les racines ont é-
té tant foit peu gelées. 11 faut de plus couper les racines chevelues, qui
ont été bleflées , & qui ne font bonnes k rien. Les racines qui ne valent
rien , font celles qui n’ayant pas crû comme il faut , fe compriment les
unes les autres, qui ont par enbas des excroifcences , qui font minces , re¬
tirées 5 & noires. C’eft ordinairement en tirant les arbres de terre , qu’on
blelTe les racines. 11 faut bien prendre garde aulfi , en taillant les raci¬
nes ^
D E L A C A M P A G N E. 6^
ncs, que la coupe foit oblique, & cela de telle façon que l’entaille aille
. en enbas dans la terre. Voyez, pour ce qui concerne de plus la ma*
nière de planter & de cultiver les arbres , lé Chapitre V. de ce Livre.
La manière de cultiver les arbres fruitiers & làuvages eft tout- à-fait
différente après qu’ils font plantés : car tout ce qu’on fait à l’égard des
prémiers , c’eft dans l’e^érance d’en retirer des fruits abondans &
agréables ; au - lieu qu’on s’attend de la part des autres à du bois vi¬
goureux & de prix ; c’eft là le principal but qu’on fe propole à l’un
oc à l’autre égard , après quoi fuit la beauté des ornemens fervans à
récréer les yeux , ce qu’on peut bien fe procurer de la part des ar¬
bres fàuvages à couronne , mais non pas toujours de la part des
haies fauvages , ni des arbres fruitiers; éumt plus naturel de fàire plus
d’attention à la fertilité des derniers qu’a leur beauté, &plus à l’orne¬
ment des arbres, qui forment des haies fauvages, qu’à la valeur de
leur bois.
Les arbres fruitiers , qui croiffent avec vigueur & qui ont de bonnes
racines, pouffent plus ou moins de rejettons ligneux, à proportion de
leurs propriétés & de la flruéfure de leurs pores plus ou moins refferrés
pour recevoir les humeurs renfermées 5 & pour les répandre de plus en
plus par- tout. Et comme les apparences des boutons de fleurs ne fè
voient point, qu’après que cette fève ne monte plus fi fort, & qu’elle
ne circule plus en li grande abondance ni fi promptement, il eft nécef-
faire d’arrêter dans leur crue les rejettons ligneux, qui croiffent trop
vigoureufèment , ce qui fe fait en tranfplantant fou vent les arbres,
quand on les ente , qu’on les greffe , & qu’on les taille; c’eft pour cela auft
fi qu’on ne les plante pas dans toute leur vigueur, & qu’on ne coupe
pas leur couronne jufqu’au tronc, afin de modérer par-là la diverfion^des
humeurs & les faire changer. C’eft ce que confirment les arbres qui ont
été entés ou greffés fur un petit tronc de Coignalfier ou d’Epines, vu
qu’ils ont du bois extrêmement compaéle , & beaucoup de petites raci¬
nes menues ; deforte qu’au travers de leurs pores très ferrés il ne paife
pas une li grande quantité d’humeurs, mais elles font plus mêlées; ce
qui les rend bien plus fertiles , mais qui fait auffi que le bois de certaines
efpèces de ces arbres eft frêle, fec, rempli de nœuds, & hors d’état de
produire des fruits. Cela vient donc de ce -qu’ils ne peuvent pas rece¬
voir une jufle quantité d’humeurs pour la produéfion des fruits, leurs po¬
res n’étant pas allez larges : c’eft-pourquoi je desaprouve la coutume
d’enter, de greffer, ou de greffer en approche fur des Coignafliers ou
1 3 des
• LES A G RE M E N S
des Epines, ’a Pexception cependant de quelques efpèces 5 & je préfère
de choifir pour cela, des plants fauvages, qui ont du rapport avec la
qualité du fruit qu’on a deffein ' d’enter delTus : ces plants làuvages
pourront devenir, en les foignant comme il .faut, très fertiles & de
bons arbrés, pourvu qu’on lailTe à leurs humeurs aflez de tems pour pou¬
voir circuler libnsment, jurqu’à ce qu’elles ne puifïent .‘plus s’évaporer
en ü grande quantité, & qu’elles ne foientplus ü minces; ce qu’on pour¬
ra faire pareillement à des arbres qui pouffent des rejettons ligneux fort
vigoureux, ü on les laiffe croître fans les tailler, parce qu’alors leurs hu¬
meurs ne font pas fiTujettes à s’exhaler 5 pouffent par ce moyen des rejet*
tons moins vigoureuxà la vérité, mais meilleurs & en plus grand nombre^
par les côtés, qui deviennent propres k porter des fruits, r Ôc produilènt
des boutons ■ & des feuilles en croix, qui ordinairement fe changent l’an¬
née fuivante en boutons à fleurs. C’eft là la meilleure manière de faire
venir tout naturellement des arbres en pleine terre , pour avoir avec le
tems du bon bois, & des fruits délicieux ; mais on eff obligé de faire
la taille d’Eté aux arbres en efpaliers & aux nains , pour les arrêter par
ce ihoyen dans leur crue, & parce qu’il ne leur convient pas d’avoir des
•jets fi longs & fi difformes. Comme il eft très mauvais de laiffer gran-
‘dir trop fubitement des arbres fruitiers , en laiffant dès le commence¬
ment trop étendre les branches, on doit auffi tenir pour une règle gé¬
nérale , qu’il ne faut faire produire des fruits à un arbre, qu’après
qu’il a du bois vigoureux, car fi on les retarde dans leur crue cela pro¬
duit fouvent de mauvais arbres, frêles, noués, & tout couverts de
•mouffe.
Le Traité des jeunes arbres fauvages à couronne fe trouve dans le
quatrième fuivant, à l’endroit où l’on parle des provins cou¬
chés en terre.
' On ne coupera des' vieux arbres fauvages qui ont un tronc uni, en
-les taillant ordinairement , que les branches gourmandes & telles autres
-qui attirent trop la fève à foi, & empêchent par-là la branche capitale de
la tige de croître comme il faut, parce que la beauté & la valeur des ar¬
bres fauvages confiflent à monter droit, n’ayant qu’un feul jet, d’où
doivent fortir les branches des côtés 5 pendant que ce jet capital conti^
-nue à croître avec vigueur; ce qu’on empêcher oit en le rognant trop,
parce que cela arrête la pouffe , fur-to ut quand on les taille pendant l’E¬
té, '<Sc qu’on en coupe de trop groffes branches. Cela paroi t évidem¬
ment par les haies tondues, qui ne deviennent jamais de gros arbres >
com-
D E A CAMPAGNE.
n
comme aulli par ceux auxquels on a coupé les grolTes branches.
)» 11 faut bien faire attention, quand on coupe les branches gourman¬
des, à la pouffe vigoureufe des arbres & à leur groffeur; car quand ce
font des arbres qui grofliffent beaucoup , il ne faut jamais couper ces
branches près du tronc d’une manière unie, car il arrivé fouvent,en le
faifant ainli, qu’il fe forme à l’endroit de la cicatrice, une cavité qui avan¬
ce vers l’intérieur, & que l’arbre a beaucoup de peine à recouvrir en
grolfiffant. Pour prévenir cela , il faut couper les branches à uO pouce de
largeur du tronc , & couvrir tout d’abord avec quelque forte de graif-
fe la bieffure , ce qui empêche l’introduélion de l’eau & de l’ardeur du
Soleil. - ' ' '
11 paroitpar l’Orme, que chaque branche tire fa nourritureide fa raci¬
ne qui eft fous terre, & que cette racine correfpondante à cette bran¬
che, eft étouffée par la fève, quand on taille cette branche fupérieure;
car en l’abattant, on trouvera que les racines correfpondantes auxgrof-
fes branches coupées font mortes. Cela paroit auffi par les Sapins &
les Pins, qui meurent toujours dès qu’on leur enlève leurs couronnes fu-
périeures; & l’on remarque aufli fou vent la même chofe à de vieux Poi¬
riers, Pommiers, Pêchers, plu fie urs autres arbres.* Il y'a>cepen-
dant dés arbres, qui fe renouvellent au contraire, par cela même qu’on
les prive de leurs branches, qui attirent trop la fève, & qu’ils pouffent
des branches vigoureufes par le tronc, comme on le voit par les Aunes,
les Frênes, les Noizetier s, les Vignes, &c. - < :
Toute forte d’arbVes croiffentdans un certain fens, félon lequel quand
ri font jeunes, ils fe laiffent plier facilement fans fe rompre ; fi on les plie
ou C on les tord contre ce fens , ils le rompent ou s’affolbliffent. C’ell
ce qu’on voit le mieux quand on lie avec de l’Olier, lequel fe rompt,
ou fe détache de lui-même, s’il n’effpas tourné de la gauche à la droite,
félon le cours du Soleil. - fJ. ... • .
Le vieux bois qui n’eff pas fléxible, eft le meilleur pour du gros ou¬
vragé & de' longue durée; mais<Je fléxible vaut' mieux pour réfiffer pen¬
dant un court efpace de téms à de violens efforts, parce qu’il eft élafti-
que, ou bien parce qu’il reprend fa forme après avoir cédé: c’eff-pour-
quoi les Saules plians, de même que les Peupliers, font meilleurs pour
fervir dé défenfe contre -le vent , que les Chênes ou les Hêtres.
C H A-
7î . L E S A G R E M E N S
« •
CHAPITRE II.
[ Des Arbres ^ des Herbes,^ tant fauvages que cultivés^ ^ de leurs
' . ... \ , . genres^ ^e.
LEs Auteurs réduifent les -plantes à quatre genres en général, comme
Arbres, ArbrilTeaux, Epines & Herbes: ils donnent aux trois pré-
miers le nom d’ Arbres, parce qu’ils pouflent plus ou moins de jets folides
de leurs racines: ils appellent le quatrième. Herbes parce qu’elles ne
deviennent pas ü folides 3.&: qu’elles Ont de petites branches^ plus, rnolles ;
mais quoiqu’il y, en ait parmi ces derniers (lelquels toutefois ne parvien¬
nent pas à la même hauteur, ni k la même grolfeur que les autres ar¬
bres)^ qui croilTent de la même manière que les Arbres, les Arbrif-
féaux, & les Epines, il me paroit qu’on devroit les ranger tout au plus
fous deux différentes claffes-, fa voir les Arbres & les Herbes, qu’on peut
divifèr enfuite en plufieurs efpèces, moins générales.
On appelle Arbres , les plantes qui aquièrent naturellernent & dans le
fort de leur pouffe , une ou plufieurs branches folides ; c’eli-pourquoi la
Sauge, leThim, le Romarin & leurs fèmblables font comptés parmi
les arbres.
Les Herbes font ces plantes qui naturellement & dans le fort . de leur
tr lie , ont des branches tendres 5 foibles & molles, qui ne fontpas lig-
neufes, quoiqu’on pourroit en prolongeant artificiellement la vie à plu¬
fieurs d’elles, les faire transformer en bois, comme les Violiers, les
Oeillets, les Fleurs de la pafTion, &c. 11 y en a auffi qui en mourant,
aquièrent une ou plufieurs branches folides, comme les Mauves, les Ar-
tichots , & la plupart des Chardons , lefquels cependant doivent être
tous rangés parmi les herbes & non parmi lesrarbres.
- On diflingue de plus ces deux genres, chacun féparément, en culti¬
vés & fauvages. J’appelle cultivés ceux qui produifent des fruits nour-
riffans 5 agréables au palais, ou rafraichiffans, au nombre defquels je com-
prens aulïl ceux dont des feuilles fervent à affaifonner les mêts& les fau-
ces,* comme, le Laurier, le Romarin, la Sauge, le Tlum,&c. Les fiiu-
vages font ceux qui ne produifent point de tels fruits.
La plupart de ces deux fortes d’arbres cultivés ôc fauvages fè foutien-
nent par eux-mêmes ; il y en a cependant qui ne fè foutenant pas ainfî , .
ram-
DELAÇA M PAGNE. 73
rampent 5 parmi lefqiiels il y en aaiiiïi qui, liés aune perche, montent fort
haut, comme la Vigne parmi les cultivés; parmi les fauvages, le Chè¬
vrefeuille, & comme font toutes les autres fortes de Lière. Les herbes
rampantes & cultivées font les Melons, les Concombres, les Citrouilles
& les Fraifes. Ceux qui croiflent ramés font les Haricots, & les Pois. Il
y en a aulïï parmi les làuvages de plufieurs fortes , qui lè fortifient par
la ligature & qui montent fort haut.
La difdnétion moins générale des Arbres ,eft en Arbres , ArbriiTeaux ,
& Epines.
L’Arbre ell une plante , qui monte naturellement ou avec très peu de
foin en en-haut, par un tronc dur & droit, du moins plus haut qu’un
homme ,& qui s’étend enfiiite par le moyen des branches qu’il pouiFeen
guife de bras en montant. On en trouve parmi ceux-ci qui pouffent
naturellement une feule tige fort droite , d’où fortent les branches des cô¬
tés, comme les Pins, les Sapins, les Cyprès, & les Cedres. On en
trouve d’autres qui deviennent naturellement fort hauts & fort gros ,
mais pas li pointus ; quoiqu’une efpèce pouffe naturellement un tronc
plus haut que l’autre , avant que les branches de la couronne ne fortent
par les côtés : il y en a auffi dont les branches de la couronne s’étendent
plus vers les côtés ou vers en-haut. Les Ormes en font foi , puilque
leur troncs ne croiffent pas fi haut fens pouffer des branches , & que
leurs branches de la couronne croiffent plus vers en-haut, que les Ciié-
nes , qui ont de plus grands troncs , & dont les branches de la couron¬
ne font plus droites aux côtés. On met auffi au nombre des grands ar¬
bres , les Aunes , les Bouleaux , les Frênes fauvages , quoiqu’ils n’aient
pas beaucoup de branches étendues au loin , mais des troncs fort gros ,
& qu’ils ne croiffent pas en hauteur comme les Trembles , les Peupliers ,
les Chênes, les Frênes, les Hêtres, les Ormes, les Ypréaux, les Til¬
leuls, les Chateigners feuvages, les Saules, &c. ^
■ Les Arbriffeaux n’ont pas les troncs fi gros que les arbres : ils ont auf¬
fi fouvent plus d’une branche, parce qu’il en fort fou vent plufieurs de
leurs racines : leurs troncs & leurs branches à couronne font naturellement
ligneux , & vivent fort longtems. On ne doit pas mettre au nombre
de ceux-ci ceux qui relient défeélueux par accident , ou qui par une cul¬
ture particulière relient fort bas & fort minces ; puifque fans cela ils de-
viendroient de fort grands arbres. 1
Les Ronces ou les Epines confillent en plufieurs branches ligneufes ,
qui naiffent de leurs racines , & qui ne s’élèvent que très peu. 11 y en
Tartk L K a
LES AGREMENTS
H
a de deux fortes , qu'mon peut réduire à deux clafles , favoir celles qui vi¬
vent peu 5 ôc celles qui vivent plus longtems. Je mets au nombre des
dernières les Vignes & le Lière : au nombre dés autres les Mûres fauva-
ges & le bois de RegiifTe ; quoiqu’il foit douteux, li ce dernier doit être
mis dans la clafle des arbres.
Plufîeurs de ces Arbres, A liDriffeaux, Epines ou Ronces, le dépouillent
annuellement de leurs feuilles , peu de tems les uns après les autres , &.
d’une manière fort reconnoiflable ; c’eû: ce que font pareillement les ar¬
bres qui n’ont point de feuilles pendant l’Hiver, au-lieu que ceux qui
verdilTent en tout tems , ne les perdent pas d’une manière li vilible &
fl prompte.
Les Herbes font naturellement de même, mais il y a plus de dilFé-
rence entre elles ; y en ayant quelques-unes qui n’ont point de tige on
de ronces , mais uniquement de petites branches longues <Sc garnies de
feuilles qui produilènt les Heurs & la lèmence.
Parmi ces deux genres d’ Arbres «Sj d'Herbes on en trouve qui font
de fexe dilferent, & par conféquent du lèxe mafculiii & féminin; ils
croilTent. cependant pour la plupart les uns & les autres précilèment
de la même manière : c’eR ainlî que tous nos Arbres fruitiers & les
herbes nourrilTantes , qui produilènt des fleurs & des fruits font tout
à la fois de fun & de l’autre fexe. Ces plantes, à ce"" que l’on dit, ne
portent point de fruits à leur maturité,à moins d’avoir reçu de lafemen-
ce virile , laquelle efl; très yilîble dans les queues de Chats ou Emouchet-
tes qui font aux Noizetiers; mais beaucoup moins dans les fleurs mâles,,
qui n’ont pas par deflbus, près de la tige, une tumeur, ou qui ne font
pas prêtes à produire du fruit, & il arrive très fouvent qu’on voit ces
fleurs mâles à d’autres branches qu’a celles où l’on trouve les femelles ou
les fleurs. 11 y a cependant aufli des plantes qui portent les fleurs mâles
fur les mêmes branches des fleurs femelles. Mais je trouve une difficulté
à l’égard de la néceiîlté de cette conjonélion de la feinence virile pour
l’accroiflement des fruits ; favoir que je vois que la fleur du Figuier fo
noue dans l’intérieur du fruit , & que le fruit fort de l’écorce fans aucun
ligne vifible de bouton; dont je puis à mon avis conclurre, que dans ce
cas cette conjondion ne peut pas avoir lieu: il en efl de même des Mûres
qui font beaucoup plus abondantes, quand on n’y apperçoit point d’é-
mouchettes , dans le tems qu’on en trouve à peine aux Mûriers qui en
font fort remplis : qu’il y ait cependant des arbres & des herbes de fexe
mafculin & féminin, cela fe voit aux arbres qui donnent de lafemence,
Gom-
DE- LA CAMPAGNE.
comme les Frênes, les Tilleuls, &c. &c parmi les herbes, au Chanvre ,
au Lin, &auxEpinars, &c.
CHAPITRE ni.
< ■
Du tem$ auquel les Arbres eroljfent £5? virent félon les Saîfons, ^ Qu'une
mauvaije culture £sP um trop grande fertilité peuvent racourcir
leur vie,
. _ , ; - -1 .. <..1: "ü;
LEs Plantes vivent plus ou moins lougtenls à proportion de leurs
propriétés , & de la qualité des Fonds ; leur vie peut être racour-
cie par des caufes connues & inconnues, & ils peuvent aufli être retar¬
dés dans leur crue ; deforte que tout ce qu’on fait pour la fertilité ou
pour l’ornement , eft nuifîble à leur- crue & racourcit leur vie , ce que
produit aulfi la tranfplantation : d’où il arrive que les arbres cultivés
par les hommes croiflent pour la plupart moins bien , & vivent moins
îongtems, que ceux qui viennent naturellement. Du refte, il en elt de
la crue*des plantes & du tems qu’elles vivent, comme des Animaux ,
dont les uns font naturellement plus grands ou plus petits , plus ou
moins vigoureux que les autres.
Les arbres femelles croiffent généralement en moins de tems que les
mâles:; mais ils ont du bois plus mou, gonflé, & ne vivent pas fl long-
tems. Cette dernière chofe efl; caufée par la diflTipation des efprits vi¬
taux , qui vient de leur fertilité & de leurs facultés produârices ; defor¬
te que les arbres les plus fertiles croiflent moins vigoureufement & vi¬
vent moins longtems ; & que les arbres qui croiflent vite & qui ont u-
ne vie vigoureule, meurent plutôt. C’efl: ce que confirment ceux, qui
plantés dans des terrains fort bas , grandiflent en peu de tems , mais
ne vivent que très peu , parce qu’ils font mous , gonflés , aqueux , &c
ou’ils ont des pores fort larges. On verra au contraire, que ceux qui
demandent d’être plantés dans des endroits plus élevés, comme n’ayant
befoin que de peu d’humidité, croiflent moins promptement, mais vi¬
vent pour l’ordinaire plus longtems , par cela même que leurs parties
font plus compactes & leur pores moins grands. Cela n’eft pourtant
pas fans exception ; car les Pins & les Sapins fuffoquent fouvent dans le
fort de leur pouffe 5 par la trop grande abondance de réfine. C’efl: ■ à
K 2 quoi
LES AGREMENS
quoi font aufli expofées plufieiirs autres fortes , fur-tout les arbres qui por¬
tent des fruits à noyau, étant fouvent fort chargés de gomme: on fait
outre cela encore plus de tort aux arbres , donc les humeurs font fujet-
tes à fe condenfer & à fe changer en réfine , en les taillant , & on ra-
courcit plus leur vie, que de ceux dont les humeurs font plus aqueufes
& plus fluides. Cefl pour cela que les Pins & les Sapins languitTent ,
quand on coupe leur tige : & ils meurent encore plutôt fans pouffer des
racines , fi on les coupe plus bas ; au-lieu que les arbres qui contiennent
beaucoup d’humeurs aqueufes , coupés tout près de terre, pouffent géné-
taîement un plus grand nombre de jets par leurs racines. Cefl ainfi que
la Vigne coupée rèz terre, rajeunit & produit de meilleurs fruits: c’efl
cequi arrive auffi aux Grozeillers, qu’on cultive fur des fouches qui pouf¬
fent plufieurs rejettons , dont on en coupe annuellement quelques-uns
près de terre , en en laiffant venir d’autres plus jeunes. On remarque
la même chofe parmi les arbres fauvages , aux Aunes, aux Frênes & aux
Chênes , qui étant coupés rez terre (ce qui fe fait ordinairement tous
les fept ou neuf ans aux prémiers pour en faire du bois de chauffage),
pouffent de nouveau chaque fois avec vigueur. Il faut cependant bien
prendre garde que le tronc qui doit être coupé, nefoit pas trop vieux,
ni hors d’état de repouffer : car fi l’écorce ell trop épaiffe & trop feche,
ou fi la fouche a été trop fouvent' coupée, elle refufe fouvent de re¬
pouffer de jeunes rejettons, parce qu’elle a ceffé de croître.
On ne peut point déterminer le tems auquel les bourgeons, les bou¬
tons, les feuillles, les fleurs, les branches, &c. commencent dans
leurs Saifons a croître ou à paffer, parce que cela dépend de plufieurs
incidens; comme des qualités des Fonds, de la manière plus ou moins
vigoureufe dont les arbres croiflent, & de la difpofition de l’air & du
tems. C’efl ainfi que la crue commence plutôt dans des Printem's a-
vancésj & dure plus longtems dans de Autonnes pluvieufes & chau¬
des: cela produit aufli des plantes plus vigoureufes dans des Fonds
chauds, humides, gras & bien remués , que dans ceux qui font froids,
lècs, durs & grêles. 11 en efl de même quand, pendant l’Eté, les
branches des arbres qui pouffent avec vigueur, grofliffent & s’alon-
gent; car cela eft bien vifible, & plus remarquable aux jeunes arbres
qu’aux vieux. Les bourgeons & les boutons commencent ordinaire¬
ment à pouffer vers la fin de Juin, ou vers le commencement de Juillet',
quoique d’une manière très peu fenfible jufques vers le milieu de Jan¬
vier; mais dès lors ils commencent k fe gonfler beaucoup, continuant
ainfi
DE LA CAMPAGNE.
77
gent en fleurs , en feuilles , & en rejettons à bois : cela n’a cependant
pas lieu dans le même tems à l’égard de toutes fortes de plantes , ni
d’une manière égale & durable : car les unes commencent à poulfer plu¬
tôt 3 les autres plus tard : les unes plus , & les autres moins longtems : il y
en a aulTi qui pouflent à reprifes , après avoir celTé pendant des interva-
les, comme les Pommiers & les Poiriers. La prémière pouffe du bois,
efl pourtant la plus vigoureufe: la fécondé produit ordinairement de foi-
bles rejettons tardifs: la prémière dure pour l’ordinaire jufques vers le
mois de Juin, & la tardive commence avec la mi-juillet; mais les inter-
vales du repos ordinaire & de la prémière crue , qui efl la plus vigou¬
reufe , font racourcis , quand dans le Printems , les arbres font retardés
dans leur pouffe par la piqûre des vers , ou parce que les feuilles font
brûlées' par la foudre ou par des feux folets , auquel cas la fécondé crue
commence plutôt, & produit aulfi des rejettons tardifs plus vigoureux.
i’ai vu dans de tels cas commencer la fécondé pouffe vers la fin de Juin,
.es Pêchers, les Pruniers, les Cerifiers pouffent fans interruption; les
premiers jufques dans le commencement d’Aout, à moins que de jeu¬
nes arbres, qui pouffent fort vigoureufèment, ne fuffent retardés dans
leur pouffe par une féchereffe extraordinaire pendant l’Eté, & par des
chaleurs accompagnées de beaucoup de pluie , ou par une taille d’Eté
hors defaifon, auquel cas ils pouffent quelquefois jufques au mois de
Septembre. D’autres pouffent d’une manière égale & continue , fans
reprifes, depuis que leur crue commence jufques à ce qu’elle finiffe, ce
qui arrive lorfque les feuilles commencent à tomber.
Certains Auteurs difent que la pouffe du bois commence avec le mois
de Septembre, & continue jufques en Février. Si ils entendent par-là
la condenfation des humeurs, enforte qu’elles deviennent un corps plus
folide,je puis en convenir; mais je n’ai jamais remarqué que pendant ce
tems-là les arbres gagnent beaucoup en groffeur, n’ayant trouvé après la
mi-Septembre que peu ou point de changement à cet égard; & quoique
généralement les arbres dont la pouffe commence le plus tard, continuent
ordinairement à croître le plus longtems , comme le prouvent ceux qui
produifènt des fruits d’Hiver, cela fouffre pourtant quelque exception ,
car les Mûriers commencent le plus tard à pouffer, & font des prémiers
à perdre leurs feuilles.
Qiioiqu’on fiippofè que les arbres vivent aufli longtems qu’ils produi-
fent de la verdure, on ne devroit pas cependant leur attribuer une vie
K 3
, plus
LES AGREMENS
7S
plus longue , qu’autant que les arbres fauvages en ont befoln pour pro^
dtiire du bois propre au travail ou au chauffage, & que des arbres francs
produiront du gros & du bon fruit. Suivant ce principe un Chêne , ve¬
nu d’un gland, ne vivra pas au-delà de cent ans, puilqiie même déjaa-
.vant ce terme fon bois commence à fè pourrir; c’ell- pourquoi il vaut
mieux l’abatre après qu’il a atteint quatre-vingt-dix ans, & avant qu’il
foit parvenu à cent Celui de tous les arbres francs qui vit le plus long-
tems , c’eR l’Oranger ; on aflure qu’il y en a eu qui ont pouffé pendant
trois cens , & même pendant quatre cens ans. Les arbres fruitiers vi¬
vent généralement moins longtems que les fauvages ; ceux à couronne
plus longtems que les arbres nains ; & les arbres à haute futaie plus long¬
tems aulii que les Arbriffeaux & les Epines ou les Ronces. Encore les ar¬
bres qui produifent des fruits à pépins, vivent plus longtems que ceux
qui en produifent à noyaux : ceux qui produifent des fruits d’Hiver plus
longtems que ceux qui en produifent d’£té ;& enfin ceux qui produifent
des fruits aigres , plus que ceux qui en portent des doux.
On ne peut pas attribuer au-delà de foixante ans de vie pour le plus
à des Pommiers & des Poiriers en pleine terre, qui font bons & qui pro¬
duifent bien; & cela dépend encore de la manière qu’ils auront été en¬
tés & gréfés; les arbres nains un peu plus que la moitié de ce tems: les
Pruniers quarante: les Pêchers, les Abricotiers, les Coignaffiers vingt
& cinq; les Mérifîers,les Cerifîers , les Griottiers qui ont été gréfés, pro¬
duifent, quand ils font jeunes, le plus de fruits ,& en même tems les plus
agréables à la vue & au goût ; c’efl-pourquoi on détruit ordinairement
ces Vergers vingt-cinq ans après qu’ils ont été plantés.
CHAPITRE IV.
Be la manière de multiplier les Plantes en général t 6? particuliè¬
rement les arbres.
ON peut multiplier les Plantes de quatre manières, dont la prémiè-
re , qui fè fait par la femence , efl la plus générale & la plus na¬
turelle. La fécondé fè fait par l’accroiffement des racines , & ainfi par
des fauvageons de fouche, par des rejettons des côtés, ou par de petits
rejettons adhérens. La troifième de bouture , en mettant en terre une
peti-
DELA CAMP A'G NE,
'79
petite branche coupée , pour hii faire prendre racine. La quatrième
par des marcottes, qui font des branches qu’on apofées en terre ,& qu’on
kifle attachées aux mères-plantes, julqu’à ce qu’elles aient pris des racines
en terre. 11 y a quantité de plantes qui peuvent être multipliées de ces
quatre manières dilFérentes, dont la Vigne fournit un exemple, pou¬
vant être multipliée par, femence , par des faavageons de fouche par
des provins couchés en terre & par bouture; mais comme, félon lana-
ture des plantes , une manière de multiplier eft préférable à l’autre , je
traiterai de chacune en particulier.
lie la multiplication par femence.
Toutes les Plantes, fans en excepter la MoulTe des arbres & les
Champignons , prodiiifent leur femence par le moyen de laquelle
elles peuvent être multipliées: mais on auroit tort de croire, que, parce
que certaines plantes viennent dans différens climats , leur femence ar¬
rive toujours à un tel point de perfeélion , qu’elle ell bonne à produire
de nouveau d’autres plantes ; pareillement que des plantes venues de lè-
mence prodiiifent toujours de pareilles plantes à tous égards, les mêmes
que celles qui ont produit cette femence , & encore moins qu’elles don¬
nent les mêmes fruits. Cette différence fè remarque principalement
dans les arbres, dans les plantes à oignons & autres, &plus particuliè¬
rement encore dans les franches, qui produifent quelquefois, par le
moyen de leur femence, de meilleures, mais le plus fouvent de moindres
fortes : c’efl là la raifon pourquoi la plupart des arbres francs, venus de fe¬
mence, produifent des fruits peu agréables, ce qui oblige très fouvent à
les enter, ou à les gréfer. C’eft encore une chofe fort fingulière que des
pépins de la même forte de Pommes & de Poires produifent des fruits-
peu & fort agréables , doux & aigres , d’Hiver & d’Eté ; que des grains
de raifin blanc il en provienne du noir, & de grains de raifin noir, du
blanc. On voit fouvent arriver'la même chofe aux Noix, car après en
avoir fèmé des meilleures, il en proviendra des doubles, des mauvaifes,
& quelquefois aulTi des petites en bouquets. Tous les Pommiers & Poi¬
riers viennent de femence , excepté les pommes de Paradis , qui viennent
de fàuYageons de fouche & qui après cela , de même que les Mérifiers y
les Orangers amers &: doux, les Limoniers provenus de femence, doi¬
vent être entés , ou gréfés , à caule que la femence produit plufieurs ef-
pèces bâtardes: mais cela ne fe pratique point à l’égard des Noyers, des^
Aman-
80 L E S A G R E M E N S
Amandiers, des Chateigners, leur lèmence jettée en terre prodiii^nt
de bons fruits.
Il en eft précifément de même des arbres fauvages provenus de fe-
mence , que des francs ; car il y a diverfes efpèces de Chêne , de Hêtre ,
de Frêne, d’Aune, de Tilleul, d’Orme, &c. qui font provenus de la
même efpèce de fèmence : on tire auffi de femence , des Cèdres , des
Sapins, des Epines, des Chateigners fauvages, des Pins, des petits
Frênes, & de la Rue, &c.
On peut voir dans le Chap. IIL du Second Livre de la Seconde Far-
//>, de quelle manière il faut s’y prendre pour gagner la femence, la con-
ferver , la femer ; & ce qu’il faut obferver avant que de femer , dans le
tems qu’on feme , & après avoir femé*
De la multiplication par des Sauvageons de Souche.
LEs Sauvageons de fouche donnent ordinairement la même forte
d’arbres & de fruits , que donnoit l’arbre avant qu’il fut enté. 11
en faut cependant excepter les Ypréaux & l’Orme; car il produit par
fes Sauvageons une plus fine elpèce. - Plus on fouhaite de conlèrver la
mère-plante, plus on prend de précautions enféparant les Sauvageons;
car à l’égard des Sauvageons d’une mauvaife plante, lorfqu’ils font fort
nombreux, & que pour vouloir conlèrver cette plante on ne leur lailTe
que peu de racines , on partagera entre ces jeunes Sauvageons les raci¬
nes de la mère-plante, & on les plantera avec elles , quand même cela
feroit mourir cette dernière ; mais quand il s’agit d’une bonne plante
qu’on veut conlèrver, & qui a moins de Sauvageons, on lè fert d’une
pioche bien tranchante, ou de quelque autre outil convenable, pour fé-
parer prudemment les jeunes Sauvageons de la vieille fouche , & fans la
blelTer beaucoup.
Les arbres qui lè multiplient par des Sauvageons de fouche, font les
Trembles & les Peupliers, la Guimauve, les Amandiers , l’Epine vinet-
te, les Framboifes, les Pommes de grenade, les Noizetiers, le Houx,
les Chevre-feuilles , les Cornouillers , les Cerifiers fauvages , lelquels ce¬
pendant on ente ou l’on grefe dans la fuite ; comme aulfi les Pommes
de Paradis, les Lauriers, le Troene, les Mûres, le Bonis, les Pruniers
fur lelquels on peut aulfi enter & gréfer; de plus les Rofîers, la Sauge,
le Thim, le Sureau, les Figuiers, le bois de Regliflè. Parmi les herbes
on multiplie toutes les fortes de fleurs à oignon ou à plante, en déta¬
chant
8c
DELA C A M PAGNE.
pliant les cayeux, ou en réparant les plantes , de même que lesFrailès,
les Artichots, la Ciboulette, les Echalottes, & autres herbes fines pro¬
pres à bien aiTaifonner les Sauces.
f ^
; De la multïpîîcatîon par Bouture,
%
TOiis les arbres qui ne font pas chargés de gomme ou de réfine , peu¬
vent être multipliés par le moyen de branches coupées , lefquelies
étant mifes en terre prennent racine : c’eH pourtant ce qui ne fe prati¬
que, que lorfqu’on fe propofe d’aquerir par-là des plantes plus hâtives
& nieüleures; ou bien loriqu’on ne fauroit abfokiment le faire d’une au¬
tre manière. Les Boutures requièrent , pour bien réuOTir , une chaleur
tempérée, & une humidité railonnable, ce qui leur facilite le moyen
de pouffer des racines. La chaleur & la féchereffe font au contraire
refferrer les pores, & empêchent ainfi les humeurs de circuler; delà vient
que des Boutures miles en terre , dans le Printems , contre des mu¬
railles ou des cloifons fort expofées au Soleil, prendront rarement raci¬
ne, à moins qu’on ne prenne à cet égard les précautions néceffaires, en
couvrant le tour de ces Boutures & en les humeéfant. '
! Les Vignes & toutes les Plantes, venues de Bouture, donnent une
même forte de plante & de fruit, que l’arbre dont la Bouture a été cou¬
pée ; il vaut cependant mieux mettre en terre les bouts de Vignes dans
l’Autonne, que dans le Printems ; comme on a foin de l’indiquer dans le
^Traité des Vignes.
Les Grofeilles, y compris les vertes , prennent aufii de Bouture : on le
lèrt pour cela dans le Printems , du bois d’un an , dont on a auparavant
coupé les petits boutons, julqu’à l’endroit où le bois doit entrer enterre,
& cela afin qu’il faffe moins de Sauvageons de fouche : ceci fe pratique
quand ils font deffinés à de petits arbres en buiffon.
. Le Lière vient des Sauvageons de fouche , mais ceux-ci font pour l’or-
Binaire minces, grêles, ayant des pores fort refferrés; delà vient qu’ils
prennent mieux de Bouture par le moyen de branches d’un an,' grof-
lès, gonflées & pleines de fuc.
On met dans le Printems en terre des bouts de Saules , qui ont
deux ou trois ans , & qui font affilés vers le bas , pour entrer plus avant
& pour refter plus fermes ; des bouts d’Üzier de deux ans , ou par né-
ceffité d’une année même.
Les Tafmins, lesMyrtheSjlesOléandres, les Troènes, les Romarins,
^ Fartie L . ' L ^ les ’
V
82 LESAGREMENS
r ». _
les Ifs 5 les Sabines, prennent pareillement de Bouture!. Ilfaüt âvoir bien*
foin en général, à l’égard des arbres étrangers , que le bois dur guin’efli
pas hâtif à faire des racines 5 foit mis en terre dans l’Autonne, & à l’a¬
bri du froid de l’Hiver, jufques au mois d'Avril, après quoi il faut mettre
fous des vitres, dans du Tan recliaufant, les pots qui contiennent des
plantes d’un bois dur & gonflé.
Parmi les herbes, les Giroflées pourprées & jaunes prennent de Bou¬
ture.
Be la multiplication par des Marcottes ’i ou par des Fr ovins coüchés
en terre.
ON aquiert par des Marcottés, ou par des Provins couchés en terre,
la même forte de fruits, qu’ils produifoient avant que d’être mis cil
terre; mais on ne multiplie pas tant de cette manière, queparfemence
ou par bouture.
La Marcotte des arbres fe fait le mieux dans le Printems , immédia¬
tement avant le tems qu’ils bourgeonnent, lorfqu’il commence à faire
chaud , & que la fève efl montée dans les arbres : on fait à quelques-unS
une petite entaille par deflbus , à l’endroit où la branche doit être
mife en terre, afin que la fève ne monte pas trop fubitement. Il faut
de plus, pour que. le Provin coucJié en terre pouÎTe mieux des racines,
raffurer de façon qu’il Ibit immobile ; & ne faire aucune taille, ni arra¬
cher aucune feuille au bout de la Marcotte , qui fort de terre dés le mo¬
ment qu’elle y a été mife.
Les Lauriers à tige droite fè multiplient ainfî. L’arbre étant coupé tout
près de terre, pouffe dans la même année, fans beaucoup de peine, &
par le foin qu’on pj end d’arracher les rejettons, tandis qu’ils font enco¬
re en boutons, un jet unique, droit & d’une hauteur ralfonnable , dont
on ôte l’écôrce près de terre, de l’épaiffeur d’une paille; après quoi on
lie d’abord autour de cette place dégarnie, un jonc deMofcovie, on cou¬
vre de terre ce jet jufques au-delTus de la ligature, dans laquèlle il pafle
des racines en fort peu de tems : cela fait, on le fépare l’année fuivante
de la mère, qui pouffe alors de nouveau un pareil jet.
Il n’ell: pas poffible de multiplier de femence les Ormes &: les Til¬
leuls, parce que la fèmence d’Orme produit le plus fouvent des Ypréaux,
& celle de Tilleul plufîeurs efpèces fort abâtardies: c’efl-pourquoi oô
• ie fait ordinairement de la manière fuivante. Oa coupe dans le com-
men-
D E . LrÆ : C A M P, A G .N E. S3
mencement du Printems 5 un vieux mais vigoureux arbre, k la hauteur
d’une paume au-deflus de terre, lequel poime encore ordinairement a-
vant la St. Jean, plufîeiirs jets, qui font propres à être mis alors en ter¬
re, & à produire dans cette même année des racines , qu’on peut déta¬
cher l’année fiii vante de leur arbre , & planter féparément ; après quoi
on les coupe près de terre : de cette manière ils feront dans la fuite une
feule tige droite, & cela fans beaucoup de foin. Les petites branches
qu’ils pouiFent par les côtés ne doivent être taillées que la féconde an¬
née, à moins que certaines grolTes branches, nommées brandies gour¬
mandes , ne nuifilTent a la poufle du jet de la tige , auquel cas on coupe¬
ra feulement ces branches , ce qu’on .eil obligé de faire très fouvenc
aux Tilleuls. On pofe du refte en terre près des Ormes, la prémière an¬
née de leur poufle, un pieu, menu & droit, pour y attacher contre
les injures du vent, le jeune jet avec du jonc de Mofeovie, lequel pieu
on ôte l’année fiiîvante. Les Ormes ayant fait aflez de bois pour
réflfter au vent , peuvent naturellement dans la fîiite devenir des ar¬
bres d’un feul tronc, fans qu’il foit befoin de ligature; mais il n’eft pas
aufli affuré que les Tilleuls feront une tige droite; c’efl-pourquoi on les
laifle attachés au pieu plus longtems, par le moyen duquel ils fe dref-
fent.
Les Arborifles ont coutume de couper les Marcottes tranfplantées , k
un grand pied au-deflus de terre, & l’année fuivante de nouveau près
de terre ; ce qui les fait poiifler plus vigoureufement & groflir avec une
feule tige. .
On marcotte les Oeillets au commencement du mois d’Aout. On fait
par deflbus une petite entaille julques k une jointure de la Marcotte,
laquelle on couche au niveau de la terre où eft la plante : on la couvre
enfuite avec une jufte quantité de terre, pour pouvoir réflfter au froid de
l’Hiver & k l’eau de neige ; ce qui vaut mieux que de mettre la Marcot¬
te plus avant *en terre: il faut de plus avoir foin de couper im peu les ex--
trémités des branches.
L 2
en A-
L E s A G R E ME N s
CHAPITRE'* V.
Le la Pépinière^ de la manière de cultiver les arhres.
y ' ' »
SI Ton n’a pas une Pépinière en propre , on n’eft 'jamais afliiré de la
réuffite des arbres qu’on achète, & encore moins fi les fruits répon¬
dront à notre attente , & s’ils feront d’un goût agréable ; car à l’égard des
arbres, ceux qu’on fait venir de loin doivent nécefiairement refter plus
longtems hors de terre avant que d’être tranlplantés , ce qui fait auiïi'
plus deflecher les racines, relTerrer les pores, & retarder en même tems
par-là leur nouvelle pouffe: pendant cet intervalle on ignore, fi les ra-'
cines ne fouffrent pas de la gelée; outre cela les Arborifles, encore moins
leurs Ouvriers, en arrachant ces arbres, ne fe mettent pas fort en peine
s’ils en bleffent les racines ou non: ce qu’on peut entièrement prévenir,
en ayant une Pépinière en propre ; les Sauvageons qu’on a gagnés foi-
même fe trouvant enfuite être tranlplantés dans une terre pareille à cel¬
le où ils ont été d’abord, dans laquelle ils produiront des racines & des
jets plus vigoureux; car l’opinion de ceux qui croyent, qu’un arbre,
tranfplanté d’une mauvaife terre dans une meilleure, poulTera plus vigou-
reufement , eft entièrement contraire à l’expérience , puifque les Plantes
font dans de mauvais Fonds de mauvaifes racines , incapables de pouffer
au deliors de bonnes & de vigoureufes plantes ; le bois d’en-haut étant
grêle, maigre, ayant des tuyaux bouchés, nullement propres à atti¬
rer les humeurs qu’il trouve dans de meilleures terres, & les faire monter
plus haut, ^ce qui l’empêche de croître d’une manière convenable. Un
arbre au contraire , qui eft né dans ime bonne terre, où il a fait de boil-
nes racines & de bon bois , tranfplanté dans une autre bonne terre ,. ne
tardera pas à y croître, & y pouffera avec vigueur. . On dl de plus
affuré^ quand on a une Pépinière en propre, des efpèces de Sauva¬
geons, & des fruits que l’on veut fe procurer; par où l’on ménagé fon
tems & fa bourfe, n’étant pas obligé de tranfplanter , ce qu’il faut fai¬
re quand on a été trompé par un mauvais fruit , ou par une efpèce dif¬
férente de celle qu’on avoit demandée; ce qui n’arrive que trop fouvent,
lorfque l’Arborifte n’a pas la forte d’arbre qu’on defire. Il efl de plus
fafuel chez les Arboriftes, que le Sauvageon, quand on. l’ente, produi-
P
DE LA C AM P A G NE. Ss
îè précif^ment & naturellement la même choie , puifqif il eft incertain
quelle forte de fruit, (doux ou aigre, d’ Hiver ou d’£té),il en provien¬
dra ; outre que les Biiiflbns venus de femence ne s*y entent que la qiia-
■ trième année, ce qui ell auffi caufo que quantité de fruits fort agréables
le perdent, comme préfentement la bonne Poire fucrée, la Bergamot-
te & la Pêche de Zwol & autres, ne fe trouvent plus : car on elt obli¬
gé d’attendre dix , douze & plus d’années , pour avoir des fruits de fe¬
mence, & avant que de pouvoir enter les Sauvageons félon leurs efpè-
ces. Comme donc un Arborifte devroit encore attendre quatre années,
depuis le tems que ces Sauvageons ont été entés , pour pouvoir les ven¬
dre, il n’eft pas à préfomer qu’il eftéétuera jamais cela: il n’attendra pas
iion plus affez longtems pour lavoir fi les Sauvageons de femence don¬
nent des fortes de fruits amendées , parce qu’il s’en trouve très peu de
cet ordre parmi les fauvages qui ont été femés : il n’entera jamais non
plus de nouveau un fruit connu, quand il feroit alTuré que ce fruit en
deviendroit meilleur , d’un côté à caufe de la perte du tems , & de l’au¬
tre parce que cela fait du bois moins précieux; ce qui confoquemment
l’empêcheroit de s’en défaire à des acheteurs ignorans , comme il s’cn
trouve beaucoup , parce que cet amendement ne fe voit pas à l’œil. On
peut cependant, fans mauvaife foi de la part de l’ Arborifte, fe tromper
' à l’égard d’un fruit. Prémierement lorfqu’il a été lui-même trompé tout
le prémier, en recevant de tout autres Entes ou Grefes,que celles qu’il
avoit démandées; car cela ne pouvant point être apperçu extérieure¬
ment au bois, fur-tout à l’égard de plufieurs efpèces étrangères, il arri¬
ve qu’il trompe làns vouloir tromper, & cela d’autant plus qu’il attend
rarement à vendre fos arbres, qu’ils portent du fruit. D’un autre cô¬
té, il fe peut fort bien que, par le labour de la terre ou autres aécidens,
l’ordre des numéro foit troublé & ne s’accorde plus avec les notices
des elpèces qu’on en tient; ce qui efi; caufé quelquefois aufil par des mal¬
intentionnés , qui le font à delfein , & même par des propres Domefti-
ques , fe propoîant par-là de fe venger des correélions qu’on leur a fai¬
tes , quoique bien méritées. Outre cela il arrive encore qu’ils fe laüTent
corrompre à ce fujet par d’autres Arboriftes : c’eft ce qu’on peut éviter
dans une Pépinière en propre, en gardant un regitre par rangs, fans
être obligé d’y planter de petits piquets pour lors entièrement inutiles.
Ayant donc confidéré l’extrême importance d’avoir une Pépinière en
propre, on aura foin de choifîr pour cela un bon Fond de terre, forté-
levé au-deffus de Peau , autour duquel il doit fe trouver une Haie de
L 2 grands
.LES A G R E M E N S :
grands arbres de haute futaie & propres à briièr les v-ents; & comm#,
cette Haie ne doit pas fervir d’ornement ,11 n’efl pas effentiel qu’elle foit
fort près de la maifon. On n’y cultivera pas les arbres à la manière des
Arborifles, qui ne fe propofènt autre chofè que de les vendre à profit;
mais on tâchera d’y aquerir de bons Sauvageons pourtranfplanterj&de
fè procurer divers fruits agréables. C’eft-pourquoi il ne faut pas planter
trop près , mais faire une telle difpofition de la Pépinière , que fon éten¬
due foit proportionnée au nombre des Sauvageons que l’on y veut pla¬
cer; fiippofant qu’on n’entera aucun fruitier, que ceux qu’on juge Vire¬
ment le demander pour l’amendement des fruits ; deforte que les Sauva¬
geons de fèmence doivent y relier , fans être entés , jufqu’à ce qu’ils aient
porté du fruit, à moins que quelqu’un defirant d’avoir des fruits abâtar¬
dis , ne voulût couper d’un Sauvageon de femence , des branches pour
les enter liir la même tige dont elles ont été coupées ; ce qui peut le fai¬
re la quatrième année. C’eft ici le lieu de parler de ce qu’il faut oblèr-
ver pour cultiver des arbres dans la Pépinière, pour en faire en peu de
tems & fans beaucoup de peine des Plants propres pour être entés.
j’ai traité dans le précédent Chapitre de la multiplication de
femence, & des Plantes qui fe multiplient ainfl, mais je traiterai fort
au long dans le IIJ. Chapitre du Jecond Livre de la fécondé Partie^
de ce qui concerne les femences en général , & comment il faut s’y
prendre en lèmant, foit avant, foit pendant, foit après le tems d’enlè-
mencer. Il eft nécelTaire de plus qu’on fâche arranger, à plus ou moins
de diftance, les plantes félon leurs propriétés particulières, & cela tant
en femant qu’en tranfplantant ; comme aulïi le tems qu’il faut les tranf-
planter après avoir été fèmées,&lefquelles, après une pouffe d’une ou de
plufieurs années, foit qu’elles. foient venues de femence, de Marcotte ou
bien de Sauvageons de fouche , doivent être coupées près de terre , pour
croître déformais haut à tige droite, à tronc uni, & avec vigueur, &
pour les rendre plus propres à être entées; ce qui ne demande point d’au¬
tre taille, que celle d’être coupées, dans le tems qu’on ente, à la Iiau-
teur requife. Il efl encore bon de favoir, quelles fortes de plantes croif*
fent mieux, mifes à la place d’autres, & quelles font celles qui n’y
croiffent pas comme il faut. 11 faut avoir foin à cet égard, en général,
de ne pas femer ou planter fuccefTivement dans le même Fond, une
même elpèce: les Cerifiers & les Mérifiers ont befoin du plus long inter¬
valle, car il doit s’écouler au moins dix ans depuis le tems qu’on les
arrachés, jufqu’à ce qu’on puiffe de nouveau femer des noyaux' de Mé-
87
DE LA CAMPAGNE.
rifè dans cette terre, ou bien y planter de petits Cerifiers.
Les Arboriftes fement, pour avoir de Sauvageons de Poirier, des
pépins de la petite Poire St. Nicolas; & pour des Pommiers, des pé¬
pins de la petite Pomme appellée Klapjlaart ; mais ils prennent pour
enter de petits Pommiers, en buiflbn , les Sauvageons de fouche de la
petite Pomme douce de, Paradis, même pour y enter des Pommes ai¬
gres, quoiqu'il y ait aufli des Pommes de Paradis aigres. Les pépins
de Poires ne germent pas fitôt que les pépins de Pommes ; c’eft-pour-
quoi on met dans du fable humide les premiers, k la mi-Novembre, &
ceux-ci à la mi-janvier pour les faire germer, & on les femeenfuite cha¬
cun féparément au commencement d’ Avril : après qu’ils ont fait ainli ii-
ne pouffe d'une année, on affortit l’Autonne lîiivante les précoces, &
après en avoir rogné les tiges on les tranfplante fur des couches , lailfant
ceux qui font plus minces & plus grêles encore un anàleurplacejlkns les
tranfplanter ; & pour lors s’il s’en trouve qui ne font pas de mife, on les
arrache pour les jetter, vu qu’il n’y a rien à attendre de pareilles plan¬
tes fautives. Après que ces petits arbres ont fait fur ces couches une
pouffe d’un an , on les coupe de nouveau tout près de terre , pour faire
avec plus de vigueur luie droite tige, lefquels on ente après deux ans
près de terre , après quoi on les laiffe pouffer encore quatre années dans
ce même endroit , & les Arboriftes les vendent comme des arbres de
mife: mais dans une Pépinière en propre on aura foin de tranfplanter,
après avoir afforti les Sauvageons de îèmence, les petits arbres, k fix
pieds de diÜance l’un de fautre , afin qu’hs puiffent porter du fruit a-
vant qu’on les ente & d’y enter conféqiiemment telle forte de fruit ,
qui ait du rapport avec les propriétés naturelles des Sauvageons.
On ente ou on grefe des Cerifiers fur des Sauvageons de Mérifiers ou
de Cerifiers; ces derniers, comme les Sauvageons de Pommes de Pa¬
radis , devant venir de Sauvageons de fouche , & non pas de noyaux.
On feme les Mérifes avec leurs noyaux, on les tranlplante & on les
coupe aulfi enfemble, de la manière qu’il a été dit des Poiriers & des
Pommiers. L’année fuivante on ente fur leurs jets , & l’on a appris par
expérience, que plus les tiges, fur lefquelles on ente, font minces ,
quoique propres d’ailleurs k cette opération , plus elles prennent facile¬
ment racine, & réulTiffent mieux, au-lieu que cela ell fort incertain à
l’égard des tiges plus greffes : c’efl-pourquoi auffi on a coutume de les
gréfer en approche. Il ne faut pas oublier cependant, qu’il faut févrer
les entes coupées, pendant trois ou quatre fèmaines, parce que celles
4
-LES AGR.EM E-N.S .
qui ont été fraicliement coupées & employées fur le champ, ne prennent:
pas à beaucoup près fi facilement. ‘
Les Pruniers viennent naturellement comme les Cerifiers , & les
petits Pommiers de Paradis , de Sauvageons de louche , fur lefquels on
peut gréfer fur la fin de TEté, ou bien dans le commencement de PAu-
tonne , d’autres Pruniers , Pêchers , Abricotiers , après que dans le Printems
fuivant , ayant été coupés , ils ont pouffé des tiges droites.
Qiiand on tranfplante la prémière année les Noyers, les Amandiers,
les Chateigners, on les expofe au danger de mourir; c’eflpour cela que
les Arboriftes les plantent d’abord fur des couches de trois pieds de lar¬
ge, à dix ou douze pouces les uns des autres, où ils les coupent après
qu’ils ont pouffé pendant deux ou trois ans , & les laiffent pour lors
croître encore trois ou quatre années , avant que de les tranfplanter.
. Après que les Sauvageons , foit de femence , de Souche ou de Mar¬
cottes, ont été plantés, d’un manière convenable, il faut les entrete¬
nir avec foin, les tailler peu ou point les deux prémières années, non
plus que les arbres fruitiers , fi ce n’efl autant qu’il le faut à l’endroit
de l’Ente, laquelle réuflit le mieux tout près de terre ,& cela pour deux
railbns; prémierement parce que la fève fait les plus vigoureux jets
ligneux, près de l’Ente; & en fécond lieu, parce que la laideur d’une
plante à bourlet, fi il s’en trouve à cet endroit, peut être cachée en la
couvrant de terre. 11 faut de plus purger foigneufement la terre de la
Pépinière, des mauvaifes herbes; & pour y mieux réuflir, & avec
moins de peine, ori couvrira la fuperhcie de la terre d’un demi -pouce
de vieux Tan, ce qui empêche les mauvaifes herbes de monter, rend
la terre légère, & tient lieu, lorfqu’il efl pourri, de très bon engra^.
D E L A’ A.M P A G N E.
S9
I- ^ C H A P ï T RE VL
. ■ i \ .
' "De là manière de planter îes Arbres. Cc^ qu'on doit faire amnt
^ après (pu'' ils fini plantés. > . .
- ’ • ' ;I . . - C- ^ ■ K. ' ‘ ' ! .
A Fin que les Arbres puifFent croître comme il faut, il ne fiifEt pas
: que le Fond foit bien fouillé, mais il doit auiïi avoir lefté quel¬
que tems fans être planté, pour lui donner lieu de .s’afïailFer.; après cela
il faut niettre la terre au niveau, & y planter les arbres à une: même
profondeur. Il faut çependant, avant toutes chofes, faire bien atten¬
tion aux propriétés naturelles des arbres qui doivent être plantés., 6c à
Pattente qu’on en aideforte qu’en fait d’arbres fiuvages, on n’en plan¬
tera que des jeunes ; au-lieu que les fruitiers doivent être plus vieux &
d’un bois plus folide, parce que la fertilité provient du mélange des huj-
meurs qui montent en fève. Ils ne doivent pourtant pas être trop vieux,
quand on les plante, ni avoir des pores. trop reflèrrés, parce qu’alors
ils ne fauroient faire de jets propres à porter du fruit, il ne faut pas
non plus planter des arbres couverts de moufTe, & encore moins ceux
dont la moufTe a été ôtée, comme les Arboriftes ont coutume de le fai¬
re à l’égard des vieux arbres qui ont ce défaut, pour les faire paroitre
plus vigoureux; car cette, manière de les nétoyer nuit à l’ècorce Sc
empêche la poufFe. •
11 faut planter,, félon la fituation des Fonds 6c félon les efpèces d’ar¬
bres, foit au Printems, foit en Autonne. En général, on s’abftiendra
de planter dans l’arriere-fàifon des Marcottes ou des Sauvageons de fe-
mence., venus dans la même année, parce qu’ils n’ont pas encore des
racines afFez fortes , puifqu’ils ne contraétent leurs qualités ligneufes que
dans le commencement de Septembre, & cela fucceffivement. jufques
en Février; deforte qu’étant plantés dans le mois de Mars, ils ont plus
6c de meilleures racines pour prendre 6c pour poufFer. Il y a aufïi un
grand nombre d’arbres, plantés dans l’arrière-faifon , dont les racines
moifîfFént & meurent très facilement, fur-tout quand on n’a pas
foin de les comprimer avec de la terre, parce que dans ce cas, elles
prennent fbuvent de l’air, ou fe gelent, ce qui efl encore pire: c’eft
ce qu’on remarque à l’égard des Ypréaux , des Pêchers , des Ceri-
iiers, &c.
. fartie L M On
^ LES AG R E M E N S
. On ne plantera jamais en Autonne dans des Fonds Ixis- & humides ^
parce que les racines y périlTent très fouvent par une trop grande quan¬
tité d’eau, ou par une forte gelée: mais les arbres qui font âgés, &qui
font pourvus d’une quantité lüffifante de racines ligneufes , peuvent ê-
tre plantés en Autonne, dans des Fonds élevés, ou paffablement fecs,
& cela vers la fin du Mois d’Odobre, ou au commencement de No¬
vembre: car alors la terre ell plus ferrée, deforte que le Printems fui-
vant ils croiflent mieux & ne prennent plus d’air : outre que les racines
ligneufes pouffent fouvent des racines qui germent. On peut aufll tranf-
planter fans aucun rifque les arbres en Autonne , parce qu’alors il ref*
te très peu de feve dans le bois fupérieur: c’eft ce que donne à con-
noître la chute des feuilles des arbres, qui ne verdiffent point en Hi¬
ver ; l’affluence des humeurs étant plus grande dans des Fonds fecs,que
dans les humides, moindre dans des plantes à pores fort ferrés, que dans
celles qui les ont plus ouverts; ce qui fait que pour tranfplanter les ar¬
bres on peut les arracher d’un Fond bien plutôt que d’un autre, & qu’on
tranfplante les arbres qui verdiffent en tout tcms, bien plutôt que ceux
qui font fans feuilles pendant l’Hiver.
Dans tous les tems propres à planter, foit au Printems, foi t en Au¬
tonne, on profitera d’un tems fec, lorfque la terre efi: molle, moins
rafiemblée en mottes, 6c plus facile à fouiller; car une terre raffemblée
en mottes, comme cela arrive toujours pendant la pluie ou lorfqu’il y
a de la neige, ne fauroit embraffer comme il faut les racines, ce qui
fait qu’il refie des cavités autour d’elles , qui font extrêmement nuifî-
blés, parce que l’air qui s’y trouve renfermé, les fait moifir pourrir:
outre qu’il arrive aufli que les racines s’y deffèchentjau-lieu d’aitirerde
riiumidité; mais il efi très avantageux qu’il faffe dabord après avoir
planté , une forte & pénétrante pluie , car une telle pluie joint exaéle-
ment la terre avec les racines.
On arrachera avec beaucoup de prudence les arbres qu’on a deffein
de tranfplanter, & on les plantera avec beaucoup de racines, le moins
bleffées ou rompues qu’il fera polfible, ayant foin , lorfqu’il s’agit de les
tirer de fa propre Pépinière, <Sc qu’ils font plantés fort près les uns des
autres, de ne pas les détacher tout-à-fait dans leur circuit, de peur
d’endommager les arbres plantés dans leur voihnage ; deforte qu’après
avoir emporté tout autour du pié un peu de terre , on le découvrira à
moitié, on le détachera, (Sc on l’arrachera infenfîblement avec la màin,
fanS' bleffer les racines. C’efi la meilleure méthode pour conferyer les
DE LA CAMPAGNE.
farines des arbres voifîns, & ne pas les retarder dans leur pouflê. Ceft
à quoi les Arboriftes ne font pas aflez d’attention : il leur importe peu
5iue les racines des arbres voifins Ibient endommagées, parce qu’ils les ar¬
rachent pareillement pour les vendre : deforte que fi on achète de leurs
arbres , on aura grand foin qu’ils conlèrvent' beaucoup de racines.
En traitant dans le Chapitre précédent de la nécelTité d’avoir une Pé¬
pinière en propre , on a compté parmi les avantages qui en réfultent ,
la commodité de pouvoir tranlplanter tout d’un coup les arbres, fans
laifler à l’air &à la gelée le tems d’en delTècher ou d’en corrompre les ra¬
cines : c’eft-pourquoi il efi: néceflaire de planter incelfamment les arbres
^u’on a arrachés, pourvu qu’on ait foin avant tout de bien laveries raci¬
nes avec de l’eau , pour en détacher la terre & les petites mottes qui y
tiennent , comme aufll de faire tremper quelques heures les racines elles-
mêmes dans l’eau, pour les faire gonfler, au cas qu’elles foient deflé-
chées , & de tailler enfuite le bois fupérieur des arbres fruitiers ; on ap¬
pelle chez nous, arbres à haute tige, ceux fous lefqiiels il ne croit ni
herbe ni blé, qui ont cinq pieds de haut; ce qui fuflit pour faire de
bons arbres à haute tige: mais dans les Vergers où il croit de l’herbe,
ou dans les champs , on laifle le tronc de fîx ou de fix pieds & demi. On
efl; revenu des arbres à demi-tige, & l’on ne voit plus perfonne tant foit
peu entendu , qui en plante. La meilleure métliode à l’égard des arbres
nains, pour être plantés en Elpalier,efl:de ne leur laifler qu’un jet, qu’on
coupe tout prè5 de terre, au defliis de l’endroit de l’Ente ou de la Gre-
fe, afin qu’ils pouffent de nouveau une tige droite, d’où fortent de tous
les côtés les branches: on coupe les racines à proportion de la taille dont '
il a été parlé dans le prémier Chapitre de ce Livre ; le refte qui regarde
ia taille fe trouvera dans le Juivant Chapitre VIIL
11 faut prendre pour une règle générale, quant à la manière de piano¬
ter des arbres fruitiers à haute tige , de ne pas cJiôifir pour cela des efl
pèces qui produifènt des fruits extraordinairement gros ; parce qu’étant
extrêmement expofés aux vents, ils tombent & fe bleflent ainfi, en
tombant de haut, aulTi bien que par leur propre poids. 11 ne faut pas
non plus planter des arbres à haute tige, qui ne poiiflent pas des jets
-d’un bois vigoureux , & qui font naturellement des arbres médiocres ,
ou qui font fujets au chancre; fur-tout on ne fe fervirapas de ces derniers
pour des Haies , car une branche gangrénée défigurera entièrement un
arbre planté contre une Muraille , contre une Haie ou une Cloifon. Com¬
me l’on ignore de quelle manière croiflent les arbres fruitiers étrangers
^ M 2 ‘ &
pi ' ■ 'iE'S'ÎA-G'FL-EMÈÎ^S'
\ r * ‘ * »
& inconnu? 5 on y, plantera des ârbresinains, auxquels oh peut faire fànS
rifque la taillé d’Eïé , pour les rèhdre plus hâtifs à porter du fruit.
On ne plantera jamais contre des Murailles ou des Cloifons, qui font
expofées au Nord , & fur-tout quand le côté du Midi dans fon propre Jar¬
din eft planté ; lés fruits pouvant à peine dédommager du travail^Sides dé-
penfes en doux &en Ofier, outre que Ton confurhe par-là la nourriture
jiécefTaire aux arbres plantés dans Texpofition du Midi. Si malgré cela on
vouloit le faire, on plantera pour uvoir plus de chaleur y k racine aufîi
loin qif il eft polfible de la muraille , de telle façon pourtant que Textré-
mité de TElpalier coupé ateigne à la muraille; mais on aura foin, quand
on plante des Efpaliers au Nord contre des Cloifons,,de pofèr lés arbres
perpendiculairement, & leurs racines auffi près de laCloifon qlfil ef pof-
lible, pour recevoir ainfi plus dé chaleur du Midi: on plantera tout aà
contraire au Midi obliquement les arbres , enfbrte que léiirsTacines foient
à une certaine diftance de la doifon, de la même manière -qif il a été
dit tout-k-fiieure des Efpaliers contre des Murailles au Nord ;& afin que
celles-ci lôient moins exjxifées à Tardcur des rayons du Soleilg ori ks
plantera auffi lin peu plus avant en terre. i . • '
Les arbres plantés fiir une fupérficie unie ont befoin que le -Soleil' re-
f haufe leurs racines : ckft-pourquoi il ne faut pas les mettre fi aéànt
en terre, il fiifiit que les racines fupérieures foient couvertes de -deux
pouces de terre: mais il faut bien'diftinguer fi Ton plante dans des Fonds
forts ou légers , marécageux, de Tuf, ou bitumineux ; ou' fi l’on
plante dans l’endroit où fon a arraché,' ou bien où font morts des car-
bres, dont on s’eft contenté uniquement de fouiller profondément les
Toflés. Les Fonds fort fouillés en qiiarré baiffent également , & cela tant
ceux qui font plantés, que ceux qui ne le font point; mais les arbres plan¬
tés dans des folles baifiént uniquement à cet endroit, fans que la terre
qui n’a pas été fouillée s’afîailTe : la même chofo arrive naturellement aux
arbres, à mefure qu’ils grôlfilTent, par leur poids; dans des Fonds lé¬
gers; c’eft-pourquoi on les plantera dans des fo fies plus élevées que le
Fond, &on couvrira le pied de terre: dans peu d’années ces élévations
bailTeront au niveau de terre-, »Se-pour lors les arbres feront plantés
comme il faut. 11 faut de plus couvrir la prémière année ces petites é-
lévations avec quelque forte de moulfe, ou de verdure d’eau, pour les
garantir, de l’ardeur du Soleil ou de la fécherefie; & avoir grand foin
par tout qu’il ne s’introduife jamais aucune de ces verdures fous les raci¬
nes des arbres, parce qu’en le poiirriiTant elles fe ferrent fi fort, que les
D Z L A C A M P A G N E.
P3
;lrbres en peu. d’années fe trouveroient plantés beaucoup’ trop bas. Non
lèulement il eft bon, pour ce qui regarde la manière de planter des ar¬
bres fruîtiers, mais il elt aulli nécelfaire dans les Fonds bas, de mettre
dans de fortes terres grafles, de fable, ou marécageufes , du gravier groF
fier fous leurs racines , & dans des terres légères & poreufes , un morceau
d’une large planche, fur laquelle il fitut mettre^ trois ou quatre pouces
de terre, dans laquelle entrent les racines, car pour lofs la racine prin^
cipale fe trouvant arrêtée par le gravier ou par la planche, fera obligée
de pouffer plus vers le haut des racines latérales..
il faut fouiller avant l’Hiver fort en profondeur &en largeur, la place
:d’où l’on a arraché des arbres , . & fur-tout celle où il en eft mort, & la
laiffer à découvert tout l’Hiver jufques au Printems qu’on vteut planter.;
•auquel teins .011 garnira les foffeS d’une terre fraîche qui n\a jamais fervi,
& on ÿ plantera enfuite une autre efpèce d’arbre, différente de celle
qifon y a arrachée ou bien de ceux qui y font morts-. . " ‘
Avant qu’on retire de la Pépinière les .arbres qu’on doit planter, il
-faut obferver leur.expofition, allnid.e les mettre de la même manière en
les tranfplantant, & l’on fera aulîi enforte que le côté où il y a le plus
de racines , fôit expoféi aux :vents lès plus furieux fi cependant ces deux
cliofès ne-pouvoient pas fùbfifler enfemble, on préférera, quant auxar-
bres fruitiers, la dernière à la prémière.
Suppofant de plus. qu’on ne plantera jamais que dans un bon Fond de
-terre, on n’a aucun befoin de fümicr, qui eft même nuifible aux jeunes
.arbres, mais on garnira les cavités, qui font auprès de leur racines,
d’une bonne & légère terre fablonneufe , qifon aura foin d’y mettre a-
-vec la main : on lecouera aulfi fort doucement ces arbres de bas en haut
, & de haut en bas, afin que les racines fe joignant avec cette légère ter-
ire, il ne refte parmi aucune particule d’air.
On plantera dans de fortes terres gralfes les Poiriers & les Pommiers
. à haute tige , à la diftance de trente-fix pieds , dé telle manière pourtant
qu’au milieu de quatre Poiriers , ou Pommiers à haute tige & à large
couronne, on y en place un cinquième, d’une efpèce differente des
quatre autres; mais celui-ci doit pouffer une plus haute tige & une coi>*
;ronne. moins étendue. On plante dans, des terres plus légères, à la dif¬
tance de trente-deux, trente ou vingt-huit pieds, au milieu defquels on
plante encore en buiffondes Pommiers, Poiriers , Ceriflers , Pruniers,
Abricotiers jMeuriers, Coignafîiers , &c. cela .ne doit fe faire cependant
que jufques k ce que les arbres k haute tige couvrent de leur couronne
- ■ M 3 ' tout
P4. LESAGREM EN S
tout le Fond: car pour lofs on y cultiveroit envainjn’y ayant aucun feuil¬
lage , encore moins de fruits qui puiflent croître jlorfqii’ils font privés d’air
& fiijets a recevoir la pluie goûte à goûte fous les arbres. On plante auf-
li tout d’abord ordinairement dans de fortes terres , parmi les arbres en
buifTon, des Grofeillers, ou autres arbrifleaux qui portent fruit.
Les Pommiers & les Poiriers à haute tige, pourvu qu’on en coupe les
couronnes , ne fe relTentent pas du vent ; & comme leurs racines s’affer-
miflent , à mefure que leurs branches croiflent , il eft fort rarement né-
ceflaire de les appuier d’un pilier; mais quand cela eft néceflaire, il faut
avoir grand foin qu’il ne frotte en aucim endroit , & qu’il ne blefle ; &
c’eft pour cela qu’on le placera à une certaine diftance, garni de paille
à l’endroit de la ligature.
. Si l’on a deflein de planter autour d’un Verger , pourfervir de répa¬
ration ou d’ornement, une Haie tondue , d’Epine , deHoux,d’If ou de
Troene, &c. il faut du moins qu’elle foit à fix pieds de diftance des
bords de l’eau, afin que ces bords ne foient pas endommagés par le tra¬
vail qu’on eft obligé de faire à la Haie, pour la tondre & pour l’entrete¬
nir.
Pour ce qui regarde encore la diftance des Eipaliers, foit en Haie,
foit contre des Murailles ou contre des Cloifons , comme aulTi ce qu’on
doit faire en plantant des arbres en buiflbn &en plein vent; voyez l’en¬
droit où l’on traite de chaque efpèce en particulier. J’ai montré pareille¬
ment dans le fécond Chapitre du prémier Livre ^ que les arbres fauva-
ges doivent être plantés félon leurs efpèces , plus ou moins près les
uns des autres , & chaque efpèce enfemble fans aucun mélange.
Pour hâter la pouffe des arbres plantés , on aura grand foin de pur¬
ger la terre des mauvaifes herbes , & de brifèr de tems en tems les Fonds
de terre graffe, en prenant bien garde de ne pas bleffer les racines; &
cela non feulement afin que. les rayons du Soleil puiffent les rechauf¬
fer d’une manière égale, mais auffi afin que les arbres (la fuperficie é-
tant rendue plus douce & plus légère par ce moyen) y puiffent pouffer
de meilleures racines. Rien n’eft au relie plus pernicieux, que de re-
hauffer la terre autour du tronc avec les feuilles qui en font tombées,
parce que cela y produit une fermentation qui corrompt l’écorce; étant
même infiniment meilleur & plus utile , de déchaüffer tout autour vers
l’Hiver les troncs des vieux arbres, afin de rendre, par le moyen de l’air
de la neige & de la pluie, les racines fupérieures qui font découvertes,
plus fertiles, & de les faire pouffer plus vigoureufementr
CHÂ-
t
DE LA CAMPAGNE
P?
CHAPITRE VIL
De la manière tenter ^ ie gréfer^ £5? de gréfer en approche.
ON ente, on grefe , & grefe en approche , afin que les Sauva¬
geons, qui ne portent que des fruits fàuvages, en produifent de
plus gros, de meilleurs & de plus agréables, & pour en avoir parce mo¬
yen de différentes fortes: outre que cela produit aufli plus de fertilité;
vu que la fève arrêtée dans fa circulation par TEnte & par le mélange des^
pores, fè mêle aufli beaucoup mieux. Cette fève peut, au refte, être
aulîi trop arrêtée dans fa circulation; car elle ne monte pas fiiffifamment,
ni comme il faut , s’il arrive que la confufion efi: trop grande , ou que
les pores font trop refferrés; ce qui rend le bois grêle, maigre & incapa¬
ble de produire de bons fruits. C’eft ce qui arrive quand on ente fur des
Sauvageons contraires à la nature del’Ente, à peine prennent-ils; & la
même chofe arrive pareillement à toutes fortes de fruits, dont on ente ou
dont on grefe trop fouvent les arbres. 11 y a des perfonnes qui croient
qu’en coupant les fortes racines des Sauvageons abâtardis , & par la taille
des racines en général, on peut les rendre plus francs, & leur faire pro¬
duire de meilleurs fruits ; mais c’eft ce que je n’ai jamais pu vérifier : je
crois au contraire , que ceux qui proviennent de femence , fans être en¬
tés, produifent par le moyen de la taille des racines, de bons & d’a¬
gréables fruits, en produiroient, fans cette taille, de la même efpèce;
car c’eft ainfî que toutes les différentes e^èces font venues de femence.
Les Anciens ont jugé qu’il étoit néceflaire, pour faire réuffir les En¬
tes ou les Grefes , que les écorces des Entes, & celles des Sauvageons fiir
lefquels il s’agiffoit d’enter, fuffent d’une même ftrudure, comme on peut
le voir àmsColimieïle de re ruJlicaLib.V.Cap. 10. mais je fuis furprisque
répétant la même chofe dans le XXFL Cbap. de jdrhorihus^ il foit oppo-
fé dans le XXVIL Cbap. à ce fentiment conftant & général des Anciens,
Mon expérience ne demande pas feulement dans ce cas une convenance
entre les écorces, mais auffi qu’il n’y ait aucune contrariété dans la na¬
ture des plants , qu’on doit enter ou grefer ; car lorfque cela arrive par
hazard, l’Ente ou la Grefe ne prendra point, ou fera un arbre fort noué,
qui dans la fuite périt infenfiblement, fans produire de bons & d’agréa-
96 L E S A G R E M ENS : . ^
blés fruits. Cefl pour cela même que je deraprouvc tout-k-falt ces mo¬
des Ongulières d’enter des Pommes fur des Poires , “comme aulfi fur de5>
Meuriers, fur des Vignes, des Noyers, des Saules , &c. confidérant mê¬
me comme une pure fable, ce que Pline (Sc d’autres dilènt, favoir
qu’ils ont vu un lèiil & même arbre produire en même tems des Pom¬
mes, des Poires, des Pêches, des Railins, & des Noix. .v. ' .
J’ai dit, en traitant dans le V Cbap. de ce Livre ^ de la Pépinière,
qu’il èft très peu fur que les Arboriftes .fe fervent de bons. Sauvageons
qui ne font pas naturellement contraires entr’eux, & qu’à caufe de cela
je jugeois qu’il étoit très effentiel d’avoir une Pépinière en propre.
Cette difconvenance des Sauvageons entre: eux, quoique plus ■ ou
moins grande, n’eft pas toujours extérieurement viüble^ car Texpérien-
ce apprend , qu’il y en a qui fe reffemblenti extériéurement , & qui ce¬
pendant ne prennent point, ou bien difficilement, après les avoir en¬
tés ou gréfés, 6c qui dans la fuite ne poulTant que très peu, font un
arbre fort maigre & fort grêle : tandis que la grefè des autres , à mefure
qu’elle pouffe, groffit davantage que le tronc, ou fait groflir ce tronc à
proportion de là propre groffeur. C’eft ce qui arrive aux Limonniers , 65
encore plus aux Citronniers gréfés fur des Orangers, ou bien à des O-
rangers Eir des Limonniers, comme auffi aux Pommes douces entées fur
des aigres, ou bien aux aigres fur des douces. Afin donc de cultiver a-
vec fuccès des fruits à pépins, on n’ente ou on ne grefepas feulement des
Pommes fur des Pommes & des Poires liu* des Poires; mais aulfi de
l’aigre ffir de l’aigre, & du doux fur du doux; du fruit d’Eté fur du fruit
d’Eté, & du fruit d’Hiver fur du fruit d’Hiver; du fruit qui a beaucoup
d’eau fur celui qui en a pareillement beaucoup, 6c du fondant 6c du
caffant chacun fur fon elpèce. <
11 en eft tout autrement des fruits à noyau ; car on ne les grefe point
fur la mêmeefpècede Sauvageons, parce que dans ce cas ilsprendroient
fort difficilement : c’eft pour cela qu’on ne grefe jamais des Abricots fur
des Sauvageons de cette elpèce venus de noyaux, mais fur des Sauva¬
geons de louche de Pruniers, ou bien de Sauvageons venus de noyaux de
Prunes. On grefe pareillement avec beaucoup plus de fuccès dans ce
Païs furies petites Prunes bleuâtres , les Pêches, qu’on grefe en France
lür des Amandes; étant certain par l’expérience, que l’écorce des Pê-
chers elf contraire à l’écorce des gros Pruniers blancs, fur lesquels ils ne
prennent point ou difficilement. Ces Sauvageons de foiiçhe font au
con-
* HilL Nat. Lib. XVH. Cap. 18..
DE LA CAMPAGNE.
contraire les plus naturelles pour la Grefe d’AbricotSjau-lieu que les Sau¬
vageons de fouche de la petite Prune bleuâtre ne s’accordent pas enlèm-
ble. Il s’enfuit de ces qualités contraires & femblables , qu’il ne faut jamais
gréfer des Pêches fur des Sauvageons de fouche de Pruniers , fur lesquels
on a gréfé des Abricots ; ce qui le pratique cependant par des ignorans ,
qui apprennent alors trop tard, que le Pêcher gréfé fur l’Abricotier,
ou l’Abricotier hir lequel ell gréfé la Pêche, périt, & qu’il pouffe des jets
par les racines. On peut cependant, pour rendre plus précoces & plus
fertiles des Pêchers, les gréfer llir des Abricotiers gréfés auparavant fur
des Pruniers , quoiqu’à cet égard il y ait grande différence dans les ef
-pèces: car fi on lè fervoit pour cet ufage ae l’Abricot blanc, on trouvc-
roit qu’il ne croîtroit que peu ou point; c’eft-pourquoi on y employera
•Je petit Abricot tiqueté,
Il faut auffi, quand on ente ou qu’on grefe dans des Saifons conve-
inables , faire attention au tems. On n’entera & on ne gréfera point en
•approche , & lür-tout on ne gréfera point lorfqu’il fait du brouillard ou
de la pluie , parce que la moindre humidité qui s’introduit entre le bois
l’écorce, fait mourir la Grefe. Rien cependant n’eft plus convena¬
ble pour cela qu’une année pluvieufe, pourvu que pour l’opération on
profite d’un tems fec ; & c’eft aufil pour cela que dans des Etés fort lècs,
on arrofè quelquefois les Sauvageons, fur lefquels on doit gréfer. Mais
-le tems le plus propre à cette opération , eft un tems fec & chaud ; &
•plus on le fait promptement, pourvu cependant qu’on ne précipite rien,
’ .mieux il en eff , afin que la petite écorce n’ait pas le tems de fe deffé-
-cher dans la main.
Les Outils dont on fe fert, pour enter, gréfer, & gréfer en appro¬
che, font de petits Cifeaiix, une petite Scie bandée, de petits Gréfoirs,
qui doivent être bien nets & bien affilés.
Comme il faut avoir grand foin de tenir entièrement à l’abri de l’air
ce qui a été enté , gréfé, & gréfé en approche , & empêcher que l’eau n’y
pénètre, on enduira la Grefe de jonc de Mofcovie,& on couvrira bien
exaélement avec de la cire par le liant & par les côtés, les jointures du
Sauvageon à l’endroit où il aura été gréfé. On peut fe fervir pour ce¬
la, à peu de fraix & fur le champ, du fuif indiqué ci-après: celui dont
on fe fert pendant l’Hiver, eft compofé de quatre livres de la meilleure.
Corée bien fondue & bien mêlée avec une demi-livre d’huile de navette ;
mais comme celui dont on fe fert en Autonne doit avoir plus de confîf
tance, on prend alors fur les quatre livres de Corée, trois huitièmes d’u-
fartie L N ne
pS LESAGREMENS
ne livre d’Iiuile de navette , & cela afin que la chaleur du Soleil ne lô'
fafle pas fondre & diililler fi facilement. On doit bien prendre garde,
au refte , quand on fond & quand on mêle ce fuif, qu’il ne caufe quel¬
que incendie, étant fort fujet à monter lorfqu’il eft îlir le feu ; c’eft-pour-
quoi l’on aura foin de ne pas le faire bouillir fur un feu à grande flam¬
me , & de ne pas le perdre un feul moment de vue; un petit pot de mé¬
tal ou de fer , efl beaucoup moins dangereux qu’un de terre ; ainfi l’on
fera bien de s’en fervir préférablement : on en mettra après cela chaque
fois autant qu’on en aura befoin dans un petit poêlon de cuivre à queue:
on le fera. chauffer à une chaleur tempérée, & on en graiffera l’entaille
avec un pinceau ; car étant trop chaud , il feroit retirer l’écorce tout au¬
tour de la fente, & cauferoit par cela même un grand inconvénient au
bourlet. J’ai appris par mon expérience que c’eft là le meilleur fuif, &
qu’il n’efl point du tout nuifîble , commue l’efl fouvent celui qui efl com-
, pofé de poix, & principalement en l’appliquant aux Cerifîers & aux
Poiriers , lefquels il rend, par defllis & à côté de la fente, fujets à de pe¬
tits chancres , & les fait mourir par la cime.
Ayant traité ainfi en général de la manière d’enter, gréfer, & gré-
fer en approche , je pafle à chacune de ces chofes en particulier.
On nomme proprement enter, ce qui fè pratique, quand on intro¬
duit dans une fente faite dans le bois , un rejetton d’un an , coupé d’un
autre arbre fruitier, les rejettons d’un an propres à porter étant les meil¬
leurs pour cela. C’efl; ce qui fc pratique aiijourdhui à l’égard des Pom¬
miers & des Poiriers à haute tige , de même qu’à l’égard deS jeunes Ce-
rifiers & Mérifîers. L’on entoit pareillement autrefois de vieux Mé-
rifiers & Cerifiers , comme auffi de vieux Pruniers à haute tige : mais
comme l’écorce des vieux arbres efl trop fèche, & que la prémière (fe
ces écorces eft fujette à tomber, il efl très peu fur de réiiffir quand on
les ente,& ils prendront rarement ; c’eft-pourquoi la Grefe en approche
leur efl beaucoup plus convenable, & réuflit aufll paffablement à leur
égard.
Le tems le plus propre pour enter , eft avant que les arbres montent
en fève; c’efl pour cela qu’on entera les Cerifîers immédiatement avant
le mois de Mars, ou au commencement de ce mois: enfliite les Poiriers
à la mi-Mars, ou un peu plus tard; & les Pommiers, dont la fève efl
plus tardive, vers la fin de Mars ou au commencement d’ Avril. Mais
il faut avoir foin de mettre pendant quelque tems dans un endroit fec,
pour lesy févrer avant que de s’en fervir, les rejettons coupés fur-tout
ceux
DE LA CAMPAGNE.
CjCUx de Cerifîers & de Poiriers ; delbrte qu’il faudra couper vers la fin de
Janvier les rejettons de Cerifîers, ou au commencement de Février , &
ceux de Poiriers depuis le commencement de Février jufqu’au milieu de
ce mois : cependant le lieu defîiiné pour févrer ces rejettons ne doit pas
être trop fec; car ils s’y delTécheroient entièrement; ce qui fe manifefte
quand la prémière écorce efî; toute retirée ; quoique quand l’entaille du
bois refte blanche , il arrive encore quelquefois que les Entes prennent.
On avoit ci-devant coutume de conlèrver dans des Caves , pour les fé¬
vrer, les Entes, & cela afin qu’elles ne fe deflechaflent pas; mais l’expé¬
rience a fait voir, que toute humidité efî: nuifîble aux Entes , & même
mortelle, quand elle efî; trop grande ; ce qui fe peut voir à la couleur
rouflatre que prend le bois à l’endroit de l’entaille , ce qui l’empêche aul-
11 abfolument de prendre. On avoit de plus coutume , d’enter en Jan¬
vier les Cerifîers , ce qui leur tenoit lieu du befoin d’être févrés , puif.
qu’ils n’étoient pas encore alTez en leve ; ce qui fe pratiquoit aufîi à l’é¬
gard des Poiriers qu’on entoit en Février, & dont alors on ne févroit
point les Entes.
Pour réufîir par conféquent à fouirait dans la manière d’enter , il faut
avoir foin de couper dans le même tems les Sauvageons de Pépins,
plantés avec ordre dans la Pépinière, '& cela afin qu’ils pouffent égale¬
ment fans s’incommoder les uns les autres. On coupera pour cet effet, les
petits Sauvageons en talus, à deux ou trois pouces au-deffus de terre ,&
l’on émouffera enfuite un peu le côté tranchant , pour y pouvoir mieux
pofer l’Ente ; & quand les Sauvageons font affez gros , pour que l’on
puiffe y en pofer deux, on le fera toujours, quoiqu’on doive fe propo-
fer de n’en l’aiffer qu’une; car lorfqu’elles viendroient à groffîr, il pour-
roit arriver qu’elles périroient l’une & l’autre. On aura foin de plus,
puifqu’on peut choifîr entre ces deux Entes , de confèrver celui des ar^
bres entés haut , qui ont le dos tourné du côté des vents les plus nuifi-
blés; & découper l’autre en talus avec un Cifeau, après une pouffe de
deux années.
La coupe étant faite , on fend prudemment vers le milieu à la pro¬
fondeur de deux ou de trois pouces , le tronc ou la branche , en prenant
bien garde de ne pas féparer le moins du monde le bois de l’écorce:
c’eftce qu’on peut faire fort commodément par le moyen d’une Serpette
commune & droite, quant aux jeunes arbres; mais quand il s’agit de
gros troncs ou de groffes branches , il faut y employer une Serpette à
longue queue; la longueur de cette Serpette doit être de trois pouces,
N 2 cl-
ICO
•L E s A G R E M E N s
elle doit avoir un dos épais; <Sc afin que la fente ne iè fafle pas plus
grande que cela ell requis, il faut avoir foin de ne pas mettre fur le mi*
lieu de la branche ou du tronc, la Serpette droite, mais un peu obIi*‘
quement: on introduit enlliite dans la fente un Coin de fer ou de quel*
que autre matière, afin de la tenir ouverte, après quoi on' coupe avec
un petit Couteau bien affilé, les menus filamens de l’écorce & du bois
même , autant que cela ell nécelTaire ; car à proportion de l’épailTeur du
tronc ou de la branche, il faut en couper des deux côtés le bois, félon la
forme de l’Ente, afin que l’Ente introduite dans la fente, après en avoir
retiré le Coin, ne foit pas trop comprimée. D’un autre côté, il ne faut
pas aulfi qu’on en retranche trop de bois ; car dans ce cas l’écorce do
l’Ente ne pourroit jamais fe joindre avec l’écorce intérieure de l’arbre ;
ce qui étant fait bien à propos, ell le vrai moyen de faire prendre les
Entes fur de vieux & de gros arbres ou branches. Qiiand donc on a
coupé uniment le bois & l’écorce jlàns y lailTer aucun filament , on reti¬
re le Coin, & on coupe auffi des deux côtés uniment le bois & l’écorce
de l’Ente, félon la forme du tronc, (on doit cependant y lailTer autant
de bois qu’il ell polîlble, pourvu que l’écorce confier ve allez de fiuperfi-
cie pour pouvoir le réunir avec celle de l’arbre), on l’y introduit de ma¬
nière qu’elle fioit droite & fixe , & que fion écorce paroilTe être réunie
avec celle de l’arbre même. Il y a des Jardiniers, qui ne retirent le-
Coin qu’après cette opération , s’imaginant que l’Ente étant tant Ibit
peu comprimée, prendra plutôt. Pour moi, je fuis d’avis qu’jl vaut
mieux le retirer avant cela , pourvu qu’on fioit alTuré que la prelfion né
fera pas trop forte; mais dans ce cas il faut fur-tout que l’Ente foit po-
fée d’une manière bien fixe , afin que les deux côtés touchent l’écor¬
ce de l’arbre, fans être plus en dehors ou en dedans: après cela on lié
avec une petite écorce d’arbre, préparée pour cela, la fente entre les'
deux Entes, afin que le fiuif dont on l’enduit, ne pénètre pas dans
le bois de la fente; ce qui k la vérité n’y feroit pas grand mal, mais qui
pourtant y efit inutile.
Après avoir ainfi pofié & Ibigné comme il faut les Entes, on tâchera
de les aider à prendre , & k bien pouiTer quand elles auront pris. Dans
cette vue, il faut les défendre contre tout ce qui les retarde dans leur
crue, contre les Chenilles principalement, leurs ennemies mortelles, les
Araignées & les Fourmis.
11 faut élever les arbres félon l’iifage auquel on les deftine, foit qu’on
veuille en former des arbres nains, des arbres k liante tige, des Elpa-
liers^^
DELACAMPAGNE. loi
liers on des Haies. Si l^on veut bien faire croître de vieux arbres , qui
ont été entés, on leur laiflera quelques petites branches, qui abforbent
une partie de la. trop abondante fèveT La même raifon fait voir qifil ne
faut pas couper tous les bourgeons de ces arbres entés, mais feulement
le fuperflu. Pour ce qui regarde les grands arbres à haute tige, on ne
manquera pas de couper prudemment les bourgeons furnuméraires,
lorsque TEnte fait fa pouffe : & cela afin qu’il n’y ait qu’un feul rejet-
ton bien droit pour former le tronc : ce qui ayant été fait une fois , on
n’en coupera plus aucun bourgeon, & on laiffera pouffer l’Ente en tou¬
te liberté, vu que le rejetton eff encore menu & foible, deforte que-
pour peu qu’on en retranchât , on nuiroit à ce petit tronc, & l’on feroit
caufe , qu’il lui faudroit beaucoup plus de tems pour parvenir à fa lon¬
gueur 6c à fa groffeur requifes.
Quant à la manière d’enter de jeunes petits troncs, dont le bois n’eff
pas affez vigoureux, pour comprimer comme il faut la fente qu’on y a
faite, 6c pour faire réunir leur écorce avec celle des Entes, il eff nécef-
faire de les lier tout autour de l’endroit de l’Ente , comme cela fe prati¬
que à f égard des Grefes, afin que l’Ente fuffifamment comprimée 6c
réunie pouffe mieux.
Enter ou gréfcr en approche eff une manière d’enter dans la fente du
bois, qui fe fait de la même façon que nous venons de le décrire, mais
avec cette différence qu’on ne fépare point le rejetton, qui doit être
vigoureux, de la mère-branche, que l’année ffiivante, lorfque leurs é-
corces font réunies : par conféqiient il eff néceffaire que l’arbre fur le¬
quel cette opération fe fait, foit planté fort près de l’autre: on le pra¬
tique quelquefois aufli en prenant une branche fort vigoureufe, laquel¬
le on couche obliquement en terre près de l’arbre , qu’on veut ainfi en¬
ter: ceci pourtant n’eff pas fûr, parce que de pareilles branches ne fau-
roient attirer à elles la nourriture en auffi grande quantité qife celles qui
ont racine. La meilleure manière d’enter en approche , 6c la plus ii-
fitée, eff que l’année précédente, on plante tout autour de l’arbre doijt
on veut fe fervir, quelques bons Sauvageons, afin qu’ils aient pris raci¬
ne vers le tems qu’il faudra les enter ; pour lors la fève montera beau¬
coup mieux dans cette Ente :on doit bien prendre garde, après celajque
la branche de l’arbre ne foufre jamais la moindre fecouffe, 6c c’eff aulTi
pourquoi on ne manquera pas de la lier bien ferme à un piquet planté
en terre; ce qui vaut infiniment mieux que de la lier au tronc fur le¬
quel on ente, comme cela fe fait autrement. Le tems le plus conve-
' N 3 na-
102
LES A G R E M E N S': ^
nable pour enter ainfi en approche, eft depuis le commencement de
Mars jufqii’au quinze de ce Mois. Cette manière d’y procéder eft la
meilleure &: la plus fûre à l’égard des arbres, dont la prémière écorce
peut être ôtée tout autour, tels que font les vieux & les hauts Mérifiers,
les Ceriners,les Griottiers & les Pruniers. On fait auiïi la même cho-
fe à de gros troncs d’Orangers & de Limoniers, avec cette différence,
qu’il vaut mieux prendre pour ceux-ci des Entes de deux ans que d’un:
mais cela ne fe pratique jamais à l’égard des Pommiers ou des Poiriers.
Gréfer efl une manière d’enter le bourgeon ou l’œil dans l’écorce,
étant la plus ufitée & la meilleure pour des Sauvageons de Prunier,
pour y enter des Pêches, des Abricots, ou quelques fortes de Prunes.
On grefe pareillement ainO des Pêches fur des Abricots, qui ont déjà
été gréfés fur des Prunes. On grefe fèmblablement des rejettons vi¬
goureux de Poiriers, dont on veut faire des arbres nains: c’eft ce qui
efl: fur-tout néceflaire , quand on grefe des Poiriers fur des Coignafliers,
parce que la poufle des Entes dans les fentes des CoignafTiers efl très
peu fûre.
On grefe aulfi de jeunes rejettons d’Orangers & de Limoniers. La
Grefe fe fait de deux manières, à œil dormant ou bien k pouffe, & cela
auffi chacune en différente faifbn. La Grefe à œil dormant, c’efl quand
elle pouffe l’année fuivante, ce qui efl la meilleure, la plus fûre & la
plus ordinaire manière de gréfer. On ne peut pas déterminer , à quel¬
ques jours près, le tems convenable pour cette opération, parce qu’el¬
le ne dépend pas feulement des Saifons plus ou moins avancées, mais
auffi des arbres, félon qu’ils ont des rejettons plus ou moins vigoureux,
& félon les efpèces de fruits; car quand la fève efl tellement montée,
que l’écorce peut être aifément féparée du bois, alors on peut entre¬
prendre la Grefe, dans l’efpérance d’un bon fuccès: on pourroit même le
faire, pourvu que l’écorce fe laiffàt facilement ôter du tronc que l’on
veut gréfer, quoique l’Ecuffon ne s’en laiffât.pas enlever tout-k-
fait uniment & aifément. Le tems ordinaire pour gréfer k œil dor¬
mant, eft depuis la mi-juillet jufqu’en Septembre: au-lieu que la Grefe
k pouffe fe fait depuis Mai jufqu’k la mi-juin, auquel cas la Grefe pouffe
la même année. Cette manière de grefèr n’eft cependant en ufàge que
dans la néceffité, parce qu’on n’a pas alors du bois propre pour la gre¬
fe à œil dormant. Il eft auffi très peu fûr qu’elle réufflra , parce que la
prémière fève monte trop abondamment, ce qui eft caufe que l’Ecuf-
fon cède en dehors, <Sc diftille tout autour une gomme qui étoufe l’œil:
ou-
DE LA CAMPAGNE.
105
outre que ces Grefes commencent foiivent a ponfler fi tard , que le bois
n’efi; pas en état de réfifter aux injures de l’Hiver.
On grefe de la manière fuivante : on enlève un Ecufibn avec un
œil ainfi 1^^ tailléjd’un bois fort vigoureux, le plus propre de tous à
prendre , lequel on introduit dans un rejetton vigoureux d’un an dont
l’écorce efi: entaillée & féparée de la façon ci-jointe T j après quoi on
attache tout autour du rejetton, où l’Ecufion a été mis, au-deflbus &
au-defllis de l’œil, un jonc de Mofcovie , afin que l’air ou l’humidité pé¬
nétrant entre deux ne nuife point à la poufîe de la Grefe , mais que fe
joignant au rejetton, ils, croifient enfemble fans pouvoir fe féparer. 11
faut avoir foin d’ôter cette ligature après la quatrième, la cinquième ou
la fixième femaine , à proportion que la branche fe gonfle.
11 eft cependant aufll néceflaire que la Grefe coupée conferve un peu
de bois vers l’intérieur de l’œil , fans quoi elle ne prendra jamais : &
comme il arrive à certaines Grefes , qu’on enlève qu qu’on arrache
aux Orangers ou aux Limoniers, que le bois refle a la petite branche,
& que l’œil retient intérieurement une petite cavité vuide, (ce qui arri¬
ve principalement à celles qu’on coupe d’un bois épineux, ou d’ar¬
bres très minces & languiflàns) , il faut remédier à cela en n’enlevant
ni n’arrachant point la Grefe, mais en fendant avec un petit Couteau
bien affilé la branche près de l’œil, & en retranchant le fuperflu, de fa¬
çon cependant qu’il relie fiiffifamment du bois à l’œil- 11 faut outre
cela que de pareilles Grefes confervent à l’œil plus de bois que ce qui
s’enlaifle communément enlever ou arracher; il faut aufll que les O-
rangers, les Limoniers & tous les fruits à pépin, confervent plus de bois
à l’œil que les autres. Pour ce qui regarde la manière de gréfer les
arbres qui font des bras, comme les Griottiers, les Cerifiers, les Pê¬
chers, il efi: abfolument néceflaire que l’Ecuflon ait plus d’un œil, par¬
ce qu’il efi: très incertain fi c’ell un bouton à feuilles ; & fi ce n’en efi pas
un , la Grefe eft fûrement morte. C’efi pour cela qu’il vaut mieux ,
&: fur-tout quand il s’agit des Pêchers, que l’Ecuflon ait trois ou quatre
yeux tout près les uns des autres.
Quoique nous ayons déjà dit, que le tems propre pour gréfer dé¬
pend des faifons plus ou moins avancées , &c. on peut cependant pofer
en général que cela fe fait le plus convenablement, à l’égard des fruits
d’Eté & d’Autonne , un peu avant la maturité des fruits ; pour lors il
y a plus de fève dans le bois, ce qui détache d’autant mieux l’écorce ,&
permet d’enlever ainfi plus facilement l’Ecuflon. Ç’cfi pour cela que le
tems
IC^ . L E s A G R E M E N S ^ ^
tems de gréfer rAvant-PêcIier ell communément vers la mi-juillet , 6c
celui des autres Pêchers a la mi-Aout.
11 eft certain que les arbres venus d’une feule Grefe font les meilleurs :
je confeillerois pourtant d’en mettre toujours deux fur chaque tige , un
de chaque côté, quoique jamais l’une au-delfus de l’autre, afin que l’ar¬
bre ne vienne pas à périr : quand il arrive qu’elles prennent l’une &c
l’autre , on en coupera une: quand on les met l’une au defliis de l’autre,
& que celle d’embas manque , la tige devient trop haute. Pour préve¬
nir cet inconvénient , il ell plus à propos de pofer les Grefes le plus bas '
qu’il ell polfible aux deux côtés.
L’écorce des branches de deux ou de trois ans , ell pour l’ordinaire
trop épailTe, ce qui fait que l’entaille a befoin de trop de tems pour lè
fermer; d’où il arrive que les Grefes, qui font pofées fur du gros bois,
prendront & croitront très rarement.
Pour ce qui regarde le bois de la Pêclie de Montagne ou de Zwol,
ou ne fauroit s’y tromper ; car la branche d’une Pêche de Montagne,
après en avoir ôté les feuilles, ira à fond, lî on la jette dans l’eau, au-
lieu que celle d’une Pêche de Zwol fiirnagera.
CHAPITRE VIII.
Le la Taille des Arhres fruitiers ^ tant en Hiver qu'en Eté. .
COmme la fertilité des arbres augmente , quand la fève monte len¬
tement en fe condenlànt, & non pas fubitement, & qu’au con¬
traire tous les arbres d’un bois fort vigoureux , (li l’on en excepte les
Vignes & les Figuiers) , font les moins fertiles ; il efl nécefîkire de les
tailler pour les régler dans leur pouffe, & empêcher ainfî plus ou moins
la trop prompte circulation de la fève : deforte que la plupart des arbres
fruitiers demandent d’être taillés pendant riliver, & quelques-uns pen¬
dant l’Eté.
On commence la taille d’Hiver auflitôt que la fève de l’arbre efl des¬
cendue dans les racines, ce qui fe voit par la chute des feuilles: on peut
continuer à le faire, tant que la gelée n’empêche pas qu’on puiffe couper
le bois. Je n’ai jamais trouvé que la forte gelée nuisît plus aux arbres
taillés qu’à ceux qui ne le font pas : elle üe nuit pas même aux Vignes,
dont
D E L A C A M P A G N E. loj
dont le bois ell fort fpongieiix, quand il y a quelque intervalle entre
leur taille & la forte gelée.
11 n’efl pas facile à déterminer le tems précis auquel la taille d’Eté
doit commencer & finir, car cela ne dépend pas feulement de la faifoii,
mais aufli de la poulTe plus ou moins vigoureulè des arbres.
Il y a bien des chofes à remarquer au fujet de la taille , qui doit fe fai¬
re diftéremment lèlon les diverfes circonftances; & non lèulement encore
félon les qualités particulières des arbres dans leur elpèce , comme Pom ,
miers, Poiriers, Cerifiers, Pêchers, Vignes, (Scc: mais aulîi félon la
diverfité des fruits, chacun dans Ibn e^èce: comme femblablemenc félon
que les arbres doivent être plantés en haute ou baffe tige , en plein vent
ou dans un endroit renfermé , contre des cloifbns ou contre des murailles;
félon encore qu’ils font d’un bois qui pouffe vigoureufément ou plus mo¬
dérément , ou d’ua bois plus menu & plus languiffant. Il faut même
bien fe garder de faire à ces derniers la taille d’Eté, pas même celle
d’Hiver, qu’après que la fève eft prête à monter, ce qui arrive vers la
mi -Janvier : encore doit-on fé contenter de leur faire une très petite
taille , parce qu’il faut les conférver plus pour leur bois que pour leurs
fruits. J’enféignerai auLedeur la manière de tailler, en traitant des efpèces
d’arbres fruitiers, me contentant de joindre ici les obfèrvations générales.
La prémière chofe qui fe préfénte à remarquer à l’égard de la taille
des arbres qu’on doit planter, eft qu’on en rêtranche les racines bleffées
& inutiles; ce que les arbres fruitiers ont de commun avec les fauva-
ges. Pour connoître ces derniers, & de quelle manière fe fait cette
taille, il n!y a qu’à \oIy\q prémkr Chapitre du IL Lwre.
On taille après cela les branches de la couronne des arbres fruitiers :
on coupe les arbres nains près de terre , & ceux à haute tige à cinq ou
cinq pieds & demi. Voyez fur ce fujet le VI. Chapitre de ce même Lk
vt'e. Cette manière de planter fans branchage eft très nécelfaire pour
les arbres fruitiers ; car quand on les plante avec des branches , on le?
prend ordinairement plus vieux que les fauvages: alors leur fève ne
monte pas affez , en attendant que les racines les affermiffent dans la
terre; ce qui fait que les petits tuyaux fe ferrent trop, pour pouvoir
donner dans la fuite un paffage convenable à la fève , & caufent fou-
vent par-là la mort aux arbres, ou les rendent noués pour toujours, &
incapables de porter des fruits d’un bon goût.
Au contraire il arrivera que des arbres coupés poufferont par en-
haut des jets fort vigoureux, & que certains arbres à tige poufferont par les
F^irtk L O cô-
so6 L E S A G R E M E N S
côtés; lesquels pouvant lèrvir à amender la pouffe, ne doivent pas ê-
tre tous retranchés la prémière année , parce qu’il s’y trouve une grande
abondance de fucs qui y reftent quelque tems , & s’y préparent pour
pouvoir être poulfès plus haut: au -lieu que montant en trop gran¬
de quantité 3 ils caufènt quelquefois une fulFocation , ou du moins des
obflacles qui interrompent la pouffe , & font que les arbres ne produi-
fent jamais que des jets d’un bois fort menu & fort grêle : c’efl pour cela
qu’il ne faut pas retrancher toutes les brandies vigoureufès , ni tailler des
arbres nouvellement gréfés, ou en retrancher les jets qu’ils ont pouffes
de la tige.
. Il ne faut pas lajffer croître trop fubiteinent en hauteur les arbres nou¬
vellement plantés : on fe contentera la prémière & la fécondé années
d’en retrancher les branches qui pouffent avec trop de vigueur, afin quç
les autres puiffent d’autant mieux groffir : cela efl. d’autant plus néces-
faire k des arbres à liante tige , que par ce moyen ils feront dans la fuite
de plus grandes Sc de plus belles couronnes 3& qu’après cela ils n’auront
plus befoin d’être taillés.
Aux petits arbres pour des Haies , dont les branches pouffent trop vb
goureufement , & qui par cela même abforberoient la nourriture des au¬
tres, on leur pince une feule fois la tige, pour arrêter un peu leur
pouffe trop vigoureufe , & les engager par-lk k pouffer plus de branches
par les côtés, pour pouvoir couvrir le bas de la cloifon ou de la muraille:
mais s’ils pouffent d’une manière égale un bois bon & vigoureux , & par
les côtés des branches fuffifkntes, on ne les taillera point du tout, fi ce
n’efl les petites bi*anches de Poiriers , qui croiffent précifément devant
branche du milieu , & qui par cela même ne pourroient pas être atta¬
chées d’une manière 'unie, laiffant pouffer toutes les autres branches eu
pleine liberté, & ayant foin de les attacher de tems en tems, afin d’en^
gager par ce moyen les arbres bien difpofés, k la fertilité. On a encore
coutume, quand la branche du milieu pouffant fuffifamment des branches
par les côtés, continue k croître vigoureufèment en hauteur, d’en faire
une petite couronne au-deffus de la cloifon ou de la muraille ; & quand
le bois eft propre pour produire, on coupe la couronne, &ron taille ces
.arbres tout cornme les autres.
Aux arbres qui ont aquis leur grandeur , qui pour avoir été peu tail¬
lés font devenus fertiles, & qui par ce moyen pouffent des branches fort
yigoureuiès, qui confument tellement la nourriture des autres que ces
dernières ne peuvent qu’être minces 6s languiffantes ; on taillera pru-
dem-
Sémuient ces prémières (qui s’appellent gourmandes quand îl s’agit d’ar¬
bres qui verdiftent en tout tems3& jets à eau quand il s’agit des autres);
on en retranchera quelques-unes , on en rognera d’autres on en lais-
lèra plufîeurs en leur entier; il faut pareillement iilèr de beaucoup db
prudence à l’égard des Sauvageons de fouche des arbres nouvellement
plantés.
Il faut, pour bien tailler un arbre, rafraîchir, à proportion delà vr*
gueur, plus ou moins fes branches annuellement. On retranchera entiè¬
rement les branches furannées, & l’on en attachera de jeunes à la place,*
afin de conferver toujours par ce moyen les arbres dans un état vigou¬
reux*. On doit faire une plus grande taille aux branches qui ont trop
de boutons à fleur , afin de les empêcher de trop produire ,& de les en¬
gager à faire de bon bois.
Les fruits à pépin, dont les fucs montent en abondance & font di-r
bois vigoureux, pourront être rendus fertiles par la taille d’Eté, & mo¬
dérés dans leur crue par celle d’Hiver.
11 efl très mauvais de rogner par la taille d’Hiver, les arbres qui pous-
lènt des jarrets, c’eft-à-dire, des bras ou des branches de côté dégarnies,
& qui ont fouvent leurs boutons à feuille vers l’extrémité; car cela ne les
émpêche pas feulement de croître, mais fait auflTi fouvent tomber les
fruits, ou les rend petits & infipides, parce que dans ce cas les fucs ne
fauroient circuler ; outre que la cefTation de la circulation des fiics caufè
éncore la mort à d’autres boutons à fleurs , & les fait tomber avant que
de fè nouer.
Le bois le plus rond , le plus court de membres , & pour lors aulTi le
plus gros, efl le meilleur; c’efl ce qu’on tachera aulfi d’avoir le -plus
qu’il efl pofTible : on aura foin au contraire de couper^ toujours le
bois mince & frêle, pour l’ordinaire pfein de rides & de nœuds: car ce
dernier, loin de pouvoir produire des fruits d’un bon goût, ne produi¬
ra jamais une bonne branche ; ce qui arrive encore quelquefois à ce
qu’on appelle jets à eau : il eft fur-tout néceffaire de le côuper aux Vi*
gnes , aux Figuiers & aux Meuriers.
Pour ce qui regarde la taille & le racourciiïement des branches des
arbres, des Haies, des Efpaliers & des Nains, il faut toujours, autant
qu^il eft poflible , avoir grand foin de le faire au^deÏÏus de l’endroit où il
y a deux boutons à feuille f que des ignorans prennent fouvent pour
des boutons à fleur), parce qu’il arrive aflez fouvent que de pareils bon**
tons fè changent l’année d’après en boutons' à flèùf ; 5c comme par ce
O 2 moyen
ïo8 LESAGREMENS
moyen la vigueur de la poulTe eft arrêtée , on fe gardera bien de le? ja¬
mais couper, <Sc principalement à caulè qu’il n’en proviendra jamais de
fort grolTes branches ; outre qu’il narrive que rarement ou jamais , que
de pareilles grofles & vigoureufes branches aient de ces doubles bou¬
tons : mais pour rendre fertiles ces brandies vigoureufes & bien venues
des arbres nains ou des Efpaliers , on les coupera près du bouton par
une longue entaille en talus , de manière qu’elle y touche prefque ; ce
qui arrête les fucs , & ne permet qu’à une partie de pénétrer jufques
' au bouton.
Il ne faut jamais laifTer aux arbres des branches qui poufTent en de¬
dans , pour aider à former la couronne de l’autre coté de l’arbre &
point fur -tout du côté du Nord au Midi : cela pourroit quelquefois
être pratiqué s’il s’agiflbit d’une branche qui remplir oit , pour l’orne¬
ment de l’arbre, du Midi au Nord , une place qu’une branche rompue
ou morte auroit laifTée vuide, puisqu’elle n’y pouffera guère à caufe des
vents froids de Nord & du peu de Soleil qu’elle y recevra : ce qui fait
qu’on ne doit pas couper li légèrement une greffe branche au Nord
qu’au Midi. Comme il ne faut jamais laiffer aux arbres en plein vent des.
branches qui poullent en dedans , on doit les laiffer encore moins à des
Haies & à des Efpaliers; car leur beauté confifte en ce que leurs ailes, ou
leurs branches des côtés, doivent partir d’une manière égale, de la tige>
& doivent être liées au niveau; ce qui fe verra dans le Chapitre fuivant,
La taille des arbres à haute & bafle tige doit être faite de manière
que les branches du dedans foient plus ou moins éclaircies, à proportion
de l’étendue qu’ont leurs branches de la couronne ; & cela afin que le
Soleil puiffe plus ou moins rechauffer les branches & les fruits intérieurs.
Les arbres ainfi conduits ne feront jamais toufus , & fur-tout par le
haut ; & comme il ne faut pa^ que les branches fe frottent , on en
rognera toujours une, & l’on ne foufrira point au haut ces nids de Pie^
comme on parle. Il faut de plus fonger toujours, en taillant , de cou¬
per la branche près du bouton > par une entaille unie , juffe & en talus,
à une telle diffance, que d’un côté le bouton ne fe deffèche pas,& que
de l’autre l’entaille puiffe être couverte comme il faut ; ce qui ne lau-
roit être , quand en coupant on laiffe de plus longs moignons , qui
pour lors fe deffèchent , & empêchent que l’entaille ne puiffe fè couvrir
comme il faut avec l’écorce du bourlet ; ce qui cau.fè à cet endroit de la
pourriture, & aux fruits à noyau la gangrène.
On coupe pour la même raifon pendant l’Hiver toutes les groffes
bran-
DEL A CAMPA G N E. lop
branches près de leur tronc , & comme ces entailles font fi grandes qu’el¬
les donnent ordinairement palTage à beaucoup de mes , il faut les cou¬
vrir exaètement tout aulTitôt avec du fuif convenable, pour conferver
par ce moyen les fucs; outre que cela eft encore très' propre à cacher
plutôt les défauts : la compofition de ce fuif a été indiquée dans le Cha¬
pitre précédent.
En pafiant de la taille d’Hiver à celle d’Eté , je me contente unique¬
ment de remarquer , qu’elle n’eft nullement propre à toutes fortes d’ar¬
bres fruitiers , parce qu’elle rend la plupart des fruits à noyau moins ferti¬
les ,& qu’elle en rend le goût moins bon & plus infipide. Ceft-pourquoi
on fe gardera de faire aux Pêchers d’autre taille d’Eté, que de couper
dans l’arrière fàifon , les jets à eau trop vigoureux & trop abondans , &
cela jufqu’au dernier bouton à feuille, afin de les tailler tout-à-fait l’Hi¬
ver, d’après; la taille d’Eté étant en général nuifible à des arbres , qui
ne pouffent pas par intervalles , mais fans interruption. On pourra
voir dans le Traité des efpèces d’arbres fruitiers, ce qui doit s’obferver à
cet égard. La Vigne a le plus befoin de la taille d’Eté ; j’en traite am¬
plement & en particulier ci-après.
11 faut enfin bien obferver à l’égard de toutes fortes de tailles, qu’on
retranche le fuperflu auffi bien des minces que des greffes branches , en
faifant avec une Serpette ime entaille unie & en talus , & cela de fa¬
çon que l’entaille , pour ne fè pas trop deffécher , reçoive aulTi peu de
rayons du Soleil qu’il efl poffible. Afin que cette entaille foit plus unie
&; plus nette, on n’y employera jamais une Serpette crochue , car elle
fait beaucoup plus d’enta mures que celle qui efl droite & courte ; en¬
core vaut-il mieux fe fervir d’une Serpette dont le tranchant foit un
peu convexe : fur-tout on n’y employera point de Cifèaux , pas mê¬
me pour couper les plus petites branches ; car outre l’incertitude où l’on
efl fi l’on coupe ces branches au deffus du bouton, il efl impolfible de
faire avec cet inflrument une entaille en talus : fàns compter que la cou¬
pe des Cifeaux, caufe une meurtriffure, qui empêche que l’entaille ne
puiffe auffi fe couvrir comme il faut
f 10
LES A G R E M E N S
CHAPITRE IX.
(.
Remarquas touchant Je s Murailles^ les Cloîfons £«? la manière étaU
tacher ^ de conduire les arbres avec de rOJîer,
Le Traité des Murailles & des Cloilbns fervant à aiigmenter là cha¬
leur , appartient au fécond Volume, dans PIntrodudion duquel
on dit, que les- Cloifons bien* jointes , où' le vent ne fauroit pénétrer lé
moins du monde par derrière , peintes après cela en brun , font préfé¬
rables aux Murailles , pour y cultiver des Fruits en plein air : que mêmè-
toutes les fortes de Murailles, que Part a inventées , font nuiubles: de
plus, ^que -les Cloifons &les Murailles en droite ligne font les meilleu¬
res , pourvu qu’à la diftanee de vingt-quatre ou de trente pieds , elles
foient garnies d’un paravent pour rompre les vents nuifîbles. On né
peut ficher qu’avec peine des cloux dans lès Murailles, & encore moins
les en arracher , fans faire tomber de la chaux , ce qui fait des cavités,
oùfe nichent les Infedes : c’efi; pour cela qu’il faut que les Murailles
foient garnies de petites Lates fort minces, pofées en longueur de haut
en-bas, à cinq pouces les unes des autres , & de manière que POfieif
puifle pafler pas derrière. On ne garnira jamais de Lates les Cloifons,
afin que la branche puiffe , pour un plus grand ornement, être liée tout
contre, félon fon cours :1a jiifle hauteur d’une Cloifon pour desTreilles,
des Pêchers , des Abricotiers , des Pruniers , efl de huit pieds *, elles doivent
être plus hautes pour des PoirierS'& des Meuriers, & c’ell-pourquoi ori
fait mieux.de' planter ceux-ci contre de plus hautes Murailles de quel¬
que. Bâtiment.
Les Efpaliers font hors d’ufàge , parce qu’ils coûtent beaucoup d’en¬
tretien , ôéqu’ils font de très peu d’utilité , parce que les vents de bize
les percent de tous cotés.
Pour donner une belle figure aux arbres par la manière de les conduire
&: de les lier , on commencera par la branche capitale : celle-ci doit être
attachée droit vers le haut ; c’efi d’elle que doivent fortir des deux côtés
les autres branches. Ces dernières , bien tendues , autant qu’il ell poP
fible , doivent être liées , fur-tout de manière que les extrémités n’en
foient pas plus bas que l’endroit de leiu* origine. On lie , pour bien
faire.
111
DE LA' CAMPAGNE.
faire j à la diflance de douiQ pouces les unes des autres , les branches
d’un vigoureux Meurier; de dix pouces celles d’un Poirier ; & fi les ar¬
bres font moins vigoureux , de huit. Qiioique cette diftance paroifTe
d’abord fort grande , l’expérience fait voir 5 que ce font là les plus beaux
arbres & les plus fertiles: au-lieu que les branches, liées plus près, cau-
lënt en groflifTant plus de difformité à la vue ; &: même il arrivera pour
lors aux Meuriers'de lailfer tomber fou vent leur fruit, avant que d’être
mûrs, à caufè de la trop grande quantité de feuilles.
On peut, quand il s’agit de Bâtimens fort hauts, y attacher les bran¬
ches un peu plus vers le haut , en prenant toujours bien garde que cela
ait la figure d’un éventail , ou des doigts d’une main étendue : il faut
auffi avoir foin à tems , que les extrémités des branches , à mefure que
ces dernières pouffent , ne fe touchent jamais , mais qu’elles reftent
toujours dans ime jufle diftance : encore moins doit-on croifer ces
branches , ou les attacher l’une à l’autre , ou plier de petites bran¬
ches , à moins que les arbres ne fuftent fort furannés , ou qu’ils euffent
été entre les mains d’un Jardinier ignorant, qui dès le commencement
ait négligé de les tailler ou de les conduire comme il faut ; d’où il arri¬
ve qu’ils font dégarnis au milieu des branches , -:ce à quoi on remédiera
alors autant qu’il eft ponible,en garniffant ces places vuides, pour pré¬
venir par-là une plus grande difformité.
On aura bien foin encore que les branches ne fè meurtriffent pas en
les courbant, ou qu’elles ne foient pas gênées; car étant comprimées,
de manière que le cours de la fève foit interrompu, elles poufferont
prefque toujours au devant de la courbure, des jets à eau, qui abforbe-
ront la vigueur du refte de la branche : l’interruption de la fève y pro¬
duit auffi de la gomme , ce à quoi les Pêchers & les Abricotiers font
fort fùjets : outre qu’il eft très desagréable de voir une branche mal
attachée ; c’eft-pourquoi on ne fe fervira jamais des branches que la tigç
pouffe par devant, pour les conduire & les attacher par les côtés.
Pour faire que les arbres paroiffent des tapis verds , garnis de bran¬
ches depuis le haut jufqu’en-bas , couverts de feuilles & chargés de fruits
entrelacés, il faut mettre en ulàge les moyens indiqués: de plusilefl
pour cela néceffaire de détacher annuellement tout-à-fait & d’attacher
de nouveau les arbres nouvellement plantés , dont les branches groffis-
fent vifiblement ; de renouveller & de changer les liens ; ce qui produit
non feulement un bel arrangement de branches , mais empêche aufli que
rOfîer ne les rompe à mefure qu’elles groffiffent, qu’il ne les entame, & que
ÏI2
LES AGREMENS
les (errant trop , il n’y caulè de la gomme; ce qui arrive pareillement;
lorfqiie les branches en grolTiiTant font comprimées par les doux , ce
qui e(t extrêmement nui(ible à tous les arbres , mais fur-tout aux Pêchers
& aux Abricotiers. Pour prévenir cet inconvénient, on ne négligera
jamais d’arracher tous les Cloux dont on n’a pas befbin ; & l’on aura
foin que l’Ofier que l’on tourne autour du clou foit tellement tors , que
les branches en groffiiTant ne touchent point à ces Cloux. 11 ne faut
pourtant tordre l’Ofier qu’autant qu’il eft néceflaire pour prévenir cela;'
car autrement cela eft difforme, vu que les branches doivent être con¬
duites aufti près des Cloux qu’il eft poffible, fans cependant les tirer
trop, fort en les attachant. Ainfî pour attacher comme il faut avec de
l’Ofier les branches , (ans toucher nulle part aux Cloux qu’on a plantés,
on fera enforte que le gros bout de l’Olier tordu foit mis derrière entre
les branches & les ,Cloux. Il faut aufll avoir grand foin de ficher les
Cloux au- deffus des branches qu’on doit attacher; & quoiqu’alors les
branches repolènt davantage fur les liens, &lbient plus lèrrées contre les
Cloux, cela eft pourtant néceflaire, puifqu’il eft autrement impoffible de
pofer les liens comme il faut. 11 faut favoir encore pour attaclier avec
de roder bien tordu, qui de lui même ne fe détord pas, que tout arbre
croît félon le cours du Soleil , & qu’étant tordus dans ce fens , ils font
non feulement plus fléxibles, mais aufti que, fuivant leur nature, ils
joignent beaucoup mieux.
En traitant dans la fuite des arbres làuvages, on remarque au fujet des
petits Saules ^ qu’il y a parmi eux diverfès fortes d’Oder , & qu’il s’en
trouve qui font plus longs, plus fléxibles & plus forts que d’autres. Ce¬
lui qu’on appelle Oder blanc dure le plus longtems ; c’eft pourquoi il
eft très propre pour attacher de fort grofles branches , fur-tout contre
des Murailles fort hautes , expofées à des vents violens : mais comme il
eft trop groftier & moins fouple que le rouge , il eft aufti peu propre
pour attacher de minces & de jeunes branches qui groftiflent, lefquelles
il entame fouvent; c’eft pourquoi à tout ce qu’on attache pendant l’Hi¬
ver, on y emploie de l’Oder rouge, qui eft plus mince & qui çérit tous
les ans. Pendant l’Eté on lie les tendres rejettons avec des joncs qui ,
après avoir été trempés pendant une heure ou deux , font très propres à
cet ufage; 6c à leur défaut on peut fe forvir de jonc de Mofcovie.
CH A-
DE LA CAMPAGNE.
la
LIVRE TROISIEME;
^ I
CHAPITRE L
Des fleurs des Boutons de Fleurs des Fruits en général^ ^ de quei^
ques fortes en particulier comme aujfi du tems de leur maturité.
ON peut voir les fleurs de toutes fortes de fruits , (excepté les Figues
dont les fleurs relient cachées à la vue dans le fruitj , lefquelles
pai’oilTent en divers tems , de différentes manières , de différentes
formes & couleurs, la plupart fortant de leurs boutons ,qui l’Eté précé¬
dent ont commencé à le former liir de vigoureux rejettons , & quelque¬
fois aulli fur du plus vieux bois de l’année précédente , ou de plu-
fieurs autres années. Les boutons qui viennent de rejettons vigou¬
reux la même année , font les Railins , les Griottes , les Pêches & les
Abricots : il arrive aulTi quelquefois que les Figues viennent à du bois
de la même année ; mais les Pommes, les Poires, les Merifes, les Ceri-
lès, croiffent toujours fur des branches d’une ou de plulieurs années.
Les boutons le formant, comme il a été dit, pendant l’Eté vers l’Au*
tonne , lè gonflent le plus pendant l’Hiver , jufqu’au Printems , qu’ils
crèvent & pouffent des fleurs. 11 n’y a que les boutons des Noizettiers
qui ne crèvent point , quoiqu’ils pouffent leurs fleurs par la pointe ,
mais ils paroiflent avant tous les autres , prefque [dans l’Hiver, & mê¬
me hérilTés d’une grande quantité de petites fibres d’un pourpre é-
clatant. Après cette fleur liiit celle de Cornouille , enfuite celle d’A-
mandier , de la couleur de la fleur de Pêche : puis celle d’ Abricot à
feuille blanchâtre : après vient la fleur de Pêche , de couleur différente ,
félon lès elpèces , comme pâle-clair , rouge , rouge plus foncé , pour¬
pre ; aufli à plus grande ou plus petite fleur , mais à feuilles ouvertes ,
ayant au dedans de la fleur plus ou moins de filamens. Les Cerilès des
Cloifons viennent avec les Pêches ; mais celles qui font en plein vent
paroiffent un peu plus tard : elles ont une fleur blanche , & il y en a
quelques-unes qui tirent fur le rouge. Enfuite viennent les Poires ,
dont une efpèce fleurit avant l’autre , mais cependant avant les Pom-
Farîie L P mes.
114. ' S A G R E MENS
mes 5 qui viennent après. La plupart des fleurs à fruit ont cinq feuil¬
les ; l’Ananas n’en produit hors du fruit même que trois autour de
chaque bouton : s’il s’en trouve plus , c’efl: un jeu de la Nature.
Les fruits^à queue longue ont ordinairement de grandes fleurs aufTi à
queue longue ; la queue de quelques-unes s’allongeant après qu’ils font
noués 3 comme la Bergamote Crafane , la St. Germain , le Beurrée,
&c. 11 y en a au contraire dont les queues ont la longueur requife, a-
vaut que les fleurs foient nouées , comme les Poires de fafran , la Poiro
Madame , &c. Les fruits dont les queues font les plus longues & les
feuilles des fleurs les plus grandes , ont pour l’ordinaire la fleur plus
Ample & pas tant en forme deRolèjque ceux qui ont une queue courte,
mais pendante en guifè de cloche. Qiiand les fleurs ne pouffent pas trop
fort 3 elles fe nouent beaucoup mieux 3 parce qu’alors il leur refte plus
de tems pour fè transformer en fruit ; ce qui fe voit fur -tout aces
fruits 3 dont le bois efl poreux , & dont la feuille a une longue queue :
car quand la fève monte abondammant 3 les queues deviennent trop
minces en s’allongeant 3 ce qui les mettant hors d’état de recevoir les fucs
abondans 3 les fera périr : celles qui ont la queue courte jauniront , & les
unes & les autres tomberont avant que d’êtré nouées. D’un autre côté il
eft très nuiflble que les fleurs relient longtems à fleurir 3 ce qui arrive par
un trop long froid 3 parce qu’après avoir été ainfl expofées pendant quel¬
que tems 3 elleâ tombent pour l’ordinaire 3 quoique les fruits foient déjà
formés 3 ne pouvant abfolument venir à maturité.
Qiioique les fruits des plantes foient tout ce qui efl utile 3 qu’il y en
ait dont les fruits font les racines , les écorces , les rejettons vigou¬
reux 3 les feuilles 3 les boutons 3 les fleurs 3 la fèmence 3 àc. j’entens ce¬
pendant par le mot de fruit , ce qui peut d’une manière ou d’autre cha¬
touiller la langue ; en exceptant ce qui fert uniquement & Amplement à
la nourriture ou aux remèdes. Ainfi on appelle fruits 3 toutes fortes de
Pommes 3 Poires , y compris les Coings 3 les Pommes de la Chine 3 les O-
ranges, & les Limons (quoique ces trois derniers foient des fruits étran¬
gers) 3 les Cerifès3 Merifes, Meures, Pêches 3 Abricots 3 Prunes 3 Rai-
11ns 3 Figues 3 des Framboifès 3 des Grozeilles rouges 3 vertes, noires,
blanches, de l’Epine Vinettejdes Bayes de Suraii3Cornouilles, Nefles,
greffes Noix , Noizettes , Amandes & Châtaignes , tous ceux-ci étant
des fruits d’arbre ; à quoi j’ajoute encore les Fraifes, les Melons, & les
Ananas , dont les deux derniers font des fruits étrangers , mais qu’on
peut cependant cultiver aiilîl bien chez nous que dans leur propre Cli¬
mat. Que
DE LA CAMPAGNE. uç
Que tous les fruits dont je viens de faire mention aient befoin pour
faire du bois , des boutons, des fleurs > pour fe nouer pour mûrir, de plus
ou moins de chaleur, & d’en être diverfèment affeétés, c’eft ce qui pa-
roit clairement quand ils fleuriflent, & enfuite aù tems de leur crue &
de leur maturité dans la faifon. Que les arbres puiflent aufli réfifter à
plus ou moins de froid , & cela non feulement dans leurs elpèces , comme
les Pommes , les Poires , les Pêches , &c. mais aufli quant aux différentes for^
tes d’efpèce, c’eft une vérité très certaine: il y a ainfi dans des Climats-
fort froids (comme en Mofcovie) , une forte de Pommes transparentes
dans lefquelles , quand elles font mûres , on peut voir les Pépins : dans le'
tems qu’il n’y en fauroit croître aucune autre forte, encore moins des Poi¬
res. On trouve pareillement dans des Païs plus méridionaux de la Mofco¬
vie, quoique pourtant forts froids, des Griottes, dans le tems qu’il n’y
fauroit croître des Cerifès, ni des Merifès, encore moins des Pêches, des
Raifins ou des Figues. Comme donc les arbres & les fruits demandent
moins de froid , ils ne fauroieut réfifler aulTi à une trop grande chaleur ;
c’efl-pourquoi on ne fauroit cultiver dans plufieurs Climats fort chauds ,
pas même par art, nos Grozeilles, nos Pommes, nos Poires, nos Ceri-
lès, &c. Notre Climat de Hollande eft très propre pour produire les
arbres dont je viens de parler , & pour faire bien mûrir les fruits , &
fur-tout des Grozeilles, des Cerifes, des Merifès, des Griottes , des
Pommes , des Poires , des Pêches , des Prunes ; quoique parmi ces der^
niers il s’en trouve quelques - uns qui n’y parviennent pas à une matu¬
rité parfaite , & font privés ainfi du jus délicieux requis pour être
mangés cruds ; ce qui fait que , pour les rendre mangeables, il faut emplo¬
yer le feu , en les étuvant ou en les rotiflant, comme cela fe void à l’é¬
gard du bon-Chrétien,du Virgoulé,des Prunes de Damas, & de plufieurs
autres , qui, quoique cruds, ne laifTent pas d’être excellons en France: en
faifant attention à cela , il me paroit probablement que nos Poires à cui¬
re pendant l’Hiver , ne pouvant parvenir à leur maturité pour être
mangées crues, aquéreront par la chaleur dans d’autres Climats, une eau
beaucoup plus agréable.
Tous les fruits en quefl;ion,(Sc même les Raifins & les Figues, ne de¬
mandent pas trop de pluie vers le tems qu’ils font en fleurs, für-tout
point de pluies fortes ; mais beaucoup après être formés , particulière¬
ment quand les pépins étant formés , commencent à fe gonfler , car
alors ils groffiront davantage , ce qui fè voit vifiblement aux Raifins <Sc
aux Pêches : il leur faut d’un autre côté de la féchereffe vers le tems de
P 2 leur
LES AGREMENS
■ ii6
leur maturité , pour rendre leur jus meilleur , comme aufll une chalem*
continue , mais tempérée , la trop grande chaleur étant toujours fort
nuifible , parce qu’elle reflerre les pores du bois , & empêche ainfî la
fève de monter autant qu’il le faut pour nourrir les fruits & les feuilles.
C’ell: aulfi pourquoi une expofition continuelle au Soleil nuit toujours
aux fruits , même à ceux qui ont befoin d’une chaleur durable , telle
qu’il en fait peu dans ce Païs pendant l’Eté : car cela fait reflerrer les
pores, à caufe que la peau des fruits devient trop fèche , ce qui empê¬
che aulfi que les parties aqueufes , qui par la fermentation dans Tinté*
rieur des fruits , doivent être pouflees au dehors, ne peuvent s’exhaler:
outre qu’une telle évaporation eft très néceflaire , elle donne auflTi aux
fruits , quelque chofe d’agréable à l’œil , parce que les parties les plus
déliées fe fixent autour de la peau , y formant un coloris qui femble don¬
ner un bon goût au fruit. La chaleur eft fur-tout nécelTaire au Prin*
tems & dans TAutonne , failànt mûrir bien plutôt les fruits , quand
même il feroit plus froid & plus humide au milieu de l’Eté & au mois
de Juillet : & afin que les fruits ne foient pas trop expofés à l’ardeur du
Soleil , il eft très bon, fur-tout quand il s’agit des Efpaliers , que ces
fruits foient à Tombre du feuillage , ce qui leur fait avoir plus de colo¬
ris , & leur commiuiique ainfî un meilleur goût. Mais comme trop de
pluie dans la faifon des fleurs les fait tomber, fans qu’elles fè nouent, &
caulè dans la faifon, où les fruits mûriirent,des fruits aigres & defagréa-
bles ; il eft aufll très pernicieux de les couvrir de trop de feuilles- , par¬
ce que cela empêche le bois de parvenir* à fa maturité , & les fruits de
fermenter d’une manière convenable , d’où il arrive que ces derniers
mûriflant très peu, font toujours d’un très mauvais goût. 11 faut les plan¬
ter dans une difl'érente expofition au Soleil ,. & les traiter diverfement
félon les befoins des fruits ; la nature des Fonds <Sc des Plants donnera
plus ou moins de bon goût aux fruits r& fi on les cueille bienàproposau
tems de leur maturité, leur goût fera aulfi infiniment meilleur , fi vous
en exceptez les Raifins & les Figues ; car aulfi longtems que les Raifins
Ibnt gonflés & fans rides , & que les Figues quoique ridées ne fè cor¬
rompent pas , ils feront meilleurs étant cueillis lorfqu’ils font plus que
murs : mais ce font là auifi les feuls qu’il faut cueillir ainfi,car après le
jufte tems de la maturité , le bon jus commence à rentrer dans le bois :
delà vient que les fruits venus comme il faut au point de maturité, fans
être piqués par les Infeéles, qui tombent fort doucement d’eux-mêmes,
n’ont jamais un aulfi bon goût , que ü on les avoit cueillis un jour ou
deux
DE LA CAMPAGNE.
^7
deux avant leur chute, outre que ces fruits d’Eté tombés font pour l’or¬
dinaire pâteux , mous , & d’un goût aigre , & ceux d’Hiver beaucoup
moins durables , fans compter qu’ils perdent leurs parties les plus fubti-
les. Les fruits qui ont été cueillis avant leur maturité , leur eau n’a¬
yant pas fermenté alTez , font par cela même d’un goût rude & âpre,
peu ou point mangeables , à proportion du tems qu’il leur auroit falu
pour mûrir parfaitement ; c’eft pour cela que les fruits d’Eté cueillis
bien mûrs, font les plus agréables, quoiqu’ils puiflent être moins maniés,
& qu’ils fe pourriffent très facilement quand on les transporte. Ceux
au contraire , qui font moins mûrs , peuvent réfîller à plus de fatigue, par
cela même que la prelTion les failant fermenter, les fait aulîl entière¬
ment mûrir. On vend les fruits peu mûrs d’Eté , parce qu’ils paroif-
fent de bonne heure mûrs , plus cher qu’on ne feroit , fi on les cueilloit
quelques jours après , lorfqu’ils feroient en état ; c’eli - pourquoi chacun
s’emprelTe à vendre le prémier , ce qui fait qu’on peut acheter rarement
d’excellens fruits d’Etè cueillis bien mûrs, qui, mangés fur le champ,,
font fort préférables aux autres ; & cela fur-tout quand on doit les rece¬
voir d’un endroit éloigné. La plupart des fruits d’Eté indiquent vifi-
blement le tems propre à les cueillir ; il n’efi: pas fi vifible , quand ils
font les plus propres à être mangés après avoir été cueillis , parce qu’ils
paflent fort vite de leur jufte maturité à la pourriture. C’eli près de la
queue qu’ils ont leur meilleure eau ,' & leur goût eft ordinairement plus
agréable , quand l’entamiire de la queue va vers le haut, que quand elle
va du haut vers la queue : c’eft aulTi près de la queue qu’ils commen¬
cent à mûrir.
Plufieurs fruits mûrilTent entièrement fur l’arbre , làns avoir belbin
d’être gardés; mais la plupart des fruits d’Autonne & tous ceux d’Hi¬
ver aquièrent leur bonté, quand, après avoir été cueillis bien mûrs , on
les garde pendant quelque tems, les uns plus & les autres moins. Mais
comme on cueille dans le même tems les fruits d’Autonne & d’Hiver,
lèlon leurs elpèces , & que ces fruits ne m-ûriflent pas pourtant tous à la
fois, il n’eftpas rare que les uns foient meilleurs &plus durables que les
autres ; les indices de leur maturité précilè étant aiifll plus équivoques
que ceux des Pommes & des Poires d’Eté: on connoitra qu’il efi: tems
de les cueillir quand ils tombent pendant le calme. Les indices géné-‘
raux de la maturité des fruits font, qu’avec leur couleur requife , ils pa-
roiflent à l’œil verniffés , & les opaques en quelque façon transpareris r
il faut fur-tout regarder au vernis, car il dilparoit de plus en plus, à me-
P 3 fure
IIS LESAGREMENS
fiire que les fruits deviennent trop mûrs ; on peut cependant fe tromper
à cette marque , fur-tout aux Pêches , parmi lesquelles on en trouve
fouvent d’une telle cueillette que , pour les avoir gardées trop long-
tems 5 elles deviennent coriaces , molles & d’un goût fort desagréa¬
ble, & d’autres fi mûres , qu’elles perdent tout d’un coup leur couleur:
elles ne font pus fi bonnes à beaucoup près , que celles qui , après avoir
été ferrées pendant vingt & quatre heures , font devenues tendres par
ce moyen. Quoique la prelTion nuife k toutes fortes de fruits , elle efi:
principalement niufible aux Pêches , qui le donnent bientôt à connoître
en fe pourrHTant : on efi pourtant obligé quelquefois de le faire , pour
s^alTurer de leur maturité , en les ferrant entre les doigts : il faut s’y
prendre bien prudemment, quand il s’agit de toucher ces fruits, de mê¬
me que tous les autres , & le faire toujours à l’endroit par lequel ils
commencent à mûrir , lavoir à la couture tout près de la queue ,
quand ce font des Pêches ou des Abricots. La meilleure, la plus pruden¬
te, & la moins ruineufe manière cependant, efi de les lèrrerdans le creux
de la main, pour voir fi fans prelfion ils quittent fans peine leur queue.
La prelfion n’efi pas feulement nuifible , mais aiilfi l’attouchement ,
quelque doux qu’il foit , parce qu’on emporte par-lk le coloris , plus ou
moins : c’efi pour cela qu’il faut manier les Pêches fort prudemment, mê¬
me quand on les cueille , & que pour leur donner un plus beau coloris,
il faut après la cueillette en emporter le coton avec un petit coupon d’u¬
ne fort douce étoffe.
Parmi les fruits crus dans des terres graffes ou fablonneufos , les plus
gros dans leurs efpèces font ordinairement les meilleurs ; par conféquent
fos groffes Pêches provenues du même arbre , avec de plus petites , font
les plus agréables ; & ces dernières fort rarement bonnes : les plus pe¬
tits Abricots, au contraire, font très fouvent les meilleurs : il en efi de
même des Prunes , pourvu que cette petitefTe ne foit pas caufée par une
trop grande quantité de fruits de l’arbre qui les a produits. Ce ne font
pas pourtant toujours les plus gros fruits qui font les meilleurs , il arri¬
ve fouvent au contraire , qu’ils font fpongieux , comme la plupart de
ceux qu’on momme doubles , excepté les Pêches & les Poires , que
nous nommons Riet-peeren^ qui font meilleures que les fimples , au-lieu
que les Courtpendus ,les Pommes d’or, & les Noix doubles, ne font pas fi
bonnes que les fimples. Lors donc que je dis que les plus gros fruits font
les meilleurs, j’entens parler de ceux de la même efpèce , crus à un même
arbre ; comme font les Pommes rayées de gris , les Courtpendus , crues
\
a
DE LA CAMPA G N E. up
à lin même arbre, car les plus groflbs font les meilleures.
Les fruits des arbres furchargés n’ont jamais le goût fort relevé , ils
l’ont même Ibuvent infipide. Ceux qui doivent être mangés peu après
la cueillette, comme ils meuriffent làns qu’on foit obligé de les ferrer, in¬
diquent d’une manière plus vifible que toute autre, le tems précis où il
les faut cueillir. Les Cerifès & les Mérifès doivent avoir la couleur
brune tirant fur le noir , être d’un brun plus ou moins foncé , d’un rou¬
ge plus clair ou plus foncé, d’un rouge mêlé de blanc. Il y en a quel¬
ques-unes qui doivent être blanches lèlon leur elpèce, mais toutes doi¬
vent être couvertes de coloris ; c’ell par où l’on peut juger de leur ma¬
turité. 11 y a pourtant des efpèces qui ont la chair plus caflante, moins
remplie d’eau que les autres ; <Sc cela , félon qu’après avoir été cueillies
bien mûres , on peut les conierver plus longtems les unes que les autres.
Les Mérilès font toutes d’une même couleur, & lorfqu’elles font mû¬
res , cette couleur eft d’un beau brun tirant fur le noir.
Les Meures , quoique moins colorées & moins transparentes que les
Mérilès, font, étant mûres, d’un beau brun tirant fur le noir: leur co¬
loris , quand elles font trop mûres , s’efface , & elles s’aigriffent ôc fo
moiliftent : auiïi font-elles fujettes à tomber.
Les Framboifes font d’un rouge foncé, moins colorées, mais plus
cotonncufes.
Les Ronces ou les Meures Ikuvages font de pourpre-bleu , très colo¬
rées , beaucoup plus que les Meures.
Les Meures de Renard font d’un bleu foncé ou obfcur.
‘ Les Grozeilles noires font d’un noir parfait luifant ; elles s'^aigriffent
quand elles font trop mûres, & alors elles tombent de leurs grapes.
Les Grozeilles blanches font prefque de couleur de chair.
Les Grozeilles rouges font d’un rouge foncé clair ; ces deux derniers
fruits font fort luifans , & lailfent apercevoir les grains.
- - L’Epine Vinette a moins de jus , la peau plus épailTe, eft plus petite,
longue «Sc plus mince que les Grozeilles , & par cela même moins tranft
■parente ; quand elle eft mûre , elle doit être d’une couleur agréable,
d’un luifant rougeâtre.
Les Baies de Sureau font de couleur brune tirant fur le noir.
Les Cornouilles font d’un rouge foncé.
Les Abricots. 11 y en a de trois ou quatre fortes , parmi lesquels il
s’en trouve de jaunâtres , & de blanc - vermeils ; mais les meilleurs font
d’un vermeil orange , tiquetés , d’un brun foncé tirant fur le rouge.
Les
120
LES AGREMENS
Les Prunes font de différentes couleurs , comme d’un jaune foncé âc
pâle, bleues, violettes, rouges, rougeâtres, tachetées, vertes, parmi
lesquelles il y en a qui ont plus ou moins de jus , la chair plus cafl'an-
le & plus beurrée. Celles qui ont beaucoup de jus doivent avoir la peau
transparente , & toutes doivent auffi avoir une tranfparence luifànte
fur leur coloris ; ce qui eft plus particulier aux Prunes & aux Raifins
qu’à tout autre fruit.
Les Pêches. Pour ce qui les regarde , les Friands ne font pas d’ac¬
cord touchant la préférence qu’on doit leur donner. Il y en a qui pen-
lènt qu’elles font meilleures , quand on les mange dabord après les avoir
cueillies : il y en a d’autres qui affurent que ce n’eft qu’après avoir été
gardées pendant un jour ou un jour & demi , qu’elles ont leur goût le
plus exquis : il a été remarqué ci-devant qu’on ne peut favoir fùrement
le tems précis de leur maturité.
Les Raifins. 11 y en a de difïérentes fortes , des blancs , d’un brun
foncé, &: d’un brun-bleuâtre plus clair, de noirs tachetés , &c. comme
auffi d’im jus plus ou moins fondant , à proportion de leur maturité : ce
qui fait aulfi , qu’ils font plus ou moins tranfparens , éc font voir leurs
pépins. Ils ne fauroient être trop mûrs , car aulfi longtems que les gra-
pes ne le deffèchent pas,& que leurs grains reftent gontlés fans rides, ils
gagnent de plus en plus à la Treille.
Les Figues meuries , jufques à fè rider , font les meilleures au goût,
quoique moins agréables à l’œil.
Les Grozeilles nommées en Hollandois Kruys-bezten. 11 y en a de
jaunâtres, de blanches, de rouges; des tiquetées, des luifantes,des trans¬
parentes , qui ont des grains tirant fur le brun.
Les Oranges de la Chine , ou Orânges douces , font d’un beau rou¬
ge foncé clair, luifànt, de même que
Les Oranges, avec cette différence, que le rouge de celles-ci tire fur
le jaune. Auffitôt qu’elles perdent leur coloris , elles ont déjà perdu
leur jus.
Les Limons font d’un beau jaune luifànt : quand cette couleur com¬
mence à fe changer en un jaune plus foncé tirant fur le brun, alors leur
jus eff déjà defféché.
Les Noix : quand leurs Chatons commencent à fe fendre & à créver
tout-à-fait , de manière que les Noix paroiflent , pour lors les parties
Jiuileufes font déjà trop épailfies.
Les Châtaignes font tout comme les Noix.
Les
DE LA CAMPAGNE; ni
Les Noizettes : leurs chatons deviennent jaunes.
Les Coings font jaunes , & ont de Podeur.
On ne peut pas compter lurement fur les changemens des couleur*
des Foires & des Pommes d’Eté 5 & encore moins connoître le tems
précis de la maturité des fruits d’Autonne & d’Hiver , parce que c’eft
iorlqiPils font ferrés qu’ils deviennent d’un goût agréable.
Les Nefles fo cueillent en même tems que les dernières Pommes 5c
Poires, & deviennent molles étant ferrées, ce qui leur tient lieu de ma¬
turité pour être bonnes à manger.
Les indices de la maturité des fruits des plantes , qu’on nomme Her-
.bes, font très clairs. ' ■ -
^ On coupe les Melons quand la queue commence à fe détacher tout a
J’entour : ils font meilleurs après avoir été gardés deux ou trois jours ,
que lorfque lair queue tombe lorfqu’ils font encore, fur la couche.
Les Frailès doivent être luifantes , tendres & agréables ; étant cueil¬
lies bien mûres, on ne làuroit les conlèrver pendant un jour.
Les Ananas font mûrs, quand ils font d’un jaune foncé , luifant, 5c
qu’ils deviennent d’un brun tirant fur le jaune par delTus leurs tumeurs;
quand ils font verdâtres , tant foit peu tranfparens , c’elt une marque
qu’ils ont été trop humeélés.
Les fruits qui s’aigriflent en pourrilTant , font rafraichiflans : parmi les¬
quels ceux qui font pleins de foc , fo détruifont & fe gâtent fort vite ; ils
font fort làins pendant les chaleurs , mangés modérément ; 5c très mal
fains quand l’ellomac eil rempli, fur-tout ceux qui ont la chair caiïante 5c
ne contiennent pas beaucoup de foc , parce qu’ils relient plus longtems
dans Pellomac , où ils caufent de la fermentation , ce qui fait que Pair
entre dans le corps en beaucoup plus grande quantité , d’où provien¬
nent les vents 5c les Ipafmes.
Les fruits qui ne s’aigriflent pas en pourrilTant font échaüflfans.
La dillérence des efpèces dans chaque genre de fruits , qui viennent
de fomence , ell due à ceux à qui il plait de donner à un tel fruit venu
de fomence, qui leur eft inconnu, un nom à difcrétion, quoique ce nom
foit déjà connu depuis longtems : le goût en eft pourtant fort différent,
les mêmes fruits auffi quoique provenus des mêmes Sauvageons , n’ont
pas le même goût ni le même jus. Les Climats 5c les Fonds çaulènt
aulTi fouvent la bonté du jus , il y a même de la différence. , quand les
fruits après un Printems fort favorable , un Eté 5c une aiitonne à fou-
hait , meuriffent plutôt ou plus tard. On ne fora pas forpris de la di-
Farîie L ^ ver-
. iLE s; A G R E M E N s
verfité des noms que portent les fruits , quand on confidêfeira qité dans
un Païs, une Ville, un Village, un Hameau, le nom d’un feul & même
fruit varie; que même on en fait une différente defcription , quoique le
fruit ne foit point du tout 'équivoque. . Cefl pour cela qu’on ne doit pas
s’en raporter aux autres, quand il s’agit de planter des arbres, tant pour
le nom que pour le goût des^ fruits ; mais il faut l’éprouver foi-même.
Ôn trouve ce même inconvénient chez les Auteurs François. L’Auteur
<îu petit Livre intitulé, InJiru[iions pour connoître les bons fruits ^ dit^.
T Orange rouge d'un goût très relevé , excellente, Certeau dEté , la heUti*
fime ^ la belle ^ bonne : la Bernardine excellente: la Jargonnelle très
bonne: & l’Auteur du Théâtre du Jardinage dit de ce même früit: Ex^
cellent , qui a ■ le goût relevé : & Mr. de la Qiiintinie dit de toits ceux-
là : Outre les méchantes Foires que je ne connoîs pas ^ voici une lifte par¬
ticulière de celles que je eonnois pout fi mauvaifes , que je ne confeilk à
perfonne d'en planter ; & l’Auteur de P Abrégé des bons Fruits dit : 1(l
Bobine a la chair dure : De la Quintinie au contraire, la chair eft caf-
fantè fans être dure.. Comme donc , félon ces exemples , ils diffèrent
entr’eux pour le goût, ils diffèrent auffi quant aux noms y à la formé;
au tems de leur maturité ; ce qui eff vrai non feulement à l’égard deâ
Poires, mais auifi à l’égard de tous les autres fruits..
CHAPITRE IL
' ■ . ' Bes Foïriers £cp de leurs fruits.
ON trouve parmi les Poiriers, des arbres extrêmement hauts, dont
les racines entrent plus avant en terre que celles des Pommiers,,
■qui étendent davantage leurs branches à couronne. Les Poiriers ont
cette propriété, préférablement à toute autre forte d’arbres fruitiers , dè
produire les meilleurs fruits fur du bois raboteux, garni de branches gan-
grénées , qui empêchent aulfi ces arbres de devenir fort grands.
Le bois de Poiriers eft plus rouffâtre , plus fibreux & moins confus ^
que celui de Pommiers : il contient auffr plus de flic, & l’écorce en eft
plus épaiffe, plus fèche, & plus crévaffée : les feuilles en font plus lon¬
gues , plus pointues , plus épaiffes , plus lilTes & plus luifàntes-
' Ijês fruits en font d’une rondeur plus oblongue , & plus pointue
ver^^
DE LA CAMPAGNE; I23
vers la queue : leur queue eft auiri plus longue.
On emploie plus au travail le bois de Poiriers que celui de Pom¬
miers 5 mais ce dernier eft meilleur à brûler , donnant plus de chaleur ,
6c pendant plus longtems.
On ne trouve aucun arbre parmi les Fruitiers , qui en produife de le-
mence un li grand nombre de difierentes efpèces ; c’eft-pourquoi il faut
bien prendre garde à ces Sauvageons , afin de ne pas leur faire chan¬
ger de nature quand on les grefe ; mais de leur conferver leur bonté , ou
de les amender 3 afin d’aquerir par-là de bons arbres : étant vifible, quant
à ces arbres, que le Sauvageon ne {q conforme pas toujours à riinte3 6t
que TEnte au contraire lè tait beaucoup à la nature du Sauvageon.
On diftingue ces fruits en Poires d’Eté, d’Autonne5& d^Hiver. Ces
derniers fe divifent encore en trois fortes : - les 'unes ont la chair caftante
Refondante ; les autres font caftante ou moins fondante , & les troi-*
fièmes tiennent le milieu entre ces deux qualités. On les diftingue auf-
fi en Poires qu’on fert à table , & en Poires qui doivent être étuveés.
Les prémières font celles qu’on mange crues , telles qu’elles font na¬
turellement 3 qui ont une bonne eau, qu’elles aquièrentfur l’arbre , pu
bien dans les Serres. ■ . ^
Les Poires à étuver aquièrent leur degré de maturité , par le moyen
du feu: étant trop âpres & trop rudes, pour être mangées crues.
Les Poires qu’on fert à table font encore excellentes à étuver.
Après avoir fait ces obfèrvations générales , je vais parler \des pro¬
priétés de quelques-unes de ces dernières Poires..,,, . I .
Le Citron de Sirène eft une Poire d’une grofteur ordinaire , oblon-
gue, fans être pointue vers la queue: la peau en eft épaifte, remplie de
petites taches brunes: quand elle eft mûre , elle eft de couleur jaune
caftante , & l’une des meilleures Poires d’Eté. C’eft la feule raftbn qui
la rende digne d’être cultivée; elle a une eau fucrée, qui n’a rien de re¬
levé: étant trop mûre elle devient farineufe: elle fait très peu & de très
mauvaifes racines , & cependant du bois fort vigoureux ; ce qui fait*
qu’on en emploie beaucoup les Sauvageons , & qu’on les grefè : les
boutons font paflablement gros , pointus par devant , pouffant chacim
douze fleurs qui tiennent à de petites queues d’une jufte longueur , à
côté d’une feuille qui eft de la nature du bois.
Les Poires fucrées précoces font de la plus petite forte de Poire? , &
font cependant un fort grand arbre , qui a peu de racinçs & produit
beaucoup : elles meuriffent en même tems que leLitfon de Sirène , ce qui.
(i 2 " ' fait
124 L E s A' G R E M ENS
*
fait qu’on en cultive beaucoup pour Vendre; elles ont' un aiïez
vais goût 5 & deviennent bientôt farineufes.
Les Foires Jucrées grifes , appellées par les Romains (a) Fyrum Fa-
/fr/vw/7î, étoient autrefois fort elîimées chez nous, mais elles font perdues
aiijonrdhui par l’ignorance ou par la négligence des Arborilfes , ayant
employé, en les gréfknt,desSauvageons qui leur étoient contraires. C’é-
toit une Poire médiocre pour la grofleur , & dans la maturité elle étoit
d’un rouge tant foit peu tirant lür le jaunâtre , luifante , tachetée de
gris , palTablement ronde , finilTant en pointe vers la queue , bientôt
molle quand elle eft trop mûre , & cela à l’arbre même ; ayant autre¬
ment une eau excellente , tenant le milieu entre les Poires fondantes
& caflantes.- L’arbre qui produifoit cette Poire , étoit fort haut , fort
grandjavoit beaucoup de racines, & étoit fort fertile k mefure qu’il vieil-
lilToit.
Les Poires fucrées d’aujourdhui n’ont pas un jus fi agréable : leurs
branches outre cela font fort ûijettes au chancre ; ce qui les rend beau¬
coup moins dignes d’être cultivées.
Les boutons des Poires fucrées font longs , menus , & s’allongent
lènfiblement , en pouffant par des extrémités déliées qui fini ffent d’une
manière fort pointue: chaque bouton produit ordinairement huit fleurs,
dont les queues font courtes, & un peu plus longues que celles des Ber¬
gamotes. •
La Poire Madame Suprême ^ que les Grecs appellent Mvpdnov & O/p'-
ebînum , nom fous lequel elle efl aufli connue des Romains ; eil: une'
des meilleures Poires d’Eté, & a une chair fort fondante : elle elt grof-
fè <Sc longue , roulfâtre d’un coté ; quand fon verd clair jaunit , elle eft
toujours molle , même à l’arbre ; & quand elle eft trop dure , elle a
très peu de goût. Et comme de dures qu’elles font elles deviennent
molles en fort peu de tems , & que leur bon goût paffe fort vite , iî
faut bien prendre garde en les cueillant, de ne prendre jamais que cel¬
les que l’on foupçonne devenir jaunâtres. Ces Poires cueillies bien à pro¬
pos font d’un goût merveilleux ; de cette manière on pourra manger
pendant plufieurs femaines confécutives cette Poire à l’arbre. Elle n’efl
nullement propre à être transportée , parce qu’étant cueillie dans fa
matu-
(û) Voyez les Remarques de BooÆUs’fur Théophraste Hijl. Plant. Lib. IF'.
Cap. VI. pag.29S> col i. Les nôms Latins de quelques Poires fuivantes font tirés du
*îéme Auteur, « fe trouvent dans le même endroit, pag. 365 (7* 39(5.
DE LA CAMPAGNE.
iij
ïftatnricé parfaite , il ne lui faut que vingt & quatre heures pour devenir
molle.
Cet arbre ell pour l’ordinaire aflez mal fait , ayant des branches re¬
courbées, gangrenées ,& mortes par les fomrnités, ce qui efl caiifé fort
fouvent par le Sauvageon. Ses boutons font des premiers à fe gonflerais
Ibnt groS) grands, pointus, d’un gris tirant fur le jaune: chacun d’eux
donne pour l’ordinaire douze grandes feuilles rondes , qui ont de lon¬
gues queues 3 & pendent vers la terre en guife de cloches.
La Poire que nous nommons Franje Kaneet Peer , & que les Ro¬
mains appelloient Pyrum Latîeum , eh une Poire calfante , remplie
d’une bonne eau, un peu plus ronde & plus grofîe parle haut qu’une
Poire fucrée grife , plus courte , & finilTant à la queue par une pointe
plus mince : quand elle eh mûre , elle eh jaune , & a des taches tirant
fur le brun : les meilleures font tachetées de gris iür le jaune , ont la
peau épailTe, & le goût un peu mufqué.
Cet arbre parvient à une affez grande hauteur , & eh affez bien
fait : il a beaucoup de racines , ce qui le rend très propre à devenir ar¬
bre à haute tige : fes boutons fant plus petits que ceux de la Poire Ma¬
dame, quoiqu’ils foient très grands, pointus par devant, & de couleur
grifè : chacun d’eux donne ordinairement huit fleurs , dont les petites
muilles flniflent par devant & par derrière en pointe , & repréfentent ^
étant épanouies, une étoile tenant à des queues d’une longueur conve^. .
nable.
Le Safran d'Jutonne , que les Romains appelloient Pyrum Narâî^.
num^ eh une des plus grofles efpèces de Poires, longue, raboteufè, &
ronde vers la queue : quand elle eh mûre , elle eft jaunâtre , & d’un
rouge liiiiànt , reflemblant en tout au Bonchrétien : elle a la peau épaif*
fe , caflantè & pleine d’eau : elle devient encore meilleure dans les
Fonds fouplirés de Tuf
Cet arbre eh bien fait , il vient fort bien dans les Villes, où II pro^
duit du meilleur fruit , & en plus grande quantité qu’ailleurs rfès boutons
font les plus gros de tous, après ceux de la Poire Madame , un peu
moins gros, & un peu plus pointus : ils commencent aulTi des prémiers
à fe gonfler , & chacun d’eux produit flx fleurs qui tiennent à des
queues affez longues , plus longues même que celles des Poii*es Mada¬
me: les petites feuilles des fleurs ne font pas fl rondes, ce qui fait qu’elles
ne pendent pas en guife de cloches.
Foire d'orange ; il y en a plufîeurs fortes , toutes fort petites parmi
Q- S
Ii6 L E S A G R E M E N S
4' - .
les Poires ; les meilleures font rondes , tachetées de jaune , ont la peaa
épailTe, & une eau fort fucrée & fort mufquée. Cet arbre charge ordi¬
nairement beaucoup 5 & c‘’eft ce qui m’a engagé à en faire mention ici.
Poire la Reine appellée en Hollande Poire bénite à caufe de fa gran¬
de fertilité, eh: delagrofleur d’un Courtpendu , quoique moins grof-
fe : elle efl pointue vers la queue , de couleur jaunâtre mêlée d’un beau
rouge d’un côté , félon qu’elle a été plus ou moins expofée au Soleil,
ce qui la rend aulfi meilleure à proportion: elle efl cafTante, pleine d’u¬
ne bonne eau mufquée : elle a la peau épaifle , & eft très fujette à mol¬
lir, même à l’arbre, quand on l’y laiffe trop longtems ; deforte qu’il faut
avoir grand foin de la cueillir dans le tems précis de fa maturité, étant
pour lors, à ce que prétendent plufîeurs perfonnes, une des meilleu¬
res Poires. On peut cependant fe tromper très fort en cueillant ces
Poires , car il arrive qu’elles font encore dures & fans goût, quoique;
prefque jaunes , & que peu de tems après elles jaiiniffent : elles com¬
mencent à meurir vers la fin du mois d’Aout , on peut pendant fix fe-
maines confécutives les manger à l’arbre.
Dans un bon Fond cet arbre devient beau & raifonnablement haut;;
mais comme on en doit cueillir journellement les fruits , on le plante
rarement à haute tige. Les boutons en font moins gros que ceux du
Safran d’Autonne, mais du refteils leur reffemblent beaucoup: chacun
d’eux donne aiiffi fix fleurs : les feuilles en font plus petites , & les
queues plus courtes: quand ils fleuriffent^ ils ont à peu-près la figure
de cloches, quoiqu’ils ne s’épanouiffent pas tout-à-fait.
La Poire nommée RonJJekty eh: une petite Poire ronde d’im rouge
foncé, reflemblant beaucoup par le goût à la Poire la Reine, quoique
plus musquée ; c’efl-pourquoi plufieurs préfèrent cette Poire : elle a la
peau épaifle , & charge peu. ^
La Bergamote connue des Romains fous le nom de Pjrum Regium^
n’eft pas grofle : elle efl d’un rond aplati vers le haut, elle a la queue
un peu enfoncée dans la chair, elle efl d’un verd tacheté, & d’un goût
exquis , pleine d’eau ,& fondante. Il y en a une forte qui ne jaunit pas
fi fort, étant ferrée, qui ne devient jamais farineufe, mais qu’on trou-,
ve à peine aujourdhui, étant perdue, de même que les Poires fiicrées
grifes , par la négligence des Arboriftes : celles qu’on a aujourdhui font
&aucoup plus grofles, elles ont moins d’eau, & molliflent ordinaire-:
ment quand on les a ferrées. 11 me paroit fort vraifèmblable que cette.
Poire vient originairement de la Turquie en Afie^ &; qu’elle s’appelle
■ propre-
D E L A C A M PAGNE. î2?
proprémènt Begar^ ce qui fîgnifie une Poire de Grand Seigneur^ parce
qu’elle furpafîe toutes les autres pour le goût, & c’ell aiilTi pour cela
que les Romains Tappelloient foire de Roi. Les Bergamotes ou Be-
garmotes ne deviennent bonnes qu’après avoir été ferrées pendant
quelque tems. Les arbres en font ordinairement d’une grandeur raifon-
iiable , mais ils chargent peu.
Beuré , foire cP Anjou , foire dPAmhoîfe , en Normandie appellée
Ifamhert k bon & Gijamhert , a une eau d’un goût fort exquis , & ell
la plus grofle des Poires fondantes , qualité qu’elle aquiert après avoir
été cueillie & ferrée pendant quelque tems. Si cette Poire meuriflbit
deû^ ou trois mois plutôt , elle pafTeroit à jufle titre pour la meilleure
de toutes; mais comme elle paroit dans une faifon plus froide qu’elle
a aufli une eau extrêmement froide , fon bon goût le perd par-là. Sâ
couleur & Ton bon goût varient aulfi félon les Sauvageons fur lefquels
elle a été gréfée : les meilleures en font grifes , couleur de canelle , &
plus elles s’éloignent de cette couleur, moins elles valent.
Elles font un arbre plein de nœuds , dont les branches font fort fujet-
tes à fe gangréner , ce qui doit émpêcher de le deftiner à de hautes ti¬
ges , quoiqu’il pouffe de bonnes racines en terre. Les boutons éri font
paffablement gros & grands, pointus par devant , de couleur brunè*ti^
rant liir le jaune, pouffant quinze, feize, fouvent même vingt & u-
ne fleurs , dont les queues ne font guère longues ; deforte qu’'elles pa-^
roiffent eri guilè de Rofes ,- les queues des fleurs s’allongent à mefuré-
qu’elles croiffent. ‘
Beuré hJme , foire de Neige , foire de St. Michel ^ la bonne Ente y.
foire a courte Queue ^ £«? Citron de Septembre , eft une feule & même
Poire , appellée Ibuvent mal-à-propos Doyenné £«? gros Doyenné. C’ell
une grande & groffe Poire , finiffant un peu en pointe vers la queue ^
pleine d'aune eau fucrée de couleur jaune & tachetée elle efl bonne a
vendre , mais peu digne d’être cultivée par un Curieux pour la table.
Le Doyenné reffemble , quant à là groffeur & à fa figure , au Beuré
blanc; iPeft comme lui dàm gris roullàtre, tiqueté d’un grand nombre-
de taches noirâtres , ayant la peau mince & pleine d’eau, & la chair a-
gréable & fondante comme la Poire d’Anjou , à laquelle plulîeurs le
préfèrent, parce qu’ils prétendent qifil a le goût plus fin & qu’il n’eft pas
Il rafraichiffant. Plulîeurs de ces Poires n’ont pas une eau fi agréable, les
prémières années de la pouffe des Grefes & reffemblent fort pour le
goût au Beuré blanc ; mais au bout de quatre ou cinq années elles ga
gnent à ces deux égards.- L«
^2^ LESAGREMENS
Le bois , comme celui du Beuré blanc , en eft plus jaune , plus min¬
ce 5 moins épineux , & moins fujet à la grangrène , que celui du Beuré ; il
ne fait pas un fort grand arbre , les boutons en font plus petits , mais un
peu plus gros à proportion que ceux du Beuré 3 il fleurit autrement ,
mais les queues fe reflemblent.
La Poire St. Germain , que Ton nomme aiifli Poire de TArteloire &
V Inconnue de la , eft une Poire oblongue de la plus grofle forte 5 plus
mince vers la queue, fans être pointue : la peau n’ell pas épailTe , mais
verte & tachetée , pleine d’une eau douce & agréable : la chair en ell
moins fondante que celle de la Poire d’Anjou , malgré cela on la met dans
la clafle des Poires fondantes : elle devient bonne feulement après avoir
été cueillie. Les Sauvageons influent beaucoup fur cette bonté , caulànt
à cet égard de grandes variétés , & cela de manière que ces Poires gré-
fées fur certains Sauvageons n’ont ni goût ni laveur. Cet arbre vient
aulfi beaucoup mieux en plein vent , que contre des cloilbns ou des mu¬
railles : il fait des jets fort droits. Qiiand on ne cueille pas trop tard
cette Poire , éc qu’on la lèrre bien , elle peut le garder jufqu’au mois de
Mars ; mais quand on la laiffe jaunir à l’arbre , elle le pourrit fort vite ,
&: ne fauroit durer ordinairement plus longtems que jufqu’en Décem¬
bre.
Les boutons en font raifonnablement gros & grands: ils ne s’ouvrent
pas en pointe, mais uniment par le haut, & comme en le recoquillant:
il en fort , comme hors de la Poire d’Anjou, quinze, lèize , & même
jufqu’à vingt & une fleurs, qui ont de courtes queues: ces fleurs paroif*
fent en guilè de rofe : les queues s’allongent à mefure que le fruit
avance.
La Bergamote Crafane eft une Poire ronde & un peu pointue
vers la queue, d’une grofleur ordinaire: elle eft plus grande, «Sc non pas
d’un rond plat comme la Bergamote commune. Les meilleures font
d’un gris rouflatre comme la Poire d’Anjou: il y en a aufli qui font
d’un brun verdâtre , tachetées & rayées de couleur rouflatre : l’une &
l’autre remplies d’une eau délicieufe & d’une chair très fondaiite : quali¬
tés que cette Poire aquiert après avoir été cueillie ; & pourvu qu’on ne
s’y prenne pas trop tard , on peut avoir le plailir de la manger en
Janvier.
Les boutons en font plus grands, rouflatres, plus pointus, & moins
Sm'os que ceux de la Bergamote ordinaire: ils ont ordinairement dix
CLirs, dont les feuilles font plus grandes, plus rondes, moins larges
vers
DE LA CAMPAGNE.
12(}
vers la queue que celles de la Bergamote : les fleurs ont aiifll de plus
longues queues ; & c'efl pour cela qu’elles ne s’ouvrent pas en guilè de
rofe, mais plus uniment.
UEchûJJene eft une forte de petite Poire ronde, & qui a la peau é-
paifle : quand on la cueille au tems qu’il faut , elle peut durer julqu’aii
mois de Mars.
La Virgoulée^ ou Virgoukufe ^ efl une Poire oblongue, d’une grolTeur
médiocre ; elle a la peau épaifle , & efl; entre le fondant & le calTant.
Ayant traité des principales Poires de table , je paflerai k quelques
Poires peu communes & excellentes à étuver ; à quoi toutes les Poires
de table font aufli très propres , pourvu qu’on ait foin de les cueillir a-
vant qu’elles foienc bonnes à manger : & principalement les Poires fu-
crées gr if es celles que nous appelions Poires canelles de France ^ Fran-
fe Kaneel Peeren^ ^ les Poires de la Reine ^ &c.
La Poire que nous nommons Double Rietpeer^^ qui étôit connue des
Romains fous le nom de Pyrum Signinum , eft du nombre des plus grof-
fès Poires : elle finit en pointe vers la queue , efl d’une couleur de canel-
le grife , ni caflante , ni fondante : elle aquiert la tendreur & fon eau
après avoir été cueillie ; elle efl cependant un peu rude , ce qui fait
que les Curieux ne la mettent pas au nombre des Poires de table , mais
c’efl la meilleure de toutes pour mettre en pâte , ou pour faire fécher ;
c’eft-poLirquoi il faut en planter.
Cet arbre devient fort beau , fort grand , cliarge beaucoup , quand
il efl planté dans un bon fond de terre , & gréie fur un bon Sauva¬
geon.
Les Poires d’Hiver a étuver qui fuivent , ne parviennent pas dans ceî
Païs en les ferrant , à avoir allez d’eau agréable & fluide pour être
mangées crues; mais elles retiennent toujours une certaine âpreté , qui
vient de ce qu’elles ne font pas bien mûres, & que l’on peut corriger u-
niquement par le moyen du feu.
La Poire de Bon-Chrétien^ chez les Grecs T uiu’^TitCm & chez les
Romains Mufteum^ efl en France la meilleure de toutes les Poires; mais
elle ne fauroit parvenir chez nous à une maturité parfaite pour être
mangée telle qu’elle efl naturellement : c’efl-pourquoi je la mets au
nombre des Poires d’Hiver à étuver.
La Poire que nous appelions en Hollande Kamper & Kamper Venus-
Rr^r,eft-la même qui étoit connue des Romains fous le nom de Pirum
Venereum: l’une ayant la couleur plus luifante & plus agréable que l’au-
Partie L R tre.
ï3a L E S A G R E M E N S
tre 5 ce qui vient du Sauvageon. Elle ell d’une grandeur & grolTeur
médioc’ s, oblongue, allant en diminuant vers la queue. C’eft la meil*
leure Poire à étuver , auffi rougit-elle d’elle-même quand on rétuve*
, Lorfque ces Poires font gréfèes fur de bons Sauvageons , elles font;
des arbres paflablement grands & beaux , qui chargent aflez ; ce qui é-
tant négligé , les arbres en font très mauvais & les branches fujettes à
fe gaugréner.
La Poire que nous connoiffons en Hollande fous le nom de Laeuwjes»
Teer , eft une petite Poire oblongue , approchant fort de la précéden¬
te, quand on Tétuve , & rougiflant comme elle. L’arbre en eh grand
& beau, il produit beaucoup.
'' Celle que nous appelions Foppen-Peer , eh d’une couleur luiïànte &
agréable , plus grande & plus grolfe que la précédente , plus courte &
plus pointue , allant en diminuant vers la queue comme la Ramper-^
Feer^ dont nous venons de parler, & étant à peu près d’un goût auili
bon , pouvant durer plus longtems que ces deux-là. Cet arbre charge
extrêmement, ce qui l’empêche auhi de devenir fort grand.
Celle qui porte le nom de Maagden-Feer eh grolfe , plus ronde que la
Kamper-Feer ^ n’allant pas lifort en diminuant vers la_ queue , d’une'
couleur grife roulfâtre , point du tout luifante , d’un goût palfable, ap-^
prochant de la précédente: elle peut durer jufques vers le mois d’Avril.
L’arbre eh beau & grand, mais n’eh pas de ceux qui produifent le plus^
La Foire de Livrer, que nous appelions Winter-Gratiool , eh une
Poire grande , grolfe & ronde , ayant une fort courte pointe vers la.
queue ; d’un verd pale avec un peu de roux , d’une chair beaucoup plus
ealfante & plus grolTière que celle des quatre précédentes :1e jeune bois
en eh aufîi plus gros , plus fragile & moins Ûéxible. Cet arbre cliarge
extraordinairement, & comme les Poires en deviennent fort grolfes , it
vaut mieux que l’arbre Ibit à balfe qifà haute tige.
Qiioique cette Poire foit inférieure à celles aont on vient de parler,^
elle vaut pourtant bien la peine qu^on la plante , fur-tout pour ceux qui
font négoce en fruits, parce qu’elle eh très mafîive , & qu’à caufe de fa
grolTeur on n’en a befoin que d’un très petit nombre pour remplir un
panier,.
CHA-
DE LA CAMPAGNE,
CHAPITRE IIL
Des Fommters leurs Fruits.
IL en efl: des Pommes tout comme des Poires, les meilleures viennent
aux arbres les plus noués , dont les branches font fort fujettes k fo
gangréner , ce que les Renettes ordinaires & celles d’Angleterre mon¬
trent entr’autres bien évidemment.
Les Pommiers ne croiflent pas fi droits que les Poiriers, mais ils font
une couronne plus ronde & plus étendue : leurs racines s’étendent au fil
beaucoup plus , & ne pénètrent pas fi avant en terre : l’écorce en efi
plus platte , plus unie , moins crévalTée , plus mince , & contient plus
de fuc: le bois en efi plus dur, plus confus, moins rouirdtre,&; contient
plus de fuc, il donne aulfi plus de chaleur en brûlant, que le Poirier :
les Feuilles font un peu plus larges, longuettes, & d’un uni luifant;mais
plus rondes, plus minces & plus cotonneufes: les fruits en font plus ou
moins ronds , n’allant point en diminuant ; mais ils font plus ou moins
aplatis vers le haut & vers le bas : la queue fait aufil dans le fruit une
entamure : ce fruit eft en général plus fèo; & fur-tout celui des Pommes
douces , il n’a pas befoin de tant de chaleur que les Poires , pas même les
Renettes ordinaires ni celles d’Angleterre ; c’eft-pourquoi les Pommes qui
viennent d’arbres de haute tige, font ordinairement meilleures que cel¬
les que produifent les arbres de baffe tige, & elles ne font jamais bonnes
lorfqu’elles viennent d’arbres plantés contre des Murailles & des Cloifons
expofées au Soleil.
On trouve des Poires qui, dans ce Climat, ne parviennent pas k une
maturité parfaite ; au-lieu que je ne connois aucune Pomme qui n’y
meuriffe parfaitement.
11 faut k l’égard des Pommiers obfèrver la même cliofe que ce qui a
été dit k l’égard de la culture & du choix des bons Sauvageons dans
leurs efpèces: mais il ne leur faut pas k tous, pour bien produire, une
feule & même taille d’Eté.
On ne peut guère fe fier aux Auteurs pour ce qui regarde le goût,
les efpèces , & les noms des fruits , parce que (comme il a été remarqué
tout-k-l’heure) ils varient extrêmement entre eux , & que chacun leur
R 2 ( don-
132 L E s A G R E M E N s '
donne des noms , & les change de même félon fon caprice.
Toutes les Pommes qu’on appelle doubles j font plus coriaces & plus
infipides , comme les Renettes doubles , celles d’Angleterre , les
Courtpendus, les Pommes d’or , &c. On en trouve aulîi un nombre
infini d’elpèces , parce qu’un feul & même fruit varie plus ou moins-
pour le goût , à proportion du changement des Sauvageons , des
Fonds de terre , & des Climats. *
11 y a en général très peu de Pommes , qu’un Curieux ne puifTe plan¬
ter pour fa propre provifîon 5 cependant les meilleures Pommes aigres de
table font:
Les Courtpendus fimples & doubles : le double eft coriace & a très
peu de goût : le fimple eft rond , d’un rouge foncé , tacheté de gris.
11 me paroit que c’eft la meilleure de toutes les Pommes aigres , & cela
non feulement pour être mangée crue , mais auffi pour être étuvée de
quelque manière que ce foit , pour être mifè en pâte & rôtie. Il efi: ce¬
pendant bien fâcheux -, que la meilleure efpèce de ces Courtpendus fo
foit perdue par l’ignorance & par la négligence des Arboriiles , &
qu’on ne puifTe plus la trouver dans ce Païs.
Ces arbres ne viennent pas bien à bafle tige , encore moins contre
des Cloifons: ils font un bois mince, prefqiie comme les Pommes d’Oi-
gnon (Kannetjes-appeh') : ils deviennent cependant afTez grands , &
produifent des fruits très agréables: mais ceux que l’on vend ordinaire¬
ment dans ce Païs font fort fujets à fe gangréner, & leurs jeunes rejet-
tons à mourir par les fommités; ils meurent aulfi tous les ans , & les
fruits qu’ils produifent ne font ni fi bons, ni fi agréables, ni jaunes par
dedans comme de l’or.
Les Renettes d'' Angleterre. La plus petite efpèce, qui eft fort ronde,,
eft la meilleure. Ces Pommes ne font pas , à mon avis , d’un goût
aufli exquis , quoique plus pleines d’eau , que les Courtpendus : elles
perdent auiri bien que celles-là un peu de leur goût , quand on les met
en pâte , ou bien quand on les étuve. L’arbre n’en eft pas grand , ni
d’une belle figure , parce que les branches font fort fujettes à fe gan¬
gréner.
Les Renettes grifes , blanches ,. vertes. Les grifes font les meilleu¬
res à manger, telles qu’elles font naturellement: après celles-là, les blan¬
ches. Les vertes font meilleures en pâte ou étuvées , ayant pour lors
une couleur j’aune d’or , & un goût fort relevé femblable à celui des-
Courtpendus , pouvant être confervées jufqu’au mois de Février ou do '
Mai’S.
D E' L A C A M P A G N E. 153
Mars. 'Les autres Renettes ne font pas bonnes k étiivér, en compotte
ou en pâte : elles font même moins bonnes que les Pommes d’or , les
Renettes vertes & les Courtpendus. Ces arbres font fort fiijets k avoir
des branches gangrénées.
htsFommes d'or fimples d" Hiver ^ dont les meilleures font d’un jaune
foncé 5 & tacheté de gris ; on peut cependant k peine les mettre du
nombre des Pommes de table , quoiqu’elles aient un goût fort agréa¬
ble, & qu’elles deviennent jaunâtres quand on les fait étiiver, & qu’on
les met en compote & en pâte. Les arbres produifent beaucoup , ce
qui les empêche de devenir fort grands. Ils font fort connus dès les
tems les plus reculés , 6s les Romains leur donnoient le nom de
Scttntiana (a).
Les meilleures Pommes aigres, pour être bouillies , étuvées , ou mifes
en pâte, font, k mon avis:
Celle qu’on nomme la Couleur de chair une des prémières Pom¬
mes d’Eté: elle eft petite, ronde, tant foit peu platte, jaunâtre , rayée
de rouge-pâle, de couleur luifante.
* La Kruyd-Hppel ^ dont il y en a aufll une efpèce un peu plus petite,
mais qui lui rell'emble d’ailleurs en tout , 6s que nous nommons Louris-
jens. La Kruyd- Appel eft la meilleure & la plus précoce des Pommes
d’Hiver, pleine d’une eau aigrelette exquife; 6s ft elle ne paroiffoit pas
dans une fkifon où il y a d’autres fruits fondans , on la mettroit au
nombre des Pommes de table.
Les arbres qui produifont ces Pommes , . font fertiles 6s d’une gran¬
deur médiocre, faifant des couronnes fort belles 6s fort étendues.
Les Courtpendus^ les Pommes d'or ^ les Renettes ^ dont on a traité il
n’y a qu’un moment dans la cîafte des Pommes de table.
Les Roode-Kruys , 6s les Gelderfe-Kruys font de la grofleur des Court-
pendus ordinaires : les prémières font prefque toujours d’un rouge
foncé ; les autres plus rayées , 6s d’une couleur fi relTemblante k celle
des Courtpendus, qu’k moins d’une grande attention on peut très facile¬
ment prendre l’une pour l’autre : ce font de très bonnes Pommes k cui¬
re , qui fe confervent fort longtems : les arbres n’en font pas fort
grands , parce qu’ils cliargent beaucoup.
La Pomme d' Oignon ( Kannetjes- Appel) tft fort platte, ronde, d’une
cou-
(a) Voyez les Notes de Bkiæus fur Tbéopbrajie ^ Hijlor. Plant. Lib. IV'. Cap,.
6. pag. ^6. où le Ledlcur trouvera divers noms de rommcs, qui fc rapportent aux
nôtres.
K 3
LES AGREMENS
134
couleur luifante: elle dure longtems; & quoique ce foit une fort bonne
Pomme k cuire, on n’en fait chez nous que très peu d’ufage. L’arbre
cliarge beaucoup , fait une grande couronne , & des branches fort
minces.
La Pomme connue Ibus le nom de Fieterfeli-Jppeï^ efl une Pomme
connue depuis fortdongtems, d’une grofleur médiocre , ronde , & ra¬
yée de rouge , elle fe conferve longtems. L’arbre elî; beau , & pro¬
duit beaucoup. On fera bien d’en planter, fur-tout dans des Vergers,
dont on fe propofe de vendre les fruits.
Celles que nous nommons Spiegel-^ppel & Tfer-Jppel ^ peuvent être
confervées jufques dans l’Eté , après que toutes les autres ont fini ; el¬
les n’ont leur véritable goût qu’après le mois de Mars , & font tout-à-
fait infipides avant ce tems-lk , mais pour lors excellentes en compote
& en pâte. Les arbres en font beaux , & les Pommes d’une grolTeur
convenable.
Les meilleures Pommes douces k mon avis font :
Celle qui fe nomme en Hollandois Blom-Zoet-i ou Goe-Zo€t\ c’efî
une des meilleures Pommes douces de la plus grolTc efpèce, d’une cou¬
leur luifante & agréable, & d’un très bon goût. L’arbre en eft grand,
pouflTe de hautes branches k couronne, mais produit peu.
La Graeuwe-Zoet ^ Hooî-Zoet & Vlmmfe-Zoet , ell une Pomme fort
ronde, d’une grolTeur médiocre , d’un très bon goût quand on l’étuve
ou quand on la rôtit. L’arbre en devient fort grand & produit beau¬
coup: c’ell-pourquoi, on ne manquera pas d’en planter, quoique le'
fruit ne puille s’en conferver que jufques vers le mois de Février, &
qu’il fe ride k mefure qu’il fe defleche.
La Borne douce eft une Pomme grife , ronde <Sc un peu plate , afle^
petite , k peu près de la couleur de la Renette grilè. La plupart font
un peu luifantes, ont la peau épailïè, une douceur fort agréable , fans
être fade. L’arbre eft beau, & produit beaucoup.
La Zoeîe Hooîaart eh: d’une grofleur médiocre , ronde , d’une cou¬
leur grife luifante , tachetée , & l’une des meilleures Pommes douces
d’Hiver;mais on ne doit la manger qu’en Janvier, parce qu’elle peutTe
conlerver j’ufques au mois d’Avril. Cet arbre eh: fort fujet à avoir des
branches gangrénées, & il produit très peu.
La Witte Zoete eft d’une grofleur médiocre, ronde, & quand elle eh:
mure k l’arbre, elle eft jaune ; mais elle eft moins agréable au goût que la
précédente: cependant' elle vaut bien la peine qu’on en plante, parce que
les
\
DE LA CAMPAGNE.
13?
les arbres en font grands & beaux , & font de belles couronnes , des
branches fort minces, & qu’ils produilènt beaucoup. ,
'V i
CHAPITRE IV.
Les Mérifes^ desCerifeS:, ^ des GîioteS.
ON peut diftinguer les Mérifesjles Cerires3& les Griotes, non feule¬
ment au fruit, mais aulTi au bois: malgré cela pluüeurs perfonnes
comprennent ces trois fortes fous le feul nom de Cerilès , parce qu'^elles-
ont beaucoup de qualités qcii leur font communes. Les François font:
pareillement mention de ces trois fortes fous les noms de Guignes dé-
Cerifes gsP de Grmtes.
Le fruit & le noyau des Mérifes ell: oblong ; & on les diHingue en-
Mérifes fauvages , ou en Mérifes affranchies par la Grefe.
Parmi les Mérifes fauvages il y en a de noires , de rouges & de bi¬
garrées 5 comme aulfi de petites & de grolTes , d’un goût fort doux &•
aufÏÏ fort âpre. Les noires font ordinairement douces , & les rouges
pour l’ordinaire moins ; les arbres en deviennenr allez grands , ils ont
comme les Cerifîers une écorce unie , & produifent beaucoup.
La différence qu’il y a entre leur fruit eft venue de femence : on le
grefe fur de petits Sauvageons de Mérifes pour la confervation & pour
la multiplication de chaque espèce , ce qui vaut mieux que fur des Sau¬
vageons de Gerifes fauvages : c’ell pour cela qu’il ne faut jamais enter ni
grèfer en approche des Mérifes fur des Cerifes. Pour lavoir comment
il faut s’y prendre, il n’y a qu’à voir le V. Chap. du IL Lw. le FIL
Chûp. du même Liv, Les Mérifiers gréfés ne deviendront jamais fort
grands, ils feront cependant plus grands que les Cerifîers gréfés : ces-
derniers pouffent aufîi plus volontiers & vivent plus longtems.
Le fruit & le noyau des Cerifes font ronds : on n’en garde point de
fauvages ; mais on les cultive de Sauvageons de fouche de Cerifîers qu’on-
arrache à ces arbres , & non pas de noyau comme les Mérifès. Ces Sau¬
vageons font en croiffant plus remplis de nœuds, & moins unis que les
troncs de Griotiers , & ne deviennent pas fi grands , mais produilènt ’
plus ; ce qui fait qu’on fe fert de ceux-là: il y en a cependant qui préfè¬
rent pour enter ou gréfer les troncs de Griotiers.-
LES AGREMENS
136
■ On a plufieurs efpèces de Cerifes: il y en a d’un rouge foncé, d’un
rouge clair & obfcur , des blanches & des bigarrées , lefquelles font
venues chacune dans fon efj^ècejde femence ou de noyau ,& fe confèr-
vent préfentement en les entant ou bien en les gréfant en aproche. Il
y en a aufli parmi celles-là qui viennent avec des bouquets fort près à
près le long des branches , & fans pouITer beaucoup de feuillage , com¬
me cela fe voit à la Cerife de Prague (Praûgjè Kers) , dont la fleur efl
de couleur de chair , & la Cerife Duc (Hertoge Kers) ; mais les Muf-
cats de Prague ont la queue plus longue , & pouffent quelquefois des
feuilles entré les fleurs , ce que font aufli les Cerifes de Mai & celles
qu’on nomme Ke?'J'en van den BroeL Les jeunes Cerifîers ne pouffent
pas tant de fleurs , ni même fl ferrées que les vieux , ce qui fait aiifTi
que ceux-ci ne fleuriffent pas en forme de rofè , ni même les Mufcats de
Prague.
Les Griotes font beaucoup plus greffes & plus grandes que les Cerifes
& les Mérifes : elles font moins oblongues que les Mérifès , & moins
rondes & moins plates à l’endroit de la queue que les Cerifes. Celles-
ci ne viennent pas de noyau , ni de Sauvageons de fouche , mais uni¬
quement par le moyen de la Grefe fur de petits troncs de Mérifes dans
leurs efpèces , n’y ayant qu’une feule efpèce de Griotiers qui me foit
connue , qui donnent de plus gros ou de plus petits fruits , en moindre
ou en plus grande quantité, félon la nature des Fonds de terre, &: félon
la manière dont ils pouffent. Ces Griotes font d’un brun foncé tirant
fur le rouge , d’un goût aigrelet , & plus charnues que la plupart des
Mérifès & plufleurs Cerifes : elles réfiflent aufîi beaucoup mieux que ces
dernières au grand froid , ce qui fait qu’on les plante fouvent contre des
Murailles ou des Cloifons expofées au Nord. Je ne fàurois cependant
que desaprouver cette méthode , parce que ces Efpaliers expofés au
Nord ne produifènt que peu de fruits , & même des fruits fort mauvais,
qui ne fàiiroient feulement dédommager de la peine & des fraix de la
taille & de l’ofîer: ils prennent, quand ils font contre des Cloifons , là
nourriture des arbres fruitiers qui font de l’autre côté au Midi , & pro-
duifent auffi très peu. Les Griotiers ne font jamais aufli grands que les
Cerifiers ou les Mérifiers ; c>ft - pourquoi on les grefe fouvent fur de
baffes tiges près de terre.
De tous les arbres fruitiers il n’y en a point qui demandent autant de
circonspeéfion , tant à l’égard de la nature des Fonds de terre, qu’à l’é¬
gard de la manière de les planter , de les gréfer , & de les tailler, que
les Mérifiers , les Cérifiers & les Griotiers. Ils
D E L A C A M P A G N E. 13?
Ils deviennent les plus grands & les plus làins arbres quand ils font
plantés dans de bons Fonds de terre grafTe élevés : ils vivent auffi le plus
longtems , & produifent les plus gros fruits.
Dans de bons Fonds de fable , ni les fruits ni les arbres ne grandüTent
pas autant, quoique ces prémiers ne foient pas moins bons que dans des
Fonds de terre grafle.
Les Fonds de terre Ibuphrés , bitumineux ou de Tuf, leur font con^
traires , (quoique les Arboriftes cultivent dans ces Fonds en très peu
d’années , de gros arbres bien venus & propres à tranfplanter) , parce
qu’ils ne parviennent pas dans ces Fonds à la vieillefle , & qu’ils n’y
croiiTent pas comme il faut , mais qu’ils y meurent ordinairement d’an¬
née en année par la gangrène à laquelle les branches font fujettes ; &
même quelquefois fubitement & entièrement dans la vigueur de leur
pouffe , & lorfqu’on s’y attendoit le moins. Il faut auffi bien fe garder ,
quelque bons que foient les Fonds de terre, de replanter des Mérifîers,
Cerifiers, Griotiers, dans les endroits où l’on a arraché un de ces arbres
qui y avoit été pendant quelques années , & plus encore , & où il elc
mort : car quelque peine qu’on fe donne en creufànt , avant que de
planter , de profondes foffes , & en les remplilfant avec de la terre neu¬
ve j on ne réuffira jamais à y faire venir de bons arbres ; mais ils y
mourront infailliblement dans peu d’années, fuppofé même qu’ils aient
pu y croître pendant quelque tems. Il faut aufîl détruire , fans perdre
de tems , les arbres nouvellement plantés , quand ils diftillent de la
gomme, parce qu’il n’en viendra jamais rien de bon.
On a dit ci-devant qu’on multiplie ces arbres par la Grefe, ce qui fe
pratique fur des Sauvageons d’un ou de deux ans ; car il efl fort incer¬
tain fi la Grefe réulfira , quand cela fe fait fur des Sauvageons plus vieux
ou plus gros ; & alors on ente en aproche , parce qu’jl arrive fouvent
que la Grefe ne réufTit pas à l’égard de ces fruits à noyau. 11 faut bien
prendre garde , quand on les ente , que la Grefe ait au liant un bouton
à feuille , ce qu’on trouve affez rarement à des rejettons de Griotiers
dont on a coupé la tige ,, mais toujours aux extrémités ; ce qui fait
qu’on ne doit jamais prendre pour cela que des Grefes des extrémités
de ces rejettons.
On prend pour tranfplanter , parmi les arbres gréfés , ceux dont la
Grefe a fait une pouffe d’un ou de deux ans, mais jamais d’autres que
d’un an, parmi ceux qui ont été gréfés en aproche ; prenant bien gar¬
de que leur tronc foit jeune & gros à proportion , que le branchage
Tartïe L S con-
LES AGREMENS
13^
confifle en rejettons vigoureux , Sc que le talus de l’entaille 5 ou le def-
fus du tronc , foit bien environné d’un bourlet, & que l’écorce foit bien
jointe à la Grefe , cette dernière devant être fur-tout bien faine à l’en¬
droit de l’entaille. Après avoir fait un pareil choix, on plantera ces ar¬
bres au commencement du Printems , afin que leurs racines foient moins
fujettes à fe moifir,ce à quoi ces arbres font fort fujets quand leur pouffe
fe trouve interrompue, quand on laiffe la moindre cavité entre les raci¬
nes & la terre qui les contient: fans compter encore que leurs racines j
de même que celles des Ormes , fe reffentent d’abord de la gelée.
Il ne faut pas , quand on les plante, couvrir trop de terre leurs raci¬
nes, parce que cela nuit à la pouffe; mais on les plantera fort haut,
prefque à niveau du Fond, & on couvrira leurs racines, jufqu’à ce qu’el¬
les aient pris, avec un peu - de verdure d’eau, du vieux- Tan, &c. pour
empêcher qu’elles ne fe deffèchent.
On n’eft plus dans le goût des arbres à demi-tige , en fait d’arbres
fruitiers , de quelque espèce qu’ils foient , parce qu’ils occupent inutile¬
ment & fans produire mieux, plus de place ,& qu’il' n’eft pas à beaucoup
près aulfi commode d’y faire la cueillette qu’aux nains. Cela n’empêche
pas que je ne préfère les demi-tiges , quand il s’agit de certaines e^èces
de Cerifiers qui ont des branches menues, & qui au-lieu de monter, font
retrouffés , comme ceux qui portent lesCerifes auxquelles on a donné les
noms de Pan (1er Nat ^ J an Jrendfe quand les bran¬
ches montent droit , comme les Cerifiers de Gatrop , d’Agathe , (Sc comme
le Mufcat de Prague, les nains valent mieux.
il faut, pour ce qui regarde ce fruit, obferver les mêmes chofès,' qui
ont été indiquées pour la taille des arbres en général dans le FUI.
Cbap. du II Liv. retranchant le moins de branches à ceux qui produi-
fent le moins , quoiqu’ils faffent ordinairement du bois plus vigoureux
6c en plus grande quantité. 11 ne faut pas non plus couper les bouts des
Cerifiers , moins encore ceux des Griotiers , parce que les extrémités de
ces derniers n’ont très fou vent qu’un feul bouton à feuille, lequel étant
coupé, empêche les fruits de recevoir autant de nourriture qu’il leur en
faut, d’où il arrive qu’ils font beaucoup plus petits, plus inflpides , 6c que
jbuvent même ils ne meuriffent pas , par la foibleffe 6c la langueur de:
k branche qui les porte.
Quoique les Mufcats de Prague, les Gotrops, 6c les Agathes , 6cc.
s’abâtardiffent beaucoup , quand on n’en retranche pas les bouts des
branches , 6c qu’ils pouüènt au contraire,^ lorfqu’oaen coupe les extré-
DE LA CAMPAGNE.
129
mités 5 d’autres branches fuffifantes , qui paroiflent bien plus belles , étant
garnies d’une grande quantité de boutons à feuille & à fleur j que lorf-
qu’on les laifle croître fans en rien couper ; il eft pourtant de la derniè¬
re nécelîité d’observer cette dernière circonftance , pour fe procurer plus
de meilleurs fruits & en plus grande quantité.
La Taille d’Eté eft nuifible à tous les fruits à noyau , qui croifTent
en plein air & fans être génés, & par cela même aiilîi aux Cerifès: au-
lieu que la Taille d’Eté eft bonne à ceux qui font contre des Murailles
& des Cloifons.
Après avoir fait ces obfervations générales j je vais traiter en particu¬
lier de quelques elpèces de Cerilès.
Les Mérifes noires font les plus grofles des Mérilès fauvages , ou qui
n’ont pas été gréfées , & les plus petites des gréfées , les plus grêles
Jes moins charnues ; mais elles Ibnt pleines d’une eau fiicrée. Ce Ibnt
les arbres les plus grands & les plus fàins.
Les Mérifes que nous nommons Kriek van âen Broek , font les plus
grandes & les plus grofles de toutes les Mérifes. Quand elles font mû¬
res 3 elles font d’un brun prefque noir , pleines d’une eau fucrée , plus a-
gréable que celle des fauvages. Elles font un arbre raifbnnablement
‘grand, qui ne produit que peu dans le commencement de fa poulie, &
beaucoup à mefure qu’il vieillit : fes branches ne font pas fi droites que
. celles des fauvages , mais d’un bois plus épais.
Les Cerifes connues fous le nom de Cerifes du Prince Maurice mais
qui font mal nommées, ont les mêmes qualités que les Mérifes fauvages,
excepté qu’elles font un peu plus grofles, de couleur écarlate, couvertes
de petites taches d’un blanc manqué: elles font moins douces, mais d’un
goût plus agréable que les précédentes.
Les Cerifes doubles de Rouen , auiri mal nommées , ont les mêmes
qualités qu6 les précédentes , mais elles. font un peu plus grofles, fermes,
charnues , & croquantes , quoiqu’un peu moins que les Cerifes de Gatrdp ,
d’un rouge clair & bigarré.
Les Cerifes doubles de Mai^ pareillement mal nommées , font appel¬
les par plufieiirs , le Mufcat tardif de Prague, auquel elles relie mblent
en effet beaucoup pour les qualités, le goût & la couleur, excepté que
leur noyau eft comme un noyau de Mérifè. Elles produifent outre cela
fort peu, fleuriffent beaucoup, & quittent prefque tous lésons leurs
fleurs, comme cela arrive aufli à beaucoup de fruits déjà noués.
Les Cerifes fmiples de Mai n’ont rien qui puiffe engager à en planter,
S 2 fi
14.0 LESAGREMENS
Il ce ii’cft qu’elles font des premières à meurir ; ce font de petites Cerifes
qui produilènt peu.
Les Cerifes nommées Mufcats de Prague font de deux fortes : il y en
a de rondes , & d’autres qui font un peu longues. La ronde meurit la
première: Tune & l’autre étant bien mûres font d’un brun foncé, char¬
nues, mais moins douces, cependant fort agréables. Les longues font
les meilleures au goût des vrais Curieux: elles méritent l’une & l’autre,
comme les meilleures Cerifes , d’être cultivées , parce que ce ne font pas
feulement parmi les bonnes Cerifes celles qui meurilTent des prémières,
mais aufli parce qu’elles font fort agréables & fort abondantes ; outre
qu’elles font de bons arbres qui viennent bien , & qui pouffent des re-
jettons vigoureux «Sc bien droits , & fur-tout les longues , dont les ar¬
bres font pour le moins du bois aulfi fort que les rondes. Pour les pré-
maturer, on les plante puelquefois contre des Murailles ou des Cloifbns
expofées au Sud-eft ou bien au Midi r mais les meilleurs fruits en vien¬
nent à des arbres de baffe tige.
Les Cerifes qu’on nomme jfan udrendzens-Kers ^ibnt plus petites, bru¬
nes , rondes , comme la Cerhè ronde nommée Mufcat de Prague ; mais
elles font moins douces & moins agréables : cependant à mefure que
eette dernière a commencé d’être en vogue , on*a abondonné la cultu¬
re de l’autre , deforte qu’il efl bien rare d’en trouver.
Les Cerifes tardives nommées font des Cerifes rouges «Sc ron¬
des , plates vers la queue , peu charnues , mais pleines d’une eau qui n’a
que peu de goût: on en a pareillement abandonné la culture à mefure
que les Mulcats de Prague ont été connus. Cependant ces Cerifes fi
peu eftimées font beaucoup plus faines que les Mufcats de Prague , ou au¬
tres Cerifes plus charnues, dans des Etés fort cliauds, parce qu’elles
paffent vite dans l’eftomac: elles font auffi fort bonnes, à caufe de leur
agréable rougeur , pour être confites ou étuvées & c’efl pour cela
tju’elles méritent bien d’être cultivées. Elles font d’affez bons arbres ,
dont les branches ne font ni groffes , ni droites , mais poulTent vers les
côtés des bras fort minces.
Toutes les Cerifes qu’on nomme en France Griotes ou Cerifes à cour¬
te queue ., font de la même efpèce, quoiqu’elles foient un peu plus char¬
nues & beaucoup plus groifes : on ne fauroit en diflinguer les efpèces
qu’en les confrontant enfemble. Toutes ces Cerifes produifènt très
peu^ quoiqu’elles foient les meilleures à confire, à caufe de leur couleur
ée de leur grolfeur extraordinaire.. Les arbres en font plus grands que les-
Cerifiers tardifs. Le&
DE LA CAMPAGNE.
Les Cerîjes d'' Orange^ de la Comte jje , ou les Cerîfes rouges de Bru¬
xelles 5 ne different point entre elles. Elles font d’un rouge un peu
plus clair que les tardives , plus greffes & plus charnues ; mais comme
elles d’une rondeur plalte : elle ontla" peau épaiffe , une eau blanchâtre
comme les tardives , & font cependant d’un goût fort relevé. Elles
produilènt très peu 3 & font des arbres qui n’ont pas belle apparence.
Les Cerifes d^ Agathe font d’une rondeur plat te comme les tardives.
Etant mûres elles font d’un brun tirant fur le noir , charnues comme le
Mufcat de Prague , mais d’un goût plus relevé. Elles produifent beau¬
coup de fleurs ; mais ces fleurs tombent en quantité quand elles font
nouées > d’où il arrive que ces arbres chargent très peu.
Les Cerifes de ^appellées au (Ti Croquantes caufe de leur chair
croquante quand on les écrafe dans la bouche , font un peu longues,
■d’un brun tirant fur le noir , & d’un bon goût. Elles font des rejet-
tons qui pouffent vigoureufement vers le haut , & des arbres paffable-
ment bien formés.
- Les Cerifes qui portent le nom de mn der Nath un peu plus pe¬
tites que la ronde nommée Mufcat de Prague ; elles font aulfi un peu plus
rondes 3 & ont une plus longue queue. Elles doivent être d’un brun tirant
• fur le noir quand on les mange , ayant alors un goût aigrelet fort agréa¬
ble : au-lieu qu’elles font rudes & âpres quand elles ne font pas bien mû¬
res. 11 y a bien des Curieux qui les regardent comme les meilleures Ceri¬
fes : elles font des plus tardives , & excellentes féchées. Elle font un arbre
affez bon, garni par les côtés de branches fort minces: c’efl pour cela
qu’on ne doit point les planter à baffe tige.
Les Cerifes (CEJpagne^ ou Bigarreaux & blanches, d’un
goût fort femblable à la double Cerife de Rouen, mais plus croquantes,
moins groffes & moins agréables, & produifent plus.
Les Cerifes nommées tVitte Spekkers^ font des corps fans réalité, &
quoique fort abondantes , elles ne méritent cependant pas d’être culti¬
vées.
S
3
C H A"
142
E s A G R E M E N S
CHAPITRE V. ~ ;
Les Féchers ^ de leurs Fruits.
TOus les Fruits auxquels on donne dans ce Païs le nom de Pêches,
font diftingués par les Auteurs François en quatre clafTes : ils don¬
nent le nom commun de Pèches à celles dont la peau extérieure eft co-
tonneufe, qui ont une chair pleine de fuc & fondante , & quittent fans
peine le noyau, comme font les Pêches de Zwol <Sc celles de Monta¬
gne, &c.
Ils appellent la fécondé eipèce Pavîes., dont la peau efl encore plus
cotonneiifé , mais la chair moins fondante , & qui ne quittent pas li fa¬
cilement le noyau.
On appelle la troifième efpèce Brugnons : celles-ci ont la peau unie
comme les Prunes, ce qui fait qu’on les nomme chez nous Pèches chau-
fves ou Angloîjes.
La quatrième efpèce, appellée Perjîque^ a la peau cotonneufe, &
le fruit un peu long. Nous avons cette eipèce parmi nos Pêches de Mon¬
tagne, mais elles font toujours âpres & rudes.
On ne multiplie les Pêchers que par la grefe dans l’écorce , 6c cela
chez nous fur des Pruniers ou fur" des Abricotiers, après qu’ils ont été
gréfés fur des Pruniers & non fur des Amandiers , comme cela lè fait
en France quoique le Pêcher fur l’Amandier prématuré le fruit, on le
gardera bien de le pratiquer dans ce Païs , parce que les fruits n’en au¬
ront pas feulement moins de goût , mais aulTi que les arbres ne croî¬
tront pas à beaucoup près fi bien, vivront moins longtems, & mour¬
ront même fouvent avant qu’on les transplante ; deforte qu’on les gréfe-
ra, félon les qualités des Fonds de terre 6c les elpèces de fruits, fur des
Pruniers ou fur des Abricotiers.
Dans des Fonds fecs 6c fablonneux il n’en faut point planter d’autres
que ceux qui ont été gréfés fur des Pruniers , car ceux qui l’ont été fur
des Abricotiers, ne feroient dans de pareils Fonds que des arbres fort
grêles , 6c par une fiiite néceflâire , de mauvais fruits. C’eft aulTi une
réglé fûre que les Pêches k noyau rouge jcrûes dans des Fonds trop fecs,
ont le goût infiniment meilleur , quand elles ont été gréfées fur des A-
bricotiers , que fur des Pruniers : cela fe voit fur-tout k la Pêche pourprée
ou
DE LA CAMPAGNE.
ou vineufe, car elle a autrement fort fouvent une eau d\m goût verd &
peu mûr : au-lieu que les Pêches de Montagne fur des Pruniers font
meilleures ; encore faut-il agir d\ine manière qui convienne à la nature
des Fonds de terre , car celles qui font gréfees fur des Pruniers , pren¬
nent dans des Fonds bas & naturellement froids, un goût verd & rude,
par conféquent il vaut mieux gréfer fur des Abricotiers dans ces endroits-
là: cependant les Pêches fur des Abricotiers dans des Fonds fecs,font fou-
vent pâteufes & moins agréables.
11 faut pour gréfer fur des Pruniers , prendre des Sauvageons venus
de Souche, qui n’ont pas été gréfés auparavant; deforte que li l’on veut
gréfer des Pêches fur des Prunes de Damas, on le fera auHi fur des Sau¬
vageons venus de Souche, qui produiront de très bons arbres; au-lieu
que celles qu’on grefe fur des Prunes de Damas , gréfées déjà fur ces
fortes de petites Prunes que nous nommons Kroosje , ne prendront que
fort difficilement. Pour les Pèches gréfées furdes Abricots, il faut que le
petit Abricot tacheté ait été gréfé fur la grolTe Prune blanche , & jamais
fur la petite rouge : cette double confuiion dans la circulation des fucs
rend ces arbres plus fertiles ; cela avance aulïi la maturité des fruits >
quoique par-là ils ont fouvent moins d’eau.
]’ai indiqué dans le Chap. Vil du II Lh\ les Sauvageons qu’on doit
ernployer à cet ufage , & j’ai fait voir que la groffe Prune blanche , do
même que l’Abricot blanc, ne s’accordent pas avec le bois de Pêcher, &
que c’eft pour cela qu’il faut prendre , pour gréfer des Pêches fur des
Prunes , la petite rouge ou la Prune de Damas , &c. On fait ordinaire¬
ment deux ou trois grefes fur chaque Sauvageon , pour être affiiré de¬
là réiüîite , mais on fe contente d’en conferver la plus baffe quand elle
eft bien prifè , & on retranche le refte. La multiplication des Pêchers;
de noyau n’étant pas fi avantageufe, eft aiiiu hors d’ufage.
11 faut avoir bien foin, quand on plante des Pêchers, de ne pas faire
une trop petite taille à leurs racines , fans quoi ils auront beaucoup de
peine à prendre. Comme toutes les plantes aiment des Fonds de terre
neufs, cela efl encore plus particulier au Pêcher: j’en ai planté fur une
Terraffe de fable tout pur, de la largeur d’un peu plus de trois pieds,
couvert d’un pied en profondeur de limon menuifé par la gelée, & les
ai vus devenir de grands & de bons arbres bien fertiles ; & comme j’é-
toisfurpris de voir continuer ainfi ces arbres à bien» produire pendant
plus de dix-neuf ans , je ne laiffois pas d’admirer encore davantage la
pouffe 6c la fertilité d’un arbre, q,ui étoit planté dans un Fond fort ma¬
rées
144. LES AGREMENS
récageiiXjà Fendroit où le Jardin alloit en pente , où Teaii venoit chaque
année autour du tronc pendant Tliiver, s’élevoit par delTus la terre à la
hauteur d’un pouce ,& s’y convertilToit en glace.
11 eft encore néceffaire de prendre, pour planter, de jeunes arbres
dont les Grefes n’ont qu’une année & une feule tige ; ils deviennent plus
beaux, parce que cette tige d’un an, coupée deux ou trois pouces au-
delTus de l’endroit de la Grefe, fulîit pour poiilTer aflez de petites bran¬
ches par les côtés , qu’on doit attacher aulfi alors aux Cloifons en ‘guifè
d’éventail ouvert. Les arbres dont les Grefes font plus vieilles & qui
ont plus de branches , ne font pas h bons; les prémiers font moins
propres à bourgeonner , & on ne îàuroit faire des autres de beaux éven¬
tails; deforte qu’on fe gardera bien d’en planter, fi ce n’ell au défaut
de meilleurs ; on n’en plantera non plus aucun dont la Grefe n’a pas
poufie ; car alors il arrive très fouvent , qu’arrêtée dans fa poufle par la
tranlplantation , l’œil fè delTèche trop, avant que fa poufle ne recommen¬
ce, & il ne fauroit par conféquent croître avec vigueur.
Les Pêchers de même que leurs fruits requièrent une chaleur durable,
tempérée, mais non pas excelfive; ce qui fait que ni les arbres ni les
fruits ne viennent pas fi bien contre les Murailles que contre les Cloifons:
les meilleurs fruits étant ceux qui font crus le plus loin de la Cloifon &
du tronc ; par conféquent il eft rare que les fruits des arbres , dont on ar¬
rête le cours par une taille d’Eté pour le plaifir de la vue , foient bons;
mais ils font ordinairement meilleurs quand on laifle ces arbres poulfer
en pleine liberté : c’eft pour cela qu’on leur laiflera quelquefois pouffer
des branches dégarnies , car ces branches produifcnt fouvent les plus
gros, les meilleurs fruits, & en plus grande quantité.
Les Arbres gréfés fur des Pruniers , font une plante bien plus vigou-
reufe que fur des Abricotiers : aufîi gagnent-ils plus ou moins du côté
du bois , félon la diftérence qu’il y a entre les efpèces de fruits : c’efl
ainfl que la Pêche verdâtre de Montagne croît mieux que la blanche ,
qui meurit plutôt. Ces Pêches de Montagne verdâtres fur des Pruniers
doivent du moins être à une Cloifon de huit pieds par deflus terre, & il-
faut les planter à quinze pieds de diftance : au-lieii qu’une Cloifon de
cinq pieds de haut fuffit pour celles qui font gréfées fur des Abricots, &
que leur diftance ne doit être que de dix pieds feulement : de cette
manière les arbres«en deviendront bien plus beaux & plus fertiles en Efl
paliers ;au-lieu qu’autrement ie bois en devient trop gros, plus mou, &
pouffe des branches gourmandes. 11 eft fort remarquable que toutes les
fleurs
DE LA CAMPAGNE. nç
fïeiirs qui viennent à ces fortes de gros bois, font des fleurs mdles , qui
ne donnent jamais de fruits , ou bien fi quelquefois & par hazard il y
vient des fleurs femelles, elles tombent avant le tems, parce que la fe-
ve monte trop dans ces branches.
Les Pêchers pouffent ordinairement TEté fans interruption jufques
vers la Saint Jaques, après ce tems-là les rejettons des vieux arbres croil-
fênt rarement en longueur , mais bien en groffeur : c’eft auffi alors que
le fruit , qui pendant quelques femaines qifil emploie à faire fon noyau , -
ceffe pour ainfi dire de croître , & commence tout d’un coup à fe gon¬
fler, & enfuite à meurir. Mais la pouffe des arbres, qui font jeunes &
vigoureux, dure fouvent jufqu’à la mi-Aout, & même plus tard, félon
que le tems efl mieux difpofé à force d’humidité : les fruits meuriffent
auffi plus tard. Cefl fur quoi il faut fè régler pour la taille d’Eté, en
prenant bien garde de ne la commencer, que lorsque la pouffe du bois
eft achevée: on n’attachera non plus, que le moins qu’il efl polfible
avant ce tems-là , les jeunes branches vigoureufes , fur-tout aux Cloifons
expofées au Midi, & cela afin que les fruits ou ces rejettons ne foient
pas trop affeélés par le Soleil.
Pour n’être donc pas fujet à avoir du mauvais bois & à voir de la
gomme aux arbres, mais pour conferver l’arbre en bon état, garni de'
bon bois à fruit , on ne commencera jamais la taille d’Eté avant le
mois d’Aout, à moins que ce ne foient des arbres qui croiffent fort vigoii-
reufèment, ou dans des années pluvieufès; dans ce cas on peut le faire
plus tard, à commencer l’onze ou le douze; on coupe alors les bran¬
ches gourmandes jufqu’à leur dernier' bouton à feuille (à compter depuis
le haut vers le bas), pour poüvoircouper enfuite après la chute des feuilles,
le petit moignon , qu’on y laiffe d’abord pour prévenir la gomme. On
ne tranche encore tout -à- fait plufieurs branches furnuméraires , foit à
fruit foit languiffantes,fans couper ou làns rogner d’autres branches. Je
comprens auffi fous le nom de branches furnuméraires, toutes celles
qui forcent fur le devant du tronc ou de la branche, & qu’on ne fàiiroit
attaclier fans les plier & fans caufèr de la difformité ; il efl bon par con-
féquent de n’en laiffer aucune.
On doit retrancher aux Pêchers à baffe tige leurs jeunes branches
gourmandes, de la même manière qu’aux Elpaliers; mais le refte de
leur taille ne doit fe faire qu’après l’iiiver, parce que ces Pêchers font
encore plus fujets que les Elpaliers à mourir par les'fommités, par le
froid du Printems. On ne doit non plus rogner aucunes branches ,
Fartk L T grandes
146 LES AGREMENS
grandes ou petites , ni pendant Pliiver , ni pendant l’Eté: mais comme iî
arrive fouvent que les tendres bouts fe gelent & meurent,, quand il faut
de nécefTité leur faire la taille, il ne faut cependant pas dans ce cas les
retrancher tout -h -fait, ou les rogner plus loin que juiqifau premier œil
vivant qui paroit. Ce qui doit néanmoins être bien obfèrvé, quant â
cette méthode, c’efi: qu’il ne faut jamais faire cette taille au-deffusd’un
feul & limple œil, étant incertain fi ce n’ell pas un bouton, auquel cas
la petite branche mourroit , & c’eft pour cela qu’il faut toujours la faire
au-deflus d’un bouton à feuille : pour en être alTuré , on rogne jufqu’à
l’endroit où paroiflent, un, deux , ou trois petits boutons près à près.
On retranchera de plus toutes les branches chifonnes , menues , grê¬
les , <Sc l’on n’en conlèrvera que de vigoureufes , pourvu que ce ne
foient pas des branches gourmandes , car ce bois vigoureux févré pro¬
duit les fruits les plus agréables. On ne conlèrvera pourtant pas trop
de ce bois , fur-tout quand il apartient k des Abricotiers , & quand le
fruit a le noyau rouge , prce que ces arbres n’étant pas des plus vigou¬
reux , meurent aflez facilement quand ils font furchargés de bois : CQ.
qui arrive aulfi Ibuvent k ces mêmes arbres quand ils font furchargés dè
fruit. Dans ce cas-lk on les épluchera k tems , d’abord après que les
fruits font noués, enfuite une féconde fois encore, & pour la troifième
après leur mue , auquel tems les arbres ne doivent avoir que peu d^i
fruit, n’en avoir jamais deux l’un près de l’autre, pas même à une tel^
le dillance qu’ils piiilTent fe toucher , quand ils auront aquis toute leur
grolTeur. De cette manière on le procure les plus grollès & les meil¬
leures Pêches , n’y ayant aucun aul^e fruit dont les petits foient plus
infipides & les gros plus agréables. Les vieux arbres qui pouflent avec
vigueur , produilènt ordinairement les plus gros , les plus délicieux:
fruits ,& en plus grande quantité: au- lieu que les jeunes emploient fort
fouvént toute leur vigueur pour des brandies dont on ne retire que dit;
bois.
- Il faut pour défigner la grofTeur & les qualités aétuelles dii fruif:, en
donner k connoître auÜl le contour & la peiànteur ; les plus pefantes é-
tant pour l’ordinaire les plus agréables au goût. La plus greffe Pêche >
que j’aie vue, pefoit onze onces, poids de marc: elle étoit un peu plus
ronde qu’à l’ordinaire , & avoit treize pouces de circuiç mefüre de
Rliynl^de. , ,
_Ûne EêçhS'de fept pn^es^ poids de marc, e$ déjà une Pêche d’uge
groffem: peu î ^ ^ ordinairement, plus de neuf pouces de
<jrcuiL Une
DE LA CA Mf AG NE.
ttne Pêche de heiif pouces ell d’uhe grolfeiir peù columutKî ^ & pefc
ordinairemeut fix onces & dix eftelins , & quelquefois 'jiifqu^îi douze,
quatorze & feize eftelins,
La fleur de Pêcher a cinq feuilles, mais ces feuilles félon les différen¬
tes qualités des fruits , font plus grandes , plus petites & divérfement
colorées , ont aufli plus ou moins d’étamines au^dedans 'de la* fleur.
Les arbres qui prodiiifènt les plus gros fruits ont aulTi les plus groïTe»
fleurs* La Pêche pourprée ou vineufo , quoiqu’elle ne le cède pas fouvent
en grofleur à la groffe verte de Montagne ,dont la fleur efl très petite, a
de petites feuilles rondes de couleur cramoifî tirant fur le violet , qui sfou-
vrent fort rarement tout-à-fait ,maisfo tiennent plus fermées, du milieu
desquelles s’élèvent ordinairement trente -huit étaitiinés qui paffent le
haut de la fleur. Les Pêches de Montagne & de Zwol ont les fleurs
leurs feuilles plus grandes, qui s’ouvrent tout-à-fait en fleuriffant, celle de
la Montagne eft pour l’ordinaire un peu plus ouverte & unie, d’une cou¬
leur plus claire, d’une couleur de chair plus blanche, & moins rouge
dans le cœur, plus ronde autour que celle de Zwol, qui dans le cœur efl
d’un rouge violet qui forme comme un cercle.
Quoique les Pêchers meurent fouvent par la forte gelée , & que leurs
fleurs tombent fouvent avant que de nouer , par le froid du Printems,
je ne confeille cependant pas de les couvrir avec des nates de rofeau :
j’ai apris & me fois convaincu par mon expérience , que cela leur ell en¬
core plus nuifible. J’ai trouvé qu’il vaut mieux mettre en terre devant
les arbres , des rames à ramer des poids , pour rompre les vents de bi-
îte , en les y laiflant jufqu’à ce que le fruit foit noué. Les meilleures
Pêches font :
Avant-Pêche rouge , qui efl à peu près de la même couleur que la
Pêche de Zwol, d’un goût plus exquis que la blanclie, plus ronde , &
un peu plus groffe : elle ne fait pas un arbre vigoureux , quoiqu’elle doi¬
ve être gréféie for Prunier , ce qui fait qu’on a de la peine à en 'tirer de
bons rejettons à gréfer ; outre que la Grefe fe détache rarement en la
tordant, deforte qu’on efl très fouvent obligé de la couper dans le bois,
comme cela le fait aux branches épineufes des Limoniers.
Avant-Péche blanche efl un peu longue & pointue comme la Pêche
d’ Amande ; elle produit plus que la rouge , & fait un arbre plus vigou¬
reux : les fruits en meuriffent bien aufiitôt.
Les Anciens ont donné mal-à-propos le nom d’Avant- Pêches aux
Abricots , fans les défigner autrement. Dodonée leur donne l’un &
l’autre de ces noms. ^ T 2 La
*4*8 vL Ç S' A G R E.M E N S
La 'Montagne blanche. Il y en a de plufîeurs fortes. Elle meurît la
première après les Avant - Pêches. Sa chair ell blanche, & là peau
quand elle éll mure , paroit aulfi d’un blanc jaunâtre , & elle eft d’un
côté d’un rougeâtre luifant. Les meilleures font de la grofleur des ver¬
tes, & point pâteufes. La fécondé forte eft plus petite , & moins co¬
lorée ; & la plus mauvaife eft d’un rond un peu long j & d’un goût â-
pre & rude.
La Montagne verte. Il y a encore plus d’elpèces de celle-ci que de
la Montagne blanche, dont les plus grofles font toujours les plus exqui-
fes au goût , & les plus belles à la vue ; elles finilTent très fouvent par
une bofle à la cime en pointe , & comme c’eft là ordinairement la figu¬
re des Amandes , on nomme ces Pêches , pour les diftinguer des au¬
tres , Pèches- Montagne- Amande. La chair & la peau en font un peu
verdâtres , & l’im des côtés eft d’une couleur luifante fort agréable.
Celle-ci meurit environ quinze jours après la Montagne blanche , & en
Hollande on a ordinairement coutume de la planter. Je crois que c’eft
la même que Mr. de la Quintinic nomme V Admirable ^ quoiqu’elle meu-
rifle dans ce Pais, en elpalier, avant la mi -Septembre, qui eft le tema
qu’il leur aftigne.
La Pêche de Zwoï. II y en a aufîi de plufieurs fortes , quoique dif-
tinguées le plus fouvent en Pêches de Zwol doubles & communes , les
doubles étant les meilleures. Cette Pêche eft d’une couleur blanche ti¬
rant fur le rouge , en général plus colorée de rouge par dehors que les
Alontagnes , ayant aulfi le noyau rouge r elle meurit dans le même
tems que la Montagne , (avoir à la fin d’Aout & au commencement de
Septembre.
Celle-ci varie quant au goût , félon les années , & félon que les arbres
font d’un bois plus ou moins vigoureux : les fruits en (ont aufti ou plus
gros ou plus petits , à proportion du foin qu’on a pris de les éclaircir,
ôc par une fuite nécelFaire aulTi d’une eau plus ou moins abondante &
exqiülè. Quant à moi, je préfère de ces deux meilleures efpèces de Pê¬
ches de Montagne & de Zwol , les dernières. Je crois que Mr. de la
Qiiintinie les appelle Mignones , & qu’il les met aans la troilième chf-
(è , parce qu’il dit qu’elles n’ont (buvent que très peu de goût.
. La Pêche qu’on nomme en France, ou vineufe , eft orcfinaire-
ment plus grolTe que la Pêche de Zwol : la peau extérieure eft tache¬
tée de violet foncé , & ce qui n’en eft pas coloré , moins jaunâtre y
mais plus ou moins verdâtre > comme aufli la cliair, qui tout proche du
noyau,:
DE LA campagne. 14^
noy^u 5 ainfi que le noyau même 5 eft d’un violet tirant for le rouge.
Elle retient un goûtverd dans des Fonds de terre froids, quoique gréfée
fur Abricotier ; mais elle eft pleine d’une eau délicieufe dans des Fonds
fablonneux chauds, quoiqu’elle foit gréfée fur Prunier.
]J Hermaphrodite ^ que noùs nommons aulTi Féche de Burat^ que fes
François appellent V Admirable jeune la Sandaîie ^la Féçhe dAbricot^
ell de la grofleur de la Pêche de Zwol , & fans goût quand elle eft pe^
tite; autrement d’une eau paflablement agréable , tachetée par dehors
d’un pourpre foncé : elle a une peau cotonneulè tirant fur le jaune, par de¬
dans elle eft aulfi jaune , excepté le noyau qui eft d’un pourpre rouge :
elle fait une petite fleur. On la^grefe fur Prunier, & alors elle devient
un arbre affez grand , mais le fruit n’en a pas une eau aufli exquifè que
lorfqu’elle eft gréfée fiir Abricotier. Mr. de la Qiiintinie dit qu’elle
eft Mirlicotonne,
Celle que nous nommons Féche dAngleterre^ que les Anglois appel¬
lent NeBorins^ & les François Brugnons ^ Ferfe-Noix^ eft de la grof*
feur d’une grofte Prune blanche ordinaire , d’un rond un peu long ,
mais moins pointue vers la queue , ayant dans fa longueur une couture
crévaffée. Elle eft de couleur de Prune, mais tirant plus fur le verdâtre,
& d’un côté rayée de rouge, unie, fans être cotonneufè comme les Pru¬
nes. Les Anglois vantent ces Pêches , comme étant d’un goût plus
exquis qu’aucune autre. Mr. de la Quintinie dit la même chofe d’une
des trois elpèces , mais il ajoute , qu’il faut pour cela la cueillir bien
mûre. Chez nous elle a un goût fort commun tirant fur la Prune, ce
qui à mon avis vient en grande ^partie de nos Fonds de terre.
La Pêche nommée' en Gafcon Mirlkoton^ eft une Favie d’Autonne,
qui ne quitte pas le noyau : elle eft très cotonneufe & fort grofte, jaune
en dehors & en dedans , fans aucune rougeur extérieurement. Ces
Pêches ne meuriftent pas tout-à-fait chez nous, quoiqu’on les laifteà l’ar¬
bre jufques dans le Mois d’Oélobre , ayant alors la chair encore dure.
Mr. de la Quintinie les appelle Favies jaunes,
La Féche Franpoîfe^ différente de la précédente , qu’on appelle dans
ce Païs MirJicoton , eft de toutes les Pêches la plus belle & la plus a-
gréablement colorée; elle a la chair blanclie: du refte on doit la mettre
au nombre des Mîrlicotons^ puifqu’elle ne quitte point le noyau-, qu’el¬
le refte aulfi dure qu’une Pomme ,* & qu’elle n’a point de goût. Elle
fait un beau èôup d’œil , lorfqu’on la voit pendre encore à l’arbre dans
le Mois de- Septembre ^ où elle commence à>fe pourrir avant que de
T % loeii-
te
X-ES AGREME NS
meurir ; c’efi- pourquoi on l’appelle la Futain fardée.
Celle que nous nommons double Pêche-fleur 5 fe plante pour les belles
fleurs que produit Tarbre , faifant au Printems un beau coup d’œil 5 car
les arbres en font très beaux & les brandies garnies de fleurs. Le fruit
çft comme le Mirlicoton , moins coloré ; mais plus rempli d’eau , &
moins jaune par dedans & par dehors , elle meurit vers la fin du Mois
•d’Odobre. . i j .
CHAPITRE VL *
Des Abricotiers ^ de leurs Fruits.
Le s Abricotiers croiflent de la même manière que les Pêchers, quoi¬
qu’ils pouffent des branches ligneufes plus yigoureufes , plus lon¬
gues & plus grofles , deforte qu’ils deviennent plus grands que ceux-là.
On les grefe fur Prunier , & en s’y prenant de cette façon on conferve
le fruit 5 & même on le rend meilleur : la Prune de Damas venue de
Souche eft la meilleure pour cela ; mais comme on ne la trouve point
chez les Arboriftes , on prend pour.gréfer des Sauvageons de la groffe
Prune blanche.
. . Ces arbres fruitiers aiment les expofitions les plus chaiideis , & c’eft
pour cela qu’ils viennent le mieux contre une Muraille , à la diftancc
de quinze pieds les uns des autres , ce qui en rend le fruit de meilleur
On ne multiplie jamais les Abricotiers de noyau, parce qu’alors ils ne
font pas de beaux arbres, & que leur fruit n’ell pas à beaucoup près lî
bon, que lorfqu’ils fontgréfés fur Pruniers :1e bois cependant ne fe réunit
jamais, mais bien l’écorce, avec laquelle l’Abricotier, commd ayant une
poulie plus vigoureufe, couvre le Sauvageon de Prunier, y faifant un
boiirlet , aux environs duquel il arrive que les couronnes des arbres de
tige s’abatent aflez légèrement par un vent fort : c’efl-pourquoi il faut
planter les arbres de tige dans des endroits où ils foient à l’abri des vents,,
'&ne pas trop étendre leurs couronnes , mais leur faire occuper un moin;
dre efpace par la taille : ce qui eft caufe qu’on ne plante guère d’ Abri¬
cotiers de tige , outre que dans ce cas les fleurs Ibufrant plus par les
gelées du Printems, tombeoLfort fouveut , que les fruits ont befoin
d’une
t
DE LA CAMPAGNE.
6’une chaleur bien plus longue pour meurir : du refie les fruits d’arbres
de, tige ont le goût beaucoup plus exquis^ que ceux qui' meuriflent contre
des Murailles ou des Cloifbns.
La raifon qui a engagé les anciens Auteurs à donner à ce fruit le
nom d'Jvant-Péche^ ne peut pas être tirée du bois , qui efl plus roufla-
tre 5 croît plus vigoureufement , & forme aufli les boutons d’une ma¬
nière différente; ni pareillement du fruit, qui diffère entièrement de la
Pêche 5 en groffeur , en couleur , en figure , & pour le goût. 11 n’y a que
l’Abricot blanc qui puiffe avoir plus ou moins de reffemblance avec la'
Pêche, fi peu cependant, qu’il ne fàui'oit pour cela porter le nom d’A-
vant- Pêche.
Ces fruits font plus charnus & moins remplis d’eau que les Pêches: ils-
font cependant dans ce Païs , même les plus petits , fort agréables au^
goût , & peuvent être mangés cruds ; ce qui fait que plufieurs Friands
les mettent dans la claffe des meilleurs. Le fucre aiguifè auffi beaucoup
le goût des Abricots, & cela à un point, que l’on fait des Tartes excel¬
lentes d’ Abricots verds, dont les noyaux ne font pas feulement encore
formés; & lorfqu’ils font féchés, on les tient pareillement pour la meil¬
leure forte de Confiture.
U Abricot bîanc eft le plus gros & le moins agréable au goût , tirant
un peu fur la Pêche : il devient pâteux quand il meurit.
Je crois qu’on a appellé en Grèce & en Afie cet Abricot , Pèche hùf*
tïve , & que les ei^ces fuivantes leur ont été inconnues.
V Abricot de Breàa efl le plus gros après le blanc, par-tout de couleur •
Orange fans taches.
V Abricot Orange eft de la couleur de celui de Breda , mais il efl: pte
petit : il produit beaucoup & eft très fouvent furchargé.
V Abricot de Bois-le-Duc efl à peu près de la même grofleur que celui
de Breda , mais il æfl tacheté. d’un pourpre foncé. Il efl meilleur au
goût .que le précédent.. '
Le petit Abricot dont :1e bois efl le plus propre pour y gréfer des Pê¬
ches, eft petit, ordinairement tacheté de brun, avec de petits points
d’un pourpre foncé. ^C’^eft de tous les Abricots le meilleur, & cela tant
pour manger tel qu’il ell , que pour des Confitures feches ou liquides,
(Comme aiifi pour des Tartes & pour étuveri 'cepénd^t il produit peu*
CH A-
1
LES ACRE ME NS
r. . ■ ... . ;,r r »
C H* A P I T R E VIL,
Les Pruniers £3? de leurs Fruits,
LEs Pruniers doivent être multipliés par des Sauvageons de Souche,
& portent lans être gréfés : leur fruit eft cependant meilleur quand
ils ont été gréfés Amplement ou en aproche : les arbres portent auITi
davantage par ce moyen. Les Arborifles choififlent , pour les gréfer ,
la‘ Prune nommée Roft-pt'uym'<i qui eft une petite' Prune fauvage , qui
produit beaucoup, & fait de vigoureux arbres ; mais je crois qifil vaut .
mieux y employer les Sauvageons de Souche de chaque efpèce.
' Les Pruniers poulTent beaucoup de petites racines chevelues , aimant
à être plantés dans un endroit humide , & où il n’y ait que peu de fu¬
mier, car cela les empêche de croître ,& fait qu’ils produilènt moins, lur-
tout quand c’efl du fumier de Cheval , qui fait tomber les fruits à moi¬
tié mûrs. 11 ne faut pas leur faire une forte taille , ni les dégarnir de „
branches en dedans ,’ parce que leurs ^fleurs qui ne fauroieiit réufter aux
froids frimats du Printems , font alors défendues par les branches du de¬
dans , qui font fort toufues , & nouent beaucoup mieux. Les Pruniers
d’un bois fort vigoureux produifent rarement beaucoup ; mais on les
amendera' en les transplantant , & en lailTant delfécher un peu à rail¬
les racines de ces arbres , qu’on tire de terre , avant que de les y plan¬
ter de nouveau.
De tous les fruits il n’y a que les Prunes, dont les petites diffèrent fi
peu au goût , des groffes : delà vient que c’efl de tous les fruits celui
qui a le moins befoin d’être épluché , quelque furchargés que foient les
arbres. Elles ne font cependant pas exception à la règle générale, fa-
voir que tous les fruits des arbres furchargés font plus inlipides.
On diflingue les Prunes en diverfes efpèces , & cela tant pour le
goût , la figure , la couleur , que pour la chair , qui eft plus ou moins
ferme & pleine d’eau.
Les Mirabelles /impies £5? doubles font verdâtres: les Amples font ron- ,
des à peu près comme des chiques , produifent beaucoup , & ne font
bonnes que pour conftre. La double eft plus exquife au goût , de la
groffeur de la double blanche commune , mais moins ronde , plus lon¬
gue.
DE L Â C A-tà^P^A GN E. 1^5
giie 5 ayant la couture plus enfoncée ; elle ell auITi plus cliarnue.
' Là double blanche commune eft ronde , jaune , tirant un peu fur îè'
verd, plus pleine d’eau & plus agréable au goût que la double Mirabel¬
le, mais elle diffère peu pour le goût de la fimple blanche commune.
La (impie blanche commune eft d’un jaune plus obfcur que l’autre
la meilleure forte en eft tachetée de fougé. 11 y a beaucoup de perfon-
nés qui eftiment ces Prunes plus que toutes les autres de ce Pais , fur-
tout quand elles viennent d’arbres 'de tige!' ' j- • ' ' - ^
La Frune - Abricot fuit les précédentes : elle efl de la grolTeur des
doubles, mais un peu longue & plus charnue, de couleur rouge tirant
fur le violet, tachetée, & fouvent mêlée de taches d’un rouge foncé
meilleure au goût que les grolTes Prunes oblongues,' mais moins agréa¬
ble que les blanchesLCommunes.
‘ La petite Prune à confire^ que je nomme ainfi , efl de l’avis de tous
ceux qui l’ont goûtée la plus exquife au goût, & la plus digne de toutes
d’être plantée en elpalier , étant fort charnue <Sc d’un goût délicieux ;
cependant elle produit très peu: fa figure efl presque ronde, elle eft
de la groffeur de la petite Prune bleuâtre commune ,& de couleur de bleu
foncé violet tirant fur le rouge. v - ‘
• La Prune de Damas de Ste. Catherine efl encore plus fèche & plus
charnue que la précédente : elle n’efl guère agréable au goût dans ce
Païs, parce qu’elle n’y meurit pas comme il faut; il y en a de diverfès
fortes, de couleur violette, & un peu longues. ^ '
- Les greffes Prunes molettes ^ blanches d’une figure qui reffemble k
un œuf 5 produifent beaucoup , & c’efl- pourquoi il y a de l’avantage k
les planter pour vendre, flir-tout les violettes, qui font plus belles à la
vue , & auffi réellement plus agréables au goût. - -
Les petites Prunes bleuâtres font de plufleurs fortes ; la plupart font
bleues & violettes elles produifent toutes beaucoup , mais elles ont un
goût affez mauvais.
Les Prunes font pour la plupart, comme les Raifins, couvertes de cette
efpèce de fraîcheur qu’on nomme ;c’eft-pourquoi il faut les cueillir
prudemment & fans les manier beaucoup , fur-tout celles qiü font pleines
d’eau, fans quoi elles perdent bientôt leur bonté.
4
Poi'tîe L
V
CHA-
CHAPITRE VIIL
• i' JDes Figuiers.
ON multiplie les Figuiers par bouture , mais mieux encore par des
Sauvageons de Souche qui ont racine, & qui nailTent abondant-
ment tous les ans. On ne les grefe point , parce qu’ils produifènt le mê¬
me fruit que l’arbre. Les arbres venus de lèmence font la plupart du tems
des efpèces bâtardes. Ces arbres réfîftent bien à une petite gelée ,
mais pas à une forte , deforte qu’on doit les confecver dans la mailbn ,
^ ou les couvrir avec des Nattes de Rofeau quand on les lailTe à leur pla¬
ce : encore faut-il , en les couvrant , agir avec prudence , & le faire
d’une manière convenable ; car quand on les couvre 11 fort , qu’ils ne
fauroient tranfpirer (comme cela m’eR arrivé plus d’une fois en les cou¬
vrant avec des Nattes de paille , qui joignent mieux) , on leur fait au-^
tant de tort que fi on les laifibit expofés. à la gelée.
' Les Figuiers pouffent une grande quantité de racines minces & fer¬
rées , deforte qu’on peut tous les ans les arracher avec^ine motte de
terre marécageulè ou gralfe, les conlèrver dans la maifon> & les plan¬
ter de nouveau auPrintems fuivant,de la même manière: par ce moyen
ks arbres produiront plus , & feront bien meilleurs que fi on les enfer-
moit dans des Cailfes on dans des Pots. On les arroîè légèrement avec
de l’eau avant que de les planter , afin que la terre tombe moins en
les tranfportant , & que les racines prennent mieux : c’efi: - pourquoi
il faut aufii les arrofer copieufement après qu’ils font plantés \ ce qui
joint d’autant mieux la terre tout à l’entour & intérieurement. Ils ai¬
ment un Fond de terre bien gras, marécageux, de même qu’un Fond
fablonneux bien fumé, & plus ou moins humide félon les efpèces, le»
pluies trop abondantes leur étant ordinairement contraires , faifanc
tomber les fruits avant leur maturité. Les Figues blanches par de¬
dans réfiftent le moins , & les rouges le plus à ime grande humidi¬
té : c’efi pour cela que les blanches doivent être plantées dans des
terrains plus élevés. Les Printems froids , où il gele dans les mois de
IVlai & de Juin, n’empêdient pas feulement leur pouffe, mais font auf^
£ qu’ils ne produifènt que peu ou point de fruits. 11 leur faut de plus
. ; ^ un
DE LA campagne; tsf
un air ouvert & libre, une chaleur durable, mais modérée , ce qui leur
convient le mieux : c’eft- pourquoi les Figues font meilleures à des ar¬
bres en plein vent , qu’en Efpaliers. 11 en efl précifément du bois de
Figuier comme de celui de Vigne : le plus vigoureux produit le plus ;
car ce font ces jeunes remettons qui n’ont pas encore porté, qui donnent
le fruit : & comme les fruits d’ Autonne tombent au Printems , & font
que les arbres ont d’autant plus befoin de tems pour pouffer d’autres re¬
mettons à fruit, on tâchera de prévenir cet inconvénient, en les dépouil¬
lant de ces jeunes fruits d’Autonne , afin qu’ils puiffent par ce moyen
pouffer d’autres rejettons fans fruit pour l’année fuivante. Les Figuiers ,
comme on vient de dire, ne portant pas de fruit comme la Vigne , fi le
bois n’efl encore jeune , il s’enfuit qu’ils doivent pouffer de longues
branches dégarnies, qui font fbuvent du defordre, quoique les uns plus
que les autres. Les Figues rondes & blanches viennent à des branches
plus droites, plus groffes , & mieux rangées que les rouges. Toutes ces
branches ont befoin d’être taillées, tant pour un plus grand ornement,
que pour produire davantage , mais jamais de manière , que les bran¬
ches furnuméraires & dégarnies foient retranchées ou rognées, à rnoins
que les arbres ne viennent à dépérir & ne ceffent de produire ; auquel
cas on les rajeunira pas ce moyen , & on les mettra dans un meilleur
état.
La taille du Figuier doit fè faire vers la fin d’Avril ou au commen¬
cement de Mai, quand les bourgeons donnent à connoître qu’il eii: en
leve; il faut bien lè garder de le tailler plutôt.
11 y a de plufleurs lortes de Figues , toutes fort faines.
La Ronde-hlamhe meurit la prémière , efl par dehors d’un verd ti¬
rant fur le jaune. Dans des Etés fort chauds cet arbre porte deux fois
des fruits qui viennent à maturité , & qui font généralement ef limés,
pourvu qu’ils foient bien mûrs, fans quoi ils font fort mauvais: ils paffent
outre cela fort fubitement à leur parfaite maturité, après qupi ils molif^
font en fort peu de tems & fe gâtent.
La Longue -blanche n’efl pas fi bonne, & ne meurit pas de fi bonne
heure que la ronde
Les Figues qui font rouges par dedans , font d’un rond oblong , &
les meilleures après la ronde - blanche : il y en a même qui les confon¬
dent enfemble.
Les Figues violettes on pourprées par dedans font plus longues , mais
à proportion moins groffes , & d’un goût moins fin que la rougeâ-
V 2 tre
.:î X E S G R E M E N S- :
tre 'dont je viens de parler , niais elles font plus grofles.
Les Figues qui font par dehors d’un verd titant fur le brun jaunâtre;,
&. ponceau par dedans , que l’on nomme Figues grifes en France , font
plus petites que les précédentes : elles meurilTent des dernières 5 parce
que les arbres produifent fouvent vers la tin de l’Autonne beaucoup de
fruits, qui tombent au Printems, deforte que l’Eté fe palTe avant qu’il
ne s’y en forme de nouveaux.
CHAPITRE IX.
Bh Mewriers:
LEs Meuriers ne font pas des arbres naturels à ce Païs , car la forte
gelée les fait fouvent mourir quand ils font en plein vent , mais
rarement lorfqu’ils font en Elpaliers. On les multiplie , de même que
les Figuiers, par des Sauvageons de Soudie: ils produifènt enfuite, fans
être gréfés , des fruits qui viemient au jeune bois de Tannée précé¬
dente, & cependant pas au bois le plus vigoureux; car les petites bran*
ches d’une grolTeur médiocre donnent les meilleurs fruits & le plus fure-*
ment, dans le tems que les vigoureufes font de nouvelles branches. Ces
arbres jettent aulîi cxüraordinairemeng de racines ligneufès, profondes',
étendues , quoique peu chevelues. Leur bois eft dur, mais facile à calTer,
ce qui fait que le vent les'rompt allez facilement, & qu’il faut les planter
dans des endroits 'où ils foient à Tabri. Ils viennent extrêmement bien
autour des vieilles mazures, deforte qu’à une muraille de vingt pieds ^
ilfaut les planter du moins à trente piedsdes uns des autres , afin qu’ils
puiffent ydevenir de, beaux arbres bien unis ,. 6c bien garnis de feuilles.
:■ 11 y a des Meuriers blancs , dont .les, feuilles fervent de nourriture aux
vers à foye , 6c il y en a dont, le fruit eft d’un brun rougeâtre tirant fur
le non*: on dit que parmi ces derniers il y en a de plulieurs efpèces dif¬
férentes , qui produiiènt de groffes , de longues 6c de plus petites Meu¬
res rondes ; 6c d’aufres qui produiïènt les fkulTes Meures qui ibnt très
peu bonnes à manger. Pour moi je n’enconnois qu’unei feule eipèce,dont
les fruits font plus ou moins gros , félon la vigueur de Tarbre , placé de
manière qu’il n’ait ni trop de chaleur ni trop de froid , 6c félon que l’E¬
té eft, plus ou moins tempéré..
Ou
DELACAMPAGNE.
On appelle faiifles Meures ee qu’on appelle queues de chat aux Noi-
iettiers. Ce font de petites fleurs verdâtres , pendant par grapes , con¬
tenant de la fomence en pouflière , & qui ne fo changent jamais en
fruits. J’ai vu cela à quantité d’arbres , qui avoient produit auparavant
des Meures d’ime grofleur peu commune.
CHAPl-TRE X.
Bes Framboifes £«P des Meures faumges,
LEs Framboifes & les Meures làuvages croiflent fur des Ronces : ce
font des eljDèces de Meures. Les fauvages font aufli connues des
Grecs fous le nom de Meures à bafle tige , & les franches Meures fous
celui àUdea.
Les Meures làuvages font aifées à diftinguer des autres qui croilTent
dans leur voilinage ; car elles font plus petites & plus rondes que les
Framboifes, d’un violet bleu foncé, & ont de petits pépins: elles croif-
fent dans les cliamps, fouvent au bord des petits fofles ou dans des
bois. L’arbriffeau a de longues & minces brandies fort fléxibles & re¬
courbées , garnies d’épines, qui ne fe foutiennent pas,. mais pendent fort
près de terre. »
Les Framboifos ne viennent pas chez nous dans les bois , mais on les
cultive dans nos jardins., & on les multiplie par des rejettons de leur
Souche:, c’elt ainli qu’on les conferve. Ces rejettons parviennent ordi¬
nairement à la hauteur de dnq & tout au plus de fix pieds , dont on cou¬
pe annuellement rez terre les plus vieux , ne refervant que les jeunes
dont on ne laifle en tout que deux ou trois fur chaque plante, dont les
plus vieux ne doivent avoir que deux ans. Les jeunes rejettons n’ont
point d’épines, mais les vieux en ont plus ou moins, moins cependant
que les làuvages. Qiioique ces arbrilTeaux foient droits, ils ne laiflcnt
pas que d’être fort foibles, parce que leur bois elt mince & mou , ce
qui les repd fort fujets à fc brifor. Pour prévenir cet inconvénient on
les échalalïe fort fouvent. Leur fruit eft beaucoup plut petit & moins-
agréable au goût , quand on laifle à ces ronces trop ou, de trop, vieux re-
jettons , ce qui arrive quand on les rogne.
Les Framboilès fontd’uia rouge foncé ou bien d’un blanc jaunâtre. Les;
. .. . Via
ijS ..LES A G R Ë M E N S .
prémières font les meilleures : les unes & les autres font plus petites que
les Meures , mais plus grandes & un peu plus rondes que les Meures fau«
vages, étant mûres elles tombent facilement de leur queue, laquelle en
étant réparée laifle une petite cavité dans le fruit. Quand le fruit eft
trop mûr il s’y engendre d’abord un petit ver : il eft aufti fort fujet à le
moifir, & à perdre par-là tout fon goût.
CHAPITRE XL
Des Gromlles £«? des Grozeîlles ^ertes^
LEs Groseilles viennent à des ArbrilTeaux , & ne font nulle part
aufîi bonnes que chez Nous , où il y en a de trois fortes , de rouges ,
de blanches & de noires.
' Les rouges d’une couleur rouge luifante & claire montrent par leur
tranfparence les pépins ; & font les plus exquifes au goût. Les blanches
ont à peu près la couleur de chair , elles font transparentes comme les
rouges , &, peu s’en faut , de même goût. Leurs arbres font pré-
cifément de même , les Grozeilles y viennent à de longues queues en
grapes , qui ont fouvent vingt & plus de grains chacune.
Les noires d’une même grape ne font pas" toutes de la même grof-
leur; elles manquent toujours en fleuriftant ,de manière qu’on en trouve
de gros & de petits grains à la même grape , à laquelle il n’y en a ja¬
mais autant qu’aux autres. Les arbrifleaux auxquels ces Grozeilles noi¬
res viennent, font plus grands, leur feuilles plus crénelées, à peu près
comme celles de vigne : elle ont aulTi de l’odeur , & fur-tout quand ce
font de jeunes rejetions ; leur goût eft aulîi différent de celui des rou¬
ges & des blanches. ' '
Ces trois elpèces viennent toutes de Bouture; mais comme les plus
greffes Grozeilles & les meilleures au goût proviennent de jeunes rejet-
tons , elles viennent mieux fur Souche que ftir de petits arbres de tige.
On retranche tous les ans de ces Souches qui pouffent quatre ou cinq re¬
mettons, les plus vieux, & l’on conlèrve les tendres, jufqu’à l’âge de qua¬
tre ans & point au-delà: cette taille fe fait le plus convenablement pen¬
dant l’hiver ; auquel tems on rogne aulfi tant foit peu les rejettons vigou¬
reux des rouges & des blanches; mais cela ne le fait point aux noires,
dont on retranche tout-à-fàit les furnuméraires. Les
DELACAMPAGNE:
■ ' Les [Groseilles viennent le mieux dans des Fonds lablonneux bien fu*
més 5 devenant dans ces endroits (quoique d’une grofleur médiocre)
fort exquilès au goût , fucrées & avec des queues jaunes : elles abforbent
confidérablement la graifle de la terre, principalement les noires , ce à
quoi il faut bien fonger quand on plante des Vergers.
Les Groseilles vertes, que nous nommons Kruys-hezien^ viennent
à un arbrifleau garni d’épines , non pas par grapes comme les Gro¬
seilles , mais chacune féparément. On les multiplie comme celles-là par
bouture. Elles viennent auffi de la même manière fur de petits arbres
ou lîir des Souches , parce que les meilleures croiflent pareillement aux
jeunes rejettons. Elles font chaque année plus de Sauvageons de Sou-
. che que les autres Groseilles : on en conferve quatre ou cinq, & l’on re¬
tranche toutes les autres.
On en a aulFi de différentes efpèces , des blanches , des jaunâtres y
d’autres d’un bleu pourpré , des rouges , &c. comme aulTi des rondes &
des longues. De toutes ces Groseilles les vertes longues font les meil¬
leures pour être étuvées avant qu’elles foient mûres, & quand elles n’ont
pas encore de pépins ; & les blanches pour manger quand elles font
bien mûres. ?
De tous les fruits , qu’on veut confèrver par art hors dé leur faifbn
pour manger, il n’y en a aucun que l’on puifte confèrver aiilfi naturel¬
lement , comme fi on ne faifoit que de les cueillir , que les Groseilles
vertes quand elles ne font pas mûres , defbrte qu’on peut les étuver en
hiver, & en faire un mêts auiTi agréable que fi elles étoient encore dans
leur faifon.
CHAPITRE XIL
De VEpine Vînette,
C’Eft un ArbrifTeau qui devient plus haut, & fait plus de Sauva¬
geons de Souche que les Groseilles. Les rejettons qu’il pouffe
chaque année,, font garnis d’Epines fort pointues, ce qui les rend très
propres à lervir de liaies de féparation dans les Jardins à fruits , &
pour les fermer. On les multiplie par bouture , & on les diftingue en
Epines Vinettes avec ou fans pépins , quoiqu’il arrive quelquefois que ceL
î'6ô L E^'S AGREMENS
le qui d'abord n’a voit point de pépins, èn aqiiiert dans la fuite par une
poufle vigoureiife ; c’eil-pourquoi on ne laiÆera point à ces arbriffoaux
derejettbns ligneux trop vigoureux.
L’Epine Vinette eft un petit fruit un peu long, rouge, coriace,
ayant très peu d’eau, qui vient à des grapes pendantes comme les Gro¬
seilles noires , c’eft-à-dire avec moins de grains , & pendant plus obli¬
quement que les Groseilles rouges : il meurit vers la fin de Septembre.
CHAPITRE XIIL
Du Cornouiller, .
ON ne lânroit mettre au nombre des grands arbres les Cornouillers ,
quoiqu’ils grandilTent plus que les autres arbrifleaux : on les mul¬
tiplie par des Sauvageons de Souche: leur bois eft fort noué, & dur
fans épines : leur fruit eft encore moins pourvu d’eau que l’Epine Vinet¬
te ; mais beaucoup plus grand , un peu long , venant feul à fèul chacun
à la queue, comme les Grozeilles vertes : il a un noyau- fort dur.
CHAPITRÉ XIV,
Du Sureau.
Le Sureau vient à fou hait dans des endroits humides & ombragés^
mais fon fruit 6c fon bois font meilleurs 6c ont plus de fubftance,
lorsqu’ils croiftent dans des Fonds de terre fecs 6c élevés : le jeune bois
forme un tuyau , rempli d’une moelle blanche 6c Ipongieulè , qui périt
au bout de quelques années, comme cela arrive auffi aux Vignes, 6c
alors le bois en elt fort dur 6c fort coriace.
. Il y en a de plufieurs efpèces , qu’on diftingue en Sureau ordinaire
de Montagne, 6c Sureau d’eau; en deux fruits différens, lavoir le brun
tirant fur le noir, qui eft le meilleur; 6c le jaunâtre ou d’un blanc pâ¬
le, qui eft d’une elpèce inférieure, 6c par cela même moins bon: il eft
d’un rond un peu long : chaque graine vient féparément à une petite
queue,
\
DE LA CAMPAGNE: lét
queue, qui pend tout autour d’une queue commune en guife de cou*:
ronne.
Les PaiTans plantent beaucoup le Sureau commun aux environs de
leurs Caves pour intercepter l’air & le Soleil , parce qu’il fait beaucoup'
d’ombrage par la grande quantité de Sauvageons de fouche qu’il pro¬
duit. 11 vient de Bouture , mais plus fouvenc de Sauvageon de Souche.
Les tendres rejettons de Sureau commun , comme auflTi les boutons
à fleurs , mangés en ragoût ou en falade , purgent fort doucement.
Les fleurs en étant féchées & tirées en guife de tliée , font un fpécifiquc
pour bien des maux.
Le Vinaigre de Sureau qu’on fait avec ces mêmes fleurs féchées, efl
très rafraichiflant &,très propre pourdiffiper la chaleur des chambres des
malades : on en fait aulfi des fauces excellentes , il ne faut pourtant ja¬
mais le mêler avec du beurre.
On fait du jus de ces graines bien mûres des Syrops & des Confèr-
Tes fort falutaires.
CHAPITRE XV.
Lu CoîgnaJJ΀t\
Le nom commun de Coing mâle fè donne auffi par ignorance aux
Coings femelles 5 que la plupart des Arboriftes cultivent pour man¬
ger. Le Coing mâle efl plus long & plus de la figure d’une Poire, que le
Coing femelle , ordinairement plus gros , plutôt mûr & meilleur au
goût. On les diftingue en ceux qui meuriffent de bonne heure , & ceux
qui font plus tardifs : ceux - ci ne valent pas la peine qu’on les plante ;
au-lieu qu’on cultive principalement les précoces pour la grefe de nos
Poires communes. On multiplie ces arbres par des Sauvageons de Sou¬
che , mais plus encore par des Marcottes , produifant ainfi fans être gré-
fés, de fort bons fruits : on en amende cependant le fruit quand on les
grefe fur Epine.
Les meilleures des Coings mâles font ceux qu’on appelle de Portu-
fal, qui font très aifés à diftinguer, à leur écorce brune prefque noire,
e refpèce tardive fàuvage, dont l’écorce eft d’im gris couleur de bois,
plus tirant fur le blanc.
Partie L X fl
X
^6z E S ^ A G R E M ENS
U faut conferver y quand on leur fait' la taille , le bois le plus jeunes
le plus rond & le plus épais , & en retrancher le mince & le grêle : il ne
faut pas non plus trop rogner ce meilleur bois , parce que c’ell à l’ex¬
trémité qu’il produit le plus.
CHAPITRE XVI.
Du Néflier.
IL y a diverfes fortes de Nèfles , des franches & des fàuvages. Le
franc Néflier a le fruit gros & htcré, il fa auffi aigre, & quantité de
petits fruits près les uns des autres. On les multiplie par des Sauva¬
geons de Souche : ils produifent de fort bons fruits , quoiqu’on les a-
mende encore en les gréfant fur leurs propres Sauvageons ; ce qui vaut
mieux que de les gréfer fur Coignaffier ou fur Epine.
< 11 eft profitable de planter des Néûiers , parce qu’ils viennent alTez
bien dans des endroits perdus , qu’ils donnent à coup fur du fruit tous
les ans , & que le bois en eft aflez recherché.
CHAPITRE XVII. -,
Du Noyer.
LEs Noyers fe multiplient par le moyen des Noix que l’on fait ger¬
mer pendant l’Hiver , & que l’on met dans la terre au Printems.
Ils portent fans être gréfés ; mais on n’a aucune certitude par raport à
l’espèce qui en viendra ; parce qu’il arrive même que d’une très bonne
efpèce , il provient de très mauvais fruits ; deforte que , comme parmi
les Poires & les Pommes, il y en a une infinité d’efpèces , de groffes,
de petites , de longues à coquille dure ou molle ; mais on les diftingue
plus généralement en doubles & en fimples, dont les doubles font les
moins bonnes. On diftingue les fimples en becs de Corbeau y en Noix
de Cologne, & en Noix à bouquet.
Les becs de Corbeau, que nous nommons Kraei-bekjens y ont le bois
fort
DE L>A CAjM^A O- N E*
fort mou, fur-tout par devant, ou fouvent il y en a peu ou point : elles
font plus douces & meilleures au goût, mais moins ledies que les Noix*
de Cologne.
Les Noix de Cologne font plus grofles , plus longues , & ont le bois
plus dur : cependant on les cafle très facilement avec la main ; elles font
plus belles à la vue , & pour cela même plus eflimées , & elles font
réellement les meilleures après les précédentes.
Les Noix à bouquet: il y en a de plufieurs fortes, toutes plus peti¬
tes , plus rondes , d’un bois plus dur , & d’une chair plus fèche ; ks
arbres en font auftl moins grands & moins gros.
Les doubles Noix font Ipongieulès, pleines d’eau &infipides, mais
elles font les plus gros arbres , ëc cela en moins de tems que les autres.
Le bois a aufll les pores plus ou moins larges ou ferrés, à proportion
des fruits.
CHAPITRE ^XVIIL
Bu Noizettîer*
— t
ON multiplie les Noizettiers par des Sauvageons de Souche , qui
viennent en abondance. 11 y en a de beaucoup de fortes aulîl
bien que des Noyers. On dillingue les Noizettiers en francs & en fau-
vages. Les Noizettes franches font un peu longues , les unes ont les
cernaux rouges , d’autres les ont blancs : les prémières font les plus efti-
mées , quoique les blanches & les longues foient les meilleures ; il
en vient une, deux, & au plus trois ou quatre, à une même queue.
On peut rendre le fruit plus gros par la grefe en approche , mais cela
le rend auÛTi moins bon, durcit & épaiflit extrêmement l’écale: deforte
qu’on ne le fait plus. On doit laifler aux arbres leurs propres Sauva¬
geons de Souche, ce qui les rend plus féconds.
Les fauvages font toutes rondes & par bouquets , de même que le«
grolTes Noix qui viennent ainfi.
C H A-
Î64 -'LES-' A G R E ME N S
CHAPITRE XIX.
De V Amandier,
ON ne grefe point en écufTon les Amandiers , mais on les grefe en
approche fur Prunier, & on les multiplie ainfî,car quand ils font
venus d’Amandes , ils meurent fort fouvent quand on les tranfplante :
ils ne réfîftent aufli qu’avec peine au froid de nos Hivers rigoureux ,j(iir-
tout les Amandes douces : on en a de diverfès efpèces , comme des Noix.
11 s’en trouve dont l’écale ell plus ou moins dure , il y en a de longues ,
& de rondes ; on les diftingue communément en Amandes douces &
amères.
Les Amandes longues & amères , dont l’écale eh fort dure , ne le
cultivent dans notre Païs que pour la beauté de la fleur , & pour le cha¬
ton que l’on confit. Ces fortes d’Amandes réfiltent le mieux à nos
froids d’Hiver.
CHAPITRE XX.
; Du Cbateïgner,
LEs Chateigners , de même que les Noyers, viennent de leur fruit , &
deviennent de fort grands & de fort gros arbres. On en a diver-
lès efpèces , qu’on diftingue en Chateignes fàuvages & franches. Les
franches font bonnes k manger, mais elles ne réfîftent point au froid ri¬
goureux de nos Hivers : outre qu’elles ne viennent pas comme il faut
dans des Fonds de terre marécageux & basjproduifànt dans ces endroits
des fruits pâteux, petits 6c fans goût.
L I-
(
DE LA CAMPAGNE,
LIVRE QUATRIEME.
DELA
\
VIGNE.
CHAPITRE !.
Be la culture de la manière de planter la Vigne,
La Vigne efl un arbre, qui ne monte & ne croît en hauteur qu’au-
tant qu’on l’y conduit : fon jeune bois a de larges pores, étant
Ipongieux & fait en manière de tuyaux , dans lesquels lè trouve une
moelle coriace rouflatre : chaque tuyau ell aulTi féparé à chaque œil
par une efpèce de cloifon; & comme le bois Te lèrre plus avec le tems,
qu’il devient plus ferme & plus dur, il arrive delà que les tuyaux fe bou¬
chent, que la moelle diminue, & que la cloifon dilparoit. Quand les
Sarmens font vieux, leur écorce eft nerveule, ayant des elpèces de fila-
mens, & elle peut être otée fort aifément.
On peut cultiver & multiplier la Vigne de quatre manières , lavoir de
Semence, de Bouture, de Marcottes & de Sauvageons de Souche.
Multiplication de Semence,
II eft fort incertain quelle efpèce de fmit on aquerera de fèmence,
étant fort remarquable que les pépins de Raifîns blancs produifent fou-
vent des Raifîns noirs, & les pépins de Raifîns noirs des blancs, & mê¬
me fort fouvent atiffi des efpèces bâtardes : c’eft-pourquoi on multiplie
fort rarement la Vigne de femence, cela ne devroit pourtant pas en dé¬
tourner un vrai Curieux , parce que ce n’eft pas feulement de femence
que les meilleurs Raifîns viennent , mais on peut aufli par le moyen
d’une bonne culture en avoir du fruit dans très peu d’années.
Pour donc les avoir à fouhait de femence, on choifit des pépins des
meilleures Raifîns parfaitement mûrs ; pépins qui bruniffent : il faut les
femer au commencement de Novembre dans une bonne terre fablon-
Xi3 '' neu-
i
t66
il
L E S A G R E M E N S
neulè 5 raifonn^blement humeâ:ée , & les bien couvrir contre le froid
de l’Hiver; 11 faut aufTi avoir foin pendant l’Eté découvrir contre l’ar¬
deur du Soleil les tendres rejettons , de les munir contre les vents fu¬
rieux , de les attacher à mefiire qu’ils croifTent , 6c de les entretenir con¬
tinuellement dans une moiteur convenable. Quand ces Sauvageons de
fèmence ont plus d’un firment ^ il” faut pincer le plus foible dans le
cœur, afin que l’autre reliant lèul puilTe ppulTer plus vigoureufement , &
faire de meilleur bois , àla hauteur d’environ *^trois pieds : on pince pa¬
reillement à cette tige le farment mitoyen , afin que le bois groflilTe
mieux 5 & que les yeux fe gonflent davantage. ‘ Pour que cela réuflilTs
d’autant mieux , il faut aiilfi pincer chaque fois les tendres rejettons,
qui fortent à côté des yeux , ju^ues au defllis de la dernière feuille : il
faut de plus qu’au Printems fuivant cette branche foit coupée julques
aux trois ou quatre derniers yeux , afin d’aquerir par ce moyen du bois
bien vigoureux; car une chofe que l’on doit fur-tout obferver, c’efl qu’il
' faut faire tous fes efforts pour mettre les jeunes vignes en état de faire
du bois bien vigoureux, afin d’avoir dans la fuite par ce moyen des Vi¬
gnes bien arrangées 6c bien fertiles. Cefl l’unique 6c le meilleur mo¬
yen que l’on puilfe employer pour cela. Quand il arrive que les jeunes-
Vignes , tant celles de fèmence , de bouture ou autres , ne font plus
l’anneé fui vante , après avoir été coupées rez terre , des branches
ligneulès vigoureufès 6c groffes , on doit les tailler au Printems de la fé¬
conde année liiivante de la même manière, mais en prenant bien garde
que cette taille fe falfe au - deffus d’un œil , 6c jamais au - deffus d\in
bouton à fruit , ce qui arrive rarement aux Vignes venues de fèmence ;
^ & fi cela arrive, on peut compter d’avoir toujours de très mauvaife*
plantes.
' Multiplication de Bouture,
I
Il n’y a guère que quelques curieux qui, pour avoir des efpèces diffé¬
rentes, multiplient les Vignes de femence, parce que la meilleure mé-
thode de les multiplier efl par Boutures , qui doivent être miles en terre
au commencement d’Avril ; mais après une expérience plus fure , en¬
core au commencement de Novembre, quand le bois efl bien fermé,
parfaitement mûr, 6c queda Vigne n’ell plus en fève.
On coupe la Bouture d’un fois gros, dont les yeux 6s les boutoni
font fort près à près, & dont le boi» inférieur a deux ans, le bois fù-
périeuc
DE L A C A M P A G N E. léj
périeur d’un an devant avoir trois ou quatre yeux & boutons; ayant
bien foin que le bouton d’en-Iiaut foit un bouton à feuille & non pas à
fruit 5 pour être plus aiTuré d’une pouffe bien vigoureufe ; ce qui doit
fur-tout être pratiqué quand on veut mettre des Boutures de Raifîns
fort pleins de jus, parce que ces Vignes, ayant du bois plus ferré,
que les Raifîns charnus & musqués, ne prennent pas fî bien, & ne
pouffent pas des Provins aufll vigoureux. Mais comme la Bouture,
dont la partie qui efî: au-deffus des trois ou quatre jointures tenant au
vieux bois , devant avoir un bouton , a presque toujours un œil , &
qu’il efî: même fort rare de pouvoir la couper à des Vignes auxquelles
on a fait comme il faut la taille d’Eté, on ne négligera jamais de pincer
les bouquets de fleur qu’on voit s’y former, ’ •
Le vieux bois, qui refte au tendre Provin bien nourri, doit avoir du
moins une main en largeur, avant qu’il foit mis en terre, être tordu
à cet endroit , de manière que cela craque ; afin que par ce moyen les
pores du bois , (le paffage des fucs étant en quelque façon arrêté par
cette froiffure) , fe difpolènt d’autant mieux k faire des racines. 11 faut
après cela que la bouture foit pofée jufqu’k la profondeur d'une bonne
largeur de main dans de la terre fablonneufe , affez obliquement pour
que l’œil fupérieur ne foit que peu ou point vifîble, & cela dans des en¬
droits où il y ait de l’ombrage ; à moins qu’on n’en eût befoin pour des
cloifons ou pour des murailles, auquel cas on aura foin que ces Boutu-^
res ne lè deffèchent par l’ardeur du Soleil , en les humeélant pour cela
comme il faut , & leur donnant un peu d’ombre , julqu’k ce qu’elles
foient en pleine vigueur , ce qu’on peut faire en couvrant la fuperficie
de la terre avec un peu de vieux Tan , de la verdure d’eau , 6c en les
arrofant quelquefois pendant la féchereffe.
On fera au refte , à l’égard des Boutures , les mêmes chofes qui ont
été dites k l’egard des Vignes de femence , favoir qu’on ne doit confer-
ver qu’un feul jet ; qu’il faut couper a tems les jets furnuméraires près
du dernier bouton k feuille , 6c pincer continuellement jufques k la der¬
nière feuille , les tendres petits jets k côté de l’œil , comme aulTi toutes
les Vrilles. Quand cette Bouture aura fait un jet ligneux affez gros,
on en fait un Courfon, ou bien on la coupe l’Autonne fui vante ou en
Hiver, k proportion de fa vigueur, en lui laiffant deux ou trois yeux,
quelquefois auffi plus ou moins ; tachant toujours de fè procurer une Vi¬
gne bien vigoureufe : on tâchera auiîi , s’il efî polfîble , de la couper en
ne lui laifiant qu’un œil.
i5S
LES A G R E M E N S
Multiplication de Sauvageons de Souche,
Les Vignes qni viennent de Souche , doivent être uniquement dé¬
chargées de leurs racines froiflees ; après quoi on étend bien les autres
quand on les plante, on les couvre tout autour , de terre bien foulée,
afin que le fond ne foit pas trop ouvert. On aura foin de plus de les
tenir à Pabri de la prémière gelée , de la grande ardeup du Soleil , de la
féchereffe & du vent: on cultivera aulfi les tendres Provins , & on les
attachera continuellement, comme cela a été remarqué à Pégard des Vi¬
gnes de fèmence.
Multiplication de Marcottes où de Provins couchés en terre.
On cultive les Vignes de Marcottes , de la même manière que celles
de Bouture , tordant pareillement le bois d’un an qui doit être mis en
terre , afin qu’il prenne d’autant mieux racine : la feule différence de ces
deux méthodes confiflant en ce que le bois des Marcottes refie uni à la
Vigne , jufqii’à ce qu’il ait pris racine , & qu’il s’en nourrifle jufqu’à ce
qu’on le tranfplante dans PAutonne ou le Printems fuivant.
Les Marcottes font fbuvent de jeunes farmens plus vigoureux que les
Vignes de Bouture , ce qui n’empêche pas que je ne préfère à toutes la
manière de multiplier de Bouture , fur-tout quand la Bouture peut refter
où elle eft fans être tranfplantée ; quoiqu’encore qu’il faille la trans¬
planter, elle faffe une meilleure plante : au-lieu que les Marcottes trans¬
plantées , fe trouvant privées de la nourriture ordinaire qu’elles atti-
roient à foi de la Vigne , tardent plus à pouffer ; mais c’efi de quoi on
tâche de les dédommager , en mettant le Provin dans un petit panier
rempli de terre pour y prendre racine, avec lequel on le tranfplante
dans la fuite , brifànt après cela le panier Sc Pôtant , pour donner ainfi
un libre cours à la pouffe des racines : j’ai trouvé cependant que cette
méthode nuit plus à la pouffe , quë de les planter fans panier.
De tous les arbres il n’y en a point qui doivent plus néceffairement
être tranfplantés jeunes que les Vignes, parce que les vieilles qu’on a
tranfplantées , meurent fort fouvent. 11 faut bien prendre garde en trans¬
plantant ces jeunes Vignes, que les racines enfoientbiennétoyées, bien
étendues , bien couvertes de terre foulée , comme auffi qu’elles ne le
deffèchent pas ; ce qui efi bien difficile à empêcher , quand ces Vignes
viennent d’endroits éloignés ; c’efi pour cela qu’on les fait mieux provi-
gner de Bouture. Corn-
DELA campagne, I69
Comme l'Autonne eft le tems le plus convenable pour mettre en ter¬
re les Boutures , c’eft aulTi la faifon la plus propre pour planter les Vi¬
gnes 5 & cela d’abord que le jeune bois a quitté fes feuilles & ell bien
mûr. Les jeunes Vignes qu’on veut tranfplanter , ne doivent conferver
qu’autant de bois qu’il en faut pour fortir à peine de terre avec deux ou
trois yeux.
• Toutes les Vignes doivent être plantées dans des Fonds de terre éle¬
vés & hors de l’eau, & même dans une terre molle , fablonneufb , hu¬
mide , fur - tout quand elles font jeunes ; car pour lors une terre fort
grafle , mêlée avec du fumier ou du vieux tan , leur eft mortelle : il faut
par conféquent bien fe garder de mettre du fumier dans la terre aux
environs des jeunes Vignes , parce que leurs tendres petites racines ne
périflent pas feulement par l’acreté de ce fumier , mais auiîi font fujet-
tes à être rongées des vers , que ce fumier ou cette terre grafle pro¬
duit. Qiiand on veut faire prendre racine à de jeunes Vignes dans des
terres fortes , comme font les grafles , il faut les planter dans des fof-
lès profondes d’environ un pied , & larges de trois , remplies d’une ter¬
re molle, grife , fablonneufe : pour lors les racines y pouflèront avec
tant de vigueur , qu’elles feront en état après cela de percer une terre
plus ferme ; & afin que les vieilles Vignes puiflent continuer à bien
poufler dans de pareils Fonds de terre grafle , il eft néceflaire de leur
faire de tems en tems un petit labour , afln que leurs racines puiflent
par ce moyen être humeélées lufiSfamment par l’eau de j^luie & de nei¬
ge , & être échaufées par la chaleur du Soleil. On fe lèrt le plus con¬
venablement pour ce labour d’une houlette à deux dents , ' chacune
longue environ d’un pied , & large par deflbus environ d’un demi-pou¬
ce, & dont l’extrémité d’embas foit un peu plus pointue pour pénétrer
d’autant mieux : ces dents devant être de plus à deux pouces de diftan-
ce 3 & avoir par defliis une douille pour y introduire un manche : c’eft
là l’inllrument le plus convenable pour ne pas blefler les racines.
Les Anciens avoient coutume de faire ce labour non feulement pour
faire mieux poufler par ce moyen les racines , de même que la tige ,
mais auiîi pour défendre les Railins, lors de leur maturité, de la trop
grande ardeur du Soleil. Par le moyen de ce troifième ou dernier la¬
bour (qui le fait ordinairement lorfque les Railins commencent à être
tranfparens , & par conféquent immédiatement avant qu’ils meuriflent)
on brilbit la terre , on la réduifoit en poulfière , dont ils fe cou-
vtoient, alin que leur peau étant par-là moins coriace, ils pulTent-d’au-
L Y tant
jffQ -LESAGREMENS
tant mieux meurir. J’ai éprouvé che^ nous la même chofe à Pégard de
la trop grande chaleur ; car quoique les Raifins , fîir-tout les charnus,
comme les Tocayes mufqués, les Frontignac, les Catalogne, &c. foient
des fruits de Climats plus chauds que n’ell; le nôtre, & que par cela mê¬
me ils meurilTent rarement parfaitement dans ce Païs , quoiqu’étant
contre des murailles ou des Cloifons ils reçoivent plus de chaleur par la
réverbération ; ces raifins pourtant ne demandent pas une chaleur ar¬
dente du Soleil , mais une chaleur durable , hir-tout vers le tems qu’ils
meuriffent. J’ai même vu que ces Raiüns charnus , expofés contre des
murailles à une grande chaleur , liaient fi fort par la chaleur dans des
Ftés brulans, que les feuilles & les grapes le delTéchent pour la plupart,
enforte qu’ils ne meuriffent jamais : tandis que les Vignes , qui portent
des Raifins pleins de jus & d’eau, ne fouftrent pas , ou que fort peu,
dans le même afpeét du Midi , donnant des fruits parfaitement mûrs»
11 paroit delà que l’afpeét du Midi eft moins nuifible aux Raifins pleins
de jus , deforte qu’il faut planter ceux-ci contre des cloifons qui y font
expofées, tout ce qui eft au-delà du Midi du côté de l’Ouefi; étant nui¬
fible : d’un côté parce qu’il vient de mauvais vents de ces quartiers ; de
l’autre parce que la chaleur du Soleil n’y eft pas fi grande, & que dans
des Printems froids & où il gele , le froid fuccède fubitement à la cha¬
leur.
La meilleure expofition pour tous les fruits d’Autonne, qui eft: néceA
faire à tous les Raifins mufqués dont je viens de parler , comme ayant
befoin pour meurir d’une chaleur durafile, eft que fur la muraille ou fur
la Cloilbn peinte en brun , le Soleil faffe à dix heures un angle droit ,
étant un peu plus vers l’Éft, que vers le Sud- fud- eft. Le Soleil eft
moins brûlant contre de pareilles Cloifons , & dure tout aulfi longtems
vers le tems de la maturité, que le Soleil du Midi , outre que ces Cloi-
ibns reçoivent au Printems les rayons du Soleil de meilleure heure , ce
qui n’empêche pas feulement ce premier froid fi fenlible , mais rend
aulfi la chaleur du jour plus longue ; fans compter qu’elles font auiït
moins expofées aux vents nuifibles.
Les Anciens , comme il a été dit, faifoient trois labours à leurs ter¬
res : la prémière au Mois de Mars , quand la Vigne monte en fève : la.
fécondé au mois de Juin, quand elle fleurit: & la troifième au mois
d’Aout , quand les Raifins commencent à meurir ; mais comme nos
terres légères font naturellement fort menuifées, & fu jettes pendant la
fèchereûb à fe convertir en pouirfère,ce labour eft fuperflu dans ce Païs r
au-lieu
DE LA CAMPAGNE.
au-îieu de nos murailles 6c de nos Cloifons, ils fèfèrvoient pour con¬
duire 6c attacher leurs Vignes, du petit Erable, du Frêne fauvage 6c d®
rOrmeau. Les Romains donnoient aux Vignes plantées de cette ma-
tiière, le nom à^Arhujîa. Les arbres en queftion, de même que le*
Frênes 6c les Ormes, font aufli ceux dont les racines niiifenc le moin*
aux Vignes.
I
C H A P I T R E IL
He la Taille âe la Vigne en général.
IL n’y a point d’arbres qui aient plus befoin de la taille que les Vig¬
nes, fur- tout de celle d’Eté; mais comme les farmens de Vigne les
plus gros , crus avec vigueur , 6c qui ont les plus courtes jointures , pro-
duifent les plus groffes grapes , 6c en plus grande quantité , de même
que les plus excellons RaiOns , il ne faut pas leur faire la taille d’Eté ,
avant qu’ils aient pouffé de pareils fermons bien vigoureux ; c’efl pour
çela qu’on laiffera fans taille , la prémière année , toutes les jeunes Vi¬
gnes plantées, ou bien qui ayant pris de Bouture, n’ont pas pouffé vi-
goureiilèment ,. 6c on aura foin, comme il a été dit, d’attacher les jets :
à moins qu’il n’arrivât qu’une jeune Vigne plantée ne fit des branches
gourmandes , qui font feuvages , plattes , 6c qui ont de longues jointu¬
res : pour lors on coupera ces branches , quand elles feront de deux
pieds ou plus au deffus de l’œil , 6c dans ce cas feulement on leur fera
la taille d’Eté, afin de rendre franche par ce moyen, cette plante grof-
fiére 6c fauvage : on coupera aulfi chaque fois les petites branches à cô¬
té des yeux , afin que les fermens puifl’ent pouffer avec plus de vigueur.
Quand donc cette jeune Vigne pouffe comme il faut, 6c que ces branches
font ligneufes, on la coupe rez terre, comme il a été dit dans le Chapi¬
tre L afin qu’elle faffe dans la fuite , avec d’autant plus de vigueur >
des branches groffes 6c épaiffes.
Tout le monde n’approuvera pas à coup fur , que je preferive la taills
au Mois de Novembre, 6c ainfi avant l’hiver, puifqu’on croit qu’il fiiffit
de faire la taille d’hiver au Mois de Février : mais j’ai appris par expé¬
rience , que la gelée ne nuit pas davantage a des Vignes taillées , qu’à
celles qui ne le font point, fur-tout quand l’entaille efl fermée ,6c que la
y 2 gelée
-172 L E s A G R E M E N s -
^elée ne fuit pas de fort près la taille , ce qui arrive rarement quand on
la fait de li bonne heure , parce que les Vignes ont alors plus de tems
-pour fe fermer à l’endroit de l’entaille : par ce moyen la lève de la
pouffe fuivante lè dilfipe , & s’écoule beaucoup moins ; deforte que
j’ai trouvé cette, taille d’Autonne meilleure que celle d’hiver , fur-tout
aux Vignes qui font dans des Serres , & qui commencent leur pouffe
^e bonne heure. Ce que je propofe n’eft pourtant pas fans exemple;
car les Anciens faifoient cette taille après la Vendange , comme cela fe
voit dans Columelle de Arhoribus Cap. X, & dans Falladius Lib. IL
fît. 4. Il eft bien vrai que leurs Climats étoient moins fujets à la ge¬
lée ; mais cela ne fait rien à ce qui vient d’être dit ; & quoique je pour-
rois confirmer ma méthode par les Auteurs qui viennent d’être cités j
comme aulli par Théophrafte , de eau fis Plantarum Lib. 111. Cap. 20,
qui preferit la même taille dans des Païs plus froids, où il gele , immé¬
diatement avant que la Vigne bourgeonne ; je ne le fais cependant que
fur l’expérience que j’en ai faite moi-même dans nôtre Climat fi froid.
C H A P 1 T R E III.
he la Taille de la Vigne , qui fe fait à rentrée de THmr , ou a la fin
de PAutonne.
Le tems le plus convenable pour cette taille eft, comme je l’ai dit, en
Autonne, d’abord que les branches font ligneufes, quand même les
extrémités n’en feroient pas encore tout-à-fait lâns feuilles, comme cela
arrive quelquefois encore au commencement de Novembre ; car alors
l’entaille a du tems de refte pour fe fermer avant la gelée , & les Vi¬
gnes ne foufriront pas davantage de la gelée quand elle furvient ,. que
ii elles n’avoient pas été taillées.
11 y a des gens qui mettent une différence pour le tems de la taille
des Vignes qui pouffent avec trop de vigueur , voulant qu’on faffe la
tîiille à celles-ci au Printems , quand elles commencent à monter en fè¬
ve ; afin que par la diftillation des fucs , elles faffent moins de progrès
dans leur poullè , & produifent une plus grande quantité de boutons à
fruit. Cela eft cependant tout-à-fait füperflu , quant à celles à qui on a
flic comme il faut la taille d’Eté^ lesquelles produiront fuffifamment en
dilli-
D E L A C A M P A G N E. 173
diiïlpant moins de leurs forces ; 'delbrte que les Curieux expérimentés
ne doivent jamais négliger cette taille d’Autonne.
Au refte on ne fauroit déterminer la taille des branches k une cer¬
taine longueur ou k un certain nombre de boutons , ni donner des
règles fûres pour favoir quels farmens. il faut laifTer plus ou moins
longs: étant une marque d’ignorance chez ceux qui le prétendent autre¬
ment 5 parce que cela dépend uniquement de la pouffe vigoureufe de la
Vigne 5 comme aulîl des farmens qui en font provenus: ce qui fait-
qu’on laiffe fouvent l’extrémité d’en haut plus longue , & qu’au contrai¬
re on la retranche quelquefois entièrement , fe contentant de confer-
ver la branche fuivante. 11 ne faut au refte jamais oublier de conferver
avec foin le bois le plus grofîier, rond, bien mûr & k petites jointures,
• pour les plus longs làrmens,& celui qui le fliit pour la taille en courfon,
étant en général très néceffaire d’attacher les farmens k une bonne di(-
tance les ims des autres , & de tailler les courions fort court. Dans cet¬
te fuppofîtion , on coupe tout-k-fait , à la lin de l’Autonne , toutes les
vieilles branches furniiméraires: on retranche même auffi les jeunes far-
-mens fuperflus , quoique féconds : ou bien on les racoiircit comme des
courfons k un ou k deux boutons , & les courfons de manière qu’il ne
•leur refte qu’un ou deux yeux , & cela pour que la Vigne continue à
pouffer avec vigueur : on retranche encore tous les farmens greles &
minces; k moins qu’on ne juge k propos d’en laiffer quelques-uns k une
•vieille branche pour y arrêter la fève : pour lors on les taille k deux ou
k trois yeux ; & comme ces branches minces & greles ne procluifent
que de très petites grapes de llaifin , il ne faut pas en faire plus de
courfons qu’il n’eft néceffaire , & il faut outre cela l’année fuivante les
couper entièrement , de même que les rcjettons qu’ils ont pouffés.
Cette taille k courfon, faite avec la taille fur un bouton k fleur, com¬
me aufli de manière que le petit moignon d’en -haut ne foit coupé ni
trop long ni trop court , comme je le montrerai dans la fuite , eft aufli
bien que la taille d’iité le moyen d’avoir peu ou beaucoup de Raifins:
c’eft-pourquoi celui qui taille ne doit pas feulement mettre de la difte-
rence entre des boutons k fleur & des yeux , mais même aufli entre
des boutons plus ou moins gonflés. En général les boutons font plus
gros & prefque une fois plus gonflés que les yeux : les yeux font au con¬
traire plus minces & plus pointus. 11 y a encore de la différence parmi
les boutons , car les uns font plus gros & mieux nourris que les autres,
& cela non feulement k proportion de la vigueur du bois auquel ils font
Y 3 ve-
LES AGREMENS
174-
venus 3 mais aiifîl félon que pendant l’Eté ils ont eu un petit bourgeon
dans leur voifinage ou non. Les boutons avec ces bourgeons qu’on a
racourcis par la taille d’Eté 5 font moins gros , moins vigoureux en
pouffant 5 que les autres boutons bien gros & bien nourris ; c’ell pour
Cela qu’on fera à ceux-là la taille jiifqu’aux boutons les plus hauts , pour
conduire d’autant mieux vers le bas la trop grande feve , & faire que
les autres boutons fuivans produifent plus furement de bons fruits bien
nourris. Comme la fève , en montant , caulè vers le liant la plus vi-
goureufe pouffe, & que les boutons les plus élevés & les plus gros atti¬
rent à foi la nourriture des autres , il arrive delà que ces boutons d'en
haut pouffent fort vigoureulèment , les fuivans avec moins de vigueur,
& produifent aulfi de très petites grapes : il arrive au contraire , quand
on taille fur des boutons d’en - haut moins vigoureux , que la prémièrc
fève les fait gonfler & grolfir , tandis que les boutons fuivans conti- ^
nuent de croître , quoique les boutons d'en-haut femblent ne pas pouf¬
fer, à en juger extérieurement.
On aura de plus grand foin de tailler toujours fur un bouton, & non
fur un œil à feuille ; car fi cela fe fait fur un œil (fur-tout à de vigou¬
reux farmens , qui par le moyen de la taille d’Eté ont pouffé abondam¬
ment des boutons) , il arrivera que plufieurs boutons ne produiront que
des jets garnis de feuilles fans fruits : outre cela le petit moignon au-
deffus du bouton ne doit pas être ni trop long ni trop court ; car s’il eff:
trop long, il arrivera pareillement que plufieurs boutons à fruit fe chan¬
geront en feuilles , parce qu’il fe raff'emble trop de fucs dans ce moignon
trop long: s’il eft trop court, & que l’entaille foit trop près du bouton,
on court rifque que le bouton ne fe deffeche ; auquel cas le bois au del-
fous du bouton deffeché deviendra un long moignon dans lequel fe raf-
fembleront les fucs les plus folides , qui pour lors contraignent pareille¬
ment les boutons fuivans à fe changer en boutons à feuilles ; deforte que
la taille doit être faite au-defflis d’un bouton , de manière que le petit
moignon conferve par le moyen d’une entaille un peu oblongue,la lar¬
geur d’une paille au defflis du bouton , quand la fève elt fuiîifamment
arrêtée en montant , pour produire des fruits d’autant plus fùrement:
outre que la fève , par le moyen d’une pareille taille , dcfcend mieux
jufqu’aux plus baffes branches ; ce qui fait que la Vigne reffe toujours
garnie par deffbus de jets bien vigoureux : au-lieu que la taille étant
faite fur un œil, les boutons ne fe changent pas feulement en boutons à
feuille , mais attirent aulTi à foi les fucs des branches qui font plus bas ,
ce
D E L A C A M P A G N E. ^
ce qui fait que la Vigne lè dégarnit entièrement de branches par def-
fous. Jl faut bien prendre garde encore que l’entaille fè fafle de l’autre
côté du bouton, afin que la Vigne, quand elle pleure, ne diftille point
fon fuc fur ce bouton , mais du côté oppofé.
Quand on taille la Vigne on retranche la plus haute branche, & on
confèrve ordinairement la fuivante ; ce qui fe fait pour deux raifons : la
prémière , parce que le fécond farment a fouvent le meilleur & le plus
fécond bois; & la fécondé, parce que la Vigne ainfî taillée, s’abâtardit
moins.
Lorsqu’on attache les farmens qui croifTent avec vigueur, qui font du
bois trop fort , & qui font parvenus à une grandeur requife , de maniè¬
re qu’on ne lauroit leur donner plus d’étendue , on doit avoir foin de
les tordre, comme je l’ai dit- dans le / Chap. âe ce Lm'e^ à l’égard des
boutures, afin que la fève trop abondante foie arrêtée dans fa circula¬
tion ordinaire, & que fans plier ces farmens , comme on a coutume de le
faire, ils pouffent plus régulièrement, en les attachant toujours propre¬
ment félon leurs plis. Il faut aufîi bien prendre garde que les farmens,
à force d’avoir bien ferré les liens, ne fbient ni comprimés, ni froifTés,
encore moins bleffés , car cela arrêteroit les jets dans leur pouffe , de
même que les grapes.
On peut rajeunir de vieilles Vignes en les coupant fort près de terre ^
afin de les engager par -là à pouffer de nouveau de vigoureufes bran¬
ches : mais il faut bien prendre garde en pratiquant cela , que cela fe
faffe au delfus d’une élévation de nœuds, ou telle inégalité qui fait pré-
fümer qu’à cet endroit elle poun'a bourgeonner ; car autrement elles
tardent fouvent fi longtems à repouffer , que les fucs trop abondans les
étouffent ; & afin que le bois ne foit pas pour cela trop gros & d’une
trop dure écorce , ce qui rendroit le bourgeomiement fort difficile , on
fait cette taille près de terre tous les neuf ou dix ans , & quelquefois
plutôt encore : il me paroit fort vraifèmblable que les Ifraélites le fai-
foient tous les fept ans».
C H A-
LES AGREMENS
C H A P I T R E IV.
Be la taille d'Eté des Vignes,
De tous les Arbres portant fruit il n’y en a point qui aient plus befbia.
de la taille d’Eté que la Vigne , par le moyen de laquelle elle fait
du bois plus fort, & devient aulîi plus belle & plus féconde: il n’ell pas
cependant poffible de déterminer le ^ems auquel cette taille doit com¬
mencer & finir , parce que cela ne dépend pas feulement de la failbn
pendant laquelle elle pouffe plus ou moins longtems , mais auffi du plus
ou du moins de branches vigoureufes qu’a la Vigne. On taille donc plus
tard les Vignes qui pouffent avec vigueur , afin que les nouveaux yeux
furvenus puiffent fe gonfler comme il faut , lesquels deviennent autre¬
ment 5 à caufe des fucs qui montent en abondance , des fàrmens fort min¬
ces. 11 faut aulfi pour la même railbn laiffer alonger davantage les far-
mens des Vignes vigoureufes, c’efl-à-dire, leur laiffer plus d’yeux , qu’aux
fàrmens moins vigoureux, avant que de les racourcir, parce que les
yeux des Vignes vigoureufes, fe dilpofànt plutôt à devenir des boutons,
quand ils font taillés courts , fe convertiroient fouvent dans la même
année en feuilles , ou bien que leurs grapes fe convertiroient l’année fui-
vante en fauffes grapes , & cela par trop de vigueur ; ce que tâchant
d’empêcher, il arrivera que les nouveaux yeux poufferont plufieurs jeu¬
nes fàrmens.
11 faut tailler fort court toutes les branches greles , minces , auffi bien
que celles dont les Vignes ne pouffent pas avec affez de vigueur , afin
que leurs yeux deviennent en fe gonflant des boutons , qui produifent
de bonnes grapes, ce qu’on auroit tort d’attendre quand on fait la tail¬
le moins grande.
En général les Vignes de Raifîns musqués , & fur-tout ceux que nous
connoiffons fous le nom de Franken-daelders charnus , deviennent de
plus gros arbres , que celles des Raifîns d’une eau fucrée & autres moins
charnus , quoique plus remplis de jus:c’eft pour cela qu’avant de racour¬
cir les mufqués & les charnus , il leur faut laiffer deux ou trois yeux de
plus.
Qiioique les plus vigoureux fàrmens foient les meilleurs, il faut pour¬
tant
DE LA CAMPAGNE. 177
tant bien prendre garde s’ils font provenus d’un bois à petites jointures ;
car on confervera toujours ceux-ci comme les meilleurs <Sc les plus fé¬
conds. D’un autre côté on retranchera dans leur prémière poulie ceux
qui Ibrtent près ou hors de terre (comme cela arrive fouvent à de jeune»
Vignes qui poulTent vigoureufement) , étant pour l’ordinaire fauvages ,
gourmandes , & llériles. 11 faut encore obferver fi les Vignes ont leur
étendue requife ; car de celles qui ne l’ont pas, on racourcit fouvent le
larment d’en-haut, & on lailTe croître , fans le racourcir, l’œil fuivant,
jufqu’à ce qu’il foit allongé d’un , de deux, ou de trois yeux de plus,
après quoi feulement on le racourcit ; ce fécond farment étant pour
l’ordinaire le plus rond , le plus épais , à plus petites jointures , & le
plus fécond bois pour l’année fuivante : c’ell dans cette vue qu’on le
conferve , retranchant tout- à-fait, comme je l’ai dit, par la taille d’hi¬
ver, le farment d’en-haut.
La taille d’Eté commence plutôt & finit plus tard , à proportion de
la chaleur & de la fécondité des faifons : on la commence fouvent
dans des faifons précoces avant la mi-Mai, & elle dure fouvent, quand
dans l’Autonne la chaleur continue, jufques en Septembre, dans lequel
intervalle il y a toujours à faire ; & quoiqu’il y ait ici de l’intervalle , je
ne laifle pas que de dillinguer cette taille d’Eté en prémière , fécondé &
troifième
11 ne faut pas commencer trop tôt la prémière taille d’Eté , afin que
les yeux ne lè gonflent pas trop vite , parce qu’il en arrive qu’au-lieu de ■
devenir des boutons , ils croiffent en pointe «Si deviennent des jets : il
ne faut pas non plus la commencer trop tard , afin que le bois ait le
tems de meurir comme il faut, & que les yeux fe gonflent jufqu’a deve¬
nir de gros boutons : le tems convenable efi: ordinairement vers la fin
de Mai.
Les Anciens commençoient cette prémière taille d’Eté environ huit
ou dix jours avant que les prémières petites grapes commençalTent à fleu¬
rir; ce que je préfère pour nos Vignes qui lont dans des Serres, dont la
chaleur efi au même degré que chez eux ; mais cela doit être fait plutôt
à nos Vignes qui fe trouvent en plein air , fouvent même trois fèmaines
avant qu’elles ne fleurifient.
Cette taille faite comme il faut , donne lieu à l’agrandiflement de la
Vigne 3 & en fait l’ornement , puifqu’on ne retranche pas feulement a-
lors tout-à-fait quelques farmens fiiperflus , & qu’on en taille quelques-
uns à un ou deux yeux pour des courfons ( à l’égard de cette taille à
Fartie /. Z cour-
• 4
ï78 ..LESAGREMENS
coiirfbn , il faut prendre garde à l’état de la Vigne & à la vigueur des
farmens , qui doivent être racourcis) , mais qu’alors on coupe pareille»
ment les grapes fuperflues (favoir quand chaque bouton, produit plus
d’une grape , ce k quoi on doit s’attendre infailliblement , quand les
Vignes font bien cultivées) , alin que les autres puiffent meurir mieux
& plutôt , être plus grandes & d’un meilleur goût , fur-tout les Vignes
mufquées , auxquelles il faut lailTer moins de grapes qu’à celles d’une
eau fucrée , parce que les mufquées furchargées ne meuriflent jamais ,
mais celles d’une eau fucrée quelquefois. De plus on coupe pour lors ,
toujours dans la fuite , les vrilles , car elles abforbent confîdérable-
ment la nourriture des Vignes, & par ce retranchement continuel , il
arrivera que les yeux , qui font à l’oppofite des vrilles , iè gonfleront
avec plus de force, & deviendront des boutons à fleur. 11 faut que
le pied & les vieilles branches d’une bonne Vigne bien cultivée foient
garnis par embas de farmens & de feuilles : non pas cependant de
manière que ces tendres petits rejettons foient li près les uns des au¬
tres qu’ils caufent de la confufion; c’ell pour cela qu’on aura foin de
les ranger à une jufte diftance par la prémière taille d’Ecé , afin qu’on
puilTe les conferver dans une agréable propreté à mefure qu’ils pouflent :■
on ne foiifiira pas non plus trop près les uns des autres les farmens des
côtés qu’on taille à courfon : ceux-ci ayant pour l’ordinaire plufîeurs
jets , doivent , après avoir été réduits à un feul jet , & racourcis à un
œil , être placés à un pied de diftance pour le plus près ; parmi lesquels
petits courfons venus au devant d’une Vigne moins grande , dont tous
les farmens ont été pareillement coupés , ou bien autour de leurs pe¬
tits furgeons tardifs , il ne doit le trouver qu’un furgeon tout au plus ,
lequel on racourcit félon qu’il efl à feuille, à deux ou à trois yeux. La
railbn pour laquelle on taille li court les gros courions , venus par les
côtés, eft d’une part pour éviter la confullon des branches fuperflues, &
de l’autre pour en attendre de bons farmens propres à être attachés : au-
lieu que lorlqu’on ne les retranche pas , & qu’on laifle quelques jets , en
guife de bofquet enfemble, il y furvient , au tems de leur bourgeonne¬
ment , une cavité lèmblable à un tuyau , qui eft très nuilible aux Vig¬
nes: cela caillé aufli une grande conflilion , fait du bois mince , grele,.
& moins bon, que quand on taille les courfons a une plus grande lon¬
gueur.
' Le racoiircilTenient des autres branches le fait plus haut ou plus bas^.
Lion la vigueur de la Vigne; ce racourcilîément à des farmens bien ve¬
nus
DELACAMPAGNE.
nus de Vignes bien traitées, fe fait ordinairement au-defTus de la féconde
feuille 5 ce qui vient au delTus de la dernière ou de la fécondé grape
d’en haut (dans la fuppofition que ce farment produit du moins deux
grapes) : pour lors l’œil qui efl au-delTus de cette feuille devient ordinai¬
rement un bouton à fleur , lequel on conferve pour le dernier en fai Tant
la taille d’hiver. Cependant les farmens bien vigoureux de Raifîns char¬
nus & mulqués ont le bois moins creux & de plus larges pores ; c’eft-
pourquoi il faut, fuivant leur état, leur faire la taille, un , deux, & mê¬
mes trois yeux plus haut ; mais fi c’efl un farment qui n’efl pas fort vi¬
goureux , quand même il porteroit deux grapes , il faut la faire plus
bas , fouvent auprès ou au-deffous de la grape. On ne laiffera point au
refte aux Vignes de pareilles branches languilTantes , à moins que cela
ne foit néceffaire pour leur agrandilTement ; mais on les retranchera
tout-à-fait par la taille d’hiver.
11 faut auffi avoir foin , quand on fait la prémière taille d’Eté , de
remplir la place de quelque vieille branche qu’on a deflein de retrancher
l’année fui vante, & de conferver pour cela une brandie furnuméraire à
la Vigne , laquelle il faut laifTer devenir plus longue en toute liberté,
fans la raconreir , en l’attachant à mefure qu’elle s’allonge : alors elle
deviendra bien plus vigoureufe, au-lieu que fi on la racourcit, elle s’af-
foiblira, & pouffera plufieurs petites branches par les côtés..
De plus il ne faut ôter aux Vignes que les feuilles qui tombent en fai-
fant cette taille d’Eté fi néceffaire ; car elles fervent beaucoup à la nourriture
& à la pouffe des branches & des tendres farmens , comme auQi k intercepter
la brûlante ardeur du Soleil,qui nuit extrêmement tant aux branches qu’aux
Raifins , les pores du bois devenant par ce moyen moins larges , ce qui
empêche la fève de monter comme il faut , & rend la peau des Raifins
épaiffe & coriace , fait qu’ils ne meuriffent pas , parce qu’ils ne tranfpi-
rent pas quand ils fermentent au travers d’une peau fi durcie, ce à quoi
les Raifins mufqués font principalement fujets : il ne fiut pas pourtant
que les grapes foient à l’ombre , de manière qu’elles foient entièrement
privées des rayons du Soleil ; car cela empêche pareillement les Raifins
de meurir , parce que la fève ne fauroient dans ce cas fermenter comme
il faut; les Raifins même, quand il arrive qu’ils meuriffent, en font au ITI
moins agréables, outre que le bois qui efl trop k l’ombre ne meurira pas
non plus parfaitement ; il faut par conféquent intercepter d’une maniè¬
re convenable les rayons du Soleil trop ardens , 65 laiffer jouir le fruit,
de même que le bois, d’une chaleur tempérée.
Z 2
Qiiant
iSo L E S A G R E M E N S '
Qiiant à la manière d’attacher les-branclies racourcies , fur-tout quand
elles font grolTes & pleines de fuc , il faut bien prendre garde , en les
pliant 5 de ne pas les froifler ou de les rompre , & que cela lè faffe félon
leur cours, uniment, fans froiffure, & fans que le lien les blelTe ; c’ell
pour cela qu’on ne les attachera jamais que dans un tems chaud quand
le Soleil luit , les gros farmens pleins de fiic étant alors plus lléxibles;
au-lieu qu’ils le rompent facilement , quand on le fait làns que le Soleil
paroilTe , le matin de bonne heure , ou bien pendant un tems froid &
pluvieux : on fe fervira pour ces liens de jonc rond dont on lait les
cliaifes , qu’on lailTe un peu tremper dans l’eau avant que de s’en fervir >
après quoi il ell d’un très bon ufage pour cela.
'La leconde taille d’Eté commence ordinairement après que les Vi¬
gnes ont fleuri , ou d’abord après la St. Jean : tems auquel le tendre
làrment, après avoir été racourci , a poulie de nouveau trois ou quatre
yeux , dont font forties quelques autres petites jeunes branches : alors
on racourcit ce farment d’en-haut, de même que ces jeunes petites bran¬
ches , jufqu’au delTus de leur dernière feuille , où Ton peut voir un
œil. 11 faut, quant à cette fécondé taille d’Eté , avoir grand foin de
lailTer de très petits moignons, pourvu cependant qu’on ne blelTe pas les
yeux ; quoiqu’il y auroit plus de mal encore à lailTer les moignons trop
•longs qu’à blefler un peu légèrement les yeux , parce que les yeux qui
font aux environs des moignons trop longs & trop éminens, lè fonne-
roient en pointe , Si deviendroient des branches dans la fuite : au-lieu
qu’étant coupés fort court & même un peu blelTés , ils deviennent lou-
vent de doubles boutons ; mais , comme je l’ai dit , il vaut mieux que
les yeux ne foient pas blelTés , & que la taille fe falTe tout joignant , a-
lors ils lè gonflent & deviennent de gros boutons à fleurs. Mais comme
toutes les branches ne poullènt pas avec la même vigueur , enforte
qu’on puilTe dans le même tems les racourcir ou les tailler également, il
peut arriver qu’on eft obligé de faire dans le même tems, la prémièrej
la fécondé , & la troifième taille d’Eté.
On peut comprendre fous cette féconde taille d’Eté, l’épluchement des
grapes qui font en trop grand nombre , ou bien qui font venues de
fleurs tardives ; comme auffi i’épluchement des grains qu’on pince de
chaque grape , ce qui eft très néceffaire aux Mulcats blancs & paillets
à courte queue & fort ferrés. Cela fe fait par le moyen de petits ci-
feaux pointus & bien affilés, aulîitôt que les Raifins ont fleuri, & qu’ils
font de la grofTeur d’une tête d’épingle : alors les petites queues des
grains
DE LA CAMPAGNE.
iSi
grains font tendres & fibreufes , ce qui fait que les entailles fe ferment
bientôt fans aucun inconvénient. 11 faut , pour bien faire , en retran¬
cher au Mufcat blanc , comme . ayant les plus courtes queues de tous^
étant fort ferrés , pour le moins .deux tiers ^ qu'oiqu’il vaudroit mieux
encore , trois quarts , afin que les autres plus fimples puiffent devenir
aulli plus gros & meurir mieux.
Les Mufeats paillets , les Frontignac , ont pareillement de courtes
queues & font fort ferrés , mais moins que les blancs ; deforte qif on fe
contentera d’en retrancher les deux tiers. On fera la même choie aux
autres mufqués noirs , comme aiiffi à ceux qu’on nomme Catalans , &
qui font d’un brun noirâtre foncé. Ceux que nous nommons Fran-
ken-daelders ont de plus longues queues , mais ils font fort ferrés , par¬
ce qu’ils fe gonflent extrêmement, fiifant ordinairement de grolfes gra-
pes 5 dont les Railins meurilTent difficilement , & pour cela on en re¬
tranchera du moins les deux tiers.
On fait la troilième taille d’Fté à des fàrmens , dont les yeux , aux¬
quels on a voit efpéré de voir des boutons à fleur , fè font convertis,
contre toute attente , en jets ; on leur fera la taille de la même maniè¬
re qu’il a été dit de la fécondé taille d’Eté.
CHAPITRE V.
Remarques concernant quelques propriétés de la Vigne , quelques ef¬
fets remarquables.
IL en eft précifément des Vignes comme de tous les autres arbres frui¬
tiers 5 favoir qu’elles ne veulent pas être dans un endroit trop expo-
fé à l’ardeur du Soleil , fur - tout les Raifins mufqués & autres charnus,
qui peuvent moins Eiporter une chaleur ardente , que ceux qui ont une
eau fucrée. Les Raifins qui viennent à des échalas font généralement
meilleurs au goût, quand ils font bien mûrs, que ceux qui font venus à
des efpaliers.
On ne fauroit faire bien meurir les Raifins dans des Serres vitrées ,
ni fous de la gaze , pour les défendre par ce moyen des Guêpes : c’eft
pour cela que , lorfqu’on veut les conferver dans de petits facs de gaze
ou de papier contre les infeétes , il faut attendre qu’ils foient à peu près
Z 3 mûrs^,
LES AGREMENS
îS2
mûrs 5 encore lèront-ils moins bons que ceux qui viennent à découvert ,
quoiqu’à la vue le coloris en foit bien plus beau.
Cette forte de vapeur nommée Fleur , qui ell for les Raifins mûrs,
ell une évaporation , que l’intérieur du Railin exhale extérieurement ,
& qui refte condenfé for la peau extérieure. Ce qui le prouve incontef-
tablement, c’eft que tous les Raifins qui ont été dans de petits facs de
papier, font plus chargés de. cette Fleur , & font beaucoup plus agréa¬
bles à l’œil que les autres , qui font expofés à l’air & à la rolée , parce
que la peau extérieure de ces derniers devient dure & coriace parla
trop grande ardeur du Soleil ; ils ne paroiflent non plus jamais fi colo¬
rés 5 parce que les parties fubtiles dont cette Fleur ell compofée, ne peu¬
vent pas pénétrer au travers de la peau.
Les Vignes qui produifent des Raifins mufqués & fort charnus , ont
befoin de plus de place , pour que leurs branches produifent des fruits
aulfi abondans qu’agréables au goût , que celles dont les Raifins ont
l’eau fucrée & qui font moins charnus , deforte qu’on peut cultiver ces
derniers contre’ des cloifons balTes, mais non pas les autres avec le mê¬
me fuccès.
La trop grande abondance de fruits ne rend pas foulement les Rai¬
fins plus petits , mais les empêche auili de meurir , & même à un tel
point que, dans des Etés où il fait une chaleur à fouhait, on fera à pei¬
ne meurir ceux d’une eau fucrée à des Vignes forchargées , & jamais les
mufqués & les charnus.
Les Raifins les plus agréables au goût font ceux , qui à de jeunes Vi¬
gnes vigoiireufos meurifient le plus loin du pied : & au contraire les
plus agréables au goût à de vieilles Vignes , font ceux qui meurifient le
plus près du pied, & non pas à des branches fi étendues, parce qu’ils
n’ont pas eu foiivent aflez de nourriture ; du refte ces Raifins venus à
de vieilles Vignes font ordinairement moins bons.
Les jeunes Vignes qui, par le moyen d’une bonne culture, ont fait
du bois bien vigoureux , produifent plus de fruits , même de plus beaux
fruits & meilleurs au goût, que les vieilles ; mais ils ne meurilfent pas de
fi bonne heure ; une feule & même efpèce différant quelquefois à cet é-
gard de quinze jours , les Raifins d’une jeune Vigne meuriflant plus tard
que ceux d’une vieille.
Un Printems avancé , auquel vers la mi-Mai le froid fiiccède. , accom¬
pagné de pluie & de vent , fait fouvent que les fleurs manquent : les
Etés trop fecs font pour le moins auili nuifibles que les Etés froids &
plu-
pluvieux; & cela non feulement parce que la peau des Raifins devient
trop dure & coriace, fans que les grains puiflènt tranfpirer,mais encore
parce que cela ferme trop le bois, ce qui empêche qu’il ne monte aflez
de feve par fes pores pour nourrir & pour meiirir les fruits : d’où il ar¬
rive fouvent que les feuilles & les queues des grapes fe flêtriflent , ce que
j’ai vu lür-tout aux Mufcats, & même à un point que dans des Etés
chauds , pendant lefquels il n’y eut que quelques jours extrêmement
chauds, beaucoup de Vignes fe grillèrent: on ne peut alors faire meurir
aucun Raifin en efpalier, mais bien en échalas, comme cela m’eft arri¬
vé dans les années 1713 , ivip? 1720, 1723, 1726, &c.
Qiiand les feuilles de Vigne ont par defTus une éminence comme une
pullule de figure ronde & point unie, elles ont par delTous dans la cavi¬
té correfpondante, une matière d’un gris-blanc, fpongieufe, qui con¬
tient une humidité gluticeufe: cela eft caufé aux farmens vigoureux par
la gelée du Printems ; les Mufcats & fur-tout les blancs y font extrême¬
ment fujets.
Les Raifins en plein air cominencent ordinairement à fleurir dix
lèmaines après que les grapes fe font fait voir au Printems entre le jet
ou la feuille : mais Tintervalle requis pour ceux qui viennent fous des
vitres fans feu , eft de fept à huit femaines , & de quatre dans une Serre
où l’on fait du feu au Printems.
Le tems de la maturité, après celui qu’ils ont fleuri en plein air , dér»-
pend en général de la cJialeur des Sailbns ; ceux qui meurilTent fous des
vitres ont ordinairement befoin pour cela de neuf ou dix femaines après
avoir fleuri : ceux-ci pouvant tout comme ceux qu’on cultive en plein aiiv
produire fucceflivement , quand on fe contente de les voir mûrs au
mois d’Aout : ceux pour lefquels on a employé le feu au Printems,
n’ont befoin que de huit ou neuf femaines , quelquefois même quel¬
ques jours de moins.
En 1714. il fit au Printems extrêmement froid , même jufqu’au
a J de juin : il y avoit même encore la nuit de ce jour -là de la glace
dans les petits foffés : depuis le 2^ de Juin il fit jufqu’aii 8 d’Aout un
tems d’Lté à fauhait avec fécherefle depuis le 8 d’Aout jufqu’àu ir
il plut : depuis le 1 7 d’Aout jufqu’au 1 1 de Septembre le Soleil pa¬
rut : depuis le 1 1 jufqu’au 24, de Septembre il ht une pluie continuel¬
le: mais depuis le 24. de Septembre jufqu’au 10 de Novembre il ht u-
ne Autonne charmante. Je n’ai jamais eu des Raifins plus mûrs que
cette année-là. - . ;
LES AGREMENS
134.
Pareillement en 1715: il fit en Juillet & en Août , un tems froid &
pluvieux ; en Septembre un tems d’Eté à fouhait ; en Octobre un tems
chaud accompagné de pluie & de tempête : le Printems fut fi favorable
que la taille d’Eté commença le 6 de Mai à une Vigne fort vigoureulè
de trois ans, plantée en plein air contre une. muraille panchée en arrière
uu dos d’une Terralî’e ; & la fécondé taille d’Eté le 4 de Juin , conti¬
nuant avec celle-là jufqu’à la fin d’Aout : mais comme quantité de
boutons de cette Vigne, ainfi gênée ou étoufi'ée quant à fa circulation,
lè changèrent en branches , je remarquai que j’avois fait trop tôt la pré-
mière & la fécondé taillée d’Eté : on lui fit pourtant en Novembre la
taille d’iiiver , dans le tems qu’elle avoit de nouveau une quantité fuffi-
fante de gros boutons à fleur. Cette Vigne fut mife fous des vitres à la
fin de Janvier 1716 : le Printems fiiivant fut froid &fec, quoique le
Soleil parut beaucoup ; ce qui rendit le tems très favorable pour les Vi¬
gnes mifes dans des Serres , mais point pour celles qui refièrent
en plein air : celles-là av oient quantité de grapes le 30 d’Avril :1a taille d’E¬
té commença, lorfqu’elles étoient fur le point de fleurir , & celle des
Vignes en plein air feulement le 28 de Mai. 11 efi remarquable que je
coupai à ces Vignes, mifes dans des Serres , quoique ces Vignes n’euf-
iènt que quatre pieds de haut , la Serre en ayant trente-huit en longueur,
(la figure de cette Serre le trouve dans la féconde Partie au 1 Lw,
Chap. 1.) plus de deux cent grapes , & que j’y en laiffai pour le moins
encore autant pour meurir.
En 1717 le Printems fut fort venteux , froid, rude, plus favorable
pourtant aux Vignes , tant à celles qui étoient en plein air qu’à celles
qui fe trouvoient dans les Serres, de cinq jours qu’en 1716; deforte que
ia taille d’Eté commença à fe faire aux Vignes qui étoient dans les Ser¬
res, le 24. d’Avril, & aux autres le 2^ de Mai.
Le Printems de l’année 1718 fut fi favorable , que les perfonnes les
plus âgées ne fe fouvenoient pas d’en avoir jamais vu un pareil , ce qui
avança les Vignes de quatre jours plus qu’en 1717. Je coupai le 9 d’A¬
vril quelques extrémités de Vignes fous des vitres , auxquelles je ne fis
pourtant la taille d’Eté que le 2 J d’Avril , & à celles qui étoient en
plein air le 20 de Mai.
En 1719 il fit aux mois d’Avril & de Mai généralement fort froid,
& le tems fut très rude : je vis de petites grapes à des Vignes dans des
Serres échaufées artificiellement le 4 de Février, auxquelles je fis la tail¬
le le 28 ; mais trop tôt , parce que toutes ces petites grapes manquè¬
rent;
DE LA CAMPAGNE.
rent; cela peut cependant bien être venu auiïi de ce qu’îl fit très peir
de Soleil avant la taille & beaucoup après , accompagné de vents du
Nord contre lelquels ces Vignes furent miles à couvert: la taille des Vi¬
gnes qui étoient dans des Serres, commença à lè faire le 27 d’ Avril, &
à celles qui étoient en plein air le 2 J de Mai. L’Eté du relie fut fort
chaud & fort lèc , ce qui fit griller prelque .toutes les feuilles des muf-
qués 3 & empêcha qu’il ne meurît une feule grape des charnus.
Je lèmai en 1722 des pépins du Railîn blanc précoce nommé vroege
van âer Laan ; & je cueillis en 1725* aux Vignes venues de ces pépins
des Raifins noirs & aulTi des blancs.
Je mis en terre en 172-f une bouture du Railîn nommé FrankendaeU
àer contre une Cloifon expofée à l’Eft , laquelle bouture fans que je
l’eulTe racourcie , monta la même année jufqu’à la hauteur de dix pieds ,
que je taillai dans le Printems de 1725; à fix yeux , & qui porta fix gra-
pes; en 1726 j’en cueillis ti*ente-lix grapes, & en 1727 c’étoit une fort
grande Vigne , qui avoit des branches vigoureufes chargées de plus de
cent grapes.
Je mis avec le même fuccès en terre en \"ji6 & 1727 des boutures
pour des Vignes en échalas contre une Cloifon au Midi, où le Soleil des-
îéchoit extrêmement : cela m’engagea à les arrofèr un peu deux fois la
lèmaine avec de l’eau tirée de la plus grande profondeur du folTé : ou¬
tre cela je mouillai encore chaque fois alTez copieufèment le feuillage a-
vec de l’eau de pluie froide : l’une de celles-là produifit au mois de Sep¬
tembre de la même année une petite grape: mais en 1728 quelques-unes
d’un an & celles de deux ans en produifirent abondamment : * j’eus aulFi
un pied de Raifins de Tokai extrêmement chargé.
En 1725: nous n’eumes pour ainfî dire point d’Hiver, il fit beaucoup
de Soleil , & la Saifon au mois de Mars & d’Avril fut la plus favorable
qu’on eût jamais vue pour les plantes qui étoient dans des Serres : les
Vignes qui étoient en plein air avoient aulTi pouffé d’une manière in¬
croyable, & il ell remarquable que la Vigne du Raifin nommé FaerU
druyf , plantée contre une haute muraille, avoit le 22 de Mai en plein
air des grapes qui commençoient à fleurir : malgré cela on n’eut pas de
Raifins mûrs en plein air cette année, parce qu’il fit fort froid cet Eté-
là , & qu’il plut beaucoup.
En 1727 il arriva par haï,ard qu’il panit fur une couche de Tubereufè
une Viçne de fèmence,qui ayant été d’abord réchauffée fous des vitres
de la même manière que les Tubereufes, & pouffée par du fumier, crût
Fcü'tie L A a tellement
îS5 L E S A G R E M E N S
tellement que par notre taille d’Eté ordinaire, elle auroit vrailèmblable-
ment produit l’année 1728 fuivante des grapes, fi on eût pu l’élever où
elle étoit.
On trouvera le refie de la culture des Vignes, renfermées dans des
.Serres, dans la fécondé Partie, où Ton traite amplement de la manière
de prématurer les fruits par. le moyen du feu.
CHAPITRE VI.
Des àiférentes fortes de Raîpns»
Quoique les Mufcats bien mûrs foient regardés prelque généralement
^comme les plus agréables au goût, & doivent par cela même être
les prémiers en rang dans ce Traité: dans ce Climat cependant ceux
qui ont l’eau llicrée, méritent la prémière place, parce qifils meuriflent
d’ordinaire tous les ans , au -lieu que les Mufcats meuriflent rarement
chez nous , <Sc même prefque jamais. Je mets donc dans le prémier
rang des Vignes:
Le Raifîn précoce nommé mege van der Laan , provenu de femen-
ce , par les foins ^Adrien van der Laan , en fon vivant Receveur- du
Rhynland. Je mets ce Raifin dans le prémier rang, parce qu’il manque
rarement de fleurir, parce qu’il eft un peu plus charnu , & qiPil a un jus
un peu plus épais , ce qui fait qu’il dure davantage : mais fans ces deux
qualités le Raifin nommé Faerl - di^uyf méxittioit la préférence. Les,
grains font un peu longs , leur peau eft épailfe , & ils ne meuriflent pas
de fi bonne heure que les Faerl-druyven , & font aulfi moins agréables
au goût, de l’avis des plus fins Connoiffeurs. Cette Vigne, outre cela,,
ne lauroit ni s’élever ni s’étendre beaucoup, làns le dégarnir de feuilles à
l’endroit des vieilles branches ; elle ne produit pas non plus autant qu&
l’autre: pour la rendre plus fertile, il faut lui faire produire du. bois bien
vigoureux : c’eft pour cela qu’on la coupe tous les neuf ou dix ans près
de terre; il faut l’expofçr au Soleil du Midi, ou bien au Sud -Eft; l’Oueft:
eft extrêmement nuifible à la fécondité. 11 me paroit cependant fort vrai-
femblable que le Raifin nommé Diamant eft un nom fuppofé , qui a été
donné à un vroege van der Laan bien cultivé & bien venu.
Je mets dans le fécond rang la Vigne nommée la Ferle (de FaerU
druyj^.y
iruyf) ) qui mériteroit pour fes nombreuiès qualités le prémier , fi les
raifons que je viens d’alléguer ne décidoient en faveur de l’autre : ce
Raifin elt auffi rond qu’une boule , & quand il efl bien mûr , il eft le
plus gros de tous les blancs que je connois, & des prémiers mûrs, ordi¬
nairement plus de huit jours avant le vroege van der Laan : Ibn jus efl
plus fluide & plus agréable, <Sc c’eftpour cela qu’on ne peut pas le con-
lerver fi bien Thiver.
Des Railins qui ont l’eau jfùcrée je mets dans le troifiènie rang le
Raifin nommé Frankendaelder , étant originaire de Franconie & fort
connu chez nous fous ce nom. Cette Vigne venue de Bouture, com¬
me cela a été dit dans Chap. de ce Liv. fait au bout de peu d’an¬
nées une Vigne parfaite d’un bois extraordinairement vigoureux ; elle
efl; très féconde , portant des grapes & des grains d’une grofleur admi¬
rable. 11 y a> cinquante ans que j’en ai goûté deux efpèces d’une même
couleur & d’un même goût: mais aujourdhui on ne connoit plus l’elpè-
ce dont les grains font longs , & l’on n’en trouve plus chez nous qu’à
grains ronds. Ces Railins ont une couleur d’un bleu foncé , & font
charnus , ce qui fait qu’ils meuriflent difficilement : ils meuriflent ordi¬
nairement en même tems que le Mufeat de Catalogne , favoir un peu
plus que trois lèmaines après le Raifin nommé la Ferle ; deforte qu’ils
ne meuriflent jamais comme il faut dans des Etés un peu froids. 11 faut
décharger de quelques grapes cette Vigne , qui en produit de fort gref¬
fes & de gros grains bien lèrrés , ce qui les empêche de meurir , & ne
leur en laifler que très peu pour meurir : il faut auffi couper les grains
pour qu’ils fe gonflent davantage , de manière que de trois il n’en refle
qu’un, j’ai mangé en 1726 d’une grape fi bien épluchée , que les
plus petits grains avoient trois pouces, mefure de Rhynland, de cir¬
cuit; plufieurs trois pouces & demi, & quelques-uns en petit nombre
trois pouces & trois quarts. Cette Vigne avoit environ trente ans , é-
toit expofée au Midi contre une Muraille , & avoit en hauteur plus de
douze pieds , mefure de Rhynland.
Le Raifin de Catalogne efl rond , paflablement gros", d’un brun bleuâ¬
tre foncé , tirant un peu plus fur le mufe , que le petit Mulcat , qui
meurit plutôt , & après celui-là l’un des prémiers parmi les mufqués ;
mais il efl moins agréable au goût que le Mufeat blanc & le Frontignac.
Le Mufeat blanc efl rond , paflablement gros , & a la queue fort
courte , ce qui fait que les grains en font fort ferrés : ces grains font
fort charnus, & meuriffent difficilement: quand ils font bien mûrs ils
Aa 2 paflent.
193 LESAGREMENS
paflent, au goût de plufieurs, pour les plus agréables de tous les Rai-
lins.
Le Frontignac efl un peu long , d’une couleur bigarée, rouge &
blanche , c’ell pour cela qu’on l’appelle Frontignac pâle : il a auSi fes
Partifans, qui préfèrent le goût de ce Raifin à celui du Mufcat blanc:
il meurit aulTi fort difficilement , tant parce qu’il efi: fort charr.iu , que
parce que les grains en font extrêmement lèrrés. J’ai coupé à une
lèule & même Vigne des grapes 11 différentes , que l’on croyoit qu’il y
en avoit de quatre diverfes efpèces : les grains des grapes qui n’avoient
point été à l’ombre étoient d’un rouge obfcurun peu paffé 5 & avoient la
peau dure & coriace par l’ardeur du Soleil : les grapes qui avoient été
médiocrement à l’ombre , & qui avoient reçu une chaleur convenable y
avoient aulîi la peau moins dure & moins coriace , les grains en étoient
aulfi plus ou moins longs & d’une couleur bigarée verdâtre , tirant
fur le blanc mêlé de rouge. Les grapes qui avoient été entièrement à
l’ombre , fans avoir été échauffés par le Soleil , poftoient des grains
qui avoient une peau plus mince , fans aucune rougeur , d’uns couleur
verdâtre tirant fur le blanc : cette Vigne prodiiilît auffi des grapes dont
les grains étoient fort lerrés , & d’autres grapes dont les grains étoient
fort clairs-femés.
Le Mufqué bleu a de plus petits grains & de plus petites grapes : les
grains font un peu longs , d’tme couleur bleue , mais pâle & falie 5 &
d’un goût un peu mufqué : il meurit de bonne heure , & en même cem»
que ceux qui ont l’eau fucrée: & mérite pour cela d’être planté.
Les Efpèees fuîvantes font celles que je ne confeîlle à perfonne de planter.
Le Raifin long de Lisbonne , qui m’a été donné fous le nom de Raifin
de Tokai-i a des grapes extrêmement grandes & des grains fort gros:
il eff fort charnu & tire un peu fur le mufc ; mais il ne meurit point
chez nous.
Le Mufcat bleu à gros & à petits grains : ceux à petits grains font
ronds , d’un bleu foncé 5 tirant auffi davantage fur le mufc que les autres.
Je leur ai donné le nom de Marfemine di Fincenza , qui paffent dans
cet endroit pour les plus agréables au goût.
Le Raifin bleu perlé eff gros comme les plus gros grains des blancs ,11
»e meurit pas également : il arrive très rarement que tous les grains de
k même grape meurilTentj quelquefois même ils ne meuriffent pas; ils
maii-
DE LA CA Al PAGNE. .i8>
manquent encore plus fouvent que les blancs en fleuriirantjdeforte que
je n’ai jamais pu cueillir de cette efpèce une grape bien conditionnée :
les grains précoces meurilTent dans le tems des blancs perlés y mais à
peine font -ils mûrs que les mouches les dévorent, s’y attachant en
grande quantité.
Le Raiftn bleu que nous nommons Tottehakker y a un goût fucré fort
commun ; il eh un peu long, d’un bleu foncé , produit beaucoup,
meurit de bonne heure & donne de fort grofles grapes.
Les Raifîns d'une eau fucrée y nommés Wat er-zoeten yïont de plufîeurs
elpéces différentes , , très aifées à dillinguer.
Le Raijîn nommé Pieter-Jeli-druyf eff de l’elpèce de ces fucrés , mais
moins agréable au goût; fes feuilles font plus crénelées, ayant quelque
-raport à celles du Ferlil.
Le Rmfin blanc de Leipfîc eft un peu long, mais plus petit & fait au¬
trement que celui de Tokai : il eff d’une couleur verdâtre tirant fur le
blanc , plus charnu que les lucres , mais hormi cela de même goût : il
meurit dans le même tems que les fucrés.
Le Raifîn qu’on nomme de Fin de Rhin , ou Ritzeling , eff petit &
blanc , a de petites grapes & fort ferrées : il ne meurit pas dans ce Païs
d’auffi bonne heure que les Raiffns fucrés; du relie il eft d’un -fort
‘ mauvais goût tirant fur l’aigre.
Amnt-Raifin vient de bonne heure, le prémier de tous, a de pe¬
tits -grains , & un mauvais goût.
Le Raifm bigarè eff beau à peindre , à caulè de la diverlîté dcs-
grains d’une même grape , étant d’un bleu parfait , blanc , & aulfi de
deux couleurs au meme grain; mais il eff d’un goût extrêmement mau-
LES AGREMENS
LIVRE CINQUIEME.
CHAPITRE I.
'Traité général des Arbres fumages , qui réfiflent au froid qu'^iï fait
chez nous pendant P hiver. La manière de les planter ^ de les tailler y
^ de les tondre ^ pour en faire des Haies.
JE fais liiivre ici les arbres fauvages après les francs ou les fruitiers,
quoique le prémier rang leur foit dû à julte titre ; car fans le fervice
qu’ils rendent en rompant les vents, il n’y a ni Verger, ni Potager, ni
Jardin à fleurs , qui pourroient fubfifter. D’un autre côté on peut jouir
par le moyen des arbres fauvages bien cultivés , de toutes fortes d’agré-
mens tant pour le corps que pour l’efprit , & cela fans inquiétude ; au-
lieu qu’on ne tire fouvent aucun avantage des fruits , ou qu’ils manquent
même , lorfqu’on s’atcendoit à une abondante cueillette. 11 efl fort in¬
certain en troifîème lieu , fi planter pour faire du bois de charpente, ou
à briller , n’efi: pas plus profitable , que de planter des fruitiers , quand
.même ces Vergers lèroient placés près des Villes bien peuplées , où
l’on peut vendre les fruits plus chèrement : on fe trompe fouvent à cec
'égard, parce qu’on en tranfporte ordinairement en abondance dans ces
Villes ; outre qu’on deftine infiniment plus d’endroits à y planter des
arbres fruitiers , & qu’on en trouve très peu qui foient plantés d’arbres
làuvages.
J’ai traité dans les ^prémier s Chapitres du Jecond Livre Arbres
en général , & de la manière de les multiplier en particulier , comme
aufii du tems qu’ils vivent , y ayant ajouté quelques remarques concer¬
nant la pouffe de ces arbres & la manière de les cultiver.
Il efl dit à la page 66 , qu’il y en a qui produifènt de femence plu-
fieurs elpèces bâtardes , & que pour cette raifon il faut multiplier d’ime
autre manière ceux qui font îûjets à cet inconvénient ; de plus , qu’il y
en a qui prennent plutôt ou mieux de Bouture , de Sauvageons de Sou¬
che, ou bien par des Provins couchés en terre ; & , dans le Chap. IF.
on a fait voir de quelle manière cela doit être fait , ôc comment il faut
fe conduire quand on plante ou lorfqu’on tranlplante.
DE LA CAMPAGNE. ï>i
pai dit à la page 70, qu’il y a des arbres fauvages qui ne doivent pa§
du tout être taillés 3 & qu’en général il n’en faut retrancher que les bran¬
ches gourmandes ; qu’il faut aulfi avoir grand foin de les faire monter
droit avec une feule tige , & qu’ils poulTent de cette tige de tous côtés y
des branches étendues pour former la couronne : mais quand , par quel¬
que accident 5 il arrive que l’on eh: obligé de couper de grofles branches,
il faut que cela fe faffe fans blefler qu’auITi peu qu’il eft polTible le tronc
d’où ces branches font forties ; cette taille doit fe faire uniment à l’en¬
droit de leur origine : on ne doit cependant le pratiquer que quand il
s’agit d’arbres qui ne grolîilTent pas beaucoup : car on ne coupera pas li
près du tronc les arbres vigoureux qui grofllflent fort, mais à un bon
demi-pouce delà , afin qu’à mefure qu’ils grolîiflent l’entaille fe couvre
mieux ; fans quoi il s’y forme une cavité , où il fe raiïemble fouvent de
l’humidité. Pour prévenir encore mieux cet inconvénient , il faut cou¬
vrir fur le champ entièrement & uniment Ten taille avec de la graifle
(cela ne doit s’entendre que des grolTes branches coupées , car cela fe-
roit inutile quand ce font de petites branches) r par ce moyen on n’em¬
pêche pas lèulement l’air & l’eau extérieure de pénétrer , mais aulfi
que la lève en montant ne diftille par les ouvertures des cicatrices ; ce
qui ne manque pas de produire, lorfqu’on le néglige, cette humidité
dont on vient de parler.
]’ai dit en traitant dans le Chûp, III du Lw, IL du tems que les ar¬
bres vivent , que ceux qui croilTent vite , périlTent vite aulTi : il n’y a
pas même jurqu’au bois qu’on en a retranché , qui ne foit plus fujet à fo
conftimer que celui des arbres qui pouflent moins vite : deforte que les
Arbres d’une même grofleur , venus dans des terres fablonneufes , font
du bois plus précieux & plus durable, que ceux qui font venus dans des
terres marécageufes ou gralTes. Tous fes arbres aulfi , chacun dans fon
efpèce , dont les parties font les plus ferrées , font plus forts & plus du¬
rables , que ceux dont les parties le font moins : cependant le bois qui
eft le plus précieux. , après avoir été coupé , porte rarement le plus de
profit à celui qui l’a planté , parce qu’il ne groffit que très peu chaque
année. C’efl; pour cette rarfon qu’on trouve plus de profit à planter des
Ormes, parce qu’ils groffifTent plus que les Ypréaux , & encore plus que
les fins Ypréaux , quoique le bois des Ypréaux, & for- tout celui des
derniers , foit d’une plus grande valeur. 11 faut cependant dans tous
^ ces cas , foit qu’on plante pour le profit , foit qu’on plante pour le plai-
fir, fe gouverner fâon la nature des fonds , & félon <iu’ils s’accordent
avês:
J^2 L E S A G R E M E N S
avec les qualités des arbres quant à la faculté de les nourrir. Il faut de
plus 5 quand il s'’agit de planter des endroits expofés à des vents vi-
olens, cJîoifir ceux qui peuvent leur réliiler le mieux: de cette manière
on trouvera fouvent plus de profit & de plaifir à voir bien poufler des
arbres & à les vendre , quoiqu’ils valent fouvent moins que d’autres ,
quand on les vend.
Je décrirai préfèntement les arbres fauvages fuivant leurs e/pèces dif¬
férentes y leurs qualités & leur ulàge 5 avant & après qu’ils ont été cou¬
pés ; Sc comme le bois de Chêne 5 celui de Sapin rouge & blanc font
d’un grand ulàge dans ce Païs , je traite aulfi des Chênes , des Pins &
des Sapins y quoique nos Fonds bas ne foient nullement propres pour
ces arbres, & que ni les Pins ni les Sapins ne doivent pas être taillés ni
tranlplantés 5 fi l’on veut qu’ils deviennent de grands arbres.
Les Planes deviennent de grands arbres , mais ils ne font pas de lî
belles couronnes que les Tilleuls ; leurs feuilles font fort grandes , <Sc
ont les bords crénelés. C’eft pour cela qu’ils font peu propres à en
faire des Haies tondues ; & comme ils font fort lîijets à lè rompre par
le vent , & que leur bois coupé n’eft d’aucune utilité ou de peu de va¬
leur y je ne confeillerois à perfonne d’en planter.
Les arbrifleaux toujours verds & autres qui fleurilTent , fe mettent
dans de beaux Plantages fauvages plus naturellement que dans des jar¬
dins à fleurs 5 parce qu’étant tondus proprement (Scimiraent, ils ne
produifent que peu ou point de fleurs.
Il y a de plus une grande différence à faire quant à la manière de
travailler les Fonds des Maifons de Plaifance , & le choix des arbres
qu’on y doit planter ; & quant à celle de travailler les Fonds qui font
d’un entretien moins beau , & qu’on plante avec du bois de charpente
ou à brûler. J’ai traité fort amplement des labours des Fonds des Mai¬
fons de Plailànce dans le Chap. FUI du L Livre. On feme, on met
en terre , & on plante dans ces derniers 5 des arbres qui conviennent le
mieux pour brifer les vents , donner de l’ombrage , de l’Ornement ou
bien pour des Haies k tondre , fans fonger au profit qui pourra en reve¬
nir à celui qui les plante, ou à fes defoendans , quand ils feront en état
d’être coupés ; car c’efl là le foui but qu’on fo propofo quand on plante
du bois dans le delTein de le faire forvir à la charpente ou au chaufage.
On efl encore fouvent obligé de planter dans des Campagnes dePlaifan-
fe, de jeunes arbres pour les bien alligner , lesquels viendroient autre-
«leot mieux avec une racine droite fans être tranlplantés , étant pour
lors
D E L A C A M P A G N E. 193
Jors non feulement plus fermes contre les vents , mais pouffant aulfi a-
vec plus de vigueur. J1 faut au commencement faire monter près à près
les arbres deftinés à la charpente, afin qu’ils fe contraignent les uns les
autres à ne pouffer qu’une fèule tige, ce qui épargne aulli la peine de les
tailler pour cette fin ; & quand on prend foin d’ôter à tems ceux qui
incommodent les autres , il arrive que cette taille naturelle fait de plus
beaux arbres que quand on les taille réellement, ün n’ôte les mauvais
les herbes des fonds qui font plantés pour le profit qu’on en retire , qu’au-
tant qu’elles font nuifibles àlapouffedcs arbrres;on fait au contraire tout
ce que Ton peut pour que la fuperficie n’en fbit pas poudreufè : c’eft ce
qui fait qu’on feme de la paille lorsque ce font des terrains d’une grande
étendue, chofe fur-tout fort néceflaire dans des terres fablonneufès &
fèches.
Pour planter avec ordre & comme il faut, on doit mettre dans l’al-
lignement des arbres qui bourgeonnent en même tems & qui foient
d’un même verd: il faut auffl que celui qui plante, marque l’année
d’auparavant les arbres qui bourgeonnent en même tems, & qu’il les
marque pour la fécondé fois quand ils font verds; car cela déplait fu-
rieufement quand dans des Jardins de plaifance , & fur -tout à des
Haies tondues, on voit du meme coup d’œil, des arbres plantés, qui ne
pouffent pas également, qui ne font pas du même verd, qui bourgeon¬
nent en différens tems , & qui perdent de même leurs feuilles ; cette di-
verfité, quant au bourgeonnement, fè voit dans toutes les efpèces d’ar¬
bres qu’on multiplie de femence ; tout comme il vient diverfes plantes
& divers fruits , de la femence des arbres fruitiers , félon les efpèces de
Pommes, Poires, Cerifès, Prunes, Pêches , Noix, &c. & qu’un arbre
bourgeonne plutôt au Printems que l’autre , que leurs fruits meuriffent
de meilleure heure , & qu’ils quittent plutôt leurs feuilles.
il faut planter à une grande diftance dans les Jardins de plaifance, &
plus près quand c’eft pour le profit; car quoique le bois qui eff venu en plein
6c grand air à une bonne diffance , foit, quand on l’à coupé, plus ferme,
plus dur, & plus précieux, il n’eff pourtant pas bon de le planter de cette
manière quand c’eft pour le profit, parce que (fans compter que le terrain
donne moins d’arbres) les arbres, qui font ainfi expofésde tous côtés aux
vents furieux , grolîiffent très peu , & ne font pas fi beaux à l’œil , ce
qui fait qu’il n’y a que les Connoiffeurs qui les préfèrent à ceux qui
plaifent plus à la vue : il arrivera au contraire que les arbres plantés plus
près à près fe contraindront les *uns les autres à poufler une plus liante
Fartie L B b tige,
IP4. LES A G R E M E N S
tige 5 dont on peut attendre le plus de gain : il faut pourtant avoir foin
de faire ôter à tems ceux qui font femés ou plantés trop près , afin que
les arbres du voifînage n’en foient point endommagés : & fi dans l’ali¬
gnement il s’en trouve quelques - uns qui foient trop toufus , il faut les
couper près de terre après la pouffe d’une année , afin qu’ils montent
avec plus de vigueur & avec une lèule tige.
. Pour faire que les Tilleuls à couronne , les Chateigners làuvages, les
Bouleaux , les Ormes , &:c. qui font à couvert comme il faut des plus
violens vents, foient beaux, fort étendus, ayent des branches menues,
de grandes & de vigoureufes feuilles , il faut les planter à la diftance de
trente-fix pieds ou plus encore , & dans des terres légères k la diftance
dé trente , & prendre garde qu’on ne raccourciffe les branches des ar¬
bres qui ne s’étendent pas beaucoup.
Les Haies tondues fort hautes , dont les troncs font dégarnis de
branches , doivent être plantées k la diftance de dix-huit pieds , & de
quinze dans des terres plus légères. Les Ormes , les Hêtres , &c. ton¬
dus p*ar en- bas, tout au moins k la diftance de cinq pieds.
Ileft certain que les arbres font auPrintems leurs plus vigoureux jets
aiideffus de terre ;& que depuis le commencement de l’Autonne jufques
dans l’Hiver , ils produilènt le bois tant des branches que des racines , fur-
tout les arbres qui verdiffent en tout tems : c’eft-pourquoi on plantera les
derniers au mois de Septembre, excepté le Bouis dont on veut faire des
ornemens , lequel il vaut mieux planter au Printems , après la gelée,
& immédiatement avant fa pouffe , parce qu’au trement il foufre trop
quand la terre eft gelée. On plantera pareillement les autres arbres fau-
vages dans l’Autonne , dès que la chute de leurs feuilles commence;
& feulement au Printems les Pins & les Sapinsv
On peut voir dans le I Chap. du II Lwre , ce qu’il yak obferver
avant que de planter, dans le tems qu’on plante , & après qu’on a plan¬
té. 11 faut abattre & couper les arbres plantés dans des fonds bas deft
tinés k la charpente ou au chaufage , qui naturellement demandent
beaucoup d’humidité & en contiennent auiïl beaucoup , dès qu’ils ont
(quitté 'leurs feuilles : mais plus tard quand ce font des arbres dont le
bois eft plus dur & plus ferme : on ne doit couper qu’au Printems
ceux dont la fève eft réfîneufe , quand ils font prêts k bourgeonner , le
bois en étant alors beaucoup plus dur & plus ferme. Suivant cette rè¬
gle on abat prémierement les Saules , enfuite les Peupliers & les Au¬
nes, après cela les Ormes, les Chênes après tous les autres, afin que la
fève
c
D E L A C A M P A G N E. ip;
lève ait le tems de fe dilPiper, parce qu’ayant une efpèce d’aigreur, cela
caufe une efpèce de fufFocation : il faut au contraire que les Pins & les
Sapins montent aèluellement en fève quand on les abat.
11 faut 5 quant au choix des bons Plants pour des Haies , qui fervent
tant pour brifer le vent, que d’ornement ou de féparationjfe conduire fé¬
lon qu’on veut que les Haies tondues foient hautes ou baffes. 11 faut
en général que les Haies tondues, qui fervent d’ornement, foient minces,
qu’elles ayent auffi des branches bien déliées & de petites feuilles ; qu’el¬
les foient cependant fort garnies de feuilles, & près à près; qu’elles foient
unies, fans aucun vuide ou fans aucune éminence, ayant des branches
de côté fermes & entrelaffées , pointues par le haut, minces; de maniè¬
re 'qu’elles ne paroiffent qu’un feul arbre à branches étendues , dont on
ne puiffe voir le bois à l’endroit où on les a tondues. On ne peut pas
faire tant d’attention à l’ornement des Haies qui doivent fèrvir de bri-
lè-vents , parce que les qualités qu’on y demande confiflent à parer le
vent 5 a l’empêcher qu’il n’y pénètre , & à le forcer à fe gliffer le long
des cimes. C’eft pour cela que leurs branches doivent être plus grol-
fes , fléxibles , point fujettes à fe rompre aifément : c’efl ce qui fait que
les Peupliers font les meilleurs & les plus hauts brifè- vents dans les Al¬
lées extérieures , parce qu’ils ont des racines fort groffes &fort éten¬
dues , du bois fort gros , fléxible , & beaucoup de feuillage.
Les grands Saules à écorce blanche font ceux de leur efpèce qui mon¬
tent le plus haut , ils réfîftent mieux au vent que ceux à. écorce rouge;
leurs branches montent en très peu de tems fort haut, font fléxibles fanâ
fe rompre ; les feuilles font peu larges & réfiflent affez bien au vent:
ces bonnes qualités font qu’on les plante ordinairement derrière les Peu¬
pliers dans les Allées.
On en plante aufîi dans de nouveaux Plantages, & cela dans de peti¬
tes partitions , à la diftance de trois pieds les uns des autres , pour for-
vir pendant un court efpace de tems de défonfe contre les vents aux au¬
tres arbres; comme aufîi pour empêcher la diffipation des terres fablon-
neufès en tems de féchereffe.
L’Aune croît aufli fort vite: fà feuille efl grande , épaiffe, dure , &
réfifte paffablement bien au vent ; mais il ne devient pas fort haut , fes
branches fè rompent aufli plus aifément ; comme il n’a pas des raci¬
nes fort groffes & fort étendues, il efl le plus propre de tous pour fervir
de Haie liir de petites partitions dans des champs potagers , où on plan¬
te ces arbres par allignement à trois pieds de diftance les uns des autres.
Eb 3 On
LES AGREMENS
196
On en plante aufli dans les Allées extérieures entre les Peupliers & les
Saules, On ne plantera jamais pour Tornement des Haies, des Peu¬
pliers, des Saules ou des Aunes; on n’y employera pas non plus des Epi¬
nes, à moins que ce ne foit pour fervir de défence, étant extrêmement
fujettes à être rongées par les Chenilles.
On ne -peut pas tondre proprement les arbres qui ont de grandes
feuilles , parce que les feuilles endommagées font un fort mauvais elfet
à la vue, comme le Platane , le Plane, le Chateigner fàuvage, ni mê¬
me les Tilleuls ordinaires , dont les feuilles font aulfi trop grandes pour
des Haies qui doivent être bien vertes par-tout, depuis le haut jufqu’aii
bas; mais ces derniers à haute tige, déjà parvenus à une grande hauteur
& grandeur , pour lors tondus , font de hautes & de très belles Haies.
Ün peut faire les plus belles Haies tondues hautes & balfes, du Hêtre
à feuille petite & luiiànte & à branches minces ; étant pour cela de tous
les arbres qui quittent leurs feuilles ou bien dont les feuilles fe fèchent,
le meilleur : & après celui-là le Charme dont les feuilles font plus é-
pailTes , point luiîantes , pleines de petites côtes , d’un verd plus foncé
que celles des Ypréaux.
Les feuilles de Chêne font grandes, d’un verd foncé luilànt, épaifles
& fermes : c’eh: pour cela que les Haies n’en font pas desagréables ; la
feuille, quoique coupée en partie, ne laifle pas d’y produire au alTezbon
elfet.
Les Ormes & les Ypréaux deviennent de plus gros arbres , mais le
verd de leurs feuilles n’efl pas fi agréable à la vue: on en fait cependant
de fort hautes Haies , parce qu’ils réfiltent mieux au vent.
Le Petit Chêne ne devient pas fort haut , mais il a une belle petite
feuille d’un verd foncé ; c’eli pour cela qu’il efi; propre pour de baffes
Haies. On plante aulfi uniquement pour la feuille les Cornouillers ,
l’Epine vinette , les Troefhes ; car quand ils font tondus uniment , ils
ne donnent ni fleur ni fruit.
Comme parmi les arbres dont les feuilles fe fèchent , le Hêtre con¬
vient le mieux pour faire les plus belles Haies tondues ; de même les
plus belles Haies de ceux qiiiverdiffent en tout tems,font faites d’ifs qui
ont pris de bouture , lesquels on peut par le moyen d’une bonne cultu¬
re conferver minces & bien garnis par -tout jufques à la hauteur de qua¬
torze pieds & plus. L’If réfifle beaucoup mieux à la gelée que le Houx.
Le Houx a de grandes feuilles garnies de petits piquans; c’eft - pour¬
quoi on en fait des Haies qui fervent de défenfe ; mais il eft très fouvent
fujet
DE LA CAMPAGNE.
’fujet k fè geler jiifques à la racine , quand la gelée eft rude ; du refte il
monte comme l’If, à la hauteur de quatorze pieds & plus.
11 faut en général que toutes les belles Haies foient mifes k couvert des
vents furieux par d’autres arbres , fur - tout ceux qui verdiflent en tout
tems 3 comme l’If , le Houx & le Bouis : ces trois plantes ne font pro¬
pres que pour de belles Haies tondues.
Le gros Bouis ne monte pas fl haut que Tlf & le Houx ; c’eft - pour¬
quoi on en fait des Haies plus baffes.
l.e Bouis fin n’efl pas propre pour des Haies , mais il vaut mieux
pour des ornemens de Parterre ; & c’efl le feul arbre toujours verdoyant
qui foit bon à cet ufage & qu’on y employé.
Tous les arbres, dont les feuilles font de deux couleurs, font eftimés
k caiife de leur rareté ; mais dans le fond ils font moins beaux k la vue ;
c’eft - pourquoi on ne plantera ni Houx , ni Bouis , ni Ifs, qui ont ces
deux couleurs , fut - tout pour en faire des Haies.
Pour faire de beaux ornemens de Bouis , & de plus pour les confèr-
ver en bon état , il faut y employer du Bouis fin ordinaire , qui a été
planté pendant trois ans fans jamais avoir été tondu : le Bouis , q^uand
il eft plus vieux, étant déjà trop ligneux pour cela, de même que celui
qui a été tondu, mais flir-tout encore celui quia été tondu Tannée précé^
dente. On peut ordinairement , quand c’eft du pareil Bonis de trois
ans, dont on a retranché les queues ligneufès, qui n’a aiiffi que des jets
vigoureux & quia tout au plus, k côté Tune de l’autre, trois petites bran-
chesvertes , planter Tefpace de deux tçifès , fur la longueur de douze toifes,
pour ces fortes d’ornemens ; car il faut le planter k une telle diftance,
que les petites branches étendues par les côtés fe touchent k peu près.
Il faut que le Plantoir , par le moyen duquel on enfonce le Bouis en
terre , foit aux deux côtés de la cavité , rond & point tranchant , afin
de ne pas froiffer ou rompre ces tendres branches du Bouis en les en-^
fonçant en terre ; & comme le Planteur peut d’abord s’en appercevoir
par fentinientjil arrachera inceffamment de pareilles branches rompues,.
& y en mettra d’autres k la place. Il ne faut pas tondre le Bouis nou¬
vellement planté.
Un Tondeur habile tond en tenant les cifeaux droit de bas en haut &
de haut en bas , prefque fans faire de bruit ; au -lieu que les ignorans
tondent obliquement , & font beaucoup de fracas.
On diminue la vigueur des arbres k force de les tondre ; on tond'auft
|i chaque fois les racines chevelues qui font fous terre j ce qui rend dés
Bb 3 ” fenil-
ips L E s A G R E M E.N s
feuilles de ce bois languiflant plus minces & plus greles5d'où il arrive que
les arbres toujours verdoyansne réfillent pas li bien auvent ni à la gelée,
qu’ils perdent par-là leurs feuilles , ou bien qu’ils meurent. Pour préve¬
nir cet inconvénient , on ne tondra qu’une feule fois par an toute forte
de Haies , excepté les Ormes & les Ypréaux , qui pouffent avec une
extrême vigueur , & qui , à caufe de -cela , doivent être tondus deux
fois par an , afin de les engager à faire de meilleures & de petites bran¬
ches bien déliées.
'CHAPITRE IL
«
Des âîjférentes fortes à'^ Arbres faumges , de leurs propriétés , de la ma¬
nière de les élever dans les fonds qui leur font propres , de celle de les
cultiver , de les plant er^ de les tailler^ ^ de Pufage qu'on doit faire
de leur bois,
A Près avoir traité jufques ici des arbres fàuvages en général, je paf
ferai préfèntement à la defcription de leurs propriétés , fuivant
leurs efpèces différentes, en indiquant auffi ce qu’il faut obfèrver pour les
planter, les cultiver les tailler, comme auffi à quoi ces arbres font pro¬
pres, & l’ufage qu’on fait de leur bois.
Le Peuplier. Il y en a de trois diverfès efpèces, fàvoir , Je Peuplier
noir,, le blanc & le Tremble,
Le Peuplier ordinaire ou noir fait un arbre fort grand , ayant des
branches à couronne très nombreufes & très étendues : il fait auffi de
greffes racines qui s’étendent fort loin : l’écorce efl grifatre , & a
de profondes crévaffes : le bois eft noué , nerveux ; les prémiers ger¬
mes en font glutineux ou réfîneux , s’attachant aux doigts ; fes feuilles
font unies & luifantes des deux côtés , plus rondes , plus petites &
moins crénelées que celles des deux autres efjoèces.
Les deux autres efpèces ont l’écorce plus blanchâtre, le bois plus
blanc , plus mou & plus facile à fendre ; ils jettent moins de rameaux
en haut, mais plus élevés, commençant naturellement plus haut: les ra¬
cines s’étendent fort loin & font fortes ; mais elles pénètrent moins
profondément que celles du Peuplier noir , ce qui fait que ces arbres
font plus fujets à être abatus par des tempêtes.
Le
DELACAMPAGNE. ipp
Le Peuplier blanc a la feuille luifante , dont la queue eft moins lon¬
gue que celle de la feuille du Tremble, qui eft un peu plus ronde, d’un
verd en deflus plus brunâtre, blanche & lanugineufe en deflbus.
Toutes ces feuilles s’agitent d’abord au moindre vent ; celles du
Tremble fur -tout font beaucoup de bruit , d’où vient auÜl qu’on lui a
donné ce nom.
Le bois ou les branches des Peupliers & des Trembles font fort fléxi-
blés : les feuilles épailTes réfîftent au vent , ce qui les rend les meilleurs
brife- vents ; mais comme leurs racines font fortes , & s’étendent fort au
long en terre , il eft nécelTaire qu’il y ait un folTé entr’eux & entre les
autres Plantages.
On préféré ordinairement le Peuplier noir pour fervir de brife- vent,
parce qu’il efl moins fujet à être renverfé par le vent , & qu’il fait moins
de bruit.
Le bois de ces arbre's efl de très peu de valeur ; mais comme il efl
mou & très facile à fendre , il efl très bon pour fervir aux Bouchers de
billot.
Le Bouleau vient fous les arbres de haute futaie , & efl rarement auf-
fl grand, aufli gros qu’un des plus gros Aunes : il prend le mieux dans
des terres fablonneufes , fèches & élevées : il fait une couronne dont les
branches font minces & fléxibles; mais il pouffe avec beaucoup plus de
vigueur , & il devient plus grand dans de fortes terres graffes ou maré-
cageufes , quoique ces arbres viennent naturellement fur les rochers de
Norvège.
Le bois en efl dur , & fert prefque uniquement au chaufage , quoi¬
qu’il ne faffe pas une flamme fort vive ni fort agréable , à moins que
d’être coupé extrêmement mince ; car d’abord que l’écorce en efl brû¬
lée , il efl tout amorti , s’il n’eft pas au milieu d’un feu bien ardent :
mais on en étouffe les charbons qui font meilleurs que ceux du bois
d’ Aune , & moins bons que ceux de Hêtre.
Les tendres rameaux en font fort propres pour des balets d’Ecurie y
on en fait auffi des Verges pour fouetter.
Le Hêtre, J1 y en a de deux fortes : l’un efl un grand & gros ar¬
bre , dont les feuilles font petites , minces , un peu rondes , pointues ,
unies ,& d’un verd luifànten deffus: le bois en efl dur & difficile à fen¬
dre , & d’un ufàge plus général qu’aucun autre. L’autre forte de Hêtre
ne devient ni fi grand ni fl gros; fès feuilles ne font pas luifantes , elles
font d’un verd plus obfcur , plus épaiffes , avec plus de côtes , plus
poin-
'200
LES A G R E M,E N S
pointues 5 refTemblant beaucoup à celles des Ypréaux. Cet arbre , à
proprement parler , n’eft pas un Hêtre , mais celui que ThéopJirafte
{Uiftor, PJmitar. Lib. IlL Cap. IL) nomme Carpinus : le bois en
eft fort & dur , ' & on en fait d’admirables charbons pour les Orfèvres :
on fait aulîi de fes tendres & flexibles rameaux entrelacés de fortes
claies.
On ne multiplie ces arbres que de femence , dont il en vient plu-
fleurs elpèces , mais peu différentes , la différence confiftant prelque
toute en ceci , que fune bourgeonne avant l’autre , Sc verdit de même,
&: que le verd des feuilles varie aufli. Ces arbres aiment à croître dans
des fonds paffablement humides , quoique point trop bas ,* leurs raci¬
nes ne font pas fort nombreufes ; la plus petite elpèce en a très
peu de bonnes : c’ell pour cela que les Sauvageons de iix ou lèpt ans
prennent fort difficilement , & fiir-tout quand ils font plantés dans des
endroits où le vent les ébranle : -il faut dans ce cas les attacher à un pi¬
lier fiché en terre , de manière qu’ils foient immobiles : il vaut cepen¬
dant mieux planter de vigoureux Sauvageons de deux ans.
On fait de ces derniers les plus 'hautes & les plus belles Haies ton¬
dues 5 auquel cas il faut fur - tout avoir grand foin qu’ils bourgeonnent
en même tems, & qu’ils foient d’un même verd: il faut alors les planter
dans de bons Fonds de terre à cinq pieds de diftance ; & quand ce font
de grands arbres à couronne , à trente-fix pieds.
Le bois eft d’un fort grand iifage, & très propre, à caufe de fa dureté,
pour des eflieux de Chariots , & pour les grandes roues , qui doivent
bèaucoup fatiguer. Il eft aufli très bon à brûler, meilleur même que le
Chêne.
Le Sapin. Les Auteurs le diftingiient en 7^ouge & blanc , «Sc chacu¬
ne de ces deux elpèces encore en deux autres, donnant fauflement à la
plus liaiite elpèce de blancs Je nom d' Arbres de Mâts (^Majl^boom) -, les¬
quels, à ce que Dodonée & d’autres airurent,ont le bois blanc, compofé
-de plulleurs envelopes , précifément comme un oignon ; deforte qu’il
eft mou, a de larges pores comme dans ce Païs le bois de Sapin, qui a,
quand on le fcie., un fuc blanc ,- tranlparent, clair & réfineux, & des
nœuds noirs ; le bois des Mâts au contraire a des parties plus ferrées &
plus déliées, moins blanches, & qui diftillent de la réfîne rouflatre plus
épaifle 3 moins tranlparente : les noeuds en font aufli rouffatres, & point
noirs , tels que nous le difons dans la defcription du bois de Sapin rou¬
ge, Les Sapins blancs ont tout autour le long de leurs rameaux , de
petites
DE LA CAMPAGNE.
ÎOI
petites feuilles , minces & rondes , oblongues , un peu piquantes : les
arbres de diverlès elpèccs en font plus ou moins gros , & entr'autres le
Sapin 5 qu’on nomme en Hollande Sparre-boom : ceux de cette elpèce
qu’on appelle Vmren-fparren ^ viennent de Norvège. Ce dernier a fes
racines fort haut, proche la fuperficie de la terre; elles font fort grofles:
on peut transplanter cet arbre avec plus de fuccès que le Sapin , dont
les feuilles font lèmblables à celles des Ifs, quoique d’un verd plus clair;
on peut aulfi fe fervir des autres pour faire des Haies tondues.
Les Sapins a feuille platte & dentelée pouflent des racines droites
& profondes, & ne foufrent pas qu’on les tranfplante ; il faut fur -tout
bien le garder de racourcir leurs racines.
On nomme à tort le bois le plus compaéle & le plus dur de ce Sapin
blanc qui a les plus fins nerfs , Fuuren-hout , comme on appelle faiilTe-
ment aulfi le bois de Sapin rouge , qui ell rempli d’une réîine rouflatre
& épaifle , qu’il diftille , & dont les nœuds font aulfi rouflatres , Greenen*
bout : car comme ce Sapin nommé Fuuren-hout ell plus fujet à fe pour¬
rir , que le Fuuren-hout de Pins ; celui qu’on nomme Greenen-hout ell
encore plus fujet à fe corrompre que celui qu’on nous apporte des Pins
de Norvège.
Le Chêne eft un arbre qui croît dans des endroits élevés & fecs , qui
a une racine droite fort profondément en terre , & par cela même con¬
traire en tout à nos fonds bas & humides ; il prend de glands , lesquels
prodiiilènt cependant fouvent diverles fortes d’arbres durs ou moins
durs , différons auffi dans leur pouffe & dans leur feuillage. Cette di-
verlité remarquable ell encore caufée par la différence des Climats Sù
des Fonds ; car le bois le plus dur & le meilleur croît dans une terre là-
blonneufe , & y produit des fibres plus entrelacées. Il grolTit plutôt
au contraire dans des terres marécageulès , devient plus gros & plus
grand , mais le bois en ell plus Ipongieux , & a de plus longues fibres,
comme-celui d’ais de Chêne. L’expérience fait voir qu’il ell; faux que
cet arbre vive trois cens ans , & produife pendant tout ce tems - là de
bon bois ^ car li l’on en veut faire un bon ulàge , il faut qu’il n’âit tout
au plus que cent ans , parce qu’après ce tems-là il arrive fouvent que le
tronc en meurt , vu que fon bois contraéte de mauvaifes qualités très
remarquables.
Le bois de Cliêne compaéle , qu’on appelle chez nous bois de JFe^
feî , eft très dur & fort durable , propre pour des pilotis , des fenils de
Croifées , ou bien pour ce qui doit avoir en plein air une certaine épaif
ï*4irtis L Ce ' four J
202
LES AGREMENS
feur ; car quand il eft fujet à fe retirer , il ne vaut rien pour les lam¬
bris 5 les fenêtres , ni pour les ouvrages qui fervent d’ornemens exté¬
rieurs, à quoi on emploie les ais de Chêne.
Les Ais de Chêne font la moitié de répailTeur de Tarbre , ou moins
encore, quand Tarbre efi; Icié en trois , depuis la circonférance jufqu’au
cœur ; c’eft pour cela qu’il a un côté dur , le bois eft aufli en général
plus dur vers le côté intérieur , & vers l’extérieur plus mou & plus
blanc : c’ell ce côté qu’on appelle l’Aubier , qui ell du bois très mau¬
vais , mou , làns couleur & fujet à fe pourrir. Du refte tout le bois de
Chêne , de même que celui que nous appelions Sapin blanc (Greenen-
loouî) a de femblables côtés chargés d’ Aubier ; & plus le bois a crû vite
& avec vigueur , plus l’Aubier eli mou , épais , & fujet k fe corrompre :
quand cet Aubier ell en plein air , il s’emplit d’eau , & fe pourrit:
quand il ell k couvert & dans des lieux lècs , il ell fujet aux vers & de¬
vient vermoulu; c’ell- pourquoi un Seigneur qui bâtit , ne permettra
pas qu’on lailTe au bois le moindre Aubier. Le Nord de tous les ar¬
bres croît le moins , quoique ce bois foit le plus compaéle & le plus
dur ; il en ell de même des ais de Chêne , ceux du Nord font les plus
durs & les moins fujets k périr : mais les durs font aulll fouvent fujets k fe
relTerrer , & par cela même peu propres pour de beaux ornemens inté-
rieiirs, fur- tout quand on ne les peint pas: on choilit alors pour cela les
ais blancs , 6c d’une même couleur , qui ont de longues libres , des
nerfs fins & peu nuancés ; c’ell - Ik le bois le plus précieux , mais il ell
difficile k trouver.
La fève du Chêne ell aigrelette 6c mine extrêmement le bois , fur-
tout le gros bois, quand il ell renfermé; ce qui pourrit en peu de tems 6c
entièrement les plus grolTes poutres : il faut pour cela abatre le bois de
Chêne de bonne heiue , c’ell-k-dire au milieu de l’hiver , quand la lève
ell k peu près defcendue toute entière dans les racines: il faut outre ce¬
la encore , quand ce bois eft préparé pour des poutres , lui lailTer per¬
dre fes fucs pendant quelques années fous de l’eau douce ; mais quand il
eft plus mince , comme lorfqu’on en fait des piliers pour les Cloifons,
une année fuffit ; après quoi il le fèche en très peu de tems. On ne
met pas les ais de Chêne fous l’eau pour leur faire perdre leur lève , par¬
ce qu’ils y perdent trop de leur couleur , 6c qu’ils deviennent moins
beaux ; mais on les drelTe en plein air k un doigt de dillance l’un de
l’autre, ce qui .ell la meilleure méthode. >.
Le bois de Chêne, c.oupé trop tôt,. ne vaut rien, étant plein de fucs;
6c
DE LA CAMPAGNE.
202
& comme ■on trompe fouvent en le coupant en Eté , parce que cela
peut fe faire alors en moins de tems & à moins de fraix, les jours étant
alors plus longs & la terre plus fèclie , & qu’on peut auffi le tranfporter
de même en Autonne , les Rivières étant alors fort enflées ; il me paroit
qu’il n’efl pas avantageux d’employer de gros bois de Chêne dans les
cas où l’on peut employer le meilleur bois de Sapin de Norvège, & ce¬
la d’autant plus encore qu’il n’y a aucune différence fenfible entre le
Chêne coupé à tems ou hors de fàifon.
Théophrafte {Hiftor.Pîantar.Lib.V. Cap. 5‘)5 & principalement Bo-
dæusdans leurs remarques, difent que le bois de Chêne fous l’eau douce,
eft prefque incorruptible , & fous l’eau falée fujet à le corrompre bientôt :
ce qui efl abfolument contraire à l’opinion de ceux , qui chargent les
Vaiffeaux , de Sel à leur prémier voyage , afin que le bois en étant im¬
bibé foit plus durable.
Vjiune, On le multiplie de fomence : nos PaiTans qui font leur fé-
jour dans les endroits marécageux , en fement beaucoup dans leurs ter¬
res , & les tranlplantent l’année d’après ; les plus courts & les plus gros
de ces arbres de deux ans font les meilleurs pour planter dans toute for¬
te de fonds nouvellement remués , où il n’y a point d’autres arbres en¬
tremêlés. Les précoces ou les plus gros de ceux qui viennent de femencé
& qui ont trois ans, font les meilleurs pour mettre au milieu des autres,
dans les endroits où l’on craint pour de mauvaifès Iierbes , mais hors
de ce cas-là on n’en plantera jamais.
Les Aunes aiment un fond bas , humide , marécageux ou fablon-
neuxrilsy croiflentplus naturellement & mieux que dans des terres graf-
fès & élevées. Les arbres deviennent paflablement hauts , mais ils n’ont
pas des couronnes fi étendues que les Ormes , les Tilleuls , les Chênes,
les Hêtres & les Saules : leur bois eft aulîi moins fouple que celui de
Saule , mais plus fujet à fe rompre ; c’eft-pourquoi on plante plus fou-
vent l’Aune parmi les Saules & les Peupliers , dans des allées extérieu¬
res , afin qu’étant jeunes encore ils s’aident à parer les vents , jufqu’à ce
que les Peupliers étant devenus grands les couvrent de leur ombre , &
diftillent fur eux l’eau de pluie. L’Aune croît vite, il a peu de racines,'
peu groftes & peu étendues , mais minces & qui pénètrent profbndé^
ment en terre , de manière qu’elles ne nuifènt guère à la terre des
environs : ils ont outre cela une feuille épaifle & vifqueufe , qui_réfifte
affez au vent : leurs feuilles tombées & leur petit bois de taille fervent
aufii d’engrais à leur propre fond : on les plante beaucoup pour ces
Ce 2 trois
LES AGREMENS
204
trois bonnes qualités dans & autour des Jardins potagers , «pour fervir
d’ombre aux herbes qui y font femées. On en plante outre cela pour
' brûler, autour des terres dont a ôté le fable, & dans de grands champs
entiers : on les coupe fouvent tous les fept ans , quoique ceux qui ont
véritablement leur intérêt à cœur ne le feront jamais qu’au bout de
douze ; car outre que dans ces dernières années ils grolfiflent confidéra-
blement plus , & font ainfi d’une valeur bien plus grande , le bois en
ell plus durable & donne plus de chaleur quand il brûle , & par cela
même eh: plus cher quand on le vend.
Le bois d’Aune prend feu fort vite, mais n’efl ni fi chaud ni fi dura¬
ble que le Frêne , le Chêne , l’Orme ou le Hêtre , & cependant chez
nous c’eft le bois qu’on brûle le plus communément : il eft du refte de
peu d’ufige , fe corrompant aifément fur terre pendant le tems qu’il fe-
che , & étant fort fujct aux vers ; c’ell-pourquoi on ne doit pas le gar¬
der longtems , parce qu’il perd alors toute fa force : il eh comme incor¬
ruptible fous l’eau ; c’eft-pourquoi on en faifoit autrefois & aujourdhui
encore des tuyaux pour conduire l’eaü , de même que des pilotis. On
faifoit auOTi autrefois de ce bois, de grandes pompes pour les VailTeaux,
mais aujourdhui à caufe de la cherté du bois , ou bien à caufe qu’on ne
trouve pas d’ahez gros arbres pour cela , on y emploie des mâts de Sa¬
pin. On fait aulTi de ce bois d’Aune des charbons pour les Orfèvres,
mais ils ne font pas fi bons que ceux de Charme , ou de Bouleau.
Le Frêne ne fe multiplie que de femence , & il en produit différentes
efpèces. Les Frênes qui ne donnent point de femence , & qui n’ont
pas les feuilles fort luifantes , font les meilleurs : au-lieu que ceux dont
les feuilles luifènt beaucoup font les plus mauvais , parce qu’ils ne de¬
viennent jamais fort grands : les meilleurs de ceux qui donnent de la fè-
mence, font aulTi ceux qui en donnent le moins, dans de grands follicu¬
les fimples & membraneux, au-lieu que les plus mauvais ont ces follicules
plus petits & par bouquets : ces arbres ont fouvent beaucoup de gros
boutons.
Les Frênes croiflent avec vigueur , & deviennent de graffds 6c gros
arbres droits , dans des terres humides , comme l’Aune , 6c même quel¬
quefois dans l’eau : fes racines ne font pas fi profondes , mais elles s’é¬
tendent beaucoup plus 6c font plus grofles ; c’eh-pourquoi ils n’eft pas
fi propre que l’Aune â être planté autour des prés: du refte on le plante
aufii pour brûler , 6c l’on remplace même fouvent les fouches d’ Aunes
qui font mortes, par des Frênes. 11 eft encore remarquable, que queb
que
DE LA campagne.
205*
qne fortes racines qu’aient les Frênes , toutes fortes d’arbres croififent h
fouhait dans les fonds d’où ces Frênes ont été arracliés.
Le bois en efl blanc , nuancé, à longues fibres, dur, uni, fouple &
pliant; deforte qu’il eft très propre pour du bois de charpente, qui doit
être un peu plié: mais il ell fort llijet à fe corrompre pendant une lon¬
gue fécherefle , llir-tout quand on le manie peu ; car alors il eft dans
peu d’années tout vermoulu. Il eft cependant plus dur que l’Aune, &
chaufe davantage quand on le brûle, & eft par conféquent meilleur. •
V Epine devient par une bonne culture un arbre à couronne , plus
liant & plus gros que le Frêne fauvage. Elle vient de femence bien mû¬
re , laquelle on met tremper jufqu’au Printems , pour la femer au mois
de Mars quand il ne gele plus. L’Epine blanche , dont les baies font
rouges , quand elles font mûres , rélifte au froid qu’il fait chez nous
pendant l’Hiver : fon bois eft fort dur , fort compaéfe , & fort propre
pour des peignes & autres pièces de réfiftance. On fait de cette Epine
des Haies de défenfè ; mais elle eft fort fujette à une efpèce de Chenil¬
les noires , qui à caufe de leur prodigieufè quantité mangent dans peu
de tcms les feuilles , & n’y laiffent que leurs ordures & leurs toiles :
pour prévenir cela autant qu’il eft polîible , on baliera, fouvent ces Ha¬
ies de bonne heure avec des balets ; étant impolfible de les en délivrer
quand une fois elles en font couvertes. On ente des Poiriers fur ces
communes Epines blanches ; fans cela ces arbres font de très peu d’u-
fage dans ce Païs , qui eft bas humide , parce que les petits foflés y _
tiennent ordinairement lieu de féparation & de défenfe.^
Le Houx fe multiplie en femant des baies mûres, comme on vient de
le dire de l’Epine. 11 n’eft jamais ni fi grand ni fi gros que l’Epine ;
mais on en peut faire des Haies de feize pieds de haut. Ses feuilles
font luifantes , vertes en tout tems , garnies tout autour de piquans ,
très propres par conféquent pour des Haies tondues ; mais quand le
Houx eft furanné ces piquans s’émoufTent : il eft auÜi fujet , quand il
fait de rudes gelées , à fe geler jufqu’à terre.
Parmi les elpèces de Houx piquans , il y en a dont les feuilles font
d’un verd mêlé de jaune, 6c d’autres d’un verd mêlé de blanc : l’un &
Fautre réfiltent moins à la gelée que les verds : il y en a aufti une efpè¬
ce dont les feuilles font moins pointues & cornues.
L’If, qu’on nomme en Latin Arhor mortis^à^Ni^nt dans des fonds élevéa
6c gras, par une bonne culture, un grand & gros arbre , même comme
un Tilleul ordinaire: mais ordinairement il a fans culture une couronne.
Ce 3 “ plus
2o6
LES A G R E E N S
plus ronde qu’un Pommier palTablement grand : Tes racines ont quantité
de fibres & font fort entrelacées , ce qui femble devoir confumer la graille
de la terre ; cependant toutes fortes d’arbres croiffent à fouliait dans des
terres bêchées, d’où ces Ifs ne font que d’être arrachés.
La femence d’If produit plulieurs efpèces différentes' : les feuilles de
l’une font fort foncées, celles de l’autre font d’un verd nailTant, plus fi¬
nes (Sc plus minces , de même que le bois : les feuilles de l’elpèce la plus
groflière font d’un verd oblcur , & d’un bois plus grolTier ; il devient
aulîi plus grand, ayant de fortes branches étendues, mais plus llmples;
delà vient qu’on ne lauroit faire de celui-ci, des Haies tondues, balTes,
belles & bien fermées , comme on en fait de l’elî^èce qui eR plus fine.
Quoiqu’en Angleterre l’If croilTe en plulieurs endroits , feul , & dans
des bruières ouvertes, jufqu’à la hauteur qu’ont chez nous les Pommiers
ordinaires , il faut dans ce Païs les planter dans les endroits les moins
expofés au vent , làns quoi ils meurent facilement pendant l’Hiver ,
fur-tout quand ils font encore jeunes ,& quand on les a tondus, foit pour
en faire de petits arbres pommés , Ibit pour en avoir de petites Haies.
L’If aime un fond Ipongieux, gras, humide, lliffilàmment élevé: on
peut aulTi faire en peu de tems , dans de bonnes terres fablonneufes mê¬
lées avec beaucoup de limon de foliés , de parfaites Haies tondues , par le
moyen de bouturesd’unan,quiaientaubasun peu de bois de deux ans;
il faut pour ces boutures choilir des jets de tige bien droits , qui Ibient
farnis tout autour de petites feuilles ; ces jets montent avec une tige
roite, & fe fouticnnent d’eux-mêmes; au -lieu que la bouture des jets
des côtés , dont les petites feuilles forcent par les deux côtés des bran¬
ches dentelées , comme celles des Sapins rouges , ne poullent jamais
droit en haut , ne font par conféquent pas propres pour des arbres de
tige , ou pour des Haies qui lè foutiennent d’elles-mêmes.
Il faut de plus , pour ce qui regarde l’entretien d’une jeune & belle
Haie tondue d’If, avoir foin de couper chaque fois tout près de leur
origine, les jets de tige qui montent, jufqu’à ce qu’ils foient fuffifammenc
entourés de jets de côtés , plats & dentelés : fans quoi on n’aura ja¬
mais de belles Haies tondues bien fermées , ni de jolis petits arbres :
ces jets droits viennent rarement de Sauvageons qui ont pris de lèmen-
ce, mais ordinairement de ceux de bouture; mais de bouture on a plu¬
tôt des Haies & de petits arbres ; & par ce moyen on eR auRi aRuré de
l’elpèce d’arbre qu’on veut avoir. Quand on plante des J fs dans de
bons Fonds de terre 3 pour des Haies à quatre pieds de diRance les uns
DE LA CAMPAGNE.
des autres, & qu’on les tond une fois l’an, après leur première pouffe pen¬
dant un tems de pluie, & qu’on les cultive dans la fuite comme il faut,
en coupant au commencement les tiges , & en les mettant aiüTi à l’abri
des vents impétueux & de l’ardeur du Soleil, pourvu qu’ils ne foient pas
trop à l’ombre , ni mouillés par d’autres arbres on peut alors en faire
de magnifiques , très bien fermées , & toujours verdoyantes Haies, de
la hauteur de feize pieds , & même de plus.
Le Genévrier , en Latin Arhor vitæ^ réfille au froid de nos Hivers;
mais comme ce n’eft pas un bel arbre , & qu’on ne fauroit en faire de
belles Haies , il n’ell pas avantageux d’en planter ; d’ailleurs ce ne font
pas des arbres de tige , mais des arbriffeaux.
Le Tilleul prend de Provins couchés en terre , parce que ceux qui
viennent de femence produifent différentes efpèces , & prefque toutes
bâtardes , comme le Tilleul qui a la feuille de Peuplier ou de Bouleau ,
qui n’eft jamais un arbre li grand , ni fi garni de feuillage : il en eft de
même des Tilleuls qui ont une écorce rouge , ils croiffent dabord fort
vite , & font un arbre vigoureux à grandes feuilles ; mais leur pouffe di¬
minue de plus en plus au bout de quelques années , & leurs jeunes bran¬
ches font fort fujettes à fe gangréner.
Le Tilleuls qui ont de la femence & les plus grandes feuilles , font
les plus beaux 6c les plus grands ; aiiffi eff - ce pour cela que des Arbo-
riftes entendus les cultivent. Le Tilleul croît vigoureufoment , 6c na¬
turellement dans nos Fonds marécageux 6c humides ; c’eft pour cela que
les François l’appellent Tilleul de Hollande , 6c les Anglois Hollandfe-
Tree, 11 n’aime pourtant pas d'être planté trop bas près de l’eau ,
comme les Saules, les Aunes, les Frênes, 6cc. mais du moins un pied 6c
demi au deffus de la plus grande hauteur de l’eau pendant l’Hiver : il
ne fauroit outre cela réfifter au vent impétueux , fa feuille étant grande 6c
mince (qui au défaut de foin ou d’herbe eff de toutes les feuilles d’arbres
la meilleure nourriture pour certains animaux); mais il devient, quand il
eft planté dans des endroits renfermés , un fort grand , fort beau 6c bien
touffu arbre à couronne fort étendue , lequel il fuit avoir foin dès le
commencement de faire monter par le moyen de la ligature avec un
feul jet droit , d’où doivent fortir tout autour les branches à couronne,
après quoi il ne faut jamais plus le tailler. 11 faut auffi que les 'l'illeuls
pour faire un bel ombrage dans de bons Fonds de terre , foient placés
pour le plus près à trente-fix pieds de diffancé.
Le bois de Tilleul eff de peu de valeur, ét^nt léger , peu propre an
chau-
-208
LES A G R E M ENS
cliaufage 5 blanc & mou : on en fait k.caufe de fa blancheur des plan¬
ches non peintes, fur lesquelles les Femmes plient le linge, ou bien de
petits tiroirs pour f y mettre : il fert aulfi à caufe de fa tendreur aux Cor¬
donniers & aux Sculpteurs.
VOrme^ fTpréau ,* & ce que nous nommons ^Herjleer , font trois
cfjoèces du même genre , venant toutes les trois de lemence d’Orme,
laquelle produit plus d’ Ypréaux que d’Ormes ; c’eft-pourquoi on multi¬
plie ces trois' efpèces comme les Tilleuls, chacune féparément par des
provins couchés en terre , avec cette feule différence qu’on ne les atta¬
che point; mais après les avoir féparés & tranlplantés , & lorlqu’ils ont
fait une pouffe d’un an., on les coupe au niveau de terre., afin qu’ils
puiffent croître avec vigueur & avec une feule tige.
De ces trois efpèces VOrme eft le plus grand & groffit le plutôt , mais
le bois en eft moins compaéle , les feuilles plus grandes , plus rondes,
moins pointues , & d’un verd plus brunâtre : il y en a aufîi une efpèce
appellée Oîine hrun-i dont l’écorce efl plus claire & les .feuilles plus bru¬
nes, & lanugineufes en deffous, comme aufîi les tendres rejetions ; cet¬
te efpèce groffit encore incomparablement plus que l’Orme commun: il
y en a outre cela encore deux efpèces ; l’une a la feuille & l’écorce plus
brune , & l’autre moins\* il eft fort . remarquable que les Sauvageons de
Souche d’Orme font des Ypréaux.
\fTpréau. il y en a qui l’appellent Orme rouge , parce que Ibn bois
eft plus rouffâtre : il ne devient jamais fi grand , &ne croît pas non
plus fitôt que l’Orme; fes feuilles font plus petites, d’un verd plus clair,
plus étroites & plus pointues que celles d’Orme. Le bois en eft plus
.dur, plus. compaéle., & de plus de valeur.
Le Hersker eft un Ypréau qui groffit & grandit fort lentement ,
jd’où il arrive que ces arbres font fou vent étouffés ; du refte fon bois,
quand il a bien réuffi , eft encore plus dur , plus compaéfe & de plus
de valeur ^que l’autre.
Les Ormes réfiftent le mieux au vent , & pour cela on les plante fou-
vent autour des vergers pour les couvrir, & on en fait aiiftl d’autres très
beaux plantages ; ils font bien plus précieux que les Peupliers & les
>Saules., lefquels toutefois , étant fort plians & fouples , ont dé meilleurs ,
brife- vents ce qui fait aufft qu’on en plante beaucoup dans les allées
extérieures.
Les Ypréaux font les meilleurs pour faire de hautes Haies tondues
lesquelles on tond de bas en en-haut ; mais je ne trouve pas qu’on puiffe
plau-5
I
t
DELACAMPAGNE. 209
planter avec le > même avantage que l’Orme, qui grôflit avec plus de vi¬
gueur 5 la troifième efpèce, quoique plulleurs la préfèrent , fous prétexte
que le bois en efi: plus précieux : outre que cet Orme fait des Haies
moins touilles, qui forment tout autour des excroifl’ances ligneufes fem-
blables à du Liège, très delàgréables à la vue, deforte que je n’en
. planterois jamais.
Aucun de ces arbres ne croît avec une feule tige , mais avec des bran¬
ches à couronne qui montent droit. Voyez dans le I Chap. du H Lw.
ce qu’il faut obferver , quand on plante les Ormes , ou quand on en
couche des provins en terre.
L’Orme, & encore plus T Ypréau, comme étant plus compaéle , eft
un bois admirable de charpente ; car on en fait des pivots de moulins ,
des affûts pour les plus gros Canons , & beaucoup de pièces de charon-
nage. C’eft aufli un excellent bois de cliaufage , il produit beaucoup
de chaleur : on peut même , quand il eft brûlé , en conlèrver des char¬
bons allumés comme on le fait à l’égard des Tourbes.
Le Chateigner Sauvage , que nous connoiftbns en Latin fous le nom
de Cajlanea Equina , devient un arbre grand , gros , avec une couron¬
ne fort étendue & ombragée , qui a tous les ans de très belles fleurs en
forme de bouquets , lesquelles produilènt dans TAutonne des CJiatei-
gnes amères , rondes & groftes. Cet arbre a autant de racines qu’au¬
cun autre qui me foit connu -, mais peu profondes : & comme il aime af
lèz l’humidité , il croît à ibuhait dans nos fonds médiocrement élevés:
les feuilles viennent à de longues queues, ordinairement à fept petits ra-
îneaux fur une queue.
Le bois en eft de peu de valeur , étant Ipongieux mou : il n’eft
bon ni pour la charpente ni pour le chaufage.
Le Bonis grofîier & fin à bords dorés & argentés. Voyez ce qui en a
été dit dans le 1 Chap. de ce Livre.
Le Tlane a de grandes feuilles rondes , qui font un peu pointues fur
le devant, d’un verd clair, & minces; l’écorce eft blanchâtre, & à rne-
fure qu’elle croît , elle fe dépouille de certaines envelopes. Le bois eft
fort caftant, delbrto que Je vent rompt aifément fes branches; il eft auiîl
de très peu de valeur.
Le Platane devient un très grand arbre, & d’une grofteur fi extraor¬
dinaire , qu’on afture qu’il eft arrivé fou vent que douze perfonnes ont
pris leur repas fur une table faite du tronc fans l’écorce : fes feuilles font
d’une grandeur extraordinaire , encore plus anguleufes 6c plus pointues
Partie /. Dd que
210
LES A CRE MENS
que les feuilles de Vigne ; relTemblant davantage fur le devant aux feuil¬
les du Cliateigner fauvage ; mais Tes feuilles pointues ne font pas fépa-
rées les unes des autres. Le bois eft caflant, & ne rélifte pas à un vent
un peu fort.
Le Frêne Sauvage eft aufli appellé Frêne de Montagne par oppofî-
tion à nos Frênes ordinaires , qui aiment les endroits bas & humides , &
qu’on appelle à caufe de cela Frênes de Campagne. Comme les prémiers
n’aiment point à être plantés dans des endroits aiüTi bas & aulfi humi¬
des, ils ne deviennent jamais aufli grands chez nous^ que fur les Mon¬
tagnes.
L’elpèce de Flâne •i nommé Schotfe Linden^, Booghouty Ffcbdooruy
Luyt - bout 5 a les feuilles anguleufes , elles reffemblent fort à celles
de Vigne, mais elles font d’un verd plus oblcur, & plus minces. Ces
arbres deviennent fort grands, & ont des branches à couronne fort
droites, ce qui fait que leurs couronnes ne font pas 11 étendues ni fi om¬
bragées que celles des Tilleuls: le bois eft caflant, delbrte qu’un vent
un peu fort le rompt facilement : il ell aulTi de peu de valeur, & uni¬
quement bon à faire des inftrumens de muliqiie. Je ne le crois nulle-^
ment propre à fervir d’ornement , ni à apporter du profit. •
- Le Petit Cbêne^ que nous nommons Spaanfe Aker o\\ Haag-Ejky le
multiplie chez nous par des provins couchés enterre; il ne devient pas fort
frand : c’eft pour cela qu’on ne s’en fert que pour faire de belles Haies ton¬
nes , balTes , lefquelles étant tondues uniment peuvent monter jufqu’à
la hauteur de dix ou douze pieds. La feuille eft d’un verd oblcur , dif¬
férant peu de celle de l’Epine blanche , mais elle efl un peu plus grande
& plus anguleufe. -
Le Lierre. 11 y en a de beaucoup d’efpèces, parmi lefquelles le Lier¬
re commun toujours vert eft le meilleur , & mérite feul de trouver ici
fa place. Il ne fauroit croître en enhaut fans quelque appui, auquel il
s’attache par de petits rejettons en guife de racines: il croît dans des
endroits & des Fais humides ; il prend beaucoup mieux de vigoureux
rejettons, comme de bouture, que de branches qui ont racine; parce
que ces racines font minces , àporesrefferrés & grêles; au-lieu que les re¬
jettons de tige vigoureux font gros, plus gonflés, ayant des pores plus
larges , plus propres par conféquent a recevoir les fucs néceffaires. On
met ces rejettons en terre depuis le mois de Mars jufques à celui de Juil¬
let, ayant bien foin qu’il fè trouve aux deux côtés, à un demi-pied de
diflance, un petit bouton d’une feule feuille, le refie devant être fiiis
. ' fous
2111
D E L A C AU? lA G NX.
fous terres, après avoir été paflablement humeèlé pour prendre à la pro¬
fondeur de deux pouces; & afin que les murailles contre lefquelles le
Lierre s’attache le mieux, en foient entièrement couvertes, il ne faut
pas qu’il foit planté trop près,& il faut avoir foin de l’attacher ferme au
bas de la muraille, afin qu’il monte uniment fans s^écarter ailleurs.
11 faut , quand on retranche les rameaux furnuméraires ou mal venus,
toujours les couper de bas en haut, & jamais de haut en bas, ou bien
les arracher ; car il en naitroit des inconvéniens fans remède , & le ra¬
meau arraché en détacheroit plufieurs autres de la muraille, ce qui n’ar¬
rivera jamais quand on le tire en en-haut.
Il eil contre toute expérience que le Lierre gâte les murailles bienraaf
fonnées & bien jointes; elles deviennent au contraire meilleures par-là;
en ce que la pluie, le vent & le froid ne fauroient à beaucoup près fi
bien pénétrer ; mais il eft funelle à de vieilles murailles dont la chaux eft
ufée , & qui ont de larges jointures , parce qu’il pénètre dans cette terre mê¬
lée de chaux & de fable qui eft entre les jointures, où il s’attache &lè gonfle.’
Le tort que fait le gros Lierre eft qu’en Hiver & en Eté ce font des nids
à Rats: mais il eft d’un excellent uîàge contre le dos des Fourneaux
des Orangeries , parce que le Lierre bien cultivé eft d’une défenfe plus
grande contre le froid , qu’une Muraille épaifle d’une demi-brique.
Le Fin Sauvage, 11 y en a de différentes efpèces, parmi lefquelles
fe trouve le Pin dont on fait les planches (Greenen-hout). Les Pins ont
tout autour de leurs branches des feuilles plus rondes, plus oblongues, plus
grandes, & plus en manière de queue que les Sapins: on les fait prendre
de femence, & ils ne doivent pas être tranfplantés.
Le Pin Sauvage eft un arbre de Montagne. Quand il croît dans un
fond pierreux , il eft plus dur ,. plus compaéte & plus durable ; c’eft-pour-
quoi le meilleur bois de Sapin vient de Norvège: mais comme les pe¬
tites Rivières qui font dans ce Païs-là, vont en ferpentant, les groffes
poutres ne peuvent confèrver que quinze ou feize pieds de longueur.
Après ces Poutres , dont le bois a les plus fins nerfs , & eft le plus
compaéte & le meilleur, fuit le Sapin de la Norvège Danoife , & qui
eft le plus durable. & le meilleur. Après celui-là le Sapin de la Norvè¬
ge Suédoifejqui eft plus long, mais il a les nerfs moins fins,& eft moins
compaéte & moins durable.
Le Sapin de Hanebourg eft fort réfineux, fort gonflé & fort ftijet àfo
corrompre, fur-tout près des endroits humides; deforte que les poutres
qu’on en fait, placées dans des murailles humides, fè pourriftent en fort
peudetems. Dd 2 Le
212
LES Â G R E M E N S
Le Sapin de Bedin eft de tous le moins compacte & le plus llijet à le
corrompre. Le meilleur, le plus compacte, celui qui aies plus fins nerfs,
vient des Pins fauvages qifon charge à Nerva.
Les Saules. Il y en a différentes elpèces très aifées à diftinguer , fur-
tout quand ce font ou de fort grands ou de fort petits Saules , les der¬
niers étant dans la clalfe des Arbriffeaux.
On diflingiie auffi les grands Saules en plufîenrs elpèces r les uns ont
récorce blanche & roulTàtre ; les autres font blanche : ceux-ci font les
plus grands, & réfiftent aulfi beaucoup mieux aux vents impétueux qiie
les autres. Ils aiment d’être plantés dans un fond bas, humide, maré¬
cageux;- auiïl ne croiffent-ils nulle parc mieux que dans notre Païs a-
qiiatique , où on les fait prendre de bouture. Le bois en eft fort fouple ,
pliant; & comme il n’y a point d’arbres qui parviennent en fî peu de
tems à une aulfi grande hauteur & grolTeurque les Saules, ils font aulïi
les meilleurs pour couvrir d’autres plantes plus tendres , d’autant plus
qu’ils poulTent quantité de branches k couronne, & qu’ils ont fous terre
beaucoup de racines chevelues & autres, ce qui fait que le vent ne les
renverfe pas aulTi facilement que les Trembles. C’efl aufïi pour cela
qu’on plante fouvent au côté extérieur des Allées, une rangée de ces
grands Saules à écorce blanche , pour fervir de défenfe contre les vents
les plus impétueux, quand on fait de beaux plantages: on en met aufll
communément au milieu des Allées, une rangée pour des Haies tondues,
à trois pieds de diftance, pour fervir de prémière défenfè, ce qui eft for-
tout néceflaire dans des fonds légers, fablonneux, fiijets à le convertir
en poulTière , pour empêcher la diiripation du labié.
Les petits Saules donnent l’Ofier à écorce blanche , jaune , rouge &
verte: celui qui a l’écorce blanche ell le meilleur, le plus long, fans re¬
mettons latéraux, très fouple, & très pliant, lànsêtre fojet à le rompre:
il efl très bon pour lier des fagots & pour attaclier de greffes branches ;
mais il ne vaut rien du tout pour de petites branches tendres , fur-tout
pour celles de Pêcher ou d’ Abricotier, parce qu’il entame, fait gommer
& mourir les branches ; il meurt lui-même au bout de l’an. Après l’O-
lier blanc, le plus long, le plus fort & le plus gros, c’eft le jaune. Le
rouge ou bien l’orange a phifieurs. petits rejettons latéraux , qui meu¬
rent tous les ans; c’efl-pourquoi il ell le meilleur pour attacher de tendres
& de petites branches déliées. .
Qiioique le bois de Saules foit de très peu de valeur, on ne laiffe pas
que de les planter à bon profit dans des fonds bas, parce qu’ils croif-
fent
215
DE LA campagne.
{bnt vite, & qu’ils font d’un fort grand ufage à caufe de leur foupleife;
fèrvant beaucoup aux Charrons, & à ceux qui conftruilènt des Moulins,
&c. Ce bois eft bon encore pour faire des cercles, pour ramer des poids,.-
faire des paniers, &C.; mais il ne vaut rien pour brûler, car il donne
peu de chaletu: & beaucoup de cendres qui voltigent par-tout.
CHAPITRE III.
Les Arhrîffeaux qui fleurijjent.
LEs fleurs des ArbrilTeaux qui fleurilTent , viennent à de tendres re-
jettons, deforte que quand on les tond coure & uniment ils n’en:
produifent que peu ou point; c’eft-pourquoi on ne les place pas dans les
jardins à fleurs, mais dans de beaux plantages, où ils conviennent
beaucoup mieux. Je traiterai de quelques-uns de cette elpèce, qui ré-
flftent au froid de nos hivers.
La Guimauve eft im ArbrifTeau qui prend de femence & de bouture: il
pouffe, quand on le cultive bien , de fort jolies petites branches étendues
en rond , à la hauteur de trois ou quatre pieds : l’écorce eft de couleur
de cendre: les feuilles font dentelées, & finiffent en pointe un peu lar¬
ge. Les fleurs font blanches, ayant au centre une belle tache rouge
ronde : il y en a aufli qui ont des fleurs d’une feule couleur violette. La
Guimauve commence à bourgeonner en même tems que les arbres les
plus tardifs , & fes fleurs paroiffent comme des cloches au commence-
4nent du mois d’Aout , elles font fui vies aulTrtôt qu’elles tombent par
d’autres, & cela confécutivement jufqu’en Odobre.
La Coluthée ou le Bagnaudier eft un Arbriffeau, qu’on fait prendre
de femence , ou bien de tendres Sauvageons de Souche : il poufle des
rameaux plus longs que la Guimauve ; deforte qu’on n’en fauroit faire
un aufll joli petit arbre; il vient des fleurs jaunes à lès tendres petites
branches.
Le Chèvî'e-feuille ^ appelle en Autriche Rofe de Jtrîco ^ eft un Arbrif
fèau qui s’attache en rampant, il y en a de diverfes elpèces , lavoir a fleurs
Jaunes, rouges, bigarrées: les rouges ne réOftent point au froid de nos
hivers: ceux qui font d’un rouge plus clair, & dont les feuilles font
prefque blanches & rouges , de même que les bigarrés , ont les fleurs les plus
D d 5 bel-
LES AGREMENS
214.
belles 5 les plus durables & les plus agréables tant k la vue qii'’à l’odo¬
rat. On les fait prendre de leurs jeunes branches qui ne fleurilTent point,
en les mettant en terre.
Le Millepertuis n’étoit pas connu des Anciens , & n’a été connu
dans ce Pais que depuis peu d’années qu’on l’a aporté des lies Canaries.
11 croît ordinairement à la hauteur de trois pieds , ayant un petit tronc
d’un bois fort dur , & de petites branches garnies de petites feuilles, qui
donnent continuellement de fort jolies fleurs à cinq feuilles chacune ; cel¬
les-ci ne tiennent pas k une queue, mais elles font contiguës aux bran¬
ches ,dejfbrte qu’il faut les couper avec la branche même. On peut parla
tonfure donner k cet Arbrifleau une très belle figure : il prend de Sauva¬
geons de Souche; il refifte k un froid modéré, mais non pas k une forte gelée.
Le Jasmin, Il y en a de différentes e4)èces; mais les fiiivantes réfîfi
tent k notre air froid k découvert. Le Tetit bleu^ ou le Jasmin de Fer^
fe^ eft un petit Arbriffeau , qui par conféquent borne peu la vue dans
un Jardin k fleurs: fa fleur tire fiir le violet, mais le bouquet eft plus petit
que celui du Syringa : les feuilles font petites, pointues fur le devant ; il
prend de Sauvageons de Souche. Le Jasmin blanc Jauvage a les fleurs
6c les feuilles k peu près femblables k celles du Jasmin de Catalogne : il
ne réfifte point k un froid fort rude; car il arrive fouvent alors que fes
feuilles & fes racines meurent: mais quand le froid eft modéré, & qu’il
eft planté dans une expofîtion au Midi ou au Sud- eft, il refte quelque¬
fois en vie pendant plufîeurs années, même fans être couvert; & il ré¬
fifte k un froid aflez rude , quand on le couvre avec une natte de rofèau
ou autre, & qu’on a bien foin de fes racines, quoiqu’il quitte fes feuil¬
les tous les ans : il prend de Bouture , mais plus encore de Sauvageons
de Souche: on grefe en approche fur ces petits Sauvageons, le Jasmin
blanc de Catalogne. Cet Arbrifleau eft en Angleterre , ae même que 1’^-
laterne <Sc hFhyllirea ou Fikiria^h, couverture ordinaire des murailles,
- comme chez nous le Lierre. Le Heuning-bloem^ nommé mal k propos
Jasmin blanc Sauvage,^ & cependant connu chez nous fous ce nom, eft
appellé par plufîeurs Syringa bldnç y ou Syringa d'' Italie y & en Hollan-
dois Fluit en-boom', fon bois eft k jointures, & plein de tuyaux, de cou¬
leur rouflatre 5 6c rempli par dedans d’une moelle blanche , Ipongieufè ,
molle: les feuilles font dentelées , de coilleur rouflatre, d’un verd pâle ,
6c point unies: les fleurs viennent kdesfommités tendres, 6c ont quatre
ou cinq feuilles rondes, larges 6c pointues.
L’ Arbrifleau nommé en Holiandois Dubbelde Bloem-ker s y eft petit,
6c
D E L A C A M P A G N E. 2ij
& a une fleur d’une odeur fort agréable, en guife d’une petite rofe.
Le Vogel-kers a une grande fleur en guife de bouquet, prefque com¬
me celle du Chat eigner fauv âge \ il prend de Sauvageons de Souche.
Le Laurier-Cerïjè à feuilles vertes Infantes eft connu en Latin fous le
nom de Laurus-Cerafus. 11 y en a de deux fortes , qu’on dillingue en
grand & petit Laurier \ il a une feuille luifante fort belle; mais il fleurit
rarement chez nous, à moins que l’été ne foit extrêmement cliaud; les
fleurs font blanches : il rélifte au froid de nos hivers : il prend de Sauva¬
geons de Souche.
Le Troefne^ en Latin Ligujlrum^ a une fleur blanche en giiilè de bou¬
quet, femblable à celle du Syringa blane\d^hvtQ qu’on pourroit le pren-
de pour une efpèce blanche plus petite ; comme on pourrok prendre
le "Jasmin de Perfe pour l’efpécê du petit bleu. 11 rélIfte à un froid
fort rude : il prend de Sauvageons de Souche. Le bois a des rameaux
fort minces & des feuilles étroites & pointues; deforte qu’il efl: fortpro-
pre pour' faire des Haies tondues baffes; aiilfi l’emploie-t-on beaucoup
à cela ; mais alors il ne faut pas s’attendre à le voir beaucoup fleurir.
L’Arbrilfeau que nous nommons Naenties-Amandel croît environ à la
hauteur de quatre pieds. 11 y en a deux efpèces , l’une ayant des fleurs
Amples & l’autre des doubles, les unes & les autres fort belles, d’un rou¬
ge clair. Il prend de Sauvageons de Souche & de Marcottes; mais il
ne croît pas dans des terres de tuf ou de bitume.
Le Poivrier, il y en a deux elpèces : Tune dont les fleurs font de
couleur de chair, qui viennent au commencement du Printems, joig¬
nant le bois , avant les feuilles : l’autre dont les fleurs ne font pas fi bel¬
les, elles font vertes & recoquillées : on ne peut guère les faire croître l’u¬
ne & l’autre à plus de deux pieds de hauteur, fàvoir en plein vent & a-
vec une petite couronne ; ils prennent de Sauvageons de Souche.
Les Rofiers font des Arbriffeaux ligneux, lefquels croiffent félon leurs
efpèces , à plus ou moins de hauteur , en plein vent. Je mets aiilfi
dans la même claffe V Eglantier dont les rameaux font plus fins &font
de plus beaux petits arbres à couronne : les feuilles ont une odeur plus a-
gréable, les fleurs ont moins de feuilles, mais le bois en efl garni d’é¬
pines plus greffes , plus courtes & plus crochues. En général les Ro-
liers ont des rameaux plus longs &;plus étendus que les Eglantiers; de-
forte que ces derniers ne font pas fi propres pour en faire de petits arbres
pommés. 11 y en a plufieurs efpèces différentes, comme des rofes bru¬
nes, rouges, jaunes, blanches, doubles & Amples ; il en eft de même
des Eglantiers. Ils prennent tous de Sauvageons de Souche & de Mar¬
cottes,
21^ LES AGREMENS DE LA CAMPAGNE.
cottes 5 comme îiufTi de petits morceaux de leurs racines , qu’on met en
terre à la profondeur de deux pouces.
Les Rolès les plus communes font celles qifon appelle chez nous/Jj^i
de Frovins^ dont il y en a beaucoup de rouges, de jaunes & de blanches :
on diftingue les rouges en grandes <Sc petites doubles : nous donnons à
ces dernières le nom de Juffer-roosje, La plus grande Rofe de Provins^
eft la meilleure pour être mife dans des pots, car elle y devient plus
mignone ; c’ell pour cela que la petite , ou Juffer-roosje , ne donne pas
des fleurs comme il faut quand elle eft dans des caifTes. •
La double jaune a rarement dans ce Païs des fleurs en plein air com¬
me il faut, elle ne réfîfle pas non plus à un froid un peu rigoureux. El*
le n’aime point à être mouillée par deflus , car alors les boutons périfTent :
il ne faut pas aulTila rogner beaucoup par le haut, &on ne doit la tailler
que peu.
Celle que nous nommons Maend- 7'oos efl mlfe par quelques-uns dans
îa clafle des Rofes de Provins, mais elle eft beaucoup plus fimple, &
la fleur dure très peu,
La Roje lanugineufe eft defàgréable à la vue, parce que fa feuille
lanugineufe refTemble beaucoup aux poux verds.
La Rofe niufquée: la double ne rélifte point au froid de nos hivers.
'L'Eglantier fimpk: fes boutons font fort gros, rouges, excellens en
confitures & en ragoût.
La Rofe-Canelle eft petite & a de petites feuilles, mais en grande
quantité: ce Rolier eft de la grandeur de l’Eglantier.
11 y a des Rolès qu’on nomme Rofes de Camelot de Terre y de Mor-
Icon y brunes & pâles.
Le Rojier de Quel dre ne peut pas être mis au nombre des Rolès, le
bois ayant une écorce grifâtre fans épines, faifant un joli petit arbre
pommé, quia de petites branches, '& qui vient à la hauteur de qua¬
tre ou cinq pieds : les feuilles font fort rondes & fort dentelées ; la
fteur relTemble à celle du Sureau, & forme comme une boule ramaffée;
deforte que cet ArbrilTeau ne reflemble point au Rolier, ni du côté du
bois, ni de la feuille, ni de la fleur.
Le Seringa, il y en a des bleus & des blancs. Il croît en Arbrif
fèau, avec des rameaux fort minces, qui s’étendent loin , à une gran¬
de diftance les uns des autres, il parvient quelquefois à la hauteur de
plus de douze pieds; fes feuilles font palfablement grandes & larges j
étroites en haut, & finiflant en pointe: les fleurs viennent par bqu-
quets à des queues, avec un pédicule par delTous: il prend de Marcottes.
Fin de la Frémière Partie,
LES
LES
A G R E M E N S
DELA
CAMPAGNE,
OU
REMARQUES PARTICULIERES
Sur la manière de cultiver 6P de prématurer les Plantes» Avec
une dejcription exacte de la manière de cultiver aes herbes po¬
tagères & des L/égumes, De même que pour avoir infatlli’-
blement en abondance tous les ans des fruits <i’AN A nas
^ autres^ comme Citrons, Limons, Oranges,
des Raisins, par le moyen de Serres artificiellement ré^
chaufées : avec un avis fur la fabrique ^ des Thermomètres
néceffaires pour cela,
SECONDE PARTIE.
'Avertijjement touchant la manière de cultiver les Plantes hors des Saifons
ordinaires^ £5? touchant quelques Plantes étrangères de même que
touchant les herbes du Parterre^ £«? les ArbriJJeaux du Potager.
L en eft des Plantes tout comme du corps humain , lequel
félon qu^il y eft accoutumé , peut réfifter à plus ou moins
de froid , ce qui fait aufli qu’on trouve au Midi de la Lig¬
ne, dans le même point que chez nous au Nord, des
gens, qui vont tout nuds , & qui ne font pas fi fenfibles
au froid.. Il y a aulli plufieurs Plantes , qui étant fort tendres dans
Partie IL E e ce
2i8 les a g R E MENS
ce Pais , font: fuiettps à mouric par le moindre froid ^ gu’on peut cepen¬
dant accoutumer infenfiblement déplus en plus à ce Climat; ce que prou¬
vent bien évidemment , les Citronniers , les Limoniers , les Orangers,
venus des Climats plus chauds j où il ne gele iamais ; puifque dans plu-
iîeurs endroits 5 en pleine terre , dans un air libre Redécouvert, ilscroH^
fent vigoureufement fans aucun empêchement, & y produifent des fruits;
& même dans des endroits où l’hiver convertit l’eau en glace. Il vaut
infiniment mieux dans ce Païs ne pas trop couvrir les plantes venues des
Climats plus chauds ; mais les accoutumer plutôt à un plus grand froid ;
quoiqu’il me paroifle. impraticable de les faire tellement changer de na>
ture, qu’elles puilTent réfifter à la gelée rigoureufe & aux vents de bize
qu’il fait dans ce Païs ; deforte qu’il faut tâcher par des moyens artifi¬
ciels, fervans à les aider dans leur pouffe & à meurir leurs fruits, non
feulement d’avancer les Saifons , de les défendre contre la gelée & les
vents de bize, mais auffi d’augmenter tellement la chaleur, qu’elle foib
dans chaque faifon au même point , que ces plantes font accoutumées
d’avoir dans leur -propre Climat pour y pouvoir croître, & faire meurir
leurs fruits.
11 eft bon de favoir, avant que dé paffer à ce Traité, que je diftingue
le plus ou moins de chaud de l’ardeur même ; comme auffi le plus ou
moins de froid, de la gelée. J’appelle ardeur lorfque les parties ignées
font tellement abondantes & vives, que les corps qui en font aueétés
fe brûlent ; chaleur , quand ces parties ignées ne font pas en fi grande
quantité ni affez ardentes pour faire brûler, maisfuffifàmment cependant
pour féparer davantage les vapeurs, & pour les entretenir dans un tel
mélange , que la poune & la maturité des fruits fe faffent par le moyen
de ces parties mêlées. J’appelle /roiJ, quand les parties ignées font en
fi petite quantité ou font fi peu ardentes , que les vapeurs dont elles fe
trouvent mêlées, font plus étroitement jointes enfemble, ce qui rend le
froid plus ou moins grand , Rc approchant de celui qui produit la glace.
Je nomme quand ces parties ignées font encore en moindre quan¬
tité , & moins ardentes , de manière que les vapeurs raffemblées en eau ,
fb condenfent ou deviennent glace.
C’eft de plus une chofè remarquable, Rc la règle félon laquelle les Sai¬
fons & tout ce qui regarde l’art de les avancer doit être fait, favoir que
les rayons^ folaires caulent la plus grande chaleur , par réfléxion : com¬
me aulli lorfqu’on les tient raflemblés pêle-mêle. Ainfi l’on voit que
de grands miroirs bien polis , Rc des miroirs de bois dorés concaves ,
bru-
DE LA campagne. 219
brûlent tèrriblement, ians qu’ils s’échàufent eux -mêmes le moins du
monde, ou qu’ils en fbient endommagés; que l’air refte fouvenc
chargé de glace, & les Montagnes couvertes de neige pendant l’Eté,
quoique les rayons folaires caufent dans ce même Fais une chaleur ex-
ceflive; que l’air à la hauteur de 7^ degrés iniques dans les 80, quoique
le Soleil y luifè continuellement pendant l’Eté, n’eft pas cependant ü
chaud chez nous k cinq degrés près , que dans le Printems & l’Aii-
tonne : au -lieu que dans les endroits où le Soleil n’éclaire la Terre,
que douze -heures les vingt - quatre , &où a midi il eft perpendiculaire ,
il y fait fouvent une chaleur excelTive , parce que les rayons folaires qui
fénéchilTent vers le haut , font repouflés chaque fois par ceux qui ten¬
dent vers le bas, & y reftent confondus.
Comme dans ce Fais pendant l’hiver & au commencement du Prin-
■tems, le Soleil eft fort bas , qu’il ne décrit qu’un très petit cercle, &
n’éclaire la Terre que par des rayons obliques ; ces rayons par cela mê¬
me ne peuvent y produire aulTi que très peu d’effet, ce qui fait fouvent
que les vapeurs & les exhalaifons reftent raffemblées & comme fufpen-
nues autour de nous , & caufent un air fort bas chargé de nuages , de
brouillard ou de glace : encore moins eft-il poffible que ces rayons obli¬
ques mettent tellement en mouvement les fucs de la terre , qu’ils les faf
4ènt fèrvir à l’agrandifTement des plantes ; pas même quand le Soleil lui-
roit alors beaucoup tous les jours, parce qu’on eft fort fujet à tout mo¬
ment, à des vents fort rudes de Nord-eft, d’Efl ou de Sud-efl,qui con-
denfènt encore davantage ces vapeurs & ces exhalaifons. C’efl - pour¬
quoi il faut tâcher avant tout de défendre les corps & les terres, qu’on
veut rechaufer , de tout ce qui peut nuire à la force des rayons ; il faut
faire aiilTi enforte que ces corps & ces terres foient éclairés par ces ra¬
yons en angles droits.
On ne fauroit mieux rompre les vènts que par des arbres de haute
futaie, qui foient fort garnis de branches, & uniment tondus, lesquels
on peut planter au Nord, à l’Efl & à l’Oueft, fans qu’ils y gênent le
moins du monde les rayons folaires. Lorsque ces grands arbres , ou
brife- vents uniment tondus fe plieront par la force des vents , ils laiffe-
ront aufli couler les vents le long de leurs cimes , lesquels vents après
cela tomberont feulement à une grande diflance delà : il en efl tout au¬
trement aux environs des Bàtimens peu exhauffés , murailles ou Cloi-
fons, car les vents dans ces endroits s’étant gliffés par derrière jufqu’au
haut , & tombant près delà de l’autre côté , -y caùferont des tourbillons
Ee 2 fort
220
LES AGREMENS
fort ruineux, ce que font pareillement par réfléxion les vents de devant.’
Ces brife- vents bien joints font encore très bons pour conferver les ra¬
yons folaires , lesquels s’y mêleront & y refteront en grande quantité
comme fufpendus, ce qu’on ne fauroit fe procurer par le moyen des
murailles ou des cloifons, étant trop baffes pour cela.
Outre ces brifes- vents , confiftant en de fort hautes Haies tondues au
Nord-eff & à l’OueftjOn plante aulTi dans de plus petites partitions, des
Haies tondues moins hautes , pour retenir encore d’autant mieux les ra¬
yons folaires dans ces moindres partitions : on aura par le moyen de ces
fortes de brife- vents , une chaleur plus grande & plus féconde , fur-tout
pendant l’Hiver ou au commencement du Printems , que là où le Soleil
luit plus longtemsfans être ainfi renfermé: mais il faut fonger avant qu’on
plante , & lur-tout quand on conftruit des Edifices , des murailles ou
des Cloifons, que pendant l’Hiver & dans l’Autonne, leur ombre s’é¬
tende fort loin , & qu’ils interceptent par conféquent confidérablement
le Soleil, comme on peut le voir ci-après, où la déclinaifon du Soleil,
fa hauteur au-deffus de l’Horizon, & par conféquent fon ombre eft cal¬
culée à un pied de hauteur perpendiculairement; à la hauteur du Pôle
de 51 , 5:2 , ph 53 ^ 54- divifés par pouces, & ceux-ci chacun
en cent parties.
Le 2 1 de Décembre la déclinaifon du Soleil eft de 23 degrés 30 minutes.
Le 2 1 de Janvier . - - . ipdegr. min.
Le 21 de Février - - . - - - lodegr. 26 min.
Hauteur du Pôle. ,i
Le 21 de Décembre
54degrés.
à 12 heures, hau¬
51 degrés.
52.
52-1
53- &
teur du Soleil.
15 degr. 30
14.30.
14.
13- 30-
12. 30.
Ombre.
à 1 1 & à I heures ,
43- «5
46. x.'ô
48. Ih
49- îf;
54-117
hauteur du Soleil.
14. 11.&20 fécond.
13. 12. 10.
12.43.50.
12. 15.
II. 15.
Ombre.
à 10 & à 2 heures.
47" To5
CT ‘i-
J 100
53- îh
55- Hz
60.33.
hauteur du Soleil.
10. 12.
9. 18.20.
8.51.30.
8. 24.40.
7-3i-3<^
Ombre.
Le 21 de Janvier
à 12 heures, hau¬
<56. IÎ5
73- rU
77-
81. Hz
90. xtz
teur du Soleil.
Ip. 15'
18. 15.
17* 45-
17. 15-
16. IT.
Ombre.
à 1 1 & à I heures ,
34- ils
3^5, Ifs
37- tîo
38. îs:
hauteur du Soleil.
18. 20.
17. 1.30.
16. 32.
id. 2.20.
15. a. 10.
Ombre.
3<5. Ils
39- îb
40- Hz
41- Hz
44- Hz
à iQ.
(■
DE LA CAMPAGNE
221
à 10 & à 2 heures ,
hauteur du Soleil.
Ombre.
à 9 & à 3 heures,
hauteur au Soleil.
Ombre.
Le 21 de Février à
midi, hauteur du
Soleil.
Ombre.
à II & à I heures,
hauteur du Soleil.
Ombre.
à lo & à 2 heures ,
hauteur du Soleil.
Ombre.
à 9 & à 3 heures ,
hauteur du Soleil.
Ombre.
14. II. 10.
47- rh
7* 37- 30*
89» 15*
28. 34-
22. ils
27. 28.
23. îlô
24. 2. 40.
0.6 î?-
18. 7. 40.
36. fis
13. 15.50.
50. îéï
12.49.40.
'52. xîz
12. 22. 10.
54* Ifs
6.52. 10.
99. Isô
6. 29.50.
105. H;
5. 7. 10.
III
27- 34-
22. fis
27. 4.
23* l.-s
N
25.34. 1
23. ff S 1
26. 28. 20.
24. îô#
25.58.40.
24- Î3S
25. 29. 10.
25- Vzz
23. 6. 40.
28. îh
22.37.50.
28. Ils
22. 22. 30. 1
29. rZZ
1
17. 18.50. 1
38. Ih 1
1
15.54. 40-
39. i
9
1
15.30.20. 1
40. \zz 1
II. 24.30.
59- tI;
5. 23.
127.
25- 34-
25- î?:
24. 30. 10.
21. 15.40.
30- Isô
15 42. 30.
42. îh
. Les Plantations, les Edifices, les Murailles, & les Cloilbns doivent
être placées à une telle diftance, qu’elles ne puillent donner de l’ombre aux
corps qui ont befoin d’être alfeaés par le Soleil : & comme on a démon¬
tré ci-devant que les rayons obliques, fur-tout en Hiver, donnent peu
ou point de chaleur, il faut tâcher, autant qu’il eft polTible, que ces ra¬
yons alFedent les corps par des angles approchans des droits, ce qui eft
iiir-tout néceflaire à l’égard des vitres , parce que ces rayons pénètrent
alors beaucoup mieux au travers de leurs pores; au-lieu qu’autrement
ils réfléchiflent fans produire aucun effet. 11 faut, pour la même raifon,
que la terre foit placée en talus du côté du Soleil ; & comme les corps
noirs, fpongieux, légers , laiffent un plus libre paffage aux rayons fo-
laires, qu’aucun autre , il faut que la terre foit bien fumée, légère &
noirâtre; mais il faut que les fonds qui font devant les Serres , les Caif-
fes vitrées, les Murailles, les Cloifons, foient bas, durs, unis, ahnque
les rayons folaires en réflécliiffent delà vers les Serres , & qu’ils y aug¬
mentent la chaleur : il faut bien prendre garde auffi qu’au devant des
Orangeries, des Serres & des Caiffes vitrées, un grand air fort fpacieux
rend pendant l’Hiver la gelée plus rude , & cela d’autant plus .que dans
cette Sailbn , il fait fouvent pendant plufieurs jours de fuite un air char¬
gé & fombre fans Soleil.
Qiiand on garnit des deux côtés les Orangeries, les Serres & les Caif
fes vitrées, de brilè- vents, lesquels renvoient les rayons folaires vers ces
Orangeries, &c. ils n’augmentent pas feulement auprès des Orange-
E e 3 ries ,
,ries5 Scc. la chaleur , mais ils rompent aufll continuellement le vent, cè
qui eft caufe que les rayons folaires raflemblé’s fe perdent d’autant moins.
11 ne faut pas, au refie, que ces brife-vents des côtés, placés aux envi¬
rons des CaifTes pour prématurer les fruits pendant THiver , foient à u-
ne trop grande diflance les uns des autres , afin qu’ils empêchent d’au¬
tant mieux l’entrée aux vents : car de tels brife-vents placés près les uns
des autres, &réfléchifrant ainü les rayons obliquement, ne rompent pas
le Soleil, parce qu’ils font fort bas & d’une petite étendue. On place
auffi par la même raifbn des brife-vents par derrière, & l’on en place au
deffus des Serres & des CaifTes vitrées obliquement , d’oîrles rayons fo¬
laires réfléchifTent vers le bas fur les vitres. Ces derniers ne doivent
pas pencher trop en avant, afin qu’à la mi Février ou au mois de Mars,
quand le Soleil s’élève plus haut, ils n’interceptent point de rayons; à
moins qu’on ne fafTe faire ces Cloifons de manière qu’on puifTe les racour-
cir & les rendre plus hautes. 11 faut que tous ces brife-vents foient faits
d’un bois dur, compade, peint en dedans en blanc , afin qu’il réfléchit-
fe de ce côté-lk d’autant mieux les rayons folaires ; au-lieu que ce qui doit
abforber la chaleur doit être peint en noir ou bien en brun foncé ; car
j’ai remarqué à des efpaliers, que les rayons réfléchis d’une couleur Man¬
che nuifoient fouvent beaucoup aux fruits, fur-tout aux Raifins charnus.
Il n’efl pas bon de couvrir les Cloifons de planches , parce que ce ne
font pas feulement des nids à Araignées, à Chenilles, à Perce-oreilles &
autres infèdes, mais auffi parce qu’elles détournent la rofèe & l’eau de
pluie, de manière que lès plantes n’en font pas fi bienarrofèes par devant,
outre que ces planches arrêtent aufll les vents furieux du Midi, ou du
Sud-ouefl, qui vont par devant en montant, & les font enfuite def-
cendre de nouveau, en froiflant & rompant les tendres rejettons, &en
les pliant à contre-fèns; ce qui nuit infiniment davantage que des tor-
rens de pluie ou des bourasques de grele , lefquels font plus rares, & par
. cela même moins ruineux.
Celui qui voudra augmenter aux environs des arbres fruitiers , la cha¬
leur de l’Eté par une certaine conflrudion de Murailles ou de Cloifons, ne
fe trompera pas moins, que celui qui fait conftruire d’autres Orangeries,
Serres, CaifTes vitrées, autrement qu’en droite ligne: car celles qui font en
droite ligne font les feules bonnes, & reçoivent en Eté unechdèur fuffi*
fante; les murailles creufes , celles à retranchemens , les zig-xacs & les
Cloifons penchées en avant, peintes en blanc, brûlent: car les Murailles
font ordinairement trop chaudes à caufe de la réflexion des rayons folai-
pes'; defbrte que j’ai trouvé infiniment meilleures les Cloifons étroite¬
ment jointes ; mais il ne faut pas les garnir de lates , parce qu’autrement
les vents qui y paflent entre-deux cliaflent la chaleur du Soleil ; & afin
de prévenir encore d’autant mieux, le long des Cloifons, cet vents, on
pofe à la diftance de 24. ou de 30 pieds un petit brife-vent , qui confifte
uniquement dans une feule planche placée en longueur , clouée k la Cloi-
fon en angle droit. Les Murailles doivent être garnies de lates, parce
que les petits doux, dont on a befoin pour lier, n’y tiennent pas aflez,
& parce qu’en les arrachant on emporte une partie de la diaux, d’où ilfe
forme des creux où le nichent les inlèétes : du relie , il ne faut y em¬
ployer que des lates d’un demi-pouce d’épailTeur, fur lefquelles on doue
des lates tout-à-fait pareilles en longueur à la dillance de cinq pouces ,
auxquelles on peut attacher pour lors comme il faut les branches des ar¬
bres, lefquelles Ibufriront aulîl beaucoup moins alors parla réfléxiondes
rayons folaires.
Toutes ces précautions font très nécelTaires pour augmenter & pour
Gonlèrver les rayons folaires , à l’égard des plantes qu’on conferve à l’a¬
bri de la gelée pendant l’Hiver , dans des endroits fermés , comme O-
rangeries , Serres artificiellement chaufées , ou autres Cailles vitrées r
elles font au contraire nuilibles à l’égard de celles , qui croilTent en plein
air, car cela fait ralTembler de nouveau par la gelée de la nuit ou du ma¬
tin, la fève que le Soleil avoit fait monter; & plus la gelée fuit de près
la chaleur du Soleil , plus aulH elle eft nuilible : ainli l’on voit de tendres
plantes , qui peuvent réfiller à peine au froid qu’il fait chez nous pen¬
dant l’Hiver , mourir beaucoup plus fouvent vers le Printems fur des cou¬
ches fort expofées au Soleil au devant des Murailles ou des Cloifons, que
celles qui pendant l’Hiver n’ont point du tout de Soleil , & dont la fè¬
ve efl ainfi montée : delà vient que les Cloifons au Sud-ouefl , & les cou¬
ches qui font au devant d’elles, font infiniment moins avantageulès,
que celles qui font au Sud-ell, parce que les prémières étant beaucoup
plus affectées par le Soleil, fe reffentent d’abord de la gelée, & que ce¬
la continue jiilqu’k ce qu’elles pafTent encore fubitement du froid ou de la
gelée k la plus grande chaleur, comme dans un endroit où le Soleil luit
pendant douze heures ; au-lieu que les Cloifons expofées au Sud-efl &
les couches qui font au devant , ont le Soleil , lorfqu’il a le moins de
force, & lorfqu’on a le plus de lieu de s’attendre k la gelée, qui au Prin¬
tems , pénètre ordinairement plus que jamais ; le Soleil les quittant de
nouveau lorfqu’il a le plus de force, & que la chaleur du jour ell ordi-
224 LESAGREMENS
nairement au plus haut point: par ce moyen les plantes qui font au de¬
vant & contre de telles Cloifons s’accoutument infenüblement à un plus
grand froid <Sc à une plus rude gelée.
11 faut avoir des endroits artificiels pour conferver pendant THiver les
tendres plantes , & plus encore pour les faire poufler; des endroits où
Fori attire la chaleur du Soleil par le moyen de vitres, où on tâche delà
conferver non feulement par des couvertures, mais auffi de l’augmenter
par le moyen du feu. Les meilleurs endroits artificiels deïlinés à cet u-
îàge font ceux qui peuvent chaufer en peu de tems Fair qui y eft renfer¬
me, & le conferver longtems dans cet état; c’eft pour cela qu’on les fe¬
ra conftruire de manière qu’ils aient par devant autant de vitres, &par
dedans aulFi peu d’air qu’il efl poflible ; de telle manière cependant que
ces vitres puifTent être comme il faut à couvert de la gelée; car il ne faut
pas fur-tout ignorer que la chaleur, que l’on conferve par le foin qu’on
prend de couvrir pendant la nuit, eft beaucoup plus féconde & meilleu¬
re , que celle qu’on pourroit procurer par le moyen du feu.
Les Serres doivent, félon l’ufage qu’on en veut faire, avoir une lon¬
gueur, hauteur & profondeur requifes ; étant une choie remarquable que
par le moyen du feu feulement , fans le iècours du Soleil , on peut faire
croître aulTi peu, que l’on pourroit faire croître en Hiver, làns l’aide du
feu , des tendres plantes. Pour fe fervir avec fuccès de ces endroits artifi¬
ciels, il eft de plus néceflaire qu’on iàche juiqu’à quel degré de froid ou
de chaleur les plantes doivent être afFeélées: Ü faut auffi avoir une idée de
la chaleur naturelle de Fair extérieur félon les Saifbns ; ïl faut encore ià-
voir comment il efl dans les Orangeries , dans les Serres & dans les
Caiffes vitrées , fans & avec feu ; & ne pas ignorer l’effet de cette cha¬
leur. Enfin on doit connoître les moyens de remédier à ce qui y man¬
que, pour imiter auffi naturellement qu’il eft poffible, félon les Saifons,
Fair du dehors.
Le froid ralentit le mouvement , & fait que les vapeurs fe raffemblant
davantage, fe condenfent plus auffi, & fe convertirent en glace lorf-
qu’elles fè gelent. La Chaleur, au contraire, caufe du mouvement,
ce qui fépare & diffout les corps. De ces vérités infaillibles il fuit, que
les corps mous, fluides, font beaucoup plus atténués & difperfés, que
ks corps plus durs, plus folides, plus fecs: de plus, que lorsque de tels
corps fluides & mous font agités fous la terre, leurs vapeurs font contrac¬
ter auffi à Fair des parties plus molles & plus fluides: pareillement que
ces corps atténués & difperfés , fe laiflent pouffer fans beaucoup de ré-
fiftan-
DELACAMPAGNE. 22s
fiftance, ou attirer dans les petits tuyaux des plantes , où fe condenfant ,
pour peu qu’ils fè raflemblent , y caufent une pouffe fort vigoureufè.
11 en efl ainfi particulièrement à l’égard de la chaleur dans les Serres
vitrées 5 où les vapeurs de la terre, ou des Pots & des Caiffes fouvenc
arrofees , liquéfiées par l’introduétion des rayons Iblaires & nullement
defféchées , relient comme fufpendues autour des plantes , jufques à ce
que le froid les ralTemblant davantage, les condenfe. Mais, comme
dans les terres molles & humides, la poulTe pendant les Etés pluvieux,
ell ordinairement un compofé de corps mous fubitement formés , il en
eft de même de la poufle de ceux, dont les arbres, les plantes, de mê¬
me que leurs fruits , font grands , & ont des tuyaux larges , mous , gon¬
flés , & pleins d’eau: au-lieu que la pouffe n’ell pas fi forte, ni fi fubite,
lorfque la chaleur met en mouvement des corps plus lècs, plus folides;
mais les arbres & les plantes font alors plus compactes, plus îblides &ont
des pores moins larges; les fruits en font aufli alors meilleurs au goût,
à caufe que par ce moyen ils parviennent à une plus promte & une plus
|)arfaite maturité; ce qui ne fauroit jamais avoir lieu, tant que la cha¬
leur promène autour des fruits de pareils corps mous & fluides ; car pour
la maturité des fruits il faut une chaleur qui agite des corps folides & plus
petits : Sc de même qu’un pot qui bout fans couverture , exhale à tout
moment des vapeurs aqueufes , il faut que les parties minces & aqueufes
que les fruits contiennent , en foient expulfées comme en bouillant , &
s’exhalent enfuite par les ouvertures qui font au haut des Serres.
. On ne trouvera pas feulement infaillible ce qui vient d’être dit à l’é¬
gard des fruits qui meuriffent en plein air , & cela dans des années fort
pluvieufes où le Soleil luit fort peu ; mais aufii toujours , quand dans des
endroits renfermés & vitrés , on veut faire meurir des Raiflns ; fur-tout
quand les Serres font profondes & que la Viigne, de même que lès bran¬
ches , eft loin des vitres ; car les Raifins y deviendront bien alors d’une
groffeur ordinaire, mais ils ne meuriront jamais parfaitement, quoiqu’il
s’en faudra de peu ; ce qui ell caufé par les exhalaifons qui y voltigent
continuellement, qui fe fixent, étant comme condenfécs autour des fruits,
lefquels par ce moyen deviennent dans le commencement, avant que
de meurir , coriaces , fe moifilTent & fe pourilTent dans la fuite. Pour
prévenir cela, il faut à l’égard de tout ce qu’on cultive fous des vitres,
dans des Serres ou des CailTes vitrées , avoir foin de donner beaucoup
d’air, & lur-tout quand il s’agit de faire meurir des fruits qui ont la peau
mince & la chair pleine d’eau; ceux-ci, de même que les Melons préco-
Fcirtie IL Ff ces.
tzô L E s A G R E ME NS
ces, doivent être airés continuellement, pour laifler exhaler les parties
ignées, & cela par derrière, en y employant, pour les couvrir, plus
ou moins de couvertures de poil , félon que la gelée eft forte. Quand
à Taide du Soleil, ou par quelque autre moyen, les vapeurs ne font ni af-
fez liquéhées , ni féparées , la meilleure voie pour les pouffer en dehors-
eft alors le feu ; mais quand ces corps mous (confiftant pour la plus grande
partie en vapeurs & moins en exhalaifons) , fe fixent deffus& autour des
plantes, ou bien qu’ils y voltigent, comme il arrive fouvent en hiver,
que le Soleil qui n’a alors que peu de force, ne fauroit mettre affez en
-mouvement l’air intérieur au deffus du fond, ou bien que l’air extérieur
ell tellement gelé, qu’il n’y a pas moyen, à moins d’un dommage bien réel^
d’ouvrir ou de découvrir les Orangeries , les Serres , les Caiffes vitrées , a-
lors ces vapeurs font moifir & pourrir les plantes : cela arrive prelque tou^
jours lorfque par le moyen du fumier de Cheval on peut cultiver dans les
Mois de Novembre, de Décembre, & de Janvier,, des fruits précoces;,
& cela fur-tout encore quand on ne les lailîe par exhaler par derrière.
Il eft encore très néceffaire, que l’air renfermé dans les Orangeries,
dans les Serres & les Caiffes vitrées foit quelquefois rafraichi par un
‘ air de paffage ; tout comme le vent en plein air cliaffe les mauvailès ex¬
halaifons, qui nous environnent; deforte qu’on ne laiffera échaper au¬
cune occafion favorable, pour laiffer entrer par un côté un air frais &-
pur , & laiffer exhaler de l’autre, l’air chargé de parties corrompuîss &
mauvaifes; ce qui doit toujours être pratiqué, lorfqii’il ne fait pas trop
froid, ou quand il ne gclepas: «Sc afin que cet air extérieur en péné¬
trant , ne caulè aucun dommage aux plantes renfermées , on chaufera
un inffant auparavant l’air intérieur, en lui procurant une chaleur un
peu plus grande que celle qu’il doit avoir , pourvu cependant qu’elle ne-
foit pas nuifible. Pour être affuré de cela, comme aulîi dans la fuite,,
de laconltitution de l’air intérieur , quant au froid & à la chaleur, on
fe fert de Thermomètres, qui en décident infailliblement, & dont on
ne peut abfolument fe paffer; je les décris amplement, de même que les
expériences faites par leur moyen dans le Chap. IIL füivant, & je don¬
ne pareillement dans le Chap. IV. fuivant une defcription de l’air, &de
lès effets fur les plantes, comme auffi de la clialeur, du froid,- de la
pluie , de la neige, de la grele, des frimats, de la rofée & des vents. ^
Un air fpacieux & libre , pareil à celui dont les plantes jouiffent na^
turellement lorfque le Soleil les éclaire dans leurs Saifons fécondes , eft
celui qui leur fait faire la plus naturelle pouffe , & qui fert le plus naturelles
ment
ment aufïï à nourir leurs fruits : 'deforte que Tendroit le plus convenable
dans les Orangeries, dans les Serres, & dans les Caifles vitrées, ellce-'
lui où les plantes peuvent jouir d’un air libre , tel qu’ell celui qui le
trouve le plus près des vitres ; car on voit que c’eft là qu’elles croiflent
avec le plus de vigueur & qu’elles produifènt le plus de fruits ; ce à quoi
on ne doit jamais s’attendre de celles qui étant plus enfoncées , ne reçoi¬
vent point de Soleil , & cela fur-tout lorfqu’elles font trop ferrées ; c’ell
pour cela qu’il ne faut pas feulement placer les plantes ae manière que
près des vitres elles puilTent recevoir le Soleil, mais encore que leurs feuil¬
les, & leurs branches libres & dégagées, puilTent tout autour être àffedées
d’un tel air échauffé par le Soleil ; étant prcfque une erreur générale, par
laquelle quantité de plantes fe gâtent & périflent, & par laquelle auffl la
prématuration des fraits réuffitfouvent très mal, qu’on fait trop d’ufage &
même un mauvais ufage des Orangeries, des Serres, des Caifles vitrées; je
dis trop, fâ voir quand on y gêne trop les plantes , quand on n’y lalfle pas
le moindre vuide , ce qui réellement eft un abus pernicieux ; car c’elî la
même choie , que lî un nombre fort conlidérable d’hommes étoient obli¬
gés de demeurer enfemble près à près dans un Üeu renfermé, fans aucun
rafraichiflement d’air : puifqu’il elt certain que , lî parmi une quantité
de plantes fort ferrées, il s’en trouve quelques-unes d’une mauvaifecon-
llitution, & dont par conféquent les exhalaifons foient plus corrom¬
pues, ces dernières infeéieront leurs voilînes & celles-là d’autres. On fe
trompe encore quand on place des plantes qui doivent être affeélées di-
verlèment de l’air, de plus ou de moins de chaleur ou de froid, près les
unes des autres , ou bien de telle manière quelles jouiflent de la même
chaleur & du même froid , comme cela eft immanquable dans les Oran¬
geries, dans les Serres, &c. où l’on a placé enfemble ces différentes for¬
tes de plantes.
La règle fondamentale pour cultiver les plantes tendres & pour a-
vancer les Saifons , eft principalement d’imiter leur poufle naturel¬
le , afin qu’autant qu’il eft poffible elles foient de tems en tems affec¬
tées de la manière qu’elles le font naturellement en plein air : on trouve
à cet égard que celles fur qui la pluie diftille , ou celles qui font trop fer¬
rées, ne deviennent jamais bonnes , & ne produifènt pas de bons fruits ;
comme auffi que la Nature, rélativement à la poufle & à la maturité des
fruits, produit félon la diverfité des Saifons, fur une plante, un effet
différent que lîir ime autre ; ce qui fait qu’en tout tems danslePrintems,
dans l’Eté, dans i’Autonne> & même dans l’Hiver, on a des fleurs &
des fruits. Ff 2 La
228 LESAGREMENS
La Nature nous apprend encore, qu’il n’eil: pas pofTible dé cultiver
enfemble, dans un endroit renfermé, où il y a la même conftitution d’air,
des Cerifes, des Pêches & des Raifins; parce que les Pêches & les Ce-
rilès n’ont pas befoin au tems qu’elles fleurifTent d’une aufîi grande cha¬
leur que les Raifins. Les Cerifes , outre cela , meuriflent en moins de
tcms, & par la chaleur ordinaire de l’Eté; au-lieuque les Pêches, quoi¬
que plutôt fleuries , ont befoin de beaucoup plus de tems pour croître &
pour meurir , & ne font bonnes à manger qu’en Autonne. De plus les
unes & les autres fleurifTent avant que d’avoir des feuilles: on voit le
contraire à l’égard de la Vigne , puifque fes fleurs fe manifeflent au mi¬
lieu de l’Eté, lorfque la chaleur efl à fon plus haut degré, & deux mois
par conféquent après lapoufTe desSarmens & après que le fruit s’efl: mon¬
tré; d’où il fuit évidemment qu’il n’efl pas pofTible de cultiver enfemblc
des Cerifes &des Pêclies dans des Serres où il y a des Cerifes &des Pêches.
Traitant dans le Chap. V. fuivant, de la Terre & de fon ufage, on
dit auflî que les arbres & autres plantes prennent une meilleure & une
plus naturelle nourriture , étant plantés dans un vafte terrain , que lorf-
qu’ils font plantés dans un terrain fort reflerré , comme dans des pots
ou dans des CaifTes : ce qui doit fur-tout être obfervé quand il s’agit de
prématurer les fruits dans les Saifons , les arbres devant être plantés
derrière les vitres contre les murailles des Serres dans un terrain fpacieux
& libre , de telle manière que leurs racines puifTent par devant chercher
& tirer leur nourriture en long & en large dans la terre extérieure, &
aufll profondément; étant très remarquable,, par raport à ces arbres
plantés en plein air, que quand on rechaufle par le feu les extrémités de
leurs racines & de leurs branches , on avance la Saifon de cinq mois ou
peu s’en faut, par cette chaleur intérieure, pourvu que devant ces Serres
la fuperficie de la terre , où les arbres & les Vignes font de fortes raci¬
nes, foit couverte contre les fortes gèlées,. d’un peu de paille détachée;
alors lapins rude gelée ne fera pas le moindre tort à la racine des arbres,
ni ne retardera en aucune manière leur pouffe.
Je diftingue les Serres , qui fervent h prématurer les fruits, en chaudes
& en froides ; étant les unes & les autres fabriquées de telle manière ,
que par devant en terre fous les vitres il n’y a aucune féparation de mu>*
raille ou de planche, afin de ne pas empêcher les arbres, qui y font ren¬
fermés, de pouffer leurs racines dans la terre extérieure: les fenêtres vi¬
trées font par-embas dans la rainure d’un foliveau , lequel repofe fur trois
petits piliers pour l’empêcher de bailTer , 6c contre ces pilliers on cloue
- une
DE LA CAMPAGNE.
^29
une planche étroite de deux pouces d’épaifleur , laquelle defcend jul^
qu’à la fuperficie de la terre commune , enforte que la terre qui eft dans
la Serre, foit égale & de niveau avec celle de dehors. Les fenêtres vi¬
trées de ces deux fortes de Serres , font par embas & par en- haut à peu
près à une égale dillance des arbres qui y font plantés, & cela afin que
ces arbres puilTent profiter autant qu’il eft poflible , de l’air & du Soleil.
Voyez pour ce qui regarde une plus ample defcription de ces Serres le
2 Cbap. fuivant du 1 Livre: & vers la fin du Liv. 111, où l’on traite en
particulier de la manière de cultiver les Vignes dans des Serres artificL
ellement échaufées.
On trouvera de plus exaélement dans chaque Chapitre du prémier LU
vre^ félon fon fujet, ce qu’on doit obferver à l’égard de la manière de
cultiver les Plantes d’un Climat plus chaud, comme aulTide celle d’avan¬
cer les Saifbns.
Le Second Livre commence par un Traité concernant la manière
de cultiver des herbes potagères, des légumes, fous le nom de Potager,
auquel appartiennent aufll le Laurier, le Romarin, & le Thym, dont
les feuilles font bonnes à-alTaifonner les Sauces, de même que les racines
du bois de ReglilTe & la Rhue.
|e divifè en lèpt clalTes les herbes du Potager.
De la prémîère efpêce font les fruits bons à manger qui croiflent fous
terre: je les appelle herbes patagères, comme Oignons, Ciboules, Echa-
lottes. Porreaux, Reponces, Navets (lefquels font dans nos Potagers
extrêmement gras , fort amers & pleins de piqûres de vers , c’eft pour¬
quoi on les feme avec plus de foccès après la moifibn dans des champs
fablonneux) , Carottes de toutes les fortes, comme jaimes, de couleur o-
range, blanches; des racines de Perlil, de Sallifix, de Scorfonnerres , de
la PafTerage , qui fervent à alTaifonner les mêts.
De la fécondé efpêce font les Afperges, les Choux de toutes les fortes,
comme Choux-fleurs, blancs, rouges, frifés, cabus, pommés; déplus
du Celeri & du Fénouil.
De la troifème efpêce font les Fèves de Marais, dont les Anciens ne
font aucune mention, les Haricots, les Pois tant à écoffes que des autres
de différentes fortes: il y a plus d’efpèces diverfès de ces prémiers que
des féconds. Il y a des Pois dont on mange les coffes , lefquelles font
meilleures que les grains : il y en a parmi ceux-ci de plus précoces & dé
plus tardifs qui font fucrés ; des petits précoces , & d’autres plus tar¬
difs, gros, larges, crochus, comme auffi des bâtards : de ces derniers,
F f 3 qui
2^0
LES AG REMENS
qui font moins larges , mais qui font remplis 'de quantité de gros
grains: outre cela encore des Pois nains qui rampent prés de terre. Par¬
mi les Pois à écofles , dont les cofles font plus dures , lefquels on ne
mange point àcaufe de cela, il y en a de blancs, deeoiileiir pafTée, de
gris, des bleus, & des verds,& de chacune de ces elpèces encore d’au¬
tres efpèces , lerquelles ne fe cultivent guère que par les Curieux dans les
Potagers de leurs Mailbns de Campagne, & cela pour les manger verds
éc tendres ; les pois verds fécliés croilfent pour Pordinaire dans les
<:Iiamp3, fans être ramés, mais en rampant; les Pois ramés des Jardins
potagers font infiniment meilleurs.
De la quatrième efpèce font les plantes rampantes, comme les Fraifos,
les Melons de plulieurs diftérentes fortes, les Concombres & les Citrouil¬
les , dont il y a moins de fortes différentes : ces dernières au refte
font un mauvais mêts, difficile à aprêter, deforte que de même que les
Courges, elles ne méritent pas d’occuper une place dans un Potager.
De la cinquième c/affe font toutes les fortes de Salade, comme Laitues
pommées de plulieurs elpèces différentes, de la Doucette, de la CJiico-
rée , des Epinars , de la Poirée , du Cerfeuil , du Pourpier , de l’Ofèille
& du Ferfil.
De la fixième efpèce font les fruits de Chardons, comme Artichots
francs & làuvages,appellés Cardons, dont les cotes ayant été liées, &
par ce moyen étant devenues blanches & tendres , font bonnes dans de
longs bouillons.
De la feptième efpèce font les fournitures de Salade , comme du Bali-
lic, de la Bourache, de la Ciboulette, de la Meliffe, de la Sariette, de
la Menthe, delà Marjolaine, du Calament, de la Pimprenelle, de la
Roquette.
Toutes ces plantes, ces Arbriffeaux, & ces herbes, font décrits am¬
plement dans le Chap. IF, du Second Livre', en attendant il eft bon de
remarquer, que la plupart des herbes ne fe multiplient que de fomence.
Les Fraifes fe multiplient cependant de plants enracinés. Les Artichaux,
l’Eftragon , la Ciboulette & l’OzeilIe frandie , de touffes éclatées. Les
Chalons & les Echalottes , de Cayeux ; & la Pafferage de lès fommités.
Pour femer avec fuccès , il ne lüffit pas d’avoir foin de recueillir de
bonne femence , d’en connoître les bonnes qualités , & de lavoir fi elle a
été produite de fon propre fruit ou d’un épi ; mais on ne doit pas non
plus ignorer ce qu’il faut faire avant , pendant & après la femaille. 11 faut
de plus connoître la nature de la terre la convéxité du fondj^c quels
font
DE LA CAMPAGNE.
font les grains de femence germés qu’on doit laifler où ils font venus j
& quels lônt ceux qui doivent être tranfplantés , comme aiilTi le tems
convenable pour cela. De plus il faut favoir quelles font les plantes dont
on doit femer les graines d’une année , & quelles font celles qui produi-
fent de meilleurs fruits, lorfqu’elles font venues de graine de deux ou d’un
plus grand nombre d’années. J’ai traité fort amplement de tout cela ,
comme aulTi de la purge de la terre en arrachant les mauvaifes herbes,
& des plantes femées qui viennent trop ferrées, dans Je 111. Chap.du fé¬
cond Livre.
La culture, l’entretien & la confervation des Herbages demandent u-
ne grande & continuelle application : c’ell-pourquoi j’ai cru ne pouvoir
mieux placer la culture du Jardinage pour chaque mois,fuivant le cours
de l’année , comme aufli quels fruits & quelles fleurs cliaque mois pro¬
cure, qu’à la tête du Potager , deforte que cela fait le fujet du 1 Chap.
du fécond Livre.
je mets de la différence entre le Potager , dont les fruits fervent
uniquement au ménage ,. & les diamps Potagers que travaillent & cul¬
tivent en Hollande certains Jardiniers pour le profit. Nos Potagers,,
placés contre les brifè-vents qui les entourent , font communément envi¬
ronnés de Cloifons, du moins à l’afpeâ: le plus chaud du Soleil, pour ÿ
cultiver certains fruits , lefquels fans ce moyen ne meuriroient jamais ,
ou du moins qu’imparfaitement dans ce Climat.
Dans le Chap IL du Jecond Livre , j’aï donné un plan d’un tel Pota¬
ger garni de fruits délicats & fins , comme Raifins , Pêches , Abri¬
cots , Cerifes , &c. Ce Potager eft environné en quarré d’un folTé , en
partie pour faciliter l’écoulement de la trop grande quantité d’eau de pluie
qui tombe au Printems & en Autonne, & en partie aulfi afin que les ar¬
bres plantés pour rompre les vents fîirieux, ne confument pas par leurs
racines trop étendues la graiffe de la terre , comme aulTi pour avoir plus
de fureté, & pour faciliter tout ce qu’on doit y apporter ou en tranfporter.
On peut objeéter à cela,, que les jeunes arbres (vu que les Cloifons ne
font qu’à fix pieds de diftance du fofTé) courent plus de rifque que leurs
racines ne foient rongées par les Rats-d’eau ; deforte qu’il vaudroit mieux.
Quand on n’a pas foin d’attraper ces animaux fi nuifîbles, ce qui peut fe
faire cependant fans peine par le moyen de quelques ratières ou trapes,
de ne pas creufer des foffés près des Cloifons , & de rogner tous les deux
ans les racines des Ormes à la diflance de huit ou dix pieds de la Cloi-
fom
LES AGREMENS DE LA CAMPAGNE.
J’ai traité dans les Chap. 8, 9 5 £5? 10 âuprémier Livre de la pré-
mère Partie ^ en général 5 de la manière de travailler les Fonds & de
les amender parle moyen du fumier; deforte que je n’y reviendrai plus,
quoique la dernière de ces chofes appartienne proprement à cette fécon¬
dé Partie , puifque le Potager & les arbres plantés dans des Pots ou dans
des CaiiTes ont befbin annuellement de plus d’engrais, que les arbres
francs & fauvages , lefquels ont rarement ou point du tout belbin de fu¬
mier: mais je renvoie le Ledeur aux Chapitres que je viens d’alléguer.
J’ai traité dans les Jîx Chapitres du troijîème Livre fuivant^ de la ma¬
nière de planter & tranfplanter, tailler, & cultiver les Orangers, les
Citronniers , les Limoniers , comme auiTi de la manière de les foigner
pendant l’Hiver ou l’Eté; après quoi fui vent quelques remarques tou¬
chant certaines plantes.
Je donne enfuite des oblèrvations exades touchant la culture de la
Vigne & la manière infaillible d’avoir des Raifîns dans des Serres échau-
fées par le feu.
On trouvera encore ci-après la véritable manière de cultiver furement
des plantes & des fruits d’ Ananas; & comment il faut les foigner pen¬
dant l’hiver dans les Serres chaudes , & pendant l’Eté dans les Caifles vi¬
trées garnies de Tan.
Le tout enfin finit par une ample dédudion touchant la culture des
Tubereufès , & par une dédudion moins détaillée toucliant les autres
fleurs en général.
LES
LES
A G R E M E N S
DELA
CAMPAGNE,
O U
REMARQUES PARTICULIERES
Sur la manière de cultiver les Plantes en avançant les Saifons,
SECONDE PARTIE.
LIVRE PREMIER.
CHAPITREE
Obfervatîons fur la manière âe conjlruïre des lieux convenables pendant
- r Hiver gep de s'en fervîr : ou des Orangeries , Serres échauffées par le
- feu Ê«? autres Caiffes vitrées^ fixes mobiles^ Murailles iCloifons y
iffc.
^ qui mérite en prémier lieu d’être confideréici c’eftl’expo-
fîtion au Soleil , celle qui eft au Midi étant la meilleure de
toutes en liiver pour les Serres & les Caifles vitrées. Mais
quant aux Murailles & aux Cloifons, celles fiir lelquelles les
rayons du Soleil font à dix heures ou à dix heures & de¬
mi des angles droits , font d’un meilleur & d’un plus grand ulàge , n’é¬
tant pas 11 ardens, & recevant au Printems le Soleil de meilleure heure.
Tout ce qui au devant desBàtimens s’éloigne de l’expofition au Midi,
eft nuifible ; Péloignement de cette expolition vers ie Couchant eft plus
Fartie IL G g nui-
23+ LES ÂGRE'MENS
!
nuifible qaç vces ^Orient-: de. m^me les murailles expofées ^ Sud-ell
font préfà’àibles k éelles qui font; au Sud-oueft. Toutes les Orangeries,
les Serres échauffées par le feu & autres, leS'Murailles(Sc les Cloifons, font
infiniment meilleures lorfqü’elles font en droite ligne ou tirées au cor¬
deau, que lorfqu’elles font convèxes ou concaves.
Les Serres convèxes rendent le moins de fer vice, fîir-tout pendai^
riiiver , quand le Soleil donne une chaleur naturelle feulement depuis dix
jflifques à deux heures; car pour lors , la rude gelée pénétrant vive¬
ment , il y aura plufieurs vitres qui ne recevront point du tout de ra¬
yons folaires ou tout au plus fort obliquement , ce qui fait que les plan¬
tes qu’elles couvrent ne reçoivent que peu de chaleur ; tandis que les au¬
tres, vitres, fur lefquelles le Soleil ne donne point du tout, lorlqù’on
les découvre, ne fauroient être comme il faut mis à Tabri d’une gelée
rude; &, fi on ne les découvre point, elles empêcheront l’air réquis d’y
parvenir. Outre que ces dernières ne reçoivent pas affez de chaleur,
parce que le Soleil darde toujours fes rayons perpendiculairement dan?
un même point: aufii rendent-elles moins de fervice à proportion- dè
leur grandeur & de l’air qui y efi renfermé ; & , en général , on ne lauroit
non plus les bien couvrir contre une forte & rude gelée.
Celui donc qui fera conftruire une SeiTe échaufée par du feu en droi¬
te ligne , ne fauroit mieux faire , que de placer derrière elle au Nord
une efpèce de Serre que nous norumons Trek-kas^ pour y mettre pen¬
dant l’Hiver les plantes qui font dans des pots ou dans des Caifles, &
qui. ne fauroient réfifter autrement au froid de l’Hiver , laquelle pourra
dans ce cas-là être écliaufée par un feul & même poele. Encore eft-Ô
très bon d’y conftruire par derrière une loge, pour couvrrir les deux
Serres : dans la Muraille mitoyenne on place les conduits pour l’exhala¬
tion des vapeurs de la Serre, lefquels doivent avoir leur fbrtie dans le
grénier de la Loge. Cette Serre doit être intérieurement par devant ,
haute de 1 2 I pieds, & par derrière de ip; de plus large de pi pieds, &
longue de 5oà 3 1 ; le Poele pour la Serre fuivante occupant les 8 ? pieds
qui reftent. La Serre doit être pourvue en-haut de fenêtres placées ob¬
liquement, lefquelles il faut couvrir pendant l’Hiver, comme on le re¬
commande dans le 2 Cbap.Jüivant, La Serre échaufée par le feu, qui
cfi; placée au devant, doit être telle, qu’on l’a indiquée dans le 7 Chap.
où l’on traite du Poele, fig, L étant, fuivant la place coupée par le mi¬
lieu qui y efi jointe 7^. IL intérieurement au delTus du fond , par deffus
le pavé des conduits , liante par devant de 8 I pieds & par derrière de
6, &
DE L A C A M P A G N E. 23^
-(î, & longue intérieurement de 39 I ; les fenêtres a ont 8 pieds de liaut^
ce qui déborde par en-haut ^ a i î pied :1a Serre c eft couverte de tuiles :
le vuide qui efi; fous les tuiles d eil rempli avec du foin : e font les con¬
duits pour la fumée: la muraille de brique qui eli: fous la Serre / a 2 î
pieds de haut: la Serre a par delTous fur les conduits pour la fumée 6%
pieds de profondeur : la muraille qui fépare les deux Serres eft jiifqifà
ia goutière, de deux briques; & les vitres qui font par deflus devant k
Serre ont quatre pieds de haut.
Les vitres qui font devant les Murailles qui font derrière les Serre#
échaufées par le feu ou autres, doivent, félon qu’on ena befoin dans les
faifons, être plus ou moins penchées en arrière. Une Muraille penchée
en arrière contre une Terraffe ou un ados, lesquels on peut couvrir par
devant avec des vitres , eft extrêmement propre pour y placer une Vig¬
ne, qu’on n’échaufe pas par le feu, parce qu’à caufo de cette pente les
vitres font par-tout à une égale diitance de la plante. On peut, foloa
la figure ci-jointe , conftruire une pareille Serre avec plus ou moins de
fenêtres : elle penche 9 pouces fur chaque pied : elle a en pente par en-
iiaut £5^ pouces en dedans des fenêtres, lefquelles font hautes de 61 pieds,
de larges de 3 Comme le Printems avance davantage, lorfqu’on fo
fert de cette Serre, on pofo enfuite les fenêtres plus obliquement: Ôc
comme l'air qui y efi: renfermé, ne làuroit être échaufé par le feu mir
-toyen, il ne faut pas hâter lîcôt la pouffe des plantes qui y font renfer-
.^nées, parce qu’une gelée inattendue furvenant pourroit nuire beaucoup
aux tendres rejettons, fur-tout quand il n’y auroit pas moyen de les en
garentir par la couverture : deforte qu’il ne faut pas fe fervir d’une telle
^rre froide avant le mois de Février, quand le Soleil montant plus haut
de jour en jour, fait pénétrer plus vivement fes rayons ali travers des
vitres plus penchées ; & comme cette Serre efl pourvue au haut d’un pa-
rafol, il efl impoffible que les petites ouvertures d’en-haut donnent dans
les mois de Mai, de Juin & de Juillet, une quantité fuffifante d’air,
c’efl-pourquoi on ouvre de tems en tems les petits volets qu’on a prati¬
qués au bas, & par ce moyen on donne plus d’air.
Les Croifées , & par conféquent auffi les fenêtres d’une place d’Hiver
pour les Orangers & les Limoniers, font droites , parce qu’on ne fauroit
les fermer autrement fi bien contre la gelée: celles des Serres édiaufées
par le feu font un peu penchées en arrière, parce qu’au commencement
du Printems elles font d’un plus grand ufàge ; celles des Serres fans feu pour
des Vignes ou autres, defquelleson fe.fert le plus après l’Autonne , font
G g 2
236 LES A GRE ME NS
encore plus penchées ; & tout cela pour recevoir les rayons folairés îé
plus perpendiculairement qu’il eft poflible, comme cela eft indiqué dans
les figures.
Dans les Serres d’Hiver a haut étage, qui font couvertes par devant
de beaucoup & de hautes vitres, les Plantes feront beaucoup moins af-
feétées des vapeurs voltigeantes: mais d’un autre coté il faut remarquer,
que ces endroits font fort expofés à la gelée fur les vitres & fur les jointu*-
res : & cela d’autant plus encore que pendant l’Hiver il geîe fou vent
longtems de fuite , & il fait un air fombre ; deforte qu’il eft difficile alors
de défendre contre la gelée des endroits fi vaftes : cependant quand l’O¬
rangerie eft conftruite de manière qu’on la peut couvrir <Sc fermer
comme il faut , ainfi que nous le dirons dans k fuite , on ne doit rien
craindre pour la gelée , parce qu’alors on faifit toujours le tems que le
Soleil luit clairement pour la rechaufer. Je trouve cependant fort bon ,
quoiqu’on n’ait pas belbin de feu pour rechauffer , de ne point le négli¬
ger à cet égard , à caulè des accidens qui peuvent liirvenir. J’ai trouvé
que la gelée pénètre rarement dans la terre à plus de dix-huit pouces de
profondeur : j’ai même trouvé que la glace dans cet Hiver fi rude & fî
long de l’année 1684, tems auquel il gela pendant dix-fept femaines de
fuite, & même avec toutes fortes de vent, n’étoit pas feulement épaiffe
de deux pieds.
Onabefoin, pour donner paffage aux vapeurs voltigeantes & aux
mauvaifes exhalaifons, auxquelles on eft fort lujet dans les Orangeries
fermées, & encore plus dans les Serres échaufées parle feu, de tuyaux
ou conduits , dont l’ouverture la plus éloignée du feu foit dirigée en en-
haut. Ces conduits font aufli par devant plus larges, que par derrière,
où ils vont en fe retréciffant , pour laiffer entrer moins de froid. Pour
prévenir cet inconvénient, & faciliter encore davantage la fortie des va¬
peurs, il eft néceffaire que la prémière évacuation fe laffe dans la place
renfermée, parce qu’autrementla preffion du froid & du vent extérieurs
condenlèroient par k contre-preffi on les vapeurs, & les empêcheroient
ainli de fortir ; c’eft pourquoi on fera conftmire en même tems par de¬
hors des cheminées tout-k*fait fembkbles à celles des Serres échaufées
par le feu (par le moyen defquelles k fumée communique k chaleur
qu’elle a reçue du feu , &. fort lèulement enfuite): car* pour lors le froid
ne pénétrera pas au travers des jointures de ces conduits, quelque pré¬
caution que Fon prenne. Qiiant à l’évacuation de ces vapeurs humides,
les endroits, renfermés , & plus encore ceux qu’on échaufe par k feu ou
par
DELACAMPAGNE. 2^7
par quelque autre chaleur ^ ne îaiflent pas que d’en contenir, & ces humeurs
chaudes étant pénétrantes , font périr dans peu toutes choies : deforte
qu’il efl d’une nécelîité indifpénfable de faire maiTonner tout ce qui peut
être fait de brique, &cela avec des briques fort dures & fort compares,
leiquelles doivent être pofées comme il faut dans de la chaux mêlée avec
un peu de ciment , pour réfifter au froid qui pourroit entrer : pour cet
effet de la chaux bien préparée & bien cuite avec de k brique efl préfé¬
rable à celle qui efl faite de coquille brûlée.
On iè fervira pour tout ce qui doit être fait de bois , du bois de Sapin
de Norvège, d’arbres âgés, comme étant le plus durable, & moins fu-
jet à fe pourrir que le Chêne: ce bois de Norvège étant, comme il
a été dit dans la 7 Partie , dans le II. Chap. du cinquième Livre fous
l’Art, du Fin Sauvage^ le meilleur; car il eft dur, compaéfe, chargé
de beaucoup de réfine, & le moins fujet à fè fendre. On n’employera à
ces Bàtimens aucun autre bois , comme étant moins durable.
On fera fier de ces meilleures Poutres de Norvège le bois pour les
eroifées, & tout ce qu’on doit employer dans l’intérieur en Solivaux:
pour les revêtements intérieurs des Portes, des Volets, des Planchers, &
des Toits, on fe fervira de pareilles planches de Norvège, ou, k leur dé^
faut, du meilleur Sapin de Nerva.
Le bois de Chêne qui defcend Rhin , eft plus durable que celui de
Norvège ; & celui de Weefèl l’efi encore davantage ; mais comme ce
dernier eft fort dur & fort noueux ,& fujet par-là à fè courber, on auroit
tort aulli de l’employer à ces fortes de Bàtimens.
Les fenêtres extérieures, & les chaflis des- vitres doivent être faits
d’ais de Chêne qui ne foient pas fort rudes : lefquels doivent aulfi avoir
perdu entièrement leur fève & avoir été féchés pendant plufieurs années
en plein air,expofés à la pluie, au vent & au Soleil, drelTés pour cet effet
à jour , & encore être féchés à couvert parfaitement avant que de s’en
lèrvir. C’eft une règle générale , que tout ce qui doit fervir à bâtir u-
ne Orangerie, une Serre échaufée par le feu,, ou fimplement vitrée,,
de même que les Caiffes vitrées, doit , avant qu’on l’emploie , être parfai¬
tement fèc, afin d’être affuré qu’il ne fè fendra pas quand on l’aura
employé , ou qu’il ne deviendra pas fujet à fe fendre : car tout le boifa-
ge doit être uni , fans fentes , poli , bien joint & exaéfement ferré. Les
Croifèes doivent être faites juftes félon l’équerre , ayant par dehors des
rainures doubles pour les fenêtres , & par dedans trois rainures pour des;
volets doubles: les rainures doivent être faites de manière que les fenê-
Gg î très
L E,S A G R E M E N S
■ 238
très s’ouvrent aifément , <Sc celles du feuil inférieur de manière qu’elles ne
retiennent pas l’eau. Tout bois qui eft cloué fur bois, ou qui joint
dans ou fur d’autre bois , doit être peint avant toutes chofes d’une pein¬
ture épaiflé, & être joint ainfi par le moyen de cette peinture avant
qu’elle ne foit lèche : mais tout ce qu’on peint d’huile ou de peinture a-
près la bàtiflè, doit être parfaitement fècjafin que l’huile imbibée & la
peinture enduite, par la croûte qu’elles forment, empêchent d’autant
mieux l’humidité d’entrer dans le bois , dans le tems qu’elles empêchent
autrement l’évaporation des fucs qui y font reftés , lesquels fucs mis dans
la fuite en plus grand mouvement par la chaleur , font pourrir d’autant
plutôt le bois.
Le fin & le meilleur fer de Suède périt bientôt par les humeurs chau¬
des: c’eft-pourquoi on ne s’en fèrvira point; mais on prendra le meilleur
fer d’Allemagne , qui efi: plus dur & plus grolîier ; & afin que la rouille
ne le gâte pas tant, on le plongera tout ardent dans un pot d’huile, a-
fin qu’elle le pénètre : on fera la même choie aux fers qui Ibutiennent
les vitres, & en général à toute la ferraille qui eft cxpolèe à l’air & à
l’humidité > & enfuite on aura foin de la peindre : ces fers , quand il s'a¬
git de vitres, de Serres ou de Caifles vitrees, doivent être attachés par
dedans.
, Le verre fin & mince, ou bien les glaces, quoique les rayons folai-
res y pafient mieux , font inutiles fans compter qu’elles coûtent fort
cher, parce qu’elles fe calfent plus aifément, & qu’elles fe gâtent plu¬
tôt. Le Verre mince d’Allemagne ell pareillement fort agile , &
fe gâte aulTi en moins de tems qu’une efpèce de Verre plus grof-
fier, lequel ell connu en Hollande fous le nom de Gilde-glas: quand
ce dernier tire llir le jaune , il eft le moins fiijet de tous à le gâ¬
ter , & il eft le plus propre de tous à fervir , quand il eft uni, làns de cer¬
taines petites ondes, convéxités ou cavités: je dis qu’il doit être uni &
poli , parce que les convéxités font les miroirs ardens , & brûlent ainfi
les plantes renfermées ; dans le tems que les autres défauts allégués em¬
pêchent la pénétration des rayons folaires. Le même elfet eft aufii pro¬
duit par le Verre fale: pour cette raifon on le lavera pour le moins deux
ou trois fois l’an avec de l’eau de pluie, quand il fait un air couvert, &
on le purifiera ainfi de toute ordure ; auquel cas il ne fe gâtera pas non
plus fitôt. Les Carreaux ne doivent être ni trop grands ni trop petits,
fur-tout quand ils font enchalTés dans du plomb, & cela fort exaèlement,
comme aufii lorlqu’ils font enchafles dans du bois, par le moyen d’une
cer-
* Jk
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DE LA CAMPAGNE.
èertame pâte ou compofîtion; car outre que les grands carreaux font
fort fragiles, on ne peut pas non plus les faire joindre li bien , ni les fai¬
re tenir fi ferme dans le plomb; & quand ils font trop petits, le plomb
intercepte trop de rayons fblaires.
Le plomb des vitres doit être aufil d\ine jufie largeur; afin qu’on
puifTe faire joindre les carreaux exaêlementjildoit être épais dans le cœur,
& avoir des côtes d’une grofleur raifonnable , car lorfque ces côtes font
trop minces 5 elles font fujettes àfe recoquiller par l’ardeur du Soleil, com¬
me aufiTi à force de les couvrir & de les découvrir; lorlqu’elles font trop
grofies, on ne làuroit les refermer comme il faut, en y remettant des
carreaux neufs à la place de ceux qui ont été cairés;&le cœur étant trop
mince , il arrive que les carreaux s’afFaiflent aifément au travers du
plomb. Il ne faut jamais employer, pour lier les vitres, de plomb tiré
dont fc fervent les Vitriers , mais fe fervir de plomb non tiré, d’une é-
paifieur raifonnable; & cela afin que les vitres, fur-tout celles des fenê¬
tres penchées , foient d’autant moins fujettes à s’aftaifler. Encore faut-
il que tous les bouts qui fe joignent foient foudés exaétement & uniment.
Pour foigner pendant Thiverfans le fecours du feu, foixante Oranger^
dans des Caifies, & quelques autres petites plantes dans des pots, je crois
que rOrangerie, félon la figure ci-jointe ,& félon la mefure de Rhinlan-
de , doit avoir intérieurement cinquante-quatre pieds de long , vingt de
large , & feize en hauteur , depuis le fond jufqu’à la partie inférieure des
folives , & que le pavé doit avoir deux pieds de haut de plus , que la fu-
perficie du fond du Jardin. Elle doit être de plus de toutes parts envi¬
ronnée d’une double muraille : la muraille extérieure doit être lafge d’u¬
ne brique & demi, & avoir au Nord & à l’Eft un vuide ou un intervalld
de fix pouces, & de quatre au Sud& à l’Otiefi:; enfuite vient la murail¬
le intérieure, large d-’une brique, cette muraille ayant au deflus du fond
la hauteur de dix-fept pieds , & la muraille extérieure deux pieds & de¬
mi de. plus. Ces doubles murailles doivent relier ouvertes par le haut,
non feulement afin de pouvoir remplir comme il faut cet intervalle de fix
pouces avec du fon bien fec de Sarrazin , quand les murailles feront
parfaitement feches, mais aiifii afin de pouvoir le remplir continuelle¬
ment à mefure que ce fon s’aflfailTe. Ces murailles féparées font de qua¬
tre pouces plus balTes que le pavé, lequel eft pofé dans du ciment de bri¬
ques placées de plat, fur un autre pavé. Ces deux murailles doivent ê-
tre foutenuçs dans quelques endroits au Nord par des crampons minces
■& ronds ÿ il faut auüi queles briques, quand on maifonne toutes les mu¬
railles
LES AGREMENS
railles, foient trempées comme il faut, bien* enduites de chaux, &quc
leurs jointures foient bien fermées: comme aulfi les murailles féparées,
lefquelles à mefure qu’elles rehaulfent, il faut enduire par dedans uni¬
ment avec de la chaux , pour empêcher encore d’autant plus que le froid
ne pénètre, & afin auffi que le fon de Sarrazin s’arrange mieux;
Les Solives de cette Orangerie ont dix & douze pouces relies font gar¬
nies par delTous d’ais de 4 pouce, ce qui fait un plancher de i | pouce,
il en faut lailTer le tiers ou le quart, fans être cloué, pour pouvoir remplir
de nouveau l’intervalle avec du fon de Sarrazin , quand il vient à s’aC-
failTer. Immédiatement fous les Solives garnies, il y a par derrière des
conduits pour les exhalaifons. Les Solives du faîte & les apuis font des che¬
vrons de 7 & P pouces ; ce que nous nommons Spruitcn de j & 7 pou¬
ces: les chevrons de 4 & 6 pouces; le faîtage de 4 & 5 pouces: la mu¬
raille qui fait le fond de la goutière, de 4& 16 pouces; fur laquelle doit
être pofée une planche de 2 de de 12 pouces. Ce toit doit être couvert
avec des planches d’un pouce & | , bien exactement jointes enfemble par
le moyen de rainures , fur le/quelles il y ait des ais de | , enfuite avec
des lattes , &: celles-ci enfin avec des tuiles.
Au milieu de la muraille extérieure., vers le Couchant, fiir un para¬
pet de I 1 pied au-deflusdu pavé doit être mile une croifée, laquelle làns
î’épailTeur du bois doit avoir 14 ? pieds de haut & 6 pieds de large; le
lèuil de cette croifée ell une pierre bleue, large de 1 1 pouces, & épailTe
de 8 , avec de doubles rainures. Le bois du haut de la croifée a 1 1 &
8 pouces ; & le bois pour les vitres au deffus du feuil 6 * pieds : les pi¬
liers ont 6 & I J pouces ; & le bois pour les vitres 6 & p pouces. La
croifée doit avoir au haut une fenêtre fixe, & une en-bas qui puilTe mon¬
ter & defeendre; lefquelles on ferme par dehors, parle moyen de qua¬
tre fenêtres (favoir deux en-haut &; autant en - bas) , d’ais de chêne de
:l pouces, clouées en double, avec de doubles rainures, chacime pro¬
fonde d’un pouce.
Au milieu de la muraille intérieure au Couchant, il doit y avoir aufll
à la même hauteur, une Croifée de la grandeur prelcrite; mais leslèuils,
dont l’inférieur cft pareillement une pierre bleue, ne doivent avoir que 8
pouces en quarré , les piliers & le bois pour les vitres 6 & 8 pouces. On
pofè devant elle par dedans quatre volets, dont les traverlès ont intérieure¬
ment 2 & 3 I pouces : les cadres des vitres font des Solivaux de 4 & 6 pou¬
ces, avec de doubles rainures , chacune de la profondeur d’un pouce, mais
celle du côté intérieur de ^ pouce. Les volets font doublés des deux côtés de
D E L A C A M Ê A G N E. 24.1
planches de » ; il doit y avoir'au milien^ dô chaque volet une planche dé¬
tachée, qu'on afTujettit par le moyen de tourniquets, pour pou voir en tout
tems combler la cavité mitoyenne, laquelle elt remplie de fon de Sarra¬
sin. Ces volets doivent être attachés par des gonds à des pantures en é-
querre , & fe fermer par des verroüx' plats.
' Ces croifées pofées à quatre pouces de diftancc les unes fur les autres ^
doivent être jointes enlèmble par le moyen d’une planche de deux pou¬
ces au côté extérieur des poteaux, pour empêcher que le fon de Sarra¬
sin ne vienne k le diiriper. 11 faut aulfi que l’ouverture, qui eft fous les
feuils, foit couverte d\ine pareille planche, mais fixée par des vis.
11 faut pofer dans la muraille intérieure & extérieure au, Midi, quatre
croifées intérieures avec des volets faits de même hauteur , largeur &
grandeur que je les décris: & cela quatre pieds hors deda façade k l’O¬
rient & au Couchant, &k quatre pieds les unes des autres; ce qui pro¬
curera des trumeaux de quatre pieds. Au milieu de cette muraille au
Midi doit être placé le Cadre de la porte, .lequel làns'compter l’épailTeur
du bois eft large de fix pieds & haut de 15P i pieds, depuis la partie ftipé-
rieure du fèuil d’en-haut, jufqu’à la partie fupérieure dufeuil inférieur,
ayant 8 ~ pieds. Le feuil d’embas eft une pierre bleue, qui a 23 pouces
de large & 8 pouces d’épaifleur, k doubles rainures pour fermer les por¬
tes tant intérieures qu’extérieures. Les Poteaux de la croifée extérieure
ont 6 & 1 1 pouces : le feuil d’en-haut a 8 & 1 1 pouces ; & le bois des vitres
6 & 1 1 pouces. Les Poteaux du cadre de la porte intérieure , lequel eft
précifément de la grandeur prefcrite,ont 6&8 pouces, le feuil fupérieur
8 & 8 pouces, & le bois des vitres 6 & 8 pouces. ■^11 doit y 'avoir dans
le cadre extérieur deux portes de trois pouces d’épaifleur k double rai¬
nure, k paneaux au bas & vitrées au haut, dont les vitres s’ouvrent en
dehors : de plus aii-defliis du bois des vitres il doit y avoir un chafîis
fixe avec une rainure tout autour , qui entre k un pouce de profondeur
dans le cadre ; cette fenêtre de mêmé-que les portes vitrées, fé ferment
par le moyen de doubles fenêtres de bois de chêne , comme cela a été
ait au fujet du cadre extérieur dont on vient' de parler: comme aulîl
le cadre de la porte intérieure, par le moyen de doubles volets, félon
que cela a été indiqué ci-devant. i .
' On devroit faire cortftruire un petit bâtimént à l’Orient de l’Orange¬
rie, pour pouvoir y entrer l’Hiver par une porte intéfieure.. Cette por¬
te doublée , placée dans la muraillè intérieure , doit avoir fon ouverture
haute de 6 ^ pieds & large de 3 : il faut que cette porte fôit aulTi remplie
avec du fon de Sarrasin ; k moins qu’on ne voulût conftruire à côté de
Fartie IL > H h l’Oran-
242 L E S A G R E M E N S
rOrangerie au Nord une loge pour y ferrer tout ce qui appartient au Jar¬
dinage, auquel cas onpourroit entrer par- là par une porte inrérieure
dans rOrangerie , & alors on pourroit , au-lieu du petit bâtiment en
queftion & de la porte intérieure, placer à l’Orient une croifée à cliaf^
fis tOLit-à-fait fèmblable à celle qui eft au Couchant.
11 faut que toutes les croifées foient garnies de ce qu’on nomme en
HollandoisjQ«^/-te/m,qui foient épaifles d’un pouce & larges de deux,
lefquelles on fait entrer à la profondeur de 3 | pouces dans le devant des
croifées: il faut encore pofèr au devant d’elles des Architraves en quarré,
qui repofent un pouce fur les trumeaux.
Il ne faut pas faire ufàge des Orangeries, Serres échaufées par le
feu & autres nouvellement conllruites , qu’après que la brique & la
chaux ont été parfaitement féchées , fans qu’il y relte la moindre hu¬
midité , piiifqu’autrement le fourneau créveroit d’abord çn y faifant du
feu 5 les murailles donneroient palTage à la fumée , & caufèroient
ainfi en général un air très nuifible. Pour la même raifbn on laifiera
fécher parfaitement , avant que de s’en fervir , tout ce qui aura été
peint 5 afin d’empêcher que les exhalaifons huileufes ne caufènt un air é-
touffé & pernicieux.
Le remplage, quoique exaélement ferré, efl cependant toujours fujet
à s’affailTer, fur- tout celui des murailles, volets pendans , portes & toits
en talus : deforte qu’il y refie enfuite inévitablement au haut un vuide ,
au travers duquel le froid pénètre fouvent fans qu’on fâche à quoi l’attrL
biier. Pour prévenir cet inconvénient , il faut que tout ce qui devra ê-
tre ainfi rempli, foit fait de manière qu’on puilTe l’ouvrir & le fermer
fans aucun dommage, par le moyen de tourniquets , afin de pouvoir ajou¬
ter du nouveau remplage félon le befoin , comme cela a été dit ci-devant.
Une Caijfe vitrée pour les Ananas pendant P Eté , laquelle on chaufe
au Printems par le moyen du feu , & dans là fuite avec du Tan. Cette
CaifTe doit être faite félon le modèle qui s’en trouve dans la planche ci-
jointe; on y va en montant obliquement. Elle a au, Nord une murajlle
de deux briques, & enfuite tout autour d’une brique & demi: la Fig.L
fait voir fa hauteur & fa largeur; les vitres qui la couvrent ont 6 pieds
de haut & 3 , de large, montant fur chaque pied en talus ÿ * pouces :
il y a pan-defliis 6 volets ,, lefquelsnn leve & baiffe par derrière par le
moyen d’une corde qui pafTe au travers d’une poulie; il y a pareillement
dans la muraille de derrière des conduits pour les vapeurs, qu’on peut
boucher ( un derrière chaque volet ) ; • l’ouverture de ces conduits é-
. • tant
XJ
ÇP':v:£UysVyrk Jetin: àcJÎ^H
L A CAMP A G N E, -4:3
tant ia^ge de 2 / pouces en quarré, poüi* faire fortir par-là les mauvaifes
exhalailons: le trou des deux côtés pour tirer les cendres étant large d’un
pied & J5 & haut d’un pied. Dans la Fig. efl: lè trou des deux
côtés par où l’on fait le feu : bb la voûte des deux côtés fur la longueur
mitoyenne de la couche, depuis une muraille jufqu’àJ’autre, au bout de
laquelle il y a dans l’un des coins une ouverture qui va en tournoyant
pour la chemineé, par laquelle la fumée eft conduite vers les rigoles des
deux côtés : ayant, fans compter l’ouvragé même , 8 pouces de haut;
de plus ces rigoles des deux côtés pour la fumée lè joignent dans le mi¬
lieu de la couche , où la fumée qui vient de chaque côté fort alors par la
cheminée.
Des Caîjjes mobiles pour des fleurs pendant PHk^er , £«? des Caljjes
pour prémaîurer avec du fumier. Ces Cailles font faites de bois, &
compofées fîmplement d’une planche de derrière , d’une de devant , &
de deux planches des côtés , comme aulTi de lates alTemblées en queue
d’aronde, qui tiennent aux planches de derrière & de devant, & hir lefquel-
les on polè les vitres. La planche de derrière eft la plus large, fur laquelle
eft clouée au haut en dehors une planche large de 3 pouces, laquelle
planche déborde alTez l’autre , pour faire la rainure dans laquelle on po-
fe les vitres , & pour empêcher ainfî les vents de Nord de pénétrer par
derrière les vitres au travers des jointures : au bout de la planche de de¬
vant & de derrière , il y a des crampons de fer à reflbrt , qui 'étant paf-
fés dans les trous des planches des côtés, ferrent par le moyen de che¬
villes de bois enquarré la CailTe; après quoi on place les lates alFembléesen
queues d’aronde , dans les ouvertures qui doivent être ex trêmemeiitjuftes,
& fur elles les vitres. Ces Caiflès, quand elles font bien faites , font les plus
utiles & coûtent peu 3 pouvant être placées par-tout à fouhait, & être
mifes plus ou moins en talus à l’alpeél du Soleil ;& après s’en être fervi,
on peut les démonter en très peu dé tems,& les réduire en un très petit
volume. On les polè fur le fumier , après avoir mis un peu de terre
entre le fumier & la partie inférieure de la planche, pour empêcher
celle-ci de fe pourrir par la chaleur du fumier. On aura foin cependant
de garnir de toutes parts les Càiffes, de fumier long ou de paille, pour
les défendre du vent & de la gélée : c’eft ainfî qu’on garnit pareillement
les Caiflès pour des fleurs pendant l’hiver, de Tan, qui eft fort chaud.
On les pofe de plus , de même que leurs vitres , aufli près de terre qu’il
eft poffible , & à proportion que les plantes qui y font renfermées croif»
fent3on les fait aufll monter de plus en plus, ayant foin chaque fois que
Hh 2 cela
244 ‘ LES A G R E M E N S
cela fe fait, de les garnir de toutes parts de terre tant en dedans qu’en
dehors.
Les Caîffes à mîets ne diffèrent des précédentes qu’en ce que ces der¬
nières lè ferment par de petits volets de bois, au-lieu de vitres. Les
Fleurifles s’en fervjoient autrefois , fur-toùt pour la culture des Renoncu¬
les & des Anémones: mais on a appris par l’expérience, qu’ils ne font
d’aucun ou que de peu d’ufage ; & cela parce qu’en ouvrant ces petits
volets en hiver, le Soleil étant toujours accompagné d’un vent de bize,
y caufe plus de mal que de bien.
CHAPITRE IL
De la manière d'empêcher le froid èf la gelée par le moyen de couvertes-:
de celles qui font les plus propres à cela^ 0? comment on doit s'en fervir,
1:
C’Efl très fouvent par négligence que la gelée ou les vents de bize
font mourir les tendres plantes ; & cela non feulement parce qu’on
n’a pas foin de les couvrir comme il faut , mais fur- tout parce qu’on ne
les couvre pas affez longtems , ou parce qu’on ne les découvre pas cha¬
que fois qu’il fait du Soleil, & qu’on les couvre de nouveau quand le
tems change: car on aquiert par le moyen de la couverture une chaleur
infiniment meilleure que par le feu. ^ r
En traitant dans le fiiivant Chap. IV. de l’air, je dis que dans des en¬
droits renfermés, le froid & le chaud, ou bien le chaud & le froid ne fe
mêlent pas fort fubitement enfemble, & que lorfqu’une fois la gelée a pé¬
nétré jufques dans les Orangeries, on l’en bannit difficilement par le mo¬
yen du feu, fans faire: préjudice aux plantes qui y font renfermées; de-
forte qu’iJ efl d’une importance extrême d’empêcher à tems par toutes
fortes de moyens poflibles qu’il ne s’y introduife. Le meilleur & le pre¬
mier pour cela, c’eft d’y attirer les rayons du Soleil. Pour cet effet on
ne négligera jamais, quand le Soleil luit clairement après neuf heures &
demi (pendant les plus courts jours , quand même il geleroit très fort)
de. tout ôter,, ^excepté îes_ vitres ^ & de laiffer ainfî darder le Soleil fur
les vitres jufque ver^^^ux heures, après quoi ces vitres doivent de nou¬
veau être couvertes comme auparavant : ce tems convenable pour la cou¬
verture fe manifefte par des vapeurs qui obfcurciffent intérieurement les
vitres. ' Qiiand
DELACAMPAGNE. 245:
Quand pendant un certain tems il a gelé fi fort, que la gelée a pé¬
nétré fort avant en terre ; & fur-tout encore quand la terre elt couverte
de beaucoup de neige, alors cette gelée ne fauroit y pénétrer plus profon¬
dément , ce qui fait qu’elle cherche d’autant plus à entrer dans les plus
petites fentes des Orangeries , Serres vitrées , &c. pénétrant outre cela a-
vec le plus de force tout près de terre. 11 faut dans de p^areils tems avoir
frand foin de les en garantir par le moyen de la couverture ; cepen-
ant la gelée efi: rarement fi forte ou fi durable , quelle pénètre à plus de
dix-huit pouces dans les fonds de terre: ce qui arrivant, il faudroit y
prendre garde.
Une couverture légère empêche mielix que toute autre chofe la péné¬
tration de la gelée , parce que les corps ne font pas affeétés par une prelîion
égale : par conféquent ,
La Neige dt la plus convenable couverture pour détourner la forte
gelée , parce que chaque flocon légèrement entaflé fur les autres , eft u-
ne couverture, qui féparément empêche la pénétration, & détourne ain-
fi la gelée. Il faut encore Remarquer au fujet de cette couverture de nei¬
ge, que les vapeurs & les exhalaifons delà terre paffent beaucoup mieux
au travers d’elle qu’au travers de telle autre couverture contre la gelée ;
ce qui fait que les plantes ne font jamais au rarement endommagées fous
la neige, mais qu’elles paroiflent tout au contraire fouvent d’un verd
plus beau. Pour cette raifon il faut tâcher, autant qu’il eft polfible, de
le fervir de cette couverture, <Sc principalement quand il fait une rude ge¬
lée & que l’air efi: couvert.
La efi: 5 après la neige, la plus légère couverture, parce que
chaque tuyau contenant un e4>ace rempli d’air mitoyen, fait comme u-
ne double couverture; plus la paille efi: légèrement entalTée, mieux elle
empêchera le froid de pénétrer ; mais comme le vent a beaucoup de
, prife fur de . la paille détachée , il en diflipe beaucoup : ^ comme el¬
le occupe beaucoup de place , qu’elle déplaît à la vue, & eft aufll fort
difficile à manier quand on s’en ferten couvrant ou en découvrant, on
la joint enfemble dans toute là longueur par des liens faits de corde gou¬
dronnée, & l’on en fait ainfi des nattes de deux pouces d’épailfeur ou
même un peu plus : de pareilles nattes de paille font d\in grand ufage
pour couvrir des vitres couchéeS' pendant une rude & fèche gelée; mais
elles font inutiles pour des vitres drelTées, parce que la paille eft trop
fléxible, &; fujetteàfe rompre facilement à force de la placer 6c de la
déplacer continuellement: outre cela elle boit trop d’eau dans des pluies
H h 3 qu’on
24<5 LESA GRE MENS
qu’on n’a point prévues, ^Scenfuite étant mouillée 'êlle fefèche difficile¬
ment à caufè de fan épaiffeur, ce qu’on prévient quand il s’agit de vitres
couchées en les couvrant de nattes de rofeau , qui boivent moins d’eau ,
& qui la lailTént mieux pafler: mais il faut, quand le tems le permet,
les mettre chaque fois à couvert.
Les Couvertures épaiffes làns cordes , faites ou tiffiies entièrement
de poil de Vache , font bonnes & propres à couvrir : après les nattes de
paille, elles empêchent mieux que toute autre chofe la pénétrationdela
gelée, & pourvu qu’elles foient bien tiflues, elles font aulîi fort dura--
bles ; mais elles boivent beaucoup d’eau , ce qui les rendant fort épaif¬
fes, fait qu’elles ont non feulement beaucoup de peine à fe fécher, mais
aulïi qu’étant devenues pefantes elles caffent fouvent les vitres quand on
les ferre. Pour prévenir cela, il faut faire la même choie que ce qui
vient d’être dit au fujet des nattes de paille, favoir les couvrir de nattes
de rofeau , & d’abord qu’on en a l’occafion , les faire fécher au Soleil.
Ces couvertures de poil de Vache (fans compter leur durée) font fort
fouples,& s’accommodent très bien aux rainures des fenêtres couchées,
& par conféquent font les meilleures pour intercepter le vent & la ge¬
lée: on peut aufll aifément les plier & déplier fans falir les vitrés; quand
elles font au devant de Serres dreflees , attachées à de petits crampons ,
elles pendent uniment vers terre; ce qui fait que pour .la couverture in¬
férieure c’ell la meilleure de toutes.
Les Nattes de rofeau. On s’en fert pour la prémière couverture fur
des vitres couchées , quand la gelée n’eft pas forte ; mais comme elles
ne font pas fouples , elles ne joignent pas fi on \eut les pendre, &
par cela même elles ne fauroient être employées fur des vitres, pour les
défendre du vent ou de la gelée, à caufe des rainures antérieures &pof-
térieures.
Quand les nattes peuvent être faites de rofeaux minces, compares,
durs , alors elles empêchent beaucoup mieux la pénétration du froid &
de l’eau de pluie , que celles qui font faites de rolèaux plus grofliers &
' plus épais , parce que celles qui font faites de rolèaux minces , ont plus
de timiquesque les autres: telles font entr’autres communément les nat¬
tes dont on fe lèrt pour couvrir les Melons & les fleurs d’Hiver; mais
quand il s’agit de nattes plus hautes, il n’eft pas poflible d’en faire de
rolèaux minces , mais on y emploie des rofeaux plus grolfiers & plus
longs; étant meilleures ainli 5 que lorfque pour les faire plus hautes, on
joint enfemble deux rolèaux, non feulement parce que dans ce cas elles fe
DE LA CAMPA G N E.
247
brifent plus facilement, maisaufll parce qu’elles ne peuvent pas le dé¬
charger de l’eau dont elles font pénétrées.
Pour faire de bonnes nattes de rolèau, il faut de bons rolèaux, durs
& fins, crus dans des fonds inondés par une eau douce, car ceux des
fonds làumaches ne font pasfi bons, 6c ceux qui viennent dans des fonds
inondés par l’eau falée font encore plus mauvais. Il faut de plus les bien
ferrer , & les lier dans toute leur longueur avec de la ficelle bien gou-
dronée à 2, 3, 4, ^ 6c même quelquefois à 6 cordes. La méthode
d’employer de la ficelle goudronnée n’étant plus en ufage à l’égard de
la plus petite forte de ces nattes, on aura foin de bien recommander
que cela fe fafle de cette manière. Pour les rendre plus fortes, il faut
que les cordes extérieures foient près des extrémités des deux côtés; 6c
comme il efi; plus profitable , payant à proportion , de faire mettre une
corde de plus à chaque natte , on fera mettre trois cordes goudronnées
à celles qui n’en ont ordinairement que deux; celles-ci font faites des
plus minces rolèaux.
Les Nattes à trois cordes font faites ordinairement de rolèaux plus
grolTiers, plus épais 6c plus longs : elles ont fix pieds en hauteur, cinq
en largeur 3 6c font jointes enlèmble par le moyen de cordes goudronnées.
On fe fert de ces nattes pour couvrir ordinairement pendant l’Hiver
6c au Frintems quand il fait de petites gelées ; mais quand le Thermo¬
mètre annonce des gelées plus fortes, comme quand il efi: à treize de¬
grés, on emploie des nattes doubles; on couvre aulfi d’abord avec de
pareilles nattes les couches de Melons ; mais celles où on en a femés doi¬
vent être couvertes d’une couverture épailTe de poil de Vache, 6c celle-
ci avec des nattes doubles.
Les Nattes à quatre cordes font faites de rolèaux plus épais : elles font
hautes de fept pieds , 6c de même largeur : à l’égard defquelles il faut
fur-tout bien recommander, qu’on le ferve d’une forte de corde gou¬
dronnée , meilleure que celle qu’on y emploie communément.
Ceft 'de celles-ci dont on fe lèrt pour la prémière couverture d’hiver
fur des couches vitrées plus larges , comme aulTiau devant des Serres ar¬
tificiellement échaufées 6c des Serres à vignes, d’abord limples, 6c, lî le
froid augmente , doubles.
Les IVattes a cinq cordes n’ont pas tout-à-fait huit pieds de haut, mais
elles font larges de fept , les plus hautes étant de toute la longueur des
rofeaux; 6c afin que les deux extrémités d’en-haut 6c d’embas foient
moins fujettes à fe rompre, on met les cordes à quatre pouces de difian-
ce de çes deux extrémités. Cel-
Celles-ci font encore meilleures pour couvrir les Serres artificiellement
échaufées, comme auiri pour les Serres a Vignes, quan'd elles ne font
pas trop longues: encore vaut-il mieux , qifon lie celles-ci ou bien cel¬
les qui font hautes de huit pieds, un peu moins qu’à trois pouces des ex¬
trémités, & qu’on en falTe ainlî des nattes à lix cordes.
On couvre la Serre nommée Trek'kaSy au commencement de l’Hiver
avec des nattes^ à cinq ou dix cordes, autant qu’elles peuvent s’éten¬
dre depuis le bas,' & ce qui relie avec une couverte de poil: mais quand
l’Hiver ell plus avancé, on lè fert, aii-lieu de nattes de paille, limple-
ment de paille détachée, laquelle on fait entrer peu à peu, de manière ,
cependant qu’elle foit épaiffe & bien jointe, autant qu’il eft poflible , en¬
tre les petits volets qui fe trouvent en cet endroit , & -entre ceux qui
ont trois quarts de pouce d’épailTeur, & qui les couvrent.
La prémîêre Couverture dont on Je Jert pour les Serres artifïcieUement
échaujées contenant des Ananas, &c.fe fait avec des rideaux d’une grolTe
toile nommée vulgairernent toile de flandre, laquelle doit fur-tout avoir
été bien tanée, & doit l’être tous les deux ou trois ans, afin que les ri¬
deaux foient moins fujets à fe pourrir- par le bas; car c’ell à quoi ilsfont
fort expofés par les vapeurs & les exhalaifons des Serres échaufées par le
feu. On fait au relie cette couverture à proportion du plus ou du moins
de chaleur que demandent les plantes renfermées ; parce qu’il faut tou¬
jours abfolument empêcher que la gelée ne les touche. Quand il paroit
par le Thermomètre placé dans la Serre, que le froid eft à lix ou à lix de¬
grés & demi au delTus de la gelée , on met ordinairement ces rideaux de¬
vant la Serre à la mi-Novembre,.& plutôt quand il gele de meilleure heu¬
re ; <Sc quand la gelée ell encore plus forte, on met par deflus les rideaux,
La fécondé Couverture , faite d’une toile d’Ofnabrug , laquelle étant
mouillée & enfuite peinte, feplie aifément, quoiqu’elle foit doublée d’u¬
ne fort grofle toile à voiles qui a peu fervi. Pour que ces couvertes
joignent bien exaélement , & qu’on puilTe les rouler en petit volume,
on les lie par en -haut à la planche qui déborde , 'à de petits cram¬
pons qu’on a fichés près à près dans cet endroit; après quoi ces couver¬
tes pendent entre deux cordes ; les deux bouts de chaque corde at¬
teignant en-haut à la corniche , & les deux autres bouts palTés par une
petite poulie pendante devant la corniche, autour de deux perches ron-
' des bien unies, qui pendent dans des liens delTous la couverte doublée,
& autour defquelles ces couvertes lè roulent quand on les tire : les per¬
ches en queilion font meilleures quand elles pendent ainfîdans des liens,
que
DELACAMPAGNE. 24^
que quand on les coût dans un fàchet, étant moins fujettes alors à h
pourriture. ^ On les attache par deirous à une late clouée a la muraille.
De\ant la Serre écliaufee par le feu, longue de quarante pieds, il y
a cinq couvertes pareilles , dont chacune déborde Fautre d’environ qua¬
tre ou cinq pouces, ahn que le vent d’Eil:, qui fouiie plus froid que les
autres, palfe par defllis. On attache de plus ces couvertes à une hauteur
où l’on puilfe atteindre, chacune avec trois liens, pour empêcher que le
vent ne les enleve, y ayant pour chaque lien un anneau de cuivre, au
travers duquel paflant un bout du lien , on le lie ainh enlèmble ; il y en a
pareillement par deflbus aux extrémités & au milieu des liens , quatre
à chaque couverte , par le moyen defqiiels on attache au bas prés de
terre les perches aux couvertes ; ces couvertes extérieures ayant auiîides
deux côtes un rempli , enlorte que les vents froids d’Elt ou d’Oueft ne
làuroient y fiénétrer.
• La troifième Couverture ^ quand il commence à geler plus fort, fe fait
en clouant au haut , immédiatement au delTous de la corniche , une dou¬
ble couverte de poil, laquelle dans fon elpèce doit être des plus minces
& des plus larges; & ahn que cette couverte pende bien uniment & joi¬
gne exaétement, on cloue en longueur par delTus une petite late extrê¬
mement mince : on pofe devant les couvertes peintes qu’on rouie, & qui
enlèvent aulfi de cette manière les couvertes de poil , une natte de ro-
lèaii de cinq ou iix bandes , dont le bout d’en-liaut couvre la couverte
de poil : on pofe ces nattes de rofeau félon le vent , de manière qu’elles
fe débordent de la largeur d’une main , ahn que le vent pafTc par def-
fus ; & de plus on fait pafTer au milieu une grolfe corde bien tendue , at¬
tachée aux deux côtés de la Serre,
Quand la gelée ell encore plus rude on a pour
La quatrième Couverture ^ une pareille fécondé natte de rofeaux, &
dans la plus rude gelée ,
- Ldi cinquième Couverture^ embas fous les rideaux, fuivantla longueur
de la Serre , une couverte de poil, quoique je me ferve fouvent pour cela
une troifieme natte de rofeaux au-lieu delà couverte en queftion, ayant
trouvé que cela vaut mieux; ces nattes étant moins embaraflantes , &
pouvant être plus aifémenc roulées & tranfportées.
La fixième Couverture pourroit fe faire à l’aide de couvertes de poil:
mais comme 'je crois qu’il eft impolTible que la gelée, quelque rude qu’el¬
le foit, pénètre au travers des trois nattes de rofeau dont je viens de par¬
ler , cela eft inutile. 11 eft cependant bon de lavoir, qu’il faut très fou-
- Partie IL li r. vent
.. LE.S AGREME NS
Tcnt, même fans qu’il gele, couvrir avec ces nattes de rofeau pendant
h nuit 5 pour aquerir par ce moyen une chaleur requife , quand le jouf
ne l’a pas fournie.
Dans les Serres qu’on écliaufe par le moyen du feu , pour faire croî-^
tre les plantes &leur faire produire plutôt des fruits, on cloue au delTus
des petites fenêtres qui fervent à airer, à la muraille, des couvertes de
poil, lefquelles, pourvu que ces petites fenêtres ayent par delTous une ou->
verture d’dn peu plus de .trois, quatre ou plus de pouces, doivent des¬
cendre jufques au fécond carreau des vitrages en queftion, afin qua
quand elles s’ouvrent pour faire entrer l’air, on exhaler les vapeurs, el*
les ne laiflent pas entrer le froid ou la gelée: il faut pour cela, quecet^
te couverte de poil foit pour le moins de trois bandes féparées, & que
chacune déborde l’autre afrez,pour prélèrver une , deux ou trois petite»
fenêtres ouvertes de la pénétration du vent ou de la gelée; ce qui ne
fauroit fe faire par le moyen de cette couverture quand elleeft d’une feu¬
le pièce en longueur.
On commence à faire du feu vers la fin de Décembre, ou au com4
mencement de Janvier , <Sc on ne couvre pas les vitres de devant aufli
longtems qu’il ne fait qu’une petite gelée blanche ; car alors le Thermo¬
mètre qui ell dans la Serre montre la clialeur à i6, 17, 18 ou plus de-
degrés : feize étant dans le commencement le plus grand froid quand la
gelée efl plus forte, enforte que le Thermomètre defcend davantage:
on met devant les vitres des nattes dreffées, qui comprennent la couver¬
te dont ces vitres font déjà munies. Qiiand la gelée efl plus rude en¬
core , on y ajoute des nattes doubles , qui font plus Jiautes : cela fe fait
aulfi à mefure que la faifon avance , & que le Thermomètre doit monter
davantage., Onfefertpour la troifième couverture, de couvertes de
poil par deflbus, qui étant attachées à de petits crampons, defeendent
depuis le haut jufques au deflbus des Carreaux inférieurs : la quatrième
couverture 'fe fait par defllis par le moyen de pareilles couvertes; les vi¬
tres dreffées étant alors entièrement munies de couvertes par devant.
: On a parlé ci* defllis dans ce Chapitre, de la Couverture des Melons,
&c. mais on l’augmente , quand celle qu’on a ne fuffit pas. Lorfqu’on tranf-
plante les Melons, il ne gele point ou rarement fi fort, que des dou¬
bles nattes ne fuffifènt pas à empêcher le pénétration, fouvent même Û
fait au mois d’ Avril un tems fi doux, qu’une Ample couverture fuffit, &
que vers la An de ce même mois, ou au commencement de Mai, on s’en pafl&
entièrement , fuffifant alors que les plantes de Melons & autres foient
couvertes de vitrés. Le
DE LA campagne.
2yt
Le vieux Tah eil: léger & lanugineux, ce qui fait qu'èn én mettant
une couche d’un demi-pouce fur les Renoncules, les Anémones, les Nar-
cilTes , & les Jonquilles, celafuffit pour les munir contre une petitege-
lée; mais quand la gelée ell plus forte, on met encore par delTiis le Tan
des rameaux, & quand elle ell plus rude encore, on le couvre de paille.
Les Rameaux font une bonne couverture pour des herbres potagères
d'hiver, comme Choux, Salade, Cerfeuil d’hiver, Epinars, Carottes
d’hiver; mais quand la gelée ell rude, ces dernières ont befoin d’être
plus couvertes. On couvre de plus avec ces rameaux ce qu’on a planté
ou lèmé au commencement du Printems , comme aulîi les Heurs & autres
plantes , qui font moins tendres , mais auxquelles les vents de bize nui-
fent plus que la gelée; ce que les rameaux couchés légèrement lùr terre
cmpedient à merveille.
CHAPITRE III.
Des Thermomètres qui font conndtre la température de Pair ^ fa^ow la
chaleur^ le froid £«? la gelée; leur nécejfité pour cultiver des plantes é-
trangères , £«? pour avancer la maturité des fruits dans les faijons qui
leur Jont propres : de leur fabrique , £«P de la îtianière dont on peut
les] aire: avec quelques objervations particulières,
Comme toutes les Plantes, pour croître comme il faut & pour pro¬
duire leurs fruits, n’ont pas feulement belbin de chaud, mais aulîl
de froid, <Sc que lèlon leurs propriétés, elles doivent être plus ou moins
affedlées par le froid ou par le chaud ; de plus , (ce qui demande une at¬
tention nécelTaire) qu’une pareille aftéélation doit fe faire félon les Sai-
fons d’une manière diverlè dans chaque Climat, il ell nécelTaire, quand
on veut cultiver avec fuccès des fruits de Climats plus chauds, ou bien
avancer artificiellement les laifon's pour les prématurer, d’être in ftruit de
cela, comme aufli de la température de l’air quant au chaud & auTroid,
au tems pluvieux & fec félon les fàifons, dans les endroits où ces Plarir
tes viennent & produilènt des fruits en plein air. On peut être fiiffiTaôi-
ment infiruit fur les tems pluvieux & fecs, tels qu’il en fait ordinairement'
dans cliaque fâifon dans des Cfmats étrangers-, par ceiix qui ont vôyàgé
fou vent dans Ces Pais; mais c’ell ce qui ne peut fe faire, quant à latem-
252 .LES A:G R E M E N S
pératiire 'du cteud & du froid , que lorfqu’on a fait là-delTus dés obfer»
.vationsfexaétes'par le moyen de Thermomètres: car nos corps ne fau*
Toient en juger, d’une manière infaillible , parce qu’on en jngeroit tou¬
jours félon que ces corps font plus ou moins accoutumés au chaud &
au froid , & par cela ^même les jiigemens qu’on en porteroit , feroient
fort différons les uns dps autres; c’eft ce qui oblige à abandonner cette
.voie 5 ^ à recourir aux Thermomètres pour favoir peu à peu par desob-
fervations fondées ffir l’expérience, quels degrés de chaud & de froidJes
Plantes étrangères doivent avoir 5-comme aulfi quelle eft félon les Sai-
fons, la température de l’air extérieur pour faire grolTir mourir les
fruits; ce qui peut être pratiqué affez facilement.
Ceux dont qui, dans ce Païs, veulent cultiver des fruits étrangers,
ou bien tâcher d’avancer les Saifons pour faire mourir les fruits d’Eté dans
PAutonne , & des fruits d’Autonne en Eté, ou même plutôt encore, doi¬
vent (comme nous l’avons dit dans l’introduélion) avoir pluüeurs Ser¬
res vitrées,& pendre dans chacune un Thermomètre d’une même fabrique :
lefquels Thermomètres doivent être tels que, par une égale affedation de
chaud & de froid , ils paffent par degrés les mêmes indications , par
l’élévation ou l’abaiffement de la liqueur.
J’indiquerai ici de quelle manière on peut fabriquer ces Thermomè¬
tres, qui agiffent uniformément ,- faifant par degrés des indications,
quand la liqueur defcend ou monte. ,
Je fiippolè d’abord, que les Thermomètres à Phiole Ibnt meilleurs
pour la culture des Plantes dont je traite uniquement , que ceux qui ont
par deffous des Cilindres; parce qu’un Cilindre qui contient autant de lir
queur qu’une Phiole, raccourcit, trop le tuyau par fa longueur , ce qui
lait qu’on ne peut pas rendre les. divilions de pareils Thermomètres auffi
diftindes , que de ceux à Plûole , dont par cela même les tuyaux font
plus longs : outre qu’on ne làuroit vuider çes grands Cilindres ni fi bien
ni aulïi également quedes Phioles; ni les reehaufer fi facilement aVec la
bouche, ce dont il fera parlé ci-après. ,
‘ dl faut encore que ces Thermomètres ne Ibientni trop longs ni trop
courts : on a déjà dit pourquoi il ne faut pas qu’ils Ibient trop courts :
quand .ils font trop longs, ils embaraffent, & on ne' peut pas les pla¬
cer dans les couches vitrées. Ainfi je crois qu’un Thermomètre dont le
tuyau a quinze pouces de long, qui a une cavité égale à celle que j’indique
ici par cette figure (O)., & qui a à ce tuyau une petite Phiole d’un ver-
le extrêmement mince 3 dont 1^ diamètre cff d’un pouce & de deux lignes
me-
DE LA CAMPAGNE. 55-5
^efîiro de Rhinlandc, eft comme il fane, ponr’obièrver par fbn moyeil
le pins, grànd froid & la plus grande chaleur ; quand on Ta rempli cTef.
prit .de Vin très fort dans un tel tuyau ,• la liqiieim .ne montera pas aïïez
■haut, pour que fair fupérieiir lui rélifte beaucoup, & principalement
quand le tuyau ell un peu plus large vers le liant ; car fi fair fupérieur
rélifte trop , il faut nécefiairement que la Phiole crève : il faut pourtant qu’il
y ait au delTus^dèda liqueur un air commun dans le tuyau, afin que la
liqueur rélle rafiemblé iàns aucune divifion , laquelle fe fépareroit autre¬
ment bientôt fi , la chaleur venoit à l’alfcder trop fubitement. Cette Phio-
le eft aufli fort luiette à le rompre, quand elle efi: tant Ibit peu compri¬
mée , ou quand la planche à laquelle elle efi: ajullée, le gonfle ou fe refi
ferre : ç’ell-pourquoi je ne fâche rien de meilleur qu’une petite planche de
J)Oui&., fur laquelle, après l’avoir peinte en blanc, on marque les degrés
par de petites lignes noires , lefquelles on numérote enfuite de cinq à
cinq au côté avec de grands chiffres noirs : il faut de plus qu’il y ait dans
cette planche ime cavité ample & profonde pour la Phiole, & une rai¬
nure pour le tuyau; par en-haut un trou, pour pouvoir la pendre à un
clou : fa largeur dpit être 'd’un peu plus de deux pouces,
. Si on poLivoit faire fabriquer par un habile Soufleur de verre les tu¬
yaux d’une. même largeur, & lès Phioles proportionnellement à la ca¬
vité des tuyaux , on pourroit auffi alors félon la vertu élaftique de la li¬
queur , prescrire une longueur déterminée pour ces Thermomètres:
mais cela n’étant pas poflible, il efi nécefîaire qu’on faffe tirer les tuyaux
de la longueur d’un peu -plus de dix-fèpt pouces , pour en rogner après
cela à proportion qu’on, trouvera que la Phiole efi ou trop grande ou trop
petite. i
; La liqueur de ces T herraomètres doit fe montrer d’une manière fort fen-
fible, afin que par dehors on puifTe découvrir au travers des vitres la tempé¬
rature de l’air intérieur de là Serre. C’efi: pour cette railbn que les tuyaux
doivent avoir une telle largeur, & que la liqueur doit être aufii fort colorée
& avoir une vertu élaflique. G’eft pour cela que dans ce cas l’argent vif,,
qui efi, id’ailleurs ce qu’il y a de' meilleur , efi: très peu convenable : la- meil¬
leure liqueur pour ces Thermomètres doit être d’un bleu , ou d’iin rouge
fort foncés; je préfère la dernière de ces couleurs, parce qu’on la peut
fafre en peu de tems,& qu’elle efl fort élaftique ; on prend, pour la fai¬
re , une demi -pinte du plus fort ei^^rit de Vin, fur lequel on met trois
onces de bayes de Sureau bien léchées & pulvérifées , lelquelles doivent
infufer dans cette liqueur, après quoi on la tire doucement au clair; &.
li 3 apres
. LES A G R E M E N S
après l’avoir fait repofer ainfi encore quelque tems poür fui donner lè
tems defe défaire de toute fa crafle, on la tire de nouveau au clair, quand
on veut s’en fervir : pour lors la couleur fera d’un rouge fort foncé.
Cell: de cette liqueur élallique ainfi colorée dont on doit fe lervirpouf
remplir les Thermomètres en quelUon , lorfqu’on fe propolè d’avoir dea
fruits précoces. i * ; . "
On metja Pliiole qui ell: vuide llir un charbon de feu, & ori la^âiiïfe
chaufer, jufqii’à ce que l’âir grofiier en forte, de même que diï tùÿaü^
après quoi, tenant la Phiole en haut, on trempe l’ouverturê du' tüyaü
dans refprit de vin coloré, &on en remplit la fixièmè partie de laPhio-
le: après cela on pofe de nouveau liir le feu la Phiole pour chalfer par
la grande chaleur , tout l’air;: cela fait, on trempe encore fubiteinent
comme ci-devant! le tuyau dans la liqueur, qui remplit aiiifî pour l’ôr-
dinaire, en une feule fois, & le tuyau & la Phiole: ce qui ne faüroit fè
faire quand la prémière fois on introduit trop de liqueur dans la Pliiole^
parce qu’alors la grande chaleur en chafle la liqueur & l’air égiilement.
Le Thermomètre ainfi rempli, on laiffe d’abord cette liqueur chaude
fe condenfèr lorfqu’il gele légèrement, peu du point, 'comme oh lé dira'
ci-après; & l’on examine pour lors s’il y a le moindre air parmi l’a li¬
queur ; & s’il n’y en a point, on regarde enfuite -s’il n’y -pas*, ‘ou trop oii
trop peu de liqueur dans le tuyau, pour pouvoir monter ou delcéndre,à
la hauteur ou profondeur requife des degrés, b’il y en a trop , on remet
la Phiole fur lé feu , afin que la liqueur monte doucement julques près
de l’orifice fupérieur du tuyau, par lequel on tire alors au travers- d’un
petit tuyau extrêmement fin ce qu’il y^a de trop: s’il y en a trop peu,
on introduit ce qui y manque, en renverfant tout à coup le tuyau dans
l’efprit de vin : mais c’efl ce qui ne fauroit fe faire lans que Pair fè glilTe
entre la liqueur fupérieure & inférieure , lequel doit être inceiïammenü
expulfé par le haut, en le pompant & en introduifànt un petit fil d’archal
dans l’orifice du tuyau: ce qui fe pratique aulfi, quand dèsde commen*
cernent on apperçoit qu’il y a de Pair parmi la liqueur. ' '
Après avoir ainfi rempli comme il faut le Thermomètre, on bouchô
Porifice par en-haut avec un peu de cire, après y avoir laiffé entrer un peu
d’air, pour conferverla vertu élallique de Pelprit de -vin: ehfüite on mar¬
que fur la planche de bouis peinte en blanc par de plus grandes ou de
plus petites divifions,les degrés, à proportion de la vertü élallique de la
liqueur qui elt dans la Phiole & dans le tuyau: fuivant cette même pi^o-
portion on racourcic auiîi plus ou moins le tuyau, & l’on fe fert’ d’une
DE LA CA M PAG. NE.
tff
planche plus conrte ou plus longue. Pour être alTuré de fon fait , quand
on marque les degrés de ces Thermomètres deftinés à la culture des Plan¬
tes , j’ai appris par expérience que des corps fains qui ont depuis trente
jufqueskfoixante-dix ans font monter dans le tuyau la liqueur à une mê¬
me hauteur, quand ils tiennent la Phiole dans leur bouche fermée en¬
tre la langue & le palais , aufli longtems qu’il eft nécelTaire pour que la
liqueur aquière le même degré de chaleur qu’a leur làng : les liqueurs qui
ont moins de vertu élallique, ou qui font renfermées dans des tuyaux
plus larges,' quand les Phioles font d’une même grandeur, monteront
bien moins que celles qui ont plus d’élafticité & des tuyaux moins lar¬
ges^ cependant toujours d’une manière uniforme, par le moyen de di¬
vers corps fains c’eft donc en obfèrvant ces proportions qu’on fait les
divifions plus ou moins grandes.
Cecipofé comme une chofe inconteftable , il s’agit maintenant & prin¬
cipalement d’obforver quand il fait la plus petite gelée dans un air bien
Ouvert , pour en placer la marque for la planche.
■ ■' 'Pour y réulfir comme il faut on prendra pour fabriquer de pareils
Thermomètres comme le tems le plus convenable, le Printems ou PAu-
tonne , quand dans un air libre on peut s’attendre le matin k une petite
gelée, pas affez forte cependant pour faire prendre Peau des folTés: a-
lors le Thermomètre bailTera à quinze degrés ; car quand Peau des fofo
fés extérieurs commence kfe glacer il baiüera jufqu’k 14: ayant marqué
i J par un petit trait de craion for la planche, on ôte le Thermomètre
de delTus la planche, & l’on tient, comme il a été dit,, k Phiole dans
k bouche , jufqu’k ce que la liqueur ait la même clialeur du fang j, mais
comme il faut plus d’un qirart d’heure pour cela, on y remédiera en re-
chaufant peu k peu la Phiole for un charbon de feu, jufqu’k ce qu’mon ait
lieu de croire que la liqueur fera montée dans le tuyau k trente degrés
au-delfus de la gelée, par où l’on abrège le tems qu’il faudroit le tenir
renfermé dans la bouche.
Quand donc la liqueur efi: parvenue aulTi haut que la chaleur de la bou¬
che pourroit la pouffer, il faut remettre très fobitement le Thermomètre
fur la planche , & y marquer pareillement cette hauteur *, après quoi û
faut divifer l’intervalle qu’il y a entre la gelée , & cette chaleur rehaufo
fée en trente degrés égaux, & compter enfuite encore quinze autre de¬
grés égauxvers le bas; auquel cas on trouvera la dernière divilion (d’O)'
auprès de la Phiole : au delTus du quarante-cinquième degré on fait aufît
cinq divifions égales, jufqucs k cinquante: ceci fait on marquera tout de
LES A G R E M E N
bon ces divHîons flir la planche par des traits ou des lignes , & on y peîil-'
dra de noir les chifres. Enfuite il faut racotircir le tuyau environ de trois
pouces au-delTus du f . degré ; ce qifon fait fans peine par le moyen
d’une lime bien afilée au rond du tuyau ; on fermera pour lors herméti¬
quement forihee du tuyau au travers d’une flamme vive & conique d’u¬
ne meche de coton bien trempée dans l’huile, dans laquelle on tient le
tuyau 5 contre l’orifice duquel on en fait fondre un autre , lequel on reti¬
re peu à peu lorfqu’il a perdu de fa chaleur.
En cas qu’on trouve dans le tuyau , que la liqueur à l’endroit où le
plus bas degré (O) doit être marqué, n’eft pas auprès de la Piiiole,mais
trop haut ou trop bas , il faut en, tirer le fuperflu, ou y ajouter ce qu’il y
manque, de la façon qu’il a été dit ci-devant; en obfervant à chaque
fois pendant ce changement la marque de gelée, & le rehauirement par-,
la chaleur de la bouche, & marquer <Sc divifer conformément les degrés
fur la planche, & enfuite racourcir le tuyau & le fermer i]ermétiquement.
Qiiand une fois on s’eft procuré un pareil 1 hermomètre, on peut en
fabriquer d’autres fur ce modelé en tout tems, fans avoir égard au Prin-
tems ou à l’Autonne. Je crois, que quelque froid qu’il lafTe en plein
air, la liqueur ne defeendra jamais dans la Phiole de pareils Thermomè¬
tres. Comme les Thermomètres placés dans des Serres pouf des plan¬
tes de Climats plus chauds, ou pour prématurer nos fruits, ne doivent
pas defeendre julqii’à la marque de gelée, ou bien monter plus haut que
50 degrés, on pourroit racourcir ceux qu’on deftine à cet ufage, à la
longueur de quatorze degrés; mais pour lors le peu de liqueur qu’il y a
dans le tuyau , fera que la hauteur caillée par la bouche fera un peu
moindre; différence qui fera fort peu fenfible furie tout, & de peu d’ef¬
fet, n’étant pas non plus effentiel que le tuyau foit par-tout exaéfement
d’une même largeur, pourvu que la différence ne foit pas affez grande,
qu’on puifTe la découvrir à l’œil; car il s’agit principalement des indi¬
ces déterminés de gelée &de la plus grande chaleur , parce qu’il faut em¬
pêcher que les Thermomètres des Serres ne parviennent a l’une ou à
l’autr-e de ces extrémités, mais obferver toujours, autant qu’il eft-pofîibJe,
la chaleur mitoyenne , comme on a foin de l’indiquer quand on traite de
la culture des Ananas dans une Serre échaufée par des fourneaux, iSede
celle des Vignes échaufées pareillement par le feu.
On a beloin en plein air de TJiermométres pour prendre fes mefiires,
en empêchant la pénétration de la^gelée par le moyen de la couverture
extérieure; mais quand il s’agit de prévoir en quelque lorte des tempê¬
tes
tes furieures , & de favoir quand il faut couvrir & non pas airer > il faut
fè fervir d’un Baromètre ^ comme étant beaucoup plus propre à ces ulà-
ges.
Par le fecours d’un pareil Thermomètre, fait comme il a été dit, par
divifions de degrés, & montrant le chaud & le froid, j’ai fait les expé¬
riences fuivantes. Il eft pendu à ime muraille qui efl: au Nord, & qui ne
fauroit recevoir aucun rayon folaire, à trois pieds & lèpt pouces de ter-
re.
Il eft aufli rempli (félon la deftription précédente qui en a été faite)
avec de l’elprit de vin très fort, pour la culture des plantes & la préma¬
turation des fruits: la longueur des degrés divifés étant depuis O jufqu’au
5 neuf pouces trois lignes & un quart, mefure de Rliinlande; a-
yant trouvé le degré, qui y eft marqué, en faifant tenir la Phiole
dans la bouche de différentes perfonnes : je dois cette obfervation à ce
que m’en a communiqué un Naturalifte très expérimenté.
50 La plus exceffive chaleur pour les Ananas pendant l’Eté dans les
Couches vitrées où il y a du Tan.
47 Chaleur d’Eté pour les Ananas. 11 faut alors leur donner de
l’air.
45: Chaleur du fang, aquife par la bouche, & chaleur naturelle d’Eté
pour les Ananas.
43 Chaleur tout-k-fait étoufante en plein air dans l’Eté : il en étoit
ainfi le 4 d’Aout 1719.
411 Chaleur pour les Ananas après les 14 prémiers jours, qu’ils ont
été mis dans les Couches vitrées où il y a du Tan.
40 Chaleur pour les Ananas, pendant les prémiers 14 jours qu’ils
font dans ces Couches vitrées; & la plus grande chaleur, dans la Serre
artiftciellement échaufée. C’eft une chaleur étoufante en plein air dans
l’Eté.
37 Chaleur pour les Ananas dans la Serre artificiellement échaufée au
mois de Février; & dans l’Eté, tems chaud avec des vents de Nord ou
d’Oueft; mais étoufant quand c’eft avec vent d’Eft,Sud-eft, ou Sud.
35i Tems d’Eté tempéré; cependant très étoufant au commencement
de Mai & de Septembre. r
32 Tems d’Eté jufqu’k la mi-Mai : c’eft le tems qu’il fit en plein air
pendant plulieurs nuits des années 1718 ôc J 719.
30 Chaleur pour les Ananas jufqu’au 20 de Janvier, Chaleur d’Eté
en Avril & en Septembre,
Tartîe IL Kk ' ^7\
LES' AGRE MENS
%
271 Fraîcheur ordinaire de la nuit pendant PEté en plein air.
26 Fraîcheur pour les Ananas dans la Serre artificiellement échau-
fée après le mois de Janvier. Chaleur de Printems & d’Autonnc.
Cliofe remarquable, que ceci caufe par le moyen du feu une chaleur in-
luportable, quand il gele en plein air, & que le tems eft à 31.
25 Extrême chaleur pour les Caves & pour les endroits où Ton gar¬
de les provifîons.
23 Extrême froid pour les Manges Tanges: pendant PEté il fait
im froid à trembler.
2 1 Le plus chaud tems d’Eté à la hauteur du Pôle de 80 degrés &30
minutes; & pendant PEté très froid dans ce Païs. :
20 Tems d’Hiver chaud; & tems d’Eté très chaud (a) a 76 degréç.
19 Extrême froid d’Hiver pour les Ananas.
175 Tems d’Hfver tempéré; & chaleur naturelle dans la Maifbn ^
quand en plein air il ell: à 10.
' 1 5“ A peine de la gelée , comme d’un linge mouillé très légèrement
gelé ; & par le moyen du feu une chaleur naturelle dans la Maifon ,
quand en plein air le tems eft à 4. ou 4I.
14, Givre fort, deforte qu’il y a de la glace dans les Fofîés:il en fait
encore fouvent en Avril, & quelquefois en Mai & en Juin: cela étoit
ainfi le IJ de Juin 1733.
- i2i Dans ' P Autonne forte gelée.
9 Quand il gele ainfi pendant trois jours de fuite , la glace efl aflez
forte pour porter des Chevaux.
. 41 C’eft le tems qu’il fit chez nous le 21 de Janvier i7i(5, & qui eau-
fa un froid fort piquant.
2j C’efl le tems qu’il fit chez nous le 1 1 Janvier 1729.
2 Doit caufer chez nous un froid presque infuportable.
O 11 n’eft pas à prélumer, que naturellement il en viendra à ce points
Je n’ai pas feulement obfervé pendant vingt années la pluie, le vent, la
grele, la neige, le brouillard, la rofée, &c. mais aulfi remarqué le chaud
oc le froid par le moyen de mon Thermomètre : par où j’ai trouvé :
■ Qiie pendant PEté, dans le Printems & au commencement de l’Au-
tonne> il fait Je plus grand froid, quand le Soleil eil à une demi-lieue
" - ■ ' ^ ^ au
y Il paroitrci peut-ître extraordinaire au Ledteur^ qu'à y 6 degrés hauteur du Pôle il
fa{}e pîuS‘ froid qu’à 80; cependant cela m*a été ajfuré^ par un Commandeur de la pêche à la
baleine i fur des ohfermtions très exaêles ^ qu’il en a faites fur Mer pendant trois années ^ par
îg moyon de mon Thermoînètre que je lui avais donné pour cela.
DELA CAMPAGNE.
au delTus de riiorifon : qu’enfuite la chaleur augmente ordinairement
d’heure en heure, jurqu’k ime heure ou midi & demi; quelquefois auOTi,
mais rarement, jufqu’à une heure & demi; après quoi la chaleur du
jour perd ordinairement de fa force.
Qii’en Hiver il fait le plus grand froid, quand le Soleil fe lève, ou
un peu auparavant.
Qii’un air d’Eté du Sud, du Sud-eft ou de l’Ell, quand les Thermo¬
mètres font au Nord depuis 34 à 35 , nous paroit aulTi chaud, qu’avec
un vent de Nord depuis 38 à 38^
Que lorfque ces Vents doux de Sud, de Sud-eft & d’Efl rendent l’air
encore plus chaud, &:que le Thermomètre eft à 38 & même plus haut,
pareille chaleur devient à proportion beaucoup plus infuportable & è-
toufante;que 3-8 du Sud paroit pour le moins auffi chaud que 41 du Nord;
ces-airs doux étant toujours nébuleux ou épais.
Que la rofée d’Eté, du Nord-eft, de l’Ell, 6c même duSud-ell, fait
bailTer davantage le Thermomètre, 6c indique plus de froid^que.ne
feroit dans cetems la pluie, un vent furieux, ou une tempête, quancj
même le vent feroit Nord.
Que des vents de Nord ou de Nord-ell, fecs6c forts, nousparoiflent
plus froids en Eté que ne l’indiquent les Thermomètres ; mais que ces
vents rendent fouvent l’air plus froid, 6c affedent le Thermomètre de
manière qu’il baifle quelquefois de deux degrés de plus, qu’un. autre qui
eft à l’abri du vent ou expofé au Couchant. ' . . .
Que non feulement le Soleil, mais aufli la reverbération de lès,ra*
yons , quoiqu’éloignée , caufe de grandes diverlités quant au rehaulTe*
ment.
Que lorfque le Thermomètre commence k monter l’après-midi (baiA
faut autrement alors pour l’ordinaire) , il fait ordinairement de la pluie
le lendemain; 6c plus cela arrive vers le foir, plus la choie eft certaine,
car pour lors il fait Ibuvent le lendemain un fort grand vent , ou bien
de la tempête 6c de la pluie.
Quand après un jour où le Soleil k lui fort clairement, le vent tom¬
be , 6c que le Thermomètre continue k bailTer le foir , il fait ordinaire¬
ment un beau jour le lendemain.
Que le vent n’affeéie qu’k proportion de la température de l’air, de-
forte que le vent poulTé avec violence contre la Phiole par le moyen d’un
fouflet, ne caufe pas la moindre diverlité, 6c ne fait pas retiter ou baif*
fer en aucune manière la liqueur qu’elle contient.
Kk 2 Que
26o . L E s a g R E M E N s
Qiie la chaleur eft'plus ou moins grande dans des Serres renfermées^
non feulement à proportion qu’elles font plus près du feu , ou quand il
gele en plein air , mais aufli à proportion qu’elle eft plus près de ter¬
re : c’ell: ainlî que le Soleil & le feu peuvent rendre la différence de la
chaleur au deflbus de 2,3 ,4 , 5* , & plus de degrés plus bas , que plus
haut, dans la Serre échaufée artificiellement.
Dans la grande Serre nommée Trek-kas^ décrite dans le prémier
Chapitre de la fécondé Partie 9 page 234,3 pendent perpendiculairement
trois Thermomètres l’un au delîus de l’autre, le plus bas à trois pieds &
quatre pouces de terre, le fécond à neuf pieds, & le troifième à douie
pieds & fix pouces : par ce moyen j’ai oblèrvé ce qui liiit.
Le 1 5; de Juin avec un vent de Sud-eft & lui Soleil nébuleux, auquel
tems le Thermomètre en plein air étoit à midi à 3 1 , celui d’embas étoit
à 38, le fécond à 4,2 & le plus haut à 4.71. j
Le 18 de Juillet, vent d’Jift, Soleil fort luifant, nuages bleus; il é-
toit en plein air à midi 321, celui d’embas dans la Serre aulîi à 32?, le
fécond à 4.0^, & celui d’en- haut à 4.7.
Le Thermomètre de la Serre artificiellement échaufée pend dans le
inilieu de la prémière divifîon. Lorlqu’il ne gele pas & qu’on fait en
dedans du feu, ce Thermomètre montre ordinairement un degré de cha¬
leur de plus , que celui qui pend dans la fécondé divifîon à la même hau¬
teur & à la même diflance des vitres : mais quand il gele, la différence
efî; confîdérablement plus grande, & encore plus quand la gelée ell plus
forte, principalement quand il a déjà tant gelé, que la gelée ne peut
plus pénétrer dans le terrain extérieur, ou bien quand ce dernier eff cou¬
vert de neige.
Dans la Serre jonchée de Tan, & artificiellement échaufée pour les
Ananas , dont on trouve le delcription dans le I Chapitre de cette II
Partie ^ page 24.2, j’ai confervé pendant l’Hiver quelques Ananas dans
■du Tan fort chaud; il y avoit deux Thermomètres, l’un à l’Orient &
l’autre à l’Occident : celui qui étoit à l’Occident , étant pendant le mois
de Décembre avec des vents conftansd’Efî: ou de Nord-eff, toujours plus
bas de deux ou trois degrés, que le Thermomètre à l’Orient jufî
qu’au 29 de Décembre, auquel tems le Thermomètre en plein air avec
•un vjent tempétueux de Sud-eft & des bourafques de neige , étoit à i ^ ;
ce froid & ce vent furieux accompagnés de neige, preffèrent fî fort l’air
♦intérieur de la Serre vers le Thermomètre qui étoit à l’Orient , qu’il é-
toit en cet endroit à ip, dans le tems que celui qui fe trou voit à l’Occi-
DE LA CAMPAGNE.
261
dent, étoit à 26;, & ainfi largement fept degrés plus haut: cela eft d’aiK
tant plus remarquable, que ces vitres étoient couvertes de grolTes nattes
de paille, & celles-ci de grolTes couvertures de poil, fur lefquelles ily avoit
encore des volets de bois épais d’un pouce.
L’eau des FolTés & des Refervoirs au Nord , fix pouces au delTous de
la fuperficie, eft ordinairement TEté le matin de bonne heure & le foir
plus chaude de deux degrés , que l’air du Nord même : au-lieu qu’au
Frintems , la chaleur eft communément égale , auquel tems aufti l’eau ,
quand Tair devient plus chaud , n’en eft pas fitôtaffeélée ; & tout au con¬
traire l’eau retient davantage fa chaleur, & elle eft même quelquefois
de 4.5 5^ V plus de degrés plus chaude que l’air, quand le tems devient
tout à coup froid & rude, comme auifi lorfque l’air eft refroidi par la
rofée. Ordinairement c’eft le matin que l’eau eft la plus froide, &elle
diffère le moins d’avec l’air du Nord , vers midi : cependant dans un
Foffé où l’eau court toujours, & qui eft plus ou moins couvert d’arbres,
elle eft ordinairement de deux degrés plus froide ; & encore plus dans
un Relèrvoir de plomb au Nord qui eft ombragé par des arbres.
Le Baromètre peut indiquer quand il faut munir les Serres contre le
vent, en fermant les vitres; ou bien en y paffant par deffus des cordes,
ou pour laiffer entrer l’air en ouvrant un peu les vitres, ou pour les cou¬
cher plat, quand le Baromètre eft fort bas; mais il faut ôter tout-k-fait
les vitres des plantes qui doivent être huineélées, afin que la pluie puiffe
les arrofer.
Les Pefè-vapeurs ne m’ont jamais fervi de rien pour la culture des plantes?
CHAPITRE IV.
Le de la âiverjîté avec laquelle il mêle le^ parties êsP agît fur les
liantes \ comme aujfi de la chaleur^ du froide des vents ^ de la pluie ^
de la neige ^ delagrelcy des frimât s y ^ de la rofée y
L’Air, dilènt certains Naturaliftes, eft un corps fluide, glutineux,
tranlparent ôc élaftique, qui eft fufceptible de condenlàtion & de
raréfadion, mais non pas de fe convertir comme l’eau en glace; j’ya-
joute, tel qu’il eft avec les vapeurs & les exhalaifons, lefquelles font ex¬
trêmement divifées. f
Les exhalaifons font des parties ignées, fulphureufes , minérales, mê'-
Kk 3 lées
LES AGREMENS
^62
lées de lalpêtre, & telles autres parties fèches.
Les Vapeurs font des parties unies , humides , contenant de l’eau ou
de riiuile.
Les unes & les autres dorment par toute forte de caules à Tair diver-
lès températures, félon qu’il fe mêle avec lui plus ou moins de vapeurs ou
d’exhalaifons , formant ainfi enfemble l’air commun, dans lequel tous
les Animaux (Sc les Plantes font produits & croiilènt. Comme donc l’air
eft different félon la fîtuation desPaïs,les corps different auffi entre eux;
car félon que le Soleil éclaire les Païs plus ou moins obliquement, ou bien
perpendiculairement, les rayons font réfléchis, ou bien ils y relient plus
longtems , & y caulènt plus ou moins d’agitation, d’où provient le chaud
& le froid.
Si Ton penlè que dans de certains endroits il y a du feu Ibus la terre,
ou feulement une matière fulphureulè , qui a été allumée , les vapeurs
& les exhalaifons dans levoifînage du feu , y feront en plus grand nom¬
bre: outre que le Soleil pardeirus,& ce feu par deffous, caulèront des va¬
peurs & de exhalaifons tout-à-fait différentes , & cela à proportion que
les Païs feront élevés , lècs, montagneux, contenant des métaux & des
minéraux , fulphureux, huileux , chargés de vitriol , de falpêtre , de fel &
de bois, & qu’ils font éloignés de la Mer; à proportion aufli qu’ils font
habités près à près par un grand nombre d’hommes ; de même que félon
qu’ils font bas, unis, ayant des rivières, des marais, des lacs; que la
terre en efl; légère ; qu’ils font dans le voifinage de la Mer , & habités
par peu de perfonnes , & cela loin à loin.
Quand même on feroit bien inftruit de toutes ces circonflances, il nous
manqueroit encore la connoiffance de l’air convenable pour l’entretien
des Plantes ; car nous ignorons de quelles parties l’air efl; compofé, quand
les Plantes en font incommodées ; ni comment il doit être pour, les faire
. croître vigoureufement. Nous favons en général , que l’air le plus fain
devient très mallain & mortel pour noirs , quand il relie fort longtems
autour de nous & que nous le refpirons après qu’il a été corrompu par les
mauvailes vapeurs & les exhalaifons de nos corps, & de leurs excrémens
fujets à la pourriture ; deforte que rien de ce qui a vie ne peut fubliller
fi l’air n’efl: pas continuellement rafraîchi : tous les Animaux même, fau¬
te de ce rafraichiffement, cefferont de retirer : mais autant qu’un air ra-
fraichi ell d’une néceffité indilpenfable pour tous les corps, dont le mou¬
vement tend à l’accroiffement ; autant ell -il nuifible à tousi les- oofps,
qui ne font plus fufceptibles d’accroiffement & que l’on veut confervet
pendant
DE LA CAMPAGNE.
pendant quelque tems dans le même état : c’eft-pourqiioi on communi¬
quera continuellement un air frais & pur à toutes les Plantes qui croif-
fent , & on empêchera d’im autre côté qu’il n’approche des fruits.
Un air chargé de trop de parties féches & ignées, ou d’exhalailbns,
eft aulTi nuifible aux Plantes, que lorfqu’ileft chargé de trop de vapeurs:
c’elt ce qu’on obier ve l’Hiver à l’égard de nos corps , quand on fait grand
feu dans des chambres renfermées , dans lefquelles le Thermomètre étant
a 26 degrés (faifant dans un plein air de Nord une chaleur de Printems) ,
car il nous incommodera plus dans ces endroits ^ que ne feroit celui
qui lèroit plus chaud , chargé de vapeurs voltigeantes , à l’égard des
Plantes de la Serre artificiellement échaufée.
il faut traiter les tendres Plantes , qui ne réfiftent pas a l’air rude qu’il
fait chez nous dans l’Autonne, l’Hiver ou le Printems, comme les per-
fonnes foibles & délicates, & les munir contre le froid; mais il ne faut
jamais les laifïër longtems dans un air, qui n’eft pas continuellement ra*
fraichi par un air pur, car autrement ces Plantes périroient, de même
que les Animaux ; & comme on s’apperçoit aifément dans des chambres
renfermées, quoique occupées par plufieurs perfonnes faines, de la cor¬
ruption de l’air 5 & mieux encore dans des chambres de Malades ; il en efl
de même dans les Orangeries & les Serres vitrées , qui ont été longtems
fermées, & cela à proportion qu’elles contiennent beaucoup de plantes
raflemblées, & à proportion auffi que ces plantes croilTent vigoureufè-
ment : on s’apperçoit même en plein air, quoique toujours plus vite dans
des lieux renfermés , d’un mauvais air fulphureuxjou bien d’un air qui ell
chargé de parties trop pénétrantes, ignées, contenant du falpêtre , de l’hui¬
le, du vitriol; comme on le remarque fbuvent aux Mineurs où à ceux
qui entrent dans des caveaux profond s, qui ont été fort longtems fermés.
Qiiand il fait pendant longtems du calme & fiir-tout pendant des Etés
chauds, nos corps de même que lés Plantes, -fè reffentent, mais non pas
li fubitement, de la mauvaifè température dé l’air, arrivant très fouvent
qu’une chaleur fi longné eft fuivie en Autonne de maladies mortelles j
au-lieu qu’on trouve l’air très pur & très fain , lorfqu’en Eté il fait beau¬
coup & de grands vents, & qu’il tombe des pluies froides.
Le meilleur & le plus promt remède pour purifier les Orangeries fer¬
mées & les Serrés vitrées, d’un air mauvais & corrompu , & de réjouir
les plantes par l’intromifTion d’un air frais, eft de donner un libre paffa-
ge à l’air par des ouvertures pratiquées des deux côtés : cependant quand
l’air extérieur eft trop froid, & que ce paffage pourroit nuire, on aro-
I
LES AGREMENS
264.
fe légèrement avec de l’eau de pluie pure, le fond de l’Orangerie, &c.
la plus froide eft la meilleure, après quoi on augmente la chaleur, d’où
il arrive que les parties de l’eau fe féparent & fe répandent; & lorfqu’el-
les font raréfiées & mêlées avec les mauvaifès exhalaifons, elles font
poufTées alors ou par la cheminée, ou vers un autre appartement par
l’ouverture de la porte.
Pour ce qui regarde encore la température de l’air , quant au chaud
& au froid , l’une & l’autre de ces qualités font également néceffaires
tant pour la vie & la confervation des plantes , que pour les corps des
animaux : car comme ces corps ne fauroient fubîifler fans la chaleur qui
par fon agitation raréfie & répand les humeurs, de même le froid efl aulfi
plus ou moins néceflaire, félon l’état des corps, lèlon la fîtuation des
Pais qu’ils habitent, &ceia pour condenfer, quand il le faut, les hu¬
meurs, & les coaguler en quelque manière: c’cft ce dont les Pais les
plus chauds nous fourniffent des preuves , puifqu’on y a la bonne, la dou-
teufe & la mauvaifè MoulTon, tout comme chez nous la chaleur d’Eté,
Sc le froid d’Autonne, d’Hiver & de Printems. Les Plantes, & tous les
corps des animaux ont aufli leurs propriétés particulières, non feulement
à proportion de la grandeur de cette chaleur ou de ce froid , eu égard à
un air fec ou humide, mais aufli à proportion des manières différentes
dont ils doivent en être affeétés : delà vient que les Saifons prodiiifènt
fous un même Climat diverlès efpèces de fruits , comme font chez nous
les fruits de Printems, d’Eté, d’Autonne & d’Hiver, & fous des Cli¬
mats plus chauds, les fruits de la bonne, de la douteufe & delà mauvaifè
Mouflon. De plus le froid de la nuit efl très néceflaire pour la pouffe
& pour la nourriture des Plantes : étant remarquable que les nuits d’Eté
dans plufieurs Païs fort chauds , font ordinairement plus froides que
chez nous , ou dans tels autres Païs peuplés du Nord ; deforte qu’il pa-
roit que le froid de la nuit leur tient en quelque façon lieu du froid
qu’il fait chez nous l’Hiver ; on a de ces nuits froides principalement en
Afrique, où il fait pendant le jour une chaleur infupportable, & où il
pleut fort peu ou point du tout; car quand il y pleut, ce font de peti¬
tes pluies menues, qui font pour l’ordinaire les avant-coureurs d’une ma¬
ladie contagieufe.
V On éprouve auffi de pareilles variations entre la chaleur du jour & le
froid de la nuit, dans les vallées des Païs fîtués fous ou près de la Ligne,
dans le voifinage de la Mer,& couverts par derrière par de hautes mon-
.tagnes, où les vapeurs que la Mer exhale, font poufTées continuelle¬
ment
DE LA CAMPAGNE.
i6^
ment pendant le jour par les vents de Mer contre les Montagnes , & a-
près sY être condenfées & converties en brouillards , elles s’en retour¬
nent la nuit avec les vents de terre, fur laquelle terre elles fe répandent
comme une épaifle rofée. C’ell ainfi que dans les Païs bas & humides,
les plus froides nuits font précédées par une grande chaleur du jour ,
fur -tout vers l’Autonne , quand les nuits s’allongent: ce froid ell
caufé par la rofée, qui fuit pour l’ordinaire. Les Païs du Nord, au
contraire, ont dans l’Eté moins de froid pendant la nuit.-deforte que la
Nature montre encore de quelle manière elle remédie au grand froid de
l’Hiver. L’expérience nous apprend outre cela , que comme les Païs du
Nord qui font habités, produilènt des hommes plus grands, plus vigou¬
reux, plus robuftes, mais moins agiles de corps & d’elprit, de même
les Plantes , qui rélillent à un grand froid d’Hiver ou d’Aiitonne , ont
des tuyaux plus fermes , & deviennent meilleures pour produire conti¬
nuellement en abondance des fruits mieux nourris , ce qui fe remarque
le plus vifîblement dans ces Climats, au Bled d’Hiver & d’Eté, comme
aulfi aux Pois des Jardins , aux Fèves & telles autres herbes potagères ,
quoiqu’il y en a qui croient que la plus grande fertilité vient de ce que les
Plantes pouffent des racines fort profondes en rerre; mais ce n’eft rien
moins que cekjpuilque leurs racines croiffent moins en profondeur qu’ho¬
rizontalement, ce que prouvent les Fèves tranfplantées , dont on rac¬
courcit avant que de les tranfplanter , les racines droites , afin qu’elles en
pouffent plus par les côtés ; elles cJiargent aulfi davantage , quand le froid
du Printems les retarde dans leur crue, car alors elles pouffent plus de
rejettons & ont des tuyaux plus fermes. La pluie froide eft aulfi com¬
munément meilleure & plus avantageufe pour la pouffe & la fertilité que
la chaude ; & c’eff là la raifon pourquoi les pluies de la nuit font préfé¬
rables à celles du jour. j *
On donne différens noms à la fraîcheur ou au froid , félon que les
corps en font afteétés: c’eft pour cela qu’en Hiver nous appelions chaud
un air, qui nousparoit fort iroid, & rude en Eté; ce qu’on peut éprou¬
ver alors le plus fonfiblement dans des caveaux fouterrains fort profonds ,
car quoique dans ces endroits l’air nous paroiffe froid en Eté & chaud
en Hiver, il en eff tout autrement de cet air renfermé, félon le Ther¬
momètre: cependant nos corps accoutumés en Eté à une grande cha¬
leur, & en Hiver à un plus grand froid, fentiroient bientôt cette étrange
variation. Par la même raifon , on dira que de l’eau tiède eft froide ,
quand on y plonge la main, dans le tems même que Ton fent de l’eau
Fan/e IL L 1 fort
fi'66 LES A G R E M E N S
fort chaude; îl en efl de même de pareilles autres variations. Mais
que tout ce qui efl fortement agité foit chaud 5 & que ce qui n’a que
peu de mouvement foit froid , c’eft ce qui n’arrive pas également à tous
les corps : car on voit tout le contraire à l’air & à l’eau agités par le
vent 3 piüfque cette agitation les rend froids.
Il eft donc certain, comme je l’ai dit, que le froid efl aufîi néceffaire
pour la vie des Animaux &des Plantes que le chaud ,& que chaque Plan¬
te demande d’être plus ou moins affeétée par la chaleur ,& cela en diffé¬
rentes manières , comme le prouvent les Cerifes , les Pêches , & les Rai-
fins; car les Cerifes 6c les Pêches fleuriffent & fe nouent au Printems,
quand il fait ordinairement encore frais, & quelquefois froid, même
lorfqu’il gele: au-lieu que cela n’arrive aux Raifins qu’au milieu. de l’Eté ^
quand on a les nuits & les jours les plus chauds. Les Cerifes meuriffent
aulTi de même quand la chaleur augmente encore , 6c les Raifins ^6c les
Pêches quand elle diminue; c’efl-pourquoi il faut penfer, quanta la cul¬
ture de ces fruits & autres de cette forte, fur-tout pour les prématurer,.
de les placer fous des vitres &.de les faire venir fans ou par le moyen du
feu, par un foin extrême, 6c par une imitation de la Nature; cette i-
mitation d’un air chaud pouvant être faite avec un grand fuccès, pour
peu que le Soleil intervienne ; 6c cela non feulement afin de prématu-
rer les fruits d’Eté 6c d’Autonne, mais aulfi pour faire croître naturel¬
lement & meurir parfaitement chez nous les fruits de Climats pliischauds^
L’Art jufques ici n’a trouvé aucun moyen, pour faire croître, produi¬
re des fruits, ou pour cultiver en Eté des fruits d’Hiver, dans des Païs
chauds , à l’aide des Plantes de Climats plus froids , par lefquels moyens ces
Plantes pourroient aquerir la faculté requife 6c néceffaire de fè refferrer.
Un changement fubit efl non feulement nuilible , mais même fbuvent
mortel a toute forte de corps: il en efl de même des Plantes; c’efl ce
qui doit engager à en avoir grand foin, fur-tout de celles qui font dans
des Serres ; car quoique les Plantes de Climats plus chauds aient certai¬
nement befbin d’une très grande chaleur , 6c que les nôtres puiffent ré-
fifter àuntrès grand froid, un pareil changement, quoique confiftant
en beaucoup moins de degrés de chaud ou de froid , ne laiffe pas fou-
vent que d’être mortel pour elles : le fuccès de toutes les Plantes étran¬
gères 6c tout ce qui regarde la prématuration, dépendant prefque entiè¬
rement, de ce qu’en imitant la Nature, on leur communique peu à
peu le plus grand froid 6c la chaleur dont elles ont befbin , ce dont on a
traité amplement dans le Chapitre précédente
Corn*-
DELACAMPAGNEX 257
, Comme Un air chaud & froid, ou froid & chaud, ne fe mêlent pas
* tout à coup , pour faire un air doux & tempère , pas même dans des en¬
droits renfermés; mais que cela doit fè faire inlènfiblement , parce qu’au
commencement de ce changement le plus fort des deux repoufle celui
qui l’eft moins, & ne produit qu’un changement de lieu; on gâte ainfi
par ignorance , par le fëu , quantité de Plantes dans les endroits ren¬
fermés comme dans les Serres & les Orangeries : le changement fubit
étant la prémière caulè de ce dégât; & d’un autre côté, lorlqu’il s’y eft
gliffé trop de froid , il s’attache aux Plantes qui font le plus près des vi¬
tres à terre, comme aulTi à leurs troncs, à leurs branches ,& à leurs feuil¬
les , ce froid étant poufle par la trop liibite chaleur jufques aux racines
& aux envelopes intérieures des Plantes, & même le répandant par tout
l’appartement, il efi: comprimé dans un feul coin, où le froid fait enco¬
re de plus grands ravages. Pour prévenir autant qu’il eft polTible cet in¬
convénient, il ne faut pas feulement faire un feu modéré, mais aulfi fai¬
re, le plus loin qu’il le peut du feu, une ouverture, par où le froid
forte.
Comme donc l’air ne fe mêle pas fubitement dans des endroits ren¬
fermés, fur-tout quand ily a une preftlon extérieure, quoiqu’il fbit com¬
primé par en haut & par embas ; il en eft de même en plein air, où l’on
raflemble & conferve les rayons Iblaires par des cloifons ou par l’ombra¬
ge des arbres ; cet air chaud pouvant dans de pareils endroits féparés ,
ou bien plantés des deux côtés, refter fort longtems fans mélange,
quoiqu’il paftc par devant & par defliis lui un air plus froid : ce qu’on
peut voir par différentes preuves , & cela fe démontre aulfi par le fflier-
momètre, fur-tout dans les mois d’ Avril, Mai, Septembre «Sc Octobre,
quand avec un Soleil qui luit tous les jours, & avec un vent de Nord ou
de Nord-eft, il fait des nuits fi froides, que dans un terrain uni en plein
air le Thermomètre montre gelée, étant à & même encore moins,
& que la glace elle - même indique aufti un pareil froid ; auquel tems
cependant le Thermomètre fera à 17, 185 dans des endroits
féparés par des brife- vents.
Que le froid, comprimé & famaffédans le coin d’une Couche vitrée,
8’y manifefte par des effets plus fènfibles , c’eft de quoi on s’appercevra
toujours en Hiver , lorfqu’après l’avoir un peu ouverte il vient à y péné¬
trer : ainfi quand on ouvre ces Couches pendant qu’il fait une petite ge*
lée, on trouvera que ce qui a été d’abord gelé, efl au bout de la Couche
au Sud-oueft, fi l’air extérieur vient du Hord-eft; au contraire le froid
L1 2 fe
268 LESAGREMENS
fe fixera au coin qui efl au bout de la Serre' au Nord-eftjOü bien à l’Elt,;
quand Pair extérieur vient duSud-ouefl ou de rOueftj&cequi fe remar¬
que k Pégard du froid, arrive aufïi aux vapeurs & auxexbalaifons, qui
fe ralTemblent pareillement dans les coins des endroits renfermés.
Il paroit auflfi de ce qui précède, que le plus froid du jour au defliis
de Phorizon ell quand le Soleil fe lève & une demi-heure après, car a-
lors cette chaleur du Soleil chaffe le froid vers les coins où le Soleil ne pé¬
nètre pas.
De même qu’en Eté Pair devient de jour en jour plus chaud par le
moyen du Soleil, k moins que le vent qui fait faire diverfion à fes rayons
n’apporte quelque variation k cet égard ; de même aufli le froid devient
plus grand & plus fenlible, quand il gele, fur-tout avec un air couvert,
& bien plus encore quand la terre efl: fermée ou couverte de neige , de
manière que la gelée ne fauroit y pénétrer.
Les Vapeurs , qui ne trouvent pas fi bas près de nous un affez grand
froid , pour fe convertir en brouillards , montent plus haut , fe conden-
fent & fe convertiffent en nuages , lefquels reftent fufpendus aulli long-
tems qu’il ne s’y en eft pas raflemblé une trop grande quantité ; ce qui
empêche ces nuages de tomber c’eft l’étendue de leur volume, la pelanteur
de Pair qui efl fous eux , ou quelque vent fort : mais quand ils^ font tel¬
lement compofés , que leurs goûtes font affez greffes , & tombent par
leur propre poids, alors cela forme une pluie médiocre, laquelle, quand
il fait grand froid, fe change en neige lorfqu’elle approche de la terre,
au- lieu que cela caufe une greffe pluie, de la grêle ou de la neige, quand
ce nuage eft pouffé en-bas par la pefanteur de l’air qui efl au deffus; &,
quand le nuage n’efl pas fi fort condenfé par le haut , ou bien quand les
goûtes n’en font pas fi greffes, & quand l’air qui efl au deffous cède,
il en provient un brouillard mince , ou du verglas opaque.
La plupart des gens s’imaginent qu’une pluie chaude, fuivie immédia¬
tement d’un air chaud, efl ime chofe fort avantageufe pour faire pouffer
& pour rafraichir lesPlantes. C’efl une erreur ; cela efl extrêmement nui-
fible puifque par-lk les Plantes fe chanciffent. Mais les pluies froides du
Nord, & flir-tout les pluies de la nuit en' Eté font toujours bonnes & a-
vantageufes k caufe de leur fraicheur , même quand il ne fuit pas de cha¬
leur, qu’après qu’elles ont pénétré en terre ju^ues aux racines; il en efl
de même de la forte neige & des fortes pluies de l’Hiver ou du Prin-
tems.
La Neige fe charge , parce qu’elle eft anguleufe , des parties de Ibu^-
v. ■ phre
DE LA CAMPAGNE. 169
phre &: de fklpêtre qui font dans Pair, les fait delcendre avec elle & pé¬
nétrer jufques dans la terre; c’eft ce que font auiîi les fortes pluies, &
les pluies froides, dont les goûtes font plus compares, & moins polies,
que celles d’une pluie douce & chaude; &c’efl pour cela que, même en
Eté, pourvu qu’il ne fuive pas fubitement un tems chaud, la neige, la
grele, les pluies fortes & les froides fertilifent la terre , & aident con-
lidérablement à la poiiiïe. Mais quand ces pluies fortes tombent fur les
fleurs épanouies des fruitiers , ces fleurs tombent avant que de fe nouer ,
ou bien caufent une efpèce de rouille qui empêche la plupart de ces fleurs
de réuflir. Ces pluies fortes font aiifli pemicieufos, quand les Arbres
pouffent au Printems de tendres rejettons , & quand elles font fuivies
d’un froid rude : de plus elles font fouvent nuifibles aux tendres herbes,
& au blé, parce qu’elles multiplient confîdérablement les mauvaifes her¬
bes. Du refte avec un air froid les fortes pluies font toujours bonnes &
défirables ; au-lieu que les petites pluies fines <$5 chaudes d’Kté font tou¬
jours funeffes aux Plantes.
La Greîe fertilifo à caufe de fon eau nitreufo, mais elle caufo fouvent
un grand dommage, en ce que pendant l’Eté elle eft fort groffe, dure,
& qu’elle eft pouffée par des vents violens contre & fur les Plantes.
Quand il fait des Brouillards -i ou des Bruines il fait aufli calme, ce
qui, comme il a été dit, quand cela dure longtems,rend l’air mal-fain,
& fait rouiller, moifir & pourrir les Plantes. D’un autre côté, un tems
froid en Hiver & beaucoup de neige , font le fondement de l’efpérance
d’une année fertile ; aufll les années dans lefquelles il tombe des pluies
froides font-elles toujours avantageufos pour les Plantes, & faines pour
les Hommes & les Bêtes.
Le Verglas opaque ou qui n’eft point tranfparent, eft, comme je l’ai
dit , un brouillard , ou une bruine qui fe gele près de terre.
Le Verglas tranfparent fe forme , quand l’air fupérieur n’eft pas affez
froid pour changer les gouttes en greîe ou en neige ; mais ces gouttes ve¬
nant à tomber en pluie , fo convertiffent en glace par le froid des corps
auxquels elles s’attachent. Ce Verglas dure rarement longtems, parce
que l’air le diffolvant , le change en eau , ce qui fait qu’il eff rarement ou
point nuifible; mais il en feroit tout autrement, s’il nefuivoitpas d’abord
du degel, fl les vapeurs des Plantes ainfl renfermées comme dans un
verre ne pouvoient pas s’exhaler , & recevoir un air frais.
Le Tonnerre avec un air noir chargé de nuages caufe des pluies for¬
tes, rarement accompagnées d’une groffe grele: au-lieu qu’on a fouvent
L1 3 à
270 LESAGREMENS,
à attendre une pareille grele , quand il tonne Fort & que Pair eft clair.
La Rofée fe forme des vapeurs qui fe font élevées , lefquelles , après a-
voir été encore plus dilatées par la chaleur du Soleil, defcendent enfuite
conjointement enfemble. Qiiand cette conjonélion fe fait le foir par un
petit vent chaud, alors laRolée n’eil pas également fur toutes les terres,
mais quand elle fe condenfe peuk peu après le Soleil couché, elle tombe
dans lanuit vers le matin, alors elle fe répand également & humecte tou¬
tes les terres voifines. Qiie les matinées dans lefquelles il fait de fortes
Roféesfoient les plus froides, Sc que la Rofée procure aux Plantes une
humeétation froide & une très vigoureufe poulie , c’efl une vérité con¬
nue; & c’eft ce qui ifeft nulle part plus fenfible que dans ces Païs> où la
Rofée eft le feul moyen par lequel les Plantes font humeélées pendant
PEté , parce qu’elles y croifTent comme il faut , qu’elles y produifent des
fruits, quoiqu’il y pleuve rarement. Cela confirme en même tems, que
les Plantes ne fe nourriffent pas feulement par le moyen de leurs racines,
mais aulTi en partie au deffus de terre par le moyen des pores de leurs
feuilles, puifque la Rofée n’humede jamais affez clie^, nous, pour qu’el¬
le puifle pénétrer jufques aux racines.
Cela démontre encore, qu’une humidité froide efl avantageufe & fer*
tile , ce qui fe voit le mieux dans les pluies du Printems & de l’Auton-
ne , auquel tems ces matières fluides montant dans les petits tuyaux des
Plantes, & fe condenfant par le froid de la nuit, caufènt pour lors une
vigoureufe pouffe. Quand au contraire en Eté la chaleur efl grande &
longue & que les nuits font moins froides , ce qui empêche les vapeurs
de fè joindre ou de fe condenfer fi fort & de produire un mélange fi con¬
venable de la fève, alors ces vapeurs refient raréfiées, elles s’exhalent
continuellement & ne font croître que très peu les Plantes. Il faut en¬
core ajouter à ceci, que la terre étant très peu humeélée, les pores des
Plantes fe refferrent davantage par la chaleur, & parce qu’il ypaffemoins
de fève , ce qui rend les Plantes plus grêles & moins vigoureufès.
Je laiffe aux Naturalifles à décider fi le Vent efl une choie quifubfifle
par elle-même, ou fi c’eft une prefiion de l’air, qui fait plus ou moins
de ravage , à’ proportion qu’étant comprimé il pénètre dans des endroits
plus renfermés : il efl cependant certain que rien ne purifie davantage &
ne rend l’air plus fain, qu’un vent de Nord froid & violent, parce qu’il
dilfipe toutes les mauvaifes vapeurs & lesexhalaifonsde la terre, de même
que celles de tous les Animaux & de leurs excrémens qu’il empêche de
iè pourrir : lefquelles vapeurs reliant autrement comme fulpendues autour
DE LA campagne: 271
de nous , on les avale par la refpiration , ce qui efl extrêmement fnnefte
à tous les corps, tant des Animaux que des Plantes, lleft bien vrai que
ces vents violens difperlènt extrêmement leS rayons du Soleil , ce qui ne pri¬
ve pas,feulement de la chaleur , mais fait même mourir quelquefois les
tendres Plantes, à caufe de la violence avec laquelle ils compriment Pair ;
delà vient que -les grains foufrent & fe gâtent par les parties déliées de
la terre qu’ils charient: de plus la forte commotion qu’ils caufènt, dégar¬
nit de terre les racines lupérieures des Arbres ou autres grandes Plantes,
auquel cas l’air extérieur empêche la circulation delà fève, ce qui retar¬
de la pouffe & quelquefois aufh l’empêche pour toujours. Mais on pré¬
vient tout cela, quand on a foin de munir nos corps contre ces vents, &
d’en garantir les Plantes par 'de grands brize-vents : auquel cas on retire¬
ra les avantages néceffaires de ces vents forts, fans en avoir les incon-
véniens. - .
Les vents font froids, chauds, humides ou fecs, nonfoulement félon
qu’ils viennent des endroits plus froids ou plus chauds, mais auffi félon
qu’ils fouflent avec force ou doucement, & qu’ils paffent avant que de
parvenir Jufques à nous par deffus beaucoup d’eau , des Païs plus lècs on
plus humides : ainü ;
Le vent de Nord, qui vient à nous du plus froid climat, n’eff pas iî
froid chez nous pendant PHiver, que le Nord - eff ,& encore moins que
l’Eft ; c’eff pour cela même qu’en Hiver il fait rarement une forte gelée
par le vent de Nord , mais beaucoup jde brouillards , de verglas , ou de la
neige: ce vent paffantjen venant à nous par deffus la Mer, apporte a-
vec foi les vapeurs & les exhalaifons delà Mer: ce qui faitaulfi qu’il cau¬
fe en Eté des Jours fort froids : quoique fouvent tout le monde fe plai¬
gne de ce vent de Nord, il eil: cependant le plus à délirera tous égards;
mais on le verra rarement foufler pendant un certain tems, fans avoir u-
ne ligne du Nord-oueft ou de l’Eft.
Le Vent de Nord-eff ne paffe pas avant que de venir chez nous par
deffus tant d’eau que celui de Nord ; mais par deffus des Païs plus fecs ,
apportant conféquemment avec foi des parties plus folides, qui caufent
en Eté une grande ardeur, & en Hiver un froid fec & rude.
Le Vent d’Eft avant que de venir chez nous , paffe par deffus des Païs
plus focs encore, & par conféquent il nous apporte avec foi des parties
encore plus folides , ce qui caufe en Hiver un froid foc encore plus grand,
& en Eté une plus grande ardeur. Le vent d’Eff, au contraire, eli
ordinairement rude & froid, aux environs des- Côtes d’Angleterre (i-
tuées
LES' A G R E M EN S
272
tuées vis-k-vis de nous, comme chez nous les vents de Nord & deNord-
oueft: parce que ce vent d’Eft pafle la Mer avant que de parvenir là,
apportant ainli avec foi les vapeurs de la. Mer : c’eft delà que vient le
Proverbe Anglois. The TVind ofEaJl îs never good for Man or Beajî:
c’ell-à-dire, le vent d''EJl n''ejî jamais bon ni pour les Hommes^ ni pour
les Bêtes.
■ Le Vent de Siid-eft caufe ordinairement en Hiver chez nous le froid
le plus rude, parce qifil paiTe encore par defliis des Païs plus lècs, d’où
il nous apporte ces parties ; & c’eft aiilfi pour cela qu’il caufe en Eté la
plus extrême ardeur ; mais comme le vent foulle alors toujours fort dou¬
cement, les exhalaifons reftent fufpendues en-bas, caulànt fouvent par¬
la un air fort couvert , &: comme pour lors ces petites parties ignées le
mêlent avec le.s parties molles de l’air , il en naît ordinairement du ton¬
nerre, de la grele & de fortes pluies: après quoi ce vent de Sud-ell le
tournant quelquefois au Sud-ouefl,' mais communément au Nord-oueft,
calme le tems, purifiant ainfi l’air des mauvaifès exhalaifons, dont il é-
toit refté chargé , pendant tout le tems que le vent étoit Sud-efl; : rafrai-
chiflant les Hommes , les Bêtes , & les Plantes , qui contenoient quantité
de ces mauvaifes parties aériennes. Cell un bonheur au relie que le vent
de Sud-ell ne foufle rarement plus longtems que trois jours, fans chan¬
ger ainli en mieux au Nord-oued; car aulfi longtems que cela n’arrive
pas , il continue ordinairement à tonner.
Le Vent de Sud vient chez nous du Païs le plus chaud, & foulle ra¬
rement bien fort ; deforte que toutes les vapeurs de la terre & les autres
exhalaifons relient fuipendues en-bas autour de nous , lelquelles lè mêlant
•alors avec les particules ignées de ce vent de Sud-ell caufent en Eté une
chaleur étoufante, laquelle, lorfqu’elle dure peu, avance viliblement-
la ponde de l’herbe, mais pade autrement pour très mal-làine, fur-tout
quand il fait alors de petites pluies menues, comme cela arrive Ibuvent;
car cela caufe fréquemment dans l’Autonne des maladies très mali¬
gnes. En Hiver ce vent caufe moins de froid ; mais comme les vapeurs
de l’eau & les exhalaifons ne peuvent pas pour lors être li fort raréfiées,
elles relient pareillement fufpendues autour de nous , caufant dans cet
endroit un air épais.
Le Vent de Sud-oueft caulè communément chez nous au Printems &
en Autonne les plus violentes tempêtes, jufqu’à renverlèr plus qu’aucun
autre les arbres , mais il n’ell pas li froid que
Le Vent d’Oueft, qui padè plus de Mers en venant chez nous: celui-
ci
ci caufeaiifli quelquefois de violentes tempêter, purifie encore davanta¬
ge Pair & le rend plus fain que le Sud-efl ; ces deux vents tempétueux
fè calmant pour l’ordinaire dans le Nord-ouefl, tout comme on dit que
les bourafques de tonnerre en Eté s’appaifent dans le Sud-eft.
Le Vent de Nord-oueft caufe quelquefois de furieufes tempêtes, mais
rarement autant que l’Oueft, & encore moins que le Sud-eil: mais
quand il foutle fort, il eft accompagné de beaucoup de bourafques, &
de grele ou de neige, au Printems 6c en Autonne ; deforte qu’il rend l’air
fort froid 6c rude, 6c la Mer fort grofle; il cliarîe jufques à nous les va¬
peurs làlées de la Mer, ce qui nuit extrêmement à nos Plantes, parce
que les Arbres , dont les hautes cimes en font affectées , ne font jamais
des couronnes hautes 6c rondes , mais obliquement tondues , comme ce¬
dant à ces vents impétueux : ils purifient cependant davantage l’air de
mauvaifes vapeurs & d’exhalaifons , que les vents d’Ouefl: ou de Sud-
ouefl , faifant par conféquent grand bien à toutes les Plantes qui font à
l’abri de leur violence 6c de leurs vapeurs falées.
Selon le récit de Voyageurs exaéts on ne remarque nulle part plusfen-
fiblement, le grand changement 6c le bien que les vents font aux Plan¬
tes 6c aux corps des Animaux , que dans les Païs qui font aux envi¬
rons ou fous la Ligne , 6c où le Soleil luit tous les jours également pen¬
dant douze heures; car dans ces endroits ils font la bonne 6c la mauvaifè
MoufTon, ou bien l’Hiver 6c l’Eté; quoiqu’on entende très mal- à-propos par
la bonne MoufTon, le tems où la chaleur eft fort grande, où il fait fec6cpeii
de vent ; 6c qu’on appelle mauvaife Mouflon, lorfque les vents 6c les fortes
pluies rafraichiflènt Pair, humeéient la terre , & font pouffer les Plan- ‘
tes : il eft bien vrai que les vents fbuflent fouvent pour lors avec violen¬
ce , 6c que les fortes pluies tombent trop abondamment , ce qui fait un
tort extrême à quantité de Plantes; mais cela n’empêche pas que l’on ne
recueille de meilleurs fruits , 6c que l’on n’ait de plus vigoureufès Plan¬
tes , que dans la bonne Mouflon ainfî nommée , quand dans plufieurs
Païs , les Arbres qui naturellement ne verdiflènt pas en tout tems , font
grêles, fans feuilles, 6c fans pouffe, comme chez nous en Hiver: les
meilleures Saifons au refte pour la pouffe 6c pour les fruits font dans ces
endroits les Mois douteux , que l’on peut comparer à notre Printems 6c à
notre Autonne, étant le tems où les vents tempétueux font prêts à fou-
fler 6c à finir, les vents 6c les pluies étant alors plus modérés. Dans ces
Païs on voit dans certains endroits fort peu éloignés les uns des autres
en même tems l’Hiver 6c l’Eté, ou comme on le nomme là, la bon-
’ farîk IL ]\lm ne
LES ACRE MENS
tie & la mauvaîfe Mouflon 5 félon que le vent vient d’un côté ou d’hn au¬
tre, & qu’il efl: arrêté dans fa violence par les montagnes: car ces vents,
chariant les vapeurs qui s’élèvent jufques aux montagnes , s’y condeu-
fent, & tombent enfuite en fortes pluies: tandis que dans le même
tems, il fait dans certains endroits, de l’autre côté des montagnes,. une
chaleur feclie làns vent.
CHAPITRE V.
De la terre: comment on doit la mêler le plus utilement félon la proprlér
té des Tlantes , £«? félon le tems êsP la manière dont on s* en feru
ON appelle communément terre les Fonds qu’on peut labourer , pour
les diftinguer ainli de ceux qui font pierreux on montagneux-
Mais j’appelle ici terre, quand un Fond a été fouvent brifé,ou tellement
mêlé avec d’autres fortes de terre, comme lî ce n’en étoit plus qu’une
feule , quoique les parties s’en féparent aifément.
Les Fonds naturels ont différentes qualités en profondeur, &fouvent
aulfi des couleurs différentes. La couleur au relie ne fait rien quant à là-
fertilité , excepté la terre qui ell tout-à-fàit ronge , laquelle n’ell jamais^
ou rarement fertile ; la noire, au contraire, ell communément la meil¬
leure; elle nous paroitra fouvent à la vue plus ou moins noire j d’un
brun-foncé, claire ou plus blanche, lèlon qu’elle ell plus ou moins hu¬
mide, tout comme les nuages épais & condenfés paroiflent noirs, &que
ce qui a été fort defléché par le feu eft blanc.
On mêle non feulement le plus convenablement félon leur nature les
Fonds avec de la terre gralTe, du làble, du limon ou autres fortes de fu¬
mier, converti ainli en terre, mais aulïi lèlon les propriétés des Plantes ^
que l’on veut qu’elle produilè , lèlon encore que l’on, veut l’employer en
plein air ou dans des vafes & des Couches vitrées , comme aiilli félon
qu’on a deffein de s’en fervir au Printems, en Eté, en Autonne, ou en
Hiver, ou bien par la chaleur du fumier de Cheval , par le moyen du
•feu, ou tels autres moyens, ou bien uniquement par celui des vitres. Se¬
lon toutes ces circonllances connues , ou félon celles que nous pourrons
encore apprendre avec le tems , la terre doit être diverlèment mêlée ;
'car fuivant cette proportion elle doit être plus compaéle, ou plus molle
DELACAMPAGNE.
■& plus poreufè, Sc chargée de plus ou de moins de parties nitreufes,
iülphureufes, huileufes ou acides. ,
La meilleure terre pour toutes les Plantes y celle qu’on doit préférer à
toutes les autres, eft en général celle qui n’a jamais été cultivée: lapins
mauvaife, au contraire, eft celle qui pour avoir été cultivée continuel¬
lement, ell ufée, fans être rafraîchie par de nouvelles parties nitreufes,
lulphureufes, huileufes ou acides. En particulier ,1a moins bonne terre ell
celle qui a produit pendant un grand nombre d’années les mêmes fortes
de fruits: car on voit pour lors que d’année en année ces fruits deviennent
plus petits & plus inlîpides, la pouffe des Plantes diminue lî fort, que
cette terre ne peut plus dans la fuite produire de pareils fruits: tandis
qu’une plante dont les propriétés font tout-à-fait différentes , y croîtra
à fouhait. Je crois que cet inconvénient peut naître de deux caufes:
prémierement de ce que la terre peut être entièrement ou en partie pri¬
vée des parties néceffaires pour la pouffe & pour la produétion des fruits.
Secondement , de ce que toute pourvue qu’elle puiffe être de ces parties
requifes, ces parties ne peuvent pas parvenir comme il faut à la Plante
ou être attirées par fes racines, parce que les pores de la terre étant plus
ou moins profonds & fe trouvant affeétés toujours de la même manière,
par le paffage continuel de la fève , ont perdu leurs qualités requifes ; ce
à quoi on doit s’attendre plus ou moins , quand on cultive fouvent Tune
ou l’autre Plante : dcforte que je crois que les Plantes qui croiffent ainfi
comme il faut pendant plufieurs années de fuite dans une même terre,
demandent pour leur nourriture des parties plus rondes & moins tran¬
chantes: & les autres des parties plus anguleufes, plus tranchantes,
■ bleffant davantage & élargiffant beaucoup les pores. Afin donc de réuf-
lir comme il faut dans la culture des Plantes , quand on ne peut pas leur
donner de la terre qui n’a jamais été cultivée, il faut du moins avoir foin
que l’on cultive chaque année les Fonds avec de toute autre forte de Plan¬
tes; & plus l’enter valle que l’on met entre la culture des mêmes fruits
eff long, mieux on s’en trouvera.
On prendra de la terre qui n’a jamais été cultivée quand on veut plan¬
ter dans des Pots , ou dans des Couches vitrées , comme aufli quand on
remplace des Arbres morts , dont les foffes doivent être faites fort pro¬
fondément. On ne doit non plus jamais mettre de la terre qui ait déjà
fervi , dans des Caiffes vitrées où l’on cultive de belles Fleurs , des Me¬
lons & des Légumes hâtives. On peut préparer en fort peu de tems &
fort peu de fraix, une pareille terre neuve, félon les propriétés des
Mm 2 " Plan-
a76 LESAGREMENS
Plantes & la manière de les cultiver , quand on a provifion de vieux fu~
mier pourri de Vache, de Cheval ou de MontoUjdii vieux Tan pourri,,
des feuilles d’arbres, du limon gelé ou frais, & du fable doux fort gri-
latre. Mais de toutes ces elpèces mêlées il fuffit d’en avoir en refervc
autant qu’il en faut chaque année , parce que l’air en diminue la vertu y
ce qui arrive encore plus, quand on laifle croître fur ces monceaux de
mauvailès herbes.
Les Fleuriftes ou les Curieux , en fait de Jardinage , qui n’ont befoia
pour leur plaifir <Sc pour leur Potager que d’un petit terrain, doivent fai¬
re enforte que ces terres aient en profondeur trois coups de bêche , pour
pouvoir fournir aux herbes qu’on y plante ou qu’on y lème annuelle¬
ment, une terre qui n’ait pas été cultivée les deux années précéden¬
tes: il faut cependant que le Soleil ait dardé fur cette terre avant qu’on-
la feme.
11 faut donner autant qu’il efl: pofTible à toutes fortes de plantes ua
terrain lpacieux,où elles puifTent étendre de tous côtés fans aucune gêne:
leurs racines , quand elles ne font pas fujettes à l’incertitude de leur hu-
meétation naturelle &néceflaire, comme le requièrent Ibuvent toutes cel¬
les qui font cultivées, même par le Jardinier le plus expert, dans des Pots
ou dans des Cailles. Ajoutez à cela, que l’eau de pluie eft la nour¬
riture la plus naturelle par endiaut pour les Plantes, & par embas l’eau
qu’elles attirent; que leurs racines dans un terrain Ipacieux font aufli
moins fecouées par les vents & moins^ dégarnies de terre , que celles
qui font plantées dans des Cailles : deforte qu’on ne plantera jamais dans
des Pots ou dans des Cailles aucune Plante, qui étant plantée en pleine
terre peut rélifter au froid de l’hiver ; ainli il convient mieux de planter
enterre des Pains de pourceau d’Hiver, Renoncules,. Anémones, Jon¬
quille?, NarcilTes, Hyacinthes, Tubéreules, &c. comme aulTi *plu-
fieurs elpèces d’Arbres,qui neréfiHent point au froid de nos Hivers, mais
qu’on en garantit en les tranlportant avant THiver dans un endroit ren¬
fermé: ce que j’ai trouvé fur-tout être bon à Pégard, de ceux, qui ont
des racines fort entrelacées , & qui par conféquent, peuvent être enle¬
vées facilement avec une grande motte de terre , avec laquelle on les
plante de nouveau en- pleine terre au Printems fuivant: cette terre doit
être pour cela grafle , & non pas fablonneulè, ni fort divilible.
J’ai appris de plus par expérience, que. toutes les Plantes,, qui font
d’aioord de petites racines glutineufes & chevelues, & fur-tout celles qui
ont peu; de fève > doivent être femées on plantées, dans des terres fort.fa-
blon-
DE LA CAMPAGNE.
blon-neufes- & molles; car leurs petites nouvelles racines trouvent, en
germant, moins de réfiftance dans une pareille terre, parce qu’elle a de
larges pores, & qu’elle n’ell pas trop ckargée de parties falées, acides
ou autres, ni même de parties trop huileufes, comme eft celle qui eftplus
fumée ; outre que cette terre molle laide plus facilement, paffer l’eau fu-
perdue: on peut cependant rendre la terre plus compaéle ,. à mefure que'
les Plantes pouffent vigoureufement , & donnent des preuves de la vi¬
gueur de leurs racines ; on pourvoit la première terre fort fablonneufè,
de vieux fumier, de limon, ou de terre graffe. On femera dans de pa-*
reilles terres fablonneufes làns aucune diftinélon , toutes fortes de Plan¬
tes, qui doivent être tranlplantées deux fois ou plus, comme des Me¬
lons, des Concombres, des Ananas, &c. toutes les boutures de Plantes
qui croiffent dans des Pots; des Arbres qui doivent être plantés jeunes ;
& tout ce qu’on cultive fous des vitres pendant l’Hiver ou au commen¬
cement du Printems: comme auffi des Laitues pommées, & non pom¬
mées, du Greffon, & des Carottes jaunes, lefquellesne viendront pas fî
bien dans une terre extrêmement fumée: les Laitues pommées outre ce¬
la s’y chanciffent , leurs racines ne veulent pas entrer en terre , & font
des moignons. Dans une terre extrêmement fumée, <Sc pourtant far-
blonneufe , viennent à fouhait les Hyacinthes & les Afperges.
Les Ananas tranlplantés , qui portent fruit , & toutes les Plantes for¬
mées, que l’on conlèfve par le moyen de la. chaleur dans des Serres
artificiellement échaufées, & dont on excite ainll la pouffe, doivent être
plantés dans une terre fàblonneulè, fort divifible, afin que la circulation
& l’extenfion de la feve,. caufées par la, chaleur , puiffenc s’évaporer
d’autant plus abondamment, ce qui ne peut pas fe faire fi bien dans u-
ne terre plus graffe, parce que la terre graffe &. molle, étant compofée
de parties qui fo joignent trop fubtilement., devient de nouveau trop
Gompaéte , & empêche ainfi par la fuperficie la pénétration des rayons
folaires ; outre que les petites racines jglutineufes & chevelues, n’ont pas
affez de force pour percer une pareille dure terre, encore moins pont'
céfilter à la,trop grande abondance de l’eau.
M ur 3'
CHA^
LES AGREMENS
CHAPITRE VL
he VEau\ laquelle ejl la meilleure pour arrofer les Plantes; qu^îl ne faut
jamais les arrofer qu'avec de Peau froide ^ Sf non pas avec de Peau
tiède, <
L’Eau confifte en parties oblongues, fléxibles, unies & fluides, lei-
quelles font mêlées avec d’autres parties nourriflantes , qui s’étendent
davantage, «Sc qui ne peuvent être féparées, par quelque moyen que ce
foit,des parties aqueufes ; deforte qu’il n’y a dans la Nature aucune forte
d’eau , qui confiHe uniquement dans des parties oblongues , flexibles , u-
iiies & fluides.
Qiioique l’eau de pluie foit mêlée avec beaucoup de parties terreflres
qu’on en peut féparer , je la nommerai cependant ainfi pure, comme é-
tant la plus utile pour la culture des Plantes : après celle-là vient l’eau
douce des Rivières courantes ; & en troifième lieu celle qu’on tire hors
de larges FofTés , dont l’eau eft dans un continuel mouvement en hauf-
faut & baiffant , & dont on a foin de purifier les fonds.
L’eau des petits FofTés ou de Marais, où €lle croupit, eft très fouvent
funefte , fur-tout quand on en arrofe les Plantes d’abord après l’avoir
.puifée ; car outre qu’elle eft naturellement (& pour lors encore davanta¬
ge) chargée de trop de parties nitreufès& huileufès, elle eft aulTi la plu¬
part du tems trop chaude ; mais elle ne fera aucun mal fi l’on s’en fert
pour arrofer la terre dans le tems qu’on fème : aulfi ne nuit-elle nulle¬
ment aux racines des Arbres.
L’eau fau mâche eft très nuifible , & encore plus l’eau falée ; deforte
qu’on ne fe fervira d’aucune des deux.
L’eau de fource eft très fouvent funefte, parce qu’elle eft quelquefois
chargée de parties contraires aux Plantes, & falées , quoique cela échape
au goût.
11 eft certain & inconteftable que l’eau, après que l’air voifin& les au¬
tres parties nourriffantes fefbnt mêlées avec elle, fè change en toutes for¬
tes d’autres corps; delà vient que nous voyons de l’eau de pluie pure fe
changer en bois , en feuilles , en fleurs & en fruits. Afin donc defe
fervir utilement, pour arrofer les Plantes, de cette eau de pluie pure,
pu bien, à fon défaut, de celle qui la fuit immédiatement, il faut faire
^ at-:
D E L A C A M P A G N E. ' 25^9
attention à la manière dont ces Plantes croifTent naturellement : étant
fort remarquable que certaines Plantes fortent d’une grande profon«
deur du fond de Peau ; que d’autres croiflent fur l’eau ; d’autres dans
des fonds forts légers & mous; d’autres dans une terre plus feche &plus
ferme, & d’autres enfin fur des rochers & des montagnes fort élevées,,
où l’on ne voit que très peu de terre, & où même elle n’efl quelquefois
pas vifible.
Quelques efforts qu’on faffe pour imiter la Nature en arrofant , rien
cependant n’efi: plus convenable pour la pouffe que la pluie; il faut que les
Plantes foient humeélées, en attirant elles-mêmes du fond l’humidité : car
outre que par ce moyen' les Plantes fè nourriffent comme il faut infènfi^
blement , cette eau eff aufli mêlée , ainlî qu’il convient , avec d’autres
parties nourriffantesnéceffaires; Pair, quand il pleut, eff aufli rafraîchi
de même que Peau, fur-tout en Eté quand il pleut la nuit : ces pluies par
cela même qu’elles font plus froides, font aulTi plus fertiles, que les
pluies qui tombent pendant le jour. 11 eff de plus inconteftable que la
pluie & Peau froides font les plus fertiles , fur - tout quand après les
pluies d’Eté il flir vient un air froid, quoique nos Ecrivains modernes fou-
tiennent le contraire , voulant qu’on arrofè les Plantes qui font dans des
Pots ou dans des Caifles l’Hiver, avec de l’eau un peu tiède, & l’Eté a-
vec de Peau rechaufée pendant le jour par le Soleil ; ce qui n’eff pas
feulement contraire à mon expérience, mais auffl à celle des Anciens (a);\
deforte que je fuis furpris , qu’on n’ait pas pris garde à cela, d’autant
plus qu’on remarquera d’une manière fenfible , que ces Plantes ain-
fi arrofées, auront une pouffe bien moins vigoureulè : Peau tiède, ou:
chaufée par le Soleil , étant fur - tout funeffe quand on s’en fert par af-
per lion, c’eft-à- dire, quand on la répand fur les branches & fur les feuil¬
les des'Plantes: deforte qu’on ne doit pas feulement y employer de Peaiii
froide , mais aulTi de Peau de pluie pure ; & pour être d’autant plus afi
furé d’un bon fuccès , on le fera même quand il fait un tems couvert.-
Afin donc de pouvoir en tout tems pendant l’Eté employer une telle
eau froide, on fera conftruire des Refervoirs bien fermés, fous terre, oir
Pon raffemble autant d’eau de pluie qu’il en faut, du moins pour Pafper-
fion; ou bien,, au défaut d’eau de pluie, on doit rendre fraiche d’autre
eau.
(à) Pline Liv. 19. Hîjîùîre Natur. Chap. 1 1. Théophrafte de là caufe des Plantes , Li v.
lî. Chap. 8 & Liv. VII. Hijioire des Plantes, Ch^p. 5. Voyez aufli Bodeus cité ci-
deffus.
LES AGREMENS
280
eau bien pure dans des Refervoirs de plomb, Sc la laiflerlà pendant quel¬
que tems pour lui laifler perdre le fuperflu des parties huileufes , nitreu*
fes ou fulphureufes , dont elle eft chargée : ces Refervoirs doivent être
■placés au Nord , afin que le Soleil n’en approche jamais , & ne puif-
îe échaufer l’eau qu’ils contiennent. On n’àrrofera du relie jamais pen¬
dant le chaud du jour , bien moins encore quand le Soleil luit ; car cela
eft hir-tout fort nuifible , & afin que les fonds & les Plantes loient àr-
rofées naturellement & inlènfrblement comme par la pluie , on fe lervira
pour cet ufage d’un Arrofoir , dont le gouleaii foit garni au bout d’un
pommeau percé à jour par de petits trous , par où l’eau palTe en guife de
pluie; mais on arrofei’a, pour gagner du tems, les Plantes qui font dans
des Pots ou dans des Cailfes , éc dont il ne faut pas humeéter les bran¬
ches & les feuilles par le moyen d’un Arrolbir fans pommeau ; & de peur
que les Plantes ne foient trop ou trop peu arrofées, il faut continuelle¬
ment faire attention à la température de l’air, & voir fi le Soleil a attiré
beaucoup de vapeurs , & fi les plantes ont belbin de plus ou de moins
■^d’eau pour leur pouffe : ce à quoi il faut prendre garde tous les foirs a-
vant le Soleil couchant, & en conféquence de cda arrofer les Plantes ^
'félon le befoin, plus ou moins.
Les Plantes qui font dans des Pots ou -dans des Caiffes ne fauroient
Tecevoir beaucoup d’eau des pluies d’Eté , excepté de ces pluies qui
accompagnent fouvent le tonnerre; ceux-là fe trompent qui s’imagi¬
nent qu’elles fuffifent pour la pouffe des Plantes.
C’efl une loi confiante qu’il faut arrofer plus que les autres, les Arbres
•qui ont été tranfportés, ou trop fecouéspar des tempêtes , pour faire
joindre exaéiement tout autour de leurs racines, la terre qui s’étoit dé¬
tachée par les violentes fecouffes. Cependant trop d’eau eft nuifible,
-■& fur-tout quand les Plantes font trop defféchées, car alors les petites ra¬
cines tendres perdent pour jamais la faculté d’attirer à elles l’eau , & de
la mettre à profit.
Quand la füperficie de la terre ne boit pas d’abord l’eau dont on l’a ar-
-Tofée, mais qu’elle y refte fans mélange comme fur de la graiffe, c’efl
une marque d’une trop grande féchereffe, les parties fines & fablonneti-
fes de la füperficie étant extrêmement ferrées: cette croûte une foisper-
cée, l’eau paffe vite au travers des cavités, ce qui fait qu’elle ne produit
que peu ou point de bien. Pour prévenir cet inconvénient , il faut arrofer
peu à peu la füperficie, & cela à plufieurs reprifes confécutives, afin de
la réduire infenfiblement au point néceffaire pour pouvoir être humeéiée.
DE LA CAMPAGNE.
ÊSr
On peut voir aux- Arbres qiPils ont befoin d’eau , quand leurs feuilles
commencent à le retirer : il faut dans ce cas les arrofer beaucoup plus ^
car alors leurs feuilles viendront uniment & fans rides.
CHAPITRE Vir.
Le la Chaleur artificielle fur -tout de celle qui provient du feu.
DAns V Avertifiement dans le I Chap. de cette fécondé Partie^ j’ai-
indiqué les -moyens artificiels ordinaires d’augmenter la chaleur,
parmi laquelle j’ai rangé aulîi celle qu’on obtient par la réverbération des
murailles ou des Cloifons , comme aulfi celle qu’on fe procure, enrenfer-
mant les rayons du Soleil dans des Serres, dans des CailTes vitrées &
autres, dont l’air intérieur ell mêlé de beaucoup plus de vapeurs, que
l’air extérieur ordinaire , quoiqu’à un même degré de chaleur, fur-tout
quand la chaleur efl caufée par rechaufement , ce qui fe fait par l’exten-
lion des fucs renfermés, qui ne peuvent pas s’exhaler allez vite par le
mouvement de corps plus petits & plus compares, & fait ainli pla¬
ce aux plus petites particules ignées. On dit de plus qu’un pareil air
chargé de vapeurs provient immanquablement de rechaufement, & que
ne pouvant les exhaler comme il faut en Hiver, il ell mortel pour la plu¬
part des Plantes, ce qui rendnéceflaire l’ufàge du feu, qui elUefeul mo¬
yen à l’aide duquel on peut rechauferun air intérieur Ipacieux, On peut
H aulTi imiter , en augmentant ou en diminuant le feu , les intervalles de
* la nature entre la chaleur du jour & entre la fraîcheur de la nuit ; ce qui
ne fe peut par recliaufement , parce que la chaleur eft pour lors toujours
égale iàns intervalle.
Pour entretenir le feu avec fuccès, on ne doit pas feulement avoir des
matières combuftibles convenables , & les connoilTances requifes , pour
les employer de manière , que d’une chaleur tempérée on ne lailTe rien
perdre, mais on doit examiner aufll continuellement la manière dont
brûle un Fourneau, où les tourbes entaflees près à près jiùques au haut,
peuvent caufer des effets terribles, fi on ne les modère par devant par le
moyen d’une ouverture oùpafTent les cendres, &par laquelle on lui don¬
ne de l’air plus ou moins , ou fi on ne les prévient pas entièrement en
^ le garniflant d’une quantité fuffifante de fable , comme aulfi en tenant
Partie IL N n tou-
LES A G R E M E N S
2S2
toujours le Fourneau fermé par en-haut par le moyen d’une plaque con¬
venable de fer battu, convertie d’une julle quantité de fable.
Le Chaufage le plus convenable pour rechaufer les Orangeries , les
Serres k Vignes & autres, les Caifles vitrées, &c. font de grandes tour¬
bes quarrées , connues cheïi nous fous le nom de tourbes de Boulanger ,
lefquelles étant pétries d’autant de terre bitumineufe qu’il faut, & du
meilleur limon pour brûler , donnent une grande , égale & durable cha¬
leur , & ne s’éteignent pas aifément, quoiqu’on lailfe fermé pendant vingt-
quatre heures le trou aux cendres. ' ’
La manière de faire lè feu par le moyen d’un Fourneau, félon la figu¬
re ci-jointe, eft, lèlon ce que m’a appris mon expérience, la plus natu¬
relle & la plus égale pour rechaufer, même pendant la plus rude gelée,
un air fpacieux intérieur; & quoique ce deflein fuffife pour pouvoir s’eix
former une, idée, j’ajoute cependant pour une plus grande clarté 5 que le
Fourneau eh: placé dans une. petite chambre k part, laquelle eh: fituée
au Nord ,k l’Orient de la Serre. 11 y a au defliis & k côté du Fourneau
dans la muraille quifépare la Serre, le long de la petite chambre, deux
ouvertures , lefquelles on ferme avec des volets de bois, quand on remplit
le Fourneau & quand il brûle,, pour prévenir la poulfièrc & la fumée.
A côté du Fourneau il y a une porte , laquelle étant ouverte , la chaleur
qui provient du haut du Fourneau, fe communique aulfi au travers d’el¬
le k la Serre voifine nommée Trek-kas, • •:
La petite chambre a k l’Orient une porte (æ) , par laquelle on peut in¬
troduire de l’air pur, auquel cas on ouvre aufli les fenêtres qui font au
delTus & k côté du Fourneau, & qui donnent dans la Serre, afin que
cet air frais puilTe paffer par la porte intérieure de la Serre (b) , & par
celle de:la Serre nommée Trek-kas^ qui eft derrière l’autre dont on fait
voir une partie dans le Eortail litué au Couchant. L’ouverture du Four-;
neau,dans la figure ci- jointe {Fig. 3), marquée de ce chiffre (1}, laquelle
eh: faite en quarré de l’épaiffeur d’une brique, elt intérieurement en lon¬
gueur d’un pied dix pouces & demi , & en largeur de quatre pouces & demi :
la profondeur eh: depuis le haut julques k la grille de deux pieds. La gril¬
le eh: faite de gros barreaux de fer quarrés& lâches, couchés lîir deux gros
barreaux de fer maçonnés dans les côtés; au deirousdelquels(2)efî:le trou
aux cendres & pour donner de l’air , dont la hauteur julqu’aux barreaux qui
foutiennent la grille, eh; de huit pouces. Un peu au-delTus de ces barreaux
eh; en formé d’arc, l’entrée (3) du Fourneau, ou du paffage du feu aux
conduits, fait pour cela de briques de Four, pou vaut réfiflerk une extrême
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chaleur. Autour du Fourneau il y a (4.) un endroit qui le renferme, ma¬
çonné en quarré,avec une muraille épail le d’une brique & demi, garni de
liens de fer, ayant un elpace mitoyen d’un pouce (5*), lequel, quand tout
l’ouvrage ell bien réché,on remplit de fable. Ce Fourneau & les conduits
du feu (6) ont un pied & neuf pouces , & le deflbus du trou k cendres un
pied au delTus du fond extérieur , poair donner ainfi moins de froid.
Le fond des conduits du feu doit fur la longueur de trente -neuf ou
quarante pieds, être rehaufle en talus du moins de deux pouces, atin
que la fumée puilTe d’autant mieux pafTer; les conduits du feu font cou¬
verts par deflus de plaques de fer qui joignent exaélement : les jointures
font aulTi couvertes d’une petite plaque de fer, & joignent de plus fort
■julle par le moyen de carreaux de terre dans un peu de Ikble ; les car¬
reaux forment le fond fupérieur dans la Serre : ces carreaux de terre doi¬
vent être encore couverts d’un pouce d’épaifleur de fable, pour empê-
■clier l’entrée de la fumée. Les murailles mitoyennes des conduits du
feu (7) fur lelquelles repolènt les plaques , font maçonnées de deux bri¬
ques ; car autrement l’ardeur du feu les fait dabord fendre , fur-tout par
devant: à l’extrémité du fécond conduit du feu palTe la Cheminée (8)
obliquement par la muraille du côté jufques près du Four, où enlüite elle
continue en montant droit.
Comme la prémière plaque éprouve une furieufe ardeur du feu , elle
devroit du moins être épaiffe de deux pouces, large de trois pieds & de
deux ou trois pouces, & longue de neuf pieds (a). Les deux plaques
iùivantes doivent du moins être épaifles d’un pouce, & longues de iîx
pieds. Après cette longueur de vingt -un pieds que forment les trois
plaques prefcrites, & jufqu’à l’endroit qu’elles couvrent les conduits du
feu, la plus grande ardeur du feu qui fait lever les plaques, eft modérée;
deforte qu’il n’eft pas néceflaire que les plaques fuivantes fbient aufli
épailfes & aulîi longues : cependant pour qu’il y ait d’autant moins de
jointures , les plus longues font les meilleures.
Comme les conduits du feu onde la fumée deviennent moins profonds
par derrière par le rehaulTement du fond , elles vont aulîi peu k peu en
îè rétrécilTant. Les conduits de la Cheminée, k force de faire du tèu, fe
remplilTent de fuie, de manière que la fumée ne fauroit y palTer II on
n’ap^s fèin de les nettoyer; deforte qu’il faut dans ce cas avoir foin de
purifier généralement le tout, en ouvrant les conduits ôc en lailTant k la
Clieminée un palîage libre.
Nn 2 . Il
^ (a) On pourroit,au-iieu de cette prémière grande plaque , faire conltruire une voû¬
te jufqu’à la fecoifdc.
LES ACRE MENS
11 eft néceflaire, pour pouvoir le fervir avec fuccès du Fourneau prel^
crit 5 qu’on y fafle le premier feu avec beaucoup de charbons allumés ,
& fans ferrer beaucoup les tourbes , ahn que l’humidité qui fe trouve or¬
dinairement dans l’intérieur des conduits fe puilTe fécher ; parce que cet¬
te humidité empêchant le palTage de la fumée , la fait pafler par devant ,
au travers de l’ouverture faite pour donner de l’air. On eft encore quel¬
quefois expofé à ce dernier inconvénient, quand on allume le Four¬
neau pendant un tems calme & humide , auquel cas il ne faut pas ou¬
blier , de mettre plus de feu allumé par devant auprès de l’ouver¬
ture; on a aulTi pour ces tems -là des paravents qui y conduilent le
vent , & lui donnent ainfi un palTage libre. 11 en ell tout autrement
pendant de rudes gelées, fur-tout quand le vent eft fort, & principale¬
ment encore quand le vent donne fur le trou aux cendres ; car ce vent
fort palTe alors li rapidement, que le Fourneau brûle d’une manière ter¬
rible , que l’ardeur fait lever les plaques , llir-tout celles qui font par de¬
vant, & que la fumée pénètre par les ouvertures jufques dans la Serre.
Dans de pareils cas on ne fauroit trop prendre garde au feu , & que le
trou aux cendres ne foit pas ouvert plus qu’il ne faut, pour que le feu
continue à brûler d’une manière modérée ; pour cela il eft néceflaire de
mettre du fable bien entafle aux jointures de la plaque de fer qui eft de¬
vant le trou aux cendres : l’air rude accompagné d’un vent fort , étant
fi fubtil, que le feu, quoique le trou aux cendres foit ainfi bouché, con¬
tinue pourtant à brûler. 11 ne faut pas cependant faire fi peu de feu dans
le Fourneau, qu’il n’échaufe pas afTez, puifqu’alors le feu s’en vapreft
que tout en fumée, fans rendre aucun fervice.
Le Thermomètre qui eft dans la Serre, indique le degré de chaleur.
’ C’eft félon cela qu’on doit fe conduire à l’égard du Fourneau, & quand
on veut faire des rechaufemens par le moyen du feu plus ou moins
grands ; & comme on l’a dit déjà plus d’une fois , qu’il eft néceftaire de
découvrir pendant le jour la Serre, autant que cela eft poftiblefans nui¬
re aux Plantes, il arrive quelquefois qu’on ne peut fè procurer pendant
le jour avec des vitres découvertes autant de chaleur qu’il faut; c’eft-
pourquoi on tâche alors de fe la procurer la nuit avec des vitres bien
couvertes , (Sc alors le jour, comme un intervalle de moins de chaleur, ce
qui eft autrement la nuit , eft fuivi d’un rechaufèment par le moyen du
feu.
Il peut arriver encore que, pour fe procurer comme iT faut de la chaleur,
le Fourneau brûle avec trop d’ardeur, ce qui fait lever les plaques de de¬
vant y
DE LA C A M P A G xM E.
=:S-f
vant, à moins qu'elles ne foient comprimées vers le bas; auquel cas il
eft néceflaire d'appuier les deux premières plaques fur deux pu trois ap¬
puis 5 lefquels étant pofés à terre fur une plaque de plomb , viennent par
Paiitre bout au revêtement du plancher d’en-haut; de manière cependant^
qu'étant munis au haut de trois côtés de petits crampons de bois, ils
loient à peu près libres, deforte qu’il y ait entre l'extrémité de l’appui
&; entre le. plancher d'en-haut unefpace d'un quart de pouce; auquel cas,
étant ainfî fixés , on s’apercevra d'abord li les plaques lèvent : il faut a-
lors fermer pour un certain tems le trou aux cendres.
Ayant ainli montré l’ufage d'un Fourneau, lequel cefTe ordinairement
de brûler en Hiver le quatrième jour , & doit de nouveau alors être rem¬
pli, fuit préfèntement la manière ordinaire de rechaufer les CailTes vitrées
pour avancer la maturité des fruits. Dans celles-ci la manière de faire
le feu en Hiver, quand il ne gele pas fort, eft d’y allumer deux fois dans
les vingt-quatre heures, aux deux côtés d’une Caiffe vitrée qui a cinq fe¬
nêtres vitrées , un petit feu de quatre tourbes en quarré, lequel con¬
tienne intérieurement des charbons allumés, & foit couvert de deux tour¬
bes par le haut; après quoi on bouche exaélement le trou aux cendres
avec une petite plaque de fonte : ce rechaufement fe faifant de bonne
heure le matin, fe renouvelle auftile foir tard. Qiiand il gele plus fort,
ou qu’il fait un air couvert & rude, on renouvelle fouvent le feu à midi,
on diminue aulfi de même le feu félon l’indication du Thermomètre, en
le rèduifànt a quatre tourbes & une par deftus , quelquefois même à trois,
en forme de triangle & une par delTus.
■ r
■ CHAPITRE VIIL
Le la chaleur que produit lejumkrde Cheml £«? le Tan ; de quelle maniè¬
re on doit faire les Couches élevées pour prématui'er les fruits , ^ pour
t donner pajjage aux vapeurs ^ aux exhalaijons,
ENtre les divers rechaufemens, la Chaux vive , le fumier de Cheval
& le Tan, qui a fervi à préparer les peaux, font le plus en ula-
.ge. La Chaux vive, à caufe de la grande quantité de parties ignées
qu’elle contient, produit à l’égard de la maturité des fruits une poulie
fort rapide , mais en même tems peu naturelle , qui donne aulTi la mort
Nn 3 ■ ’ aux
m L È A G R E M E N s
aux Arbres Sc alix Plantes ; c'eft pour cette raifon qu’au-lieu de Chaux vi¬
ve pour avancer la maturité des fruits, on employé bien plus naturelle¬
ment, comme il a été dit dans le Chap. précédent^ le fecoursdu feu, <Sc
qu’on rejette la Chaux vive, confidérée en elle-même.
Le fumier de Cheval eft le rechaufement le plus commun & le plus à
préférer, pour rechaufer la terre en Hiver & au Printems,fous des vitres
couchées, & lui faire produire par ce moyen des Plantes & des fruits
defemence; il contient une infinité de parties ignées, lefqiielles font
fuffifantes pour faire pénétrer chaudement les fucs jufqu’au delTus de la
terre, ce à quoi le Tan n’ eft pas li propre: deforte qu’on ne l’emploie
que pour un rechaufement en Eté , parce qu’en Hiver & au Printems il
perd fa vertu en le couvrant de terre ; à moins qu’on ne lui communique
par deflbus, par le moyen du feu, plus de force, pour faire circuler la
chaleur.
On a dit dans V Avertîjjement de cette fécondé Partie rechaufe¬
ment de fumier de Cheval réuflit rarement ou point dans les Mois de
-Novembre, de Décembre, & de Janvier, parce que les vapeurs tropa-
bondantes ne peuvent pas en fortir dans ce tems-là,& qu’elles font moifir
des Plantes renfermées fous les vitres; deforte qu’on ne commencera
point à employer du fumier de Cheval qu’au mois de Février, auquel
tems il faut encore avoir tout le foin poftible de ne rien négliger dé ce
-qui peut fervir à l’augmentation des rayons folaires , car la chaleur du
tSoleil eft la plus naturelle, & réjouit les Plantes; fans ces rayons Polai¬
res, plus ou moins, toutes pareilles cultures fénlfiftent mal.
Les Couches, pour avancer la maturité des fruits en Hiver, doivent
être très peu en terre, & pour ainfî dire fur le fond même: leur largeur
doit être telle que les Couches vitrées puiflent être pofées par delTus le fu¬
mier, & en être garnies de tous eôtésr les vitres doivent être pofées
fur ces Couches obliquement en montant, de manière qu’elles .puiiTent
• recevoir les rayons du Soleil à peu près en angles droits. ,
Le fumier de Cheval de l’épailTeur de deux pieds & demi ou de trois
pieds rechaufe le plus, quand il eft frais, & tel qu’on l’a indiqué dans
le lo Chap. du prémier Livre de lqprémière Partie. . . .
- Lorfqu’dti a bonne provifion de- ce- fumier , bien liumeété par du pif-
“làt, 6tmêlé avec des crottés, ‘dh’ lé répandra’ légèrement en l’éparpil-
^-Jant, quand dn élevefâ des Couches ÿ & on le mêlera également ; après
quoi .on le foulera autant qu’il faut, & au cas qu’il ne foit pas allez liu-
♦nïeété) on y répandra de l’eau, p^irce qiie s^il n’éft'pas fiifïifàmment hu-
* c meété.
DE LA CAMPA G N E,
meélé, les parties ignées pafTent fort vite, & le fumier fe moifit. Qiiant
à cette luimeélation par le moyen de reau, il faut pourtant favoir, que
l’eau ne contenant point de parties ignées, lorfqu’on en prend trop co-
pieufement (fur-tout en Hiver , lorfque les rayons folaires n’augmentenc
pas fl fort ces parties ignées) , éteint ou amortit ces parties dans le fu¬
mier, deforte qu’il faut employer moins d’eau pour ce tems-lk, & plus à
mefure qu’on approche de l’Eté.
On fait aufli des Couches avec les feuilles qui font tombées des ar¬
bres , un peu plus épaiifes que celles de fumier de Cheval. On cultive
beaucoup mieux les Plantes en Hiver fur de pareilles Couches , parce que
ces Couches exhalent moins de parties ignées & nitreufes , & donnent
une chaleur plus égale & plus durable. On ne doit pas non plus cou¬
vrir d’abord les Couches élevées d’autant de terre, que le demande la
pouffe des Plantes qu’on y doitièmer ou planter, car cela empêcheroit
le rechaufement, principalement en Hiver: il vaut mieux couvrir d’a¬
bord le fumier avec les vitres ; mais comme l’acide & le nitre du fumier
confument en peu de tems le plomb des vitres , on ne peut que desap¬
prouver cette méthode, & on doit plutôt le couvrir d’abord de terre,
de l’épaiffeur d’un pouce , & enliiite avec des vitres , afin que les exha-
laifons' s’y puiffent raffémblcr.' Quand le fumier ell: rechaufé , on a-
joute peu à peu de la terre autant qu’il en faut pour y pouvoir fèmer ou
planter.
; H faut cultiver aulfi peu fur des Couches trop rechaufées que fiir celles
qui ne le font pas affez; les premières brûlent les femcnces & les Plan¬
tes, & les autres ne font pas affez circuler les fucs; deforte qu’il faut a-
voir ün foin extrême pour les bien élever : on y employera l’Hiver plus
de fumier, & moins enfuite,à mefure qu’on approche de l’Eté. On peut
auifi alors mettre le fumier plus profondément en terre, parce que les
rayons du Soleil augmentent beaucoup le rechaufement, & même au
podnt que ja moitié d’une certaine quantité de fumier donne plus de cha¬
leur vers la mi- Avril, que n’en donne lo double. dans le mois de Février.
Qtiand la chaleur y par la vertu )du fumier , peut pénétrer , on ne lauroit
mieux faire que de couvrir de terre le fumier, de douze pouces, ou mê¬
me plus ^'non feulement afin que la Plante jouiffe d’une chaleur plus éga¬
le, mais aufrrqu’elle pouffe de plus profondes'racines,fàns recevoir au¬
cun dommage de la chaleur du fumier; d’autant plus qu’une telle épaiffeur
de terre retiendra niieux l’eau , St diminuera le rilqueque court la Plante de
fe deffécher : Sc pour faciliter la pénétration du reciiaufement , il faut fur des
Cou^
285
LES AGREMENS
Couches langiiiOantes faire des trous jufques dans le fumier, ce qui leur
. donne de la vigueur ; mais on couvre communément de moins de terre
le fumder, pendant une rude gelée, lorfqueles rayons du Soleil ne peu¬
vent pas faciliter le rechaufement ; car n’ayant pas aflez de force pour
pénétrer, il s’amortiroit fous une telle épaifleur de terre entièrement &
fans produire aucun effet. C’eft pour cette raifon qu’on couvre de fix ,
fept ou huit pouces de terre, toutes les Couches qu’on élève en Février,
pour y femer de petites Laitues, du CrefTonjOu des Concombres préco¬
ces; mais lafaifon étant plus avancée, quand on y feme dés Carottes,
ou qu’on y tranfplante des Laitues pommées, il faut les couvrir du moins
de douze pouces de terre, comme^aufTi lorfqu’on y feme des Melons vers
la mi-Mai*s.
Les Couches fiir lefquel-les on doit mettre des Oignons de Tubereufe,
ou tranfplanter des Melons , doivent avoir quinze ou fèize pouces d’é-
paifTeur par defliis le fumier; & fi on avoit lieu de craindre que le fumier
ne rechauferoic pas aflez dans le commencement, on plante les Melons
dans les Caifles vitrées, liir de petites Couches plus élevées, & quand le
fumier a aquis la chaleur qui lui eft néceflaire , on ajoute le refle de la
terre qui manque entre les Plantes.
Les rigoles dans lefquelles il faut répandre le fumier, doivent être en
haut larges de trois pieds , & aller en talus des deux côtés ; celles des
Couches où l’on a tranfplanté les prémiers Melons, dans lefquelles le fu¬
mier efl en plus grande quantité & plus épais, font fort peu avant en
terre, & par conféquent leur fuperficie eflfort élevée au-delfus du fond ;
les Plantes doivent du moins être plantées à treize pieds de diflance
les unes des autres ; mais approchant davantage de l’Eté , on fait les ri¬
goles plus avant en terre, & comme alors les Couches ne font pas fi fort
élevées au-defliis du fond , les Plantes n’ont pas befoin d’un fi grand in¬
tervalle pour être butées comme il faut ; cependant on ne devroit ja¬
mais les planter plus près qu’à onze pieds , pour confèrver par cè mo¬
yen un petit fentier quand les branches viennent à s’étendre.
Pour que les Couches foufrent moins quand il fait un froid rude, on
les couvrira non feulement par deflus , mais aufil tout autour , &
même le fond qui efl: devant elles , par derrière & aux côtés , julqu’à la
diflance de deux ou trois pieds, -avec delà paille, pour empêcher de
cette manière que la gelée n’y pénètre.
On a dit dans V AvertiJJement de cette fécondé Partie ^ qu’à l’égard de
la culture des fruits précoces, il faut avoir un foin extrême, de détour¬
ner
D E L A C A M P A G N E. 289
mer les vapeurs qui voltigent autour des Plantes, ce qui eH: fur-tout né-
ceflaire à fégard de celles, qu’on cultive par le moyen du fumier de Clie^^
val, parce que ce rechaufement exhale plus qu’aucun autre en abon¬
dance, -des vapeurs nuilibles qui rongent les Plantes: pour prévenir cet
inconvénient iî ne faut jamais fermer par derrière exaélement fur -tout
ks Couches de Concombres & de Melons, mais laiiïer toujours plus ou
moins une fente au haut, d’un côté ou de l’autre, félon le vent qu’il fait
(c’elt-à-dire k l’Oueh; quand le vent eft üll, & à rEH: quand le vent eft
Oueft), pour que les vapeurs puiflent palTer; couvrant la fente, quand
il fait froid ou quand il gele, avec une double -ou fimple couverte de
poil; dans ce cas les vapeurs &.les exhalaifons pourront palTer au travers,
& on empêchera par-lk le froid de pénétrer. 11 faut lavoir cependant
qu’à caufe de cette couverture , les parties ignées fe diflipent extrême¬
ment , deforte qu’il la faut faire bien petite quand le tems eft froid : ce¬
pendant cette manière de rafraichir l’air eft fi néceflaire , que j’ai cru de¬
voir la recommander diverfes fois , pour qu’on ne la néglige point.
Les Plantes qui font dans des Pots, & qui ont befoin en Eté par def
Ibiis d’une pjus grande chaleur que celle .qu’il fait dans notre Climat ,
doivent être rechaufées avec du Tan , qui a fervi avec La chaux à prépa¬
rer des peaux, .ce Tan ayant tiré de la .chaux pref^ue toutes lès parties
ignées: plus ce Tan eft frais & nouvellement forti de la cuve, plus il
eft chaud, & plus -longtems il rechaufera: il peut communiquer aux
Plantes pendant fix mois entiers une chaleur égale & naturelle, pourvu
que ces Plantes foient placées avec leurs Pots jufques au bord, dans une
èpaifteur de deux pieds de pareil Tan: pourvu aulfi qu’étant lous des vi¬
tres , on les humeéle comme il faut , & que le Soleil les réjouïfle. Mais
ce Tan couvert de trop de terre n’a pas aflez de force, pour faire palTer
au travers d’elk lès parties ignées; auquel cas fa chaleur feperd dans k
fond.
Lh
f ortie IL
Oo
LES AGREMENS
LIVRE SECOND.
De la culture des Herbes potagères félon les Saîjons.
CHAPITREE
^mufement du Jardinage pendant chaque mois , félon le cours de P année’.
Des fleurs ^ des fruits^ tant naturels que cultivés^ qu'on peut avoht
dans les Jardins^
JANVIER.
Comme pendant ce mois le Soleil eft fort bas , la terre relie aiiflï
chargée en-bas de beaucoup cfe vapeurs : outre qu’on ell fujet à des
vents forts froids ^ qui condenfent encore davantage les fucs, & font
mourir les grains. Pour prévenir , autant qu’il eft poflible , cet incon¬
vénient, on tâchera de ralTembler les rayons du Soleil 6c de les confer-
ver. Dans cette vue^ il faut découvrir toutes les vitres drelTées, qui
font au'Soleil depuis dix heures du matin jufqif à deux de Taprès - midi f.
mais quand en avance plus dans ce mois , on découvre avant dix heu¬
res 6c on couvre après deux. Dans les Orangeries 6c dans les CailTes
couchées on voit à robfcurcilTement des vitres, quand il eft tems de les;
couvrir 6c de les découvrir , lorfque la couverte rechaufée par les rayons
du Soleil commence à fe dégeler , enforte que les vapeurs qui s’y é-
toient condenfées fe raréfient en fumant : avant ce ligne vilible il ne faut
jamais ôter la couverte. Il faut de plus avoir grand foin de prévenir
par le moyen de la couverture la pénétration du froid 6c des vents de
bize; ce qui eft préférable à la manière de le faire par le moyen du feu
mais cela eft impraticable,, quand il gele très fort avec un air couvert ,
principalement dans des endroits fort vaftes > où ,. félon l’indication du*
Thermomètre, il faut à l’aide du feu augmenter la chaleur autant que les;
Plantes en ont befoin; mais pas davantage.
On commence à faire du feu le prémier de Janvier dans les Serres ar¬
tificielles à vignes 6c autres à fruit , devant lefquelles on polè les vitres
ie quinze de Décembra On augmente aulîl un peu la chaleur pour les;
Ananas. On
DE L A C A M P A G N E. spr
- On met dans les Caifles des grofles Fèves ou Fèves de marais & des
Pois, qu’on place dans l’Orangerie ou bien fous des vitres, pour ger¬
mer & pour être tranlplantés en Février ou en Mars.
S’il ne gele pas, on s’occupe pendant tout ce mois à faire le labour des
terres graffes , où l’on a delTein de planter au Printems , abn que la terre
grafle devienne molle en fe gelant : on expofè pareillement à la gelée ,
du limon , dont on veut fe fervir pour amender la terre.
Le tems le plus propre pour la taille, fur-tout des grofles branches,
commence à la mi-janvier, parce que le bois, tant au-defliis qu’au-def-
fous de la terre , cefle de grolfir avec la fin de ce mois , & que la fève
commence ordinairement avec le mois de Février à monter , & à gon¬
fler les boutons à feuilles & à fruits. On émonde aufîi les arbres fruitiers
du bois grêle & noué , de même que les arbres nouvellement greffés.
De plus, s’il y a de la glace, on taillera les arbres qui font au bord des
foflés, & les branches qui s’étendent par dcfllis.
On ôte des arbres les nids à Chenilles.
On a dans ce mois les fruits & les fleurs fuivantes.
Foires de table ^ des Bergamottes Krafane , des Poires St. Ger¬
main: des Fommes de table ^ des Courpendus, des Renettes d’Angleter¬
re, & autres Renettes,
Des Raifîns, qu’on a confèrvés par art.
Des Foires pour la Cuifine^ comme plufîeurs fortes de Poires d’Hiver*
Des Fommes pour Ici Cuijîne , des Courpendus , & autres Pommes
aigres & douces.
Herbes potagères \ de petites Carottes fous des vitres ; de toutes
les autres fortes de Carottes & Navets, de même que des Choux, com¬
me Choux-fleurs, Cabus, frifés blancs, &c. ; des Oignons, des Porreaux,
de la Chicorée , des Epinars, du Cerfeuil, de la Poirée, de l’Ozeille, du
Céleri , du Pcrfil.
Fleurs, Du Jafmin blanc & jaune dans l’Orangerie: fouvent aufli
des fleurs d’Orange; des Ciclamens d’Hiver, des Anémones, desNar-
cifles, de petites Tulipes, des Jacinthes; mais elles doivent toutes venir
ibus des vitres ou par le moyen d’une chaleur encore plus grande.
FEVRIER.
Un Jardinier diligent commence dès-lors à femer des Herbes potagè¬
res hattvcs, lefquelles on cultive fous des vitres, ou bien qu’on met à
O O 2 Pa-
LES :A] G R E M E
'292
Tabri de k gelée & des vents de bize, puirqu’elles périroient toutes Rel¬
ies étoient en plein air expofées au vent. 11 eft même encore trop de bon^
ne heure pour cultiver avec un fiiccès alTuré dans le commencement de
^ce mois , des Concombres & des Laitues pommées par le fecours du fu¬
mier deCiieval; de pareilles Couches s’apprêtant le plus convenablement
le dix ou le douze, parce que le üems ordinaire d’y tranfplanter les Lai¬
tues, qui ont été femées avant l’Hiver, eft lami-Eévrien On femeauf-
ii alore les premiers Concombres..
Pour avoir des Arperges hdtives, comme celles qui croiïïent naturelle»?
ment, il faut les cultiver par de (impies rangées fur des Couches de trois
pieds de large , ayant entre-deux des fentiers d’un peu plus d’un pied ,
lefquels fentiers ayant été profondément creufés, doivent être remplis
des deux cotés de fumier bien chaud ; & même les Couclies doivent ê-
ti'e couvertes avec des vitres, après quoi il faut munir. le. fumier. & les
vitres contre la gelée.
On feme de huit en huit jours fur des Couches fumées de petites Lai¬
tues hâtives & du Creflbn; cependant ce dernier elt bien meilleur, vient-
^:dus naturellement, quoique plus lentement, fans le fecours du fumier
fous des vitres: on. peut aulTi alors le femer de cette manière.
On feme à tout hazard en plein air fur des Carreaux bien expofés au
Soleil.
On tranfplante les Choux-fleurs, fi on. a une cloche de verre pour
'chaque Plante; car ils ne valent pas la peine d’être cultivés fous des vi¬
tres.
On feme aulTi fous des vitres, fans le fecours du fumier, du Céleri d’E-
té, des Choux-fleurs, du Bafilic, du Pourpier, des Violettes..
Qiiand il a gelé fort jufques en Février, on tranfplantc; les Pois & les
Fèves qu’on veut avancer fur des Carreaux au pied.des Cloifons, ou fur
des Couches qui n’en font pas éloignées; mais quand il. n’a pas gelé, il
eft à craindre qu’il ne gele aflez fort'pour les faire périr; ç’eft pourquoi'
quand il n’a pas gelé l’Hiver, on*attend jufqu’au mois de Mars; après
tout ils viennent fl peu avant les autres^ qu’il n’ell pas néceflaire de
commencer plutôt; outre que les Pois & les Fèves chargent. moins étant
plantés au pied des Cloifons.
On pofe dès le commencement:de ce.moâs les vitres devant les Serres-
artificielles k Vignes fans feu.
On apprête alors tout ce qu’il faut pour pouvoir fè fervir utilement*
des .Serres çhaudes éc autres^ on examine des arbres & les Plantes vertes,
DE LA CAMPAGNE.
©n remplace les Pots dont les fleurs ont manqué ou font déjà flctries, &
on examine les arbres qui doivent faire de nouvelles Couronnes ou des
fleurs hâtives, pour fàvoir s’il eft néceflairede les tranfplanter ; ce quifè
fait alors : on émonde déplus leurs Couronnes ,&ron coupe entièrement
celles des arbres qui doivent en former de plus belles , après quoi on les
met dans la Serre.
' On communique alors à la Serre où font les Ananas y par le fècours
du feu & du Soleil, la chaleur d’Eté; deforte que les plantes ont befoin
d’être plus arrofées , & pour cela il faut répandre quelquefois de l’eau par-
deffus ; les premiers fruits devant paroître le dix ou le douze de ce mois;
Il en elt de même de la Serre àA^ignes artificiellement rechaufée. On.'
aura grand foin de la munir en particulier , & généralement, tout contre-
une forte gelée; &, quand le Soleil luit, il faut en découvrir toujours
les vitres. • ,
Qiiand après une forte gelée , le tems fe. met au. dégele, on ôte la
plus épaiffe couverture, comme les nattes de paille, & les fortes couver¬
tes de poil , avant qu’elles ne fe mouillent , ou bien , fi elles font déjà
mouillées, il ne faut pas négliger de les faite bien fécher. 11 faut avoir
prêtes les nattes de rofeau, pour pouvoir couvrir tout ce qui eft fous des
vitres , ou fur des Careaux bien expofées au Soleil : il faut auftl coucher
des rameaux furies Careaux ouautres Couches, quLfont enfemencéesou
plantées..
On met de la gi*aine de Perfîl germer, pour la femer' quinze jours
après au commencement de Mars, comme aulfi. de la graine de Laitues
pommées & de Carottes jaunes.
• Quand il ne gele pas, enforte qu’on peut fouiller la terre, il n’y a
point de meilleur, tems que le commencement de ce mois pour planter
des Arbres. On.fouille aiiifi alors les champs potagers, on fume ceux
qui en ont befoin.
On a encore les mêmes fruits qif au Mois, de Janvier, comme aufîiles'
mêmes Herbes potagères ; de petites Laitues a couper , du Creffon 6c-
des Raves..
• On a auftl. les mêmes fleurs qu’en Janvier par le fecours du feu; fou-
vent auftl en terre fous des vitres, des Narcilfes,. des Anémones, des>
Cyclamens & des Tulipes hâtives. .
G O 5,
MARS.*
LES AG RE mens
m
MARS,
Ce mois occupe le plus de tous , parce que la rigueur de la gelée eft
pour Fordinaire alors pafTée , ôc que le Soleil a plus de force pour rechauf¬
fer la terre : il fait cependant encore aflez fouvent des jours froids pen¬
dant lefquels on a de la gelée , de la grele , de la neige , ce qui oblige en¬
core à en prélèrver les Plantes par le moyen de la couverture. IPfaut
aulfi faire plus d’attention qu’en tout autre mois 5 au changement de
temsjtant pour prévenir les bouraiques de grele, que pour découvrir les
Plantes quand le tems change en mieux , & quimd il fait du Sdeil.
On continue k faire le labour à la terre , & à fumer celles qui en ont
befoin.
Il faut profiter des vents froids de Nord & de Nord-ell pour farder &
pour ratifler les allées, parce que les mauvaifes herbes fe delTèchent alors,
& que la terre fe purifie mieux dans ce tems-là que dans tout autre.
On grefe des Pommes & des Poires , & l’on grefe en approche des
Cerifes & des Prunes.
Les Orangers dont a coupé la Couronne au commencement de Fé¬
vrier, & qui ont été ferrés avec les autres pour fleurir de bonne heure,
pouflent fenfiblement. ParoilTent aulfi les Rofes de Provins, 6c les Jon¬
quilles; les Oeillets montent, 6c les Ananas font déjà chargés de leurs
fruits; iliaut continuer à aider leur pouffe par le feu; car quoique le So¬
leil ait plus de force, 6c qu’il fuffife, quand il luit fort, pour rechaufer,
on ne peut pas cependant compter fûrement fur lui.
On fait dès le commencement de ce Mois des Couches élevées pour
des Tubereufès: au-lieu que pour les Melons , qui font plus tendres, on
attend, pour en avoir de bons 6c fûrement, jufques à la mi-Mars.
On feme encore au commencement du mois, de la Salade, du Greffon
6c des Raves fous des vitres, comme auffi en plein air fur des Couches
bien expofées au Soleil; de même que de la Laitue pommée, des Carot¬
tes jaunes, des Choux-fleurs, pele-mêle: outre cela encore des Oi¬
gnons, des Epinars,du Perfil hâtif; il faut cependant avoir foin décou¬
vrir avec des branches toutes ces Couches enfemencées contre les vents
de bize , 6c quand il gele pendant la nuit avec des nattes de rofèau.
Quand on couvre d’une cloche de verre les Choux-fleurs hâtifs pen¬
dant la nuit ou pendant les jours froids , on les tranfplante au commen¬
cement du mois , autrement pour le plutôt k la moitié.
On
DELACAMPAGNE. 295^
On tranfplante tout au commencement du mois, fi on ne Ta pas fait
à la fin de Février, des Choux fur des Carreaux, & des Laitues pom¬
mées femées avant l’Hiver, fur des Planches bien expofées au Soleil
contre une Cloifon.
On tranfplante les groffes Fèves ou Fèves de marais hâtives, les Pois
àécofles & autres, & l’on feme dans les intervalles des Epinars,dLi Cer¬
feuil, & des Raves: on pofe aufli fouvent au dos des Fèves & des Pois
tranfplantés une planche , laquelle appuiant par devant fur de petits pi¬
quets, rechaufe confidérablementle fond^ en arrêtant les rayons du So¬
leil , & défend du vent , du froid & de la gelée.
On met en terre le fumier qui a lèrvi pendant l’Hiver de couverture
aux Planches d’Alperges.
On remplit les Cames vitrées des Ananas de Tan frais, lequel en re¬
tenant les rayons du Saleil- commence à s’échaufer; au-lieu que dans des
Caifles de brique cela le fait par delTous par le moyen du feu : ce qui fait
que dès le commencement de ce mois on peut les garnir de Tan, & y
placer les Ananas cinq ou fîx jours après lorfque le '1 anefi: échaufé : mais
dans les CailTes qu’on ne peut pas rechaufer par delTous par le moyen du
feu, on n’y place pour le plutôt les Ananas qu’à la mi-Mars, encore vaut-
il mieux, (à caufe de l’inconRance des jours de Mars), que cela ne lè
fàfle qu’après le vingtième, pourvu que le Tan foit convenablement
échaufé: ayant loin découvrir, quand il fait froid, les vitres comme
celles des Melons.
Qiiand il a gelé bien fort, on découvre la Serre à la mi-Mars; mais fî
la gelée n’â pas été rude , on attend jufques vers le mois d’Avril: c’efi:
pareillement la règle qu’il faut fuivre à l’égard de la couverture des Caif-
îès à fleurs-
On taille les Abricotiers, les Pêchers, les Pruniers.
On feme à la mi-Mars des Scorfonères, des Salfifix, des Carottes
d’Eté de toutes fortes; <Sc encore des Laitues pommées, des Raves, des
Oignons & du Perlil.
On met vers le vingtième du mois en terre fous des vitres, des Hari¬
cots , afin de les tranfplanter vers la fin d’Avril.
On ôte le terreau dont les Plantes d’ArticJiaux ont été couvertes con^
tre la gelée , & on les purifie.
Quoique les Légumes & les fruits diminuent, que pîufieurs devien¬
nent infipides & coriaces, on a cependant encore des Foires de table ^
de St- Germain ,0c; des bons-Qirédens : pour la table >des Renettes d’An-
glc-
29é L E S A G R E M.E N S
glctcr^e, des grifes, les Coiirpendus ayant perdu leur goût: on a pa¬
reillement encore des Raifins au commencement du mois.
Pour la Cuiline on a des Poires de livre’, & des Pommes que nous
nommons Guldelingen & Pieterfelie-appelen.
On a encore des Choux rouges, & au commencement du Mois des
Choux frifes blancs, de vieilles & de nouvelles Carottes, des Panais,'
des Scorfonères, des SaKîiix , de la petite Laitue, du CrelTon, des Ra¬
ves, de vieux Epinars, du Cerfeuil, du Perfil, & de TOzeille.
Les couches couvertes de -vitres fourniflent pendant tout le mois tou¬
tes fortes de Laitues pommées , & des Afperges.
■Dans des Sérres chaudes, ou fous des vitres, on a des Rofès,,des Ja¬
cinthes doubles, des NarcilTes , des Jonquilles doubles, des Renoncules,
des iVnémones , des Cyclamens.
AVRIL.
On tient encore prêtes les Nattes de Rofeau pour en couvrir les Me¬
lons & telles autres Plantes tendres, qui font fous les vitres; comme auf-
Pi pour munir contre la gelée, la neige '& la grele, les Légumes qui font
en plein air.
On tranfplante encore dans le commencement de ce mois des Pois &
des Fèves: il faut cependant les lailTer où elles font, quand on approche
davantage du milieu ou de la fin du mois.
On élève ordinairement vers la mi-Avril, les Couches de Melons fur
lefquelles on a tranfplanté.
On tranfporte dans la maifon les Caifles à fleurs; & Ton remet les Fi¬
guiers en terre.
On tranfplante les Légumes fins (Sc autres, comme aufii les Choux-
fleurs , & les Haricots hâtifs.
On fépare les Plantes d’Artichaux, & après cela on les tranfplante.
On en fait de même à Tégard de toutes les Plantes qu’on ne femepas,
comme Primevère, Auricules, fruits de Dainafl , Conftantinoples ,
carâimlîs , Gentinelles & Oeillets.
Les Poires pour la table font les bons-Chrétiens ; & les Pomms deta^
hle^ les Renettes.
Il eft fort extraordinaire d’avoir desRaifins dans les Serres artificielle¬
ment rechaufées.
. On a des Fraizes fous des vitres.
Comme aufll des Laitues pommée», & des Concombres.
£a
DE LA CA MP A 10^^ E.
En plein air de petites Laitues , des Raves , du Creflbn , de TOzeilIe , du
Perfîl, du Cerfeuil, de la Poirôe,de3 Epinars, des Oignons plantés, des
Porreaux, de petites Carottes, & des rejettons de Choux. On a aulïi,à
force de foin, des Choux rongés-, des Carottes jaunes autres, & des
Panais. . - <
Les Fleurs qui viennent en plein air , font les Jacintlies , les Nar-
cilTes , les Tulipes hâtives, les Cyclamens, & la plupart des fleurs qui
plantent; on a aiilîi fous des vitres par le moyen d’une' plus grande
chaleur, des Anémones, des Renoncules, des Jonquilles doubles, des
Rofes , & des fleurs d’ Orange.
M A l
[
Pendant tout ce mois on plante encore des Fèves de marais (Sc des
P-ois , lelquels ne doivent jamais être tranfplantés.
On rame les Haricots dès le commencement du mois.
De huit en huit jours on feme des Laitues, la plus convenable pour
cela étant celle qui eft rougeâtre, parce qu’elle fe pomme Je mieux.
A la prémière pluie on tond le Louis des Parterres.
Le huit ou le dixième de Mai on feme les Carottes jaunes d’Hiver, ôc
vers ce même tems on fort les Orangers. ‘ ‘ ’
On -tranfplante vers la mi-Mai les Choux-fleurs d’Eté ordinaires, & le
Céleri. On feme des Choux-fleurs d’Autonne jufqu’à la fin du mois.
On fauche à la mi-Mai pour la prémière fois les gafons d’herbe.
■ On commence ordinairement vers la fin de Mai la prémière taille d’E¬
té aux Vignes.
11 y a encore pour la table quelques bons-Chrétiens , lorfqu’on les a
bien confervés , & des Renettes , lefquelles font ordinairement fans goût.
Pendant tout le mois on a des Railins de la Serre artificielle.
Pour la cuifine on a des Pommes douces nommées ^oeU Holam'ts^ &
la Pomme aigre appellée Spiegel^appel aquiert un bon goût.
On a fous des vitres toutes fortes de Laitues & des Concombres.
' En plein air des Afperges, des Raves, des Epinars, du Cerfeuil, de
petites Carottes , & des Pois hâtifs.
' Les en plein air font les Jacinthes, les Tulipes, les NarcilTes /
de toutes les fortes, les Jonquilles doubles, les Renoncules, les Ané- .
mones, les Violettes, les Gentinelles, le Syringa, le Jasmin Perfique& «J
le Millepertuis.
JFartk IL Pp JUIN.
I
LES A G RE ME NS
298
JUIN.
On peut encore pendant tout ce mois planter des Fèves de marak
& des Pois, cependant ils chargent moins, & le fruit n’en ell pas ü
tendre.
On plante au commencement de la Poirée venue de femence.
De huit en huit jours on feme encore des Laitues pommées & ontranA
plante du Céleri.
A la mi-juin on tranfplante des Choux rouges, & pendant tout le
mois des Choux frifés blancs & des Choux-fleurs.
Vers la fin du mois ou commence à femer la Chicorée d’Autonne.
On ferre les vitres qui ont fervi à couvrir les Melons.
On faiiche pour la fécondé fois les gazons d’herbe.
On tond pour la prémière fois les haies d’Ormes & d’Aulnes , quand
elles font garnies de feuilles par le bas.
On fait la taille aux jeunes Orangers qui pouffent.
On fort de terre les Fleurs à Oignons.
On fuit ordinairement dans ce mois la règle pour la taille cPEté des
Vignes.
On plante pour la dernière fois des Haricots pourfaler, contre les ra-^
mes des Pois.
J’ai mangé de très excellens bon-Chrétiens le quinze de Juin ; cepen¬
dant c’efi: le tems où finiffent les Poires & les Pommes de table , de mê¬
me que celles de cuifine ; mais la Pomme nommée Spîegel-appehk alors
meilleure que jamais.
On a des Raifins comme dans le mois précédent: on a aufîi desFrai-
fès, des Cerifes hâtives fans art, & quelquefois des Melons.
On a pareillement les mêmes Légumes que dans le mois de Mai, des
Laitues pommées , des Raves , des Epinars ,• de l’Ofeille , du Cerfeuil, de
k Poirée, de petites Carottes , du Pourpier, des Pois en cofle & en
grains , des Fèves de marais , des Concombres , des Oignons , de k Chi¬
corée d’Eté, du Céleri, des Artichaux, des Choux-fleurs, & des Af-
perges; on ne coupera jamais ces dernières après la mi-juin.
Quant aux Fleurs on a encore des Jacinthes tardives, des Tulipes,
des Narciffes, des Jonquilles , des Renoncules, des Anémones, cksTu-
béreufes, des Lis de France, des Lis jaimes & blancs, des Giroflées,
des Fleurs de Damaft, & des Rofes.
JUILLET.
D E L A C A M P A G KT E. ipj
JUILLET.
Dès le cotnmencemt du mois on tire de terre les Oignons de fleurs^ en
cas que cela n’ait pas encore été fait; & après avoir nettoyé ceux des
Jonquilles & des Cyclamens on les remet en terre.
On {ème pendant tout le mois , comme ci-devant , des Laitues pom«
méesjdc la Chicorée, des Oignons d’Autonne, & du Perfîl d’Hiver pour
être cultivé fous des vitres. On tranfplante aiilTi du Céleri, de la Chi-
chorée , des Choux frifés blancs , jufqu’à la moitié du mois , & des Choux-
fleurs jufqu’à la St. Jaques.
On feme encore jufqu’au lo ou 12 de Juillet, & pas lau-delk , des
Pois germés : après la St. Jean on ne plante plus de Haricots , puifqu’ils
viendroient rarement à bien.
On retranche pendant tout le mois de la Vigne , les tendres & petits
(krmens.
Après le 26 de Juillet on fait aux fruits à noyau la taille d’Eté, com¬
me au (Tl aux Meuriers plantés contre des cloifons ou des murailles ; cela
ne fe pratique cependant qu’aux branches gourmandes.
On fépare les Marcottes d’Oeillets.
. On a dans ce mois toutes fortes de Cerifes, des Griotes, des Groseil¬
les, des Meures làuvages, vers, la moitié du mois des Fraifès, & vers la
fin des Meures, des Abricots &* des Avant-pêches.
Dans les Serres artificielles on a des Raifins làns le fècours du feu,
des Ananas, des Melons, des Poires-Madame, des Poires fucrées , des
Pommes nommées Tarw-appekn ^ Lourisjens & Rruyà^appelen.
De la Salade, des Concombres, des Choux-fleurs, des Choux blancs,
rouges, & pommés, des Pois en cofle & à égrainer, des Fèves de ma¬
rais, des Haricots, du Cerfeuil, duPerfil, & autres fines fournitures.
Quant aux Fleurs^ on a des Tubereufes, des Giroflées , des Oeil¬
lets, des Lis blancs, des Martagons, des Conftantinoples, des Flos
Cardinalis^ des piés d’ Alouette, des Rofes, des Fleurs d’Orange, du
Jafinin, & des Oïéandres doubles & odoriférantes, &c.
AOUT.
En cas que la terre foit humide, & qu’on n’ait pas encore tranlplan-
Cé des Pois tant en cofle qu’à égrainer, qu’on avoit mis pêle-mêle enter-
Pp 2 re
I
gœ A I-:E>S \ A G R E; M E N s
re au mois de Juillet,, on le fait inceflamment,, dans l’attente d’une Au-
tonne favorable.
On feme encore des Laitues pommées & de la Chicorée, depuis le -
commencement jufqu’à la mi-Aoiit .• tout ce qu’on feme au-delà de- ce
tems-là réufîit rarement.- La Chicorée doit de plus être feméefiir une tei>
re extrêmement fumée & n’être jamais tranfplantée, parce qu’elle: ne fe-
roit alors que très médiocre. i
On tranfplante jufqu’au 20 du Céleri d’Hiver , & pendant tout le
mois , de la Chicorée & des Laitues pommées.
A la moitié de ce mois on feme des Carottes , qu’on a deflein de cuL
tiver pendant l’Hiver fous des vitres, comme aulfi des Choux-fleurs pour
mettre fous les vitres au Printems: ce nleft pas trop tôt pour les Carot¬
tes; mais. quand en Autonne il fait un tems doux, les Choux devient
nent trop grands; c’eft-pourquoi on en femera à la fin de ce mois. On
feme de plus de l’Ozeille d’Hiver,des Epinars, du Cerfeuil, des Raves,
pourvu qu’on en feme de huit en huit jours une petite quantité, fufiifanf
te pour î’ufage journalier.
On a encore dans- ce mois- des Abricots, des Giiotes, des GrozeiL
les, des Meures fàiivages, des Meures, des Figues, des Prunes, des
Pêches , & vers la fin du mois des Raifins hâtifs nommés Paerel-druy^
tven , des Foires - Madame & fucrées , toutes fortes de Pommes d’Eté,.
des Ananas &. des Melons. , .
Toutes fortes de Légumes comme en Juillet, des Concombres, des
Pofs eii colTe & autres, des Fèves de marais, des Haricots, des Choux-
fleurs & autres, des Artichaux, des Carottes jaunes, des Panais, des raci¬
nes de Perfil & de la Poivrée , des Laitues pommées, de la Chicorée,
du Céleri, des Epinars , de rOzeille , du Cerfeuil , du Perfil, de la Eoi-
rée, du Pourpier, & de toutes les autres fournitures.. .
On a les Fleurs fui vantes , des Tubéreufes, des Oeillets, des fleurs de
la Palfion, des Giroflées, des Rofes, des fleurs d’Orange aux arbres
qui ont une pouffe, tardive,, du Jafmin, des Qléandres, & des Gui+
mauves.. •:
septembre:
On tranfplante encore jufqu’au 20 de ce mois de la Chicorée, mais ill
faut pour cela que ce foient de grandes plantes , fur une terre extrê-
-mement fumée, comme font les Couches de Melons ou telle autre. ter¬
re,.
re;’ & elle devient même raifonnablement bonne pour être enterrée^
Dans le commencement de ce mois on lème encore fur des terres for¬
tes, des Epinars d’Autonne, du Cerfeuil & des Raves ; & vers le milieu
de Tannée 5 des Epinars d’Hiver, du Cerfeuif, des Carottes, des Choux-
fleurs, des Laitues pommées ,, des Raves j pour ces deux dernières il faut
une Autonne très favorable.
On met en terre des NarcilTes , dès Renoncules, des Anémones,- des
Jacinthes, pour les faire venir pendant Tliiver fous des vitres.
On tond pour la fécondé fois vers le 7^ de Septembre, les Haies d’Or-
mes & d’Aulnes, qui font garnies par delTous de branches.
'On tond les grands Ormes à Couronnes, ce qui ne fè fait qu’une feu¬
le fois par an;, on pourroit. attendre à le faire, à Tégard: de ces arbres
comme à Tégard des Tilleuls, .jtifques en Odobre , en cas que les rejet-
tons vigoureux fuflent aiilfi faciles à couper : mais on eft obligé de le
faire plutôt, parce que le bois efl plus dur,& qu’on ne fauroit par confà-
que'nt le couper fi uniment avec les Cifeaux.
On fauche pour la troifième & la dernière fois les Galons d’Herbe;
■ On fort de terre à la fin du mois , les Tubéreufes qui. ont fleuri fur
du fumier , & après en avoir coupé la fane , les avoir bien lavées dans
de Teau , on les met fecher tout près des vitres dans la Serre chaude , ou
tels autres endroits chauds.
Au commencement de ce mois on a encore des GrOi^eilles, des Pruv
nés,. des Pêches, des Figues, des Poires-Madame, des Bergamottes &
autres; plufieurs fortes de Pommes;, des Raifins nommés ÎVatcrzoete:y
de T Epine-vinette, des groffes Noix & dos Noizettes.
On a encore la plupart des- Légumes des mois de Juin,. Juillet &
Août.
Les- Melons perdent k caufe du froid leur bon goût, & ne font plus re¬
cherchés. Les grofles Fèves ne font plus fort bonnes, elles font rares, &
n’ont plus un fi bon goût ; mais on. a des Epinars nouveaux , du Cer¬
feuil, des Raves, de la Poirée.
On a naturellement en plein air des Tubéreufes,, & encore des Oeil¬
lets tSc des Giroflées.- . y . ,
O C T O B' R E.
n eft tems de conferver les tendres Plantes & les Légumes parde mo¬
yen de la. couverture contre la rigueur- de THiver, & cela, dans la-mai*-
P P 3, fon.
302 L E s A G R E M E N S ■
fon , ou dans l’Orangerie & autres Serres chaudes ; deforte qu’il faut
commencer par examiner fi toutes les choies requilès pour cela font en
bon état , & faire réparer ce qu’il y manque.
Auflltôt que les fruits d’Hiver commencent, pendant qu’il fait cal¬
mera tomber, c’eft une marque qu’il efi: temsde les cueillir, car les fruits
. trop mûrs ont moins de goût & durent moins que d’autres.
On peut tranfplanter les Arbres fruitiers d’abord après la chute de leurs
feuilles.
^ Le tems ordinaire de tranlporter les Ananas des Caifles garnies de
Tan dans la Serre artificiellement échaufée, eft le ïo ouïe 12 d’Oc-
tobre, à moins qu’il n’y ait eu de continuelles & de fortes pluies &peu
de Soleil, auquel cas cela doit fe faire plutôt, quelquefois même en Sep¬
tembre; il en efl de même des Orangers.
Le tems le plus convenable pour mettre en terre , quand le fond n’eft
pas trop mouillé , des Renoncules, des Anémones , des Jacinthes,
des NarcifTes & des Tulipes, qu’on ne couvre pas de vitres pendant
l’Hiver, efl le milieu du mois d’Oélobre.
Dans de certaines années on a encore au commencement de ce mois ,
des Grozeilles, quelques efpèces de Pêches , Prunes, Figues, Raifins,
tels que font ceux de Catalogne, de Frontignac, deTokai,&c. ces der¬
niers ne meuriflent que difficilement , & s’ils ne font pas murs avant le
milieu du mois ils ne le feront jamais. . On a aufli encore des Poires bé¬
nites, des Bergamottes, des Gifamberts, des Beurées & des Poires Si¬
gner ; des Pommes de plufieurs efpèces ; des groffes Noix , des Noizet-
tes , dont les écales font déjà feches.
On a encore des Pois en coffe & fans colTe, favoir des jaunes , des blancs,
des fucrés ; des Scorfonères , des Salfifix , de la Poirée , du Perfil , de
la Poivrée, des Choux-fieurs, des Choux rouges, & autres; du Céle¬
ri, de la Chicorée, des Epinars nouveaux, du Cerfeuil & de TOzeillc.
. /
NOVEMBRE.
On fait dès le commencement de ce mois la taille aux Vignes dans
les Serres artificielles , 6c à celles qui font en plein air d’abord après la
chute de leurs feuilles.
On met dans les Caifles lesfèmences pour l’Hiver 6c les fleurs hâtives;
6c s’il commence à geler on y ajoute les vitres. On pend aufli les rideaux
devant les Serres réchaufées par le feu.
Quand
DELACAMPAGNE, -of
Quand il commence à faire une affez forte gelée pour que les Légii*
mes puilTent en être endommagés , on coupe les Choux rouges , les
Choux-fleurs & la Chicorée ,& l’on tire auffi de terre les grandes plantes
de Céleri, de même que toutes les efpèces différentes de Carottes d’Hi-
ver, excepté les Panais. La meilleure méthode pour conferverles Choux-
fleurs 5 le Céleri & la Chicorée, c’efl de les pendre haut, chacun fé-
pafément; on enterre en plein air dans des Folles, les Choux rouges &
les Carottes d’Hiver, au-lieu qu’on conferve dans la maifbn ceux dont
on a befoin pour l’ufàge journalier; les Choux rouges par monceaux fans
fable & fans couverture ; les Carottes & les Navets dans du fable bien,
lèc : c’eft cependant ce qu’il n’eft pas néceflaire de faire fitôt , car les
Choux rouges, le Céleri & la Chicorée, réfiftent à une petite gelée,
mais non pas à une forte ou à celle qui eft de durée : outre qu’on peut
préfèrver longtems le Céleri de la gelée , en ayant foin de le buter com¬
me il faut ju^u’au haut.
• On répand fur les Carreaux à fleurs qui ne font pas couverts de vitres,
du vieux Tan, de l’épaiffeur d’un demi-doigt de large , & quand la ge¬
lée continue , on les couvre encore avec des branches.
On laifTe les Figuiers en terre aulTi longtems qu’on ne craint pas qu’ils
s’y gelent; mais il efl tems de les ferrer, avant qu’on ne puifTe plus les
tirer avec une bêche ,puifqu’autrement la dureté du fond y mettroitob-
flacle.
Les Poires de table font le Gifàmbert, le Doyenné, le St. Germain.'
Les Pommes de table font les Courpendus ; les Renettes d’Angleterre
Commencent à être bonnes à manger.
Des Raifins.
Pour la Cuifine il y a toutes fortes de Poires auxquelles on procure k
maturité par le moyen du feu.
Pour la 3 ‘toutes fortes de Pommes.
Légume s \2iu. commencement du mois, des Pois encofleSc hors de
cofTe, de jeunes Haricots, des Laitues; pendant tout le mois , des Epi-
nars, du Cerfeuil, de la Poirée,de rOzeille,du Céleri, de la Chicorée,
des Choux & des Carottes de toutes les fortes.
Des Fleur s:\e^ Anémones commencent à venir fous des vitres, de mê¬
me que les Cyclamens & les NarcifTes qui font reftées en terre. Dans
l’Orangerie, du Jafmin de Catalogne blanc & jaune; quelquefois aulTi
des fleurs d’Orange. En plein air fouvent des Oeillets abâtardis.
DE-
i E s
ACRE MENS
30*
D E C E M B R E.
Quoique pendant ce mois le Soleil foit plus bas qu’en Novembre, 5c
•que par conféquent la terre devroit être chargée de plus de vapeurs, &
moins rechaufée par le Soleil , il enefi pourtant pour l’ordinaire tout au¬
trement , car pendant ce mois on a un air plus ierein & plus de Soleil
que dans le précédent : c’eli-pourquoi onne négligera ^jamais, comme on
Ta recommandé dans le mois de Janvier, de tout découvrir julqu’aux vi¬
tres lorfque le Soleil luit clairement, quand même il geleroit très fort.
S’il ne gele pas au mois de Novembre,' ^Sc que les Légumes, foientref-
tés en terre, on a foin de tout, comme on l’a dit en Novembre: on tire
alors de terre, & point plutôt, le Céleri & la Chicorée, pour .être en- .
terrés dans du fable bien fec.
On tire rarement de terre les Figuiers avant ou après le milieu de
Décembre. Vers ce tems-là on met fur la Serre la couverture d’Hiver.
A. la mi-Décembre on met tremper dans l’eau les greffes Fèves & les
Pois pour les faire enfuite germer ; après quoi on les met dans des Caiffes
qu’on place dans l’Orangerie pour poufler.
On fait dans ce Mois des Couches de feuilles d’arbres.
Foires àe table ^ Bergamotes Crafane, Poires St. Germain. Fommes de
table ^ Courpendus, Renettes d’Angleterre, Renettes, Raifins confèr-
vés par art.^
• Des Légumes i Choux & Carottes de toutes les fortes. Oignons, Por¬
reaux, Echalottes, Navets, du Céleri, de la Chicorée, des Raves, des
Epinars,du Cerfeuil, de la Poirée, de l’Ozeille, du Perfil.
Des Fleurs dans des Pots , comme Jacintlies, Narciffes , petites Tu¬
lipes •: dans des Caiffes vitrées , des Jacinthes hâtives, des Anémones,
des Cyclamens d’Hiver ; dans l’Orangerie du Jafmin.
Flan
I
Thn tTm Jarâm potager^ avec fes C/oiJonSy pour y cultiver des fruits
fins ^ délicat s\ entouré d'un FoJJé profond^ portant battcauy dont
, T eau a dix piés de large en Eté.
AT
^rfY ï
*^345 6^ ; i q rï ~
O
2
•3o6 les AGREMENS
, - . ■ ■ . ■ ' i /V
CHAPITRE IL
ILxplîcation du Potager ^ de fes Arbres.
t
Le Jardin jSotagefmafqué^ & étant "couvert au Nord, à l’Efl&à
rOueft par des arbres , & au Midi par une baffe Haye tondue , eft
dans rincérieiir de l’angle, de la'Cloifon au Nord & à rOueff & des
bords des Fpffés à l’Eft & au Midi, de fept cent & dix toifes, ce qui fuf-
fit pour l’entretien d’une affez grande Famille. Le Fond eft naturelle¬
ment de terre graffe , ayant en profondeur trois coups de bêche de
bonne terre bien fumée ; allant en pente & étant élevé à l’endroit le
plus bas d’un pié & dix pouces au-deffus de l’eau la plus haute pendant
l’Hiver.
Les Cloifons au Nord & à l’Oueff ont 8 | pîés de haut , & font pla¬
cées fur un fond uni fans platte-bandes , mais elles ont au devant un fen-
tier large de douze bons piés, qui eft un peu plus de quatre pouces plus
bas que les Carreaux.
LaCloifon au Midi dans la partition jB a en longueur 43 toifes, dont
on prend 6 piés pour une porte qui conduit aux petits Bois , le refte é-
tant garni de quatre Abricotiers, d’un Prunier, de deux rouges Avant-
pêches , de deux doubles de Zwol , de deux pourprées ou vineufes , &
de deux doubles de montagne, toutès greffées fur Prunier; chaque ar¬
bre étant placé à ladiftance de dix - huit piés. Il y a entre chacun un
pié de Vigne , ce qui fait en tout 12 pieds de Vigne , favoir 6 nom¬
més vroege van der Laan^ quatre nommés Paaî'l-druyven^ & deux
mufqués.
11 y a encore dans le fentier à un peu plus de dix pieds de la Cloifon ,
21 piés de Vignes , contre des échalas, favoir douze vroege van der
Laan , liuit Paarl-druyven , & un Frankenâaelder.
La Cloifon k l’Oueft , expofée au Soleil levant , a en longueur quinze
toifes: elle eft garnie de deux Pêchers nommées doubles de Montagne fur
Prunier, de quatre Pruniers , à quinze piés les uns des autres: & dans la
partition A la même Cloifon continuée, il y a dans la longueur de
quatorze toifes , cinq Pêchers de Zwol doubles, & un Prunier qui por¬
te de groffes Prunes blanches, k quatre piés les uns des autres.
Il
DELACAMPAGNE. 30?
Il y a dans la partition A trois brize-vents de la même hauteur que
ci-devant ; le dernier qui n’a pas tout-à-fait fept piés de long , ctl gar*
ni de fept piés de Vigne, favoir deux Mufcats blancs & deux pâles,
deux de Catalogne & un Frankendaelder : la Cloifon mitoyenne , lon¬
gue de neuf toiles deux piés, ell garnie de 6 piés de Vigne, à un peu
plus de neuf piés de dillance les uns des autres; favoir quatre Mufcats:
ces piés doivent être un peu plus éloignés que les deux fuivans nommés
vroege mn der Laan\ les ailes font garnies au Midi à l’oppollte de l’O¬
rient , d’un Railin nommé Faarî-druyf^ & au Midi à l’oppolite du Cou¬
chant, ‘uroege van der Laan: la prémière Cloifon au Midi, lon¬
gue de dix toifes, ell garnie d’une Avant-Pêche rouge fur Prunier, &
de cinq piés de Vigne, favoir trois Mufcats & deux Frankendaelders ^
qui garnilTent pareillement des deux côtés les ailes. 11 y a au devant
de ces trois brize-vents des Plattes-bandes pour y cultiver des Légumes
hâtives. Viennent enfuite dans le fentier qui ell pour le moins quatre
pouces plus bas que les Carreaux, à la diftance de dix piés, vingt-trois
Pêchers nains gréfés fur Abricots, lavoir huit Pêches vineufes ou pour¬
prées, huit de" Zwol & fept de Montagne, toutes doubles & de la plus
grolTe efpèce. ^ ■
11 y a dans les deux partitions au devant près du Vivier & du FolTé
du Midi, de petites Cloifons bafles partagées chacune en trois. Celle
de la partition B ell haute de quatre piés & demi, & la dernière eft
longue d’onze toifes & garnie de fept Pêchers fur Abricots, favoir trois
de Montagne, deux vineux ou pourprés, & deux de Zwol. Les deux
autres Cloifons font garnies de 14, piés de Vigne, favoir dix vroege mn
der Laan & quatre Paerl-druyven.
11 y a au devant de ces petites Cloifons , à un peu plus de dillance de
douze piés le long du Vivier, vingt -quatre Cerifiers ou Griottiers
nains; cortime aiün le long du FolTé du Midi: cependant dans la parti¬
tion A les petites Cloifons n’ont que trois -piés & demi de haut, & ne-
font pas garnies d’arbres, mais elles ont des Plattes-bandes pour y culti¬
ver des Légumes hâtives, & contre les Cloifons mêmes, des Pois.
- Il y a au bord du FolTé de l’Ell' dix-lèpt CoignalTiers nains. De plus
le Jardin potager ell divifé par un Vivier mitoyen , niàrqué par la ligu¬
re (d) , qui lèrt à l’écoulement des eaux , à côté duquel il y a une Haie
fondue (e). Il y a aüfli dans les partitions A B quatre Haies ton¬
dues d’ Aulne ‘ '
11 y a encore dans la partition A^ des Couches d-’Afperges {a) , &
c Qq 2 «un
308 L E S A G R E M E N S
un Carreau de Fraifes (c) , & dans chaque partition deux Couches pour
des fournitures & autres herbes (^hù). De plus vingt Carreaux pour tou¬
tes fortes de Légumes & d’Herbes potagères (y 'compris aulTi les Cou-
ces de Melons), lefquels peuvent avoir chaque année une terre franche,
qui n’ait pas fervi pendant deux ans, parce que tout le fond du Potager
n’a, qu’à trois coups de bêche en profondeur, une pareille terre franche
bien fumée ; c’eft ainfî qu’on peut femer ou planter fur les Carreaux ,
des fruits différens de la manière fuivante.
Un grand Carreau pour de grojjes Fèves hâtives , à doubles rangs , à
huit pouces l’une de l’autre, & pour lors avec un intervalle de 41 piés;
mais lorfqu’on plante à fimple rang, de 2I piés: dans cet intervalle on
feme des Epinars hâtifs, du Cerfeuil, des Raves ou de la Salade: cela
fini, on plante furie même Carreau, entre les Fèves, des Choux rouges,
lefquels venant à manquer, on les remplace par des Choux blancs frifés.
Il ceux-ci manquent, par des Choux-fleurs, parce que trois ou qua¬
tre lèmaines après on arrache les racines des Fèves.
On peut aulfi remplacer fur le même fond ces racines de Fèves, par
des Pois , cependant il ne faut pas femer ces derniers après le commen¬
cement de Juillet, pas même des Pois fucrés. On peut aulfi femer furu-
ne partie de ce terrain, du Céleri, du Perfil d’Hiver ou des Porreaux:
on peut même femer parmi ces derniers un peu de Laitues pommées &
de Perfil ; car on coupe les Laitues avant que le Perfil ne foit grand , &
le Perfil qui refte efl: alors garanti par les Porreaux , du froid d’hiver.
Entre les rangs de Céleri il faut femer de la Chicorée , & de la Laitue
pommée; furies Carreaux des Fèves , des Epinars hâtifs d’Autonne,
des Laitues pommées , du Cerfeuil , des Chicorées ; & , quand la fai-
fon eft encore plus avancée, des Epinars d’Hiver , de l’Ozeille, de la
Poirée, &c.
Un Carreau de Fois hâtifs. Il faut faire les rangs & le tout, comme
à l’égard du Carreau de Fèves.
Quand les Pois font à peu près formés , on plante contre les rames
des Haricots pour laler. Les Pois peuvent refter en terre quinze jours
jufqu’à ce que les Haricots Ibient levés; mais après ce tems il faut en ti¬
rer la moitié avec leurs rames. On peut planter entre les rangs de ces
Haricots , & entre ceux des Pois tardifs, des Laitues pommées ou delà
Chicorée.
Un Carreau de Haricots. Il faut placer entre les rangs , de la Chico¬
rée d’Eté hâtive, ou de la Salade; les hâtifs que l’on couvre dans le mois
d’ Avril,
DELACAMPAGNE. ^cp
d’ Avril parviennent ordinairement de bonne heure à leur maturité , de-
forte qu’on peut femer à leur place des EpinarSjdu Cerfeuil, des Choux,
des Laitues pommées , & autre Salade pour THiver.
Un Carreau avec des Choux: aprèsquoi des Epinars hâtifs, de la Chi¬
corée, du Céleri d’Autonne, de la Salade, de TOzeille d’Hiver, des
Pois , & tels autres Légumes d’Autonne ou d’Hiver , comme de la Poi-
rée , du Cerfeuil , Scc,
Un Carreau des Carottes que nous nommons Utrechts-Hoorns , parmi
lefquelles on mêle des Laitues pommées blanclies ; quand elles font en
vigueur & qu’elles montent , on y plante parmi des Artichaux , mais
quand ces derniers poufTent trop vigoureufement, on les rogne, & de
cette manière chaque chofe viendra à bien; après quoi on peut femer fur
le même Carreau , de la petite Salade d’Hiver.
Un Carreau avec des Carottes d'Eté^ parmi lefquelles on met de la Sa¬
lade & des Choux-fleurs, enfuite du Céleri, & dans les intervalles ex-
haufles, de la Chicorée ou des Laitues pommées, avec des Pois tardifs,
parmi lefquels on feme d’abord des Laitues pommées.
Un Carreau avec des Choux-fleurs à* Eté; enfuite des Pois tardifs, ou
du Céleri d’Autonne Hurles élévations, de la Chicorée, ou des Oignons
d’Autonne , parmi leiquels on feme des Laitues pommées , du Perfil
d’Hiver, ou des racines de Perfil.
Un demi-Carreau avec du Ferfll; quand la terre efl bien fumée on
peut couper de ce Perfil jufques à cinq fois dans une année.
Un Carreau avec des Scorfonnères du Chervi^ parmi lefquelles on
feme des Porreaux , mais encore mieux des Oignons , & cela non feule¬
ment pour comprimer un peu plus leur montant , mais auflTipour que les
racines pénètrent plus avant en terre.
Un Carreau avec du Céleri d['Eté , fur lequel on cultive enfuite toutes
fortes de Légumes d’Autonne & d’Hiver.
Un Carreau avec des Panais^ parmi lefquels on met des Laitues pom¬
mées & quelques racines de Perfil.
Un Carreau fur lequel on a femé en Eté des Oignons d’Autonne &
du Perfil d’Hiver , & fur lequel on peut femer l’Eté d’après des Carottes
jaunes d’Autonne ; parmi lefquelles on place des Laitues pommées, on
des racines de Clucorée.
Bes Couches d*Jflperges^ deux rangées fur chaque couche & un fen-
tier entre chacune : on peut chaque année y femer des Carottes ou des
Oignons hâtifs, parmi lefquels il y ait des Laitues pommées blanches:
(^q 3 mais
Jio .ILE s A G R E M E N S
mais dans ce cas il faut extrêmement fumer ces Couches dans l’Auton-
ne avec du fumier de Cheval, afin que la force y pénètre par le moyen
de la pluie 3 la paille de ce fumier fervant pendant PHiver de couverture,
on la met lous terre dès le commencement du Printems : on y emploie
aiiifi fengrais de fumier de Vache, ce qui eft encore inliniment meil¬
leur. Quand on a coupé le montant des Afperges, on peut encore y
planter de la Chicorée d’Hiver. Il eft bien vrai que tout cela épuife fort
la terre , mais on y remédie par fengrais de chaque année.
Bes Couches de Melons : on peut cultiver fur celles qui ont produit de
bonne heure , des Choux-fleurs tardifs ou d’Hiver : ou bien , quand il
eft plus tard , des Epinars d’Hiver , du Cerfeuil , de la Chicorée & des
Raves d’Hiver. *
Bes Fraifes^ qu’on plante au Printems: on feme fur le fond des Oi¬
gnons & des Choux-fleurs d’Eté , quand on les arrache dans l’Autonne ;
& encore dans cette même Autonne, du Céleri & fur les élévations de
la Chicorée.
Bu Fourpïer précoce : il doit être femé au commencement de Février
fur du fumier de Cheval fous des* vitres: il finie avec le mois de Juin, &
alors on le remplace par toutes fortes de Légumes d’ Autonne.
C H A PITRE IIL
Be la Semence: fa^ertu , la manière de la recueillir^ £«? ce qu^on doit
J aire ^\obJerver avant après avoir femé,
Autant que tout ce qui a vie a un befoin extrême d’un air continuel¬
lement rafraichi pour croître fans interruption, autant cet air eft
nuifible aux fruits 6c aux fèmences; puifqii’il fait que .les fruits durent
moins longtems , 6c qu’il ôte plutôt aux femences la vertu de produire
d’autres fruits , ce qui doit nous engager à les garantir de Pair autant
qu’il eft poftible, avant que de lesjfemer.
Les femences ont plus ou moins, de vertu de produire beaucoup 6c de
meilleurs, ou en moindre quantité 6c de plus mauvais fruits, félon la^
températufe dé Pair 6c la nature des Fonds, fous 6c dans lefquels elles ont
été produites.:]: , .i. . '
On éprouve prefque à l’égard de toutes les fèmences qu’on fème,
qu’elles
DELACAMPAGNE.
qu’elles aiment autant le changement d’air que celui de terre. Cela iè
remarque fur-tout à l’égard de la graine de Lin & de Chanvre , laquel¬
le les gens entendus ne femeront jamais l’année fuivante dans le même
Fond qui l’a produite, mais ils y en employeront toujours de celle qui a
été produite fous un autre Climat. Delà vient qu’on feme dans ce Pais
de la graine de Lin & de Chanvre , qui a été recueillie dans le voifina-
ge de la Mer Baltique : en Ecofle on feme de la graine de ce Pais ; &
près de la Mer Baltique de celle qui vient d’EcolTe , ce qui ell la bonne
méthode.
Les femences meuries ibus des Climats froids & qui ont le moins de
montant, produiront ordinairement beaucoup de fruits & bien nourris;
au-lieu que celles des Climats plus chauds produiront de mauvais fruits
& en moindre quantité, mais ils monteront beaucoup ; (Scplus le Climat
diffère, plus la variété eft grande. Cependant elles s’amendent d’année
en année , à mefure qu’elles s’accoutument aux Climats qui les ont pro¬
duites ; c’eft ce que j’ai éprouvé très fouvent à l’égard des Plantes d’A-
nanas d’ Amérique , des Figues de Lisbonne, & des Coignaffiers, lef-
quels ne devinrent féconds qu’après un efpace de tems fort confidérable :
les Sauvageons de Souche même n’en étoient pas fi féconds , que ceux
qui venoient enfuite de ces mêmes Sauvageons. 11 en efi: de même de
la femence de Melon, laquelle nous vient d’Efpagne & d’Italie.
La meilleure femence eft celle qui efi: venue en plein air; elle produit
des fruits meilleurs & plus agréables , que celle qui efi: venue dans des
endroits plus renfermés, à l’ombre , à l’ardeur du Soleil, fur des plattes-
bandes., au pié des Cloifons ou des murailles: c’efi: ce qu’on peut éprou*
ver à l’égard de toutes fortes de femences , & fur-tout des Pois & des
Fèves, puifqu’on trouvera que ceux qui font crus fur des plattes- bandes
feront beaucoup inférieurs à ceux qui font venus fur des Carreaux. Mais
on m’objeétera peut-être que les Pois des Jardins & les Haricots ramés,
qui font dans un air moins libre que les Pois & les Haricots des champs,
font cependant beaucoup meilleurs. Cette objedion confirme ce qui a
été dit , car les Pois & les Haricots ramés reçoivent l’air & le vent de
tous côtés , au-lieu que ceux des champs, fe trouvant afaiffés fous leur
montant jouiffent beaucoup moins du fecours de l’air & du vent*
Ayant obfervé le changement de l’air , on tâchera auiïi de fe procurer
des femences qui viennent de Fonds de différente nature ; il faut donc
femer celles qui viennent de Fonds fablonneux dans des Fonds de terre
grafle, & celles de terre graffedans des Fonds fablonneux ; mais on n’en
fe-
femera jamais, fi la néceflité ne le demande de celle qui efi: venue.dans
des Fonds bitumineux.
Un Fond pur, qui depuis plufieurs années n’a point produit de fruits
pareils à ceux qu’on a delTein d’y femer, eft le meilleur pour produire
des femences bien nourries , Icfquelles étant enfuite femées dans d’autres
pareils Fonds , produiront en grande quantité de bons & d’agréables
fruits. - ^
Parmi les femences huileufes, les plus grofies , les mieux nourries &
qui contiennent le plus d’huile , comme aulfi celles qu’a produites le mi¬
lieu du fruit, font eftimées les meilleures. Cette règle n’eft pourtant pas
générale , parce que parmi les femences de cette efpèce , il y en a beau¬
coup qui font des plantes £rop fauvages, produifant des fruits moins
bons , & en moindre quantité , que celles qui ont une pouffe plus mo¬
dérée. Les Jardiniers entendus trouvent que la femence de Choux-pom-
més, qui vient du tronc du Chou, eft meilleure que celle qui vient du
Chou même.
On met la plupart des femences, avant qu’on les fème, tremper plus
ou moins dans de l’eau , on en fait germer d’autres dans du fable mouil¬
lé, (Si puis on les feme , quelquefois même fans avoir germé: il y en a au
contraire qu’il faut lèmer fèches, làns les faire tremper.
Toutes les femences qui ont l’écorce dure, qui ne fe joignent pas en
forme de coquille, doivent, avant qu’on les feme, être un peu fendues
dans leur écorce , de manière qu’on ne bleffe pas le dedans : cette fen¬
te fait que les fucs pénètrent mieux (Si font mieux gonfler la fèmence ;
après quoi on la met germer dans du fable mouillé, (Si on la feme: c’efi:
ce qu’on fait à l’égard de la femence de l’Acacia, du Houx & de rif,&c.
Mais les femences dures qui fe joignent en forme de coquille, s’ouvrent
aifément, quand elles font mifes par couches dans du fable mouillé; de-
forte qu’il n’eft nullement néceffaire de Jes fendre. Ceft ainfi qu’on met
germer les Noyaux de Prunes, d’Amandes, de Cerifes, de Merifes,de
même que ceux de Pêches &c d’Abricots; cela ne fe pratique cependant
pas fi fréquemment, parce que les Pêchers (Si les Abricotiers venus de
Noyaux meurent en peu de tems. On met encore les Noix 6c les Noi¬
settes tremper 6c germer dans le fable au mois de Novembre , de même
que les femences qui ont l’écorce plus molle, comme les Glands, les Fai¬
nes 6i les Chateignes.
On feme aulfi dans le mois de Novembre des Pépins de Poires d’Fté
ou du commencement de l’Aiitonne; mais il ne faut pas mettre tremper
D E L A C A M P A G N E. 313
ïii germer les Pépins de Poires tardives 5 que dans le mois de Décem¬
bre avec ceux de Pommes.
En général, il ne faut jamais lailTer dans le fable aucune des femences
qui doivent croître fans être tranfplantées, & principalement celles des
Plantes ligneufes , jufqu’à ce qu’elles y pouflent des racines ; car il fau-
droit couper court les tendres bouts de ces petites racines, comme n’a«
yant point aflez de force pour prendre , ce qui feroit par raport à elles
une eîpèce de tranlplantation: il en ell de même de lalèmence des Her¬
bages, dont les petites racines germées ne prennent point en terre, for-
tent par les côtés, au-lieu de pouffer vers le bas, & font ainfî des Plan¬
tes ratatinées, comme cela fè voit fbuvent à la fèmence des racines.
On met tremper & germer la fèmence des Herbages pendant moins
de tems , k quoi la bonté de la faifon fert plus ou moins ; car il faut que
la femence de Perfil trempe au Printems pendant trois femaines dans du
fable mouillé , & plus tard pendant quinze jours ; ce qui en Eté ne fe fait
que pendant vingt-quatre heures, comme à l’égard de toutes les autres,
après quoi en ayant verfé l’eau, on la laiffe encore mouillée, pour ger¬
mer pendant quelques jours ; mais on ne fait point germer la femence
des racines de Perfil, il fuffit de la faire tremper jufqu’à ce qu’elle fe gon¬
fle. On fait auffi tremper de la même manière dans de l’eau, jufqu’à ce
qu’elle fe gonfle (même au commencement du Printems lorsqu’il gele,
bien entendu qii’on ait foin enfuite de la couvrir contre la gelée quand
elle eft femée) la femence de Laitues à couper, de Céleri, de Carottes,
d’Epinars, de Cerfeuil, de Poirée, de Pois, de groffes Fèves, dont on
tire l’eau hiperflue lorfqu’elle efl gonflée, & enfuite après l’avoir confer-
vée encore pendant quelques jours mouillée & raffemblée pour germer, on
la feme ou on la plante. On ne laiffe pas ainfi germer les femences de
Melons & de Concombres ; mais quand elles font gonflées & un peu fe-
chées, on les met auffitôt en terre.
Les femences en queftion doivent donc être trempées dans de l’eau,"
mais il y en a d’autres qui foufriroient beaucoup par-là, &même quipé^
ri roient, fur-tout les Haricots , lefquels ne doivent pas feulement êtrefecs
quand on les plante, mais la terre même ne doit pas être trop mouillée,
fur-tout quand la chaleur n’a pas encore rendu autant qu’il faut la terre
féconde , car ils périront alors infailliblement ; ce qui arrive prefque
toujours , lorfqu’on les plante quelque tems avant le mois de Mai.
On plante certaines femences par allignement , & on ne les fème pas:
c’eftee qui fe fait à l’égard des femences de Cardons, à trois piés de dif-
Fartk II, ' R r tance
214. LES AGREMENT
tance, trois ou quatre grains enfemble: comme auiïide la Poirée, pour*
la femence de fes racines , k huit pouces de dillance.
Les femences ne fauroient prendre ni germer dans une terre trop alté¬
rée, parce que fouvent le vent les emporte. Une terre trop mouillée ,,
comme elle Tell fouvent au Printems & dans TAutonne, eft trop froide,,
ce qui fait que les femences reliant longtems fans pouffer, fe pourrilfent..
Comme, outre les caufes dont on a parlé, qui engagent à différer la fe-
maille, il y en a encore d’autres, on ne fauroit en fixer le tems au jufle ,
parce que félon les propriétés des Plantes , elles viennent en différentes ;
faifons , & qu’une femence doit être femée au commencement du Prin-
tems, l’autre un peu plus tard, & de cette manière fuccelfivement juf-
ques dans l’Eté & dans l’Autonne : il faut que l’air & la terre au^
tems de la femaille, foient dans un bon état, quoiqu’il arrive que la ge¬
lée , une grande fécherelfe , des pluies fortes , &e. empêchent pendant:
quelque tems que cela ne réiifTiffe.
La terre humeélée comme il faut, doit, avant qu’on y fème,être bê¬
chée plus ou moins légèrement, félon la propriété des Plantes, & félon'
la bonté des Saifons; car comme nos terres potagères font naturellement,,
mais plus par une culture continuelle &par l’engrais, très ouvertes &
légères, de même que les Fonds de terre graffe mêlée avec du fable; il'
ne faut pas les fouiller après leur prémière produélion , en Eté, lorfqu’il-
fait de grandes chaleurs pour y femer pour la fécondé ou troifième fois;
mais après en avoir tiré les mauvaifes herbes & l’avoir égalifée avec un
rateau , on y feme ou on y plante ; & on mêle enfuite la femence avec
la terre par le moyen d’un rateau à larges dents. On plante pareillement
ainfi dans une terre non fouillée, des Pois, des Fèves, de la Salade,
des Choux, de la Chicorée, du Céleri. En général il faut, pour femer,
line terre légère qui foit humeèlée raifonnablement, & un air qui ne
foit pas trop ardent : c’efl pour cela aulfi qu’il vaut mieux faire le labour
aux Carreaux des Jardins potagers au Printems , que dans l’Autonne ;
car les pluies froides de l’Autonne , & l’eau de Neige en Hiver refroi-
diffent beaucoup trop la terre & la convertiffent en boue. 11 faut pour¬
tant à cet égard agir avec prudence, puifqu’il y a des femences qui ne
viennent pas comme il faut dans une terre légère , mais beaucoup
mieux dans des Fonds qui ont été labourés dans l’Autonne, comme
les Oignons & les Scorfonnères.
11 ne faut pas feulement femer dru & clair, félon que les Fonds font
fecs ou humides, & qu’ils ont plus ou moins de force, mais aulfi félon
h
D E L.A campagne.
’la bonté des femences Sc la propriété des Plantes: cependant il vaut
mieux femer trop dru que trop clair ; car on peut & on doit arracher le
fuperflu tout comme les mauvailes herbes; auquel cas on ne perd que h
femence; au-lieu que les terres où l’on a femé trop clair, ne produiront
pas feulement pour cette raifon même moins de fruits , mais encore le
vent fort bat d’autant plus les tendres Plantes, qu’elles ne peuvent pas
fe garantir comme il faut les unes les autres. Il faut aulfi quand il s’a¬
git de femer plus ou moins dru, avoir égard à ce que la terre a produit
l’année d’auparavant, & à la maturité de la femence; car outre que par¬
mi les femences d’une mauvailè crue, on trouve, parmi celles qu’on ju¬
ge être bonnes, plufieurs grains gâtés qui ne monteront jamais; ceux
qui les vendent trompent louvent dans de pareils cas , en mêlant de la
vieille femence gâtée avec de la bonne nouvelle : deforte -qu’il faut après
de telles années femer beaucoup plus dru, ce qu’on néglige fouvent de
faire dans ces tems-là à caule de la cherté de la femence.
Dans les Fonds humides il faut femer ou planter plus clair que dans
les fècs : il faut aufll femer les prémiers fruits du Printems plus clair que
ceux d’Eté & d’Autonne.
Pour avancer le tems de la maturité des fruits, on femera la femence
qui a meuri la prémière ; c’efl-pourquoi il faut bien prendre garde en la
recueillant, de ne pas permettre qu’on coupe pour manger les prémiers
fruits, flir-tout quant aux Pois hâtifs & aux Fèves, parce que la femen¬
ce de ces Légumes plus tardives' recule dans les Saifons le tems de la ma¬
turité : excepté pourtant les Haricots , car leurs prémiers fruits étant en
bas près de terre, ne meuriroient pas autant qu’il faut, outre qu’en res¬
tant là, ils feroient un obflacle à la crue de quantité d’autres.
On ne doit jamais femer ou planter près à près des fruits de la même
nature, mais toujours de ceux qui ont des propriétés différentes, &fùr-
tout quand on a deffein d’en recueillir de la femence & delà femer dans
la fuite; car la femence s’abâtardit fouvent fî fort par ce moyen, que la
crue d’après ne procure plus de pareils fruits ; ce qu’on éprouvera à l’é¬
gard de la femence de Choux , dont les différens troncs font plantés près
les uns des autres : cela fe remarque même d’une manière fi fenfible,que
les Choux-fleurs , les Choux frifés blancs , les Choux rouges & blancs
pommés, dont les troncs portant femence font près les uns des autres,
produifent plufieurs fortes bâtardes : cependant un Curieux m’a foutenu
le contraire, mais je n’ai jamais pu l’obferver. Il enefi: de même dçsMe*î
Ions dans leurs efbèces , des Concombres verds (Sc blancs,
R r s jU
5i6 LESAGREMENS
Il faut avoir égard , quant à la manière de femer ou tranfplanter deî
fruits d’Autonne 5 que cela fe fàfle dans rexpofîtion au Soleil, & cela
de façon, que les Arbres des environs ne les énombrent avant & après-
midi, car alors ce qifon a lèmé ou tranfplanté n’auroit pas affez de cha¬
leur, le Soleil étant dans ce tems-là plus bas; ce qui eft très nuiübleaux
Laitues pommées, à la Chicorée, au Céleri, &c.
Pour femer la femence fans que le vent puiflela chaffer, & d^une ma¬
nière égale 5 il faut mêler la femence menue avec une jufte quantité de
fable , qui ne foit ni trop fec ni trop mouillé , & la femer enfuite ; après
quoi on la couvrira de terre comme il faut par le moyen d’un rateau def*
tiné à cet ufage , afin qu’elle prenne mieux , & que les Oifeaux la décou¬
vrent moins, lefquels s’y rendent autrement en foule pour la manger.
Il efl indifférent pour la pouffe dans quel fens la femence tombe en ter¬
re, de côté, renverfée,ou droit près du germe; car elle fe tourne d’elle-
même, & autrement le rejetton de la racine fe détermine vers le bas , &
le rejetton ligneux vers le haut, fans caufer enfuite à la pouffe le moindre
changement.
Il y a des Plantes qui , lorfqu’elîes paroiffent , doivent être tranfpîan-
tées, mais la plupart doivent relier où elles naiffent, làns qu’il faille les
tranfplanter. ^ .
En général, on ne doit pas tranfplanter les Légumes , fi ce n’eff les Oi¬
gnons précoces & les Navets de femence; car làns cela il y en auroit beau¬
coup de ceux qui viennent de femence qui ne pommeroient pas : il enefi:
de même des Carottes d’Hi ver , du Céleri, delà Chicorée, dont on re¬
cueille la femence. De plus , il ne faut pas tranfplanter les-Plantes qui
ont une racine droite ; c’ell pour cela qu’il faut laiffer pouffer aux groff
fes Fèves qu’on met en terre vers ou dans l’Eté, une telle racine droite
fort profondément en terre , parce que la terre étant trop feche par def-
fus , ne peut pas fournir affez de fucs aux petites racines des côtés. Mais-
toutes les Plantes qui n’ont pas beaucoup de montant au-deffus de terre >
ou dont on doit racourcir la racine droite , afin qu’elles pouffent plus de
racines latérales en-bas , & par conféquent plus de rejettons latéraux en-
haut, doivent être tranfplantées quand elles paroiffent, afin que par cet¬
te tranfplantation , la circulation de la fève étant interrompue, elles:
croiffent moins, <Sc deviennent ainfi plus fécondes: on tranfplanté pa¬
reillement toutes les Plantes dont les fruits bons à manger viennent par
dieffus terre à des Epines ,, des Rejettons, des Chardons, à des Plantes ram¬
pantes. & autres. A Tégard de cette tranfplantation, il eff très remar¬
qua-
DE LA campagne: 317
quable que les Plantes venues de leur femence en peu de tems, & qui
avant qu'on les tranfplante continuent ainli & grandiflent extrêmement,
produilènt aufifi prefque toujours de plus mauvais fruits , que celles qui
ne font pas venues de leur (emence en fî peu de tems, &qui dans la fui'
te avant que d’être tranfplantées , ont fait une pouffe plus modérée : c’eft
pour cette raifon qu’on préférera toujours , quand il s’agit de tranfplan-
ter, les dernières aux prémières, fur-tout en fait de Choux-fleurs.
Il faut, quand on tranfplante, fe conduire félon les qualités des Fonds
& les propriétés des Plantes ; puifqu’étant tranfplantées une fois par a-
lignement , on ne peut plus en retranclier fans que cela ne défigure ;
c’eft-pourquoi on tranfplante dans des Fonds mouillés & gras, à une plus
grande diitance que dans des Fonds grêles, arides &fecs: car ü on plan¬
te dru dans ces prémiers, on aura beaucoup de montant & peu de fruit,
parce que dans ces terres fortes les Plantes fe forcent les unes les autres
à monter, à caufe de leur proximité. Ainli on tranfplante les groffcs
Fèves dans des terres fortes & très fumées par alignement, à trois piés
de diflance: au-lieu que dans les terres plus légères, on fe contente de
faire les rangées à la diflance de deux piés & demi , & que dans les ran¬
gées mêmes on raproche un peu plus les Fèves ^ on tranfplante les Choux
de la même manière.
On fefert ordinairement pour tranfplanter du Plantoir pour faire join¬
dre d’autant mieux par comprelfion la terre autour des racines : cela fe
Elit plus vite ainfi qu’avec la main, mais celan’eft pas fi bon, fur-tout
quand les terres ne font pas fort hiimeélées ÿ c’ell pour cela qu’en tout
tems, pour peu qu’on ait de loifir, on y employera la main.
Il ne faut pas laiffer expofés aux yeux des Oifeaux fur la terre des Pois
ou des Fèves, qu’on croit ne rien valoir, quand on les plante, ou qu’on
les tranfplante, car cela eft une amorce pour les Pies & les Corbeaux, parce
que cela leur fournit l’occaflon d’arracher même ceux qui font en terre;
ainfi on aura grand foin de cela , & on ne manquera pas d’ôter de ces
endroits ceux qui font de rebut. La meilleure méthode pour chaffer ,
autant qu’il eft poflible, les Oifeaux des endroits cnfemencés, eft de
tendre en divers endroits fur les Pois ou fur les Fèves,, des cordes fortS'
minces, & d’y attacher quelques Oifeaux mortSr.
On aura foin de nettoyer toutes les terres enfemencées ou plantées , &
d’arracher les mauvaifes herbes quand elles font encore tendres,- alin
qu’elles n’ayent pas le tems ni de fleurir, ni de porter graine, car cette fe-
çaence venant à tomber, ne croîtra pas feulement pendit une année, mais
K r 3 con^
3i8 ;L E s a g R E M E N s
.continuellement pendant plufieurs années de fuite, ce qui caulè enfuitebien
de Tembaras pour défricher ce terrain. Cependant en nettoyant la terre,
il faut ufer de prudence jfoit qu’on éclaircilTe les bonnes Plantes, foit qu’on
arrache les mauvaifes herbes, afin de ne pas endommager les bonnes en-
haut à leur montant, ou en-bas à leurs racines. Ainfl il eft fur -tout né-
ceffaire que l’on fafle cet ouvrage dans un tems convenable , lorfque la ter¬
re n’eft ni trop fèche ni trop humide, la prémière de ces choies étant plus
nuifible que l’autre ; puifque dans ce cas les fommités des Plantes ne feflê-
trilîent pas feulement, mais encore la terre fine & légère pénétrant alors juf-
ques aux racines, ne manque pas d’y caufer un très grand dommage. Il faut
laulTi y employer des Gens entendus , qui connoilTent bien les mauvaifes
Jierbes , & qui fâchent à quelle diftance les Plantes doivent être les unes
des autres, pour s’en aquiter comme il faut, en moins de tems, en ar¬
rachant les mauvaifes herbes, foit par poignées ou en moindre quantité;
car ceux qui ne s’y entendent pas fi bien , employèrent plus de tems, ar¬
racheront dans certains endroits les mauvaifes Plantes une à une, & ne
feront rien qui vaille.
Tout ce qui a été femé de bonne heure , & qui , foit par le froid ou
par quelques autres accidens,ne commence à croître qu’avec peine, mon¬
tera facilement en graine, deforte qu’il en viendra rarement de bons
fruits : c’ell: ce qui arrive fouvent aux Melons hâtifs , dont , à caufe de
la langueur des Plantes, les fruits meurilTent rarement, & ne méritent
pas de porter le nom de Melons mûrs.
On recueille les lèmences des Plantes, d’une ou de plufieurs années,
félon les propriétés des Plantes mêmes ; mais en général il faut fe garder
de recueillir la fèmence de certains fruits d’Autonne, fur -tout des Lai¬
tues pommées, car la fcmence qui en vient deviendra d’année en année
plus mauvailè , fi vous en exceptez le Cerfeuil & la Poirée d’Hiver.
11 ne faut pas oublier , quant à la manière de recueillir la femence ,
que certaines loges à femence s’ouvrent, & la laifient tomber quand elle
eft mûre. On coupera de celles-ci les hâtives, comme’ on a coutume de
faire à l’égard de la femence de Carottes: d’autres femences, au contrai¬
re, fe tiennent renfermées dans leurs loges ou dans leurs Cofies; toutes
les femences d’un même tronc ne meurinent pas anfii à la fois, mais les
■unes après les autres, on coupe celles-ci, de 'même que celles qui fe tien¬
nent plus renfermées encore quand les prémières font mûres ; après quoi
on pend encore pendant quelque tems fans delTus delTous en plein air la
Plante, afin que le refte meurifie aulfi comme il faut, Sc que les loges
k
*w
DE LA CAMPAGNE. grÿ
à fèmence refient d’autant mieux fermées; c’efl ainfî qu’on le pratiquer
l’égard de la femence de Poirée, de Chicorée, de Choux, de Navets,
de Raves, &c.Mais on ne pend pas fans defTus deflbusen plein air la fe¬
mence des Laitues pommées, quoiqu’elle ne meurifle pa's aulfi tout à la
fois, car elletomberoit auffitôt qu’elle feroit mûre; outre qifelle ne peut
pasréfifler fi bien à la pluie fans fe pourrir; c’efl- pourquoi on en drefic
les Plantes dans des paniers , qu’on expofe chaque jour en plein air
quand il fait beau, les tenant à couvert pendant les tems pluvieux.
Quand les fèmences ont été recueillies feches , comme elles doix^ent
l’être, il ne faut pas qu’elles fe deflechent trop , parce qu’elles ne pour--
roient pas germer , fur-tout les fruits à Noyaux, comme Pêches, Pru¬
nes, Abricots, Cérifes, Mérifes, &c. car leurs Noyaux perdent par-là
leur vertu. 11 ne faut pas non plus que les Pépins de Poires & de Pom--
mes fè deflechent trop. Afin de pouvoir les conferver plus longtems &
d’en être pourvu dans des années de peu de produit , on^aura foin de les'
renfermer & de les conferver fees dans de petites bouteilles de’ verre é--
pais, & on enduira le bouchon de bourre bien pure, trempée dans un
peu d’huile de Navette.
On conferve lès Pois & les Fèves dans un endroit paflablement fec ■
dans leurs cofles, afin de pourvoir en planter encore de bons la fècondô-
année.
J’ai cru autrefois,- félon là règle ordinaire, que la plus fraîche fèmen--
ce étoit la meilleure ,& qu’il ne falloir jamais fe fervir de femence qui eût
plus de deux ans ; mais depuis que j’ai négligé la manière ordinaire delà*
conferver, & que j’ai eu grand foin de la mettre à l’abri de l’air dans des’
bouteilles, j’ai vu par expérience, qu’on peut conferver & employer a--
vec tout le fuccès polTible les femences pendant plufieurs années de fui-'
te; ainfi j’ai femé de la femence de Laitues pommées, qui avoir fix ans,.
& qui avoir été confervée dans une bouteille, dont le bouchon étoit ci¬
ré; elle vint àfouhait, produifit des Laitues pommées auffi magnifiques-
que le pourroit faire de la femence d’une ou de deux années ; j’en ai
même cultivé d’une autre efpèce , nommées Laitues blanches de Trin-
ce y de femence qui avoir huit' ans; mais celle de Laitues rougeâtres du
même âge ne prit point. J ai pareillement cultivé des Pois, quej’avois
confervés pendant quelques années dans des bouteilles.
' CHA-
LES AGREMENS
320
CHAPITRE IV.
A
Ail.
Artichaiix,
Afpcrges.
B
Bafilic.
Lîjle des Fruits du Fotager,
Epinars.
Ellragon.
O
Beteraves. Voyez Ra.
Oignons.
F Ozeille.
Fenouil. _ ^
( tant les Panais. Voyez Racines;
Fèves, ^grofles que
^ V les Haricots. Pn^prenelle.
cines.
Bois de ReglilTc.
Bourache.
C
Céleri.
Cerfeuil.
Champignons.
f tant fri-
I
H
Chicorée. J fée que cd- , ...
1 le qui ne
'v.reft pas. MelilTc.
fleurs
^ bâtards
Choux. ; cabus
Herbe aux Chats.
Herbe aux cuillers.
Hyflbpe.
L
Laitues. Voyez Salade.
Laurier.
M '
Poirée.
Pois.
Porreaux.
Pourpier.
U-. ^
; rouges , , ,
I frifés blancs
V Chouxverds.
Ciboules. Voyez Ail.
Citrouilles.
Concombres. _ , ,
CrefTon.
^ Mille.
E
Echalottes. Navets.
l'cantalou-
I pes.
i brodés,
à côtes.
lifTes
verds
! fucrés
d’eau
^blancs.
N
R
rbete-raves.
de PifTen-
lit.
jaunes,
de la Poi¬
rée ou Paf-
Racines. J ferage.
de Perfîl.
Salfifix.
Scorfonnè-
res.
de Chervi.
v.des Panais.
Raves.
Reponccs, ou gros R e-;
forts.
Rhue.
' Rocambole.
Romarin.
Roquette.
S» Sala^
DE. LA CAMPAGNE.
321
Salade,
S
Laitues
^de Chico¬
frifées &
rée,
non frifées
dePiffenlit,
Sa’ade.
Laitues
; de Choux,
<
pommées
petite ver¬
de plu¬
te, f.
fieurs for¬
petites
.
âtes.
Sariette.
Sauge.
Scorlbnères. Voyet
Racines.
T
Thim.
Tripe-madame.
De la manière de cultiver les fruits appartenans au Potager.
AIL.
Il y en. a de plufîeurs fortes. Des Ciboules ou Appétits^ qui appar¬
tiennent auxdierbes potagères & aux fournitures; on en mange le verd:
on les multiplie de petits cayeux qif on fépare & qifon met en terre :
ils croifTent vigoureulèment dans une terre qui n^eft pas trop gralTe , &
ne veillent pas trop de Soleil : ils continuent à croître pendant plufieurs
années dans les endroits où Ton en a une fois planté , & on peut en cou¬
per fouvent le verd. De la Joubarbe ; c'eft un Arbifleau qui fe multi¬
plie de bouture. U Ail fe multiplie de Cayeux.
A R T I C H A U X.
C’efl un Cardon: il y enia de francs & de fauvages. On multiplie
les prémiers d’Oeilletons qu’on fépare du pié après la gelée & qu’on plan¬
te de nouveau.
On multiplie les fauvages de femence , mais elle ne réfîfle pas à un
grand froid; c’eft pour cela qu’il ne faut point la fèmer que vers la fin
d’ Avril ou au commencement de Mai, en la couvrant d’un pouce déter¬
ré, & en plaçant cliaque grain à trois piés de diltance fun de l’autre.
Il faut en mettre trois grains enfemble, dont on ne doit cependant con-
ièrver qu’une plante, en arrachant les deux autres, pour empêcher que
ces Cardes dont on mange les rejettons des feuilles , ne produilè du
fruit dans le cœur , auquel cas elles pouffent des tuyaux ligneux & font
moins de rejettons. On bute de plus leurs, rçjettpns de feuilles qu’on lie
enfemble , ou bien on les entoure de pajlle , aiin qu’étant devenus
-blancs & tendres dans l’Autonne & dans; riiiver, on en puiffe faire de
■» Partie IL S s bon-
LES AGREMENS
-321
bonne fbupe k la viande: ce qui eH; commun en France, mais dans ce
Païs ils ne méritent pas qu’on les cultive.
Les Artichaux aiment un fond de terre grafle bien fumée; ils ne fau-
roient rélifler kun froid violent, & encore moins à l’eau de neige, c’eft-
pourquoi on les tire de terre ordinairement au commencement de l’Hi-
ver; &c après en avoir coupé les côtes ligneufes, on les plante pendant
l’Hiver dans des Folfes faites exprès, dont le fond foit parfaitement
quarré, & qui (oient fuffifimment élevées au defîus de l’eau: ils doivent
être près à près & à côté les uns des autres ; & pour les préferver de
la gelée, on les couvre de planches, lerquelles, qfuand la gelée efl fort
'rude, on couvre encore avec du long fumier de Cheval, des feuilles
d’arbres ou telles autres choies : mais parce qu’étant ainfi renfermés ils
font fort fujets à fe chancir , il ne faut jamais négliger de les découvrir
au moindre changement de tems, afin de leur donner de l’air. -
Pour avoir des Artichaux de bonne heure , on laide les plantes au mê¬
me lieu où elles font pendant l’Fté; on les y couvre de fumier de Che¬
val, chacun en particulier, & on les découvre chaque fois que le tems
change. Quand au Printems on n’a plus à craindre de fortes gelées, on
fépare des plantes les rejettons furnuméraires , & on fouille tout autour
la terre , en prenant grand foin de ne pas bleifer les racines.
D’abord qu’on a coupé les prémiers fruits, il faut arracher les feuilles
des tiges qui portent fruit : par ce moyen les plantes deviendront plus
grandes, plus vigoureufes, oc elles réfuteront mieux au froid &k tels
autres accidens.
Outre les fauvages qui font petits, pointus, piquans, peu charnus,
tant aux feuilles qu’aux fonds, il y en a encore de deux fortes , favoir les
ordinaires & ceux d’Angleterre. Les ordinaires ne font pas fi gros ni fi
ronds, mais plus hauts, & ont des feuilles plus droites garnies.de plus
longs & de plus forts piquans: leurs feuilles, mais non pas leurs fonds,
font auffi plus charnus que ceux d’Angleterre. Ceux-ci font plus gros (Sc
plus ronds par le bas , leurs feuilles font auffi par le haut plus rondes autour
du fruit; les piquans font plus enfoncés dans les feuilles & ne font pas fi afilés.
Les Artichaux de Zélande dififèrent uniquement de ceux d’Angleterre,
en ce que les prémiers ne font pas fl gros par le bas.
Les Artichaux font une nourriture grofîière; & les Cardons valent
encore moins: on fe ferf des Fonds ou eus dans des Ragoûts, dans des
tourtes de Poulets & autres.
En 1723 il fit fi doux pendant l’Hiver, que les Artichaux ne reftè-
-, rent
ê
DE LA CAMPAGNE.
323
rent pas leiilemênt à décCUVCrî: , niaiS alîlTi qu'ils cop.tiii’jère.nt telle¬
ment leur pouffe qu’on en coupa le 24, de Janvier plulieurs vigoureux
fruits, d’une groffeur fuffifante pour les mettre en ragoûts.
ASPERGES.
Les Afperges font de plulieurs elpèces ; ce qui les diftingue le mieux ,
c’eft que les unes ont la tête comme par écailles , & les autres l’ont unie.
De ces prémières il y en aune forte d’une groffeur extraordinaire, &
dont la tête n’eft pas plus groffe que celle d’une Afperge commune ; les
Curieux les appellent en Hollandois Bobbe-koppen ; c’eft une efpèce bâ¬
tarde, qui eft coriace, aqueufe <Sc defagréable. La meilleure forte a la
tête unie , & un peu moins groffe que le Iiaut de l’Alperge : elle eft de
la groffeur d’environ un doigt; il y en a auffi parmi ces dernières,, de
moins groffes , qui ont plus de fubftance & font même meilleures que
les autres.
Elles fe multiplient toutes de graine , qu’on recueille des plus groffes
Afperges & de celles qui ont la tête la plus unie. On laiffe pendant
tout l'Hiver cette graine renfermée dans leurs bayes rouges, dont l’ayant
tirée & nétoyée vers le tems de la femaille , (ordinairement après la ge¬
lée à la fin du mois de Mars ou au commencement d’ Avril) on la feme
enfuite à une telle dillance, que chaque graine puiffe pouffer librement
fes racines , & qu’on puiffe les tranfplanter, fans que l’une endommage
l’autre : deforte qu’il faut les arracher quand elles croiffent trop dru.
On plante la fécondé année par ordre les prémières de ces Afperges ve¬
nues de femence , ce qu’on croit être meilleur que de fe fervir pour cela,
de celles qui ont deux ans, & encore mieux quand au tems de la fèmail-
le, on met enfemble en terre trois graines féparées dans le même ordre
de la tranfplantation dans de petits trous, & en neconfervant dans la
fuite dans la même place que celles qui croiffent avec plus de vigueur:
les racines de ces Afperges étant alors plus comprimées , entreront plus
profondément en terre.
Les Afperges aiment une terre raifonnablement élevée au-deffus de
l’eau, légère , fablonneufè & extrêmement fumée, qu’on partage en cou¬
ches larges de trois piés & en fentiers larges d’un pié: on planteaucom-
mencement d’Avril fur les Couches , pendant untemslèc, fur de peti¬
tes élévations, les prémières Afperges d’un an, à un pié & demi dedif-
tance, après avoir foigneufement coupé tout ce qu’il y a de gâté ou
LES AGREME-NS
324
d’endommagé à leurs racines 5 & les avoir tant foit peu rognées: cepen¬
dant on ne les rognera que le moins qifil lè pourra, 65 on aura foin en les
tranfplantant de les écarter comme il faut, & de les couvrir enfuite de
trois pouces en largeur, de terre légère, làblonneule & bien fumée: il
faut les tenir nettes pendant cette année , n’y lailTer croître aucune for¬
te de mauvaifes herbes; & ne pas couper le montant qu’à la fin de Sep¬
tembre; mais on marquera auparavant les endroits où il en manque,
pour les remplacer de la même manière au Printems fuivant: après cela
on rend les lèntiers plus profonds , afin que la trop abondante eau de
pluie, qui endommageroit les racines , puilTe s’écouler, ce dont il faut
avoir grand foin.
De plus on couvre tout-à-fait les Couches contre la gelée, de fumier de
Cheval, ce quifert aulTi d’engrais pour les fommitésdes Plants; au Prin¬
tems fuivant on bat bien la longue paille de ce fumier , & on couvre
encore le terreau qui refte de deux pouces de terre, &: par-là elles font en
terre à la profondeur d’environ cinq pouces.
Ayant encore marqué les Plants qui manquent, ou ceux qui viennent
mal , on coupe le montant vers la fm de Septembre de Tannée fuivante ,
on fouille les fentiers en droite ligne à la profondeur d’un bon pié, &
on répand la terre qui en vient fur les Carreaux: après quoi on remplit
de nouveau les fentiers , de fumier de Cheval bien foulé, & on en cou¬
vre auffi les Couches comme l’année d’auparavant. , .
La troifième année, après avoir ôté toute la grolfe paille qui fe trou¬
ve mêlé avec le fumier de Cheval , on le mêle le mieux qu’on peut St
fans bleffer les fommités , avec la fuperlkie de la terre (il faut prendre
garde au refte, quand on fouille la terre, ou quand on coupe les Aiper-
ges, de ne jamais toucher les fommités, car cela caufo infailliblement de
la pourriture); après cela on couvre encore les Plants de trois bons pou¬
ces de terre , & alors elles font en terre prefque à la profondeur de neuf
pouces; enfuite on les cueille, excepté celles qui font mal venues, jufo
qu’au 20 de Afai.
On continue la quatrièrne année & les fuivantes , de fouiller les fon-
tiers & de les remplir de nouveau de fumier comme ci-devant, ce qui
fournit chaque année l’engrais aux Carreaux : alors on coupe les Alper-
ges jufques à la mi-juillet, & jamais au-delà: on coupe le montant vers le
20 de Septembre, & on ramalTe foigneufement la graine mûre qui efl
tombée à terre , Sc s’il en refte encore dans la fuite , on ne doit pas né¬
gliger de Toter. On rehaulfe auffi les Carreaux, afin que les fommités des
Plants foient couvertes d’onze pouces de terre. La
D E L A C A M P A G N E. 325'
La prémière couche du fumier des Afperges efl entièrement confuméc
au bout de douze ans, auquel tems les Plants devroient être renoiivel-
lés & plantés fur une terre neuve. Cependant fl on les fume chaque an¬
née par delTus, elles dureront plus longtems^ fur-tout quand on le fait
avec du fumier de Vache.
Qiiand les jeunes Afperges lèvent fimples & épaiffes, on ne les cueil¬
le qu’une feule fois la troifième année , ahn qu’elles aquièrent de meil¬
leures fommités , & qu’elles s’étendent davantage, car autrement elles
périflent fouvent dans le Plant même. C’ell au refte une choie infailli¬
ble, qu’en cueillant en quantité & longtems des Alperges,on ne les rend
pas feulement plus menues, mais aulîi on en fait poulfer beaucoup plus
a la Plante.
Les Afperges croiflent avec leurs fommités en haut , les racines vers le
bas environ à deux pieds de profondeur ; c’ell-pourquoi il ne faut pas
les planter fi profondément , quoiqu’elles aiment l’iiumidité , que leurs
racines atteignent l’eau ; leurs fommités s’étendent rarement à plus d’un
pié.
On prétend que les meilleures Alperges font celles qui durent longtems,
qui font croquantes , fans filamens,qui ont la tête liire,& font d’une grof-
leur médiocre : elles font aulTi communément les moins aqueufes , les
plus agréables au goût , & les plus fermes ; plus elles font fraîchement cueil¬
lies , meilleures elles font ; c’eft pour cela qu’on les cueille communément
pour la table deux fois le jour, le matin de bonne heure & le foir tard;
celles qui font cueillies depuis longtems deviennent infipides & amères.
Au tems de la cueillette on égaillé la liiperficie des Careaux , afin que
les Afperges qui pouffent, puiffent être apperçues par la convexité de
la terre avant qu’elles paroiffent par-delTus.
•BASILIC
Le Bafilic appartient aux fines fournitures de Salade. Il y en a de
plufieurs fortes dont on ne cultive dans nos Jardins potagers que la peti¬
te elpèce; mais parce qu’elle ne réfifie point au froid , & que cependant
on la mange en fourniture fur-tout avec les Concombres on la feme au
commencement du Printems , dans une terre bien fumée , (Sc bien ex-
pofée au Soleil , la couvrant de vitres & la préfèrvant du froid. Quand
on la feme de bonne heure , on recueille de la femence mûre, ce qui au¬
trement arrive rarement ou point dans ce Païs.
Ss 3 BE-
L E S A G R E M E N S
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BETERAVES. Voyez Racines.
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REGLISSE.
La Reglifle eft un Arbrifleau ligneux, dont les rejettons ligneux d’en-
Iiaut meurent chaque année : on les coupé au Printems fuivant tout près
de terre. Ceft proprement la racine , qu’on appelle Reglifle , le relie
n’étant d’aucun ufage.
B O U R A C H E.
C’ell une fourniture, qui produit de la femence mûre, laquelle ayant
été feméej lève abondamment l’année fiiivante.
CELERI.
Le Céleri cft un Légume qui vient en toufe, & une efpèce de Perlîl.
Il y en a de plulieurs fortes, à tuyaux blancs & rouges; les uns plus
toufus & les autres moins ; il y en a aiilTi qui le font très peu. De
toutes ces efpèces on ne cultive dans nos Jardins potagers , que celles
dont les tuyaux font blancs.
L’elpèce la plus grofle & la plus toufue, que nous nommons Céleri
de Brabant , a le pié plus gros & plus creux , peu ou point de rejet-
tons latéraux; elle monte plutôt en graine , &efl le plus fujet à le pour¬
rir quand elle ell butée. C’efl cependant le meilleur Céleri d’Eté. Cet¬
te efpèce comme il a déjà été remarqué / n’a Ibuvent qu’une branche au
milieu, mais comme cette brandie eft fort grofle, il y a plus à manger
à elle feule , qu’au Céleri fin avec fes rejettons latéraux : outre que ce
Céleri pour être venu en peu de tems, eft plus tendre à la dent, & a
une faveur plus forte, reflemblant pour le goût è la Livèche, ce qui le
fait paroître beaucoup plus agréable à bien des géns , que l’efpèce qui ell
plus fine. 11 faut fe fouvenir, à l’égard de cette efpèce, qu’elle efl fu-
jette à fe pourrir plutôt, & que pour cela il ne faut pas qu’elle relie fi
longtems butée , fur-tolit dans les tems humides & pluvieux. Le Cé¬
leri croît naturellement avec vigueur , haut & étendu; c’efl pour cela
qu’il en faut tranfplanter pour le moins à un pié de diflance , des Plantes
Amples par rangs , à trois piés de diflance , afin de pouvoir les buter
comme
comme il faut; mais fi on ne veut buter qu’une feule rangée pour faire
blanchir le Céleri, on peut alors les placer à la diftance de deux piés &
demi , & tranlplanter dans les tranchées les plantes à la diilance de quin¬
ze pouces 5 ou plus. On plante plus près la plus grofle elpèce fuivante ,
favoir à douze & à dix pouces.
Les jardiniers ont coutume, en tranfplantant le Céleri, de mettre
enfemSle deux ou trois Plantes , lefquelles en croilTant s’entrelalTent fi
fort, qu’elles n’en paroilTent qu’une feule très grofle quand on les arrache.
Cependant il y a moins à manger à un tel pié , qu’à un fimple dont les
branches font plus grofles , quoique tout le pié foit moins gros , &
qu’il ait été féparément planté. On met les Plantes , à plus ou moins
de diftance, aufli bien que les rangs, non feulement à proportion que
c’efl: du Céleri fin ou grolfier, mais aulfi à proportion que la faifon eft
plus ou moins féconde.
Jlne faut jamais tranfplanter des Plantes qui ont été femées dansl’Au-
tonne, car elles montent d’abord en graine. Le meilleur tems pour fe-
mer du Céleri d’Eté, c’eft la mi-Février, fous des vitres, fur un peu
de fumier chaud de Cheval , après que la graine a trempé pendant une
nuit , & qu’on l’a mife enfuite mouillée dans un lieu chaud jufqu’à ce
qu’elle foit en germe, ce qui demande ordinairement deux ou trois le-
maines. On peut de plus fèmer dru ce Céleri , parce qu’on n’efl; pas af¬
finé de la bonté de la graine; mais fi elle monte fort dru, il faut éclair¬
cir légèrement les Plantes , afin que celles qui reflent puiflent croître
& s’étendre comme il faut. J1 ne faut pas non plus tranlplanter le'Cé-
leri trop jeune, parce que ces petites Plantes ne prennent pas affez vite,
n’ayant que peu & de petites racines, ce qui reflerre davantage les po¬
res des petits bourgeons, les empêche toujours de croître comme il
faut.
Avant que de buter le Céleri , il faut qu’il -ait fa grandeur requife ,
parce qu’alors les rejettons qui font fous terre feront moins fujets à fe
pourrir. 11 faut prendre garde aufli , quand on le bute , de ne bief-
îèr aucun defes tuyaux, parce que cela lait pourrir les bourgeons. Il
faut au relie le buter avec du fable pur , & non pas avec du terreau. En
butant le Céleri il devient blanc, & tendre à la dent, ce qui eft un com¬
mencement de pourriture ; c’eft-pourquoi il ne doit pas relier trop long-
tems buté: le tems pour cela ell, félon qu’il fait plus ou moins chaud
^dans laSaifon, en Eté quinze jours, enliiite trois femaines,& vers l’Hi¬
ver plus encore, avant qu’on l’arrache pour manger. Cependant la
meil-
328 LES. AGRE MENS
meilleure manière de confèrver le Céleri d’Hiver loiTqiril gele, c’eft de ne
le pas buter trop haut, parce qu’il eft alors trop fujet à fe pourrir, la
gelée ne fortant pas fi bien hors des branches, que s’il avoitété moins bu¬
té. 11 ne faut pas non plus que ce Céleri de Printems foit trop grand, par¬
ce qu’alors il continuera mieux à croître en plein air fans foufrir, que ce¬
lui qu’on conferve dans la maifon.
CERFEUIL.
Le Cerfeuil fe multiplie de graine , dont la meilleure efi celle qu’on
recueille du Cerfeuil d’Hiver. 11 aime une terre légère , grafle , bien
amendée : il épuilè extrêmement la terre , parce qu’il fait beaucoup de
racines, fur-tout celui d’Autonne : c’efi: pour cela que les Jardiniers ne
doivent jamais femer dans une terre, où il y a eu du Cerfeuil, des Ca¬
rottes jaunes , les racines de Cerfeuil les empêchant de pénétrer , ce
qui fait que dans de pareils fonds elles font toutes nouées.
On peut femer ‘du Cerfeuil de Printems entre les rangs des grofies Fè¬
ves & des Pois, pourvu qu’on le coupe avant qu’il ait eu le tems de fai¬
re beaucoup de racines.
CHAMPIGNONS.-
Ceux de cette efpèce qu’on mange appartiennent au Jardin potager ,
où, dans des terres fablonneufes extrêmement mêlées avec du fumier de
Cheval, ils viennent fouvent fans qu’on les feme , dans des Autonnes
pluvieufes & chaudes. On les difiingue en Champignons bons à man¬
ger & en ceux qui ne le font pas, & qui font même un poifon. On
^ diftingue encore les prémiers en Champignons de Printems & d’Auton¬
ne. Ceux du Printems s’appellent Morilles , lefquelles croilTent fur de
vieux arbres , & prefque toujours fur de vieux Chênes. J’en ai vu aulTi
beaucoup fiir des Careaux de fleurs d’une terre légère , fiir lefquels on
avoit répandu du Tan d’un an. Ces Morilles font prefque toujours ob-
longLies , de la figure d’un œuf , creufes en dedans , & ont par def-
fous un tuyau creux finiflant en rond. Les Champignons d’Autonne
viennent en grande quantité quand il fait une faifon pluvieufè & chau¬
de , dans les Prairies où pâment les Chevaux : ils font prefque tous
blancs par deffiis & ronds , creux en dedans & un peu plats: tant qu’ils
font jeunes , ils font fermés jufqu’à la queue ; mais quand ils grofiilfent
D E L A C A M P A G N E. 32p
la petite peau fe crève, & paroit comme de petits filamens rougeâtres,
lefqiiels , de même que les Champignons , s’ils relient trop longtems en
terre, deviennent d’une noirceur extrême, la chair des Champignons
fe gâtant entierêment, & devenant coriace. Leur convéxité dilparok
aiüli , & ils deviennent d’un rond prefque plat. Les Champignons,
qui viennent dans les Jardins potagers , font de la même figure , d’a¬
bord creux , & aufli ronds qu’une petite boule , devenant enfuite plus
plats par le haut, mais d’une couleur plus grife: ils ne font pas non plus
par deflbus fi clairs , ils font cependant d’un brun rougeâtre , & la chair
en eft plus ferme & plus folide, que de ceux qu’on cueille dans les Prai¬
ries. !
CHICOREE ou ENDIVE.
L’Endive ell une forte de Chicorée franche. On en mange les feuil¬
les fans être cuites , & elles font aulfi très faines étant étuvées & cuites
dans du bouillon.
11 y en a de pliifieurs fortes, comme de la grande , à feuilles plus ou
moins larges , dentelées , & celle qui ne l’eft pas , frifée & non frifée.
De toutes ces efpèces , celles à larges feuilles , & non crénelées , font les
meilleures , parce qu’elles font de plus longues & déplus grofies Plantes:
on peut les lier aifément fans rompre les feuilles , & elles fe pourrifient
moins au dedans.
On multiplie la Chicorée de femence : on la tranlplante enfuite , afin
qu’elle devienne plus toufue; mais il ne faut pas la tranlplanter trop pe¬
tite, car elle ne prendroit que difficilement, & outre cela elle croitroit
dans la fuite avec moins de vigueur.
On recueille la femence de Chicorée, de celle qui a pafTé l’Hiver, ou
bien des Plantes qui font venues de femence, de bonne heure au Prin-
tems fous des vitres, & qui ont été enfuite tranfplantées; ce qui donne
la meilleure femence. Q.uand les Plantes à graine ont à peu - près leur
grandeur requife , on les rogne par le haut, afin de leur faire pouffer
plus de feuilles.
On feme de la Chicorée d’Eté, d’Autonne& d’Hiver. On feme cel¬
le d’Eté au commencement du Printems , & fouvent on la couvre d’a¬
bord de vitres contre la gelée; elle'monte bientôt en graine: c’eft pour
cela qu’il faut femer pour l’Eté de *Ia Chicorée à larges feuilles & fri¬
fée, parce qu’elle monte le moins de toutes en graine. On feme la Chi¬
corée d’Autonne au commencement de Juillet , <Sc celle d’Hiyer depuis
Partie IL Tt Iq
LES AGREMENS
33?
le milieu julqu’à la fin de ce mois , car celle qu’on lème plus tard n’efl
guère bonne à manger ; & comme la graine pouïïe diverfement , on
trouve fou vent parmi la femaille dAutonne^ de plus petites Plantes pour
de la Chicorée d’Hiver.
La graine la plus récente efl plus fujette à monter , que celle qui eft
plus vieille ou qui a plufieurs années : on fe gardera donc bien de culti¬
ver de la Chicorée d’Eté , de graine qui n’a qu’un an , mais on y. em-
ployera, en général, de celle qui a trois ans.
Quand on tranfplante la Cliicorée en tems fec il faut la tremper tout-
à-fait dans l’eau après l’avoir rognée par le haut, & enfuite trainer fes ra¬
cines par terre , pour les en couvrir; elle prendra alors d’autant plus fû-
rement.
CHOU X.
4 ‘
Il y en a de plufieurs fortes , lefqiielles lè multiplient toutes de femen-
ce. Les Choux aiment une terre fraiche qui n’ait point été cultivée,
& qui ne foit ni trop légère , ni trop amendée , & l’engrais qu’on y em¬
ploie doit contenir des parties plutôt falées que huileulès ; deforte qu’il
vaut mieux faire ufage de fumier de Cheval, que de celui de Vache ou
de verdure pourrie ; car ce fel fera que les Choux feront plus doux -&
d’un goût plus agréable. Qiiand les champs aux Choux fe lèchent trop
légèrement, les Vers rongent d’autant plus leurs racines, ce qui les rend
raboteufes & fujettes à fe pourrir.. De plus les Choux aiment à changer
tous les ans de place , & à croître dans des endroits , où l’on n’en ait
point cultivé depuis plufieurs années, ils y croilfent avec vigueur ; au-
iieu que les champs où l’on feme des Choux la fécondé année produifent
de mauvais fruits , & de plus mauvais encore dans la fuite, jufques au
point qu’on peut empoifonner par ce moyen la terre, de manière qu’il n’y
ait plus aucune autre Plante qui veuille y croître.
On diftingue les Choux en Chouxdleurs , & Choux pommés ou ea-
bus, dont le fi'uit efl rond comme une boule: il y en a aulTi une efpèce
‘qui ne pomme pas <Sc qui n’eil pas ronde, fon fruit confiflant dans fes
feuilles.
Parmi les Choux-fleurs, il y en qui ont la fleur grande, les autres pe*
tite ,, aulfi plus ou moins ferrée , blanche ou grifatre ; les grandes fleurs
Manclies fort ferrées , rondiffant fans fe partager, paffent pour être les
lodlleures, quoiqu’a cet égard les goûts varient fort, puifqu’il y en a
beau-T
DELACAMPAGNE. 33^
beaucoup qui préfèrent pour le goût celles qui font moins ferrées que
les .autres. Au relie c’eft le Climat & les fonds qui font les Choux-
fleurs (plus que toute autre chofe) plus grands & plus ferrés. On ne les
cultive nulle part mieux que dans î’Ile de Chipre & en Angleterre; ce¬
pendant la graine que nous recevons de ces lies, ne produit pas d’aufli
bons Choux-fleurs: ceux qui viennent defemence recueillie dans cePaïs
font meilleurs, pourvu qu’ils aient d’abord été produits par la graine de
ceux de Chipre ou d’Angleterre; cette féconde culture leur eft avanta-
geufè. On fème les Choux-fleurs en Autonne & pendant l’Hiver , &
on les confèrveauflidans le commencement du Printems fous des vitres;
après cela on les plante féparément , & on les préfèrve de la gelée.
Les plus mauvaifes Plantes, & celles qui produifent les plus mauvais
fruits, font celles qui croiflent en peu de tems;il en efl fur- tout ainfides
Choux-fleurs. C’ell pour cela qu’en général il faut prendre les Choux
qui font d’une pouffe médiocre , qui ont le pié court, & la tête groffe,
& laiffer aux ignorans , comme les plus mauvais, ceux qui font flasques,
telles que font les hâtifs. On fe fouviendra de plus , quand il s’agit en
général de tranfplanter toutes fortes de Choux, qu’il faut mettre ceux
qu’on tranfplante au commencement du Printems , en terre jufqu’à l’en¬
droit d’où fortent leurs feuilles, c’efl-à-dire fort avant, mais non pas fi
profondément les Choux d’Eté. 11 faut aufli bien prendre garde que les
Choux ayent des rejettons dans le cœur , fans lefquels ils ne fauroient pro¬
duire des fleurs , ou fi par hazard ils en pouffent par les côtés qui vien¬
nent du cœur, ils ne deviendront jamais rien qui vaille. Il faut aufli
arracher tous les jets liirnuméraires , tant des Choux-fleurs que des pom¬
més, afin qu’il n’en vienne pas de fruit, ce qui rendroit le Choux d’au¬
tant plus petit.
On fème des Choux-fleurs d’Eté plus tardifs, d’ Autonne & d’Hiver,'
depuis Mars jufqu’à la fin de Mai, & on les tranfplante de tems en tems
quand le tems eft bon jufqu’à la St. Jaques , ou jufqu’au 25* de Juillet,
& quelquefois un peu plus tard; mais il en vient rarement, de bonnes
fleurs ; le meilleur tems pour femer des Choux d’ Autonne étant un peu
plus tard que la mi-Mai. Quand il gelc en Hiver, lorfque les Choux-
fleurs, n’ont pas encore leur grandeur requifè, on en rompt légèrement
les feuilles, & on en couvre les fleurs pour lespréfèrver delà gelée, pou¬
vant réfifter par ce moyen à une gelée médiocre, tandis que la fleur,
quand il fait beau , continue encore à croître.
Les Choux-fleurs doivent avoir plus d’engrais, que les Choux rouges
T t 2 ou
352
LES AGREMENS
ou autres Choux pommés , & ces derniers plus que les Choux de
Milan. .
Pour conferver pendant THiver jiifqu’au Printems les Choux-fleurs , il
faut les pendre dans un lieu fec au plancher avec la fleur en bas, où la
gelée ne puifle parvenir.
Les CJioux qui pomment , font les rouges , les rouges bâtards , les ca-
busjles Choux blancs ceux de Milan. 11 y en a de deux fortes de rou¬
ges, une grolTe qui croît ronde & peu élevée fur le pié, dont les feuil¬
les font plus épaifles, moins ferrées, & dont le pié eft plus gros; ce
font ceux que les Jardiniers cultivent le plus. 11 y en a une autre forte
plus petite; elle ell fort élevée fur le pié, plus menue, a des feuilles u-
nies & des côtes plus Anes, outre qu’elle n’eft pas fi ronde , mais un peu
plus pointue: elle efl: plus douce au goût, mais un peu petite; aulfi ar¬
rive-t-il fouvent, parce qu’elle efl: fi élevée, qu’elle fe renverfe <Sc fe dé¬
racine , ce qui empêche les Jardiniers d’en cultiver pour vendre.
Choux-bâtards; c’eft une forte abâtardie qui vient de la femence des
rouges.
Choux-cabus, en Hollandois Kappertîem-kool^ ainfi nommé d’une
feuille frifée qui en fort par le haut en guife de Cliaperon.
On feme & on tranfplante quelquefois les Choux rouges pour en avoir
de bonne heure dans l’Eté , mais le plus fouvent pour l’Hiver, afin de
pouvoir en manger jufques fort avant dans le Printems. Pour les confer¬
ver fains , il ne faut pas les femer de trop bonne heure , afin d’empêclier
qu’étant trop mûrs , ils ne crèvent par la chaleur de l’Autonne. Le
tems le plus convenable pour les femer efl; après la mi- Avril , & on les
tranfplante au commencement de Juin. Quand ils ont leur grandeur re-
quife, & que l’on craint que fi le oeau tems continue, ils ne viennent
à crévèr, on les foulera tout doucement , pour tempérer un peu leur
poufle. On foule de même les Choux qui font trop élevés fur pié, de
manière cependant qu’on ne les retarde pas dans leur pouffe, mais que
les têtes foient tournées au Soleil, afin de les empêcher de fe redreffer;
on les bute auffi jufqu’au collet après les avoir ainfi foulés. De plus
pour qu’ils durent plus longtems, on les laifle en plein champ for pié,
tant qu’il n’y a rien à craindre pour eux de la gelée : il faut cependant
les couper en tems fec avant la forte gelée, & alors on les confèrve mieux
en plein air que dans la maifon , en les entaffant par monceaux de trois
ou quatre Choux de haut , & en les couvrant de terre. Mais cela efl
plus le fait des Jardiniers , qiü en retirent chaque fois plufieurs , que
pour
m
DE LA CAMPAGNE.
pour ceux qui n^en ont befoin que pour Tulage journalier.
Les Choux pommés blancs font aulH de plufieurs fortes, maïs on les
diftingue ordinairement en Choux blancs communs, grands & petits;
c’eft une efpèce de Ciioiix de Mofcovie. On ne feme pas tant les Choux
blancs pour avoir des Choux d’Hiver , mais plus pour avoir des Choux
hâtifs d’Etô que Ton tranfplante au Printems. On peut les manger bien
plutôt que les Choux rouges; on les feme ordinairement dans TAutonne
au commencement de Septembre.
Les Choux rouges auiïi bien que les blancs aiment plus que tous les
autres un engrais lalé & fulphiireiix , étant ordinairement, dans de pa¬
reils fonds, plus doux au goût, tels que font les Choux dans les terres
bitumineufes.
Choux de Savoye ou de Milan ; il y en a de diverfes fortes , mais diHin-
guées chez nous en choux communs & en une autre forte bâtarde, plus
lèrrée, plus grande, & plus blanche, que les Choux blancs qui font plus
petits & moins lèrrés: ces derniers font bien plus agréables au goût. On
ne cultive jamais ces Choux que pour l’Hiver, parce qu’alors ils ont meil¬
leur goût, quand la gelée les a blanchis & rendus tendres: les petits
& les moins ferrés font les plus agréables au goût. On les feme à lami-
Avril, ou un peu plus tard, & on les tranÇ)lante depuis la St. Jean
jufqu’à la mi- Juillet.
11 y a auÛl plufieurs fortes de Choux frifés ou crépus , favoir des
verts & à feuilles rondes, lefquelles font de différentes couleurs ,& qu’on
cultive plus pour orner les tables & les plats que pour toute autre chofe.
Bien des gens eftiment comme un très bon mêts, les feuilles des Choux
verts , après qu’ils ont été gelés. ^
Les Choux qu’on appelle en Hollande Slooren^, ne pomment pas non
plus: on en cultive peu dans ce Fais, mais beaucoup en Angleterre pour
l’Eté, fous le nom de Green Cabbage^ où on en mange les troncs avec
les feuilles.
Pour buter les Choux il faut fe fervir d’un tems convenable, la terre
ne devant être ni trop humide, ni l’air trop ardent, car autrement l’une
ou l’autre de ces chofes pourroit aifément gâter la peau extérieure des
troncs ; c’efl-poiirquoi on attendra à le faire, que la terre ne foit pas trop
humide , & que le tems foit frais.
Les Choux font fort fujets à être rongés par les Chenilles, dont ils
faut les purger continuellement avec un foin extrême. On dit que les
Choux plantés dans Je voifinage des Pois , font moins ffijets aux Chenil-
Tt 3 • les.
les 5 parce que les Papillons fe pofent plus volontiers fur le montant des
Fois, 6c qu’ils y pondent leurs œufs.
CIBOULES. Voyeiz A I L.
CITROUILLES,
Les Citrouilles, Plantes rampantes, font des espèces de Courges de
Turquie, mais plus longues & plus grofles: elles font d’un mauvais
goût, 6c une mauvaife nourriture, 6c ne méritent pas d’être cultivées
dans des Jardins potagers bien ordonnés.
CONCOMBRES.
(
Ce font des Plantes rampantes dont il y a plufieurs efpèces plus ou
moins longues, des jaunes, des blanches 6c des vertes. Nos Jardiniers
n’en cultivent que pour vendre les blanches ;aii-lieii que les François 6c les
Anglois trouvent les vertes bien meilleures au goût que les jaunes 6c les
blanches. Parmi les jaunes il y en a une forte qui donne beaucoup de
fruits , lorfqu’elle ell cultivée lous des vitres , dont il ne faut pas négli¬
ger de recueillir la graine pour des Concombres hâtifs. ^ On cultive les
Concombres hâtifs précifément comme les Melons; mais comme ils réfi-
flent mieux au froid 6c aux autres accidens , on peut préparer les Cou¬
ches de meilleure heure, de manière que par le moyen du fumier de
Cheval, on peut en manger d’une grandeur raifonnable dans lemoisd’A-
vril, quand on fait la prémière Couche avant la mi-Février; mais com¬
me il fait ordinairement encore froid dans le Mois d’ Avril, les Concom¬
bres ont fouvent peu de goût dans ce tems-là, deforte qu’on s’en pro¬
curera de bien meilleurs 6c à moins de peine : on fait cnforte qu’ils foient
en état d’être mangés au commencement de Mai, ce qui efi: bien plus
fûr, quand on élève la prémière Couche peu après la mi-Février, 6c cel¬
le où l’on tranlplante après la mi-Mars. Ces Concombres hâtifs- doivent
être foignés comme les Melons fous des vitres couvertes , pour les^ dé¬
fendre d’un trop grand froid. I • - - . f
La plus féconde efpèce de ces Concombres hâtifs eft la blanché , qui
n’eft ni des plus longues, ni des plus courtes, ayant beaucoup de fleurs
ralTemblées , dont plulieurs ne laifTent pas de croître , lors même que le
mauvais tems empêche, qu’on ne puill’e leur donner de l’air 6c que les
vitres doivent relier fermées. Ils aiment allez d’être arrolés ; cependant
ils
D E L A C A M P A G N E.
ils font fujets à fe pourrir, quand on les arrofe trop; c’eft-pourqiib'i les
Couches doivent être fort élevées, ahn que feau fuperfliie puifle s’écou¬
ler.
On coupe les Concombres avant qu’ils ne foient mûrs , & fi jeunes
qu’ils n’ayent point encore de graine ; car aulfitôt qu’ils font gros & en
graine, ils font coriaces & pleins d’eau, outre que cela fait périr aulfn
quantité de Cornichons.
Pour avoir des Concombres propres à confire on met en Mai de la
graine fèche en terre, à, un bon demi-pié l’une de l’autre , mais toujours
de Concombres verds, parce qu’ils plailent plus à l’œil.
Les Concombres defemence doivent être tranlplantés, parce qu’ils de¬
viennent par ce moyen plus féconds & moins fujets à fe gâter que ceux
qui relient en terre.
I
CRESSON. *
C’elt une fourniture de Salade , qui fe multiplie de graine ; il y en a à
feuilles frifées & unies: la frifée eft dure, & peu digne d’être cultivée
pour la table , de même que le Creflbn des Indes. Le Creïïbn n’aime pas
une expofition au Soleil trop chaude ; c’ell-pourquoi il vient naturelle¬
ment auPrintems fans fumier de Cheval, fur desplatte-bandes, bien ex-
pofées au Midi, dans une terre bien amendée & fous des vitres, étant
ainfi bien plus vert & bien meilleur , que lorlqu’il vient par la cha¬
leur du fumier de Cheval. On feme le Creflbn hâtif fur du fable blanc
égalifé , après quoi on le met en terre avec le plat d’une bêche. On le
fème bien aufii fur de la terre égalifée , laquelle on couvre enfuite légè¬
rement de lâble blanc , & on affermit aufii la graine avec le plat de la
bêche; de cette manière -on peut couper le Creflbn plus court & plus
également.
Le Creflbn d’eau vient fur Feau , dans dès foffés peu profonds y de
manière que ce n’efl pas une plante de Jardins ; il n’aime pas non plus
une trop grande ardeur du Soleil, auffi vient-il mieux dans des endroits
à l’ombre.
ECHALOTTE S.
Les Echalottes de même que les Rocamboles , font des efpèces d'^Oi--
gnonsv Elles le multiplient de Cayeux qu’on met en terre au mois dé
Mars y
LES AGREMENS
336
Mars, &: qu’on retire au mois d’Aout; mais quand on remarque que le
verd commence à lè pourrir ,11 faut les retirer plutôt, quand même elles
n’auroient pas- encore leur grolTeur requife, parce que femblables à des
corps pelliférés, elles corromproient les autres , & fe pourriroient toutes
enfèmble en terre ; de plus après les avoir tirées de terre il faut les laif-
1èr fâcher en plein air & au Soleil , du moins pendant trois lèmaines;
.lorfqu’elles font fèches, elles fe confervenc bien plus longtems/aines.
E P I N A R S.
C’eft un' Légume qui fe multiplie de graine. Il y en a de deux for¬
tes, les uns plus grands à feuilles rondes, les autres plus petits à feuil-
' les pointues. La prémière réfifte mieux à la gelée , ce qui fait qu’on en
feme communément pour l’Hiver fur des Careaux avec du-Cerfeuil. Les
pointus font plus tendres , & on en feme au Printems entre les rangs
des groffes Fèves.
La graine des Epinars pointus ell pointue & piquante , celle des E-
pinars à feuille ronde eft ronde aulîi , & ne pique point ; les prémiers
montent plutôt en graine, & font plus fujets k fe gâter que les autres.
ESTRAGON.
Cell une fourniture de Salade, qui fe multiplie de piés enracinés,
& on letranlplante toutes les deux, trois ou quatre années, dans une ter¬
re bien amendée. Ses petites branches meurent tous les ans vers l’Au-
tonne; mais il ne faut jamais les couper qu’après l’Hiver, parce qu’elles
préfervent au Printems de froid les tendres rejettons ,- lesquels fans cela
périlTent très facilement.
F E N O ü I L
n vient en toufe comme le Céleri , & fe multiplie de graine ; mais
c’ell une Plante qui croît pendant plulieurs années à la même place, &
qui produit annuellement de la graine : quoique la gelée en fafle mourir
les tiges, fes racines reRent cependant iàines,& pouiTent de nouveau des
rejettons tendres.
On diflingue chex nous le Fenouil en Fenouil de Rome <Sc commun.
-Celui de Rome , appelle aufîi Fenouil d’Italie, eft d’iui goût plus doux
que
DELACAMPAGNE. 337
qûe fautre: on en cultive beaucoup en Brabant; on le bute aufli com¬
me le Céleri, & on le mange de même.
FEVES.
Ce font des Plantes dont le fruit vient dans des goulTes, & dont il y
en a qui s’étendent ou qui montent ; on appelle les unes grofles Fèves ou
Fèves de Marais. Je n’en trouve aucune defcription chez les Anciens,
étant venues vrailèrnblablçment après eux de Fèves de Cheval : elles ont
une peau épaifle & blanche, quelques-unes l’ont rouge & rougeâtre;
mais ce font des Fèves bâtardes produites des blanches: elles font dans
des goulTes longues , coriaces, grofles & par dedans velues, deux, trois,
quatre, quelquefois auflicinq & lix dans une goufle, on les multiplie de
Fèves qu’on met en terre. On recueille ces Fèves à femer des plus for¬
tes tiges, garnies des plus longues goufles & qui contiennent le plus de
Fèves, lelquelles meuriflent premièrement à la Plante même, fans la pin¬
cer, fofques à ce que les goufles foient entièrement fanées & noires;
en attendant on n’en cueille aucune gonfle, car celaferoit non feulement
que l’année fuivante les Fèves meuriroient plus tard, mais aiifli que les
Fèves tardives de la même Plante auroient l’écorce plus dure & ne vien-
droient pas fi bien : cela rend aufll les Fèves que l’on mange plus dures,
quand on en coupe les tiges, ou qu’on en cueille les goufles hâtives;
c’efl: pour cela que les Jardiniers entendus ne cueilliront jamais les hâti¬
ves, à moins qu’ils ne trouvent à les vendre aulTi cher que la valeur de
toutes les Fèves de la mêmelPlante. Les Fèves les plus tendres 6c les
plus exquifes .au goût font, celles qui viennent au Printems en peu de
tems; les Fèves tardives, quoique plus petites, font cependant plus du¬
res que les hâtives plus grofles. il en efl: de même des Fèves d’Eté, car
plus l’Eté efl fec & chaud, moins il y a de goufles, 6c ces goufles con¬
tiennent aulTi moins de Fèves, lefqueiles font même plus dures 6c plus pe¬
tites; c’eft-pourquoi quand on veut faire fécher des Fèves pour l’Hiver,
il faut toujours prendre pour cela des prémières , 6c jamais de ces peti¬
tes tardives.
Elles aiment ime terre extrêmement amendée, 6c chargent beaucoup
mieux quand étant encore tendres , elles ne pouflent pas fort vigoureu-
fement au Printems, mais qu’une petite gelée en retarde un peu la pouf¬
fe, ce qui les engage à pouffer plufleurs tiges, lelquelles il faut buter des
deux côtés lorfque les Fèves font en pleines fleurs.
partie IL V v
Les
538. LESAGREMENîS
Les prémières Fèves tranfplantées poufiTent ordinairement plus & ââ
plus hautes tiges, fort ferrées, même fans avoir été pincées; fur -tout
quand entre les rangs il n’y a qu’un efpace de deux piés & demi ; c’eft-
pourquoi il y en a qui font de doubles rangées de ces prémières Fèves, à
huit ou neuf pouces de diftance, & lailFent entre les rangs un efpace de
quatre piés & demi, & de quatre piés dans des terres moins bonnes.
On peut femer ainfi entre les rangs des Légumes ; mais j’eftime qa’il
vaut mieux faire de fimples rangs. 11 ne faut jamais faire de doubles
rangs que des prémières Fèves, parce qu’en croilTant vite, non fèule^
ment eiles s’étiolent , & chargent beaucoup moins , mais aulTi les Choux
qui font entre les rangs , fe trouvent alors trop à leur ombre ; ainfi les
Fèves dont les intervalles font plantés de fruits d’Autonne, doivent être
à fimples rangs , à 2I piés de difiance, & les Fèves h celle de huit pouces.
En Eté à caulè de la fécherefie de la fuperficie des fonds, on recueil¬
le plus des Fèves qui refient en terre, que de celles qui ont été tranf¬
plantées, parce que les racines des Fèves tranfj^lantées font plus haut en
terre, & celles des autres à une plus grande profondeur, Icfquelles ont
par conféquent plus d’humidité , & croifient mieux.
On trempe ordinairement les prémières Fèves pendant deux ou trois-
jours dans de l’eau , & après être ainfi gonflées on les met germer en
terre pour les tranfplanter enfuite : cependant bien des gens croient qu’il
vaut mieux les mettre en terre lorlqu’elles font encore feches, parce qu’el*
les produifent alors une Plante plus vigoureufo.
Les Haricots^ Fèves blanches ou Fèves defiome^ ^bnt un fruit engouf-
fe,dont la Plante monte ou s’étend. Ils fe multiplient de leurs Fèves mU
fes en terre fans avoir trempé. Ils aiment une terre médiocrement légè¬
re, c’efi-à-dire pas extrêmement amendée, & d’être à couvert des vents
forts. Ils ne peuvent fouflVir beaucoup dans les commencemens, les
pluies froides leur font fur-tout nuifibles; car les Fèves femées pourrifi
îènt aifément par-là ; deforte que le tems , pour les mettre en terre en plein
air, dépend de celui que la terre eft plus ou moins rechaufée, ce qui arri¬
ve ordinairement au commencement de Mai; mais pour en avoir de
bonne heure & qui foient bien mûres, on met les Fèves enlèmble dans
une terre légère, fur des plattes- bandes bien expofées au Midi vers la
fin de Mars ou au commencement d’ Avril, fous des vitres, que l’ori cou¬
vre encore en cas d’un froid violent: on les y laifle julqu’à la fin dii
mois, & alors on les tranfplante deux ou trois tout au plus enièmbleau-*
tour des perclies ou des échalats.
D £ L A C A M P A G N E. 339
On met ces perches toutes droites & par alignement en terre à deux ou
trois* piés de diflance; mais il vaut bien mieux les mettre obliquement,
enforte qu’elles fe croifent vers le milieu , où on les lie à une latte qui
eft placée là tout du long, afin qu’elles foient immobiles; on les efpace
tant en largeur qu’en longueur de trois piés par alignement , les fenticrs
qui font entre les rangs ayant quatre piés.
Les Haricots tranfplantés cliai'gent beaucoup plus que ceux qui ne le
font pas, & on cueillira plus de Fèves quand on n’en a mis que deux ou
trois autour d’une perche, que quand il y en a quatre ou cinq. En gé¬
néral on tranlplante également, pour les rendre plus féconds, les Ha¬
ricots hâtifs & les tardifs. Quand on met les Fèves en terre pour ger¬
mer, il faut que ce foit dans un peu de fable blanc, ce qui fait qu’elles
fe pourriflent moins dans la terre ; cela eft fur-tout nécelTaire quand au
Printems il fait des tems froids & pluvieux.
Il y a plufieurs différentes fortes de Haricots, des blancs, des noirs,
des rouges, des colorés, des jaunes & des tiquetés. Parmi les blancs il y
en a aulïi de fort gros(Sc fort larges, & de moins gros & moins larges de
gouffe: il y en a qu’on nomme en Hollande A) outre cela de
gros & de petits Zélande qu’on nomme FrmceJJes. Les Haricots co¬
lorés , dont il y en a plufieurs qu’on appelle nains , parce qu’ils ne s’élè¬
vent guère, ont des gouffes de meilleure heure, deforte qu’on en culti¬
ve fouvent pour les manger verds, mais comme la gouffe en eft plus du¬
re & moins agréable au goût, défaut qu’ont auffi les Fèves mêmes lorf-
qu’elles font mûres , je les juge tout-à-fait indignes d’être cultivées dans
des Jardins. Je dis la même chofo des Haricots de Zélande, qui ne s’é¬
lèvent pas fort haut , mais qui cliargent beaucoup , qui font cependant
moins agréables au goût que ceux qu’on appelle Krom-bekken. Les lar¬
ges Haricots blancs font les plus tendres , ont la peau des gouffes plus
fine, & font par conféquent les meilleurs pour être mangés des prémiers
iorfqu’ils font verts , mais ils viennent beaucoup plus tard , chargent
peu, & chaque gouffe contient moins de Fèves, auftl ces Fèves font-el-
Jes plus minces , plus petites & moins bonnes au goût. Les Haricots
nommés Bqftert-Jlagswaarden ^ qui fleuriffent par bouquets, font les
meilleurs de tous, ils chargent de meilleure heure & davantage, les
gouffes contiennent auftl plus de Fèves; c’eft-pourquoi ils font auftl
beaucoup meilleurs que les autres pour être mangés verts &: pour con¬
fire; outre qu’étant dans la fàumure ils font beaucoup moins gluans,
& beaucoup plus larges , que les Haricots de la même elpèce. Les
Vv 2 Krom-
340 LESAGREMENS
Krom-hekhen ont des goufles moins larges, plus rondes & plus grofles^
ce qui fait qu’ils ne font guère propres à être mangés verts, mais ilsmeu-
riflent de meilleure heure ; & leurs goufles contiennent beaucoup de Fè¬
ves plus grofles & plus tendres, & en général ils chargent beaucoup;
c’eft-poiirquoi je cultiverois ceux-ci pour en manger les Fèves, & les
BaJîert-Jlagswaarden pour confire.
11 faut, quanta la culture des Haricots , faire attention à la làilbn
où l’on eft, & prendre aulfi, en conféquence, l’une ou l’autre fôrte qui
convienne le mieux ; car comme les larges Slagswaarden ne croiflent
pas fl vite, on n’en femera point pour des Haricots tardifs ou à confi¬
re, parce que leurs goufles deviennent par le retardement de la crue en
ilutonne plus dures & plus coriaces, & qu’outre cela ils deviennent,
comme il a déjà été dit, plus gluans dans lafaumure; deforte que je pré¬
féré pour les prémiers Haricots à manger verts, les larges Slagswaarden^^
pour des Haricots à confire de la même fo*rte, mais moins larges, qui
ne fe fendent pas quand on les coupe , & pour des Haricots dont on n®
mange que les Fèves, les Krom-bekken,
FRAISE S.
Elles fe multiplient de Plants enracinés, qu’on tranlplante dans lè mois
de Mars ou d’ Août; elles aiment une terre grafle & bien amendée. 11
y en a de beaucoup de fortes , des Fraifès de Smirne d’une grofleur ex¬
traordinaire , connues dans ce Païs depuis très peu d’années, mais de
fort peu de goût ; enfuite viennent les Sauvages, aulTi très peu ex-
quifes au goût; après celles - là les Angloilès, lefquelles comme les Sau^
vages font très luifantes , point fondantes & très peu agréables au goût :
on les cultive toutes fur fouche. Les meilleures Fraflès, qui font les
plus exquifes au goût, font d’un rouge foncé, luifantes, rondes, &par
deflus un peu plattes, celles qui font pointues par le haut étant moins
bonnes: les bigarées font pareillement moins agréables au goût ; & les
blanches font des Fraifès bâtardes , ce qui arrive for-tout dans des fonds
de terre fort grêles. Elles aiment un peu d’humidité , une chaleur tem¬
pérée, mais pas trop de Soleil; c’eft- pourquoi elles viennent mieux
dans des endroits qui font un peu à l’ombre. 11 faut en arracher lestrair.
nafles furnuméraires, & for-tout les larder pour en tirer toutes les mau-
vaifès herbes ; elles produifènt alors de plus grofles Fraifes & d’un goût
plus exquis, & fe pourriflent moins fous le montant, ce k quoi elles font
Hï
DE LA CAMPA G N E.
autrement fujettes dans des Etés froids & fort pluvieux.
On les couvre contre la gelée d’un peu de feuilles d’arbres, fîir les¬
quelles étant prefque pourries au Printems, on y répand un peu de fable
pur, pour qu’on en puifTe faire la cueillette proprement.
Pour les cueillir comme il faut, fans les meurtrir, on les plante fur
des Couches de trois piés de large, ayant un fentier de dix ou douze
pouces. La prémière cueillette, l’année qui fuit celle qu’on les a plan¬
tées au mois de Mars , fera la plus abondante : l’année iliivante la fécon¬
de cueillette fera moindre ; & elle fera encore moindre la troifième an¬
née. il ne faut plus alors les laifTer plus longtems où elles font, mais
les tranfplanter de nouveau fiir une terre nouvellement fouillée & amen¬
dée; parce' qu’autrement elles diminuent tous les ans en grofleiir, en
quantité & 'en qualité: le fucre en relève extrêmement le goût.
11 fit en 1723 un Eté très fec, une Autonne paflablement chaucfe Sc
pluvicufe, & peu de gelée en Hiver: dans cet Eté les Fraifiers produis
firent très peu, mais ils commencèrent à la fin de Septembre, ayant re¬
pris leur pouffe, à donner du fruit tout comme en Eté, ce qu’ils conti¬
nuèrent de f^re dans les mois d’Oétobre, Novembre , Décembre , & mê¬
me en Janvier; mais toujours moins, ces fruits étant auffi d’une couleur
plus pâle, moins agréables au goût,' & même infipides à la fin..
H E R B E C H A T S.-
Onia multiplie de Plants enracinés, aimant une terre graffe: c’èfï:
une fourniture de Salade ; & comme les Chats en mangent volontiers,,
ir faut l’entourer d’épines ou de quelque autre chofe pour les en écar¬
ter.
f
A . •
HERBE mx CUILLER S.-
II y a beaucoup de gens qui en cultivent dans leurs Jardins potagers
à caufè des divers ufages qu’on en fait; elle réfifle aune très rude gelée,
ce qui en emporte la grande acreté & la rend bonne à être mangée en
Salade : c’efl une Salade délicieufè dans l’ile de Spits-bergen , & la feule
verdure avec une autre falade verte d’Hiver, qui y croiffe, &quele5^
Hommes puilTent manger..
Vv. 1
E y s-
34?
LES ACRE MENS,
H Y S S O P E. ^ ^
Cefl une fourniture très falutaire dans les maladies du Poumon 5 c’efl-
pourquoi je la place dans les Jardins potagers ; elle n’aime pas une ter¬
re extrêmement amendée.
LAITUES. Voyez SALADE.
LAURIER.
Cefl; un Arbrifleau : il y en a de plufieurs fortes , parmi lefquelles on
compte le Laurier-franc , qui fè multiplie de marcottes, & appartient au
Jardin potager: il réfîfle le mieux à nos Hivers froids, ce qu’il ne fau-
roit cependant faire que lorfqu’on a foin de le couvrir. ' *
M A R J O L A I N E. "
» !
Elle appartient aux fines fournitures : il y en a à, feuilles fines & à gref¬
fes feuilles, celle-ci efl une Plante d’un an, qiiife multiplie pendant lon¬
gues années de Plants, enracinés. On multiplie la fine efpèce de grai¬
nes ; elle meurt vers l’Hiver. .
MELISSE.
Elle appartient aux Herbes fines : on s’en fèrt en guifè de fourniture :
c’efl de cette Plante que fe fait TEau deMelilIè, fi fort en ufage chez les
Apoticaires , & qui a été inventée à Paris chez les Carmélites. Elle fc
prépare par le moyen de la diftillation , & elle efi; devenue fameufe pour
guérir plufieurs incommodités & blafiures ; elle efi connue fous le nom
a’Eaü de Carmes. On met aulfi , tant pour la fanté que pour l’aflailbn-
nement, de cette herbe par de petits bouquets avec d’autres herbes fines,
dans plufieurs fauces^ ce qui la rend très précieufe dansjes Jardins pota¬
gers.
If#', w
MELON S;
Les Melons aiment une chaleur de plus de durée, que nel’efi ordinai¬
rement
/
DE LA CAMPAGNE,
rement celle de ce Climat, ce qui fait qu’ils meuriffent rarement ou point
fi on ne les rechaufe pas par du fumier, & fi on ne les tranfplante pas en-
fuite fur des Couches neuves faites exprès , & fi on n’en a pendant les
mois de Mars, d’ Avril & même foiivent de Mai, un foin extrême, en
les couvrant de vitres. Ils ne réfillent point au grand froid, ni aux
vapeurs, ce qui fait qu’ils réiiflilTent rarement, quand on en commence
la culture par le moyen du fumier de Cheval avant la mi - Mars ; parce
qu’il arrive fouvent alors qu’au mois d’ Avril , quand il fait des jours
froids 5 les vapeurs de la chaleur des Couches interrompent leur poufle,
ce qui ell extrêmement funefte & empêche qu’on n’aquière de vigoureu-
fes Plantes propres à produire de bons fruits ; deforte que pour avoir de
fort bonne heure de bons Melons , il faut au-lieu de fumier employer
d’abord la chaleur des Serres , & continuer ainli dans la fuite en les te¬
nant fous des vitres.
11 y a diverfes fortes de Melons, dont- les uns font plus féconds que
les autres, non feulement en ce qu’ils commencent à produire plutôt
des fruits , ci qui leur a fait donner en Hollandois le nom de SchepfelS y
mais auiîi parce qu’on les voit croître & grolfir fenfiblement, ce qui les
a fait appeller Klevers.
Parmi ces diverfes fortes il y en a de petits , d’une grolTeur médiocre 5'
& d’une grofleur extraordinaire , qui font ronds, ou plus ou moins'ob-
longs , ayant l’écorce extérieurement lilTe , avec des côtes & làns cô¬
tes : parmi ces deux dernières elpèces il y en a aulTi qui ont l’écorce
plus ou moins brodée, ou qui ont comme des boutons, dont la chair ell
intérieurement blanche , tirant fur le verd , jaune & couleur d’Orange.
Les Melons UJfes^ ou qui' ont F écorce unie , ne font que rarement ou
jamais agréables au goût : il en efi: prefque toujours de même de ceux qui
font fort gros, fur-tout de ceux qui font plus ronds qu’oblongs. Les Me¬
lons il côtes, fi vous en exceptez les Cantûïoupes^ font auiîi ordinaire¬
ment moins fucrins que ceux qui font fans côtes & bien brodés.
On appelle en Hollande les Melons dont la chair ell intérieurement
blanche , Spek-MeJoenen : je n’en ai jamais mangé de cette forte qui fui-
fent bons ; ils approchent trop des Concombres.
Les Melons qui ont la chair verdâtre, ont un goût fade, doux, a-
queux, fans faveur; ils font cependant meilleurs que les précédens;mais
ils ne méritent pas d’être cultivés.
Melons d'eau Font gxos y verds, lilTes, un peu ronds, a3rant
iuie chair pleine d’eau , de couleur gris de lin rougeâtre : dans ce Païs
ils
344- . L E S A G R E M E N S ^ -
iis font moins bons qu’ailleurs; aiiin n'’en élève-t-on point ou’ i-are ment.
Parmi les Melons nommés Cantaloupes^ il y en a quelques-uns à cô¬
tes qui ont une écorce verdâtre, épaifle & verreufe; les autres ont des
écorces minces , &: les uns & les autres ont par dedans une cliair cou¬
leur d’Orange, fe féparant intérieurement du bord quieft d’un verd obs¬
cur: ceux-cV font prefque tous fort bons. On juge au refie extérieure¬
ment de la vertu des Melons , en ce qu’ils doivent être d’un rond ova¬
le, de médiocre groffeur , fort brodés , avoir une groffe queue qui fe
détache aifément, l’œil petit, & être pefans , fermes & pleins, fans que
rien remue intérieurement; il faut aufll que, lorfqu’on les a entamés,
iis ayent l’écorce mince, des bords d’un verd obfcur, & la chair Cou¬
leur d’Orange; qu’ils ne foient ni trop fecs, ni trop pleins d’eau, non
plus que le cœur où eft la graine; de pareils Melons feront fûrement fort
agréables au goût.
C’eft de ces fortes de Melons favoureux & délicieux, dont les Plan¬
tes font en pleine vigueur, & dont aucun fruit n’a coulé, qu’il faut re¬
cueillir da graine, la laifTant cependant mitonner pendant quelques jours
dans leurs loges couvertes de l’écorce, pour qu’elle meuriflè d’autant mieux ;
après quoi il faut laver la graine qui tombe au fond de l’eau, la fecher
enfuiteà l’abri du Soleil; &, lorfqu’elle eft bien fèche, on la garde dans
une petite bouteille exaélement bouchée jufqu’à la troifîème année fui-
vante , auquel tems elle produira de meilleurs fruits que celle de l’année
précédente ou qui ferok plus vieille ; car la graine d’un an fait des Plan¬
tes plus vigoureufes & plus gourmandes, mais elle efl moins féconde:
la graine étrangère efl encore moins féconde, ayant fouvent befoin de
plufleurs années pour la faire poulfer avec moins de vigueur & l’accou¬
tumer à notre. Climat. D’un autre côté la graine de quatre ou de plus
d’années produit fouvent des Plantes fi mauvaifes & fi foibles, qu’elles
n’ont pasaffez de force pour faire meurir leurs fruits jufqu’à leur maturité,
mourant en partie avant ce tems-là de même que le fruit, & quelquefois
même toutes les Plantes en entier. C’efl ainfi que périfTent auffi toujours
pour l’ordinaire les Plantes , dont la graine commence à germer en Fé¬
vrier.
Il efl indifférent de quelle manière on met cette meilleure graine de
trois ans en terre, de côté, aplat, la pointe en haut ou en bas; maisa-
vant que de la femer, oii la trempe pendant vingt-quatre heures dans
de l’eau de pluie , ayant fait enfuite écouler l’eau , on la laifTe fécher
toute raiTemblée ; .& alors on la met dans une terre neuve paffablement
amendée 3
D E L A C A M P A G N E. 34.Î
amendée, mais non pas trop légère. Sur une Couche bien rechauféc
elle lève ordinairement trois jours après, mais deux ou trois jours plus
tard quand elle n’a point trempé , ce qui dépend beaucoup de la qua^
lité de la terre & de la manière dont elle eft humeètée, car quand la
graine qui n’a point trempé ne lève pas avant le fixième jour, c’ell une
marque que la terre eft trop fèche, ou la Couche trop rechaufée, ce
qui fait périr la femence. En pareil cas on remet d’autre graine fraiche,
mais comme on perd huit jous par- là , il ne faut d’abord rien négliger
pour prévenir cet inconvénient.
J’ai indiqué dans V Avertiffement & dans le 2 Scie S Chapitre du pré^
mier Livre ^ la manière dont on doit faire les Couches de Melons, & ce
qu’on doit obferver à cet égard ; c’ell la règle qu’il faut fuivre. Afin que
les Plantes ne foufrent point, foit des vapeurs, des exhalailbns , du
chaud ou du froid, il faut les découvrir quand il fait beau, & les tenir
couvertes, toutes les fois qu’il fait un tems d’Hiver rude, qu’on a un
air chargé, de la neige, des bourafques , de la grêle. Du relie il faut
avoir foin que la terre foit entretenue dans une jufte moiteur.
Selon qu’il y a aux Plantes cinq oulîx feuilles, on en pincera le cœur,
afin qu’elles poulTent plus par les côtés Sc moins droit en haut; mais cela
ne doit pas fe faire plutôt , car les petites Plantes ont befoin de plus de
tems pour reprendre. Qiiand les Plantes poulfent de trop longs bras &
haut montés, ce qui arrive quand on avance trop leur pouffe , ou quand
le chalTis de verre dont elles font couvertes eft trop éloigné de la terre,
on a coutume de les abailfer tout doucement, Sc de les alTujettir fans la
moindre froilTure , par le moyen d’un petit piquet crochu, & de les buter
jufques près de la feuille, afin qu’elles poulfent des racines plus haut. 11
faut de plus avoir continuellement foin que les Plantes ne foient pas ron¬
gées par les Infeéles, ou que le Soleil ne les brûle. Pour empêcher les
Infeétes , il n’y a pas d’autre remède que de les prendre , Sc à fégard de
l’ardeur du Soleil , il faut donner de l’air aux Plantes : cependant quand
cela ne peut fe pratiquer à caufe des vents violensou froids, on aura foin
de les mettre un peu à l’ombre.
Les Plantes, après que la -graine a été pendant un mois en terre,
font ordinairement alfez grandes & alfez vigoureulès , pour être tranf-
plantées. Dans cette vue on fait préparer cinq ou lix jours d'avance ,
les Couches fur lefquelle's cela doit fe faire, lefquelles couches, à comp¬
ter du milieu de l’iine au milieu de l’autre , doivent être efpacées d’on¬
ze pieds , mefure de Rhinlande , afin que les Plantes foient plus au large
Fartie JL Xx &
LES AGREMENS
'& qu’il y ait des fentiers entre deux. Pour augmenter davantage le
rechaufement de ces Couches , ü faut couvrir peu à peu le fumier de
douze ou de quatorze pouces de terre ^ quoique dès le commencement il
(bit couvert de vitres.
La terre rechaufèe comme il faut par le moyen du fumier, on plante
dans la Cailfe au milieu de fa largeur les Plantes , efpacées de trois piés ,
& pour y réufTir , on tire d’abord par le moyen d’une terrière, précifé-
ment autant de terre qu’une égale quantité qui tient à la Plante qu’on
a déplantée avec la meme terrière , ''peut remplacer. Ayant ainfi tranf-
porté la Plante, on ouvre la terrière, & en la tournant doucement
quand on la retire, on lailTe glilTer la terre, après quoi on bute de tou¬
tes parts la Plante avec la main.
Quelques précautions qu’on ait prifes pendant la tranfplantation , les
Plantes ne làuroient pourtant rélilier d’abord au Soleil. Pour les y dif-
pofer plutôt, il faut les tranfplanter le foir, & énombrer un peu chaque
Plante, en mettant quelque chofe au defliis fur les vitres, jufqu’à ce
qu’elles puilTent fou fri r le Soleil: elles doivent pour lors pouvoir aulli
tranfpirer comme il faut; & pour leur procurer une tranfpiration conve¬
nable , on ouvre les chalTis vitrés , de manière qu’il y ait par derrière
une ouverture d’un ou de deux pouces; par cette ouverture les vents de
Nord auront peine à pénétrer, parce que la planche du dos de la Caiffe
eft un peu plus élevée que le chalîis des vitres, deforte que le trop de
chaleur fe tempère mieux par la prePion des vapeurs vers le dehors,
que par les froids qui fur viennent du dehors vers l’intérieur.
On doit obfèrver de plus, en tranlplantant, de ne pas placer enfèm-
ble des Plantes de différentes fortes , pour empêcher d’autant plus que
les fruits ne s’abâtardifîènt, les diverfes efpèces devant être plantées für
des Couches féparées.
Le tems pour tranfplanter étant vers la- mi- Avril, le froid de la nuit &
encore moins celui du jour efé rarement fi rigoureux, qu’on ait befoin
d’autre chofe pour couvrir les vitres des Melons, que d’une firaple natte
derofeau, laquelle on retire au mois de Mai, comme n’étant plus né-
Gciraire, les vitres fufffant alors pour empêcher le froid, à moins qu’il
ne foit exceirir,ce qu’on doit obferver avec foin :on laiffera les vitres fur
les Melons , auifi longtems que le froid de la nuit eft fans rofée , & que
le Thermomètre au Nord eft au deffous de vingt-un ou de vingt -deux.
Je dis, fans rofèe, parce qu’elle rend quelquefois l’air fi froid, qu’au mi¬
lieu de l’Eté le Tiientiomètre eft pvir-là encore plus bas; cette rofèe,
, quel-
DELA CAMPAGNE.
quelque froid qu’elle caufe, eft cependant très féconde, Sc dans ce cas
on fait mieux de lailTer les Plantes expofées en plein air fans vitres; ain-
fi en tems de pluie, les Plantes ayant belbind’être rafraîchies, ilnefaut
jamais négliger d’en ôter les chaüis vitrés, pour qu’elles s’humedent,
quand même le Thermomètre feroic a 21 ou 2 il, parce que l’arrofe-
ment naturel ell préférable à tout autre.
11 faut répandre du vieux Tan fur la terre qui ell fous les Plantes pour
que les arrofemens, quand ils font néceflaires, s’écoulent moins, 6c pé¬
nètrent mieux , pourvu qu’en arrofant on n’approche pas trop près de
la tige du cœur.
Qiiand on veut ôter toiit-à-fait des Plantes les chalTis, on le fera pen¬
dant un tems couvert, ou vers le foir; & tant qu’elles ne font pas faites
au Soleil , on les recouvrira chaque fois de leurs vitres quand le Soleil luit
fort, jufqu’à ce qu’elles foient en état d’y réfifter fans que leurs feuilles
le grillent, leur communiquant chaque fois un peu plus de Soleil, il y a
pourtant des gens qui ne les laiffent jamais tout-à-fait fans vitres; mais
qui appuient par-devant 6c par derrière les ciiaflis fur des briques : par
ce moyen le vent pafle au travers , 6c chalTe le peu de rayons Iblaires qui
paflentau travers des vitres ,ce qui fait mourir les Plantes , parce qu’elles
n’ont d’autre chaleur que celle qui vient du fumier échaufé qui eh; fous
terre , lequel , quand il s’afFoiblit , n’en donne que peu ou point du tout.
J’ai toujours aquis avec beaucoup plus de fuccès de bons fruits en plein
air , que fous des vitres qu’on ne déplace pas : ü cependant on ne veut
pas découvrir tout-à-fait les Plantes, il faut que les chaihs repofent par
devant fur des piquets, 6c leur donner ainli de l’air.
On coupe aux Plantes qui croiffent avec trop .de vigueur , les bran¬
ches furnuméraires 6c très gr'oiTes,- de même que celles qui font trop min-*
ces 6c trop grêles : celles qui font très grolfes produifent rarement beau¬
coup , 6c celles qui font trop grêles ne fburiiiil'ent pas affe^z; de fève pour
produire de bons fruits ; deforte que les Plantes qui croiffent modéré¬
ment, font dans tous les cas les meilleures. Il faut cependant nier de pru¬
dence quand on les coupe, 6c avoir grand foin de confer ver les deux pré-
mières branches des côtés 6c les bras qui en viennent , lefquels doivent
enfemble former toute la Plante, ces deux prémières branches étant
prefque toujours à fruit. On ôte les fauffes fleurs furnuméraires , mais non
pas toutes , car elles ont fouvent la fine femence qui eiVnéceflàire pour
que le fruit noue.
On pince 6c l’on retranche l’extrémité des bras à fruit, afin de les ar-
Xx 2 re-
'3!fS • L E S ' a G R E M E N S ^
rêter , & que le fruit profite plus de la fève. Quand ces petits Melons
grolfifTent dans le devant d’une fleur claire & bien fleurie, & que le co¬
ton en difparoit, c’efl: un bonpréfage qu’ils tiendront ; cependant celan’efl
lur qu’après qu’ils font unis , point cotonneux , & qu’ils font de la grof-
feur d’une groffe noix. Il arrive cependant que ceux-ci, quoiqu’ils croif-
fent jufqu’à ce qu’ils foient à peu près mûrs, périflent encore fouventpar
le chancre qui vient aux bras ; on ne fait que dire de ce chancre , ou ,
en général , de la mort des Plantes ; celles qui y font le plus fu jettes,
font celles dont la pouffe dans le commencement a été un peu interrom¬
pue, ce qui fe voit fouvent à l’égard des Plantes qui ont été femées a-
vant la mi-Mars , comme auffi à l’égard de celles qui ont été trop arro-
fées, fur-tout quand avant ce tems-là elles ont été fort altérées. C’efl
.ainfi qu’on voit mourir la plupart des Plantes avec leurs fruits prefque mûrs ,
quand après des pluies fortes, il fuit une grande chaleur du Soleil. J’ai
trouvé que le meilleur moyen de prévenir cela, efl: de ne pas les tranf-
planter dans une terre trop amendée , de ne pas les y laiifer trop deffé-
cher, & de ne pas aufli les arrofertrop, ou de tenir la terre trop mouil¬
lée; étant beaucoup mieux de mouiller au commencement médiocrement
le fumier par afperfîon, & enfuite , quand il efl fort fec, de l’arrofer da¬
vantage avec de l’eau de pluie. Mais quand il fait de fortes pluies chau¬
des, il faut couvrir les Plantes, car autrement s’il fuit un Soleil chaud,
elles fouffriront. Pour faire cette couverture de la façon la plus convena¬
ble, on place devant & derrière les Plantes de petits piquets, qui font tel¬
lement difpofés par le haut qu’on peut mettre dans les écliancrures une
double late, qui efl par delîus unie avec le bois de ces piquets, pour que
les nattes de rofeau ne s’accrochent point en les pliant ou en les dé¬
pliant.
Quand les fruits ont la moitié de leur groffeur, on n’arrofera que mé¬
diocrement les Plantes, &on mouillera toujours le montant avec de l’eau
de pluie, afin que dans la fuite, la pluie leur foit moins funefle (a). 11
faut auffi avoir toujours foin d’arranger proprement les plantes , & de les
affujettir en plufieurs endroits par le moyen d’une petite branche crochue ,
mais qui ne froiffe pas , pour empêcher que le vent n’ait fur elles trop
de prife. '
Les
(a) Plufieurs prétendent qu’on ne doit pas arrofer les Plantes, quoique en les cou¬
vrant ils les privent de leurs arcofemens naturels j ce qui cil contraire à la raifon écà
mon expérience.
D E L A C A M P A G N E. 349
Les petits Melons, qui appartiennent à des Plantes dont le fruit eflà
moitié mûr, meurent fouvent, Tur-tout quand ils grolfiffent fort: mais
quand les fruits font tout-à-fait murs , il arrive fouvent dans de beaux
Etés , que ces petits Melons viennent k bien.
On ne peut rien dire de pofitif par raport au tems de leur maturité ,
car cela dépend, pour la plus grande partie, des eij^èces & du tems,
de la vigueur avec laquelle les Plantes ont pouffé, &de la chaleur fécon¬
de qu’elles ont eue. Les petits Melons fucrés meuriffent des prémiers :
on en a quelquefois quelques-uns de mûrs fîx femaines après qu’ils font
noués ; leurs Plantes ont peu de feuilles & de bras. Les gros Melons
ne meuriffent pas fitôt , fur-tout ceux qui font ronds ôz fort brodés ; car
cette forte quitte difficilement la queue, ayant pour cela fouvent befoin '
de huit femaines & plus, les Cantaloupes ordinairement de fept , la queue
s’en détache vifiblement, ils ont des bras vigoureux & affez de feuilles,
ce qui, aulfi bien que l’épaiffeur de leur écorce, prolonge le tems de
leur maturité. Les Plantes qui viennent mal produifènt ordinairement
de meilleure heure des fruits mûrs, mais moins agréables au goût; au-
lieu que ceux-là font beaucoup meilleurs, qtii étant venus à des Plantes
vigoLireufes , . ont eu befoin de plus de tems pour meurir.
^11 en eff des Melons comme de tous les autres fruits, en ce qu’ils ai¬
ment plus une clialeur journalière tempérée, qu’un Soleil trop chaud;
c’eft pour cela qu’il vaut mieux qu’ils viennent à l’ombre de leurs feuil¬
les, étant alors meilleurs au goût; car ceux qui croiffent k des Plantes
peu garnies de feuilles & très expofées au Soleil, a’ont pas ou rarement
un goût fi exquis.
(iuand les Melons font de la groffeur d’un œuf de poule , on les met
fur de petites tuiles ou fur des ardoifès , afin qu’ils foient moins touchés
par les vapeurs qui s’élèvent fous eux de la terre , Sz quand ils font k peu
près mûrs on les tourne prudemment, fans tordre en aucune manière la
branche ou la queue comme font quelques-uns pour en avancer la ma¬
turité, car ces fruits font fouvent coriaces & d’un mauvais goût. On
connoit à l’odeur quand le fruit eft mûr , lorfque la queue commence
tout autour k fe détacher , quoiqu’il ne faille pas attendre k les cueillir
que la queue foit entièrement détachée; car ils font alors trop mûrs, &
ont perdu les parties les plus fubtiles de leur fubftance: il vaut mieux les
CLieiller quand la queue commence un peu tout autour k fe détacher , &
qu’ils ont de l’odeur; ils feront alors beaucoup plus agréables au goût a-
près les avoir confier vés un ou deux jours. Le tems le plus convenable
Xx 3 pour
3JO LESAGREMENS
pour ceîa , c’ell dans la matinée , quand les fruits ont été rafraîchis par
la rofée ou par le froid de la nuit, ayant pour lors la chair plus ferme &
plus agréable , que ceux qui ont été cueillis pendant le jour , lefquels
font coriaces & d\in mauvais goût; cependant, pour remédier à cela,
il faut les rafraîchir dans de Teau de fource froide.
MENTE.
«k
Ceft une fine fourniture; il y en a de quatre fortes. Elle fe multiplie
de plant enraciné , & n’aime pas une terre trop amendée ; on la cueille
avec la main, & on ne la coupe point.
MILLE.
Ceft une herbe potagère d'un verd pâle, qu’on multiplie de graine;
on la mange en guife d’Epinars, quand le te ms des Epinars eft palTé.
NAVETS.
t
Fruits de terre qui font bien meilleurs & bien plus doux , lorfqu’ils
font cultivés dans les champs làblonneux dont on a coupé les blés , que
dans les terres graffes des Jardins potagers : c’elt-poiirquoi ils appartien¬
nent moins à ces derniers qu’à la Campagne; car dans des terres grades
ils aquièrent un goût amer , & les vers les mangent.
Les plus doux & les plus agréables font ceux qu’on lème dans des
Champs en Aiitonne. 11 y en a dediveriès fortes, fa voir, d’un rond plat,
& d’autres qui ne font pas li plats , avec une peau noire & blanche ; il
y en a aulTi qui ont la peau jaune , & qui font jaunâtres par dedans.
On en feme en Autonne lür des terres en friche ; cette forte eft plus
platte & plus groffe, mais ils ont prefque tous un goût amer.
Les Navets longs, appellés en Hollande -Navets de France ,, font
longs, minces, reflemblans à des racines approchans du Chervi, mais
plus courts & plus gros; quant au goût femblables à nos Navets des
Champs.
OIGNONS.
Ceft un fruit de terre, rond, plat ou oblong, fort au goût &: à l’o-
do-
D E L A C A Al P A G N E. 35'X
dorât 5 iurqifà faire pleurer les yeux. Les Porreaux, la Rocambole,
les Eclialottes font de la même elj^èce, Sc l’Ail ell auffi du même genre.
11 y a beaucoup de différentes fortes d’Oignons , des longs, des
ronds , des rougeâtres & des blancs : le rouge plat efl le plus f ort de
tous, on le cultive rarement chez nous, mais prefque toujours le rougeâ¬
tre, parce que réfîftant mieux aux injures de l’air, il fe grille moins, &
produit enfuite plus furement du fruit que l’Oignon blanc ; le blanc plat
a le go lit & l’odeur plus forts que le rougeâtre.
On ne multiplie lès Oignons que de graine bien mûre , & comme la
graine efl fu jette à bien des inconvéniens qui la font mourir, quoiqu’elle
ait déjà commencé à pouffer, il la faut femer dru , & fi elle leve de mê¬
me , arracher à tems ce qu’il y a de trop. Ils aiment une terre bien a-
m.endée, dont le fumier doit contenir plus d’huile , que de fel; deforte
que de la verdure d’eau , des herbes pourries & du fumier de Vache
font préférables au fumier falé & chaud de Pigeons, dé Cheval, &c.
Ils n’aiment pas une terre trop légère, c’efl-pourquoi on fait mieux
dé fouiller les terres légères des Potagers où l’on veut femer des Oi¬
gnons en Autonne; de plus il vaut mieux les femer dans des terres
graffes que dans des terres fablonneufes , car ils font plus petits dans ces
dernières &; plus gros dans les autres. Outre cela ils ne réfifient point
à de fortes pluies froides, car dans ce cas ils périffent aifément & on en
recueille rarement dans ces Etés pluvieux de la bonne graine, ce à quoi
on doit bien penfer au tems de la femaiile de l’année d’après ; parce que
ceux qui vendent de la graine mêlent le peu de bonne nouvelle femence
qu’ils ont avec quantité de vieille qui eft mauvaife; & comme on ne fâu-
roit compter fur le tems qu’on aura, on plantera les Oignons, dont
on fe propofe de recueillir la graine , près à près , afin qu’on puiflb
tellement couvrir de vitres les têtes qui contiennent la femence, liées en-
femble, contre de trop abondantes pluies que, quoiqu’elles jouiffent de
l’air de toutes parts , elles continuent pourtant à croître.
Le verd ou le montant des Oignons efl creux, & à tuyaux, ce qui
fait qu’on ne doit jamais le racourcir, puifque dans ce cas l’eau de pluie-
entrant par-là gâteroit davantage l’Oignon : il ne faut pas non plus en
fouler les montans pour les arrêter, parce que cela bleffe fbuvent les Oi¬
gnons, & les fait furement griller dans la fuite: il vaut mieux en froiffer
legerement avec la main les montans, & les arrêter ainfi, afin qifils
aient de plus groffes têtes.
L’Oignon félon l’iifagc qu’on en fait, produit un effet balfamiq ne ,
on
3ÿ2 LESAGREMENS
ou tient lieu de ftimulant. Crud , il ell falutaire pour les maux d’eilo-
mac 5 rôti , pour les maux de Poitrine & de Poumons , 5c auJGTi pour les
Asmatiqiies.
O Z E I L L E.
C’eft une herbe potagère dont il y a plufîeurs efpèces , parmi lefquel-
les on range aulTi les tendres feuilles de TEpine- vinette, auxquelles on
attribue des qualités toutes femblables à l’Ozeille.
Nos Jardiniers ne cultivent rarement de toutes les diverfes efpèces,
que rOzeille qu’on appelle en Hollande Spaanfe en fehapen Zmring,
La première a les plus grandes feuilles , lelquelles font oblongues ; elle
poufle vers le haut quantité de feuilles , & on la multiplie de toufes é-
clatées.
On multiplie toujours l’autre de graine pour l’Ozeille d’PIiver , parce
qu’elle réfifle mieux au froid qu’il fait alors ; mais comme elle monte
fort vite en graine, elle ne vaut rien pour l’Ozeille d’Eté; outre qu’elle
elt d’une aigreur plus rude & moins agréable : fes feuilles ne croifTent
- pas fi fort vers le haut, mais s’étendent davantage; c’eft- pourquoi il en
faut arracher ‘aux endroits où elle monte trop dru, afin qu’elle fafîe de
plus grofies toufes.
PANAIS. Voyez RACINES.
PERSIL.
Il y en a de plufieurs fortes, lefquelles on difiingue en Perfil pour
les racines & en Perfil ordinaire comme une fourniture, & en Perfil
frifé pour orner les plats & les mêts qu’on a fervis.
Le Perfil pour les racines eft grand, moins crénele, rude & d’un mau¬
vais goût: il en eft de meme du Perfil frifé \ ce qui fait que ces deux
fortes ne font pas fi bonnes à manger que la fuivante.
Le Perfil commun étant le meilleur pour manger, eft aufii le plus
agréable & le plus tendre; fes feuilles font petites, plus crénelées, les
queues plus minces, rondes, & plus ou moins rayées.
Le Perfil aime une terre grafte, bien fumée, & bien expofée au Mi¬
di, il veut aulTi beaucoup d’eau, c’eft-pourquoi il ne faut pas en femer
ou tranfplanter fur des fonds élevés. On en peut élever l’Hiver dans
des
DE LA CAMPAGNE.
3^3
des Caifîes couvertes de volets de bois ou encore mieux de Chaflis de
verre, on doit dans ce cas le femer en Juiuj afin qu’il foit raifonnable-
ment grand en Hiver , & qu’il réfifte mieux à la gelée. Il ne faut pas
dégarnir trop de feuilles les toufes, mais leur laiffer pendant l’Hiver des
branches bien vigoureufès ; & c’efl pour cela aulTi qu’il doit être fort ef-
pacé. On feme au mois de Mars le Perlil d’Eté, &on fait germer dans
l’eau la graine de l’un & de l’autre jfavoir d’Eté & d’Hiver, afin qu’elle
prenne plutôt dans la terre.
Le Perfil pour les racines , & le Perfil frifé doivent être fort clair lè-
més, & éclaircis encore dans la fuite; le prémier doit être elpacé du
moins d’un demi-pied, & le fécond d’un pied , ou plus encore ; auquel cas les
racines grolTifrent bien davantage, & les Plantes du Perfil frifé produilènt
bien plus,& pouffent des feuilles bien plus belles & bien plus friféesron
peut femer parmi le Perfil pour des racines , des Choux-fleurs d’Eté. La
graine de Perlil pour les racines de Hambourg produit dans ce Païs de
meilleures racines que celle qu’on recueille ici.
PIMPERNELLE.
C’eft une fourniture qui fe multiplie de plant enraciné.
P O 1 R E’ E.
EtBeteraves(^^oye2: quant à celles-ci l’article des Racines) font du mê¬
me genre. Il y a parmi une forte de Poirée, dont les feuilles qu’on man¬
ge font rouges comme les Beteraves , & pouffent aulfi en terre de
longues & de grandes racines ; il y en a auffi de bigarrées , de blanches
& de vertes. On appelle chez nous la dernière,' Poirée Romaine, qui
eft la meilleure herbe potagère de toutes les autres fortes.
On multiplie quelquefois la Poirée de brins éclatés, mais le plus fou-
vent de graine. Il efl bon de remarquer que la femence mûre, qui aé-
té recueillie de Poirée fcmée dans la même année, ne croît- point ou ra¬
rement , mais qu’on recueille la meilleure graine de Poirée , qui a trois
ans depuis qu’on l’a femée.
POIS.
Ce font des fruits qui montent ou s’étendent dans des coffes, les cof
fes étant les loges de leur graine : de ces coffes il y en a de bonnes àman-
r. ^ IL Y y ger;
LES A G REMENS
3î>4
, ger ; & même on mange plus ces Pois pour les colTes , que pour leur
graine. Ces cofles font douges Sc tendres à la dent ^ au-lieu que les Pois
qu’on cultive pour en manger la graine ou les grains , ont prefque tous
les cofles plus épaifles , plus reflemblant à du parchemin, & moins bon¬
nes à manger. On appelle la première forte, des Pois qu’on mange verts,
dont il y a quantité d’elpèces, comme plufieurs fortes de fucrés, parrni
lefquelles il y en a une petite dont les cofles contiennent peu de grains ,
mais qui font bien plus hâtifs que les autres.
Les Pois appelles en Hollande Krombekken font de deux efpèces,
dont la petite forte qui a peu de Pois meurit avant toutes les autres , mê¬
me avant les Pois fucrés hâtifs ; leurs cofles font un peu plus larges ,
mais moins douces & moins agréables, ce qui m’empêche d’en cultiver,
au- lieu* que les Jardiniers en cultivent beaucoup pour vendre, parce
qu’ils font hâtifs. Les gros Pois de cette efpèce font longs & larges ,
ont des cofles courbées, & chargent raifonnablement.
Les Pois fans peau ne font pas fl bons que les Pois fucrés. h^sBaflert-
Kromhekken font moins longs & moins larges , ila n’ont pas non plus de
peau: ils chargent extraordinairement; c’ell-pourquoi je les eflime plus
que tous les autres Pois verts , plufieurs cofles contenant fept ou huit grains,
& plus encore : il ell bien vrai que les Friands peuvent trouver de la dif¬
férence entre ceux-ci & d’autres pois à égrainer avec leurs peaux, foute-
nant qu’ils font moins doux ; ruais ils nous dédommagent bien de cela
en ce qu’ils chargent extrêmement tant pour les cofles que pour les
grains.
Les Pois appellés en Hollande Erreten ^an gratle ne montent pas fi
haut , c’efl-pourquoi on ne les peut pas compter parmi les Pois à ramer.
Les Pois dont on ne mange pas les cofles font appellés en Hollande
âop-erreten of erreten met fchll^ c’eft-k-dire , Pois à écoflerou lànspeauj
il y en a encore de plus de fortes que des autres , mais il y a
diverfes fortes de Pois verds avec la peau. Les gros verts font les
doux & les plus agréables, & ont la plus fine peau; mais ils char¬
gent extrêmement peu, tant pour les cofles que pour les grains; cepen¬
dant ils montent fort haut. Les petits T ois verts Anglois ne montent
pas fort haut, rarement plus haut que deux piés ou deux piés & demi: ils
chargent extraordinairement; & les grains depuis le bas julqu’au haut
font extrêmement ferrés dans les cofles; ils font hâtifs, mais comme ils
durciflent très vite , & qu’on a de la peine à connoître au julle le tems
/convenable pour les manger verts, on en trouve fouvent parmi de très
durs 3 ce qui efl leur plus grand défauts '
DELACAMPAGNE.
T oh à écojjer^ blancs ou jaunes: il y en a de plufieurs fortes, des
grands & des petits, parmi lefquels il yen a une petite forte, qui eft mû¬
re dans le même tems que les Pois fucrés hâtifs, &-qui s’appelle pour
cela en Hollandois heete Erreten^ Fois chauds. Les gros Pois jaunes,
liommts Blaes-oppcn chargent moins , & fuivent les précédens. Ceux
qu’on appelle Schokkers font encore plus ronds , & ont des cofTes plus
gonflées, montent fort haut, viennent des derniers, &: font les plus
àoux & les plus agréables.
Fois gris de diverfès fortes ; Capucins font ordinairement les plus
gros, mais du refte ils font, ou peu s’en faut, de la même elpèce éc de
même goût que les gris.
Les Pois tant à manger verts qu’à écolTer fe multiplient de leurs
grains ou Pois qui ont leur graine. On feme les hâtifs dans des caifles
ou fous des vitres vers la fin de Décembre , ou au commencement de
Janvier, pour les tranfplanter enfuite par petites troches ou bouquets de
cinq ou fix enfemble, efpacés de quatre pouces, & cela par rayons ou
rangs efpacés de quatre pieds. Ils doivent être rames à mefure qu’ils
grandiflent, on fe fert des plus fortes & des plus hautes rames pour les
gros Pois jaunes , verts , & fur-tout pour les gris & les Capucins ; après
quoi on rame les Pois crochus, les Pois bâtards de cette elpèce, & les
Pois fucrés avec de plus courtes rames, & les Pois Anglois à écolier a-
vec les plus bafles de toutes, & cela des deux côtés des rangs , où on
afeméou tranlplanté les Pois, afin qu’ils s’entrelallent dans les rames,
& que le vent ait fur eux moins de prilè pour les en détacher. Quand
on craint p'burtant encore qu’ils ne quittent leurs rames, on les munit
des deux côtés de ficelle , làns rompre le moins du monde les montans,
car cela les empêchcroit de croître ; de plus on les butte avant qu’ils ne
fleuriflent, tout comme les groHes Fèves.
Pour manger fans interruption des Pois verts, on feme tout à la fois'
des Pois fucrés, des Pois à écofler, de ceux qu’on nomme chauds^ des
gros pois à écofler, & de ceux qu’on •3Cp^û\tMer-Feulen\ ceux-ci, dont
ia peau eft bonne , font les plus tardifs. 11 faut cueillir tous ces fruits
prudemment avec les deux mains , & même il vaut mieux les cou¬
per au couteau , ou avec des Cifeaux,
PORREAUX.
Légume , efpèce d’Oignon, maiç plus long, ayant la tête moins ronde ,
Yy 2 com-
LES AGREMENS
3J6
comme par écailles, & pareillement d’un goût fort. On les diflingué
chez nous en trois eipèces , fa voir en grands , petits & communs.
Ceux de la plus grolTe efpèce aiment a être tranlplantés à claire voie y
& à être efpacés du moins d’un demi- pied , devenant alors beaucoup plus '
grands & plus gros. La commune forte, quoique fort éclaircie ou tranf-
plantée, ne devient jamais fi grofle ; l’ime & l’autre de ces fortes deviennent
bien meilleures quand on les a butées comme le Céleri , ou quand on les a
laifTées mitonner dans du fable, ce qu’il faut faire plutôt en plein air, que
dans des endroits renfermés, pourvu qu’on les y couvre contre les rudes
gelées. La troifième ou petite forte fe multiplie auffi en terre par des ca¬
yeux oblongs , tout comme les Ciboulettes. ,
POURPIER.
Herbe potagère de deux fortes , à feuilles vertes & à feuilles dorées.
Le Pourpier doréefl celui qu’on eftime & qu’on cultive le plus chez nous;
au-lieu que les François préfèrent le vert , comme étant meilleur que
l’autre.
Le Pourpier fè multiplie de graine, & quand on en a femé une fois,'
il croît abondamment dans la même place, & l’année fuivante & plu-
fîeurs autres. On le feme après la gelée , parce qu’il craint beaucoup
un froid rude. Les tendres branches du Pourpier contiennent plus & de
meilleurs fucs que les feuilles mêmes , ce qui fait auffi que bien des gens
préfèrent les branches aux feuilles.
Le Pourpier ne réfifle point à la gelée, c’efl pour cela qu’il ne faut le fè-
mer qu’après les petites gelées du Frintems, car autrement quand il ge-
le dans cette fàifon il arrive très facilement que fès tendres 'petits rejet-
tons fe gelent. C’eft auffi pour cela'qu’on feme le Pourpier hâtif fous
des vitres ou fur du fumier.
Comme la plupart des fucs fe trouvent plus dans les vigoiireufès bran¬
ches que dans les feuilles , & que les plus épaiffes feuilles en contiennent
plus auffi que celles qui font plus minces , il eh: néceffaire que le Pour¬
pier foit à claire voie , & qu’on en arrache quand il efl trop dru , cha¬
que plante devant du moins être efpacée de quatre pouces ou plus enr
core.
R Ai
DE LA CAMPAGNE,
RACINES.
Légumes, lefquels plus qu’aucun autre croifTent fort en longueurvers
en-bas. On pourroit mettre aufTi parmi les Racines les longs Navets de
France; mais comme (excepté qu’ils font plus longs que nos Navets des
Champs) ils leur relTemblent très fort , on en a parlé à l’article des Na¬
vets.
Les Racines fe multiplient de femence , excepté la PalTerage qui fe
multiplie de fes racines éclatées, les meilleurs éclats étant ceux de la tê¬
te; on peut multiplier de la même ihanière leChervi, mais il vaut mieux:
le faire de graine.
En Hollande on comprend fous le nom de Racines, fans y rien a-
jouter, les Carottes, nommées autrement Carottes jaunes ou de Leide,
parce que celles qui croiffent aux environs de cette Ville dans des terres
fablonneufes font les meilleures. Pour dil^inguer les autres Racines de
celles-ci on les appelle Beteraves , Racines de PilJenUt , de PaJJèrage ,
de SaIJifiXy de Scorf mères ^ de Per fil -y de Cbervi^ ^ des Panais^ de tou¬
tes lefquelles on traite ici , en commençant par les Carottes de Leide
ou de Home , dont les dernières font plus courtes & de coiüeur plus o-
range.
il y a fix fortes très diftinéles de Carottes , trois longues & trois plus
courtes, qui ne hnilTent pas fi uniment, & qui n’ont pas une queue fi
longue & lî mince.
Les meilleures Carottes jaunes font les longues de Leide; on les feme
pour l’Eté à la mi- Avril, & jamais avant la mi-Mai pour l’Hiver, après
qu’elles commencent à germer.
Les plus rougeâtres de ces Carottes deviennent les plus grolTes; elles
font plus pleines d’caii & ont le goût moins bon ; mais la plus mauvaiiè
de ces trois fortes a prefque la couleur des Panais; elles viennent plutôt
que les autres , mais comme elles font fort mau vaifes , elles ne méritent
pas d’être cultivées, quoique les Carottes jaunes précédentes foient plus ou
moins colorées &; agréables au goût, félon leurs elpèces: le fond de ter¬
re ne contribue pas peu à cette variation , car dans des fonds de terre
graffe on en élevera de plus colorées, de plus grolTes, mais aufii de
moins bonnes que dans des terres fablonneufes.
Les Carottes d’Hiver n’ont pas belbin de fumier, parce que cela les
jeend fujettes aux vers de à croître avec des tumeurs; mais on feme
■ Y y 3 fcî
S
L E S A G R E Al E N S
les Carottes hâtives d’Eté dans une terre bien amendée.
On appelle les Carottes courtes, des Carottes de Home: il y en a
aulTi de trois fortes; il y en a une de couleur orange pâle, reiïemblant
plus à la couleur des Carottes jaunes dé Leide : elle ell un peu plus lon¬
gue , moins pleine d’eau , que ne l’efl l’efpèce de ces Carottes de Home.
La fécondé forte a plus la couleur- orange, c’efl celle-là que nos Jardi¬
niers Jement ordinairement en Autonne pour en avoir de primeur, par¬
ce qu’elle réfifte mieux au froid & qu’elle ell plutôt bonne à manger,
aulli ell-elle avant fa crue entière très douce au goût , & même aufîi
bonne que les véritables Carottes jaunes de Leide; mais lorfqu’elle a fa
crue entière elle ell plus pleine d’eau: c’ell-pourquoi on en feme toujours
pour en avoir de hâtives ou de primeur , mais jamais pour l’Hiver. Il
ne faut point cultiver les Carottes de Home qui font plus couleur d’o-
range. _ ' ^ ^
Ceux de nos Curieux, qui aiment à prématurer, fement la petite for¬
te, parce que ces Carottes étant petites, Ibnt meilleures pourpoulTer
avec vigueur par le moyen d’un fumier fort chaud, parce que leurs peti¬
tes racines chevelues ne pénètrent pas jufqu’au fumier au travers de la
terre, & qu’elles font par conféquent de meilleure heure bonnes à man¬
ger. On n’en femera point que fur du fumier Tort chaud, plus pour
contenter les ignorans , parce qu’elles font fort hâtives , que pour tou¬
te autre chofc, étant très mauvaifes; car on trouve des gens, qui pré¬
fèrent (tant les goûts diffèrent) des Carottes très minces , qui n’ont pas
la moitié de leur crue, & qui les paient fort clier, & cela uniquement,
à ce qu’il me paroit , parce qu’alors elles font rares : au-lieu que les per-
fonnes entendues , trouvant celles qui ont leur crue entière fenfîblement
meilleures, ne cherchent jamais des Carottes hâtives, tant qu’ils en trou¬
vent de vieilles d’Hiver bien confervées. Il faut de plus remarquer
qu’on a pour l’ordinaire , dans des années fort pluvieufes, les plus léchés
& les meilleures Carottes, quoiqu’il foit certain que les meilleures croif-
fent dans les terres fablonneufos les plus élevées & les plus fèches ; n’é¬
tant pas moins remarquable, outre cela, qu’on peut en femer pendant
plufieurs années de fuite dans les mêmes terres , fans que cela leur caufe
aucun dommage.
Quoique les Carottes croiffent vers en-bas dans la terre, elles aiment
cependant un air libre & dégagé de beaucoup d’ombrage, deforte qu’on
ne femera point de Carottes d’Hiver fur des Careaux qui font à l’om¬
bre de Hayes tondues à l’Ell ou à l’Ouefl.
On
D E L A C A M P A G N E. 35*^
On feme au commencement du Mois de Mars des Carottes hâtives,
qu’on mange à la moitié de leur crue dans une terre qui efl très rechau-
fante par le moyen du fumier; fe lèrvant pour cela de la plus grofle for¬
te appellée d’Utrecht ou de Home, defquellesilorfqii’elles paroiflent, on
cueille d’abord les plus hâtives ; ce qu’on ne fera point k l’égard des Ca^
rottes d’ Hiver qui doivent croître entierément, car cela rend les autres
plus fujettes aux piqûres des vers , parce que la terre fèche fe jette au¬
tour des Carottes qui reftent plantées , mais il faut les éclaircir jufqu’à
deux fois, pour que les plus grofles étant bien elpacées, puiflent croître
comme il faut ; cet éclaircilTement doit être fait à tems , cependant pas
trop tôt, & pour faire le fécond on n’attendra point qu’elles tiennent
trop fort , aiin de ne pas trop remuer la terre , & cela pour la raifon
précédente, favoir que la terre fèche y tombant, rend les autres plus fii-
jettes aux piqûres des vers.
On tire de terre immédiatement avant la gelée, les Carottes d’Hiver;
enfuite on en coupe l’extrémité fupérieure, afin de les empêcher de ger¬
mer , comme aulfi les extrémités déliées de leurs queues, après quoi
on les lave & on les netoie, enfuite étant féchées , on les enterre dans du
fable pur , & on peut les conferver ainfi pendant tout l’Hiver. .
On ne femera jamais des Carottes fur une terre où il y a eu du Cer¬
feuil d’Autonne , parce qu’à caufe de la grande quantité de racines de
Cerfeuil qui s’y trouvent, & qui les empêchent de pénétrer en terre,
elles y croiflent toujours avec des excroilTances.
Beteravesi il y en a de diverfos fortes, dont les meilleures font d’un
rouge foncé , & longues à proportion de leur grolTeur : les plus grolTes
qui ne font pas à proportion fi longues , font moins bonnes. Elles ai¬
ment une terre grafle bien amendée & un plein air, plus qu’aucune au¬
tre racine. On les multiplie de graine , mais on ne les feme point de
la même manière que les autres Plantes , car on met enfemble dans la.
terre trois ou quatre grains defemence, efpacés d’environ huit ou neuf
pouces , dont on arrache cependant les plus petites à différentes repri-
lès , pour élever uniquement les autres.
Racines de Fijfenlit^ fouvages & franches. J1 faut femer les dernières
dans une terre légère, qui ne foit point trop amendée , où elles pouffent de
grandes & de longues racines .'cependant la terre ne doit pas être trop lé¬
gère jcar elles poufleroient alors beaucoup de rejettons par les côtés x’eft
pour cela qu’on les cultive avec plus de fùccès dans des terres graffes que
dans des terres fablonneufes. On les multiplie de graine , que l’on feme:
*36o L E s a g R E M E N s
après la mi-Mai : celles qu’on feme plutôt montent auiïi plutôt en grai¬
ne 5 & font cordées & mauvaifes.
Racines de Ferfil. V oyez PERSIL.
Salfifix\ c’eft une Racine peu connue des Jardiniers^Sc ainfî peu culti¬
vée chez eux ; elle a prefque le même goût & les mêmes qualités que
les Scorfonères, mais fa peau extérieure eft jaunâtre , & les feuilles en
font plus étroites : elle ne monte pas fi vite en graine que les Scorfonè-
res.
Scorfonères\ il n’y a que peu d’années que les Jardiniers en cultivent,
n’étant ci-devant en ulage que chez les Apoticaires, qui en font une
eau pour les remèdes ; mais aéluellement prefque tous les Jardiniers en
" vendent comme d’autres Légumes, & elles font eftimées & recherchées
comme un très bon mets. L’écorce extérieure en efl noire, les feuilles
plus larges que celle des Salfifix, elles montent fort vite engraine; mais
elles ne fe cordent pas fi aifément , quand on lailTe faner entièrement
fur les racines le montant , & qu’on en coupe les nouveaux rejettons.
On laifle auITi fouvent pendant l’Hiver les Scorfonères en terre , pour
ne les manger qfue la fécondé année , étant alors plus grofles , mais
moins tendres <5c moins délicates , que lorfqu’on les mange la prémière
année. On les feme au mois de Mars, & il faut les éclaircir, de ma¬
nière que du moins elles foient efpacées de trois pouces. La graine qu’on
lème doit être de racines de deux ans, auquel cas elles ne monteront pas
fitôt en graine , que la femence de racines d’un an , outre qu’elles de-
' viennent plus grofles; deforte qu’on ne femerajamaisdela graine recueil-
- lie de racines d’un an.
Le ChervîS\ ce font des racines de ce Païs, elles font très balfami-
ques, & fortifient beaucoup, ce qui fait qu’elles font très faines pour les
perfonnes foibles & languilfantes qui en mangent. Elles rcfillent au froid
de nos Hivers, & c’eft pour cela aulfi qu’on ne les arrache fouvent que la
fécondé année , comme les Scerfonères , mais celles d’un an font infini¬
ment plus délicates & moins cordées ; on les multiplie de graine &
de rejettons, qui viennent tout autour des fommités, après que le mon¬
tant en efl: fané. Ayant ôté au mois de f'évrier, ou au commencement
de Mars , ces petits rejettons , on les plante chacun féparément , efpacés
d’environ quatre pouces, ou quelque chofe de plus. Ces Racines n’aiment
pas une terre nouvellement fumée; mais bien d’être plantées dans une ter¬
re qui l’année d’auparavant a été fort amendée. Elles montent vite en
graine,; cependant il n’en faut point couper le montant, mais le laifler
faner ,
DE LA CAMPAGNE. r“
Faner, parce qu’elles font autrement trop cordées. Les racines groflif-
fènt à mefure que le montant fe fane, & elles continuent à croître tant
que la gelée ne les en empêche point ; c’ell; aulli pour cela qu’on ne les
arrachera point , que lorfqu’une rude gelée pénètre trop dans la terre;
mais comme elles font fort délicates, & que les Souris les mangent d’a¬
bord , il ell néceflaire de les arracher en Autonne.
Panais'^ ils font aufîi balfamiques, mais d’un goût un peu plus fort(Sc
d’une nourriture plus groflière que le Chervis; ils aiment, tout com¬
me le Chervis , k être lèmés dans des fonds de terre gralTe bien fouillés,
& fumés l’année d’auparavant. Les Jardiniers employent à cet ufage
lès fonds les plus grêles. On les lème communément au commencement
d’Avril, & après que les Racines ont pris comme il faut, on les éclair¬
cit de manière, qu’ils Ibient elpacés d’un demi-pied.
La gelée les rend plus tendres, plus doux plus délicats; c’eft-pour-
quoi on ne les tire point ou rarement de terrepour les conferver pendant
l’Hiver dans la Mailbn avant la gelée; mais on arraclie ordinairement
par force de terre ceux dont on a befoin pendant la gelée. '
RAVES.
' Il y a de plufieurs fortes des Raves : elles n’aiment pas une terre fort
fumée & grafle. Qn les feme ordinairement au Printems avec les Lai¬
tues pommées fur des platte-bandes bien expofées au Midi: mais elles
deviennent moins grofres& moins longues que celles qu’on feme en Juin
ou en Juillet ; pour en avoir de primeur on en feme dans l’Autonne.
Parmi les Raves communes il y en a de deux fortes, à grandes & k pe¬
tites feuilles, il ne faut cultiver que les dernières.
REPONCES ou GROS RAIFORTS.
t
Légume d’une grande & d’une petite forte, la dernière portant aufli
le nom de Rave. La grande forte a une peau noire brunâtre , &: pro¬
duit une racine longue, relTemblant au Navet; elle efl plus piquante
que la Rave, qui efl blanche par dehors, plus petite & plus ronde, k
peu près comme les Navets.
On feme les Reponces au Mois de Juillet, quand on le fait plutôt el¬
les montent en graine.
Z 2
Partie IL
R H U E.
' Elle efl fouvent très litile pour fortifier le cerveau 5 & pour en appai-
fer les vapeurs; ainfi quoiqu’on n’en mange pas /on la juge cependant
néceffaire dans les Jardins potagers. Elle fe multiplie de graine ; il na
faut pas lui couper avant l’Hiver les boutons qui contiennent la graine >
parce qu’ils tiennent lien de défenfe contre la forte gelée.
ROCAMBOL E.
C’eft un fruit à cayeux, plus long & plus gros que les Echalottes'; on-
le multiplie de cayeux comme les Echalottes ; cependant avec cette dif¬
férence, qu’on le plante en Autonne,^ & qu’il le faut couvrir pendant
le froid de l’Hiver.
\
ROMARIN.
Ceff un Arbriffeau qui fe multiplie le plus fouvent de bouture ; if ne
réfifte pas à un froid trop rude, ni à l’eau de neige; il n’aime pas non
plus d’être renfermé, mais d’être en plein air; c’ell- pourquoi on em
conferve difficilement pendant l’Hiver dans les Orangeries.
\
R O Q.U E T T E.
C’eft une fourniture dé Salade; on la feme au Printems.,
SALADE.
* »
On la mange ordinairement d’entrée, aufli comme accompagnant
d’autres mêts , pour mettre l’eflomac en train. Sous ce nom font
compris quantité de Légumes & d’herbages tant fauvages que francs ou^
cultivés. Parmi ces derniers font l’Oignon, les Afperges, les Betera-
ves , les Racines de Piflenlit, les Concombres , & le Tendre-verd,.
comme Chicorée, ‘Salade verte des champs. Laitues pommées de plu-
fîeurs fortes , petites Laitues , Salade de Choux , du Céleri , des Hari¬
cots verds, &c.. On compte parmi les fauvages, quantité de tendres-
rejettons, comme du Piffenlit, &c. Mais on ne traite dans ce Chapi¬
tre
D E L A C A M P A G N E. 5^3
ire que des Laitues pommées, des petites Laicnes, delà Salade verte
des champs ; & de celle qu’on appelle en Hollande Vette Kous,
Laitues pommées^ en Hollandois Krop-Saîade ou Sluit-Latouw : il y
en a diverfes fortes , à feuilles vertes , ro.ugeâtres.
On diftingue la plus commune, qui a les feuilles jaunâtres, en gran¬
de &: en petite, & en une troifième forte encore plus petite.
La grande appellée en Hollande Kloqfter-Krop ^ ne monte pas fitôt
en graine, mais la pomme n’en eft pas fi ferme: elle prend beaucoup de
terrain à caufe de l’exteniron de fes feuilles.
Après celle-là vient la petite jaune nommée Prince - Krop ^ quia la
pomme plus ferme & efi: plus tendre que l’autre ; de celles-ci il y en a
de deux fortes , la meilleure très jaune , & l’autre verdâtre ; cette der¬
nière efi: celle qu’on peut cultiver pendant l’Hiver fur des Couches de
feuilles d’arbres.
Vient après cela la plus petite jaune & la plus pommée des trois,
nommée Blanke-Haegfe-Krop ^ ayant peu de feuilles au dehors, ce qui,
à proportion de fa grandeur, fait que la pomme en efi plus grande; ou¬
tre que les feuilles en font plus tendres & qu’elle a les qualités des précé¬
dentes, elle efi aulfi plutôt pommée ; deforte qu’on doit lui donner la pré¬
férence für les autres & en femer au Printems parmi d’autres Légumes,
' puifqu’on peut les cueillir alTez à tems , pour qu’elle ne porte aucun pré¬
judice aux Légumes qui refient en terre. Après celle-ci vient la Prince-
Krop^ qu’on peut .femer parmi des Légumes qui ne font pas fi drus,
comme les Carottes jaunes ; c’efi la meilleure des deux fortes : après cela
vient la Kloojler-Krop pour la tendreur.
Parmi les Laitues pommées fvertes-i\ y en a de deux fortes; l’une
grande , mais moins bien pommée & plus dure que la- petite forte,
qui pourtant n’efi pas aiüTi tendre que la Princejje , la Prince , ni que
la Kloojler - Kî'op J cette meilleure forte verte ayant une fort grande
touffe, parce qu’elle n’a pas une pomme fort ferme; elle a les feuil¬
les rudes : cependant cette petite verdâtre ne monte pas fitôt en graine ,
que celle qui efi jaunâtre ; c’efi-pourquoi elle efi admirable à cultiver en
Été; mais comme elle efi moins pommée que la PtinceJJe &la Prince-
Krop 5 elle efi meilleure pour étuvdr que pour être mangée crue.
Les Laitues pommées qui ont par dehors des feuilles rouffes ou roiilTâ-
tres , font encore de deux fortes. La plus grande s’appelle Laitue Ro¬
maine^ & efi quelquefois aufll grande qu’un petit Qiou blanc; mais
elle n’a pas une pomme fort ferme , & elle efi dure : la plus peti-
Z z 2 te
LES AGREMENT
te forte de ces Laitues roufTàtres n’a pas beaucoup de feuilles extérieu¬
res 5 mais elle eft d’ailleurs très pommée & très grofle, jaune & tendre:
elle réfifle aiifii mieux que toute autre au froid d’Hiver, c’ell aulTi pour
cela que ce font les meilleures qu’on puifle femer au mois de Septembre
pour en avoir de primeur ; mais nullement pour des Laiteus hâtives d’E-
té 5 parce qu’elles montent fort vite en graine & même d’une telle fa-^
çon que dans des Printems chauds elles pomment fort difficilement.
La Laïtm roujfâtîr. ou Rood-baerd^ ayant des feuilles jaunes dont
les extérieures font bordées de rouge : elle ne monte pas fitôt en graine ,
éceft la meilleure Salade d’Eté: elle eft cependant moins tendre & moins
pommée que la PrinceJJe ou Prince-Krop , ce qui la rend auITi très pro¬
pre à étuver , ayant une pomme ferme & bien ferrée.
Les Laitues pommées n’aiment pas une terre extrêmement fumée, car
cela fait périr (ce qu’on appelle fe chancir) quantité de Plantes. AuflTi-
tôt qu’on remarque la moindre interruption dans leur crue , il faut les
arracher inceftamment, en fouillant aufti la terre; ce qui étant négligé,
il arrive très fouvent qu’une Plante en infede plufieurs autres, étant
comme la pefte parmi les hommes ; & cela n’a pas feulement lieu à l’é¬
gard des tendres Plantes, mais aufti à l’égard de celles qu’on conferve
pour la graine; car celles-ci infèélent tellement les autres, que dans de
grands Careaux il en. refte fouvent peu ou point du tout, fi l’on n’y met
pas ordre à tems.
Les Laitues pommées qu’on tranfplante en Aütonne, ont par deffous
moins de feuilles, & ne font pas fi belles à l’œil que celles qui viennent
de femence , & croilfent au même endroit où on les a femées.
Jamais on ne recueillera de la graine des Laitues femées en Autonne ,
parce que la Salade que cette graine produit ne pomme pas fi bienpour
l’ordinaire, & monte auffi bien plutôt en graine; la meilleure graine eft
celle que l’on recueille de la femaille du Printems , des prémières Laitues
les plus grandes & les mieux pommées, dont la graine de deux ans eft la
meilleure pour les Laitues d’Eté, & celle de trois pour les Laitues d’Hiver.
La terre où l’on feme en Eté & en Autonne des Laitues ,‘ ne doit pas
être trop légère, car elles y périfTent plutôt, & pomment plus difficile¬
ment , fur-tout les Laitues d’Autonne , c’eft pour cela qu’on femc ces
dernières aux environs des fentiers où la terre eft plus ferme, de même
que fur des Carreaux où il y a du Cerfeuil & des Epinards d’Hiver , afin
que le montant de ces derniers les défende plus ou moins du froid de
riiiver: on les feme aufti près de quelque brize-vent, comme. Haies ton-
D E L A C A M P A G N E. 3(5^
dues, entre lefquelles ces tendres plantes fe confervent mieux quand
rHiver ell rude.
On fème ordinairement les Laitues d’Autonne à la mi-Scptembre,
parce que dans des Autonnes chaudes & fécondes les Plantes femées de
meilleure heure deviennent trop grandes , ne réfiftant pas alors fi bien
que les petites à une rude gelée, ou à un vent furieux. La graine la
plus convenable pour cela ell celle qui a deux ans & qui a été recueillie
des petites Laitues nommées Bîankc Haegfe-Ki^oppen. On les tranfplan-
tes d’abord après les gelées au Printems, fur des platte - bandes bien
expofées aU‘Midi, ou fous des vitres, fur du fumier chaud de Cheval,
ou bien aufll fans fumier. Le tems de cette tranfplancation commence
pour le plus tard avec le mois de Février , & non pas plutôt ; car les
Laitues ne fauroient réfiller à beaucoup de vapeurs, fans fe chancir, ce
qui arrive prefque toujours aux Plantes, que l’on tâche de confcrver peu-,
dant P Hiver fous des vitrés.
On feme les Laitues hâtives d'Eté immédiatement après la gelée
de même que la graine des Princeffe-Krop ,' en la mêlant avec la grai¬
ne d’Oignons & de Carottes hâtives ; après quoi on feme la Prince- Krop
féparément fur un Careau ou fur des Couches, & non pas en la mêlant
avec des Carottes: cela le fait aulTi de la même manière en Autonne,,
mais en Eté on y femera de la Laitue rougeâtre, parce qu’elle monte
moins en graine: alors on feme aufii la Belle -bonne qui eft celle de
Brabant à grandes feuilles frilées, qui ne pomme pas fort', & que l’on
nomme Montereyen ; mais elle efi: dure , & a un goîit de Chicorée
comme la verte..
Les Laitues pommées nommées Chavonfe - Krop - Salade y fe lient tout
comme la Chicorée, pour qu’elles blanchifient intérieurement, & qu’el¬
les deviennent plus tendres , fes feuilles étant plus dures que celles des;
Laitues pommées.
Laitues Hollandois Latouw^ qui ne pomment point; il y en a de
beaucoup de fortes , des communes, des frifées, «Scc,
Les Laitues qui ne pomment point, réfiftent mieux au froid que cel¬
les qui pomment; c’eft pour cela qu’on feme ordinairement les commu¬
nes fur du fumier pour -les manger petites au commencement du Prin¬
tems: on les feme aufll quelquefois fans vitres, fur des plattes - bandes
bienexpofées au midi ; mais elles ne font pas fi tendres que les -'jeunes
Laitues pommés. Pour les cueillir plus proprement, on répand fur le
fond, après avoir femé un peu de fable, lequel on aplanit avec le. plat
Zz 3 dc^
LES AGREMENS
^66
de la bêche ferrée : on fait germer la graine avant que de la femer.
Les pelites Laitues frifées font plus dures que les communes , & par
' conféquent moins délicates ; mais elles réfillent mieux au froid ; c’efl ce
qui engage quantité de Jardiniers à en femer pour en avoir de primeur;
de même que les Laitues nommées Cornettes^ qui lèvent avec quatre
feuilles, & font à peu près de la même grandeur que l’autre.
La Salade des BléS’, ainli nommée, parce qu’elle vient fou vent làns
aucune culture dans des champs où on a coupé les Blés, eft verte, ron¬
de, & a des feuilles courtes; c’eft une Salade d’Hiverà courtes feuilles
comme la fuivante, mais fes feuilles reflemblent plus à celles des petites
Laitues.
La Salade nommèQ en Hollandois Vette-kous^^ efi: une Salade verte
d’Hiver , qui a de plus grandes & de plus longues feuilles que la précéden¬
te : on les multiplie l’une & l’autre de femence. La Vette kous rélifte à
un froid violent, venant naturellement dans Tlle de Spit^-bergen , où,
avec l’herbe aux Cueilliers, elle eft la lèule herbe qui foit bonne à man-
gen
: S A R I E T T E.
Ceft une fourniture, elle fe multiplie de graine, on ne la lème pas
ordinairement dans une terre fort grafle;' le tems de la lèmer eft un peu
avant que les groftes Fèves fleuriflent: elle vient abondamment dans les
endroits où elle a produit l’année d’auparavant de la femence mûre, &
elle croit avec vigueur fans qu’on y apporte aucun foin.
SAUGE.
«
Ceft un Plante îigneiifè, dontil ya plufieurs elpèces: on la multiplie
de bouture & de plants enracinés & éclatés,
SCORSONERES. Voyez RACINES,
’ T H I M.
Ceft un petit Arbrifteau nain , qu’on multiplie de plants enracinés
& de femence: il y en a de beaucoup de fortes, delquelles le Thim corn-
mun qu’on cultive dans nos Jardins potagers & qui a des feuilles vertes,
eft
I
D E L a: C A M P A G N E.
dl le fèul connu: il n’aime pas d’avoir beaucoup d’engrais, & croît
mieux dans des terres grêles ; on s’en fert comme d’une fine fourniture
en le mettant par petits bouquets dans les fauces pour les aflaifonner.
TRI P E-M À D A M E.
N
Ceû une efpèce d’Ail fauvage, qu’on multiplie de. bouture: il prend
d’abord, & fait une grande Plante, qui n’aime pas une expofition trop
chaude. ’
On confit la Tripe-Madatne dans du Vinaigre , & aufîi dans du Vi- _
naigre & de la Moutarde, & en étant bien pénétrée on s’en fert dans»
des làuces, pour exciter l’appétit. , ^
e
L I-
LESA G’R E M E N S
3^8
LIVRE TROISIEME.
De certains Arhr^s étrangers^ fur-tout des Citronniers , Z/i»
monniers Êÿ Orangers,
CHAPITRE L
La manière de traiter les Arbres étrangers , de celle de les planter £5?
de les tranfplanter\ des CaiJJes^ ^ des Fois; comme de la Terre £ÿ
du Fumier,
Le s Arbres que l’on reçoit de loin, ont ordinairement beaucoup
foufert , fans compter que par le tranfport les' fiics tant de leurs ra¬
cines que de leurs branches font beaucoup deflechés ; defbrte qu’on ne
peut remettre qu’inlènfiblemcnt les petites fibres ligneulès dans un état
convenable pour recevoir la fève néceffaire, & pour la pouffer plus loin.
Pour réuffir en cela on doit commencer, après avoir dépaqueté les Ar¬
bres 3 par faire en gros la taille de leurs racines gâtées & des branches
de la couronne, & de mettre enfuitc jufqu’à la couronne les troncs trem¬
per pendant vingt-quatre heures dans de l’eau pure ; après ' quoi il faut
Oter des racines les mottes de terre, & les tailler comme il faut de mê¬
me que les branches. ‘ ‘
Cela fait , il faut couvrir les Arbres penchés jufques à la couronne, de
fable gris des Falaifcs , médiocrement humeété, & cela dans une Caiffe,
qu’on couvre pour lors de chalfis de vitres, pour les y conferver dans
une chaleur tempérée : par ce moyen ils fè remettront bien plutôt dans
leur état naturel, ce qui paroitra par le bourgeonnement de vigoureux
petits moignons fupérieurs. Après cela il faut les planter, <Sc non pas
plutôt, droits dans une terre fort fablonneufe, & cela dans des Caiffes
ou dans des Pots, qui puiffent contenir précifément les racines racour-
cies. Par ce moyen j’ai confervé & cultivé, fans en perdre un feul,
cent & quatre Arbres , qui avoient été pendant plus de fix mois en che¬
min, qui me furent remis tout-k-fait hors de tems, favoir au com¬
mencement de Juin.
Il
DE LA CAMPAGNE.
S6p
Il ne faut pas 5 au refie, comme il a déjà été dit, employer pour cet¬
te tranfplantation , une terre grafle , ou mêlée avec de Tengrais frais,
mais une terre fort légère, grêle, fablonneufe, &laconferver dans une
chaleur & une humidité médiocres ; il faut aufli mouiller fouvent les troncs
par le moyen d’une éponge trempée dans de l’eau froide.
Quand ces Arbres nouvellement tranfplantés pouffent trop de rejet-
tons , on en retranchera quelques-uns , & on rognera ceux qui mon¬
tent avec trop de vigueur. Après avoir été pendant deux années
dans cette terre grêle & fablonneufe, on les tranlplante ordinairement
dans une terre moins fablonneufe , & dans des Caiffes ou dans des Pots
un peu plus grands.
Les meilleurs Pots pour de petits Arbres doivent être minces , mais
pas vernis, parce que les rayons du Soleil y pénètrent mieux , au-lieu que
les Pots vernis les réfléchiffent: ils doivent être percés au fond pour l’é¬
coulement de l’eau de pluie ou de celle dont on arrofè les Arbres.
Pour les grands Arbres , les Pots font trop fragiles ; c’efl-pourqiioi on
les mettra dans des Caiffes rondes, qui font incomparablement meilleures
que les Caiffes quarrées de bois de Chêne (quoique celles-ci puiffent fe
paffer de cercles de fer, & qu’elles fervent plus longtems), d’un côté,
parce que les Caiffes quarrées devant être faites de bois plus épais , afin
qu’elles réfiflent davantage, empêchent plus la pénétration des rayons
du Soleil; & de l’autre, parce que les racines en tranfplantant les Arbres
ne fè détachent pas fî bien que dans des Caiffes ou dans des Pots ronds :
c’efl pour cela auffi qu’il faut qu’ils foient les uns & les autres un peu
plus étroits par le bas, afin qu’on puiffe mieux les vuider.
Quoique les Arbres croiffent naturellement le mieux dans un terrain
Ipacieux, où leurs racines s’étendent au long & au large, & que parcon-
féquent ces Arbres fèmbleroient auffi devoir être plantés dans de gran¬
des Cailfes ou de grands Pots.; on voit cependant le contraire par l’ex¬
périence, puifqu’étant plantés ainfi au large, rarement il en vient de
bons Arbres, au-lieu qu’étant plus refferrés, pourvu qu’ils ne foient pas
expofés à l’ardeur du Soleil , & qu’on les arrofe raifonnablement , ils
croiffent avec beaucoup plus de vigueur ; deforte qu’en les tranfplantant
on n’agrandira les Caiffes & les Pots, qu’autant qu’entre les racines de
’Arbre & la Cailfe il y ait un intervalle d’un pouce, pour le remplir de
terre, & même on ne les agrandira point du tout quand ce font de fort
vieux & de fort grands Arbres, parce qu’on les tranfplante uniquement
pour leur donner une terre neuve, & pour qu’ils retiennent mieux leur
Tartk IL Aaa fève.
370 LESAGREMENS^
feve. De plus , pour conferver cette terre en bon état i on mêlera
quelquefois avec l’eau dont on les arrofe un peu de fumier de Vache,
dont les parties groflières font de plus en plus fur la fuperficie une croû¬
te vifible, laquelle on brifè lorfqu’elle eftfèche, ce qui n’empêche pas
feulement que la terre qui devient plus grêle par les arrofemens & par les
fucs que les arbres en tirent, ne fe defleche trop, mais aulTi qu’il ne fe
forme fur fa fuperficie une croûte dure.
On ne peut pas fixer à un certain nombre d’années le tems dé la tranf»
plantation, parce que cela dépend de la manière dont les 'Arbres croif-
fent,& desCaifles plus ou moins grandes où ils font plantés; car comme
toutes les Plantes tirent leur nourriture de l’eau, laquelle félon la conftitution
des petites fibres , attire à foi d’autres parties nourriflantes : il eft très
facile de comprendre qu’un petit monceau de terre , très fouvent ar-
rofé , perd la faculté de retenir l’eau aufli longtems que cela eft nécef-
faire; par conféquent plufieurs Plantes ne fe foutiennent que par l’eau
qui pafTe, d’où elles aquièrent des racines chevelues , minces & mauvai-
fes, de manière qu’elles ne font pas en état de nourrir de bonnes Plan¬
tes & de bons fruits. C’eft ce que font voir les racines entrelaffées &
empaquetées , le mauvais bois grêle & les petites feuilles très Ibuvent
jaunes de pareils Arbres qui n’ont pas été tranfplantés depuis long¬
tems. Il faut par conféquent que les Arbres vigoureux , fur-tout quand
ils font fort ferrés dans des Pots ou dans des Caiffes, foient tranfplantés-
de meilleure heure, afin que leur mauvaifé crue ne donne pas à connoî*
tre qu’on les a négligés. On tranfplante ordinairement les Arbres fains
tous les quatre ou cinq ans, laiffant , autant qu’il eft poffible, les racines
tout autour renfermées dans la terre; on n’agrandira , aurefte, les Pots
ou les Caiffes qu’autant que cela fera néceffaire ; car quand cela ne i’eft
point, on rafraiclv’î par deffus & par deffous la terre, & un peu tout
autour , taillant pour cela quelques-unes des racines chevelues , ce qui
doit pourtant fe faire avec prudence, car ü ne faut jamais racourcir en par¬
tie les racines tout autour, comme les Ignorans le font, parce que cela
fait fouvent languir les Arbres , ou du moins interrompt leur crue ex¬
térieure, jufqu’au tems qu’ils ont pouffé de nouveau de bonnes racines.
C’eft ainfi qu’on tranfplante les Arbres vigoureux , mais quant à ceux
qui font languiffans, ou dont la terre eft moifie, il faut en les lavant,,
l’en ôter entièrement , & en purger les Racines : il faut aufli leur faire
la taille de toutes les racines empaquetées ou entrelaffées, qu’ils ont
pouffées dans cette terre, & les traiter enfuite,. en les tranlplantant,,
com-
DE LA C A M P'A G N E. 371
comme les Arbres fains qui viennent d’ailleurs, félon ce qui en a été
dit.
11 faut élever plus ou moins dans les Caifles les Arbres qu’on tranA
plante , félon qu’ils ont befoin de plus ou moins de terre neuve , afin
que ces Caifles après que la terre neuve efl: devenue compaéle , & que les
Arbres fe font affaiflés autant qu’il efl pofliblejne retiennent plus de vui-
de qu’un doigt ou qu’un pouce en hauteur pour les arrofèmens j la terre
devant au relie être traitée comme il a été dit ci-dcfllis.
Le tems le plus convenable pour tranfplanter les Arbres làins ell au
commencement d’ Avril, quand il paroit qu’ils commencent à poufler;
mais quand il s’agit d’Arbres languiflans, on les tranfplantera le plutôt
qu’on pourra en tout tems ; le meilleur tems pour tranfplanter ceux dont
on a coupé la couronne', de même que ceux à qui on l’a laiirée,& qu’on
met dans des Serres vitrées , ell en Février, ou en Octobre,
- On peut aulTi prendre pour une efpèce de tran^lantation , quand on
tire la terre ufée, lans blefler le moins qu’il ell poflible les racines tant
foit peu ligneulès, tant d’enhaut que tout autour des côtés, 6c qu’on la
remplace par une terre neuve, fans tirer entièrement les Arbres hors des
Pots ou des Caifles, ce qui, li on le fait chaque année ou tous les deux
ans, peut prolonger pendant quelques années le tems de les tranlplanter ;
fur - tout quand il eft quellion de très grands Arbres qui font plantés
dans de grandes Caifles , car on a une peine infinie de les en tirer entiè¬
rement, de les garnir par deflbus d’une terre neuve, 6c de les tranf¬
planter.
La meilleure terre pour y tranfplanter des Arbres qui poulTent vigou-
reufement, comme aulfi pour le rafraicliiflement en queftion, ell une
terre fablonneufe bien amendée , étant beaucoup préférable pour cela à
la terre grafle ; j’entens une terre qui foit compofée de bon fable fin ,
mêlée en partie avec des feuilles pourries, 6c en partie avec du long fu¬
mier pourri de Cheval qui ait trois ans ; ce mélange de terre étant le
plus convenable pour donner de la vigueur à toutes les Plantes étrangè¬
res, comme on l’a dit, 6c comme on le peut voir dans le Chap. F- du
1 Livre de cette fécondé Partie,
Aaa 2
CHA.
3?2
LES AGREMENS
CHAPITRE IL
I
De la manière de cultiver les Citronniers , les Limonniers 5 £«? les Orafi-
ger&.
Quoique tous ces Arbres femblent avoir plus de rapport enfemble^
^que nos Pommiers & nos Poiriers, parce qiPon gretb en tente, en
ccufiToii & en approche, une efpèce fur Tautre, ils donnent cependant,
quand on les cultive, des marques de difconvenancejpuifque le bois & l’écor¬
ce ne feréunilfenc point; car comme de ces trois fortes c’eft l’Oranger qui a
les plus petites tibres,<Scparconféquent le bois le plus dur& le piuscom^
paéte, fe gonflant ou grofîiflant moins que celui du Limonnier,& enco¬
re moins que celui du Citronnier ; de même le Citronnier devient plus
gros que ces deux autres, mais fur- tout le tronc d’Oranger qui a beau¬
coup de boutons. Le Limonnier groflit pareillement plus que l’Oranger,
mais moins que le précédent: deforte qu’il vaut mieux, félon moi, gré-
fer en écuflbn chacun fur fa propre efpèce ; quoiqu’en Italie c’efl; la cou¬
tume de gréfer en écuflbn èns aucune diflinétion , toutes ^les efpèees
fur Oranger, parce que ce dernier réflfl:e mieux aux injures de l’air.
Dans ce Païs on choifît ordinairement des troncs de Limonniers, par¬
ce qu’ils grolTiflent davantage, & que la couleur de ces troncs efl: plusa-
gréable ; ce que je ne fàurois cependant approuver , à caufè de la dif
convenance remarquable dont j’ai fait mention: bien pJus, je crois qu’il
faut gréfer foit en fente, foit en écuflbn, foit en approche, chacune fur
fa propre efpèce, laquelle grolTit plus ou moins, & pour cette raifbn ja¬
mais de l’aigre fur du doux , ou du doux fur de l’aigre.
On trouve ordinairement que dans chaque efpèce , l’une efl plus for¬
te que l’autre , réfîftant mieux aux dérangemens des Saifons <Sc à une
mauvaifè culture; mais en général le Limonnier réfifle mieux tant au
froid & aux pluies d’Autonne, que le Cédrat. Le Limonnier efl moinï
lobufle que l’Oranger, & le Cormier efl le plus robufte de tous.
Le bois de Citronnier efl plus fpongieux que celui du Limonnier:
e’efl pour cela qu’on le multiplie beaucoup mieux , & même en moins de
tems,de bouture que de pépins ;& comme par la multiplication de bou¬
ture on aquiert le' même fruit que preduit l’Arbre dont on a pris les bou-
tUr
D E L A C A M P A G N E. 373
cures, & que le tronc groflit alors uniment fans bourlet, pouvant d’ail¬
leurs être j;réfé le plus convenablement en écuflbn fur un petit fauvageon
de inmonmer, o: ne multipliera jamais autrement que de bouture les
Citronniers dans ce Païs-ci.
Il y a aulli pluficurs fortes de Limonniers , qu’on reconnoit à leurs
branches fpongieufes & boufies, & qui étant multipliés de bouture croif.
fent aifcmenc.
Le bois des Orangers eft le plus compacte ; c’eft-pourquoi il n’eft pas
fi lïïr de réulfir en les multipliant de bouture, cependant parmi les efpè-
ces ou il le trouve du mélange, il y en a quelques-unes qu’on peut k la
longue multiplier de cette manière, comme les Bergamottes le Bilar^
7*^, l’Orange nommée Engelje Bonte ^ & celle qui porte en Hollandois
le nom de Maentjes Oranje. Pour les autres il vaut mieux les multiplier
de pépins : on choifit pour cela des pépins de bons Limons , qui croilTent
beaucoup mieux que ceux d’Oranges , car on peut en bien moins de
tems les faire parvenir à une grandeur & une groffeur convenables; fur-
tQut quand on rechaufe ces pépins dans une CailTe vitrée par le moyen
du fumier frais de Cheval, & plus encore quand on le rafraîchit une
fuis ; car j’en ai vu qui par ce moyen avoient crû dans une année à la
hauteur de trois pieds , & étoient d’une groffeur convenable pour être
gréfés en éeuffon, ces Plantes devant toujours être fort près des vitres;
deforte qu’a mefure qu’ils croiffent en hauteur on baiffe les vitres de ma¬
nière qu’il n’y ait entre elles la plus haute fommité des Sauvageons,
qu’un efpace de la largeur de la main. Qiiand les pépins font crûs juf-
qu’à un pouce au deffus de terre, il eft tems de les tranfplanter, ayant
auparavant raccourci un peu la petite racine. - Voyez le IF. Cbap. du
JL Livre de la L Partie & le 111. Cbap. du IL Livre de la IL Partie,
On fait prendre de bouture de la manière fui van te. Au mois de Mars,
ou au commencement d’ Avril on fiche en terre une petite branche d’un
bois vigoureux d’un an, longue de cinq pouces ,. à la profondeur d’environ
trois pouces, fans en ôter les feuilles qui font au deffus de terre, & cela
dans un petit Pot, qu’on met enfuite fous des vitres dans une Caiffe;
il vaudroit encore mieux de les mettre fous des chafTis de corne , com¬
me fopt les Lanternes, au-lieu de les mettre fous des vitres, la corne ne-
donnant pas une chaleur trop ardente, & n’étant pas alors obligé de les
couvrir ; car pendant le premier mois il faut tenir les boutures à l’abri
des rayons du Soleil trop ardens, «Sc les arrofèr toujours raifbnnablement..
On les grefç tant en fente qu’en écuflon & en approche, précifément
Aaa 3 de
374 LESAGREMENS
de la même manière que nos Arbres fruitiers , dont on a traité fort am¬
plement dans le VIL Chap. du IL Lw. de la /. , n’ayant rien à a-
jouter, fi ce n’efi: qu’on peut gréfer en écuflbn les plus gros troncs, fé¬
lon la méthode prelcrite dans cet endroit, même au mois de Mars, a-
pres qu’ils ont été encailTés à peu près pendant un mois : fuivant cette
méthode ils peuvent former la même année de petites couronnes d’alTez
grolTes branches.
La manière de les multiplier de Marcottes, efi; la même que celle qui
efi: indiquée dans le IV, Chap. du IL Liv. de la /. Partie,
CHAPITRE III.
De la Serre pour P Hiver ^ 8? comment on y doit foigner les Arbres.
I
POur défendre du froid de nos Hivers toutes fortes d’ Arbres, tant les
Citronniers que les Limonniers, les Orangers & autres Arbres dé¬
licats , on a befoin d’une Serre d’Hiver d’où l’on puifle chafler le froid
fans le fecours du feu , & d’une autre encore où l’on puilTe recliaufer les
Plantes par le moyen du feu.
ün peut conlèrverdans la prémière prelque toutes les elpèces d’Oran-
gers, & quelques efpècesde Limonniers, de Mirthes & d’Oléandres ; car
lorfque le Thermomètre efi; à i j ' ou i6, ces Arbres peuvent réfifter , &
lenfuite on peut aufil donner de l’air à l’Orangerie.
Le Cédrat, le Citronnier, le Bifarré, & quelques Limonniers, ne
fauroient foufrir ce froid , fans perdre leurs feuilles , ou fans fe déchar¬
ger tous les ans de leurs fruits ; c’eft-pourquoi il leur faut pendant l’Hi¬
ver un endroit échaufé par le feu, où le Thermomètre ne doit jamais ê-
tre au-defibus de 1 7 ou 18, il faut aufli empêcher qu’il n’y ait dans les
environs qu’aulfi peu de vapeurs qu’il efi: polfible.
La manière la plus naturelle de conferver les Arbres , c’efi: quand par
une clôture exaéte , on peut les défendre du froid fans le lècours du feu ,
mais il faut toujours avoir grand foin que la gelée ne pénètre jamais dans
une Serre d’Hiver, car on aura de la peine à l’en faire fortir, quand u-
ne fois elle y aura pénétré. Au relie, il efi: certain qu’on ne produit au¬
tre chofe par le feu qu’une tranfpiration du froid, lequel, quand à cau-
fe d’une gelée de longue durée, on n’olè pas ouvrir les chalïis des vi¬
tres.
D E L A C A M P A G N E. . 37^
très, fe raflemble davantage dans un coin, pénètre dans la terre, &
preffe contre les troncs des Arbres leurs petites branches & leurs feuilles •
auquel cas trop de chaleur du feu ell aulîi mortel pour les Plantes , que
pour les hommes, qui morfondus à force d’avoir été longtems dans Peau
ou dans la glace, viennent à s’expoferà un feu ardent, & meurent fou-
vent parce que le feu chalTe le froid extérieur intérieurement ; ainfî ce
n’eft point le feu dans une Serre, qui fait mourir les Arbres, mais Tef-
fet du feu, qui efl la prefllon du froid vers l’intérieur; deforce qu’on le
gardera bien de faire jamais du feu dans une Orangerie fermée, où la
gelée a pénétré; mais on peut le faire quand on la peut ouvrir, ou qu’il
y a par devant ou par derrière au haut alTez de petites fenêtres pour fa¬
ciliter peu à peu la fortie du froid.
J’ai fait voir dans le I Chap. du I Livre de cette Partie y comment
'doit être faite une bonne Orangerie, Serre, &c. & ce qu’on doit ob-
ferver à cet égard ; deforte que j’y renvoyé les Leéleurs.
Le meilleur tems pour porter les Arbres fecs dans l’Orangerie, eft à
la fin de Septembre, ou au commencement d’Oétobre, car alors quand
le tems eft clair, il fait la nuit de petites gelées, étant certain qu’on gâ¬
te quantité d’ Arbres en les ferrant trop tard , ou en les tirant de trop
bonne heure de la Serre pour les placer en plein air. Les Orangers ref-
tent en bon état, quand le Thermomètre eft à 1 5^1, 16 ou 16?.
On arrangera les Arbres en les plaçant dans l’Orangerie , de ma¬
nière que le Soleil donne fur tous; il faut cependant que ceux qui en ont
le plus de befoin y foient aufli le plus expofés , comme les Orangers qui
aiment plus de chaleur & qui réliftent moins aux vapeurs , fur - tout le
Cédrat, le Bifarré,le Bergamot, & quantité de Limonniers : après cela
les doubles Oléandres odoriférantes & les Mirthes : on tranfporte en-
fuite les Lauriers, les Philaréa, les Alaternes, & l’on met dans l’endroit
le plus réculé les Grénadiers.
11 faut beaucoup arrofer les Arbres, après qu’on les atranfportés dan^
l’Orangerie : mais les Curieux ne font pas de même avis fur la manière
de les arrofer dans la fuite : il y a d’ailleurs une grande différence quand
les Arbres font plantés dans une terre gralfe & lourde , ou bien dans une
terre légère. Mr. de la Quintinie qui plante les Arbres dans une terre
lourde , humeéte rarement ou point , après ce prémier arrofement fait
dans l’Orangerie, il attend pour le faire jufqu’au mois d’Avril; mais j’ai
appris par mon expérience que dans ce cas les Arbres fe déchargent de
leurs nouveaux fruits, à la reprife de leur pouffe, parce que les pores de
leurs’
3^6 LESAGREMENS
leurs petites queues trop reflerrés par la fécIiere/Te, ne làuroient donner
paflage à la quantité d’eau dont ces fruits ont befoin. Je trouve encore
que le Limon ou telle autre terre plus ferme, rendue légère par la gelée,
écoule bien plus vite fon eau , qu’une terre fablonneufe bien grafle &
bien amendée. ’ Les Curieux varient pareillement au fujet du plus ou
moins d’air qu’il faut donner aux Arbres placés dans les Serres. On en
trouve qui n’ouvrent prefque pas les fenêtres de tout l’Hiver , tant que
les Arbres font ferrés , les laifTant croître autant qu’il ell polTible fans in¬
terruption, par le moyen de la chaleur qu’ils entretiennent dans l’O¬
rangerie: mais c’ell ce que je ne faurois approuver, parce que dans ce
cas la fève ne fe condenfe pas comme il faut ; cette condenfation ell cepen¬
dant néceflaire à toutes fortes de Plantes, car venant à manquer, les
Arbres ne peuvent croître naturellement , ni produire de bons fruits :
deforte que je m’étudie toujours à donner aux Arbres un air pareil à ce¬
lui dont ils jouilTent dans leur Climat : le plus bas en Hiver , félon le
Thermomètre, ell 17, au mois de Mars ip, & vers les mois d’Avril
& de Mai degrés.
Pour conierver les Arbres dans une Serre d’Hiver, je remarque en gé¬
néral qu’il faut toujours ouvrir les fenêtres en tems fec , tant qu’il ne ge-
le pas , ou qu’il ne gele pas aflez pour que la gelée piiifle pénétrer dans
rOrangerie,mais les lailTer toujours fermées quand il fait du brouillard,
un tems humide, & un vent de bize; car ces -vents froids de Nord, de
Nord -ell & d’Eh: font extrêmement nuifibles quand ils fouflent au Prin-
tems, parce que, malgré la chaleur d’un Soleil clair ils retardent beau¬
coup la pouffe des Arbres, fur-tout de ceux qui ont été encaiffés aupa¬
ravant, ou qu’on a tenus très renfermés pendant le commencement &
le fort de l’PIiver ; cependant quelque forte que fbit la gelée en Hiver,
pourvu que le Soleil luife affez clairement pour que les vitres fe dégè¬
lent, on ouvrira toujours les volets du dedans, afin que le Soleil puiffe
entrer dans l’Orangerie au travers des vitres , mais il faut les refermer
aulfitôt que les vitres recommencent h fe geler, car c’efl une marque
que la chaleur intérieure s’oppofe au froid du dehors. I>’un autre côté
quand il gele pendant le jour, & que le Soleil ne luit pas, il faut laiffer
toujours ces volets fermés ; & quand la gelée dure & qu’elle efl rude ,
il faut que tout foit exaétement fermé, tant extérieurement qif intérieu¬
rement.
Quand la gelée eft fi rude qu’elle oblige à faire du feu, il faut avoir
grand foin que tout foit exaélement fermé, par ce rechaufement on raf
fem-
/
DE LA CAMPAGNE.
•ü <• «
iemble toujours des vapeurs humides. Pour donc faire fortir ces va¬
peurs, on ouvrira les fenêtres , lors même qu’on fait du feu, aulTitôt que
le tems le permettra en s’adouciflant tant foit peu. Cependant, pour pré^
£èrver de tout accident les arbres voifins , il faut mettre entre deux une
natte de rofeau ou bien un paravent de bois, & laiflèr les fenêtres ou¬
vertes jufqu’à ce que la plus grande ardeur du feu foit paflee , parce que
c’eft alors que les vapeurs liumides le fèclient mieux.
CHAPITRE IV.
De la Place d'Eté^ ^ de quelle manière on y doit foigner les Arbres^
PLufieurs cliofes font requifos pour une bonne place d’Eté ; prémie-
rement que les Arbres ne foient pas trop expofés à l’ardeur du So¬
leil, mais qu’ils jouiflent d’une chaleur égale: en focondlieu qu’on puif-
le voir les fommités des Arbres; & en troifième lieu que cette place foit
lituée aux environs d’une eau pure & bonne pour les arrofemens journa¬
liers. Pour ce qui regarde la prémière qualité , il faut qu’il y ait tout
autour de la place de grands & de bons Arbres, qui rompent les vents
violens, qui divifènt les rayons du Soleil : les meilleurs pour cela font de
fort hautes Haies uniment tondues, parce que les Orangers y font à l’abri &
làns être liijets à l’eau, que les branches diflillent goûte à goûte, quoique
ces Haies tondues plantées près à près pour mettre à couvert des vents les
Citronniers, les Limonniers, les Orangers, ou pareils autres Arbres ,
interceptent beaucoup le Soleil; les Arbres croilTent cependant fort bien
dans ces petites partitions avec moins de Soleil; au-lieu que ceux qui
ont pendant le jour le Soleil plus longtems , croilTent moins bien & dé-
périflent même d’année en année. Cela prouve démonllrativement que
dans ce Païs les Orangers n’aiment pas un Soleil trop ardent; ce qui ell
cependant contraire à leur propre Climat, où ils viennent en plein air,
car en Portugal, à Goa, & ailleurs dans les Indes, ils jouilTent d’une
chaleur plus grande, & aulfi plus égale & plus durable, qu’ils n’en ont
ordinairement chez nous, étant plantés pour la plupart dans ces Païs-là
dans des vallées; deforte qu’il me paroit que le retardement de leur
poufle provient chez nous d’une trop grande chaleur du Soleil. Cepen¬
dant les Arbres n’ont pas dans ce Païs autant de chaleur qu’il le fem-
PartielL 'Bbb ble.
378 LESAGREMENS
ble le tems y étant fort inconftant ; & comme pendant que le Soleil luit
clairement , il fait un vent de bize fort qui donne aux Arbres qui font en-
caiffés de telles fecouffes, que leurs racines en font dégarnies de terre,
& que les branches de même que les feuilles fefèchent, cela divife aufli
tellement les rayons du Soleil , que , quoique les Arbres jouiflent d’une
grande chaleur, ils n’ont pas celle quieft abfolument nécelTaire à la pouf-
lè, n’y ayant point de réverbération des rayons du Soleil d’où provient
la chaleur; il en eil là comme fur les Montagnes où il n’y a point d’a¬
bri* 11 en ef; tout autrement des Arbres qui font à l’abri de tous les
vents dans de petites partitions , car quoique le Soleil ne les éclaire pas
longtems , ils jouiffent cependant dans ces endroits d’une chaleur fécon¬
de & égale 3 parce que les rayons du Soleil n’y font point du tout divifés;
outre que les racines y étant immobiles tirent continuellement de l’hu¬
midité de terre , ce qui perpétue la pouffe , fans compter que le vent ne
peut point fécher les branches ni les feuilles, ni en interrompre la pouf¬
fe.
D'^un autre côté , il faut pour un plus grand ornement qu’on puiffe
voir les fommités des Arbres; car comme le Soleil fait croître & réjouit
toute chofe , il eft certain que les branches & les feuilles fur lefquelles le
Soleil darde fes rayons , qui jouiffent d’un plein air , & que la rofée mouil¬
le, font les plus vigoureufes Sc les plus agréables à la vue, au-lieu que
les branches & les feuilles qui ont moins de Soleil , d’air & de rofée ,
& qui reçoivent l’eau que les autres branches dillillent, compofent une
Plante mince & grêle, prefque toujours fans feuilles, ou du moins point
colorées , ce qui déplait extrêmement à l’œil , aufli bien que les Arbres
qu’on ne voit que par deffous.
La troifième chofe requife dans une place pour l’Eté, c’^efl: qu’elle Ibit
fituée’ aux environs d’une eau pure & bonne pour les arrolèmens ; car il
eft bien pénible d’aller chercher loin l’eau dont on a plus ou moins be-
foin, félon qu’il fait un tems chaud ou feepour les arrofemens journaliers,
& lür-tout quand on a beaucoup d’Arbres.
Voyez dans le FL Cbap. du /. Liv. de cette IL Partie^ quelle eft la
meilleure eau pour les arrolèmens des Arbres , <Sc comment on doit s’y
prendre ; car on y traite particulièrement de l’eau.
Il ne faut pourtant pas tranfporter tout-à-coup de la Serre d’Hiver les
Arbres dans une telle place d’Eté, mais il faut les accoutumer peu à peu
à l’air & au Soleil , en les plaçant pendant quelques jours dans des en¬
droits un peu renfermés, comme fous de hautes Haies tondues, où ils
(oient
/
DELACAMPAGNE.
foient garantis de l’ardeur du Soleil ; on les y laiflera pendant huit ou
dix jours.
(Quelque beau que le tems nous paroilTe , il ne faut pourtant jamais ti¬
rer hors de la Serre avant la mi-Mai, les Citronniers, les Limonniers,
les Orangers , les Mirtes & tels autres Arbres ; parce que nous appre¬
nons par l’expérience, que même au commencement de Juin il fait un
tems inconftant, froid, & même quelquefois accompagné de gelée;
outre que lorfqu’il fait un tems d’Eté au Printems , il lè change fouvent
au commencement de Mai en un mauvais tems accompagné d’un vent
fort froid de grêle & de neige.
Quant aux Arbres qui ont été encailTés depuis le mois de Février,
jufqu’au tems qu’on les tire de la Serre , on doit lés mettre encore plus à
l’abri , & les accoutumer ainfî infenfiblement à la grande chaleur du So¬
leil ; car les tendres jets qu’ils ont poufles dans la Serre ne fauroient ré-
liHer à ime grande chaleur ni à des vents forts ; il faut encore y accou¬
tumer plus inïènfiblement ceux qui ont pouffé plus d’un feul jet dans la
Serre, parce que plus ces jets font longs, moins leurs feuilles réliffent,
ces feuilles devenant comme de la corne, le nombre prodigieux de pores
qu’ont la plupart des feuilles d’Orangers fe refferre trop , de manière que
les rayons du Soleil au-lieude paffer au travers, grillent la fuperficie des
feuilles , & les brûlent même quelquefois entièrement.
Il faut avoir foin , quand on fort les Arbres , que les Pots ou les Caif-
fès ne repofent jamais fur terre; prémierement, parce que li le Jardi¬
nier négligeoit de les tourner par ordre quand il en ell tems , il pourroit
arriver que les racines ayant pénétré au travers des trous en terre, y
tiendroient : or cela fait qu’on bleffe ou qu’on rompt les racines quand
on tranlporte les Arbres, ce qui n’en retarde pas lèiilement la pouffe,
mais caulè auffi corruption aux endroits bleffés ou rompus. En fécond
lieu, pour empêcher que les Vers ne montent au travers des trous;
puifque ces Vers n’ablbrbent pas feulement la graiffe de la terre, mais
font aufîi des trous autour des racines , par lefquels l’eau des arro-
lèmens s’écoule trop fubitement. En troilième lieu , pour que les Pots
ou les Caiffes foient moins fujets par deffous à fe falir, & afin de les
mieux confèrver. J’avoue cependant que les Pots ou les Caiffes po-
fées de plat à terre, n’ont pas befoin de tant d’arrofemen s, parce que l’hu-
midité de la terre y monte au travers des trous; c’eft pour cela qu’il y a
des Jardiniers qui les pofent ainli par pareffe , prétextant que les Caif¬
fes ayant par deffous un rebord d’un pouce & demi ou de deux pouces ,
Bbb 2 < ^
LES AGREMENS
380
& que le fond de ces Caifles étant bien encore à deux pouces du fondfj
ne touchent point à terre, on les pofera néanmoins fur des planches pour
les raifons que je viens d’alléguer , & même les grandes Caifles fur des
foliveauxen croix faits à cetufage, & élevés au-deflus de terre du moins
de l’épaifleur d’une brique.
Quelques précautions qu’on prenne en tranfportant les Arbres dans la
Serre d’Hiver, ou en les en tirant, il arrivera pourtant toujours plus ou
moins, que les racines feront dégarnies de terre, à proportion de la
grandeur de leurs couronnes ; defbrte qu’on doit avoir fur-tout d’abord
grand foin, quand une fois ils font placés, de les arrolèr beaucoup, de
manière que l’on puifle voir que l’eau s’écoule plus ou moins par le bas ,
afin que la terre foit par -là en état de fe joindre & de fe refîerrer de
nouveau. On ne fauroit donner des règles pour les autres arrofemens
d’Eté ; car cela doit fe faire à proportion que la Saifon efl: plus ou moins
bonne, que les Arbres pouflent vigoureufément, qu’ils ont de grandes
Couronnes, & qu’ils font chargés de fruits. J’ai dit déjà ci-devant qu’on
a traité cette matière dans le Chap. FL
CHAPITRE V.
De la manière de tailler les Citronniers , Us Limonmers £«? les Orm*
gersy tant dans Vendrait où Us font renfey'més pendant V Hiver y que
dans celui où ils font pendant VEté,
LEs règles générales concernant la taille de ces Arbres font les mêmes'
que celles qui regardent nos Arbres fruitiers, dont il faut cepen¬
dant excepter l’Oranger, parce qu’il en faut conferver les plus vigoureu-
fes branches, plus que de tout autre Arbre , & qu’il en faut retrancher
les rejettons trop abondans, de même que le bois grêle & mince, que
l’Oranger produit naturellement; ces branches n’étant pas en état de
produire des fleurs bien nourries, ni, par une fuite néceflaire, de bons
fruits.
LeLimonnier, au contraire, poufle ordinairement de grofles brani
ches droites; c’eft pour cela qu’il faut les racourcir davantage, & laifler
intérieurement plus de petit bois , afin que l’Arbre foit garni de feuil¬
les, & remédier ainfl au mauvais coup d’œil qu’offrent par -là ces bran¬
ches ou bras tout dégarnis- Le
DELACAMPAGNE. 3S1
Le Cédrat ne fait pas du bois fi tortu que TOranger, ni d’au fil grofi
fes & d’aufiTi droites branches que le Limonnier : pour cette raifon il faut
le racourcir plus que l’Oranger, moins que le Limonnier.
Le but de la taille eft principalement d’aquerir de belles Couronnes ,
& des fruits parfaitement beaux.
La beauté de la Couronne confifte en ce qu’elle ait la figure d’un cer¬
cle plat arrondi, fans qu’une branche paffe l’autre, & que les branches
foient en état de produire de bons fruits, fe foutenant d’elles -mêmes
fans être liées; que de plus elles foient bien garnies par-tout de feuilles,
enforte qu’on n’y voie point de bras dégarnis. Pour leur donner cette
forme il faut laiffer annuellement croître plus ou moins librement les Ar¬
bres, félon qu’ils croiflent avec vigueur , pour le plus cependant, quand
il s’agit d’ Arbres à couronne , fix pouces tout autour : de plus pour n’en
pas perdre entièrement la pouffe, & pour les engager à pouffer des jets
vigoureux, on retranchera ou pincera tous les jets furnuméraires quand
ils commencent à paroître,& on racourcira les autres ;<Sc on taillera tou¬
jours comme mauvais le bois mince & grêle. De plus, pour former la
Couronne , il ne faut jamais que les branches d’un côté aident à la
former de l’autre, deforte qu’on les retranchera toujours, puifque l’in¬
térieur de la Couronne doit ccre formé de branches droites ; outre qu’on
peut tourner de tous côtés au Soleil ces Arbres encaiffés (ce qui doit
aufii fe faire toutes les trois femaines), afin que la Couronne en foit par¬
tout égale.
En général il faut avoir foin de tailler fort uniment les branches &
fur-tout les greffes, fans y laiffer aucuns moignons; après quoi il faut
couvrir de cire préparée les endroits coupés des greffes branches.
Outre cette taille-là il s’en fait encore une autre; elle confifte dans l’a-
batis de la tête ou de la Couronne, ce qui fe fait pour empêcher que l’Ar¬
bre ne devienne tout- à- fait difforme, fa vieilleffe ne lui permettant
pas de pouffer chaque année de bonnes branches & des feuilles bien
nourries, & dépériffant ainfi d’année en année. Ou parce que la tête
ayant été maltraitée, a été réduite dans un état, que, fans cette opé¬
ration, elle ne fauroit avoir une belle figure, ou bien aufll parce que
l’Arbre efl devenu languiffant , faute d’avoir été bien fbigné, planté»
tranfplanté, arrofé, préfervé du froid, &:c. de manière qu’il efl nécef
faire qu’on lui coupe la tête , &: qu’on faffe en même tems la taille de
fes racines.
y oyez pour ce qui regarde la taille des racines le L Chap, du//. Lïv*
Bbb 3 de
LES AGREMENS
3S2
de la /. Partie , où Ton traite des Arbres en général.
Le tcms le plus convenable pour couper la tête aux Arbres, & pour
la taille des groffes branches, eft la mi-Février, fur-tout quand on peut
placer dans la Serre nommée Trek-kas , leS Arbres auxquels on a fait
cette opération. Il ne faut laifler aux branches des Arbres dont on a cou¬
pé la tête, que la largeur d’une main au plus, & fî cela peut fe faire
fans inconvénient , trois ou quatre de ces l3ranches ravalées au plus gros
Arbre, toutes les autres devant être taillées uniment joignant le tronc,
& être d’abord toutes couvertes de cire comme il a déjà été dit : il ne
faut pas laifler non plus les moindres petites branches minces aux
branches ravalées , parce que ce font ces moignons qui pouflent des jets
vigoureux, propres à former en peu de tems une belle tête. Les au¬
tres jets furnuméraires doivent être d’abord pincés de la main , dans le
tems qu’on lailTe croître les autres au poiilt qu il le faut pour poùfler de
nouvelles branches propres à former la Couronne: fe coiiduifant alors,
par raport à la taille & au ravalement, félon que la poufle & l’état de
l’Arbre le demandent. Par ce pincement des nouveaux jets on empêche
aufli que les vigoureufes branches ne deviennent des bras dégarnis , par¬
ce qu’alors elles crevent intérieurement , & pouffent ainfi de jeunes bran¬
ches bien nourries & bien garnies de feuilles , que run uonferve folgneu-
fement , retranchant pour lors les vieilles.
Pour avancer la maturité du fruit, on arrêtera la poufle des nouveaux
jets, en les rognant lorfqu’ils commencent à bourgeonner, parce que la
vigueur de l’Arbre paffe alors mieux dans le fruit.
CHAPITRE VL
’ De quelques Citronniers , Limonnièrs , ^ Orangers*
FErrarius (de cultura Maîorum Aureorum Cap. VIT) donne divers
noms au Gitixmnier^ i’appellant auÏÏi Malum Cedrium\ on le con-
noit en Hollande- fous le. nom de Cederaet ^ & en François fous celui
de Cédrac^ ou Cédrat. À l’en croire le Cédrat «Sc le Citronnier ont
Ja même forme , mais comme la figure & la defcription du fruit qu’il
donne ne reflemble nullement à notre Cédrat, il faut que ce foit une au¬
tre elpèce: le Gédi-at de ce Païs ayant’ une peau plus fine, mais'plus
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D E L A C A M P A G N E. 383
boutonnée, de couleur jaune clair, comme la 2. Fjg. ci-jointe le démon¬
tre : il a, quand on l’a coupé en deux, dix pellicules fans pépins; ilefl
plein d’un jus aigrelet fort agréable; les branches font garnies de pi-
quans fort affilés. Ferrarius en indique dans ion prémier Lwre cinq ef-
pèces différentes, & Commeljn dans fon Hefper ides des Fats-Bas qua¬
tre, ajoutant que le Citron qui a une figure différente des autres effun
jeu de la Nature.
Ferrarius compte jufqifà cinquante-cinq efpèces de Limonniers ; mais
Commelin dit qu’il n’en connoit que lèpt, ajoutant que le Limon d’une
figure difforme eff un jeu de la Nature, & précifément le même que ce¬
lui de Sbardonius.
Ferrarius dans fon IF. Livre compte vingt différentes fortes d’Oran-
gers, & Commelin ne fait mention que de neuf: mais depuis eux j’ai
appris à en connoître plufîeurs autres fortes , quoique je convienne avec
Ferrarius , qu’il y en a beaucoup qui ne font qu’un jeu de la Nature.
Parmi ces elpèces Ferrarius & Commelin mettent l’Orange douce de
Lisbonne , laquelle cependant je trouve être non feulement différente,
quant au fruit & à la feuille, mais qu’elle demande même une tout au¬
tre culture que l’Oranger.
Si le Leéteur eff curieux d’en lavoir davantage liir ce fiijet, il n’aqifà
conlulter Ferrarius & Commelin , ne trouvant nullement néceffaire de
copier ici ce qu’ils en difent, aimant mieux en décrire quelques autres for¬
tes fingulières ou bâtardes, qu’on a appris à connoître depuis Ferrarius.
. Parmi celles-ci méritent le prémier rang plulieurs fortes de Cédrat
Hermaphrodite ^ connu fous le nom de Bilàrré. Le Profeffeur Herman
l’appelle dans fon Horto Âcademîeo Liigduno - Batam , Malus Arantia
Hermaphrodita , frudu medio Citrio , medioque Arantio odoratijfimo 5
pour moi je ne le nomme point Orange , mais Cédrat Hermaphrodite y
parce que la moitié delà chair intérieure eff toute blanche, & qu’il tient
très peu du goût de l’Orange. Ces fortes n’ont pas été connues dans
ce Païs ni de Ferrariiis ni de Commelin , ce dernier n’en failant point
mention: il paroit mêtne qu’Herman ait ignoré, qu’outre les elpèces bâ¬
tardes, elles produifeni! aulîi du Cédrat parfait, & de véritables Oranges.
J’ai eu non feuleriieiit à la même grefe, mais j’ai vu auffi fur une feu¬
le petite branche, à deux Arbres de différentes fortes, trois fruits par¬
faitement nourris & riûrs, accompagnés de quantité d’autres, lefquels
j’ai fait parvenir par le' moyen de ma grande Serre nommée Trek-kas , â
une groffeur parfaite, & que j’ai cueillis le 12 de Décembre 1711, &
fait
LES AGREMENS
2%
fait delTiner : deux de ces fruits font entièrement Cédrat, deux entièrement
Orange, & plufieurs autres mêlés, tant par moitié que plus ou moins.
La Fig. 2. repréfente le Cédrat (approchant du Limon) en fon entier
avec fes feuilles, & aulTi coupé par le milieu ; fécorce eneftunpeu rude,
d’un beau jaune, & un peu plus haute en couleur que ne l’elt communé¬
ment l’écorce du Limon doux. La moelle eft divifée par neuf pellicules,
pleine d’un jus agréable & fort , quoiqu’aigrelet , fans aucun pépin. La
chair eft raifonnablement épaifle , agréable au goût ; elle a tout autour ,
comme aulîi dans la moelle, de petits trous ronds; les feuilles font par¬
faitement égales à celles du Cédrat.
La Fig. 3. repréfente l’Orange entière, & la Fig. 4. le Bîfarré ou
VHermaprodite ^ coupé pareillement par le milieu, ayant neuf pellicules
fans aucun pépin. L’Orange a une écorce lifle & amère, elle eft exté¬
rieurement de la couleur d’une Orange commune , d’une figure un peu
plus longue , quoique très ronde , ayant par delfous un petit cercle. La
chair en eft fort mince , & d’un blanc tirant fur le jaune. La moelle
paroit être encore d’un rouge plus foncé que l’écorce ; elle eft pleine d’un
jus aigrelet fort, mais agréable. Les feuilles ont de petits cœurs , & font
parfaitement femblables à celles des Orangers. Le Bilarré & tels autres
fruits mêlés font par dehors les uns plus femblables H l’Orangcjlcs autres font
moitié Cédrat & moitié Orange , & d’autres extérieurement reftemblent
plus au Cédrat & moins à l’Orange; la plupart font crochus comme le bec
d’un Perroquet. L’écorce du Cédrat Bifarré eft un peu rude, comme le
Cédrat pur, mais d’une couleur qui tire un peu plus fur le jaune, & qui eft
moins divifée par moitié ou en plus petites partitions, mais par des raies
plus ou moins larges, comme 011 en peut juger par le bourgeonnement,
car quand le Cédrat fo trouve dans l’Orange jih bourgeonne davantage,
& l’Orange rentre davantage. Ce qui étoit Cédrat ou Bifarré avant
que d’être parfaitement mûr, avoit la même odeur que la Tulipe jaune
couronnée , mais un peu plus piquante , & à mefure qu’il meuriflbit da¬
vantage , il avoit en même tems une odeur mêlée auftl agréable que cel¬
le du Cédrat, de l’Orange & de la Tulipe en queftion. Cette Oran¬
ge mêlée a la couleur un peu plus foncée que celle qui eft tout- à -fait
pure , & que celle qui eft liffe & amère. L’écorce du Cédrat eft d’un
goût auftl agréable que l’eft celui du meilleur Limon, La chair, quand
il eft entamé, eft à l’endroit où fe trouve le Cédrat, d’un blanc tirant
fur le bleu , & raifonnablement épaifte , & moins blanche & moins é-
paifle à l’endroit où eft l’Orange , mais tirant fur le jaune , étant auftl
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5e^
DE LA CAMPAGNE.
3S)
pîus coloré tout comme Técorce extérieure, La moelle efl aulTi blan¬
che, mais elle paroit plus ou 'moins jaune à rendroitoù efi; Técorce d’O-
range, d’un goût aigrelet fort agréable, femblable à celui du Citron.
Quant au fruit où il y a le plus d’Orange, l’écorce en eft d’une couleur
beaucoup plus foncée & plus rude, plus relevée en bofle. La chair in- •
térieurement féparée, tout comme celle qui fè trouve par moitié; le
goût de l’écorce de la chair, de même que du jus, fui vent la nature de
chacun de ces fruits. Les feuilles fuivent la nature des fruits, car à l’en¬
droit où il y a le plus d’Orange, elles ont à leurs extrémités un petit
cœur un peu long, & le verd foncé ablbrbe aulTi celui qui eft plus pâle.
Là où il y a plus de Cédrat , les feuilles n’ont point de ces petits cœurs ,
& font aufli plus femblables à celles du Cédrat , & le verd foncé ne s’y
trouve pas tant. Les feuilles du Bifàrré font d’abord rougeâtres, un peu
longues , retirées , & quelques - unes anguleulès. Le Cédrat vient à
l’endroit où le bois , qui lè trouve par-tout garni de piquans , eft le plus
mince ; & les feuilles d’Orange , à l’endroit où le bois croît avec le plus
de vigueur , & cela de manière qu’un Arbre fort vigoureux deviendra
entièrement Orange , fi on ne lui taille point ce qui eft Orange.
Les Arbres de cette efpèce font plus délicats que les Limonniers, &
ne fauroient produire dans ce Pais du fruit mûr, ft ce n’eft par le moyen
d’une prolongation artificielle de l’Eté dans la Serre. La fleur de cette
Orange eft blanche comme celle de l’Orange commune.
Celles du Cédrat font d’abord ruugcâci es , comme celles du Citron ;
& celles du Bifàrré font mêlées, 6c quand le fruit eft encore petit, il pa¬
roit verd av£c de petites élévations rouges. Le bois eft un peu tortu ,
gris entre le. tronc du Cédrat & de l’Orange.
J’ai encore vu croître à un même Arbre cheï. moi ces trois fruits diffé-
rens lavoir , V Hermaphrodite reprélènté dans la Fig. 4. le Limon Berga-
mot dans la Fig. & VOrange dans la Fig. 6. lefquels étant coupés par
le milieu , différent très peu du Cédrat Bifàrré repréfenté ci-devant , de
même que l’Orange , excepté qu’ils ont par dedans dix pellicules.
Le Fompelmoes ^ Fig, 7. repréfenté au naturel, & dont la circonfé¬
rence eft de 20 pouces, mefure de Rhinlande , n’eft pas connu ni deFer-
rarius ni de Commelin : il a été tranl|X)rté dans ce Païs de Suriname ; 6c
il y a été de tems en tems cultivé. J1 y en a de deux fortes, qui de mê¬
me que les autres plantes qu’on cultive dans des Pots ou dans des Caift
fes, croilTent vigoureufement , Redeviennent de beaux Arbres. Leur
bois a la même couleur que celiü du Limon ; leurs branches font fortes 6c
F art ie IL Ccc gar-
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LES ACRE MENS
I
385
'garnies de pîquans; leurs feuilles font d’un verd moins foncé que celles
d’Orange, mais plus grandes, un peu pliis longues & un peu retirées
vers le milieu, & n’ont point par derrière de petits cœurs. Le fruit de
la plus grande forte eft ovale , rentrant un peu vers la fommité , 6c plus
■ mince dans de certains endroits comme une Poire.. La couleur de l’é¬
corce eft d’un jaune clair , pareille à celle d’un Limon frais, & tique- i
tée comme elle: fa moelle a dix pellicules, & plufieurs pépins dans* le
milieu. La chair en eh: d’un blanc tirant fur le jaune : il a un goût dou¬
ceâtre un peu gras, mêlé d’une petite pointe d’amertume, à peu près
comme celui d’une Enule-campane confite. Le jus a une couleur jaune
tirant fur le rouge. Le fruit de la plus petite forte efl rond , mais plat ,
plus reffemblant à POrange ; ayant , au refie , la même circonféren¬
ce que l’autre : fa moelle efl moins amère , mais plus rougeâtre : les
feuilles ont par derrière un grand cœur , mais elles refièmblent d’ailleurs
à celles de l’autre efpèce dont on a donné la defcription.
Bergamote: il y en a de deux fortes, favoir le Limon & l’Oranger
dont la prémière efl un peu longue , & l’autre , lavoir l’Orange- Berga-
piote, efl parfaitement ronde , confèrvant par deflbus au milieu dn
fruit , le centre de la fleur ; elle a des feuilles retirées , telles que la Fig.
8. les repréfente avec le fruit; la couleur 6c le goût de l’écorce & du jus
relTemblent à plufieurs égards au Pompelmoes , & n’en diffèrent d’ail¬
leurs guère que par la groffeur; elle a intérieurement onze pellicules,'
mais point de pépins.
V Or ange verte £«? douce rojat , en Hoîlandois de Groene zoete geroof- ■
deOranje-i Fig. 9. efl un fruit fort connu à Batavia dans les Indes; |
c’eft un Arbre très vigoureux, dont les feuilles font d’un verd pâle,. !
comme aulPi l’écorce, laquelle efl un peu rude;^ le fruit a intérieurement i
huit pellicules , 6c un jus très agréable. ’
La Fig. 10 reprélènte un fruit pareil, mais boutonné, 6c d’un verd 1
plus foncé, ayant intérieurement onze pellicules, pleines d’un jus doux •
6c auffi très agréable. La couleur intérieure de ces deux fruits eft com- ,
me celle de l’Orange douce commune.
Orange Turque. Ses feuilles font vertes , mais elles ont des taches pâles
qui pénètrent au travers ; elles font de plus un peu longues 6c étroites , i
6c pour la plupart par-ci par-là anguleufes; quand pour avoir pouffé trop
vigoureufement, ces Arbres s’abâtardiffent, les feuilles deviennent plus
larges 6c font fans taches; 6c quand ils s’abâtardiffent faute de croître,
les feuilles en deviennent encore plus étroites 6c plus tachetées , 6c alors
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DE LA CAMPAGNE. 38^
onjes appelle Orangers à feuilles de Saule. Cet Arbre paroit être le
même que Ferrarius nomme Aurantium Jlriatum.
REMARQUES EXACTES
Touchant la manière de cultiver les
t
VIGNES
Et d'avoir infailliblement des Raifins dans des Serres artificiellement
rechaufées,
IL faut que les Vignes , tant celles qn’on fait croître par le moyen du
feu que par la chaleur du Soleil au travers des vitres, Ibient plan¬
tées dans la Serre même, mais de telle manière cependant que leurs ra¬
cines puilTent s’étendre au long & au large , & auffi vers le bas dans la
terre commune. Les Serres doivent être conflruites, félonie delTein in¬
diqué dans la Planche ci-jointe. La Fig, i. eft la plaque droite, traver-
lee par le tuyau ou conduit de la fumée d’une Serre à vignes artificielle¬
ment rechaufée de cinq chalTis de vitres , où l’on fait du feu de deux
côtés,
La Eig. 2. eftla plaque droite , traverfée par les trois conduits de la
fumée (dont les deux inférieurs font couverts de Carreaux de brique) ,
avec la muraille de derrière & la cheminée.
La Fig. 3. repréfente la même Serre droite par devant, ayant au haut
cinq petits volets pour donner de l’air, & delTous les vitres tout du long
une planche clouée à de petits piquets, qui defoend jufqu’à terre.
La Fig. 4. eft le profil avec la muraille droite , & la petite muraille
double, comme aufli entre deux le prémier conduit de la fumée-r ce qui
paroit au devant c’efl la terre qui eft dans la Serre , qui fe réunit avec le
fond extérieur.
La Fig 5*. eft la même Serre en perfpeétive.
Suivant ce deftein on peut aulfi conftruire des Serres de quatre chaf-
fis de vitres & avec trois condjiiits pour la fumée , où l’on ne faffe le feu
que d’un feul côté ; mais pour lors avec cette dift'érence , que la chemi-
' Ccc 2 née
LES AGREMENS
388
née ne doit pas être placée dans le milieu , mais au bout de la Serrée
Qiiant à ces Vignes il faut remarquer, que celles qu’on tâchera d’a¬
vancer par le fecours du feu , doivent avoir crû l’année précédente en
plein air, fans avoir été couvertes de vitres; parce que le bois de celles qui
ont ainfi été fous des vitres , ne pouffe pas affez vigoureulèment dans les
Serres ; que plufieurs boutons s’en perdent , & que même quantité de
grapes fe changent en vrilles. De toutes les fortes de Railins , qu’on
cultive ainfi de primeur, les meilleurs font ceux que nous nommons en
Hollande Water-zoeten^ & de ceux-ci encore les meilleurs de tous font
ceux que nous appelions vroege mn der Laan. Pour faire encore mieux
connoître cette culture , je joindrai ici quelques expériences curieufes.
A la mi-Novembre je fais la taille aux Vignes de la Serre; mais quant
à cela il faut fe fou venir, qu’on doit la faire au delTus d’un bouton, le¬
quel cependant ne doit jamais être des plus gros ', non feulement parce
que croilfant trop vigoureufement il poufleroit deux jets uu plus encore,
mais aiiffi parce que cela feroit fouvent changer les grapes en vrilles. Si
cependant quelque ignorant Ta voit fait ainfi, & fi on s’en apperçoit, on
ne coupera jamais le jet furnuméraire , mais on le rognera au defliis de la
dernière grape , (on ne doit y laifler que deux "grapes) , & l’on, arrête¬
ra ainfi la pouffe, & l’on empêchera fouvent par ce moyen que la grape
ne fè change en vrilles.
Les Chaffis de vitres furent mis devant la Serre le 1 5; de Décembre
le 7 de Janvier on commença dans une Serre de cinq chaffis à faire de
deux côtés un feu de quatre tourbes ^ au milieu defquelles on mit des¬
charbons tout allumés ou à demi-allumés.
Cela fait on eut jufqu’au 8 de Février un tems d’Hiver doux avec peu
de Soleil, cependant la Serre ne fut jamais couverte par devant.. Le 9
de Février je la couvris pendant la nuit avec de fimples nattes de ro-
fcaux, & enfuite avec des doubles jufqu’au 19; mais comme il commen¬
ça à geler plus fort, je pendis encore fous les nattes de rofeaux, d’épaif-
fes couvertes de poil, & l’on couvrit auffi d’une couverte de poil les pe¬
tits volets d’en-haut.
Le 20, le 21 & fur-tout le 22 de Février il gela rudement, de maniè¬
re que le Thermomètre placé hors de la Serre étoit 81 : depuis le 20 de
Février jufqu’àu 17 de Mars, il gela le plus par un tems clair & un beau
Soleil , & quoique l’air fut quelquefois couvert , la Serre avoit pourtant
toujours été découverte pendant le jour. Pendant le plus rude froid je
iàifoxs des deux côtés ua feu. de quatre tourbes, avec deux par deffus.
DE LA CAMPAGNE.
2^9
fans le feu intérieur, lequel, quand Pair étoit couvert, je renoiivellois
trois fois, favoir le matin de fort bonne heure, vers midi, & le foir à
neuf heures; mais quand le Soleil luit on ne fait que deux feux en 24. heu¬
res. Le 22 de Février après la nuit froide dont je viens de parler, le
Thermomètre placé dans la Serre étoit le matin à 22 ; mais le 26, quoi¬
qu'il fut à 10 hors la Serre, il étoit feulement à 20 dedans, parce quels
Soleil n’avoit pas tant paru le jour précédent.
Jufqu'aii Mois de Mars le Thermomètre étoit prefque toujours Is ma¬
tin a 24.1 & après le 10 ou le 12 de Mars à 2f & 26, & de jour, àme-
fure que la laifon devenoit plus belle, à 29, 30, & aulTi 335*, &pour -
le plus à 37, fans Soleil. Après le 17 de Mars jufqu'au 27, & aulfile
2p, il fit un très mauvais temspour les Plantes ferrées; comme auifi de¬
puis le 4 d’ Avril , que je fis de nouveau foir & matin du feu , ce que de¬
puis le mois d’ Avril je n’avois fait que le foir. Le matin le Thermo¬
mètre ne fut jamais plus bas que 2Ç, & quelquefois 27, 283 & rare¬
ment 30.
Je ne tis point du tout de feu le 12 d’Avril jufqu’aii 18; mais alors il
fituntems pluvieux fi mauvais & fi froid, que je fis encore du fèu foir &
matin.
Depuis le i de Mai jufqiPau ii je fis quelquefois deux feux, parce
qu'il y avoir des jours cres rudes; mais le plus fou vent je n'en fis qu'un
par jour*, ce que je fis même une fois le 22 de Afai.
Le 9 d’ Avril le Thermomètre du dehors par un tems de pluie étoit a
26 5 & le 1 2 à 24 que j’otai les chalfis , pour que la pluie arrofât les
Vignes, quoique le fond intérieur eut foiivent été arrofé avec de i'eaa
de pluie froide. ^
Aulfi longtems qu’il ne parut point de feuilles aux Vignes , j'e ne
donnai pas d’air par le haut, mais dans la fuite je lui donnai entrée en
toute occafion ; c’efi: ce que je fis le 6 de Février en ouvrant entièrement
les cinq petits volets d'en-haut jufqii’à Midi , le Soleil luifant clairement
& le vent étant Sud-ouell. En général Je donne toujours de l’air
quand le Thermomètre ell à 33 ou plus haut. La nuit je n'ouvre or¬
dinairement pas tant les volets , & je pends par defius des couvertes
laine.
Par cette pratique les boutons de la Vigne commencèrent le de
Janvier à le gonfler fenfiblement, ils étoient ouverts le 2 de Février &îe
verd ayant paru fe trouva être déjà le 5* de Février de la longueur du doigt.
Le 12 de Mars je lui fis la première taille. Le 15 ils fieurifibient tousjy
Ccc 3,
LES AGREMENS
390
& le 27 de Mars ils avoient entièrement achevé de fleurir. J’en cou¬
pai les premiers Raiiïns mûrs le 25 de Mai, & le 19 de Juin les der¬
nières grapes plus tardives. Je trouvai que je les avois trop couverts
pendant la nuit , car le Thermomètre avoir fouvent été le matin plus
qu’à 25.
Après que ces piés de Vignes eurent fait l’Eté fuivant de très mauvais
bois 3 on les coupa au mois de Novembre à un bon demi-pié au defllisde
terre , ces piés pouffèrent l’année d’après en plein air des farraens très
vigoureux , dont je coupai l’Eté fuivant (c’eft-à-dire le troifîème Eté a-
pres qu’ils eurent produit du fruit dans la Serre) , quantité de très bons
K ai fin s.
Leur pouffe ayant continué jufqu’à la mi-Oélobre , ils fe dépouillè¬
rent de leurs feuilles, ce qui m’engagea à leur faire la taille le 28.
Au commencement de Novembre il gela pendant cinq jours & au¬
tant de nuits, mais pas fort, le Thermomètre , quand il fit le plus froid,
n’étant qu’à 14I, après cela pendant fept jours de fuite il ne gela point;
mais au bout de ce tems - là il gela encore un peu plus fort , le Ther¬
momètre étant depuis le 13 de Novembre jufqu’au 29, 14.Î 13, 12I,
14!, 13, 122, ]iî, 13^, 13, II, II, 10, 12, 13, & i2î, après
quoi il dégela, excepté quelques nuits en Décembre.
Je mis le 19 de Décembre les vitres devant les Vignes, & je com¬
mençai le I de Janvier à faire des deux côtés de la Serre un feu de cinq
tourbes, fans le feu du milieu, je veux dire quatre tourbes en quarré &
une par deffus.
Pendant le mois de Janvier il gela fi peu , que les petits Foffés ne fu¬
rent que trois fois un peu.^gelés , le Soleil luifit peu,& il tomba beaucoup
de pluie: on couvrit, feulement la Serre pendant la nuit de fimples nattes
de rofèaux; cependant on ne voyoit aucun changement aux boutons
jufqii’au 14; mais après ce tems-là ils fè gonflèrent fi fiibitement, que le
17 ils étoient déjà jaunâtres. Jufques là je n’avois point donné d’air,
mais je commençai alors à en donner, félon le tems qu’il faifoit, en ou¬
vrant deux ou plus- de petits volets , quelquefois tous les cinq j depuis
dix ou onze heures, jufqii’à deux & demi ou tro's heures.
Ces Vignes avoient déjà pouffé de fort longs jets le 26 de Janvier,
fans qu’il y parût, cependant aucune grape, deforte que craignant de les
avoir trop précipitées , je ne les fis plus couvrir pendant la nuit de nat¬
tes de rofèaux: malgré cela le matin le Thermomètre pour le plus bas
étoit à 2> , quelquefois aulfi à 26 & 29, étant ‘de jour en plein air à 16,
DE LA CAMPAGN'E.
391
17, 1S5 dans la Serre fans Soleil, de jour ordinairement
h 2(j y 30 5 & rarement à 33. Je vis quantité de petites grapes le 28 de
Janvier; mais le 2 de Février je crus qif elles croiflbient avec trop de vi¬
gueur , le Thermomètre étant le foir en plein air à 17; deforte que je
laiflai pendant la nuit tous les petits volets ouverts de la largeur d’une
main: parce moyen le Thermomètre étoit le matin dans la Serre à 21,
& dehors à 16, faifant quelquefois du brouillard & quelquefois un beau
Soleil, le jour à 31 & 32; pendant ces mois le Thermomètre étoit.
Dans la Serre. Dans la Serre.
Janvier.
bas.
haut.
Février.
bas.
haut:
I
19
4
-
23
I
-
26
-
- 29
2
-
19
m
24
2
-
21
-
32
3
-
191
-
-
2^
3
-
22
-
- 26
4
m
18
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m
23
4
-
24
-
- 36
5
-
19
-
m
24
5
-
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-
- 30
6
-
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-
m
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6
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-
- 30
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-
-
8
-
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-
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m
23
-
-
27
9
-
23
-
- 31:1
10
-
24
-
-
28
10
-
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-
- 28
II
-
26
-
-
27
II
-
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-
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26
-
-
281
12
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23
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-
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13
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24
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-
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-
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29
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m
28
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-
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m
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m
29
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m
251
-
- 27
23
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-
m
285
23
24
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- 28
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26
m
m
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-
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24
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-
29
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-
24
-
- 28
26
m
2^
m
-
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2S
-
26
m
• 3^
^7.
m
26
m
m
271
27 r-
26
m
r 3^
28
392
LES
AG REMENS
Dans la Serre.
Dans la Serre.
Janvier.
bas.
haut. Février. bas.
haut
28
- 2)- -
- 28 28 - - 2^ -
- 3S
29
- 2(5 -
- 30
30
- 2(5
- 31
3ï
- 27 -
- 33
Il fit le 1 5 2 5 3 5 4? ^5 8, 9, 10, 14, i6, 26, 27, & 28
de Janvier un beau tems, & accompagné d'un Soleil fort clair, très peu
de vent Sc point du tout de pluie: jufqu’au premier de Février je n'a vois
été qu’un jour làns donner de l’air, j’en donnoismême tous les jours par
un tems de gelée, froid & chargé de brouillard, tels qu’étoient le 17 ,
ig, 19, 20, 21, 22, 23 & 24 de Jîfnvier, en ouvrant à moitié un
volet & en couvrant cette ouverture d’un üc à laine quivenoit jufqu’aux
vitres, & la Serre pendant la nuit de iimples Nattes de Rofeaux, que
J’otois le jour depuis onze heures , même quand il failbit un air froid &
chargé de brouillard; le plus grand froid en plein air étant 12. Ce ne
fut que le 2 1 que, je lis trois petits feux de fix tourbes ; mais les autres
jours je n’en fis que deux. Le 21 & le <5 ^5 je donnai de l’air par un petit
volet & au travers d’un fac à laine, le Thermomètre étant en plein air à
I2i la nuit, & à 14 le jour.
- Le 23 je n’employai plus la couverture de Nattes pendant la nuit,
je ne fis aufli qu’un feu de cinq tourbes comme à l’ordinaire ; le Ther¬
momètre en plein air étoit la nuit à 14, & le jour à i/j.
Le 8 de Février je pinçai le bout de quelques làrmens, 6c taillai à deux
yeux une branche qui n’avoit point de grapes; le 24 il y avoit au mi¬
lieu de la CailTe en bas contre la petite muraille une grape de fleurie,
laquelle fut coupée mûre le 16 d’ Avril; le 26 il y en avoit plufîeurs au¬
tres de fleuries ; ce jour là il fit auffi un tems fort doux , dont je profitai
pour faire la taille d’Eté générale, 6c pour couper les vrilles; pendant
neuf jours l’air avoit été couvert, chargé de brouillard 6c dilpofé à la
gelée.
.Le 10 de Mars en plein air le Thermomètre étoit à 21 ; je fis alors
en tems de bourafques la fécondé taille d’Eté.
Le 12 dç Mars tous les Raifins avoient achevé de fleurir; je décou¬
vris à trois ou quatre grapes des grains gros comme de gros pois verds.
Le 1(5 6c le 17 de Mars, je craignis que pendant la nuit il ne gelât fort,
k Thermomètre en plein air étant à 14; deforte que j’ordonnai qu’on
rc-
I
DE LA CAMPAGNE.
3P3
^ »
"retïiît la couverture de Nattes de rofèaux, mais cela fut inutile) parce
•que le Thermomètre dans la Serre étoit le matin à 27, ce que je penfe
•être trop haut. Depuis le 20 de Mars julqu’au 27 il fit un tems ex¬
traordinairement clair & beau , deforte que le feu ordinaire étoit trop
chaud; le Thermomètre fans Soleil, & avec les volets ouverts monta à
41 : de manière que je fus obligé le 24 de faire mettre à onze heures &
demi des Nattes de rofeaiix devant les vitres, & j’ordonnai qu’on ne mît
au feu que trois tourbes & une par defliis: cependant il relia encore le
matin k 26, (Je donne toujours de l’air, quand fans Soleil le Thermo¬
mètre ell à 30, par un, deux, trois, quatre, ou tous les volets enfem-
ble, le degré le plus convenable étant pour cela, 35:, 36, 37, 38, &:
pas plus haut) le 28 de Mars il avoit alTez gelé , étant à douze en plein
air, & comme la Serre n’avoit pas été couverte jufques à cinq heures du
matin, & que le feu n’avoit été que de quatre tourbes, il étoit dans la
Serre même feulement à 23* Le 29 je ne donnai point d’air, parce que
le vent fouflant violemment de l’Elt & du Nord , il faifoit extrêmement
froid réordonnai pour cela de couvrir avec des doubles Nattes,par ce mo¬
yen le Thermomètre étoit le matin à 25; ,& pendant le jour en plein air
depuis 33 julques k 35; ,& enfuite au commencement d’Avril pendant le
jour & avec les volets ouverts , depuis 37 jufqu’k 39. Le 30 & le 3 r
de Mars , le i , 2 , 3 , 4 , de Mai , fur-tout le ^ d’Avril il gela fort (eu
égard k la Saifon) dans la matinée ; j’employai la couverte de Nattes de
rofeaux fimples, & ne fis qu’un feu de trois tourbes: malgré cela le
Thermomètre étoit le matin à 2j & 26, & le 7 d’Avril k 27; deforte
que je ne fis point de feu le matin , parce qu’il étoit fi haut , fans que la
Serre fût couverte par devant.
Je ne remarquai guère de changement dans la poulTe jufqu’au 7 d’A-
vriî, refiant depuis trois femaines dan^ le même état, les Raifins s’é¬
grainant fur ces entrefaites, ce qui fe voit toujours, même aux Rai-
fins qui viennent en plein air. Le 8 d’Avril il fit un jour d’Eté, defor¬
te que je ne fis point du feu , mais le 9 le Soleil ne luifant point & le
vent étant Nord, je fis du feu comme auparavant. Le 10 le Thermo¬
mètre étoit le matin k 29: on arrofà alors légèrement, au travers des pe¬
tits volets, les feuilles avec de l’eau des EofTés. A Midi le Thermomè¬
tre étoit, fans Soleil & avec les volets ouverts, k 39; c’efl- pourquoi je
fis encore mettre des Nattes de rofeaux devant la Serre.
Le II d’Avril plufieurs feuilles avoientdes taches blanches de Nitre,
parce que contre mon ordre on les avoit arroféesavec de l’eau des EofTés,
Fartk IL Ddd au-
594. .les A G REMENS
an-lieu de les arrofer avec de Teau de pluie. Pour remédier à cela, on
les arrofa d’eau de pluie, mais encore mal- à- propos, parce que lors¬
qu’on ftt cet arrofement le Soleil donnoit fur la Serre: ce à quoi on doit
bien prendre garde, quant aux arrofemens de toutes fortes de verdure,
lefquels ne doivent jamais fe faire quand le Soleil luit, mais lorfque le
tems eft couvert, ou bien il faut tenir la Serre couverte tant que les
feuilles font mouillées. Le 12 d’ Avril au matin le Thermomètre étoit
à 23, & à Midi avec un volet ouvert, à 39; je mis encore alors devant
la Serre pour un peu de tems. dçs Nattes, de même que le 13 , jour au¬
quel je fis arrofer, &,je ne fis point de feu. Le 15: le Thermomètre é-
toit. en plein air & en tems pluvieux à 24 : j’otai tous les chafTis de vi¬
tres, (Sclaiffai ainfi la pluie, mouiller les Vignes; je comptai les grapes,
j’en trouvai cinquante-deux, tant grandes que petites, à deux petits
pieds de Vignes , y en ayant deux prêtes à meurir. Le 1 9 il fit froid &
du brouillard ; je fis un feu de quatre tourbes. Le 18 & le 19 je fis
comme ci-devant des arrofemens d’eau de pluie.
Le 26 d’ Avril je coupai Ja .prémière grape mûre. Le 28 le Thermomè¬
tre dans la Serre n’ étoit le matin qu’à 21 , parce que je ne faifois plus de
feu, & il refta à peu près de même jufqu’au 17 de Mai à caufe du tems
rigoureux.
Le 21 de Mai tous les Railîns. furent très mûrs , & je cueillis le 25
les derniers, qui étoient blancs à force d’être mûrs, & dont les pépins
étoient aulfi bruns & auffi vifibles que j’en aie vu de ma vie. 11 efl bon
de remarquer, que, quoiqu’on ne parle pas ici des arrofemens du fond
dans la Serre., ' cela s’efl pourtant ifait. fouvent,]: chaque fois avec deux
grands arrofoirs pleins d’eau.
Je fis le 7 d’Aout la taille à ces Vignes; elles étoient tout comme fî
^ nous avions été en Hiver : quoiqu’il fit une Autonne très froide & très
pluvieufe, .& que de plus on les eût couvertes pendant le jour de Nattes,
elles commencèrent pourtant à la mi-Septembre à pouffer. Enfuite je
les coupai encore comme ci-devant le 7 de Février tout près de terre , &
cela pouf la féconde fois;, de ces fouches provinrent encore de très vi¬
goureux farmens , qui produifirent l’année fuivante en plein air quantité
de groffes grapes. Enfuite jç:fis à ces deux pieds la taille le 14 de Novem¬
bre. A Noël, je mis devant eux les vitres, ayant attendu un peu plus long-
temsàle faire, efpérant qu’une gelée un peu plus forte arrêteroit leur pouf.
iè;mais leThérrnomètre ne Tuf qu’une feule fois à i il, une fois à i2l,&
deux fokà 13, le .matin, ÇO plein air, par un tems fort pluvieux & fort
couvert. ijb J .• Je
r
DE LA CAMPAGNE. -pj
Je commençai 'à faire du feu Iç i de Janwrde l’année fui vante, tout
comme ci-devant : il faifoit du brouillard , peu de Soleil , & peu ou point
de gelée. Le 2^ de Janviêr les boutons Commencèrent à créver, jour
auquel je donnai de fair pour la première fois. Je découvris le 27 à un
bouton d’eri-haut deux petites grapes,'ce qui me parut être trop préci¬
pité & m’engagea à donner plus d'air; le^ Thermomètre jufques au Mois
de Février ne fut jamais plus haiVü que -Jo & le matin 23 & 2^.
Je fis le 10 dé Février la taille* à quelques fàrmens. Le 1 6 il fleurit une
grape, comme cela étoit arrivé auparavant le 24. de Février, le i , 2 ,
3 & le 5" , le tems fut fort couvert , mais les autres jours le Soleil luilit
clairement, & il gela fl Fort que le Thermomètre en plein air étoit le
matin à 1 1 , loj & lo, &3 ce qui êft extraordinaire, de jour en plein
Soleil à 1 5* , 16, aufli 1 7 , cependant avec gelée; ce qui prouve , que les
rayons du Soleil relient renfermés dans le Jardin, & caillent plus de
chaleur. Ce beau tems fit monter le Thermomètre , avec les volets ou¬
verts & fans Soleil, à 3 1 , 32 , aulfi à 33 , 34 & 3 5*. Le 17 de Février
par un tems couvert, & fans avoir 'donné de l’air, il étoit à 30 ; &
comme par le moyen de la couverture & du feu, il étoit le 18 de Février
à 2p, & que je vis une grape couler fans avoir fleuri, je craignis de les
avoir trop rechaufés , defortè que je n’employai plus de Nattes de ro-
feaux: cependant il relia le matin, n’y ayant point de gelée en l’air, à
26, & même un peu au-delà de 25: , deux petits volets couverts d’un fac
à laine étant ouverts de deux doigts ; mais quand il monta encore da¬
vantage, j’ouvris d’abord dès que le jour commença, plus de volets,
jufques à ce qu’il bailFa à 24.
Jufqu’au 16 de Février il fit prefque toujours un mauvais tems pour les
Plantes ferrées , deforte que le Thermomètre étoit quelquefois à 29,
30, &31 au plus, & quand le Soleil luifoit clairement, à 35:, 36, &
37. Le fbnd dans la Serre fut continuellement humeété comme de cou¬
tume par des- arrofemens d’eau de pluie de deux <Sc quelquefois auflTi ,
mais rarement , de trois arrofoirs.
Le ^ de Mars toutes les grapes hâtives n’avoient pas feulement ache¬
vé .de fleurir, mais aufll plufieurs autres à petits grains; alors parurent
encore plufieurs petites grapes tardives: les grapes étoient aulTien géné¬
ral plus grdlTes & en plus grande quantité que les autres fois. Le 14
de Mars je. fis feulement un feu de trois tourbes & une par deffus, & je
continuai à donner de l’air, en 'me lèrvant la nuit d’un fac à laine, afin
d’avoir le matin 25 & 26.
Ddd 2 Le
Le 1 5^ & le 24 de Mars, de même que le p d’ Avril 5 je mouillai avec
de l’eau de pluie.
Le 2 J & le 2d de Mars le Soleil luifit fort clairement, je ne fis point
de feu, je trouvai cependant le matin 2^ , & de jour 35 , 36, 37. Le
27 de Mars le tems changea, il devint pluvieux, accompagné de vent^,
deforte que je commençai de nouveau à faire du feu jufqu’au 9 d’ Avril :
pendant tout ce tems-là & encore au-delà, je ne vis point ou que peu de
changement aux grapes, parce que c’étoit le tems que les pépins fe for-
moient.
Le 9 d’ Avril outre l’arrofement des Vignes, je les expofai aufli pen¬
dant un court efpace de tems à la pluie , le Thermomètre en plein air
n’étant qu’a 211. Le 19 d’ Avril à trois heures , il fit une pluie forte ;.d’ abord
le Thermomètre a voit été à 27 en plein air, & dans la Serre à 38 làns So¬
leil : pour lors j’expofai les Vignes à la pluie pendant deux heures, jufqu’ à
ce que le Thermomètre fût tant dehors que dans la Serre à 23 & à 22^,
& alors je couvris : je ne vis à caufe du mauvais tems qu’il fit au mois
d’ Avril , que très peu de changement ; cependant je cueillis les deux
prémières grapes mûres le.^J', de Mai, &les autres confécutivement.
Manière de traiter les Vignes dans me Serre artificiellement- rechaufée y
à trois tuyaux pour conduire la fumée ^ gÿ a quatre chajfis de vitres y
dans laquelle on ne peut faire du feu que dèm feul côté.
Ayant fait aux Vignes la, taille le 29 d’Oéfobre , on les mit derrière'
les vitres le 1 3 de Décembre , & l’on cloua fi bien, fur la muraille par
delTus les petits volets, un fac à laine bien épais, que l’on en pouvoit cou¬
vrir les volets pour empêcher le grand froid de pénétrer ,, ce fac devant
être alTez large pour qu’il puifie defcendre jufques fur les vitres , quand
les volets font à moitié ouverts, afin que le vent, lorlque les vapeurs
s’exhalent ,. n’y puiffe point entrer ; & afin qu’on puifle ouvrir ces petits
volets fans aucune gêne, ce fac efl partagé en trois, ciiaque partie dér
bordant l’autre de la largeur d’une main.
Je commençai le 31 de Décembre à faire le prémier feu de fix tour¬
bes, & cela uniquement pour delTécher.. Le i de Janvier j’en, fis un ,
foir & matin , de fept tourbes : ajoutant cependant au feu du matin trois
tourbes à midi. La nuit on couvrit la Serre de deux épaiflès. Nattes de
rofeaux; il gela fort, fur-tout le lo, le 1 1 & le 12, le Thermomètre ér
tant plus bas que 10 y néanmoins j’avois pendu le 9 au foir à de pe-
DE LA CAMPAGNE.
397
tus crampons fous des doubles Nattes de rofeaux , une épaifle couverte
de poil, & fait un feu de huit tourbes; la couverte qui étoit par delTus
les petits volets, étoit couverte de neige. D’abord que les boutons
commencèrent à jaunir, je donnai de Pair nuit & jour , même pendant
la plus forte gelée, en ouvrant un volet de la largeurd’un doigt &plus:
cependant le fac à laine y étoit toujours, lequel fut attaché la nuit, à l’en¬
droit de l’ouverture, à la Natte de rofèaux, comme aulfi le jour quand il
geloit fort. Pendant la plus forte gelée je faifbis encore à onze heures
du matin un feu de quatre tourbes.
Le II & le 1 8 j’arrofai la terre pendant que le Soleil luifoit , avec
quatre arrofoirs pleins d’eau.
Le tems changea; je réduifis encore le feu à 7 tourbes, & j’ôtai la
couverte.
Le Thermomètre au plus bas étoit à. 17 , 18, ip , 20 & 21, & au
plus haut à 29 & 30; Le 20, 21, 22, 23, le tems étoit couvert, &
quoiqu’il dégeloit depuis le 20 , le Thermomètre étoit cependant le ma^-
tin du 24 k 21 , & pendant le jour à 23 & 24. au plus haut.
Le 30 au matin on vit la prémière feuille, le 5 de Février des grapes.
Tous les deux jours on arrofoit lf^= Vignes «vcc deux arrofoirs pleins.
Je failbis encore alors foir & matin un feu de fept tourbes, & l’après-mi¬
di à quatre heures, un de trois. Le 17, le Soleil luifant,je leur fis la taille.
Le 7 de Mars les Raifins fleurirent. Le 17 les grains étoient gros
comme de petits pois. On mit rarement dans le mois d’Avril devant
les vitres des Nattes de rofeaux : le 1 2 on ôta le fac à laine qui étoit au
^ deffus des petits volets: je continuai pourtant à faire dufeujulqu’au mois
de Mai. Le 4 de Mai le Thermomètre étoit dans la Serre fans feu k
24, «Scen plein air k 20. je cueillis le 16 les prémiers Raifins mûrs;
cependant depuis le 4 que j’avois cefle de faire du feu , il avoir fait un
tems froid <Si rude & peu de SoleiL Le 30 je cueillis des grapes extrême¬
ment grandes & bien mûres..
Comme on peut avancer la pouffe , les fleurs Sc la maturité des Rai¬
fins dans des Serres artificiellement recliaufées , & autres fimplement vi¬
trées ; la même chofè efl aulîi praticable k l’égard des autres fruits ,
pourvu qu’auparavant on obferve & qu’on note la température de l’air ré-
lativement k leur manière naturelle de croître, celle de fleurir & de
meurir , afin de fe régler dans la fuite fur cette connoiflance. De cette
manière, j’ai cueilli d’un Cerifîer nommé {Praa^fe Mufeadeï) qui étoit
dans une Serre fimplement vitrée, repréfentéep^g. 234, êcp/iz/'y. quan-
Ddd 3. titè
JL k> A Vj iv il» iVl il» iN ô
tité de Cerifes mûres au commencement du mois d’ Avril , & les derniè¬
res de ce même Arbre à la fin d’ Avril & au commencement de Mai. Les
vitres avoient été pofées devant cette Serre au commencement de Jan¬
vier; les lailîant 5 autant qu’il fut polîible, expofées aux rayons du Soleil,
prenant foin de couvriras Serres contre la gelée d’abord que lés boutons
commencèrent à crever, & y confervant la chaleur, quand une fois les
fruits furent noués, excepté quand le Soleil luifoit fort, ouvrant alors
tous les petits volets, de manière pourtant, que quand le Soleil ne lui¬
foit pas li fort, le Thermomètre ne pouvoir jamais defcendre plus bas
qu’à 34..
Manière de cultiver des Plantes ^ des fruits d" Ananas,
Yl Ananas^ chez les Américains Pînhas,, eft aulTi appellé Tomme de
Tin^ à caufe de la figure extérieure du fruit , qui lui reffemble à bien
des égards ; mais cet Ananas a au deffus de fon fruit une belle couron¬
ne verte. 11 vient originairement des Indes Occidentales , d’où il a été
tranlporté aux Indes Orientales & dans ce Fais.
Les fruits d’Ancmas Iuul uidinairem^nt anx Indcs Occidentales plus
hauts, plus gros, plus longs par la pointe, ayant aulTi plus d’écailles,
.mais plus petites qu’aux Indes Orientales & que chez nous , où les fruits
font plus ronds & ont de plus groffes écailles, quoique j’en ai eu dans ce
Pais de la même grofleur & aulfi en Piramide , que ceux qui viennent
des Indes Occidentales. H y a des Auteurs qui les diftinguent' en plu-
lieurs fortes, comme plus ronds , plus petits, avec des écailles plus ou
moins groITes ; mais j’ai appris par une expérience réitérée , que ces deux
•fortes, favoir les ronds & les pyramidaux font venus l’un & l’autre de Mar-
cotes d’une feule & même Plante , & même de celles qui m’ont été en¬
voyées de diverfes régions & Iles des Indes Occidentales ; ce changement
étant caufé par la manière de les traiter, & félon que la température de
l’air les fait croître plus ou moins modérément.
Je les diftingue en trois différentes fortes, la prémière & la meilleure
a des feuilles vertes , garnies de petits piquans afîlilés, comme on peut le
voir dans la planche ci-jointe : ce fruit qui eft repréfenté , a eu fept pou¬
ces de haut & treize de circonférence. Cette Plante après être grandie
& groffie , & fuivarit que pendant l’Hiver on l’a conlèrvée dans un en¬
droit plus froid, avant que de pouffer la tige, forme aulTi lentement fon
fruit quand la chaleur eft plus grande , mais enfuite elle le fait plus gros
D E L A C A M P A G N E.
& plus pointu, comme celle qu’on a confervée plus chaudement dans
le commencement de T Hiver.
J’appelle la fécondé forte, Ananas rouge, parce que fes feuilles font
plus grandes, plus larges, & d’un vert plus foncé mêlé de quelque chofe
de rouflatre; fon fruit n’eft pas li gros, mais fes écailles font plus lar¬
ges, plusgrofles, & plus plattes; quand le fruit n’efl pas mûr, il efl:
d’un brun tirant fur le roux, & quand il eh: mûr il efl d’un jaune foncé
avec des taches d’un brun jaune plus foncé fur les écailles; celui- ci ‘efl
moins agréable au goût que la prémière forte , qui efl la meilleure , la¬
quelle n’étant pas mûre eft d’un verd plus foncé , & qui étant mûre a
des écailles d’un jaune plus clair. Acaufe de ce défaut je n’en élève point,
non plus que la fuivante.
On appelle la troifième forte , Ananas uni, ou Me, parce que fes feuilles
n’ont pas des piquans, mais parce qu’elles ont à leur extrémité des poin¬
tes plus fortes, & plus affilées: fes feuilles font auffi plus longues, plus
étroites & croilTènt plus en montant, mais le fruit en eft plus petit.
L’Ananas croit de la même manière que l’Aloès, mais il n’efl pas fî
grand, & il a des feuilles vertes moins épaiffes, qui contiennent moins
de moelle: ces feuilles ne font pas non plus ni fi grandes, ni fi larges,
mais à proportion de leur grandeur elles font plus longues , & ont les
bords garnis de piquans plus déliés & plus ferrés: on Je multiplie défi
tige ou de fà Couronne à fruit, mais encore plus d’éclats enracinés,'
lefquels croifTent du fond ou autour de la Couronne , comme des rejet-
tons de foiiche. Quand la plante porte fruit, alors viennent auffr les
Saùvageons de louche, & cela en plus grande quantité, à proportion
qu’on les a féparés de meilleure heure de la Plante mère. J’ai eu ainfl dans
l’Eté plus de vingt Sauvageons de louche d’une feule Plante, tandis
qu’on n’en a ordinairement que deux, trois, ou tout au plus quatre.
Les Ananas ne réfiftent point au froid de nos Hivers, Sc demandent
pendant l’Eté une plus grande & une plus durable chaleur , & un tems
moins variable qu’il n’en fait ordinairement dans ce Climat; c’efl-pour-
quoi ils ne doivent pas feulement être mis pendant l’Hiver dans des Ser¬
res artificiellement rechaufées,mais même pendant l’Eté fous des vitres',
& outre cela encore les Pots dans du Tan' bien chaud. Cependant il en
efl de ces Plantes comme de toutes les autres qui viennent d’un Climat
plus chaud, lavoir que les jeunes, qu’on a élevées dans ce Païs,réfîflent
mieux au grand froid & au changement de tems, & font outre cela
plus fécondes , ’ que celles qu’on nous envoie de loin, & qui ont été éle¬
vées
LES AGREMENS
400
vées dans un Climat qui leur eft naturel : on tâchera par conféquent d’a¬
voir des Plantes élevées dans ce Païs, ou que l’on a élevées foi-même;
car de cette manière on peut élever ce fruit aifément & fans beaucoup
de peine.
Le tems le plus convenable pour féparer les Sauvageons de fouche,
ell depuis la mi-juin jiifqu’à la fin de ce Mois, auquel tems la fouche ell
d’une grandeur & d’une grofleur requifes pour la dégarnir un peu de
feuilles & la planter ainlî, pouvant faire dans ce cas fumfamment des ra¬
cines jufqu’au mois d’Oétobre.
Quand on veut planter les Couronnes , il faut dégarnir de feuilles la
fouche par delTouSjde la longueur d’un pouce. Comme il y a ordinaire¬
ment en cet endroit des indices de petites feuilles nailTantes , les racines
auront moins de peine à percer.
11 faut planter ces tendres Sauvageons dans une terre fablonneufe,
dans de petits Pots, parce qu’ils feront de meilleures racines; mais quand
ils font devenus plus grands , il faut les tranfplanter l’année d’après
dans une terre plus forte , moins lablonneufe , & dans de plus grands
Pots , en ayant foin qu’en les tranlplantant ils conlèrvent toute la mot-
j te de terre: le meilleur tems pour les tranfplanter, c’ellaumois deMars;
c’efl alors qu’on fe dilpolè à tranfporter les Plantes des Serres artificiel¬
lement échaufées dans les CailTes vitrées où J1 y a du Tan.
Qiiant à la manière de planter & de tranfplanter, il faut avoir foin
que la terre foit bien affermie tout autour du pied de la Plante, & de l’ar-
rofer enfuite , afin qu’elle joigne mieux ; il ne faut pas non plus prendre
pour cela de trop grands Pots, car outre qu’ils occupent plus de place &
qu’ils font moins maniables, les Plantes n’y croiffent pas fi bien, & el¬
les n’y produifènt pas de fi gros fruits , que dans des Pots plus petits d’u¬
ne grandeur médiocre: les meilleurs Pots font ceux qui ont par le haut,
intérieurement dix pouces de diamètre, & fept par le bas, & une pro¬
fondeur depuis le bord d’en-haut jufqu’au fond de dix pouces & demi.
Les Plantes, lorfqu’elles pouffent, ont ordinairement affez befoin
d’eau , après la pouffe encore plus , & encore davantage quand elles ont
chargé leur fruit : alors on en arrofe auffi fouvent légèrement les feuil¬
les : il faut cependant être fort prudent à cet égard , & ne pas arrofer
lorfque cela porte préjudice à la maturité du fruit; car s’il vient aux
fruits des boutons pleins d’eau, tranfparens, verds, tirant fur le jaune,
c’efi: une marque qu’on les a trop arrofés, (Sc les fruits auront moins d’o¬
deur (Sc feront aufii moins agréables au goût: mais il ne faut pas, même
DELACAMPAGNE. 401
en Hiver , les hifler defTéchei*' au point que la moelle des feuilles, périf
fe: le commencement de ce mal, c’eft quand examinant des feuilles ver¬
tes contre le jour, on y apperçoit des taches jaunâtres.
Pour avoir de bons fruits, il faut que la Plante foit venue d’un jeune
rejetton ou d’une petite couronne, qui pendant trois ans au moins ait
pouffé & groHi comme il faut. Le premier indice de fruit qu’elle don¬
nera, c’eff que les feuilles commencent un peu à fe relâcher par le bas,
& que le cœur de la Plante s’ouvre tant foit peu; le fruit paroit alors
bientôt après , & paroit au milieu de la Plante , comme la fuperhcie
d’un gros ongle.
Quand le fruit & la tige montent , le fruit devient plus rond & a de
petites feuilles pointues , comme les glouterons , l’iin portant de ces pe¬
tites feuilles rougeâtres, & l’autre des blanches. Après que le fruit a crû
environ pendant un mois , & qu’il ell de la groffeur d’une noix , il fort de
chaque écaille une petite fleur oblongue de trois feuilles finiffant en poin¬
te , d’un bleu pâle au fruit commun d’Ananas , d’un bleu plus foncé à
l’Ananas rouge & prefque violet à la troifième forte, dont les feuilles ne
font pas garnies de piquans aux côtés: cette petite fleur ne tombe pas
à mefure que le fruit avance , mais fe refire en fe defféchant , & laiffe au
fruit des marques vilibles quand il efl: parfaitement mûr.
On ne peut pas fixer à un certain nombre de jours ou de femaines le
tems qu’il faut depuis que le fruit paroit jufqu’àfa parfaite maturité, par¬
ce que cela dépend d’un beau tems d’Eté confiant & durable : & com¬
me on peut procurer, dans le Printems, une pouffe fort naturelle aux
Plantes , quand on les tient dans la Serre échaufée par le feu , le Soleil
donnant fur les vitres perpendiculairement, & qu’on peut aufli prolon¬
ger de cette manière l’Eté, ce qui ne fauroit fe faire en Autonne, par
le rechaufement du Tan fous des vitres couchées , le Soleil donnant a-
lors fur les vitres plus obliquement, & ne caufant pas par conféquent u-
ne chaleur convenable , ce que les pluies ordinaires de cette faifon empê¬
chent encore davantage ; il faut à la fin de Décembre augmenter de
plus en plus par le moyen du feu la chaleur, afin qu’au commencement
de ï'évrier les Plantes foient tellement en fève , que les fruits en paroif-
fènt vers le milieu de ce mois, ou vers la fin tout au plus tard, lefquels
fruits , quand dans la fuite le tems efl: beau , & qu’on en a eu grand
foin, meuriffent parfaitement au commencement de Juillet, Remettent
ainfi à meurir cinq mois , à compter depuis le tems qu’ils le font montrés.
Les fruits qui paroiffent au commencement du mois de Mars , ont be-
Fartk IL Eee ' foin
LES A G R E M E N S
402
foin au moins, pour meurir, de quinze. jours de plus: ceux qui paroif-
fent à la mi-Mars , d\in mois ; ceux-ci par conîequent demandent en
tout lix mois, & ceux qui paroiflent au commencement d’ Avril onten-
. core befoin de plus de tems : mais ceux qui paroilTent feulement vers la ^
mi - Avril meuriflent rarement au point qu’ils aient leur bon goût ordi- "
naire.
L’odeur délicieufe qui vient des Ananas mûrs ,. quand on ouvre les fe¬
nêtres, ell la plus fûre marque que les fruits foiït mûrs, agréables &
bien foignés , étant alors d’un jaune foncé , tiquetés de brun fur les é-
cailles.
Manière de traiter les Ananas £«? quelques autres T Jantes dans . les Ser¬
res artificiellement échaufées , pendant F Hiver ^ pendant PEté^
dans des CaiJJes vitrées où il y a du Tan.
On ne peut pas fixer le tems de tranfporter les Plantes des CailTes vi¬
trées où il y a du Tan , dans la Serre artificiellement échaufée , & de
cette dernière dans les autres, cela dépendant de la Saifon3& de la lon¬
gueur de l’Eté ou de l’Hiver ; aihü j’ai été obligé dans de certaines an¬
nées, de les tranfporter dans la Serre artificiellement échaufée vers la
fin de Septembre, & de les y laiffer jufques dans le mois d’ Avril: mais
cela fe fait ordinairement vers le 10 ou le 1 2 d’Oétobre , &.aii Printems
vers la mr-Mars dans la Serre artificiellement échaufée où il y a du
Tan', & 10 jours après dans l’autre, pourvu que le Tan qui efl dans les
‘CailTes ait déjà une chaleur convenable & requife. Avant que de tranlpor-
ter les Plantes dans la Serre artificiellement échaufée , les fourneaux en
doivent être aulTi bien fechés par le moyen du feu , non feulement pour
en ôter les mauvaifes vapeurs, qui font humides & en plus grande quan¬
tité quand on commence à faire du feu , . mais aulTi pour découvrir s’il
n’y a point de fentes , au travers defquelles la fumée pourroit entrer ; fi
l’on en trouve on les bouche avec du fable.
Dans la Serre artificiellement échaufée , dans les CailTes vitrées où il
y a du Tan , & dans l’endroit où fe fait le feu , conftruit fuivant les
delTeins qui fe trouvent dans le 1. & dans le VII Chap. du I Li¬
vre de la 11 Partie , on oblèrve fur le Thermomètre les degrés de
froid & de chaleur, lequel dans la Serre artificiellement échaufée pend
à. quatre tpifes& demi de la muraille des côtés près du fourneau; laphio-
le ell à un pié & fept pouces de terre, & des fenêtres de devant en é-.
quier-
DELACAMPAGNE. 403
quierre ; étant dans la fécondé partition de la Serre pareillenjent k un
pied & fept pouces. Dans la Caille vitrée où il y a du Tan il pend der¬
rière en haut vers le milieu.
La dirpofition des Plantes dans les Serres & dans les Caifles fe fait de
la manière fui vante. On met dans la Serre à terre aulfi près des vitres,
qu’il eh; polTible, fons cependant que les feuilles les touchent , les Plan¬
tes qui ont les plus gros troncs, & les plus petites feuilles, afin de don¬
ner moins d’ombre aux Plantes qui font placées plus loin; après celles-ci
on met pareillement aulTi près qu’il eh: polTible, fans néanmoins fe tou¬
cher ou du moins fort légèrement, celles qui ont de gros troncs & de
longues feuilles. A trois pieds & deux ou trois pouces de terre aufliprès
qu’il eh: poITible des vitres, il y a une planche, fur laquelle on difpofe
pareillement les plus grohes Plantes d’Ananas portant fruit: l’endroit de
cette planche qui approche le plus du fourneau étant le meilleur , & ce¬
lui où les fruits viendront plutôt qu’ailleurs. A un pied plus haut plus
vers le milieu de la Serre, il y a devant le fourneau une planche, pofée
de manière qu’entre elle & l’autre planche de dehbus remplie de Pots il
y ait un pouce d’intervalle: on y met la forte de Plantes qui a les plus baf¬
fes feuilles, toutefois portant fruit ; ces dernières , quoique jouihant de
plus de chaleur dans cet endroit que par tout ailleurs, n’y produifent ja¬
mais de fî bons ni de fi gros fruits , quand même les Plantes auroient
d’aufii grohes tiges, que les meilleures: la plus plaufible raifon de cela,
c’eh; l’éloignement où elles font de l’air, & que le froid n’en tempère pas
ahez la poufie. On peut aufîi les pofer autrement dans la Serre fur un
Théâtre élevé & en talus, à trois rangs de hauteur, aulfi près des vi¬
tres qu’il ell polfible j au-dehiis des Plantes qui font par devant à terre.
Enfuite un peu plus loin du fourneau dans la fécondé partition de la
Serre, il y a à même hauteur & à côté l’une de l’autre, deux femblables
planches, fur lefquelles on pofe deux rangées des plus petits Ananas,
l’une devant l’autre.
On met à terre derrière la fécondé rangée des Ananas portant fruit,
les plus grandes Plantes dont on ne fe propofe de cueillir du fruit que
l’année fui vante : l’éloignement de Pair en ell la caulè ; mais comme cel¬
les-ci font les plus proches du fourneau, & jouilTent de plus de chaleur
que celles qui font fur le devant , il faut avoir foin qu’elles ne fe brûlent
pas par dehbus à l’endroit du fourneau dans la prémière partition de la
Serre; c’eh; pour cela qu’on les place fur une planche, pofée fur des bri¬
ques à un pouce 6c demi de terre , & derrière cette troifième rangée il
Eee 2 en
LES AGREMENS
404.
en vient encore une quatrième : cependant il vaudroit mieux placer cel¬
les qui ne doivent pas porter de fruit dans une Serre k part , où elles au-
roient moins de chaleur qu’il n’en faut k celles qui portent fruit, depuis
la mi -Janvier jufqu’au tems qu’on les tranfporte dans les Caifles vitrées
où il y a du Tan.
J’ai dit dans le Vil Chap. du I Liv. de la II Partie , où l’on traite
du fourneau, & de la manière d’y faire le feu, qu’on l’y allume ordinai¬
rement quand il ne gele pas le quatrième jour ; cependant c’efl ce qu’on
ne fauroit fixer au jufte, le Thermomètre devant indiquer fi l’on a be-
foin de plus ou de moins de chaleur : on y a dit aufiTi qu’on efi: Ibuvent
obligé en Hiver de communiquer k la nuit la chaleur du jour, & au jour
la fraicheur de la nuit , parce qu’il faut , autant qu’il efi: pofiTible , lailTer
au dehors les vitres découvertes, afin que les Plantes puillènt jouir de
l’air. ' 11 faut encore bannir fou vent des Serres le mauvais air, & y laif-
1èr entrer un air frais; dans cette vue il faut avant tout augmenter un
peu la chaleur, car k caufe du paflage du vent le Thermomètre bailTe un
. peu au delfous du degré de chaleur.
Cependant il n’efi; pas pofllble d’entretenir régulièrement dans les Ser*
res une chaleur & une fraicheur convenables , parce qu’un froid inopi¬
né, caufé par un vent pendant la nuit, & tels autres accidens, peuvent
caufer de grandes variations k cet égard , augmenter ainfî le froid ou
le chaud: kquoi il faut remédier fur le champ, Ibit en donnant de l’air >
ou bien en augmentant & en prolongeant la chaleur du feu.
Quand les Plantes ont été tranfportées des Caifles où il y a du Tan
& où elles ont reçu la chaleur au travers des Pots dans la Serre artificiel¬
lement échaufée, il ne faut pas leur faire éproura trop tôt la rigueur de
l’Hiver; c’ell-pourquoi il vaut mieux pendant les dix prémiers jours que le
Thermomètre ne baifle pas plus qu’k 2 2ï ou 22 , & k 29 jufqu’k 26 de
chaleur : mais il faut aufli avoir foin , que la gelée n’approche jamais des
'Plantes , deforte que dans la féconde partition de la Serre le Thermo^
mètre ne doit jamais être plus bas que 19, même dans les mois d’Eté,
qui commencent chez nous k la mi-Janvier , & enfuite depuis la mi-Fé-
vrier jufqu’au tems qu’on tranfporte lesPlantes dans les Caifles où il y a
du Tan. Le froid de la nuit & la chaleur du jour doivent être à peu
près toujours au même degré, fuivant le Thermomètre de jour jamais
plus haut qu’k 39 ou 40, & de nuit plus haut qu’k 27 ou 27* pour le
• plus.
A la fin de Novembre, comme mois d^Hiver, le Thermomètre quand
Ü
DE LA. CAMPAGNE.
4.05:
il ne gele pas fort, doit être à 19; mais quand le froid accompagné de
vent ell rude, on court rifqueque le froid ne pénètre; deforte que dans
de pareils caS on fe verroit quelquefois trompé, & Ton doit .fe précaution¬
ner un peu davantage quand il fait un pareil tems rude; de plus pendant
ces nuits fi longues il peut arriver de grands changemens auxquels on ne
peut remédier ; mais comme l’on peut être affiiré de l’effet de la couver-
verture & du feu, il vaut mieux communiquer aux Plantes d’ Ananas,
depuis le 10 d’Oélobre qu’on les ferre, jufqu’au 10 ou 12 de Février
qu’elles doivent montrer leur fruit, la fraîcheur & la chaleur fuivantes,
félon le Thermomètre qui efl dans la fécondé partition.
OCTOBRE.
Fraîcheur de la nuit. Chaleur du jour.
Depuis le 10 jufqu’au 20 - - - 22.- - 27
- 21 - 28 - - - 21 - - 2}
29 . - 31 - - - - - 24.
lîfaut pendant ce' mois-ci faire ordinairement deux ou trois fois du feu^
0? trois ou quatre arrofemens,
NOVEMBRE.
Fraîcheur de la nuit. Chaleur du jour.
Depuis le i jufqu’au 10 - - - i9\ 221
Il - 30 - - - 19 - - 21
Il faut faire cinq ou fix fois du feu félon le tems\ £«? trois ou quatre ar^
rojemens,
DECEMBRE.
Fraîcheur de la nuit. Chaleur du jour.
Depuis le I jufqu’au 14. - - -19 - - 21*
- 25: - - - 20 - - 221
26 - 31 - - - 22 - 24. ^
Il faut dans ce moïs-ci faire huit ou neuf fois du feu ^ ^ quatre ou cinq
arrofemens» '
JANt
Ee'e 3
4o6
LES
AGREMENS
JANVIER.
Depuis le i jufqu’au 9
10 -
- 16 - 22
23 - 31
Fraiclieur de la nuit. Chaleur du jour.
23 - - - * 25^
- 24.1 - - . 27
25‘| - - - 2^\
26 - - - 32I
Jî faut ordïnairemcnt faire du feu dix fois , arrofer dix ou douze fois la
terre:, £«p quelquefois légèrement les liantes mêmes.
FEVRIER.
Fraîcheur de la nuit. Chaleur du jour.
Depuis le i jufqu’au 5» - - - - - 34.1
6 - 12 -- - 27 - -, - 3(5
- 13 -- 18 - . 27 - - - 37!
' - 19 - 23 - - 27 - - - 39
refter au relie dans la Serre
artificiellement échaufée jufqu’à 27*
Il faut faire du feu félon letems^ arrofer un peu plus qu^en Janvier la
terre de même que les liantes. '
Les Plantes doivent relier enfuite au même degré de fraîcheur & de
chaleur jufqu’au tems qu’on les tranfporte dans les Caifles où il y a du
Tan. Qiiand dn fait du feu, de deux jours l’un , on peut ordinairement
en tems de gelée fe procurer cette chaleur: de plus, à mefure que les
Plantes croillent, il faut les arrofer davantage & fou vent d’eau, froide,
pour les rafraîchir.
Les Plantes qui viennent dans les Païs qui font fitués Ibus la Ligne ou
aux environs, comme le Manges Tanges., ne réfiftent pas dans ce Pais
à un li grand froid ; c’ell pour cela qu’il faut placer le Manges Tanges
dans la Serre nommée Trck-kas fur la planche qui ell à trois pieds & à
deux ou trois pouces de terre , devant les vitres , le plus près du four¬
neau , cependant près de l’air ; le fourneau devant être toujours rechaii-
fé, de manière que le Thermomètre ne foit jamais plus bas qu’à 23 , &
la chaleur du jour au deflbus de 25*. On ^oit de plus lui communiquer
une chaleur égale à celle des Ananas du 24. Décembre, mais le moins
ar-
D E L A C A M P A G N E. * 40?
arrofer. Ce Manges Tanges eft un; fruit des Indes Orientales, connu &
ellimé dans ce Païs comme ayant après TAnanas le meilleur goût , de
la grolTeur d\me Renette ordinaire avec une écorce brune tirant fur le
pourpre , & fpongieulè : il a fur fa fommité autant de marques qifil y
a de fruits par delToiis, lefquels font ordinairement au nombre de ^
ou 6 & même de 7 , & cela dans différentes partitions ou pellicules
comme les Oranges douces , mais ces partitions font plus grandes les
unes que les autres: les fruits qui y font renfermés font delà blancheur
de la neige 5^ d’un goût douceâtre fort relevé , meilleur même que ce¬
lui de nos Pêches, parce qu’ils ont toujours la même douceur & ne font
jamais pâteux. L’écorce de cet Arbre, qui fe multiplie de Sauvageons
de fouche , efl d’un brun rouffâtre. Ses feuilles font d’un verd gm, -ra¬
yées & pointues par devant , crénelées autour , relTemblant à la feuille du
Limon Bergamotte,mais par le haut un peu moins larges & moins pointues.
Le Fifang qui fe multiplie de rejettons, & dont il y a plufieurs fortes ,
croifToit chez moi très vigoureufement avec pareille chaleur, fraîcheur &
humidité que les Ananas ; mais quand il fut parvenu à la hauteur d’un
peu plus de fept pieds, & qu’à caufe de cela il ne pouvoir plus relier
dans ma Serre, je fu^ obligé de le mettre dans une autre plus haute, où
il mourut ne pouvant pas jouir d’une fi grande chaleur requifè. Je ne
doute cependant nullement qu’on ne piiilTe aifément le porter à produi¬
re du fruit, pourvu qu’on lui communique le même degré de chaleur
qu’aux Ananas & qu’on lui faffe les mêmes arrofemens : mais ayant ap¬
pris de plufieurs perfonnes de marque venues des Indes Orientales, que
c’eft un fruit beaucoup moins bon que l’Ananas, qu’il a un goût douceâ¬
tre, fade, & peu de jus; que, de plus, c’efl un fruit oblong & d’une
grofleur inégale , y ayant ordinairement à une feule tige 20 jufqu’à 30
& plus de fruits , dont on mange les plus gros , cuits au four comme nos
Poires de Livre , avec une beurée ; j’ai en conféquence de ces avis négli¬
gé la culture de ce finit, parce que mon feul & principal deffein a. tou¬
jours été de cultiver des fruits réellement bons, & non pas de m'auvai-
fes Plantes étrangères, uniquement parce qu’elles font rares dans ce Païs.
Le Cédrat o\x Cédrac & autres Citrons les Bergamottes^ \ts Oranges
douces & pareils tendres Limons , Liantes du Cap de Bonne Efpérance ,
&,c. réfiftent plus au froid , deforte que la chaleur dans la Serre peut al¬
ler à 17 pour le plus bas, & la chaleur du jour à 19 ou 20; leur Hiver
doit aulfi durer plus longtems , la chaleur qu’il leur faut ne doit pas
être augmentée avant la mi-janvier, encore cela doit-il fe faire inlènfi-
LES ACRE MENS
408
blement, de manière qu’à la fin de Janvier le plus bas foit 2 1 ^ ou 22 &
le plus haut 25* ou» 26. Depuis le commencement de Février jufqu’à la
moitié de ce mois, 22 ou 22I, & le plus haut 27 ou 28. Après le der¬
nier de Février 23 , & le plus haut 2p ou 30. Au mois de Mars 23^011
24, & lè plus haut 31 ou 32, de v^ant refter ainli jufqu’à ce qu’on décou¬
vre la Serre, ce qui lè fait ordinairement après le 20 de Mars.
On peut avancer par cette chaleur les fleurs de.Rofes & autres fleurs,
de ce Climat; mais non pas quand on leur communique une chaleur é-
gale à celle de l’Ananas, car alors ces Plantes font beaucoup de feuillage
Sc peu de fleurs.
Au mois de Mars le Soleil eft fi haut, .que vers le midi il darde fes ra¬
yons tout-à-fait obliquement fur'les vitres prefque droites de la Serre ar¬
tificiellement échaufée, deforte qu’on aura foin alors, de tranfporter les
Ananas qui peuvent être échaufés par du Tan bien chaud. Dans cette
vue on fait enforte, que les CaifTes où il y a du Tan en foient remplies
vers le 8 ou le 10 de Mars, & qu’elles foient couvertes de vitres: quand
le Tan a aquis fa chaleur, on y met les Plantes dans leurs Pots & on les
entoure de Tan jufqu’au bord ou un peu au-deffus. Le tems ordinaire
pour, cela, quand il s’agit de la Caifle maflonnée , c’eft vers «la mi-Mars:
dans cette Caifle on peut faire du feu, & la munir contre une gelée im¬
prévue par le moyen de couvertes de poil ôc de volets de bois; mais dans
celles qu’on ne peut pas échaufer à l’aide du feu, qù’après le 20 de Mars
ou plus tard encore, félon que le tems eft difpofé à la gelée, ou qu’on
en a eu de plus ou de moins rude, car s’il en a fait de forte, rarement
il en fait encore de fi rude qu’on ne puifle la bannir par le moyen de ri¬
deaux couverts de Nattes de rofeaux.
Les Plantes éprouvent fous ces vitres penchées des Caifles, une extrê¬
me ardeur du Soleil, ce qui en grille facilement les feuilles, comme n’y
étant point accoutumées. Pour prévenir cet inconvénient, il faut,
quand le Soleil luit clairement, les couvrir & les* découvrir foiivent,
jufqu’à ce que les Plantes foient accoutumées au Soleil ; pour cela il leur
faut ordinairement quinze jours ou un peu plus , le Thermomètre fe
reflentant alors plus ou moins du Soleil, ne doit pas monter plus haut
qu’à 38. ou 39, ce qui efl: confidérablement moins pour l’air fupérieur
que dans la Serre artificiellement échaufée, car il y fait encore plus chaud',
à caufe de la chaleur du Tan qui eft autour des Pots.
Quand les feuilles font accoutumées au Soleil, alors on les y laifle ex-
pofées fans couverture, <Sc on leur donne de l’air en ôtant les vitres, d’a¬
bord
DE LA CAMPAGNE.
40C)
bord k 40 ou 41 3 (Sc enfuite k 45; ou environ. Les Plantes étant tranf-
portées dans les CailTes, on les arrolè peu d’abord , parce que le Tan
étant fort mouillé quand on l’y met, procure fuffifamment de l’humidi¬
té par deiTous ; mais enfuite on les arroîe médiocrement par manière d’af-
perlion; & quand il pleut en Eté, on en ôte les vitres, pour rafraichir
par ce moyen les Plantes.
Manière de cultiver les TÜBEREUSES.
Les Tubereufes aiment une terre forte & graffcjbien fumée, dans un
uir plein, dégagé, chaud, & beaucoup d’eau, (^uand on les plante &
qu’on les élève de cette manière, elles multiplient prodigieufement , &
pouffent de chaque Oignon diverlès tiges k fleurs : ce qui ne vient pas
tant de la groffeur de l’Oignon, que de ce qu’il a principalement par def>
fous une racine faine, folide & groffe, de laquelle proviennent quantité
de racines chevelues ou ligneufes, qui procurent k cet Oignon, quand
la chaleur & l’humidité continuent, une crue non interrompue, par la
multiplication des cayeux, ce qui , autant qu’il m’eft connu, ne convient
pas tant k aucune autre Plante qui vient d’Oignon; c’efl: ce que l’expé-
o'ience m’a appris, quand j’^i planté une de ces groffes racines fans Oig¬
non 3 donnant feulement aux côtés des indices de bourgeon grands com¬
me des têtes d’épingles ; car cette racine n’a pas feulement produit au
Mois d’Aout de la même année cinq tiges k fleurs, chacune de trente
ou quarante fleurs ; mais l’ayant tirée de terre au mois d’Oélobre, elle
s’étoit augmentée au point de former un gros volume compofé de dix
gros Oignons & de quantité de cayeux. Cefl: ainfl que j’apperçus la
bévue que f avois faite en taillant ou en arrachant cette racine ; &
qu’un gros Oignon pour avoir fleuri l’année précédente , ne pouffe
pas en moindre quantité, des tiges k fleurs, quand il a par deffous une
racine ffiffifante; parce que ces tiges proviennent ordinairement de la
vertu de cette racine aux côtés de l’Oignon, & forment ainfl des tiges
k fleurs 3 comme j’ai vu un feul Oignon en pouffer par les côtés cinq pa-
Teilles.
Comme la chaleur & l’humidité qui viennent de deffous terre , les en¬
tretiennent dans une crue non interrompue, le froid & les vapeurs au
contraire en font pourrir bientôt le montant, &, s’ils font de durée,
l’Oignon lui-même: une petite gelée d’Autonne arrêtera aulfi leur crue
& fera périr le montant , ce qui peut aufli être occaflonné par les
Fm'tielL Fff va-
9%
(
'4ïo
LES AGREMENS
vapeurs qui font ordinairement dans les Caiffes vitrées & fermées en Au-
tonne & en Hiver.
• Qiiand il fait une Autonne chaude & fort pluvleufe, les Tubereufcs
pouffent des tiges extraordinairement greffes & font quantité de fleurs:
au-]ieii que dans des Etés fort ardens & fort fecs leurs tiges font minces,
grêles, garnies de peu de fleurs: c’eft-poiirquoiii les faut arrofer copieii-
ièment & fouvent , quelquefois jufqu’à deyx fois par femaine.
Il faut de plus s'-y prendre de la manière fuivante. On tire les Oig¬
nons de terre au commencement ou vers la mi-Oélobre, avec leurs ca¬
yeux , d’abord qu’il commence un peu h geler en Autonne , quand le
montant eft flasque, ou bien quand il fait des Autonnes très froides &
très pluvieufes , après quoi on coupe le montant jufqu’à tin pouce ou
à un pouce & demi des Oignons, &on les ‘trempe dans l’eau pour em¬
porter ainfi la terre qui eft entre eux & entre les racines r enfuite on
les laiffe féchcr en entier avec leurs racines, & on les conferve dans un
endroit fort fec & chaud , abfoliiment inacceiïible k la moindre gelée ;
je me fers pour cela de la petite chambre du fourneau. Au mois de Fé¬
vrier on commence à couper près k près tout autour de la groffe racine>
les petites racines chevelues , k féparer pareillement tous les cayeux fur-
numéraires , qui fe féparent. aifement , de même que tous les gros Oig¬
nons. De cette manière je ne plante que des Oignons fimples, avec
leurs greffes racines, k moins qu’il n’y en ait deux de réunis k une mê¬
me racine , qu’on ne pourroit féparer en deux fins les bleffer confidéra-
blement: dans ce cas, j’en plante deux enfemble. Cette féparation & cet-
ce purge faites, on met de nouveau fécher les Oignons jufqu’au com¬
mencement de Mars , <Sc alors je plante les Oignons dans une Caiffe ,
ou dans un Pot de huit pouces de haut^ remplis du meilleur fable blanc
ou grifâtre , & cela près k près, de manière que leurs fommités foient en¬
tièrement fous le fable : après quoi il faut k ce fible une chaleur convena¬
ble, & un peu d’eau. Iluit ou dix jours après on élève la Couche, fur
laquelle on doit planter les OignonSj en germe , lèlon la longueur & la
largeur de la Caillé vitrée qu’on a deffein d’y employer, laquelle on cou¬
vre alors de vitres & onlarechaufe de cette manière: on la rehauffe aufli
de terre peu k peu, de douze ou de quatorze pouces , enfuite le huit ou
le neuvième jour après qu’on a élevé les Couches, on y plante chaque «
Oignon dans un petit monceau de fable blanc, un peu élevé, couvert
de deux pouces de terre, & on a foin de les garantir du froid , comme
cela fe pratique k fégard des. Couches de Melons.
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D E L A C A M P A G N E. 4.,r
_ »
Qiiand les Oignons commencent à poufler 5 Sc que la terre efc /c-
che 5 il faut l’entretenir par le moyen des arrolemens dans une médiocre
humidité. Les Tubereufes ont fur-tout grand befoin d’eau , quand el¬
les ont. des tiges à fleurs; & afin que la terre piiifïe bien s’imbiber d’eau ,
il faut qu’elle foit couverte de vieux Tan de l’épailTeur d’un pouce.
Les Tubereufès ont cinq feuilles, & font (impies; mais les doubles
qui en font provenues ont neuf, douze, dix-huit feuilles, <Sc plus enco¬
re; de cette dernière on peut voir la figure ci-jointe.
. Des DJeurs en général.
C’eft ici que j’aurois un vafte champ, fl je voulois entrer dans les le-:
crets de la culture des Fleurs; mais le plaifif de les contempler pendant
cinq ou fix femainesjfans en retirer aucun autre avantage, n’a jamais é-
té capable de me tenter. J’ai toujours été porté pour ces Plantes, qui
ne plaifentpas feulement à l’œil, mais qui chatouillent aulîi le palais, &
nourriflent le corps : j’ai aulfi aimé ces Plantations fàuvages , qui procu¬
rent toutes /ortes de bois de charpente & dechaufage, néceffaires atout
le Genre-humain en général; deforte que pour conclurre cet Ouvrage ,
je n’en dirai qu’un feul mot.
Je diftingue les Fleurs en trois différentes fortes. La prémière & la
principale eft celle des Fleurs à Oignon ; la fécondé des Fleurs àplanter , &
la troifième des Fleurs h femer. Les deux prémières fortes fe multiplient
de Cayeux, de Plants enracinés, éi de Marcottes, foiivent aulfi de Se¬
mence, <Si cela pour en aquérir de plus belles. La troifième forte, qui
vient de Graine, [n^uTt une fleur tout- à-fait femblable à celle dont la
Graine eft venue; ifÿ^a cepei^ant quelquefois un peu de variation.
On a dit dans le ^^^ëlsap. du' I Lw. de cette II Fartie , quelles quali¬
tés doit avoir la terre‘o^.fnn, ctfItive des Fleurs.
On apprendra dans là j XFpap,' du II Liv. de cette Partie , le tems
auquel il faut mettre les fleurs^ en terre & les en retirer; c’eft-là qu’on
traite des idois du Jardinier. ^ .
On met ordinairement toutes les Fleurs à Oignons en terre à la pro¬
fondeur de deux pouces, «Sc celles qu’on nomme en^ Hollandois Klauw^
hloenien à la profondeur d’un bon pouce, après quoi on les couvre enco¬
re de l’épaifTeur d’un doigt de vieux Tan, & de rameaux contre la ge¬
lée , fur lefquels , en cas d’une gelée plus rude encore , on peut mettre
de la paille. 11 ne faut jamais tirer les Oignons de terre, que quand le
" " F f f 2 mon-
412 LES AGREMENS DE LA CAMPAGNE.
montant commence a pafler. 11 ne faut pas non plus féparer les Cayeux
des Oignons d'abord après les avoir tirés de terre, mais attendre qu'ils
foient fécliés, puifqu'alors ils tombent d’eux -mêmes ou que du moins
il eft très âifè de les en féparer.
Les Fleurs qui fe multiplient d’Oignons, ou de Plants enracinés y font
les Anémones, le Pié de veau, la Bryone, la Colchique, la Couronne
Impériale, le Pain de Pourceau, le .Safran > le Dens Caninus, ou Dent
de Chien, le Dipcadi, laFraxinelle, la Flambe ou Glayeul, l’Hellebo-
re, les Hyacinthes, les Jernfeyeres , les Jonquilles, les Iris, les Lis,
la Fleur qu’on nomme en Hollandois Oeuf de Vanneau , les Martagons ,
les NarcilTes de toutes les fortes, le Satyrion, les Pivoines, les Renon- ^
çules, la Serpentaire, les Tubereufes, les Tulipes, &les Coucous.
Celles qui fe multiplient en féparant les Plantes , font les Années ou
Enules-Campanes , les Oreilles d’Ours , les Camomilles y les Giroflées
blanches, l’Hépatique, les Clochettes, les Conflantinoples y la Laven-
de, le Muguet, la Primerole ou Prime- vere, les Violettes.
. Celles qui fè multiplient de bouture font les Giroflées jaunes doubles.
& Amples, les ConAantinqples , la Fleur nommée Flos Cardinalis, les
Fleurs delà Paflion, les Violettes.
Celles qui fe multiplient de Marcottes , les Oeillets.
La plupart de ces Fleurs peuvent aulTi être multipliées de graine^
F I N.
TA-f
y
M
S.
T A
D
A T I
A
Abricotiers, A quelle diftance on doit
les planter les uns des autres. 93. Com¬
bien il y en a de fortes. 119.' Quels
font les meilleurs, ibîd. Defcription de
leus fruits. 14 1. Abricot blanc, ibid.
DeBreda. D’Orange. î5îU De Bois-
le-Duc. ibîd. Le petit Abricot, ibid.
Bonnes qualités de ce dernier, ibid. De
quelle manière ces arbres croiflent. 150.
Quelle éft leur meilleure expofition. i-
. hid. Pourquoi on ne les multiplie jamais
de noyau, ibid.
Ail. Ses diiférentes fortes. 321. Com¬
ment on le multiplie, ibid.
Air. Ce que c’eft. <261. Oa ignore de
quelles parties il eft compofé. 262.
Comment il devient nuifible au Corps
humain, ibid. Dommage qu’il caufe aux
Plantes, quand il eft trop chargé de par¬
ticules ignées & d’exhalaifons. 263.
Quel eft le meilleur moyen pour puri¬
fier les Orangeries & les Serres d’un air
corrompu, ibid. Néceffité de donner à
l’air une bonne température pour la con¬
fier vation des Plantes. 264. Pourquoi
dans les lieux fouterrains l’air nous pa-
roit froid en Eté & chaud en Hiver. 265.
Combien le changement fubic du froid
au chaud ou du chaud au froid, eft nui¬
fible. 266. Pourquoi le mélange d’un
air froid avec un air chaud ne fe fait ja¬
mais qu’infenliblement. 267. Les fortes
pluies font toujours bonnes lorfqu’il règ¬
ne un air froid. 269.
Amandes. Différentes fortes d’Amandes.
164.
Amandiers. Pourquoi on les expofe au
danger de mourir quand on les tranf-
plante. 88. De quelle manière on les
multiplie. 164.
Amboife (Poire d'')» Voyez Beuré ou Poire
dAnjou,
BLE
E S
ERE
Ananas. A quelle marque on -connoit
qu’ils font mûrs. 12 1. Pourquoi il y
en a de verdâtres, ibid. Chaleur qu’on
doit leur communiquer. 257. Terre
dans laquelle ils doivent être plan¬
tés. 277. Ces fruits connus des Amé¬
ricains fous le nom de Pinbas. 398*
Pourquoi on les nomme Pommes de
Pin. ibid. Tranfportés des Indes Occi¬
dentales enEuropeêc aux Indes Orienta,
les. ibid. Différence qui nait de la di-
verfîté du climat, ibid. 5i l’on doit en
diftinguer diverfesefpèces. ibid. Def¬
cription de trois différentes fortes d’A-
nanas. ibid. ôl fuiv. Comment ondoie
les conferver pendant l’hiver. 35^9.
Moyen d’en avoir de bons. 401. O-
deur agréable des Ananas. 402. Quel¬
le eft la marque de leur maturité, ibîd.
Manière de les traiter dans des Serres
foit en Hiver foit en Eté, & dans des
Cailles vitrées oü il y a du Tan. ibid.
& fuiv.
Anciens (les}. Comment ils bâtiflbient
leurs Maifons de Campagne, & but
qu’ils fe propofoient. 6.
Animaux. Leurs excrémens font trè»
propres à fumer les terres. 52.
Anjou (Poire d’}. Voyez Beuré.
Août. Lifte de tout ce qu’il faut prati¬
quer dans une Campagne pendant le
cours de ce mois. 300. Quels en font
les fruits, les légumes, les fleurs, f-
bid.
Appel (Pieterfeli }. Voyez Pieterfeli^Ap»
pel.
Appel (Spiegel }. Voyez Spiegel- Appel.
Appel (T/er-). Voyez Tfer- Appel,
Appétits, Voyez Ciboules.
Arbor mortis. Nom qu’on donne à l’If.
Voyez If.
Arbor vit ce. Voyez Génévrfer.
Rem arques générales fur la crûedes
Arbres & la manière de les cultiver. 61.
F f f 3 Arbres y
TABLE DES MATIERES.
Arlres. Pourquoi les Arbres ne veulent
pas être plantés dans des endroits trop
reflcrrés ou trop expofés à l’ardeur
du Soleil. 6i. Pourquoi les fruits des
Arbres de haute tige font meilleurs cc
plus agréables que ceux des Arbres
nains. 62. Pourquoi certains Arbres plan¬
tés en plein vent font meilleurs que ceux
qui crojlfenc contre des c’oifons ou con¬
tre des murailles. î&îii Les Arbres meurent
quelquefois fubitement , quelquefois len¬
tement , quoique dans le fort de leur crûe.
63. Comment on peut empêcher certains
Arbres de mourir, ibld. Remarques fur
la mort des Arbres. 64. Les Arbres
fauvages deftinés pour être mis en œu¬
vre ou pour brûler fouffrent beaucoup
lorfqu’on les tranfplante, 65. Pourquoi
il eft trèsnuifible de tranfplanter fouvent
les vieux &; les gros Arbres, ihid. Les
Arbres qui viennent de la même femen-
ce ne Ibnt pas toujours de la même for¬
te. 66, Pourquoi en Hollande certains
Arbres meurent facilement lorfque leurs
racines pénètrent profondément en ter¬
re. ibid. Comment on doit ménager
certains Arbres pour ne les pas endoma-
ger ou les empêcher de croître. 67.
Quels font les Arbres dont il eft nécef-
faire de couper les branches à couron¬
ne pour les faire reprendre plutôt, ibid.
Pourquoi en tranfplantant les Arbres
dont le rejetton de la tige n’cii; ni rogné
ni coupé , on doit les mettre à l’égard
du Soleil dans la même expofition oii
ils étoient avant qu’on les tirât de terre.
68. Raifon pour laquélle quand on a
une fois arraché les Arbres fauvages, il
faut les tranfplanter le plutôt poflible.
ibid. Ce qu’il faut faire pour empêcher
que les Arbres, qu’on reçoit d’un en¬
droit éloigné, ne fe deflechent ou ne le
geLent. ibid. Pourquoi la manière de
cultiver les Arbres fruitiers eft dilfércn-
te de celle dont on cultive les Arbres fau¬
vages. 69. Pourquoi il eft néceftaire
d’arrêter dans leur crûe les rejettons li¬
gneux qui eroiflenttrop vigoureufement.
ib'd. Quelle eft la meilleure manière de
faire venir naturellement'des Arbres en
pleine terre, pour avoir dans la fuite de
bon bois & de bçns fruits. 70. Danger
qu’il y a de laifTer eoître trop fubite¬
ment des Arbres fruitiers , en laiftant des
le commencement trop étendre leurs
branches, ibid. Comment on doit cou¬
per les vieux Arbres fauvages qui ont un
tronc uni. ibid. Pourquoi il faut bien
faire attention , quand on coupe les
branches gourmandes des Arbres, à leur
poufle vigoureule & à leur grofleur. f-
bld. Pourquoi on ne doit ni plier ni
tordre les Arbres contre le fens félon le¬
quel ils croiftènt. 71. A quelles fortes
de Végétaux on donne le nom d’ Arbres.
72. .Diftinétion des différentes fortes
d’Arbres. 73. Quels font les Arbres
qu’on regarde comme les plus grands.
ibid. Différence qu’il y a entre les Ar¬
bres & les Arbriffeaux. ibid. Arbres qui
font de l’un & de l’autre fexe. 74. Du
tems auquel les Arbres croiffent & vi¬
vent félon les faifons. 75. Üne mau-
vaife culture & une trop grande fertili¬
té peuvent racourcir leur vie. ibid. Pour¬
quoi les Arbres cultivés croiffent pour
la plupart moins bien , & vivent moins
longtems, que ceux qui viennent natu¬
rellement. ibid. Les Arbres femelles
croiffent généralement en moins de
tems que les mâles; mais ils ont du bois
plus mou, gonflé, & ne vivent pas û
longtems. ibid, Raifon de cette diffé¬
rence. ibid. Pourquoi les Arbres plan¬
tés dans des terrains fort bas vivent
moins que ceux qui font plantés dans des
lieux élevés, ibid. Pourquoi on ne peut
pas déterminer le tems auquel les bour¬
geons, les boutons, les feuilles, les
fleurs, les branches, &c. commencent
dans leurs faifons à croître ou à paffer.
76. Quelle eft la pouffe la plus vigou-
reufe du bois. 77. Manière de multi¬
plier les Arbres. 78. Leur multiplica¬
tion par la femence. 79. Par des Sauva¬
geons de fouche. 80. Quels font les Ar¬
bres qui fe multiplient de cette maniè¬
re. ibid. Leur multiplication par Bou¬
ture. 81. Quels font les Arbres qui peu¬
vent être multipliés de cette manière.
ihid. Multiplication qui fe fait par des
Provins couchés en terre. 82. Pépiniè¬
re pour les Arbres, & la manière de les'
cultiver, Voyez. Pépinière, Manière
TABLE DES
de planter les Arbres , fi ce qu’on doit fai'
re avant & après qu’ils font plantés. 89.
j^rbres. Combien il efl: néceffaire de faire
attention aux propriétés naturelles des
Arbres qui doivent être plantés. 89.
Pourquoi les Arbres fauvages doivent ê*
tre plantés jeunes, & pourquoi les Arbres
fruitiers doivent être plantés plus vieux.
zW. Pourquoi on ne doit pas planter dans
l’arrière- faifon des Sauvageons defcmen-
ce produits la même année, ibid. Au-bres
dont les racines fe moififlént & meurent
facilement, ibid. Raifon pour laquelle
on ne doit jamais planter des Arbres en
Autonne dans des fonds bas & humides.
90. Quelles conditions doit avoir la ter¬
re oîi on plante des Arbres, foit auPrin-
tems foit en Autonne. ibid. Prudence
aveclaquelle on doit arracher les Arbres
qu’on a deflein de tranfplanter.i&fd. Com¬
bien il eft néceffaire de planter incef-
famment les Arbres qu’on a arrachés,
pi. Mefures à prendre avant cette tranl-
plantation. ibid. Quels font les Arbres
qu’on nomme de haute tige. ibid. Quel¬
le efl la meilleure méthodeà l’égard des
Arbres nains, pour être plantés enefpa"
liers. ibid. Pourquoi lorfqu’il elt quef-
tion de planter des Arbres fruitiers à hau¬
te tige, on ne doit pas choifir des efpèces
qui produifent des fruits extraordinaire¬
ment gros. ibid. Pourquoi on ne doit
pas planter des Arbres à haute tige, qui
ne pouffent pas des jets d’un bois vigou¬
reux. ibid. Inconvénient qu’il y a de
planter contre des murailles ou des cloi-
fons qui font expofées au Nord. 92.
Pourquoi on ne doit pas planter trop
profondément les Arbres qu’on place
dans un terrain uni. ibid. Néceffité de
fouiller ayant l’hiver tant en profondeur
qu’en largeur ,1a place d’oti l’on a arra¬
ché les Arbresy & fur-tout celle oii il en
efl mort. 93. Pourquoi avant qu’on re¬
tire de la Pépinière les Arbres qu’on doit
planter, il faut oblérver leur expofîtion.
ibid. A quelle diflance on doit planter
dans de fortes terres graffes les Poiriers
& les Pommiers à haute tige. ibid. Ce
qu’il faut faire pour hâter la pouflé des
Arbres. 94. Néceffité d’élever les Ar- .
bres félon i’ufage auquel on les deftine.
M A T I E.R E S.
100. Moyen dont on doit fe fervir pour
bien faire croître de vieux Arbres qui
ont été entés. loi. Taille des Arbres
fruitiers 6c autres, tant en Hiver qu’en
Eté. 104. Pourquoi il eft nécefîairc
de les tailler, ibid. La forte gelée ne
nuit pas plus aux Arbres taillés qu’à
ceux qui ne le font pas. ibid. Quelle
efl la prémière chofe qu’on doit obfer-
ver à l’égard de la taille des Arbres qu’on
doit planter. 105. Pourquoi il ne faut
pas laiffer croître trop fubitement en
hauteur les Arbres nouvellement plantés.
10(5. Ce qu’on doit faire à l’égard des
Arbres deflinés pour des Haies, ibid.
Comment les Arbres,' qui produifent des
fruits à pépin, & dont les lues montent
en abondance 6c font du bois vigou¬
reux, peuvent être rendus fertiles. "107.
Pourquoi il ne faut jamais laiffer aux Ar¬
bres des branches qui pouffent en dedans.
108. De quelle manière doit être faite
la taille des Arbres à haute 6c baffe ti¬
ge. ibid. Comment on doit attacher les
Arbres avec de l’Ofier. no. Comment
on peut donner une belle figure aux Ar¬
bres plantés contre des cloifons ou des
murailles, ibid. âf fuiv. Ce qu’il faut
faire pour les faire paroître contre les
cloifons comme fi c’étoit des tapis
verds. 111. Traité des Arbres fauvages ,
manière de les planter, de les tailler,de
les tondre, pour en faire des Haies. 190.
Avantages de ces Arbres, ibid. Ceux
qui croiffent dans des terres fablonneu-
fes font du bois plus précieux 6c plus
durable que ceux qui viennent dans des
terres graffes. ibid. A quoi on doit de-
fliner les Arbres fauvages qui font tou»
jours verds. 192. Tems auquel les Ar¬
bres pouffent le plus. 194, Chofes qu’il
faut obferver avant que de planter les
Arbres, dans le tems qu’on les plante,
6c après qu’on les a plantés, ibid. Efli-
rae qu’on fait des Arbres dont les feuil¬
les font de deux couleurs. 197. Diffé«
rentes fortes d’Arbres fauvages, leurs
^ pro^îriétés , manière de les élever dans
les terres qui leur conviennent, celle de
les cultiver, de les planter, de les tail¬
ler, 6c ufage qu’on doit faire de leur
bois. 198, lâfuiv.
Ar»
TABLE DES MATIERES.
JIrhres de mâts. A quels Arbres on donne
ce nom. 200.
Arbres étrangers. De quelle manière il faut
traiter les Arbres qu’on reçoit de loin.
' 368. Comment on doit les replanter.
ibid. Pourquoi il ne faut pas employer
pour cette tranfplantation une terre
gralTe. 319; Ce qu’il faut faire lorsque
ces Arbres pouflent trop de rejettons.
ibid. Quels doivent être les Pots oii l’on
plante de petits Arbres, ibid. Pourquoi
ces Pots ne doivent pas être vernis, f-
bid. Dans quelle forte de Caifle on doit
mettre les grands Arbres, ibid. -Raifon
qui donne lieu de croire que les Arbres,
n’ont fouvent "d’autre nourriture que
l’eau. 370. Quel eft le tems le plus con¬
venable pour tranfplanter les Arbres.
371. Quelle efl: la meilleure terre oii
l’on doit faire cette tranfplantation. ibid.
Comment on conferve les Arbres, dans
des Serres. 374.
ylrbrijfeaux (lesjn’ontpas les troncs iîgros
que les Arbres. 73.
Arrofer. Pourquoi ou ne doit jamais ar-
rofer les Plantes pendant le chaud du
jour, & moins encore, quand le Soleil
luit.. 280. Arrofoir dont on doit fe fer-
vir. ibid. Pourquoi on doit beaucoup ar¬
rofer les Arbres qui ont été ou tranfpor-
tés ou trop fecoués par la tempête, i-
bid.
Arrofoirs. Quels doivent être ceux dont
on fe fert dans les Maifons de Campag¬
ne. 28.
Arteloire (Poire de l'). Y Germain (la
Poire St.).
Artichaux. Comment ilsfe multiplient. 81.
321. Ce quec’eftjdx leurs efpèces. 321.
Dans quelle forte de terre il faut les plan¬
ter. 322. Ce qu’il faut pratiquer pour en
avoir de bonne heure, ibid. Différehce
qu’il y a entre les Artichaux de Zélande
& ceux d’Angleterre, ibid. Les Artichaux
regardés comme un aliment grofïïer. i-
bid. Comment on les prépare, ibid.
Afperges. Moyen d’avoir de bonne heure
des Afperges. 292. Diftinguées en plu-
fieurs efpèces. 323. Qu’ell-ce qui les
diflingue le mieux, ibid. Afperges d’u-
pe groffeur extraordinaire, nommées.,
wi Hollandois Bobbe^ Koppen\ & leurs
mauvaifes qualités, ibid. Quelle efl la
meilleure efpèce. ibid. Comment on
multiplie les Afperges. ibid. Dans quel¬
le forte de terre elles fe plaifent le plus.
ibid. Manière de les planter & tranf¬
planter. ibid. âf fuiv. Leur manière de
croître. 325. Qualités qu’elles doivent
avoir pour être excellentes, ibid.
Avant • Pecbe blanche. Sa defeription. 147.
Avant-Pècbe rouge. Defeription de cette
forte de Pêche. 147.
Aunes. Ces Arbres épuifent extrêmement
le terrain oh ils font plantés. 64. Leur
defeription. 195. Ufage qu'on peut en
faire pour des Haies, ibid.. Quelle for¬
te de terroir ils aiment. 203. Qualités de
leur bois. ibid.
Avril, A quoi on doit s’occuper dans une
Campagne pendant le cours de ce mois.
29(5. Quels font les fruits qu’on peut a-
lors manger, ibid.
Autonne (le Safran d'). Poire ainfî nom¬
mée & connue des Romains fous le nom
de Pyrum Nardinum. 125. Sa deferip¬
tion. ibid. Idée de l’Arbre qui la porte.
ibid.
B.
Agnaudier. Voyez Colutbée,
Banc dont on doit fe fervir pour ébran-
eher les Arbres des Mailbns de Campa¬
gne. 28.
Baromètre. Son ufage. 25i.
Bajîlic. Différentes Ibrtes de Bafilic, ma¬
nière de le cultiver, & ufage qu’on en
fait. 325.
Baffins ou Refervoirs d’eau dans les Mai¬
fons de Campagne, ii. Terraffe dont
ils doivent être environnés, ibid.
Bateau à rames, néceffaire en Hollande
pour ceux dont les Campagnes font au
bord de l’eau. 33.
Bêches. Comment doivent être faites les
Bêches dont on fe fert pour les Jardins
des Maifons de Campagne. 27, Deux
fortes de Bêches. 29.
Begar. Voyez Bergamote.
Bergamote. Sous quel nom cette Poire é-
toit connue des Romains. 126. Sa def¬
eription. ibid. De quel Païs elle vient
originairement, ibid. Nommée propre -
ment
TABLE DES MATIERES.
merit Begar , & ce que fignifie ce mot.
127. Quand e(t ce que les Bergamotes
deviennent bonnes, ibid.
Bergamote Crafane. Defcription de cette Poi¬
re. 128. Quelles font les meilleures.
Bernardine. Jugement fur ce fruit. 122.
Beteraves. Quelles font les meilleures.
359* Quelle forte de terre leur convient.
tbid. Comment on les multiplie, ibid,
Beuré f ou Poire d'Anjou ^ &c. DifFérens
noms de cette Poire. 127. Ses qualités.
ibid. Caufe de la perte de fâ bonté, i-
iid. Quelles font les meilleures de ces
Poires, ibid. Decription de l’Arbre qui
les produit, ibid.
Beuré blanc, ou Poire de neige. Autres
noms qu’on donne à cette Poire. 127.
Sa defcription. ibid. Ses qualités, ibid.
Bigarreaux. Voyez Cerifes.
Bifarré. Nom d’une efpèce de Cédrac.
383. Sa defcription. ibid. & fuiv.
Blom-zoet, ou Goe zoet. Pomme douce qui
porte ce nom en Hollandois. 134.. Sa
defcription, & de l’Arbre qui la porte, ibid.
Bodceus, cité. 124.
Bois. Quel eft le meilleur bois pour de
gros ouvrages, &qui dure le plus long-
tems, 71 & 122. Avantage du Bois fléxible.
71. Qualités du Bois de Poirier. 122. On le
met plus en œuvre que celui de Pommier,
mais celui-ci eft meilleur à brûler. 123.
Bon-Cbrétien (la Poire de). Noms qu’elle
porte chez les Grecs & chez les Latins.
129. Regardée en France comme la
meilleure de toutes les Poires, ibid.
Boogbout. Nom Hollandois qu’on donne
à une forte de Plane. 210.
Boue. Son utilité pour fumer les terres.
58. De quoi la Boue de pavé eft com-
pofée. 59. Pourquoi la Boue des rues
en Hollande ne fauroit être regardée
comme du fumier.' ibid.
Bonis. Comment cette Plante fe multiplie.
80. Le gros Bouis propre pour des
Haies. 197. Ufage qu’on fait du Bouis
fin pour fervir d’ornemens dans les Par¬
terres. ibid. Moyen de l’employer pour
cet effet, ibid.
Bouleau. En quels endroits cet Arbre
croît le mieux. 199. Sa grandeur, fa
groffeur ordinaire, ibid. Qualités & u-
îage de fon bois. ibid.
Partie JJ,
Bouracbe. Ce que c’eft, & fon ufage. 32(y
Boutons de fleurs. Quels font ceux qui vien¬
nent de rejettons vigoureux la même an¬
née. 1 13. Tems auquel ils fe forment.
Bouture. Arbres que l’on multiplie par
Bouture. 81. Conditions requifes pour
faire heureufement réuflîr les Boutures.
ibid. Pourquoi des Boutures mifes en
terre dans le Printems, contre des mu¬
railles ou des cloifons fort expofées au
Soleil, prennent rarement racines, ibid.
Quels font les Végétaux qui produifenc
une même forte déplanté & de fruit que
l’Arbre dont la Bouture a été coupée, ibid.
Brancard dont on fe fert dans les Maifons
de Campagne. 28.
Brouillard. Effet qu’il produit fur lesPlan^
tes. 269.
Brugnons. Pêches qui portent ce nom.
142. Pourquoi nommées en Hollandois
Pêcbes chauves ou Angloifes. ibid. Leur
defcription. 149.
C;
Ç^Abinet propre à garder les Semences
. dans les Maifons de Campagne. 32.
Cadres en ufage dans les Maifons de Cam¬
pagne. 32.
Cailfe vitrée pour les Ananas. pendant l’E¬
té. 242. Sa defcription. ibid. Autres
fortes de Caiffes pour des fleurs, &c.
243. Caiffes à volets. 244.
Campagne (Maifons de}. Comment & de
quoi elles doivent être entourées poUrê-
tre agréables, i. Elles ne doivent pas
être d’une trop vafte étendue, ibid. A-
vantage qu’il y a d’en bien employer
le terrain. 2. Moyens dont on doit fe
fervir pour les rendre agréables, ibid.
Qualités qu’elles doivent avoir, ibid.
Quelle doit être leur fituation. ibid.
Pourquoi on ne doit pas les placer dans
le voifinage de la Mer. ibid. Ni proche
des Etangs, des Marais, ou des gran¬
des Villes fort peuplées, ibid. Pourquoi
on peut les placer à une jufte diftance
de quelque Ville confidérable. 3. Repro¬
che d’une Rivière d’eau douce, ibid.
Pourquoi il eft’bon que le devant & le der¬
rière de la Maifon foient fitués l’un au .
Midi l’autre au Nord. ibid.
Ggg
Cam-
TABLE DES MATIERES.
Campagne (Maifons d€). Pourquoi les terres
élevées, unies, font préférables aux terres
balles. 3. Quelledoitêtre la fituadon d’u¬
ne terre pour paroître plus grande & pro¬
curer déplus longues vues. 4. Plan&def-
cription d’une Maifon de FhiCuncs.ibid. &
5. But des Anciens enbâdflant des Mai-
Ibns dePIaifance. 6. Comment ils les bâ-
dlToient. ibid. Comment on les difpofe au-
. jourdhui.7. Pourquoi on ne doit pas faire
des ornemens ruineux dans les Maifons
de Campagne. 9. Ce qu’on doit obfer-
ver pour y faire des arrangemens conve¬
nables. ibid. Raifon pour laquelle on
doit faire enforte que toutes les perfpec-
tives paroiHent s’éloigner, ibid. Pour¬
quoi ces Maifons doivent être placées
dans un lieu élevé. 10. Arbres qui doi¬
vent être plantés fur le devant, ibid.
L’entrée doit être fpacieufe, & pour¬
quoi. ibid. Endroit oh doivent être 11-
tués les Parterres, ibid. & les Vergers ,
lorfqu’ori en fait. ibid. Pourquoi tou¬
te les Haies qu’on peut envifager du mê¬
me coup d’œil doivent être de la même
forte d’ Arbre de du même verd. ibid.
Soin qu’on doit avoir pour bien netto-
yerles Canaux, lesFolTés, les Viviers,
lesBaflins, &c. ii. Pourquoi les peti-
' tes figures & autres' petits ornemens ne
conviennent pas dans les Lieux de Plai-
fance. 12. Ce qu’on doit obfervcrpour
que toutfoit alTorti, & que rien ne pa-
roifie déplacé, ibid. Difpofition & or-
, dre des Ouvrages à treillis, des Grot¬
tes, des Jets d’eau, des Statues, &c. i-
iid. &f fuiv. A quoi on doit faire atten¬
tion, quand on commence à conftruire
les Edifices d’une Maifon de Campagne,
jufqu’à ce que le tout foit parfaitement
achevé. 14, fs? faiv. Nécelîité derehauf-
fer les fonds de terre en Hollande. 15.
Manière dont on doit faire ce rehauf-
fement, ibid. Moyens qu’il faut emplo¬
yer pour préferver ces Maifons du froid
& du chaud, ibid. Ce qu’on doit faire la
prémière -année. i(5. Mélange qu’il faut
faire des fonds de terre fablonneuxavec
du limon, ibid. Chofes qui doivent être
pratiquées la fécondé 'année. 17. &: la
troiûème année. 18. & les années fuivan-
tes. 19 > Choix qu’OQ doit fai¬
re d’un bon Jardinier. Voyez Jardinier,
& des autres Ouvriers. 24 , 25. Voyez
Ouvriers. Outils pour les jardins des
Maifons de Campagne. Voyez Outils,
Manière de creufer les FolTes, les Vi¬
viers des Maifons de Campagne. 33.
Qualités requifes des Fonds de terre oh
on doit les placer. 40. Voyez Fonds
de terre. Nécelîité qu’il y a de travailler
les terres avant que de les planter. 44.'
Canaux (les) des Maifons de Campagne
doivent être foigneufement nettoyés, ii.
Carottes. Six fortes de Carottes très diftinc-
tes. 357. Les Carottes jaunes deLeyde
regardées comme les meilleures, ibid.
Tems auquel on les feme. ibid. Leurs
qualités, ibid. Carottes courtes, qu’on
nomme Carottes de Home ; & de com¬
bien de fortes il y en a. 358. Leur def-
cription. ibid. Dans quelle terre les meil¬
leures viennent, ibid. Elles aiment un
air libre & dégagé, ibid. Tems auquel ♦
il faut les fe mer. 359. Pourquoi on^ne
feme jamais des Carottes fur une terre oh
il y a eu du Cerfeuil d’Autonne. ibid.
Carpinus. Arbre ainû nommé par Théo-
p h rade. 200.
Cafeades. Inconvénient des Cafeades en
Hollande. 8. Comment elles • doivent
être placées. 12.
Catalogne (le Raiûn de). Sa defeription.
187.
Cédrac, ou Cédrat (le) ne fait pas du bois
fi tortu que l’Oranger, ni d’aulfi grofles
branches que le Limonnier. 381. Efpè-
ce de Citronnier auquelon donne le nom
de Cédrac. 382. Si le Cédrac & le Citron¬
nier ont la même forme, ibid, Efpèce
de Cédrac hermaphrodite , connue
fous le nom de Bifarré. 383. Sa def-
cription. ibid. fuiv. Ses fleurs. 385.
CélerL Ses différentes efpèces. .326.
Quel eft celui qu’on cultive en Hollan¬
de dans les Jardins potagers, ibid. Def¬
eription du Céleri de Brabant, ibid^ De
quelle manière il croît, & comment il
faut le tranfplânter. ibid. & 327. Pour¬
quoi on ne doit jamais tranfplanter ce¬
lui qui a été femé en Autonne. ibid.
Quel eft le meilleur tems pour femer le
Céleri d’Eté. ibid. Pourquoi il ne doit
pas être tranfpianté trop jeune, ibid.
TABLE DES MATIERES.
Cequ’on doit obferver lorfqu’il efl quef-
, tion de le buter, ibid. Sable dont il faut
fe fervir., pour cela. ibid. Quelle eft la
meilleure manière de le conferver pen¬
dant l’Hiver. 328.
Cer/euiL Comment il fe multiplie. 328.
Quelle forte de terre il aime. ibid.
Pourquoi il épuife extrêmement la terre.
ibid. En quels endroits on doit le fe-
•mer. ibid.
Cerifes. Diverfes efpèces de Cerifes. 135.
Qualités des Cerifes connues fous le
E^m de Cerifes du Prince Maurice. 139.
Çe que c’efl: que les Cerifes doubles de
Rouen, ibid. Les Cerifes doubles de Mai,
aufli nommées le Mufcat tardif de Pra¬
gue; leurs qualités, ibid. Ce que c’eit
que les Cerifes fimples de Mai. ibid. ^fuiv.
Deux fortes de Cerifes nommées Muf-
cats de Prague. 140. Defcripcion de ces
Cerifes. M. Cerifes tardives, nommées
en Hollandois Folgers. ibid. Leurs qua¬
lités. ibid. Toutes les Cerifes nommées
Griotes, ou Cerifes à queue, regardées
comme étant toutes de la même efpèce.
ibid. Defcription de l’Arbre fur lequel
elles croiflent. ibid. Ce que c’efl: que
les Cerifes d' Orange, de laComteffe, ou
les Cerifes rouges de Bruxelles. 14 1. Def¬
cription des Cerijes d'Agathe, ibid. Ce¬
rifes de Gatrop, appellées auflicro^wa^-
tes.. ibid. Quelles font les Cerifes qui
portent en Hollandois le nom de van
der Nath. ibid. Leur defcription, &
leurs qualités, ibid. Cerifes d'Efpagne,
nommées auflii Bigarreaux, ibid. Mau-
vaifes qualités des Cerifes appcllées en
Hollandois Witte Spekkers. ibid.
Certjiers. Comment les Cerifiers fauvages
fe multiplient. 80. Sur quoi on grefe les
Ceriûers. 87. Accident qui leur arrive.
89. A quelle diflance on doit les plan¬
ter les uns des autres. 93. Les Cerifiers
qui font jeunes ne donnent pas tant de
fleurs, ni fl ferrées, que les vieux. 13(5.
Diverfes remarques fur ce^ Arbres, ibid,
^ fuiv. Pourquoi on ne doit pas les
planter dans le même endroit oii d’autres
Arbres de même efpèce ont dejaété plan¬
tés. ibid. Comment on les multiplie. î-
’hid. Pourquoi la taille d’Eté eft nuiûble
aux Ceriûers* 139*
Certeau d’Eté. Jugement fur ce fruit. 122.
Chaleur. Ce qu’on doit entendre par ce ter¬
me. 218. Effets qu’elle produit. 224.
Chaleur artificielle. -Moyen de l’augmen¬
ter, foit dans des Serres ou dans des
Caiffes vitrées. 281. Chaleur que produi-
fent-le fumier de Cheval & le Tan. 285.
Champignons. Oii croiffent ceux qui font
bons à manger. 328. Leurs efpèces dif¬
férentes. ibid. Defcription des Cham¬
pignons d’Autonne qui croiffent dans les
Prairies oîi paiffent les Chevaux, ibid.
Défauts qu’ils aquièrent.lorfqu’ils reftenc
trop longtems en terre. 329. Defcrip¬
tion de ceux qui viennent dans les Jar¬
dins potagers, ibid.
Chariots. Néceflité qu’il y a d’en avoir
quand on ne peut pas fe rendre par eau
aux Campagnes. 33.
Charme. Ufage qu’on peut faire de cet Ar¬
bre pour des Haies. 195.
Cbarue dont on fe fert pour farder dans les
Jardins des Maifons de Campagne. 28.
Chajfe ("Maifons de). Quelle doit être la
difpofition, l’ordonnance, &c. desMai-
fons de Chaffe. ii. Quels font les or-
nemens qu’on doit y faire, ibid. Pour¬
quoi il n’eft pas néceffaire que ces'Mai-
fons foient vaftes. 12.
Chateîgner. Comment cet Arbre fe, multi¬
plie. 164.
Chateigner Jauvage, en Latin Cajîanea equU
na. Defcription de cet Arbre, 209.
Dans quelle forte de terre il croît le
mieux, ibid. ' ,
Chateignes franches & fauvages, 164.. Re¬
gardées comme trop pâteufes, 6t fans
goût dans les terres baffes & marécageu-
fes. ibid.
Chats (Herbe aux J. Voyez Herbe aux
Cbats.
Chaux. Quelles doivent être les condition*
de la chaux qui doit fervir pour la con-
ftrudion des Maifons de Campagne. i(5.
Chaux vive. Chaleur qu’elle produit , &
fon ufage pour la poufle des Plantes.
285.
Chêne. Durée de la vie des Chênes. 78.
En quel tems on doit les abattre, ibid.
Pourquoi le petit Chêne eft propre
pour former des Haies, ipé. Dans
quelle forte de terre croiffent les Ché-
Ggg 2 ces.
TABLE DES MATIERES,
lies. 20 r. Comment ils fe multiplient.
ièid. Pourquoi il provient de leurs
glands différentes fortes d’Arbres plus ou
moins durs. S’il eft vrai qu’ils vivent
trois cens ans', (Stproduifent pendant tout
ce tems'là de bon bois. ibîd. Qualités
du bois de Chêne qu’on appelle en Hol¬
lande bois de Wefel. ibid. Diverfes
propriétés du Chêne. 202. Pourquoi
le bois de Chêne ne vaut rien , quand
il eft coupé trop tôt. ibid. Remarque
de Bodæus &de Théophraftefur le Chê¬
ne, trouvée faufle par l’expérience.
203. Efpèce de petit Chêne, nommé
en Hollandois Spaanfe-Aker ou Haag^
Eyk. 210. Ufage qu’on en fait pour des
Haies, ibid.
Cbenilles. Inftrument pour dénicher les
Chenilles des Jardins. 31.
. Cbervis. Leurs qualités. 360. Comment
on les multiplie, ibid.
Chevaux Cles) font d’une néceffité abfolue
quand on ne peut pas fe rendre par eau
•aux Campagnes. 33. Ufage qu’on fait
de leur fumier. 57. Voyez Fumier.
Cbevre- feuille. Comment cet Arbre fe mul¬
tiplie. 80. 213. Cet Arbriffeau appellé
•en Autriche Rofe de Jérico. 213. Ses di¬
verfes efpèces. ibid.
Chicorée i ou Endive. Manière de l’aprê-
ter pour être mangée. 329. Ses diffé¬
rentes fortes. ibid. Quelle eft la meil¬
leure. ibid. Comment on la multiplie.
ibid. Pourquoi elle ne doit pas être
tranfplantée trop jeune, ibid. Quelle eft
la femence qu’on en doit recueillir, i-
bid. Tems delà femer.M. Ce qu’il faut
faire quand on en tranfplante en tems
fec. 330.
Choux en général. Comment on les mul¬
tiplie. 330. Quelle forte de terre ils ai¬
ment. ibid. Comment la terre oh ils
croiffent doit être préparée, ibid. Pour¬
quoi on ne doit pas planter des Choux
dans les endroits oh il y en a eu, les an¬
nées précédentes, ibid. Différentes for¬
tes de Choux, ibid. Quels font les
Choux qui pomment. 332. Tems qu’il )
faut choifir pour buter les Choux. 333.
Soin qu’on doit avoir d’en écarter les
Chenilles, ibid. Pourquoi on prétend
que ceux qu’on plante dans le voiûnage
des Pois, font moins fujets aux Chenil¬
les que les autres, ibid. é? fuiv.
Choux bâtards. Ce que c’eft. 332.
Choux cabus.^ Pourquoi on les nomme en
Hollandois Kappertiens-kool. 332.
Choux de Savoye ou de Milan. Combien il
.y en a de fortes en Hollande. 333,
Quels font les meilleurs, ibid. La ge¬
lée les blanchit & les rend tendres, ibid.
Tems de les femer. ibid.
Choux-fleurs. . Tems de les tranfplanter.
292. Leurs différentes efpèces. 330.
Quels font les meilleurs, ibid. Leurs
qualités dépendent du Climat. 331. Dans
^els Pais on les cultive le mieux, ibid.
Tems auquel on les feme. ibid. Ce qu’il
faut obferver lorfqu’on les tranfplante.
ibid. Comment on les préferve de la ge¬
lée. ibid. Ils doivent avoir plus d’en¬
grais que les Choux rouges ou autres
Choux pommés. 332. Ce qu’il faut fai*
re pour les conferver jufqu’au Printems.
ibid.
Choux frifés ou crépus. Leurs différentes
fortes. 333.
Choux pommés blancs. Leurs différentes ef¬
pèces. 333. Tems auquel on les feme.
ibid.
Choux rouges. Deux fortes d’efpèces de
Choux rouges, l’une greffe, 1 autre pe¬
tite. 332. Leurs qualités, & leur def-
cription. ibid. Ce qu’il faut faire pour
les bien conferver. ibid. Tems de les fe¬
mer. ibid.
Choux connus en Hollande fous le nom de
Slooren, & en Angleterre fous celui de
Green-Cabbage. 333,
Ciboules t ou Appétits, Comment on les
multiplie. 321.
Ciboulette. Comment on- la multiplie. 81.
Cifeaux volans. Defeription de cette forte
d'Outil. 30, Cifeaux pour tondre le
Bouis. 31. Autres Cifeaux de trois dif¬
férentes largeurs, ibid.
Citron de Sirène. Poire ainfi nommée. 123.
Sa defeription. ibid. Ses qualités, ibid.
Citron - de Septembre. Nom d’une Poire
nommée aufîîtere &c. 127. Vo¬
yez Beuré blanc.
Citronnier. Son bois regardé comme plus
fpongieux que celui du Limonnier. 37a.
Manière de tailler les Citronniers. 380.
Noms
TABLE DES
Noms que.Ferrarius donne à ces Arbres.
382.
Citrouilles, Ce que c’eft. 334. Regardées
comme ne méritant pas d’étre cultivées
dans les Jardins potagers. iUd.
Cloifons. Quelles font les meilleures, no. •
Cochon. Pourquoi le fumier de Cochon é-
toit regardé comme inutile chez les An¬
ciens. 58. De quoi on nourrit les Co¬
chons en Hollande, ihid. &. de quoi on
les nourriflbit autrefois, ibid.
Coignajfters. A quelle diftance on doit les
planter les uns des autres. 93- Com¬
ment ces Arbres fe multiplient. i<5i. Ma¬
nière de les tailler. 162.
Coings. Ces fruits diftingués en mâles &
femelles. i<5i. Quels font les meilleurs
Coings, ibid.
Coins de fer de différentes grandeurs dont
on a befoin dans les Maifons de Cam¬
pagne. 32.
ColuînellCf cité. 17^*
Colutbée ou Bagnaudier. Defcription de cet
Arbri fléau. 213.
Concombres. Ce que c’efl , & leurs dif¬
férentes efpèces. 334. Les blancs efti-
més des Hollandois, & les verts des
François & des Anglois. ibid. Efpèce
de Concombre jaune qui produit beau¬
coup. ibid. Manière de les -cultiver, i-
hid. Tems auquel ils font bons à man¬
ger. ibid. Doivent être coupés avant
■leur maturité, 335. Ce qu’il faut faire
pour en avoir de propres à confire, ibid.
Pourquoi on doit tranfplanter ceux qui
viennent de femence. ibid.
Cordons nécelfaires pour aligner les Cou¬
ches & les Carreaux des Jardins. 32.
Cournouiller. Defcription de cet Arbrif-
feau, & comment on le multiplie. 80,
.160.
Cornouilles. Leur couleur naturelle. 119.
Couches. Comment on doit faire les Cou¬
ches des Jardins pour avancer la maturi¬
té des fruits. 2S6. Couches faites avec
le fumier de Cheval, ibid. Et avec des
feuilles d’Arbres. 287. Mauvais effet
des Couches trop chaudes, ibid. Pour¬
quoi on doit couvrir de terre toutes les
Couches qu’on fait en Février. 288.
Comment on les préferve d’un air trop
Toid. ibid.
AI A T I E R E s.
Couperet dont on a befoin dans les Maifons
de Campagne. 32.
Courpendus fimples & doubles. Qualités
de ces deux fortes de Pommes. 132.
Defcription des Arbres fur lequels elles
çroiflent. ibid.
Couvertes de poil en ufagedans les Maifons
de Campagne.' 32. Couvertes de n attes
de Jonc treffés. ibid.
CreJJon. Comment on le multiplie. 335.
Ses efpèces. ibid. - En quels endroits oü
doit le cultiver, ibid. Remarques fur le
Greffon d’eau, ibid,
D.
DEcembre. Température de l’air pen¬
dant le cours de ce mois. 304. Quel¬
les font les chofes qu’il faut alors prati¬
quer. ibid. Quels font les fruits, les
légumes, les fleurs de ce mois. ibid.
Diamant. Raifin qui porte ce nom. i8<5,
DodonéCi cité. 200,
Double Rietpeer. Poire qui porte ce nom
en Hollandois. 129. Sa defcription. i-
bid. Ufage qu’on en fait. ibid. Defcrip¬
tion de l’Arbre qui la porte, ibid.
Doyenné & gros Doyenné. Nom qu’on don¬
ne mal-à-propos au Beuré blanc. 127.
Voyez Beuré blanc. Defcription du vrai
Doyenné, ibid. Sa qualité, ibid. Juge¬
ment fur l’Arbre qui porte cette Poire.
128.
Dtùbbelde Bloem-kers. Arbriffeau auquel
les Hollandois donnent ce nom. 214. Sa
defcription. ibid,
E.
EÂu. Parties dont elle eft compofée. 278.
L’eau de pluie regardée comme la meil¬
leure pour la culture des Plantes, ibid.
Qualité de l’Eau des rivières & des grands
foffés. ibid. Pourquoi l’eau de marais
ou des petits foffés efl: fouvent funefte
aux Plantes qu’on en arrofe, ibid. Juge¬
ment fur l’Eau faumache & l’Eau falée.
ibid. Pourquoi l’Eau de fource eft fou-
vent funefte aux Plantes, ibid. Chan¬
gement qui fe fait de l’Eau en d’autres
corps, ibid.
Echalotes. Ce que c’eft. 335. Comment
Ggg 3 on
TABLE DES MATIERES.
©n les multiplie. iUd. Manière de les
faire fecher après les avoir tirées de teif-
re. 336/
Bchajferie (V). Sorte de Poire. 129. Sa
delcription. îbid. Combien de tems el-
.le dure. ihid.
Ecopes. Struèlure des Ecopes dont on doit
fe fervir dans les'Maifons’de Campagne.
28. . Petit Ecope. ‘29.
Eglantier. Defcription de cet Arbrifleau.
215. Et de V Eglantier fimpk. 216.
Endive. Voyez Chicorée,
Ente. Voyez enter.
Enter. Quel eft le but qu’on fe propofe
iorft^u’on ente. 95. Inconvénient qu’il
y a d’enter fur des Sauvageons contrai¬
res à la nature de l’Ente. ibid. Senti¬
ment des Anciens fur la manière de fai¬
re réuffir les Entes, ibid. Analogie qu’il
doit y avoir entre les écorces de les
plants, lorfqu’il eft queftion d’enter, i*
bid. Pourquoi on ne doit pas enter des
Pommiers fur des Poiriers. Ç)6. Si un mê¬
me Arbre peut produire des Pommes ,
• des Poires , des Pêches , des Raifîns &
des Noix, comme Pline & quelques Au¬
teurs le prétendent. ib;d. Ce que c’eft
proprement qu’enter. 98. Quel eft le tems
le plus propre pour enter. îôîJ. Jugement
fur la coutume de conferver dans des Ca¬
ves les Entes, pour les empêcher de fe
delfècher. 99.^ Ce qu’on doitfairepour
enter avec fuccès. ibid. Néceflité de dé¬
fendre les Entes contre les Chenilles,
les Araignées & les Fourmis, ico. Ma¬
nière d’enter de jeunes petits troncs.,
dont le bois n’eft pas aflèz vigoureux
pour comprimer comme il faut la fente
qu’on y a faite, &pour faire réunir leur
écorce avec celle des Entes. 161. Ce
que c’eft qu’enter en approche, ibid.
Quelle eft la meilleure manière d’enter
en approche, & la plus ufitée. ibid-.
Quel eft le tems le plus convenable pour
le faire. 102.
Epinars, Ce que c’eft, & comment on les
multiplie. 336. Diftinguésen deux fortes.
ihid. Defcnption de leur femence. ibid.
Epines. Ufage qu’on fait de ces Arbris-
feaux. aoj." Comment ils fe multiplient.
ibid. Epine blanche, ibid. Comment
on diftinguc les Epines des autres Ar-.
bri fléaux. "73.
Epine-vinette. Ses qualités. 119. Deferip-
tion de cet ArbriflTeau. 159. Comment
on le multiplie, ibid. Ce que c’eft que
fon fruit. 160.
Efebdoorn. Nom Hollandois d’une efpèce
■ de Plane. 210.
Ejpaliers. Pourquoi ils font hors d’ufage,
uo.
EJlragon. Comment on le multiplie. 336.
Pourquoi on ne doit couper lés petites
branches qu’après l’hiver, ibid.
Exbalaifons. Ce que c’eft. 2(5i.
F.
F Are (L'Inconnue de la). Voyez Germain
(la. Poire St.).
Fenouil. Sa manière de croître. 33(5. Com¬
ment il fe multiplie, ibid. Fenouil de
Rome & Fenouil commun, ibid. Leurs
qualités, ibid. â? fuiv. Comment on doit
buter le Fenouil. 337. •
Fer pour dénicher les Chenilles des Jar¬
dins. 31.
Ferrarius f cité. 383.
Feu füuterrain. 262. Manière de faire du
feu par le moyen d’un Fourneau. 282. '
Fèves blanches , ou Haricots. Leur defcrip¬
tion. 338. Comment on les multiplie.
ibid. Terre qui leur convient, ibid.
Perches .qui doivent leur fervir d’appui.
339. Avantage qu’il y a de les tranfplan-
ter. ibid. Leurs différentes efpèces. ibid.
Quelles font celles qu’on nomme Krom-
bekkenQQ Hollande, celles qui s’ap¬
pellent Princejfes. ibid. Autre efpèce que
l’on nomme Èajltrt- Slagtwaarden. ibid.
Ce qu’il faut obferver pour les bien cul¬
tiver. 340.
Fèves de Marais ^ ou grojfes Fèves. Leur o-
rigine. 337. Leur defcription. ibid.
.Comment on doit les recueillir, ibid.
Quelles font les meilleures, ibid. Terre
oii elles doivent être cultivées, ibid,
•Comment on doit les planter. 338.
Feuilles d' Arbres pourries, (les} foùt le fu¬
mier le plus naturel pour chaque plante
dans fon efpèce. yp. Quels Arbres fbur-
niflént les meilleures feuilles pour du
fumier, ibid.
Février. Quelles font les herbes potagères
qu’il faut femer dans ce mois, 2pj. Au¬
tres
/
TABLE DES MATIERES.
très chofes à pratiquer, ihîd. fuîv.
Quels font les fruits, les herbes pota¬
gères , les fleurs , qu’on a dans ce mois
293-
Fiente de Pigeon , de Poule. Voyez Pigeon ,
Poule.
Figues (les) font quelquefois produites par
du bois de la même année. 1 13. Quel¬
les font les meilleures. 120. Quelles font
celles qui réfiftent le mieux à l’humidi¬
té. 154. Pourquoi les Figues qui vien¬
nent en plein air, font meilleures que
celles qui croiffent fur desEfpaliers 155.
Diverfes fortes de Figues, ibid. Defcrip-
tiou de la Ronde-blanche, ibid. & de la
Longue • blanche, ibid. Figues rouges
en dedans, ibid. Figues violettes ou
pourprées en dedans, ibid. Figues grifes.
Figuiers. De quelle manière on les multi¬
plie. 80, 154. Comment on doit lescqn-
ferver en hiver, ibid. Grande quantité
de racines qu’ils poulTent. ibid. Manière
de les planter, & quelle forte de terre
ils aiment, ibid. Quels font les Figuiers
qui produifent le plus. 155. Tems au¬
quel on doit les tailler, ioid.
Fleurs. Quel efl le nombre des feuilles de
la plupart des Fleurs à fruits. 114. Pour¬
quoi iln’eft pas bon que les Fleurs relient
longtems à s’épanouir, ibid. Remarques
générales fur les Fleurs. 41 1 , 412.
Fonds de terre. Ce que c’ell. 40. Qualités
qu’ils doivent avoir pour être bons. ibid.
Pourquoi un terrain uni ell préférable à
celui qui ell litué dans des vallées ou fur
des montagnes, ibid. Qüels doivent être
les Fonds dellinés à la culture des her¬
bes potagères, des fleurs, &c. 41. Na¬
ture des Fonds de Hollande, fè/d. Quels
font les Fonds marécageux. Idée des
Fonds fablonneux. ibid. &; des fangeux.
43. Quels font les meilleurs de tous.
44. Combien il ell néceflaire d’exami¬
ner fcrupuleufement le Fonds de terre
qu’on doit choilir pour une Maifon de
Campagne, ibid. De quelle manière & en
quelle faifon les Fonds doivent être
travaillés. 4.6. Pourquoi on ne doit pas
bêcher les terres gralTes dans les gran¬
des chaleurs de l'Eté, ibid. Comment on
doit amender les Fonds' qui font deve¬
nus llériles , foit naturellement , foit pour
avoir' trop produit. 51. Quelles font les
chofes les plus propres à fumer les ter¬
res. 52. Pourquoi les Anciens mêloient
parmi le falpêtre de la lie d’huile , &
pourquoi Columelle prétqnd qu’en fe
fervant pour fumer, de l’urine de fix
mois , mêlée avec de la lie d’huile , il
ne faut pas qu’on y trouve du fel parmi.
53. La même manière de fumer n’a pas
les mêmes effets dans tous les endroits,
^3. Pourquoi on ne doit employer le
fumier que comme un moyen qui remé¬
die à ce qui efl défeélueux. ibid. Ob-
fervations â faire lorfqu’il efl queftion
de fumer, ibid. ^ fuiv. Pourquoi les Po¬
tagers qui produifent des Légumes, doi¬
vent être fumés au commencement du
Printems., 54. Pourquoi il ne^ faut pas
fumer en Eté. ibid. Différentes qualités
des Fonds de 'terre. 274 Comment on
peut les rendre fertiles, ibid.
Fontaines. Quelles doivent être les Fon¬
taines des Maifons de Chaffe. ii.
Foppen-Peer . Defeription de cette Poire.
130.
Fojjés (les) des Maifons de Campagne doi¬
vent être foigneufement nettoyés, ii. A
quoi on donne le nom de Foffés. 33. Ma¬
nière de lescreufer. îèfd. Defeription des
petits Foffés. ibid. Quelle efl la maniè¬
re la plus avantageule de les faire, ibid.
Foliés qui fervent à arrêter les Befliaux
& à les abreuver. 37. Comment on doit
prévenir les éboulemens des bords. 39.
Fourches en ufage dans les Maifons de
Campagne. 29.
Fourneau. Defeription d’un Fourneau
pour échaufer les Serres. 282.
Fraifes. Quelles qualités elles doivent a-
voir pour être bonnes. 121'. Comment
on les multiplie. 340. Terre qui leur
convient, ibid. Leurs différentes efpè-
ces. ibid. Quelles font les meilleures,
ibid. Pourquoi elles viennent mieux
dans les endroits qui font un peu à l’om¬
bre. ibid. Comment on les préferve du
froid. 341. Tems auquel on doit les
tranfplanter. ibid.
Framboifes. Quelle doit être leur couleur.
119. Arbrifleau fur lequel elles crois-
fent. 157. Elles ne croiffent pas dans
kf
»
TABLE DES MATIERES.
les bo's en Hollande, ihid. Comment
on multiplie- ces Arbrifleaux. ibiû. Quel¬
les font les .meilleures fortes de Fram-
b’oifes ihid. âf fuiv.
Franken daelders, RaiGns ainû nommés en
. Hollandois. 175. Leur defcription. i8i.
Leur origine. 187.
Franfe Kaneel-Peer. Ce que c’efl: que la Poi¬
re qui porte ce nom en Hollandois. 125.
Frêne (\q) ne fe multiplie 'que de femence.
204. Quels font les meilleurs Frênes.
ihid. Dans quelles terres ils croiflent le
mieux, ibid. Qualités de leur bois. 205.
Frêne Sauvage , ou Frêne de Montagne. Re¬
marques fur cet Arbre. 210.
Friche. D’oii vient cette expreflîon , laîs^
fer les terres en friche. 52.
Froid. DéGnition du Froid. 218* Effets
qu’il produit. 224. Manière d’empêcher
le frdid. 244. Combien le froid de la
nuit efl néceflTaire pour la pouffe & la
nourriture des plantes. 264, 266.
Frontignac. . Defcription de cette forte de
Railin. 188.
Fruits. Remarque fur les fruits à longue
queue. 114. A quoi on donne le nom
de Fruits, ibid. Pourquoi il ne convient
pas que les fruits foient trop expofés au
Soleil, 116. Qualité des fruits qui ont
été cueillis avant leur maturité. 117.
Quels font les fruits les plus agréables.
ibid. Fruits qui ne font bons que quel¬
que tems apres avoir été cueillis, ibid.
Quels font les indices généraux de la
maturité des fruits, ibid. Fruits qu’il faut
traiter délicatement, ibid. Si les fruits
les plus gros l^t meilleurs que les plus
petits, ibid. Qualité des fruits des Ar¬
bres trop chargés. 119. Et de ceux qui
s’aigriflent en pourriffant. 121. D’oh
vient la différence des fruits dans cha¬
que efpèce de ceux qui viennent de, fe¬
mence. ibid.
Fumer les terres. Ufage qu’on fait des ex-
crémens des Animaux pour fumer les
terres. 52. La même manière de les fu¬
mer n’a pas les mêmes effets dans tous
les endroits. 53. Quels font les Fonds qui
doivent être fumés dans lePrintems. 54,
Fumier. Fonds de terre qui ne parviennent
jamais à un bon état que par le moyen
du Fumier. 51. Différentes fortesdeFu-
mier. 55. De quoi le Fumier de Vache
efl: compofé. 5<5. & comment on le per-
feélionne. ibid. Dans quels cas on doit le
préférer à tout autre Fumier. 57. Ufage
fréquent qu’on en fait en Hollande, de
môme que de Celurde Cheval, ibid. En
quoi le Fumier de Vache diffère de celui
de Cheval, ibid. Le Fumier de Mouton
plus chaud que celui de Cheval, mais
moins propre à fertilifer la terre , &
pourquoi. 58. Pourquoi le Fumier de
Cochon étoic regardé comme inutile
chez les Anciens, ibid. Son utilité dans
les fonds arides. «.Fumier de Limon,
de Boue, de Boue dépavé, de feuil¬
les d’arbres pourries , de Plantes, ibid.
êâ fuiv. Chaleur que. produit le Fumier
de Cheval. 285. Son ufage pour rechau-
fer la terre en Hiver & auPrintems fous
des vitres. 28<5. Pourquoi il fait peu
d’effetdans les mois de Novembre, Dé¬
cembre & Janvier, ibid.
G.
GAJfe. Sorte d’inflruraent néceffaire dans
les Maifons de Campagne. 32.
Gelderfe-Kruis. Pomme qui porte ce nom
en Hollandois. 133. Sa defcription.
ibid.
Gelée. Ce que c’efl. 218. Moyen d’empê¬
cher la gelée. 244.
Génévrier, en Lmn Arbor vitæ. Pourquoi
iln’eft pas avantageux d’en planter pour
des Haies. 207.
Germain (la Poire St.}, nommée auflîPot-
re de V Arteloire & l' Inconnue de la Fare.
12S. Sa defcription. ibid. Sa qualité.
ibid. jufqu’à quel tems on peut la garder.
ibid.^ Idée de l’Arbre qui la porte, ibid.
Giroflées (les) pourprées & jaunes. De
quelle manière on les multiplie. 82.
Gifambert. Poire ainfl nommée, 127. Voyez
Beuré ou Poire d’Anjou.
Goe-zoet. Voyez Bloni'zoet.
Grefe. Voyez Grefer.
Grefer, Quel efl: l’avantage qu’on retire
lorfqu’on grefe. py. Pourquoi on ne
grefe pas les fruits à noyau fur la même
efpèce de Sauvageons, pd. Succès avec
lequel on grefe en Hollande fur de pe¬
tites Prunes bleuâtres, les Pêches qu’on
‘ grc-
TABLE DES
grefe en France fur des Amandiers. 96.
Creftr, Pourquoi il ne faut jamais grefer
des Pêches fur des Sauvageons de fouche
de Pruniers , fur lesquels on a grefé des A-
bricots. 97* Combien il elt néceflaire
de faire attention au tems quand on gre¬
fe. ihid. Inconvénient qu’il y a de gre¬
fer lorsqu’il fait du brouillard ou de la
pluie, jôîd. Quel eft le tems le plus pro¬
pre po*ur grefer. ibid. Outils dont on fe
fert pour cette opération, ibid. Moyen
qu’on emploie pour mettre à l’abri de
l’air ce qui a été grefé. ibid. Ce que
c’eft que grefer. 102. De combien de
manières on grefe. ibid. Ce que c’eft
que la grefe à œil dormant, ibid. Quel
eft le tems ordinaire pour grefer de cet¬
te manière, ibd. Pourquoi les arbres
venus d’une feule grefe font les meil¬
leurs. 104.
Grele. Pourquoi elle produit la fertilité.
269. Dommage qu’elle caufe aux Plan¬
tes. ibid.
Griotes, Cerifes ainfi nommées^ 136. Leur
defcription. ibid. & des arbres qui les
produifent. ibid.
Grottes. En quoi confifte leur beauté &
leur propreté. 9. Comment elles doi¬
vent être placées. 12.
Groupes. Comment on doit les placer dans
les Maifons de Campagne. 12, 13.
Grofeilles. Comment on les multiplie, &
dans quelle faifon. 81. ArbrifTeaux fur
lesquels elles croiflent. 158. Quels fonds
leur conviennent le mieux, ijp.
Grofeilles Remarque fur la couleur
de ce fruit. 1 19. .
Grofeilles noires (les) s’aîgriiTent quand el¬
les font trop mûres. 119- Pourquoi on
en trouve de gros & de petits grains à
la même grape. 158- Defcription des
ArbrifTeaux fur lelquels cllea croifTent.
ibid.
Grofeilles rouges. Quelle forte de rougeur
elles doivent avoir. 119. Regardées
comme étant les-meilleures. 158.
Grofeilles vertes, connues en Hollande fous
le nom de Kruys bezien. 129. Leurs dif¬
férentes fortes, ibid ArbrifTeau fur le¬
quel elles croilTent. 159- Quelles font
les meilleures pour être étuvées.' ibid.
Guimui'e.CommQnt clk fe multiplie. 80,2 13
MATIERES.
Sa defcription. ibid.
H.
Haies. Pourquoi les Haies d’une Maifoa
de Campagne qu’on peut envifagerdu
même coup d’œil , doivent être de la
même forte d’arbres & du même verd. 10.
Quelles font les plus belles Haies ton¬
dues. II. Pourquoi les Haies qu’on
plante dans des Jardins pour fervir de
féparation , doivent être placées du moins
à ûx pieds de diftance du bord de l’eau.
94. Comment on doit faire les Haies
qui fervent d’ornement. 19J. Et celles
qui doivent fervir de brifevents. ibid.
Arbres les plus propres pour des Haies.
ibid. Toutes les belles Haies doivent
être mifes à couvert des vents furieux
par d’autres arbres. 197. Pourquoi on
ne doit tondre qu’une fois par an toute
forte de Haies. 138.
Haricots. Voyez Hves blanches.
Herbe aux Chats. Comment on la multiplie.
341. Moyen d’en écarter les Chats, ibid.
Herbe aux Cuillers. Cette Plante fe cultive
quelquefois dans les jardins , &. pour¬
quoi. 341. Effet que produit fur elle la
gelée, ibid. Regardée comme une Sala¬
de délicieufe dans Tlle de Spits - bergen.
ibid.
Herbes. Quelles font les Plantes auxquel¬
les on donne ce nom. 72. Leurs diffe¬
rentes fortes. 74. Leurs fexes. ibid.
Herman. (le Profeffeur), cité. 383.
Herfe nécelTaire pour les Maifons de Cam¬
pagne. 28.
Herfeer. Arbre auquel les Hollandois don¬
nent ce nom. 208. Nature de fon bois.
ibid.
Hêtre, üfage qu’on en fait pour des Haies.
196. Deux efpèces de Hêtre. 199. Com¬
ment il fe multiplie. 200.
Heuning-bloem. Arbriffeau auquel les Hol¬
landois donnent ce nom. 214.
Hollande. Quelles fortes de fruits y crois*
fent facilement. 1 15.
Hûolaart (Zoete'). Voyez Zoeîe Hoolaart.
Houx. Comment cet Arbre fe multiplie,
80. Quelle forte de Haies on en fait.
196. Il eft fujet à fe geler jufqu’à la ra.
cine. 197. Jufqu’à quelle hauteur il mon-
Hhh te.
TABLE DES MATIERES.
te. 197. Comment il fe multiplie. 205.
Sa delcription. ibid. Diverfes efpcces
de Houx, ibid,
Hyjjbpe. Ufagc qu’on fait de cette Plante
dans les maladies du Poumon. 342.
I.
JJn Aremlfe. Sorte de Cerifes auxquelles
on a donné ce nomen Hollandois. 138.
Janvier. Quelles font les chofes qu’il faut
faire dans une Campagne pendant le
mois de Janvier. 290. Quels fruits on a
dans ce mois. 291. Quelles herbes po¬
tagères & quelles fleurs, ibid.
Jardin potager. Plan d’un Jardin potager
pour y cultiver des fruits fins & déli¬
cats. 305. Explication de ce Plan. 305.
Lifte des fruits d’un Jardin potager. 3 20,
^ fuiv. Manière de cultiver ces fruits.
^21, ^fuiv. Voyez Potagers.
Jardinage. Amufement du Jardinage pen¬
dant chaque mois de l’année. 290.
Jardinier. Quelles font les qualités que
doit avoir un Jardinier. 21. Pourquoi il
doit être, robufte. ibid. â? fuiv. Si le
Propriétaire d’une Maifon de Campagne
doit faire choix d’un Jardinier (^ui ait des
enfans , ou d’un Jardinier qui n’en ait
point. 22. Occafions qu’il a de devenir
infidèle. 23. Quels doivent être fes ga¬
ges. ibid. A quoi on doit l’occuper. 24.
te qu’il faut faire dans le cas oh il abe-
foin d’un grand nombre d’Ouvriers qui
travaillent fous lui. ibid.
Jardins de Plaifance. Voyez Campagne
(Maifons de').
Jasmin. Difl-'érentes efpèces de Jafmin.
• 214. Defeription du Jafmin de Perfe.
ibid. Ce que c’efl: que le Jafmin blanc
iauvage. ibid. Et le Jafmin blanc de Ca-
i talogne. ibid.
JetS‘d"eau. Comment on doit les placer
• dans les Maifons de Campagne. 13.
Jf. De quelle manière cet Arbre fe mul¬
tiplie. 82. H réfifte mieux à la gelée
que le Houx. I9<5. Nommé en Latin
jîrbor mortis. 205. Dans quelle forte de
terre il croît, ibid. Sa femence produit
plufieurs efpèces différentes. 2o(S. Dans
quels endroits il faut le planter en Hol¬
lande. ibid. Haies d’If, & ce qu’il faut
faire pour les entretenir, ibid.
Inconnue de la Fare (J). Voyez GermcHn
(la Poire St.).
Joubarbe , forte d’Arbriffeau. Comment on
le multiplie., 321.
Ifamhert le bon. Poire qui porte ce nom
127. V oyez Beuré OM Poire d’Anjou.
Juillet. Détail des chofes qu’il faut faire
dans une Campagne pendant le cours
de ce mois. 299. Quelles fortes de
fruits , de fleurs, de légumes on y a.
ibid.
Juin. Ce qu’on doit pratiquer dans une
Campagne pendant le cours de ce mois.
298. Quels en font les fruits, les fleurs,
les légumes , les herbes potagères, ibid.
KAmper , & Kamper • Venus • Peer, Poire
ainfi nommée en Hollandois, & con¬
nue des Romains fous le nom de Pirum
Venereum. 1 29. Sa qualité, ibid. ^ fuiv.
Kannetjes- Appel , ou Pomme d’ Oignon. De*
feription de cette Pomme. 133. Et de
l’arbre qui la porte. 134.
Kraei-bekjens. Sorte de Noix auxquelles les
Hollandois donnent ce nom. 162.
Kriek van den Broek. Cerifes qui portent
ce nom en Hollandois. 139. Regardées
comme les plus greffes de toutes les
Merifes. ibid. Defeription de l’arbre
qui les produit, ibid.
Kruyd - Appel. Pomme ainfi nommée en
Hollandois. 133, Sa qualité, ibid,
L.
ILjAan (Adrien van àer)^ cité. 186.
Laan (vroege van der). Raiün ainfi nom¬
mé, & pourquoi. i8d.
Laeuvûjes-Peer^ Defeription de cette Poi^
re & de l’Arbre qui la produit. 130.
Laitues. Leurs différentes efpèces. 363.
Laitues pommées, nommées en Hollan¬
dois Krop’Salade ou Sluit Laîowm , &
combien il y en a de fortes, ibid. Ce
que c’efl: que la Kloojier-Krop. ibid. & la
Prince ’Krop. ibid. Defeription de la
Blanke-Haegfe-Krop. ibid. Qualités delà
Laitue Romaine, ibid. & de la Laitue
rouffâtre ou Rood^batrd. 364. Terre
qui
TABLE DES
/
qui convient aux Laitues pommées. 364.
Maladie à laquelle elles (ont fujettes. z-
bid. Celles qu’on tranfplante en Auton-
ne moins belles que celles qui viennent
defemence, & croiflent au môme endroit
oîi on les a femées. ibid. Pourquoi on
ne doit pas recueillir la graine des Lai¬
tues femées en Auton ne. ibid. En quel
tems on doit femer les Laitues d’ Auton;
ne. 3(55. De quelle forte de graine oiî
doit alors fe fervir. tôfii. Tems auquel
il faut femer les Laitues hâtives d’Eté.
ibid. Efpèce de Laitue de Brabant à
grandes feuilles frifées, & fes qualités.
ibid. Sorte de Laitues pommées nom¬
mées Chavonfe-Krop- Salade, ibid. DifFé-
• rentes efpèces de Laitues qui ne pomment
point, ibid. Leurs qualités, comment
on les feme, en quels endroits, & de
quelle manière on les cueille. ihÙL. Les
petites Laitues frifées plus dures & moins
délicates que les communes* 366. Ce
que c’eft que celles qu’on nomme Cor¬
nettes, ibids.
Lavende. De quelle manière elle fe mul¬
tiplie. 412.
Lauriers. Comment on multiplie ceux dont
la tige eft droite. 82. Ces ArbriflTeaux
diftingués en plufieurs efpèces. 342.
Comment on multiplie le Laurier franc.
ibid.
Laurier - Cerife à feuilles vertes luifantes ,
connu en Latin fous le nom de Laurus-
Cerafus. 215. Diftingué en deux efpè¬
ces. ibid. Sa defcription. ibid. Com¬
ment il fe multiplie, ibid.
Lierre.^ Quelle eft la meilleure efpèce. 210.
Comment il s’attache en montant, ibid.
Endroit oh il Qxoit.ibid. Comment il fe
multiplie, ibid. De quelle manière on doit
couper les branches fuperflues. 2 II. Une
détruit pas les murailles bien maçonnées
& bien jointes, ibid. Pourquoi il eft funefte
aux vieilles murailles dont la chaux eft
ufée, & qui ont de larges jointures, ibid.
Inconvénient du gros Lierre, ibid. Avan¬
tage qu’on en retire en le plantant & en le
faifant croître contre le dos des four¬
neaux & des Orangeries, ibid.
Ligujîrum. Voyez Troefne.
Limonnier (le) devient moins gros que l’O¬
ranger. 572. Il réfifte mieux au froid
M A T 1 E R E S.
& aux pluies d’Anton ne que le Cédrac.’
ibid. Diverfes efpèces de Limonniers.*
373. Comment on les multiplie, ibid.
^fuiv. Manière de tailler leurs bran¬
ches. 380.
Limons. Quelle doit être leur couleur.
120.
Lin. Pourquoi on feme en Hollande de la
graine de Lin qui a été recueillie dans le
yoifmage de la Mer Baltique. 31 1.
Lis. Comment ces Fleurs fe multiplient.
412.
Lune ^ ÇDe7ni-Lune). Sorte d’Outil, Sa
defcription. 30.
Luyt-bout. Voyez Planes.
M.
MAagden.Peer. Poire connue en Hollan-
dois fous ce nom. 130. Sa defcription.
ibid. Et de l’Arbre qui la produit. î-
bid.
Madame Suprême. Poire ainfi nommée.
124. Voyez Poire Madame Suprême.
Mages-Tanges. En quel endroit des Serres
on doit placer ces Plantes. 406. Païs oh
elles naiflent naturellement. 407. Leur
defcription. ibid.
Mai. Ce qu’on doit faire dans une Mai-
fon de Campagne pendant le cours de ce
Mois. 297. Fruits, Fleurs, Légumes
qu’on a alors, ibid. ^ fuiv.
Maifons de Campagne. Voyez Campagne
(Maifons de).
Marcottes. Comment on les fait. 82.
Marjolaine. Ses différentes efpèces. 342.
Comment on multiplie la plus âne. 'ibid.
Mars. Pourquoi ce Mois occupe le plus
de tous dans les Maifons de Campagne,
294. Ce qu’il faut faire alors, ibid.
Fruits, &c. de ce Mois. 295, 296.
Marfemine di Vincenxa. Raifins ainli nom¬
més. 188.
Martagons. De quelle manière ces Fleurs
fe multiplient. 412.
Marteau crochu de fer pour arracher des
doux. 30.
MeliJJe. Ufage qu’on en fait dans les Ra¬
goûts. 342. Eau qu’on en tire, de quel¬
le manière, & à quoi elle fert. ibid.
Melons. Chaleur qui leur convient. 342.
Soin qu’il faut prendre pour qu’ils meu-
Hhh 2 xil-
V
TABLE DES MATIERES.
riflent comme il faut en Hollande. 343.
Pourquoi on n’en doit pas commen¬
cer la culture avec le fumier de Cheval
avant la mhMars. 343. Les Melons di-
Itingués en plufieursefpèces. ibid. Quels
font ceux qui font connus en Hollande
fous les noms de Sbepfels & de Klevers.
ibid. Grofleur des Melons, leur figure,
leur couleur, leurs qualités, ibid. Les Me¬
lons lifies, ou qui ont l’écorce unie, re¬
gardés comme étant rarement agréables
au goût. ibid. Melons nommés Cantalou-
pes. ibid. Quels font ceux qui font connus
en Hollande fous le nom Spek^Meloenen.
ibid. Mauvaifes qualités de ceux qui ont
la chair verdâtre, le goût fade, doux,
h qui font aqueux & fans faveur, ibid.
Defeription des Melons d’eau, ibid. Dif¬
férentes efpèces de Cantaloupes. 344.
• Comment on peut juger extérieurement
de la bonté des Melons, ibid. De quel¬
le forte de Melons il faut recueillir la
graine, & foin qu’on doit en avoir, ibid.
Ce qu’il faut obferver avant que de lafe-
mer. ibid. Au bout de combien de tems
elle commence à lever. 345. Soin qu’il
faut prendre des jeunes Plantes de Me¬
lons. ibid. Ce qu’il faut faire quand el¬
les pouffent de trop longs bras. ibid. Mo-
-yen de défendre les Plantes des Melons
contre les Infeéles & la trop grande ar¬
deur du Soleil, ibid. Tems de lestranf-
planter. ibid. Et comment fè doit faire
cette tranfplantation. 3|(5. Comment
on les accoutume, après avoir été tranf-
plantés , à fuporter la chaleur du Soleil.
• ibid. Pourquoi on ne doit pas placer
enfemble des Melons de différentes ef*
pèces. ibid. Comment & avec quoi on
doit les couvrir, ibid. Dans quel cas on
peut les lailTer en plein air& ftns vitres.
347. Tems de les couvrir & de les dé¬
couvrir. ibid. Quelles font les branches
qu’il faut couper aux Plantes, lorfqu’el-
ks croilfent avec trop de vigueur, ibid.
Précautions dont on doit ufer dans cet¬
te occafion. ibid. Quelles font lesftèurs
dont il faut les dégarnir, ibid. Moyen
de faire amender le fruit, ibid. & fiiiv.
Marque à laquelle on peut connoîtreque
les petits Melons viendront à bien. 348.
Maladies do ces Plantes, ibîd^ Moyens
de les empêcher de mourir, ib'd. Pour¬
quoi il faut les couvrir quand il fait de
forces pluies chaudes, ibid. Comment
on doit agir quand les fruits ont aquis la
moitié de leur grofTçur, ibid. De quel¬
le manière il faut affujectir les Plantes.
ibid. Remarque fur les petits Melons.
349. D’oh dépend la maturité des Me¬
lons. ibid. Tems de la maturité de quel¬
ques efpèces. ibid. Les Plantes qui vien¬
nent mal produifenc ordinairement de
meilleure heure des fruits mûrs, mais-
moins agréables au goût. ibid. Quelle
forte de chaleur ils doivent avoir pour
qu’ils foient bons. ibid. En quel tems
il les faut mettre fur de petites tuiles ou
fur des ardoifes,& dans quelle vue. ibid,
Tems auquel il faut les cueillir, ibid.
Mente. De combien il y en a d’efpèces.
3TO. Comment elle fe multiplie, ibid.
Terre qui lui convient, ibid. Comment
on la cueille, ibid.
MérifeSi forte de Cerifes. Comment ou
peut juger de leur maturité. 119. Quel¬
le doit être leur couleur, ibid. Diflin-
guées en Mérifes fauvages, 61 Mérifes
affranchies par la Grefe. 135. Différen¬
tes fortes de Mérifes fauvages. D’oîi
vient la différence de leur fruit. Com¬
ment on les grefe. ibid. Les Mérifes noi¬
res regardées comme les plusgroffes des
Mérifes fauvages. 139. Mérifes con¬
nues en Hollandoisfous le nom deKriek
van àen Broek. ibid. Leur defeription ,
& celle de leurs Arbres, ibid.
Meures. Quelle efl leur couleur lorfqu’el-
' les ont aquis leur maturité. 119. Cou¬
leur des Meures fauvages. dbid. Et des
Meures de Renard, ibid. Defeription de
ces fruits. 156. A quoi on donne le nom
de fauffes Meures. 157. Voy^z Meuriers,
Meures fauvages qui croilfent fur des Ron¬
ces. 157. Sous quel nom elles font con¬
nues des Grecs, ibid. Comment on les
diflingue des autres, ibid., Defeription
de l’Arbriflùau qui les porte, ibid.
Meiiriers ("les} meurent fouvent lorfqu’ils
font en plein vent,, mais rarement lorf¬
qu’ils font en Efpaliers. ijd. Comment
on les multiplie, ibid. Leur defeription.
ibid. Difiingués en diverfes efpèces.
Michel (^Boîre de St.), Voyez Beuré blanc.
Mült
TABLE DES MATIERES.
Mills» Ce que c’eft que cette Plante,
comment on la multiplie, ik comment
on la mange. 350.
Millepertuis (le^D’étoit pas connu des An¬
ciens, & n’a été connu en Hollande que
depuis peu d’années qu’on l’a apporté des
Iles Canaries. 214. Sa defcrlption. /-
did. Comment cet Arbrifleau le multi¬
plie. ibid^'
Mirabelles y forte de Prunes. Voyez Pru’
nés,
Mirlicotorif efpèce de Pêche. Voyez Pe-
cbes.
Montagne blanche, forte de Pêche. Voyez
Pèches.
Montagne verte, efpèce de Pêche. Voyez
Pècles.
Morilles. Ce que c’eft , & oîi elles croif-
lenc. 328. Leur defeription. ibid.
Moulins néceflaires pour les grandes Mai-
ions de Campagne. 26. Comment on
doit les entretenir, ibid. Quels doivent
être les Moulins qui font tournés par
des Chevaux. 27.
MouJJon. Ce que c’eft que la bonne & la
mauvaife MoulTon. 273.
Mouton. Son fumier plus chaud que celui
de Cheval, mais moins propre à fercili-
fer la terre, & pourquoi. 58.
Muguet. Dequelle manière il fe multiplie.
412.
Multiplication des Plantes. Comment el¬
le lé fait par des Sauvageons de fouche.
80. Arbres qui fe multiplient de cette
manière, ibid- Quels font ceux qui fe
multiplient par ic moyen de branches
coupées qu’on met en terre qui y pren¬
nent racine. 81. Comment fe fait la
multiplication par des Marcottes , ou
par des Provins couchés en terre. 82.
Murailles. Quelles font les meilleures i’or-
tes de Murailles dans les Jardins. lîo.
Pourquoi ces Murailles doivent être gar¬
nies de petites Lates fort minces, ibid.
Quelles fortes de Murailles font d’un
plus grand ufage dans les jardins. 233.
Mufeat blanc. Voyez Raijins,
Mujeat bleu. Voyez Raijiîis.
Mujleum. Nom que les Latins donnent à
la Poire nommée Bon-Chrétien. Voyez
Bon-Chrétien.
M;^rtles. Comment on les multiplie. 8r.
N.
NAentjeS’Âmandel. Arbrilfeauainfi nom¬
mé en Hollandois. 215. Diftingué
en deux efpèces. ibid. Comment il fc
multiplie, ibid.
Naentjes-Oranje. Ce que c’eft que cette
efpèce d’Orange. 373.
Narciffes. De quelle manière ces Fleurs
fe multiplient. 412.
Nattes de paille. Comment on les fait.
245. Ufage des Nattes de rofeau. 246.
Moyen d’en faire de bonnes. 247. Nat¬
tes à trois cordes, & à quoi elles peu¬
vent fervir. ibid. De quoi font faites les
Nattes à quatre cordes, ibid. Autres
Nattes à cinq cordes, ibid.
Navets. Dans quelle forte de terre ondoie
les cultiver pourqu’ils foient bons. 350.
Goût amer qu’ils aquièrent dans les ter¬
res graffes. ibid. Quels font les plus
doux & les plus agréables, ibid. Leurs
différentes efpèces. ibid, Defeription
de certains Navets longs, qui font ori¬
ginaires de France, ibfd.
Netiorins, forte de Pêches. Voyez Pê¬
ches.
Neflss. Tems auquel on les cueille. 12 1.
Comment elles meurifient. ibid. Voyez
Neflier.
Néflier (le) diftingué en Néflier franc &
Néflier fauvage. 162. Comment on le
multiplie, ibid. Pourquoi il eft avanta¬
geux de cultiver ces Arbres, ibid.
Neige. Comment la Neige eft un bon pré-
fervatif contre la gelée. 245.
Noix. Il en naît fou vent différen tes ef¬
pèces, quoique la femence fort la mê¬
me. 79. Remarque fur les Noix.
120. Diftinguées en une infinité d’efpè-
ces. 162. Defeription de celles qu’oa
nomme en Hollandois Kraei-bekjens , ou
Becs de Corbeau ibid. à. de celles qu’on
appelle Noix de Cologne. 163. Ce que
c’eft que les Noix à bouquet, ibid. Qua¬
lités des unes & des autres, ibid. Diffé¬
rence entre les Noix Amples & les Noix
doubles, ibid. Voyez Noyers.
Noizettes. Remarque fur lesNoizettes. 121,
Différence entre les Noizettesffranches 6c
les Noizettes fauvages , & qu t lies font les
Il h h 3 ineil-
TABLE DES MATIERES.
meilleures. 163. Comment on peut en
augmenter lagroHeur. 163.
Nohettiers (les) diltingués généralement
en Noizectiers francs & Noizettiers fau-
vagcs. 1(53. Comment on les multiplie.
ibid. Voyez Noizettes.
Novembre, Ce qu’il y a à faire pendant le
cours de ce Mois dans les Mailbns de
Campagne. 302. Fruits, Légumes ,
Fleurs de cette faifon. 303.
Noyers. Danger auquel on les expofe lorf-
qu’on lestranfplante la même année. 88.
Comment on les multiplie. 162. ^ Une
très bonne efpèce de Noyers produit lou-
vent de mauvaifes Noix. ibid. Voyez
Noix,
O.
Octobre. Ce qu’il faut faire pendant
le cours de ce Mois dans les Cam¬
pagnes. 301. Quels font les fruits de cet¬
te faifon. 302.
Oeillets. Teins auquel on les marcotte, &
de quelle manière fe fait cette opéra¬
tion. 83.
Oeuf de i^anneau. Fleur qui porte ce nom
en Hollandois. 412. Comment elle fe
multiplie, ibid.
Oignons. Leur defeription. 350. Leurs
différentes efpèces. 351. Quels font
ceux qui réûftent le mieux aux injures
de l’air, ibid. Comment on les multi¬
plie. ibid. De quelle manière il faut les
• femer. ibid. Terre qui leurconvient. ibid.
Pourquoi ils ne réfiftent point à de fortes
. pluies froides, ibid. Vertus des Oignons.
ibid. & 352.
Oifeaux. Moyen d’écarter les Oifeaux des
endroits enfemencés. 317.
Orange (Poire â'). Voyez Foire d’Orange.
Orangerie. Quelle doit être une Orange¬
rie propre à contenir en hiver foixante
Orangers plantés dans des Caiffes. 239,
(ÿ fuiv. Utilité de faire conflruire un
petit bâtiment à l’Orient d’une Orange¬
rie. 241, Dans quel tems il faut com¬
mencer à faire ufage d’une Orangerie.
242. Comment on introduit le Soleil
dans l^s Orangeries. 244. Moyen de
purifier 4es Orangers 011 l’air ell: corrom¬
pu. 263. Pourquoi, on. ne doit jamais
faire de feu ,dan& une Orangerie fermée
oh la gelée a pénétrée. 375. Quel ell
le meilleur tems pour tranlporter les Ar¬
bres dans l’Orangerie, ibid. Dans quel
ordre ils doivent y être rangés, ibid^
Comment on doit les y arrofer. ibid.
Orangers. Nature de leur bois. 373.
Commentil faut les multiplier, ibid. Ex¬
périence qui prouve qu’en Hollande les
Orangers n’aiment pas un Soleil trop ar¬
dent. 377. Pourquoi lorfqu’on les tail¬
le , il faut en conferver les plus vigou-
reufes branches. 380.
Oranges de la Chine , ou Oranges douces.
Quelle doit être leur couleur. 120, Ce
que c’eft que l’Orange nommée Engelfe
Bonte. 373. Autre efpèce connue en
Hollandois fous le nom de Naentjes-O^
ranje. ibid. Defeription d’une Orange
particulière. 384. Ce que c’eft que les
Pompelmoes, 385. Orange verte & dou¬
ce, connue en Hollandois fous le nom
de groene zoetegeroofde Oranje. 386. Def¬
eription de l’Orange Turque, ibid.
Oreilles d'Ours. De quelle manière ces
Fleurs fe multiplient. -412.
Orme. Comment on voit par l’exemple
de cet Arbre , que chaque branche tire
fa nourriture de faracine quieft fous ter¬
re, & que cette racine, correfpondante
à cette branche, eft étoufée par la fè¬
ve , quand on taille cette branche fupé-
rieure. 71. Le tronc des Ormes ne croît
pas fort haut fans pouffer des branches
qui forment leur couronne. 73. Pour¬
quoi on ne fauroit les multiplier par leur
femence. 82. Le verd de leurs feuilles
n’eft pas des plus agréables. iç6. Haies
qu’on en forme, èt à quel ufage. ibid.
Comment on les multiplie. 208. Def¬
eription de rOrme brun. ibid. Pour¬
quoi on plante fouvent les Ormes autour
des Vergers. 208. Ufage qu’on fait de
leur bois. 209.
OJîer (T) fe rompt ou fe détache de lui-
même , lorfqu’il n’eft pas tourné de la
gauche à la droite , félon le cours du
Soleil. 71. Différentes fortes d’Ofier.
112. L'Ofier blanc regardé comme le
plus durable, ibid. Ufage qu’on doit en
faire pour attacher de groffes branches,
fur-tout contre de hautes murailles ex-
pofées à des vents violens. ibid. A quoi
l’O-
V
TABLE DES MATIE-RES.
rOfier rouge eft propre, ihid. & 212.
i)utils. Soin que doivent avoir ceux qui
ont des Maifons de Campagne de faire
acheter les Oatils néceflaires pour y tra¬
vailler. 26. Lifte & defeription de ces
Outils. 28, & Juiv. Outil de fer pour
chaufler des Choux, des Pois, des Fè¬
ves, &c. 30. Autre Outil pour raflem-
bler la terre en petits monceaux, ihid.
Outil pour arracher les branches des ar¬
bres. 31.
Ouvriers qu’on emploie dans les Maifons
de Campagne. 24. Quel doit être leur
falaire. ibid. Qualités qu’ils doivent a-
▼oir. ibid. Ce qu’il faut faire pour avoir
toujours de bons Ouvriers à fon fervice.
2j. On ne doit pas en exiger trop de
travail, ibid. Petits préfens qu’il faut
leur faire pour les encourager à faire leur
devoir, ihid. Quels font les outils dont
ils doivent fe pourvoir à leurs fraix.
ihid.
Ozeille. Cette Plante diftinguée en diver-
fes efpèces. 352. Quelle eft celle qu’on
cultive le plus en Hollande, ibid. Corn-
mens on la multiplie, ibid.
P.
PAerl-druyf i ou îa Perle. Raifin ainû
nommé en Hollandois. i8<5. Voyez
Raifin.
Paille. De quelle manière il faut l’em¬
ployer pour fervir de préfervatif contre
la gelée. 245. üfage des Nattes de pail¬
le. ihid. Voyez Nattes.
Pain Pourceau. Fleur qui porte ce nom,
412. Comment elle fe multiplie, ihid.
Pais. Influence de la température de l’air
fuivant les Pai's. 265.
Panais. Qualités de ces Racines. 3(51. Ter¬
re qui leur convient, ihid. Tems auquel
on les feme. ihid. Bon eff*et qué la gelée
produit à leur égard, ibid.
Paniers de diiférentes grandeur & façon
dont on a befoin dans les Maifons de
Campagne. 32.
Parterres qui ne peuvent être pratiqués a-
vec fuccès que dans de fuperbes Mai¬
fons de Campagne, ii. Grandes dépen-
fes qu’on eft obligé de faire pour les
Parterres qui ont des bordures de Bouis
ou de Gazon , & qui font parfemésdans
les fen tiers de coquillages écrafés de di-
verfes couleurs. 12.
Pajjion (Fleurs de la). De quelle manière
elles fe multiplient. 412.
Pavies. Pêches auxquelles on donne ce
nom. 142. Leur defeription. Pavie?
jaunes & Pavies d’Autonne. Voyez Pê¬
ches.
Pêchers. Tems & durée de leur poufle. 77.
Comment on les multiplie. 142. Quels
font ceux qu’on doit planter dans des
fonds fecs & fablonneux. ihid. Ce qu’il
faut obferver lorfqu’on veut les gréfer
fur des Pruniers. 143. A quoi il faut
faire attention quand on plante des Pê¬
chers. ihid. Combien les Pêchers aiment
• à être plantés dans des fonds de terre
neufi. ihid. Chaleur qu’il leur faut pro¬
curer. 14^. Ces Arbres gréfés fur des
Pruniers font une plante bien plus vi-
goureufe que lorfqu’on les grefe fur des
Abricotiers, ihid. Jufqu’à quel tems les
Pêchers pouffent fans nulle interruption.
145. Ce qu’il faut faire pour les con-
ferver en bon état. ibid. Comment on
doit leur couper les jeunes branches
gourmandes, ibid. Les vieux Pêchers
qui pouffent avec vigueur , produifent
ordinairement les plus greffes, les plus
délicieufes Pêches , & en plus grande
quantité. 146. Pourquoi les jeunes Ar¬
bres ne produifent fouvent que du bois.
ihid. Combien la fleur des Pêchers a de
feuilles. 147. Defeription des fleurs de
diverfes efpèces de Pêchers, ibid. Com¬
ment on doit préferver ces Arbres de la
gelée, ihid.
Pêches. Si on doit les manger d’abord a-
près avoir été cueillies, ou après avoir
été gardées un jour ou un jour & demi.
120. Diftinguées en plufieurs efpèces.
142, Les Pêches à noyau rouge crûes
dans des fonds fecs , ont le goût beau¬
coup meilleur quand elles ont été gré-
fées fur des Abricotiers que fur des Pru¬
niers, & pourquoi, ibid. Remarque fur
les Pêches verdâtres de Montagne. 144.
Comment on peut fe procurer de bonnes
& grofles Pêches. 146. Combien pefent
les plus grofles Pêches, ibid Deferip-
• tion de l’Avant-Pêchç rouge. 147. Et de
l’A-
/
TABLE DES M A T 1 ER E S.
TAvant • Pêche blanche. 147.
Pèches. Ce que c’efl que la Pêche nommée
Montagne blanche. 148. Combien il y en a
de fortes. Quelles font les meilleures.
ibid. Diverfes efpèces de celle qu’on nom¬
me Montagne verte, ibid. Sadefcripcion.
ibid. Si cette Pêche de Montagne eft la
même que celle que Mr. de la Quintinie
. nomme l’Admirable. ibid. Deicription
de la Pêche deZwol, & Tes différentes
cfpèces. ibid. Conjecture fur les Pêches
que Mr. de laQuintinie appelle Mignon¬
nes. ibid. Ce que c’efl que la Pêche con¬
nue en France fous le nom de Pourprée
ou vineufe. ibid. Qualités & defcripcion
de l’Hermaphrodite ou Pêche de Burat,
que les François appellent l’Admirable
jeune, la Sandalie & la Pêche d’Abricot.
149. Pêche d’Angleterre, connue des
Anglois fous le nom de NeClorins, &
des François fous celui de Brugnons &
de Perfe-Noix. ibid Sadefeription. ibid.
Ses qualités, ibid. Ce que c’ell que la
Pêche nommée en Gafeon Mirlicoton.
ibid. Sa defeription. ibid. Elle ne meu*
rit pas en Hollande, ibid. Appellée de
’Mr. de la Quintinie Pavie jaune, ibid.
Sorte de Mirlicoton qu’on peut regarder
comme la plus belle & la plus agréable¬
ment colorée, ibid. Ses mauvailés qua¬
lités. ibid. Pourquoi appellée la Putain
fardée, ibid. Ce que c’efl que la double
Pêche- fleur. 150.
Fêles. Quelles doivent être les Pèles dont
on fe fert dans les Maifons de Campa¬
gne. 27, 28, 29.
Pépinière. Avantages qu’on retire d’une
bonne Pépinière. 84. Quel fond de ter¬
re il faut choifir pour la former. 85.
Comment on doit la difpofer. 8d. Ce
qu’fl faut obferver pour la culture des
arbres ibid. A quelle diflance il faut les
y planter. 87. Avec quel foin il faut
purger une Pépinière des mauvaifes her¬
bes qui peuvent y croître. 88. Avanta¬
ge qu’on retire d’en couvrir la terre avec
du vieux Tan. ibid. Ce qu’il faut obfer¬
ver avant qu’on retire de la Pépinière
les Arbres qui doivent être plantés. 93.
Pépins. Ceux de Poires ne germent pas
fltôt que ceux de Pommes. 87.
Perfe-Noix, forte de Pêche. Voyez Pêcbçs.
Perjîl. Pendant combien de tems, & dans
quoi fa femence doit tremper avant
que d’être femée. 313. Ses différentes
efpèces. 352. Leur defeription. ibid.
Terre qui convient au Perfil. ibid. Ma¬
nière de le cultiver, ibid. Tems de lefe-
mer- 353.
Perjîque. Nom qu’on donne à une forte de
Pêche. 142.
Peupliers (les) font meilleurs que les
Chênes ou les Hêtres pour fervir dedé-
fenfe contre le vent. 71. Combien on
en diflingue d’efpèces. 198. Deferip¬
tion du Peuplier ordinaire ou noir. ibid.
& de deux autres efpèces. ibid. éP fuiv.
Pourquoi on préfère d’ordinaire le Peu¬
plier noir pour fervir de brife-vent dans
les Campagnes. 199- Ufage qu’on peut
faire du bois de ces arbres, ibid.
Pié de Veau. Fleur ainfl nommée. 412.
Comment elle fe multiplie, ibid.
Pieterfeli- ylppel. Defeription de cette Pom¬
me ainfl nommée en Hollandois. 134.
Et de l’arbre fur lequel elle croît, ibid.
Oii on doit planter cet arbre, ibid.
Pigeon. Parties falines ou nitreufes dont
fa fiente efl compofée. 55. Pourquoi on
ne doit pas faire trop d’ufage de cette
forte de fumier, jd.
Pimpernelle. Comment elle fe multiplie.
.353 •
Pinbas. Nom donné par les Américains à
l’Ananas. 398.
Pioche dont on a befoin dans les Maifons
de Campagne pour abattre des arbres. 32.
Pms. Ce qu’il faut faire lorfque les Pins
qui pouffent naturellement droit & en
pointe vers le haut, aquièrent fans être
cultivés deux ou trois tiges. 6j. Les
Pins meurent lorfqu’on les prive de leurs
couronnes fupérieur.es. 71. Pourquoi ils
périflent fouvent .dans le plus fort de
leur poufle. 75. Caufe de leur langueur.
76. Pin fauvage, forte d’Arbre de Mon¬
tagne. 2 II.
Piquets dont on fe fert pour attacher les
Plantes. 32.
Pifang. Comment cette Plante fe multi¬
plie. 407. Quel degré de chaleur on doit
lui donner pour lui faire produire du
fruit, ibid. Qualités de ce fruit, ibid.
PiJJenlü. Deux différentes efpèces. 359.
Dans
TABLE DES MATIERES.
Dins quelle terre il faut femer le PilTen-
lic franc. 359. Commeot ou le multi¬
plie. ibid.
Pivoines. De quelle manière elles fe mul¬
tiplient. 412.
Platfaiice {Jardins de). Voyez Campagne
{Maifons de).
Planes (les) deviennent de grands arbres,
mais ne font pas de fi belles couronnes
que les Tilleuls. 192. Pourquoi ils font
peu propres à faire des Haies tondues.
ibid. Leur peu d’utilité, ibid. Leur de-
fcriplion. 209. Ce que c’eft qu’une ef-
pèce de Plane connu en Hollandoisfous
les noms de Scbotfe Linden , Boogbout ,
Efcbdoorn, Luyt-bout. ibid.
Plantations d’ Arbres fauvages. En quoi
confident leurs agréraens. 10. En quel
endroit d’une Campagne il faut les pla¬
cer. iind. Ce qu’il eft bon d’y pratiquer,
ibid. Pourquoi toute Plantation de
Haies, &c. qu’on peut envifager du mê¬
me coup d’œil, doit être de la même
forte d' Arbres, du même verd , & d’une
même couleur de feuillage, ibid.
Planter. Egard qu’îl faut avoir à la fîtua-
tion des fonds & aux efpèces d’Arbres,
lorsqu’il eft queftion de planter. 89.
Pourquoi on doit s’abftenir de planter
dans l’arrière - faifon des Marcottes ou
des Sauvageons de fouche venus dans la
même année, ibid. Raifon pour laquelle
il ne faut jamais planceren Autonnedans
des fonds bas & humides. 90. Pourquoi
dans toutes les faifons propres à planter,
foit au Printems, foit en Autonne, on
doit profiter d’un teins fec, lorfque la
terre eft molle, moins ralfemblée en
mottes, & plus facile à fouiller, ibid.
Soin qu’il faut avoir de ne pas bleflTer
les racines des Arbres qu’on doit plan¬
ter. ibid. Règle qu’il faut obferver pour
la manière de planter des Arbres fruitiers
à haute tige. 91. Pourquoi il ne faut ja¬
mais planter contre des murailles ou
contre des cloifons qui font expofées
au Nord, fur-tout quand le côté du Mi¬
di eft planté. 92. Obfervation à faire
quand on plante des Efpaliers au Nord
contre des cloirons. ibid. A quelle pro¬
fondeur on doit planter les Arbres qui
ont befoin que le Soleil rechaufe leurs
Partie U,
racines, ibid. A quelle diftance il faut
planter les Poiriers & les Pommiers k
haute tige. 9^. Manière de planter les
Haies , les Efpaliers. 94. Ordre qu’il
faut obferver pour planter des Arbres
comme il faut, 193. Pourquoi il faut
planter les arbres à une grande difiance
les uns des autres dans les Maifons de
Campagne , & plus près quand on les
cultive uniquement pour le profit qu’on
en retire, ibid. Avantages des Arbres
plantés près à près. ibid. Quelle eft la
diftance à laquelle il faut planter les uns
des autres, les Tilleuls, les Chateigners
fauvages , les Bouleaux , les Ormes ,
&c, 194. Tems auquel on doit planter
certains Arbres, ibid.
Plantes. Il y en a qui viennent naturelle¬
ment de femence, & qui n’ont pas be¬
foin d’être taillées ou tranfplantées, qui
croiflent même mieux dans les Bois ,
que celles qu’on cultive avec le plus de
foin. 65. Les Plantes vivent plus ou
moins, fuivanc leurs propriétés & la qua¬
lité de la terre oh elles font plantées.
75. Différentes manières de multiplier
les Plantes. 78 , fuiv. Toutes les
Plantes produifent leur femence par le
moyen de laquelle elles peuvent être
multipliées. 79. Exemples qui font voir
que la même femence ne produit pas
toujours les mêmes Plantes à cous é-
gards. ibid. Comparaifon des Plantes a-
vec le Corps humain. 217. Quelles font
les Plantes qu’on peut accoutumer in-
fenfiblement au froid. 218. Quelle eft
la règle fondamentale pour bien cultiver
les Plantes tendres , & imiter leur pouffe
naturelle. 227. Caufe fréquente de la
mort des Plantes. 244. Le froid regar¬
dé comme néceffaire pour l’accrolffe-
ment des Plantes. 251. Ignorance oîi
nous fommes de l’air qui convient pour
l’entretien des Plantes. 262 Quelle for¬
te d’air leur eft nuifible. 263. De quelle
manière il faut traiter les Plantes qui ne
réfiftent pas à l’air rude. ibid. Conftitu-
tion particulière des Plantes fuivant le
Climat oh elles fe trouvent. 265. Quel¬
le forte de pluie convient le plus aux
Plantes. 268. Dans quel cas les pluies
fortes leur font nuifibles. 209. Combien
lii la
TABLE DES- MATIERES,
la Rofée cfl: avantageufe aux Plantes. 270*
Jetantes, Pourquoi les Plantes qui croifTent
pendant plufieurs années de fuite dans
une même terre demandent une nourri¬
ture particulière. 275. Néceffité de don¬
ner, autant qu’il eit poffible^ à toutes
fortes de Plantes, un terrain fpacieux oü.
elles puiflent étendre de tous côtés fans
aucune gêne leurs racines. 276. Quelle
eft leur nourriture la plus naturel le.4'5zW.
Pourquoi on ne doit jamais planter dans
des pots ou dans des caifles aucune
Plante, qui étant plantée en pleine ter¬
re peut réfifler au froid de l’hiver, ibid.
Pourquoi toutes les Plantes , qui font
d’abord de petites racines glutincufes &
chevelues, fur-tout celles qui ont peu
de fève , doivent être femées ou plan¬
tées dans des terres fort fablonneufes &
molles.- ibid. Avantage de rendre la ter¬
re plus compa6le,à mefure que les Plan¬
tes pouffent vigoureufement. 277.
Quelles font celles qu’on doit femer
dans des terres fablonneufes. ibid. A
quelles Plantes une terre extrêmement
fumée ne convient pas. ibid. Quelle
forte d’eau eil bonne ou raauvaife pour
les Plantes. 278. Eau froide dont il
faut les arrofer. 279. Pourquoi il ne
faut pas les arrofer pendant la chaleur
du jour, moins encore quand le Soleil
luit. 280. Dans quel cas une trop gran¬
de quantité d’eau eft nuifible aux Plan¬
tes. ibid. Quelles font les Couches fur
lefquelles on cultive le mieux les Plan¬
tes en hiver. 287. Avec quoi on doit
rechaufer les Plantes qui font dans des
Pots, & qui ont befoin en Eté par des¬
fous d’un certain degré de chaleur. 2B9.
Teins auquel les Plantes ont le plus be¬
foin d’être arrofées. 293. Quelles font
en général les plus mauvaifes Plantes ,
& celles qui produifent les plus mauvais
fruits. 331.
plantoir pour planter du Bouis. 30. Sa de-
fcription. ibid. Autre forte de plantoir
qui fert à tranfplanter des Choux, du
Céleri , de la Chicorée, ibid.
Platanes. Groifeur extraordinaire de ces
Arbres. 209 Leur defcriptlon.zèfûî.
Pline ^ cité. 279.
Plomb. Quel doit être le Plomb des vitres,
239-
Pluie. Comment on fait voir qu’une Pluie
chaude, fuivie immédiatement d’un air
chaud , eft nuifible aux Plantes. 2681.
Plutarque , cité. 52.
Poire de Bon-Chrétien. Voyez Bon- Chré¬
tien (la Poire de').
Poire St. Germain. Voyez Germain (h Poi¬
re St.).
Poire à courte queue. Voyez Beurê blanc.
Poire de St. Michel. Voyez Beuré blanc.
Poire de Neige , nommée auflî Beuré blanc.
127. Voyez Beuré blanc.
Poire à'Amboife. Voyez Amboife ÇPoire d*).-
Poire d'Anjou. Voyez Beuré.
Poire de Livre ^ connue en Hollandois fous
le nom de JVinîer-Gratiool. 130.- Sa de^.
feription. ibid. Pourquoi on ne doit pas
en négliger la culture, ibid..
Poire nommée RouJJélet.. Voyez Roujfelet.
Poire nommée en Hollandois Franfe Ka-
neel-Peery & par les Romains Pyrum-
lableum. 125. Voyez Franfe Kaneeî-Peer,
Poire d' Orange. Il y en a de plufieurs for¬
tes. 125. Quelles font les meilleures..
I2<5.
Poire la Reine y nommée en Hollandois
Poire bénite y & pourquoi. 126. Sa de-
feription., zkW. Et de l’Arbre qui la pro¬
duit. ibid..
Foire Madame Suprême.. Noms fous lef-
quels cette Poire étoit connue des Grecs
& des Romains. 124. Regardée comme
une des meilleures Poires d’Ëté. ibid^
Sa defeription. ibid. Pourquoi elle n’eft
pas propre à être tranfportéè. ibid. De.
feription de l’Arbre qui la produit. 125'..
Poirée. Diverfes efpèces. 353, Comment
on la multiplie, ibid.. Quelle en eft la
meilleure graine, ibid.
Poires. Différence entre les Poires d’Eré,,
celles d’Autonne <St celles d’Hiver. 1.23,
Poires qu’on mange crues , & Poires
qu’on ne mange qu’étuvées. ibid.
Poires fucrées. Ces Poires connues aujourd-
hui fous ce nom moins agréables que
celles d’autrefois dont on a perdu l’efpè-
ee. Ï24. Maladies des Arbres qui leS'
produifent. ibid.. Defeription des bou¬
tons de ces Poires, ibid.
Poires fucrées grifesy appellées par les Ro¬
mains Pyrum Falernumy eftimées autre¬
fois en Hollande, mais inconnues au-
jpurdhui
TABLE DES MATIERES.
’jourdhui dans ce Païs , & pourquoi, ièid.
Leur defcription. ibid. Ec de l’Arbre
qui les produit. ibicL
Poires fucrées précoces , petite forte de Poi¬
res. 123. Defcription de l’Arbre qui les
porte, ibid. Tems de leur maturité, ibid.
Pourquoi on en cultive beaucoup. 124.
Leurs qualités, ibid.
Poiriers. 'Durée de la vie de ceux qui font
en pleine terre & qui produifent beau¬
coup. 78. Variété qu’on remarque dans
les fruits qui viennent de la même el’pè-
ce de femence. 79. II fe trouve de fort
Lauts Poiriers. 122, Leur propriété de
produire les meilleurs fruits fur du bois
raboteux garni de branches gâtées, ibid.
Différence entre le bois de Poirier &
celui de Pommier, ibid. Remarque fur
leurs fruits, ibid. Voyez Foires.
Pois. Quels font ceux dont l’écoITe eft
très bonne à manger. 353. Diverfes
efpèces de Pois. 3^ j. Ce que c’eft que
ceux qu’on nomme en Hollande Krom-
bekken. ibid. Defcription des Bajiert-
Krombekken. ibid. Leurs bonnes quali¬
tés. ibid. Pois nommés Erreten van
gratie. ibid. Autres Pois appellés Dop-
erreten , ou Erreten met fcbil. ibid Qua¬
lités des gros Pois verts, & des petits
Pois à écoffer blancs ou jaunes. 355.
Petite efpèce de Pois connue en Hol¬
lande fous le nom de heete Erreten. ibid.
•Gros Pois jaunes appellés Blaes-oppen.
ibid. Defcription de ceux qu’on nom¬
me Scbokkers. ibid. Pois gris de diverfes
fortes, ibid. Ce que c’ell que ceux qui
s’appellent Capucins, ibid. Comment les
Pois fe multiplient, ibid. En quel tems
on feme les Pois hâtifs, ibid. Comment
on rame les Pois, ibid. Moyen d’avoir
toujours des Pois verts, ibid. Comment
on les doit cueillir, ibid.
Poivrier. Arbriffeau qui porte ce nom. 215.
Diflingué en deux efpèces. ibid. Sa de¬
fcription. ibid. Comment il fe multiplie.
ibid.
Pomme d’Oignon. Voyez Kannetjes- Appel.
Pomme douce. Defcription de cette Pom¬
me. 134-
Pomme de couleur de chair ^ l’une des pré-
mières Pommes d’Eté. 133. Sa defcrip¬
tion. ibid.
Pomme de Pin. Nom tîonné par quelques-
uns à l’Ananas , & pourquoi. 398.
Pommes d'or fimples d'hiver. Quelles font
les meilleures de ces Pommes. 133.
Leurs Arbres nommés Scàntiana. ibid.
Porr .les. Les meilleures viennent aux Ar¬
bres les plus noués , & dont les bran¬
ches font fort fujettes à fe gangréner.
131. Toutes celles qu’on appelle dou¬
bles regardées comme les plus coriaces
& les plus infîpides, 132. Pourquoi il y
en a un fi grand nombre d’efpèces. ibid.
Quelles font les meilleures Pommes ai¬
gres. ibid.
Pommiers. Combien de tems peuvent vi¬
vre les Pommiers qui font en' pleine
terre , qui font bons & produifent beau¬
coup. 78. Les Pépins de la même forte
de Pommiers ne produifent pas toujours
les mêmes fruits. 79. Les Pommiers ne
croiflent pas fi droits que les Poiriers ,
mais font une couronne plus ronde &
plus étendue. 13 1, Leur defcription en
général, ibid. Ce qu’il faut obferver à
l’égard de leur culture ibid .
Fompelmoes. Efpèce d’Orange qui porte
ce nom. 385.
Porreaux. Leur defcription. 355. Leurs
dilFérentes efpèces. 356. Comment il
faut les planter, ibid.
Potagers. Pourquoi ils doivent être fumés
au commencement du Printems avant la
femaille. 54. Plan d’un Jardin potager,
avec tout ce qui en dépend. 305. Ex¬
plication de ce Plan, qod, â? fuiv. Lif¬
te des Fruits d’un Potager. 320.
Pots. Quels doivent être les Pots dans
leiquels on plante de petits' Arbres. 369.
Pourquoi ces Pots ne doivent pas être
vernis, ibid.
Pouebakker. Raifîn ainfi nommé en Hol-
landois. 189. Voyez Ra'fins.
Poules. Qualités de leur fiente, & ufage
qu’on en doit faire, yd.
Pourpier. Combien il y en a d’efpèces.
3^6. Comment il fe multiplie, ibid.
Tems auquel on le doit femer. ibid. A
quel égard les côtes valent mieux que fes
feuilles, ibid. Pourquoi on doit en arra¬
cher quand il elt trop dru. ibid.
Pûujfe des Arbres, Deux fortes de pouf¬
fe, & combien de tems elles durent. 77.
X i i 2 Lc-
i
TABLE DES MATIERES.
Remarque fur le fentiment de quelques
Auteurs à cet égard, ibid.
Frimerole ou Prime vere. De quelle ma¬
nière elle fe multiplie. 412.
Prûne-vere. Voyez Primerola.
Prunes, Leurs différentes couleurs. 120.
Leurs diverfes efpèces. 152. Prunes
verdâtres nommées Mirabelles, ibid,
Divifées en Amples & doubles, ibid.
Qualités des Amples, ibid. Les doubles
regardées comme les meilleures, ibid,
Defcription de l’efpèce qu’on nomme
double blanche commune. it3. & de
la Ample blanche commune, ibid. Def¬
cription de celle qui eft connue fous le
nom de Prune- Abricot, ibid. Bonnes
qualités de celle qu’on peut nommer la
petite Prune à conAre. ibid. Ce que
c’efl que la Prune de Damas & de S*®.
Catherine, ibid. Elle ne meurk pas en
Hollande, ibid. Avantage qu’il y a à
cultiver les groATes Prunes violettes &
blanches, ibid. Ce que c’efl: que les pe¬
tites Prunes bleuâtres, ibid. Efpèce de
fraîcheur nommée Fleur ^ dont la plu¬
part des Prunes font couvertes,, de mê¬
me que les Raiflns. ibid.
Pruniers. Tems & durée de leur poufle.
77. Comment ils doivent être multi¬
pliés. 252. Dans quels endroits ils ai¬
ment à être plantés, ibid. Pourquoi il
ne faut pas leur faire une forte taille, ni
les dégarnir de branches en dedans, i-
hid. Comment on peut les amender lorf-
qu’üs ne produifent pas beaucoup, ibid.
Putain fardée y forte de Pêche. Voyez Pê¬
ches.
Pyrum Falernum. Voyez Poires fucrêes gri-
fes,
Pyrum Regium. Voyez Bergamote.
Pyrtim Signinum. Poire ainfi nommée par
les Romains, 12p. Voyez Double Rüt-
peer.
Pyrum Venerum. Poire connue fous ce nom
par les Romains. 129.
R.
RAcin^es. Ce qu’on doit entendre pai'ce
terme. 357. Et à quoi on donne ce
nom en Hollande, ibid.
Raiforts, . Ce que c’efl:. 361. Diftingués
en deux efpèces. ibid. Leurs qualités
ibid.
Raijîns. Leurs différentes couleurs. 120;
Pourquoi ils nefauroient être tropmûrsv
ibid. Les Rajflns ne demandent pas une
chaleur ardente du Soleil, mais une cha¬
leur continue,, fur* tout vers le tems qu’ils^
meuriffent. 170. Expérience qui le prou¬
ve. ibid. Quelle expoAtion on doit leur
donner, ibid. Les RaiAns qui viennent
à des échalats font généralement meil¬
leurs au goût que ceux qui viennent à
des Efpaliers. 18 1. Difficulté qu’il y a
de bien faire meurir les RaiAns dans des
Serres vitrées, dans de petits facs de ga¬
ze ou de papier, ibid. Ce que c’eft que
cette forte de vapeur nommée Fleur ,,
qui eft fur les^ raiflns mûrs. 182. Pour¬
quoi les RaiAns ne meuriffent pas affez
&. reftent petits lorfque les Vignes font
trop chargées, ibid. En quel endroit de
la Vigne fe trouvent les RaiAns les plus
agréables au goût. ibid. Tems de la ma¬
turité des Raiflns. 183. Les Mufcacs
bien mûrs regardés prefque généralement
comme les Raiflns les plus agréables
au goût. i8<5. Qualités du Raifin culti¬
vé en Hollande fous le nom de vroege-
mn der Laan. ibid. Ce que c’eft que le
Paerl-druyf, ou la Perle, ibid. Origine
du Raifin nommé Frankendaelder. 187..
Defcription du Raifin de Catalogne, i.
bid, & du Mufeat blanc, ibid. Qualités
du Frondgnac. 188. & du Mufqué bleu.
ibid.^ Raiflns qui ne méritent pas d’être
cultivés,, favoir,. le Raifin' long de Lis¬
bonne, le Mufeat bleu , le RaiAn bleu
nommé en Hollandois Pottebakker ^ le
JFater z etCy. le Pieter-feli-druyf , le Rai..
An blanc de Leipfic, le Ritzelmg^ l’A¬
vant- Kaifln &le Raifin bigarc. 188, 189.
Raiflns qu’on fait meurir dans des Ser¬
res pour en avoir de bonne heure. 387.
Quels font les meilleurs d’entre ces Rai-
fins. 388.
Rateaux de différentes formes dont on a
befüin dans les Maifons de Campagne.
30. Ufage qu’on en fait. ibid.
Raves (les} n’aiment pas une terre graffeiSc
fort fumée. 361. Tems auquel on les
feme. ibid. Leurs différentes efpèces. f-
hid.
TABLE DES MATIERES.
Reine (Poire la). Voyez Poire la Reine.
Remîtes d'Angleterre. Quelle cft la meil¬
leure efpèce de ces .Pommes. 132. Leurs
qazlitésjhid. Renettes grifes, blanches,
vertes, ihid. Jugement fur les qualités
de ces différentes efpèces. ibid.
Renoncules. De quelle manière elles fe mul-
tiplient. 412.
Reponces. Tems auquel on les feme. 3(5i.
Refervoir à eau. Sa defcription. 29.
Rbue. Qualités de cette Plante. 3(5 2.
Comment on la multiplie, ibid. Pour¬
quoi il ne faut pas lui couper avant l’Hi¬
ver les boutons qui contiennent la grai¬
ne. ibid.
Rideaux dont on a befoin dans les Maifons
de Campagne. 32.
Rietpeer (Double). Voyez Double Rietpeer.
Ritzeling, Efpèce de Raiûn ainli nommé
en Hollandois. 189.
Ronces. Comment elles croiffent. 73.
Roode-Kruys. Pomme qui porte ce nom
en Hollandois. 133.
Roquette. Ce que c’eft que cette Plante.
362. Tems auquel on la feme. ibid.
Rofe de Jérico, Efpèce d’Arbriffeau. 213.
Rojée. Comment elle fe forme. 270. A-
vantage de la Rofée pour les Plantes. î-
bid.
Rofes. Celles qu^on nomme de Provins re¬
gardées comme les plus communes. 216.
Combien il v en a d’efpèces. ibid. A
quelle forte de Rofe on donne en Hol¬
landois le nom de Juffer-roosje. Quelle
eft la meilleure pouf être mife dans des
pots. ibid. Ce quhl y a à obferver à l’é¬
gard de la Rofe qu’on nomme la double
jaune, ibid. Ce que c’eft que la Rofeap-
pellée en Hollandois Maend roos. ibid.
Pourquoi la Rofe lanugineufe eft defa-
gréableà la vue. ibid. La Rofe mufquée
ne réfiftepas au froid de l’hiver en Hol-
lande, ibid. Defcription de la Rofe ca¬
ndie. ibid. Rofes brunes & pâles,
qu’on nomme Rofes de Carnelot, de
Terre, de Morléon. ibid. Voyez Ro-
fiers.
Ro/iers. Defcription de ces Arbres. 215.
Différence qu’il y a entre les Rofiers <5c
les Eglantiers. M. Comment ils fe mul¬
tiplient. ihid. Defcription de l’Arbrif-
feaii qu’on nomme le Roûer de Guel-
dre. 2i5. Voyez Rofes.
Romarin. Comment fe multiplie cet Ar-
briffeau. 362. Pourquoi il eft difficile de
le conferver en Hiver dans les Oran¬
gers. ibid.
Rojhpruym. Nom qu’on donne en Hollan¬
dois à une efpèce de Prune. 152.
Roujfelet. Defcription de la Poire qui por»
te ce nom. 126. Ses qualités, ibid.
S.
S^Abines. Comment on les multiplie. Rr.
Sabre pour couper les branches des Arbres.
30.
Serran. De quelle manière il fe multiplie.
412.
Safran d'Autonne. Poire qui porte ce nom.
125. V oyQT. Aiitonne (le Safran d').
Salade. Pourquoi on doit la manger d’en¬
trée ou avec d’autres mêts.362. Ce qu’on
comprend ordinairement fous le nom de
Salade, ibid. Ce que c’eft que la Salade
des Blés, & pourquoi elle eft ainfî nom¬
mée. 366. Defcription de la Salade
connue en Hollandois fous le nom de
f^ette kous. ibid.
Saljîfix. Ce que c’eft que cette racine, 360,
Ses qualités, ibid.
Sapins. Ce qu’il faut faire, quand ces
Arbres, qui pouffent naturellement droit
& en pointe vers le haut, aquièrent ccm-
tre leur nature & fans être cultivés,
deux ou trois tiges. 65. Ces Arbres meu¬
rent lorfq.u’on leur enlève leurs couron¬
nes fupérieures. 71. Pourquoi ils fuf-
foquent fouvent dan.s le plus fort de leur
pouffe. 75. Et pourquoi ils languiffent
quand on coupe leur tige. 16. Différen¬
tes efpèces du Sapin blanc. 200. Sapin
qu’on nomme en Hollande Sparre-boom.
201. Autre forte appellée Fuurenfpar-
ren, qui vient de Norvège, ibid. Sapins
à feuilles plattesèt dentelées. fHr/. Quel
eft le bois de Sapin auquel on donne eit
Hollandois le nom de l^uuren-bout. ibid..
D’oii l’on tire le meilleur bois de Sapin..
2 II. Sapin de la Norvège Danoife, &.
de la Norvège Suédoife ibid. Quali¬
tés du Sapin de Hanebuurg. ibid. Le
Sapin de Berlin regardé comme le moins-
I i i 3 conas-
TABLE DES MATIERES.
compare, & le plus fujet à fe corrom¬
pre. 2 II. Sapin qu’on charge à Nerva.
ibîd.
S.ircloir dont a befoin dans les Maifonsde
Campagne. 29. üfage qu’on en fait
pour déraciner les mau.vaifes herbes, i-
lid.
Sariette. Ce que c’eft, & comment on
la multiplie. 3(55. Tems de la femer.
ibid. Facilité avec laquelle elle croît.
ibid.
Sas dont on a befoin dans les Maifons de
Campagne. 32.
Satyrion. De quelle manière il fe multi.
plie. 412.
Sauge. Comment cette Plante fe multi¬
plie. 366.
Saules. Pourquoi ces Arbres font meilleurs
que les Chênes ou les Hêtres pour fer-
vir de défenfe contre le vent. 71.
Comment on multiplie ces Arbres. 81.
< Quels font ceux d’entre ces Arbres qui
montent le plus haut , & qui réfîftent
le mieux au vent. ipj. Comment on
doit les planter, & quel eft leur ufage.
ibid. Pourquoi on plante fouvent dans
les Jardins au côté extérieur des Allées,
une rangée de grands Saules à écorce
blanche, ibid. üfier qu’on fait des pe¬
tits Saules , & fon ufage. ibid. A quoi
on peut deftiner le bois de Saule, ibid.
& 213.
Sauvageons. De quelle manière on doit
couper certains Sauvageons lorfqu’on
les tranfplante. 66. Les Sauvageons de
Souche donnent ordinairement la môme
forte d’Arbres & de fruits, que produi-
foit l’Arbre avant qu’il fût enté. 80. Ex¬
ception à cette règle. ibU. Quels font
les Arbres qui- fe multiplient par des
‘ Sauvageons (le fouche. ibid. Pourquoi
on ne grefc pas fur la même efpèce de
Sauvageons les Arbres qui portent des,
fruits à noyau. 95.
Scantiana. Voyez Pommes d'or /impies d’bi^
ver.
Scbepfels. Melons qui font connus fous ce
nom en Hollande. 343. Voyez Me¬
lons.
Sebotfe-Linden. Voyez Planes.
Scies. Voyez Sies.
Scorfonères. Bonnes qualités de ces raci¬
nes, 350. Leur defeription. ïbid. Quel¬
les font les meilleures, ibid. Tems de
ks femer. ibid. Quel âge doit avoir leur
graine pour être bonne, ibid.
Seaux dont on a befoin dans une Maifon
de Campagne. 29.
Sel. Remarque fur le Sel qui eft dans le
fumier ou dans la terre. 53.
Semence. Circonftances d’oh dépend la
vertu des Semences. 310. Elles aiment le
changement d’air & de terre. 311. Quel¬
les font en général les Semences qui pro-
duifent le plus. ibid. Exemples qui font
voir que les Semences s’accoutument au
Climat qui les produifent, ibid. Quali¬
tés de la Semence qui vient en plein
air. ibid. Pourquoi il faut fe procurer
des Semences qui viennent de fonds de
différente nature, ibid. Quelle eft la
terre la plus propre à produire de bon¬
ne Semence. 312. Quelles font les
meilleures Semences huileufes. ibid. Ce
qu’il faut faire à l’égard de plufieurs Se¬
mences avant que de les mettre en ter¬
re. ibid. Pourquoi il ne faut jamais laif-
fer dans le fable aucune des Semences
qui doivent croître fans être tranfplan-
tées. 313. Semences qui doivent trem¬
per avant que d’être femées. ibid. Pour-
' quoi les Semences ne fauroient germer
dans une terre trop altérée. 314, Pour¬
quoi on ne fauroit bien fixer le tems de
la femaille. ibid. Comment la terre doit
être enfemencée, ibid. Circonftances
fuivant lefquelles il faut femer dru ou
clair. 315. Pourquoi on doit femer la
Semence qui a meuri la prémière. ibid.
Ce qu’on doit faire pour que la Semence
puiffeêtre femée également , & fans que
le vent puiffe l’emporter, ibid. Pour¬
quoi il eft indiff'érent dans quel fens la
femence tombe en terre, de côté, ren-
verfée, ou près du germe, ibid. Il vient
rarement de bons fruits des Semences
qui ayant été femées de bonne heure,
ne commencent à croître qu’avec peine,
(St montent facilement en graine. 318.
Ce qu’il fautobferver touchant la cueil¬
lette des Semences, ibid. Pourquoi,
quand elles ont été cueillies feches, on
ne doit pas enfuite les laiffer trop deffé-
cher. 319. Bouteilles de verre dans
lef-
TABLE DES MATIERES,
lefqaelles on les doit renfermer, & de
quelle manière. 319. Si l’on dokfe con¬
former à la règle ordinaire de ne jamais
fe fervir de Semence qui ait plus de deux
ans. ilîd. Semence de Laitues pom¬
mées qui vint à fouliait, quoiqu’elle eût
été gardée fix ans. ibid.
Septembre, Quelles font les chofes qu’il
faut faire dans une Campagne pendant
le cours de ce Mois. 300. B>uits & Lé¬
gumes qu’on a alors. 301.
Serpentaire, Comment on le multiplie.
412.
Serpette, Defcription d’une Serpette pour
couper les branches des Arbres. 31.
Serres. Pourquoi les Serres convèxes ren¬
dent le moins de fer vice , fur- tout pen¬
dant l’hiver. 234. Ufage de cette efpè-
ce de Serre connue en Hollandois fous
le nom de Trek-Kas. ibid. Defcription
de cette Serre, ibid. ^ Juiv Avantages
& inconvéniens des Serres d’hiver à haut
étage. 236. Tuyaux ou forte de Con¬
duits qui font nécelTaires dans les Ser¬
res. ibid. Leur defcription. ibid. Pour¬
quoi tout ce qui fert à conflruire une
Serre, doit être parfaitement fec avant
qu’on l’emploie. 237. Pourquoi il ne
faut commencer à faire ufage des Serres
échaufés par le feu, & autres nouvelle¬
ment conftruites , qu’après que la bri¬
que & la chaux ont été parfaitement fe-
chées. 242, Avec quoi on couvre au
commencement de l’hiver la Serre nom¬
mée Trek-Kas. 248. De quoi doit être
faite la prémière couverture dont on fe
lèrt pour les Serres artificiellement é-
chaufées. ibid. Quelles font les autres
couvertures pour ces Serres, ibid &‘fuîv.
Fenêtres qu’on y pratique, & leur ufa-
ge. 2JO. Quand efl-ce qu’on commen¬
ce à faire du feu dans les Serres, ibid.
Quel efi: le meilleur moyen pour chaf-
fer des Serres le mauvais air qui s’y trou¬
ve. 263. Dommage caufé aux plantes
par la trop grande chaleur des Serres.
267. Quel eft le chaufage le plus con¬
venable pour les Serres. 282. Manière
de faire le ftu des Fourneaux des Ser¬
res. ibid. Quelles fortes d’Arbres on
doit mettre dans les Serres d’PIiver pour
les préferver du froid. 374. Air qu’il
faut introduire dans les Serres d’Hiver.
Soin qu’il faut prendre pour em¬
pêcher la gelée d’y pénétrer, ibid. Pour-
, ^uoi il faut accoutumer infenfiblement
à l’air & au Soleil les Plantes qu’on tire
des Serres. 378. & 404. Tems auquel
certains Arbres doivent être tirés hors
des Serres. 379. Serre pour les Vignes.
387. Comment on doit traiter les Ana¬
nas dans les terres artificiellement é-
chaufées. 402. Voyez yJnanas. Dif-
pofition des Plantes dans les Serres. 403.
‘Pourquoi il n’elf pas pofiible d’entrete¬
nir régulièrement dans les Serres une
chaleur & une fraîcheur convenables,
404. En quel endroit des Serres on doit
placer les Plantes qui croilïent dans les
Pais fitués fous la Ligne. 406.
Sies. Différentes fortes de Sies dont-on
a befoin dans les Maifons de Campa-
gne. 32.
Sirène ÇCitron dey. Voyez Citron de Si¬
rène.
Slooren. Choux auxquels on donne ce
nom en Hollande. 333.
Soleil. Sa déclinaifon fa hauteur au des-
fus de l’horizon, & calcul de fon om¬
bre. 220, êsr* fuiv. L.es rayons du So¬
leil qui tombent obliquement, ne don¬
nent que peu de chaleur fur-tout en hi¬
ver. 221. Précautions néceffaires pour
augmenter & conferver les rayons du
Soleil. 223.
Sparre-loom. Voyez Sapin.
Spek-Meloenen, Voyez Alelons.
Spiegel- Jppel. Remarques fur cette Pom¬
me, ainfî nommée en Hollandois. 134,
Spits-bergen. Salade qu’on mange dans cet¬
te Ile. 341.
Statues. En quels endroits on doit les pla¬
cer dans les Maifons de Campagne. 13,
Ce qu’il y a à obferver par raport à ces
Statues, ibid. fuh.
Suif dont on doit enduire les Grefes. 97,
Sureau. Defcription de cet Arbrifleau, &
quelle forte de terre lui convient le plus.
160. On en diflingue plufieurs efpèces.
ibid. Defcription de fon fruir. ibid.
Dans quelle vue les Paîfans plantent
beaucoup de Sureau aux environs de
leurs caves. 16 1. Comment on le mul¬
tiplie. ibid. Vertus des tendres rejettons
TABLE DES MATIERES.
<îe Sureau & de Tes fleurs, i(5i. Vinai¬
gre qu’on fait avec ces fleurs , & fon u-
lage. ibid. Syrops Conferves qu’on
fait du jus de Baies de Sureau, ibid.
Syringa. Defcription de cet ArbrilTeau.
21(5. Comment il fe multiplie, ibid.
Syringa blanc ^ ou Syringa d' Italie ^ en Hol-
landois Fluiten'- boom, Defcription de
cet ArbrilTeau. 214.
T.
T Aille des Arbres fruitiers tant en Hiver
qu’en Eté. 104. D’ou vient la néceflité
de les tailler, ibid. Tems auquel on com¬
mence la taille d’Hiver. ibid. La forte
gelée ne nuit pas plus aux Arbres taillés
qu’à ceux qui ne le font pas. ibid. Pour¬
quoi il eft difficile de fixer le tems pré¬
cis auquel la taille d’Eté doit commen¬
cer & finir. 105. Circonftances auxquel¬
les il faut avoir égard au fujet de cette
taille, ibid. Taille des racines bleflees
& inutiles, ibid. Taille des branches
de la Couronne des Aigres fruitiers, ibid.
Des branches gourmandes. 107. Des
branches furannées. ibid. Des branches
qui ont trop de boutons à fleurs, afin
de les empêcher de trop produire , & de
les engager de faire de bon bois. ibid.
Comment on peut rendre fertiles par la
taille d’Eté les Arbres fruitiers, dont les
fucs montent en abondance êcjfontdu
bois vigoureux, ibid. Pourquoi on ne
doit pas rogner par la taille d’Hiver,
les Arbres qui pouflent des jarrets , c’eft-
à dire, des bras ou des branches de cô¬
té dégarnies , & qui ont fouvent leurs
boutons à feuille vers l’extrémité, ibid.
A quel endroit de la branche la taille fe
doit faire, ibid. Pourquoi on ne doit ja¬
mais laiflfer aux Arbres en plein vent des
branches qui pouffent en dedans. 108.
De quelle manière doit être faite la tail¬
le des Arbres à haute & baffe tige, ibid,
Raifon pour laquelle on doit couper
pendant l’Hiver toutes les groffes bran¬
ches près du tronc, & comment on doit
alors remédier à l’inconvénient qui peut
réfulter de ces grandes entailles ibid. &
109. A quels Arbres la taille d’Eté eft
nuifible, ibid. Manière de tailler les Ci¬
tronniers les Limonniers & les Oran¬
gers. 380. But de cette taille. 381. Soin
qu’on doit avoir de tailler fort uniment
les branches, fur-tout les groffes, fans
y laiffer aucuns moignons, ibid. Taille
qui confifte dans l’abatis de la tête ou de
la couronne , & pourquoi elle fe fait.
ibid. Tems le plus convenable pour
ces deux tailles. 382.
Tamis dont on a Sefoin dans les Maifons
de Campagne. 32.
Tan. Ce que c’eft que le Tan , & de
quelles parties il eft compofé. 59. Quel
eft le meilleur pour fertilifer la terre.
ibid. Pourquoi il faut avoir foin qu’il
refte humide , êc qu’il ne foit pas cou¬
vert par la terre, ibid. Son ufage con¬
tre le froid, ibid. Quelle forte de Tan
convient pour rechaufer les Plantes.
289. Comment il doit être difpofé. ibid.
Terrajfes. D’oîi elles tirent leur origi¬
ne. 8. Pourquoi dans les terres légè¬
res les bords des Terraffes doivent né-
ceffairement être maçonnés, ibid. Pour¬
quoi les Terraffes plaifent davantage
en Hollande que dans les Païs qui les
produifent naturellement, ibid. Com¬
ment on en doit faire les prémières cou¬
ches. 1(5.
Terres. Manière de les travailler avant que
de les planter. 44. Pourquoi on ne doit
pas bêcher des rerres graffes dans le
tems des grandes chaleurs de l’Eté. 4(5.
A quelle profondeur on doit creufer les
terres graffes qui n’ont pas par deffous
. des croûtes dures de fange, de bitume,
ou d’argile, ibid. Dans quel tems on
doit remuer les terres marécageufes &
fablonneufes. 47. Couche de fange
dont on doit couvrir les terres graffes
deflinées pour des Vergers ou des Plan¬
tations d.’Arbres fauvages. 48. Ufage
qu’on doit faire de la meilleure terre
(qui doit fervir de nourriture aux Ar¬
bres. 49. Pourquoi on doit labourer
certaines terres avant que de les planter
ou deles enfemencer. 51. Moyen d’en-
graiffer les terres devenues llériles par
quelque caufe que ce foit. ibid. Ce
qu’on doit entendre par le terme de
terre. 274. Quelle force de terre eflla
plus fertile, ibid. Chofes qu’on peut mô-
TABLE DES MATIERES.
1er avec la terre pour la rendre meilleu-
re. 274.
Terres. La terre qui n’a jamais été culti¬
vée regardée comme excellente. 575.
Mauvaises qualitésd’une terre qui a pro¬
duit pendant plufieurs années les mêmes
forces de fruits, ibid. Rai Ton de ce phé¬
nomène. ibid. Pourquoi on doicemplo*
yer de la terre qui n’ait jamais été culti¬
vée quand on veut planter dans des Pots
ou dans des Couches vitrées, ou quand
on remplace des Arbres morts donc les
foliés doivent être profondes, ibid.
Comment on peut préparer en peu de
teras & à peu de fraix une terre neuve,
lelon les propriétés des Plantes & la ma¬
nière de les cultiver. 270. Soin qu’on
doit avoir de bien nettoyer les terres
enfemencées ou plantées. *317. Tems
qu’il faut choilir pour cela. 318.
Terrières pour les Melons. 31.
Tbernwmètres qui font connoîcre la tempé¬
rature de l’air , la chaleur, le froid & la
gelée , leur néceiïicé pour cultiver des
plantes étrangères & pour avancer la ma¬
turité des fruits dans les .faifons qui leur
font propres; leur fabrique & la maniè¬
re donc on peut les faire. 251. Utilité
des Thermomètres pour pouvoir .bien
. juger du froid & du chaud, 252. Quels
font les meilleurs lorfqu’il eit queüion
d’en faire ufage pour la culture desPlan-
tcs.-ibid. Pourquoi il ne faut pas qu’ils
foient ni trop longs ni trop courts, ibid.
Leur longueur déterminée, ibid. Pour¬
quoi la liqueur de ces Thermomètres doit
fe faire voir d’une manière fenfible. 253.
Quelle eft la liqueur dont on doit fel'er-
vir. 254. Tems le plus propre pour leur
conftrudion. 255. Jufqu’à quel degré
la liqueur doit defcendre ou monter dans
ces fortes de Thermomètres faits pour les
Serres. 256. En quel endroit des Ser¬
res il faut pendre les Thermomètres. 257.
Tbim. Comment il fe multiplie. 3<56. Ter¬
re qui lui convient. 367. Ufage qu’on
en fait. ibid.
Tilleuls. Ce qu’il faut obferver à l’égard
des Tilleuls tranfplantés. 66. Pourquoi
on ne fauroit les multiplier par leur fe-
mence. 82. A quelle diftance on doit
les planter les uns des autres, pour qu’ils
Partie IL
produifent un bel effet. 194. Comment
on les multiplie. 207. Quels font les
plus beaux de cous les 'filleuls, ibid.
Dans quelle forte de terre ils croilfentlc
mieux, ibid. Doivent être plantés à l’a¬
bri des vents impétueux, ibid. Leur bois
regardé comme de peu de valeur & peu
propre au chaufage. ibid. Ufage qu’on
fait de ce bois. 208.
Tonnère. _ Quelle force de Tonnèi'e caufe
des pluies fortes, rarement accompag¬
nés d’une grofle grêle. 269.
Tranfplantation. Ce qu’on doit obferver
à l’égard des vieux Arbres qu’on cranf-
plante. 07. Pourquoi il faut tranfplanter
le plutôt poflible les arbres fauvages"
qu’on a arrachés. 68. Pourquoi on peut
tranfplanter fans aucun rifque les Arbres
en Aucoane. 90. Précaution avec la¬
quelle on doit arracher les Arbres qui
doivent être tranfplantés. ibid. Pour¬
quoi quand on tranfplante des fruits
d’Autonne il faut faire enforte qu’ils
foient expofés au Soleil. 316. Les Lé¬
gumes ne doivent pas être tranfplantés,
. & pourquoi, ibid. Exception h cette rè¬
gle. ibid. Raifon pour laquelle il ne faut
pas tranfplanter les Plantes qui ont la ra¬
cine droite, ibid. Pourquoi, quand on
tranfplante, on doit -avoir égard aux
* Qualités des fonds & aux propriétés des
Plantes. 317. Manière de tranfplanter
dans les terres fortes & dans celles qui
font plus légères, ibid. Plantoir dont
onfefert lorfqu’il faut tranfplanter.
Pourquoi il ne faut jamais tranfplanter les
Plantes qui ont été femées en Autonne.
327. Comment on doit tranfplanter les
Arbres qui vierment de loin , & qui ont
beaucoup fouifert. 368- Pourquoi la
terre graffo ne leur convient pas. 369.
Quel eflletems le plus convenable pour
la tranfplantation des Arbres fains. 371.
Efpèce de tranfplantation. qui fe fait en
ôtant ja terre ufée pour mettre à fa pla- *
ce de la terre neuve, fans tirer les Ar¬
bres hors des pots ou des caifles 011 ils
font. ibid. Quelle eft la meilleure terre
pour y tranfplanter les Arbres qui pouf¬
fent vigoureufement, ou pour 1-es ra-
fraichir. ibid.
Treillis, Les Ouvrages à treillis fatisfont
Kkk peu
TABLE DES
V
MATIERES.
peu à proportion de ce qu’ils coûtent. 9.
Treillis. En quoi confille leur plus grand
, ornement. 9. Dans quels endroits d’u.
ne Campagne on doit les placer. 12.
Trek-kas. Voyez Serres.
Tripe^Madame. Ce que c’efl: que cette
Plante , & comment on la multiplie.
367. Ufagc qu’on en fait. ibid.
Troe/ne, qu LdLtïn Ligujîrum. Defcription
de cet ArbrilTeaq. 215. Comment il fe
multiplie, ibid. Ufage qu’on fait de fou
bois. ibid.
Truelle dont on a befoin dans les Maifons
de Campagne. 29. Ufage qu’on en fait.
ibid.
Tubereufes. Terre qui convient à ces Fleurs.
409. Combien elles multiplient quand
on les plante & qu’on les multiplie d’u¬
ne certaine manière, ibid. Comment il
faut les traiter dans des Etés ardens &
fecs. 410. Tems auquel ou tire leurs
Oignons de terre, ibid. De quelle ma¬
nière il faut les planter, ibid. Dans
quel cas les Tubereufes ont grand befoin
d’étre arrofées. 41 1. Combien les fim-
ples & les doubles ont de feuilles, ibid.
Tulipes. De quelle manière on les multi¬
plie. 412.
V.*
V/iches. Qualités de leur fumie^ & ufa-
ge qu’on en doit faire. yO. Couver¬
tures faites de leur poil. 246.
Van dont on a befoin dans les Maifons de
Campagne. 32.
Vapeurs. Ce que c’eft. 262. Comment les
Vapeurs fe convertilîent en nuages. 2d8.
Vents. Quelle eft la meilleure manière de
rompre les vents. 219. Si le Vent efl:
une choie quifubfifte par elle- même, ou
li ce n’efl: qu’un certain mouvement de
l’air. 270. Pourquoi un Vent de Nord
froid & violent purifie l’air, ibid. In-
• convénienc qui peut réfulcer de cette
forte de Vent. 271. Pourquoi l.es Vents
font tantôt froids, tantôt chauds, tan¬
tôt humides ou fecs. ibid. Pourquoi en
Hollande le Vent de Nord n’efl: pas fi
froid pendant l’hiver, que le Nord-eft,
& encore moins que l’Efl:. ibid. Raifon
de ce phénomène, ibid. Pourquoi le
Vent de Sud- eft caufe ordinairement en
I
Hollande pendant l’hiver le froid le plus
rude. 272. D’oii vient en Hollande le
Vent de Sud. ibid. Tempêtes caufées
dans ce Païs au Printems & en Autonne
par le Vent de Sud oueft. ibid. Effet
du Vent d’Oueft. ibid, ftiiv. & du
Nord-oueft. 273. Quels font les Païs
oïl l’on remarque le plus fenfiblement
l’effet des Vents fur les Animaux ôc fur
les Plantes, ibid.
Vergers. On n'en fait plus guère avec de
grands arbres fruitiers. 10. En quel en¬
droit on doit les placer dans les Campa¬
gnes lorfqu’on en veut avoir, ibid. Pour¬
quoi ceux qui ne peuvent pas être bê¬
chés , mais dans lefquels on eft obligé de
mettre du fumier par deffus la terre, doi¬
vent être fumés dans l’arrière-faifon avant
les pluies ordinaires de l’Autonne. 54.
Verglas. Ce que c’eft. 269. Quelle for¬
te Verglas ne dure pas longtems, &
pourquoi, ibid.
Verre. Sorte de Verre mince d’Allemag¬
ne, qui eft fragile & fe gâte en peu de
tems. 238. Verre groflier connu en
Hollande fous le nom de Gilde^glas. ibid.
Son ufage. ibid.
Vignes (les) qui viennent de bouture,
donnent la même efpèce de plante êtde
fruit, que l’arbre dont la bouture a-étè
coupée. 8r. Defcription générale de la
Vigne. 165. Quatre manières différen¬
tes de la multiplier, ibid. Pourquoi on
la multiplie rarement de Semence, ibid.
Ce qu’il faut obferver lorfqu’on veut la
multiplier de Semence, ibid. Soin qu’il
faut avoir de mettre les tendres rejet-
tons à l’abri de l’ardeur du Soleil , & de
les munir contre les vents furieu.x. 166.
Raifon pour laquelle il faut mettre tout
en œuvre pour que les jeunes Vignes
produifent en peu de tems du bois vi¬
goureux. ibid. Taille de la Vigne, &
manière de la faire, ibid. Manière de
multiplier la Vigne de Bouture, ibid.
Cette forte de multiplication regardée
comme la plus avantageule. ibid. Dé¬
tail de cette opération, ibid. 6? /uw.
Comment fe fait la multiplication de Sau¬
vageons de Souche. 168. Multiplication
de Marcottes ou de Provins couchés en
terre; ibid.. & comment elle fe fait, ibid,
. ■ ■ ' Vù
TABLE DES MATIERES.
Vignes, Pourquoi de tous les Arbres il
n’y en a point qui doivent plus né-
ceflairement être tranlplantés jeunes que
les Vignes. 168. L’Autonne regardée
comme la faiforr la plus favorable pour
les planter. 169. Fonds de terre qui
leur conviennent les plus. ibid. Labour
qu’il faut faire aux terres oli on les plan*
te. ibid. Ceque les Anciens pradquoient
à l’égard .de leurs Vignes. 170, 171. Il
n’y a point d’ Arbres qui aient plus befoin
de la taille que les Vignes, fur-tout de
celle d’Eté. 171. Pourquoi on doit
laiffcr fans taille, la prémière année,
toutes les jeunes Vignes plantées, ou
celles qui ayant pris de Bouture, n’ont
paspouflé vigoureufement. ibid. Expé¬
rience qui prouve que la gelée ne nuit
pas davantage aux Vignes taillées, qu’à
celles qui ne le font pas, fur-tout quand
l’entaille eft fermée, & que la gelée ne
fuit pas de fort près la taille, ibid. Tail-
le'qui fe fait à l’entrée de l’Hiver, ou à
la fin de l’Autonne. 172. Détaildecet-
te opération, ibid. ^Juiv. Quel forte
de bois il faut conferver aux Vignes
lorfqu’on les taille. 173. Remarques fur
les Boutons & fur les yeux de la Vig¬
ne. ibid. Comment on peut rajeunir les
vieilles Vignes. 175. Taille d’Eté. 176..
Pourquoi il n’eft guère poffib'Ie de dé¬
terminer le teins auquel cette taille doit
Commencer & finir, ibid. Pourquoi il
faut, tailler fort court toutes les bran¬
ches greles, minces, & celles dont les
Vignes ne pouflènt pas avec aflez de vi¬
gueur. ibid. Les plus vieux Sarmens re¬
gardés comme les meilleurs, ibid. Pour¬
quoi il ne faut pas commencer trop tôt
la prémière taille d’Eté. 177. En quel
tems les Anciens la commençoient. i-
bid. Combien il eft néceftaire de faire
attention à l’état de la Vigne & à la vi¬
gueur des Sarmens. 178. Pourquoi il ne
faut ôter aux Vignes que les feuilles qui
tombent en faifant la taille d’Eté. ihid.
Manière d’attacher les branches taillées ,
fur-tout quand elles font groffes & plei¬
nes de fuc. 180. Tems oh commence
la fécondé taille d’Eté. ibid. Dans quel
cas on fait la troifième taille. 181. Re-
* marques touchant quelques propriétés de
la Vigne, ibid. Pourquoi les Vignes qui
produifenc des Raifîns mufqués & fort
charnus , ont befoin de plus de place,
que celles dont les Raifins ont l’eau fu-
crée & qui font moins charnus. 182.
Les jeunes Vignes qui ont du bois vi¬
goureux, produifent plus de fruits &
meilleurs au goût, que les vieilles, mais,
ces Raifins nemeurifiént pas de fibonn-c
heure, ibid. Ce qui fait fouvent man¬
quer les fleurs des Vignes, ibid. Ce que
c’eft qu’une efpèce de tumeur qu’on voit
quelquefois fur les feuilles de Vigne.
183. Comment on doit planter les Vig¬
nes qu’on fait croître, foit par le moyen
du feu, foit par la chaleur du Soleil.
387. Remarque touchant ces Vignes.
388. Tems auquel il faut leur faire la
taille, ibid. Manière de traiter les Vi¬
gnes dans une Serre artificiellement re-
chauféc, à trois tuyaux, pour conduire
la fumée, & à quatre chafiis de vitres,
dans laquelle on ne peut faire du feu
que d’un feul côté. 396.
Villehrequins de différences grandeurs. 32.
Vinaigre de fleurs de Sureau. Voyez Su¬
reau.
Violettes. De quelle manière elles fenTul-
tiplient. 412.
Virgoulée^ ou Virgcule’ufe. Defcriptiôn de
la Poire qui porte ce nom. 129.
Viviers. Soin avec lequel on les doir net¬
toyer. II. Quelle doit être leur gran¬
deur. 33. Comment on doit les faire.
ibid. ^fuiv. Quelle doit être leurpro-
fondeur. 37.
Vlaamfe Zoet. Pomme qui porte ce nom
enHollandois. 134. Sa defcriptiôn. îJfi.
Vogeî-hrs. Defcriptiôn de cet Arbriffeau.
215. Comment il fe multiplie, ihid.
Voile fur lequel on vane, & donc on abc-
foin d.ans les Maifons de Campagne. 32.
Urine, üfage que les Anciens en faifoient
pour les Pommiers &. les Vignes. j6.
Vuuren- bout. Vowgz Sapin.
Vuuren-fparren. Voyez Sapin.
W.
WAter-zoeten. Raifins ainfi nommés en
Hollandois, & qui ont une eau fu-
crée. 189.
' Kkk ^
IVü-
T A B L' É TD 'E S MATIERES.
IVitte Spekkers. Cerifes connues én Hol-
landois fous ce nom. 141. Pourquoi el¬
les ne rnéricentpas d’êcre cultivées, ibid,
Witte Zoete. Pomme nommée en
Hollandois. 134. Sâ defcription & lès
qualicés- ibid.
X
Y
qu’on en forme, & à quel ufage. îbîd.
Pourquoi quelques-uns les connoifient
fous le nom d’Ormes rouges. 208. Ufa¬
ge qu’on fait de leur bois. ^209.
■Tfer-Âppel. Pomme ainfl nommée en Hol-
landois. 134.
X.
/
Enopbôîii cité. 40.
Y.
Préaux (les) ne font pas une verdure
des plus agréables â la vue.ipd. Haies
Z
Z.
f Oet QBlom''). Voyez Blom-zoet.
Zoet (^Goe~). Voyez Goe-zoet.^
Zoete Holaart? Defcription de" cette Pom¬
me douce. 134. Tems auquel on doit la
manger, ibid. Remarque fur l’arbre qui
la porte, ibid.
FAUTES
corriger.
Page. II. ligne. 21. Après le mot; de gran¬
des il faut mettre ce renvoi (a) pour la
Note fuivante qui doit être placée au bas
. de la page, (a) Les grandes allées ont 72 *
pieds de largeur , mais les petites en ont moins.
- 19. ligne. 5. enterrera ^UÇez eiîtera.
— — — 48. - 52. doit être de , lifez
doit être nétoyée de
59. - I. mais il ne fauroit fer*
vir de nourriture^ lifez puifquil fert de
nourriture.
65. - 36. à prendre^ lifez à
reprendre.
74-
de diverfes fortes.
“,74.
I. de deux fortes ^ lifez
18. ils croiffent cependant
pour la plupart les uns les autres précifé-
ment de la même manière, lifez les uns 6?
les autres croiffent cependant pour la plupart
enfemble dans unfeul éff même fruit.-
86 - 2. cette Haie, lifez cette
Pépinière.
93. r
' 35. Après ces mots, vingt^
huit pieds, ajoutez , & dans les fonds de
fable les plus légers jamais plus près que de
vingt - quatre pieds.
113. - 13. il arrive auffî quel¬
quefois que les Figues viennent à du bois ,
lifez les Figues viennent auffî à du bois.
- 118 — - 33. momme , liiez nom¬
me.
1 23 - 1 2 , 13. Ces derniers fe divi-
fent , liiez On les divife.
- 124 - 37. page. 365, lifez page
395-
1 25. — 7. grandes feuilles rondes, li¬
fez grandes feuilles rondes de fleurs.
- 125. - 24. Le Safran d’Auton-
ne, que les Romains appelloientPyr\xm Nar-
6.mnm,efiune, lifez La Poire de Safran,
les Romains appelloient Pyrum Nardinum,
que Con nomme en France Safran d’Auton-
ne , en Brabant Zomer • Gratiool , ejl
une.
— 126 - — y. d'un Çourtpendu, lifez
à'une Poirejucrée. ’
■if.'
< ✓
I